And all that jazz ! (Review : Chicagoland)

Chicagoland de Fabrice Colin et Sacha Goerg

Une trilogie chicagoane

Une trilogie chicagoane © Delcourt

Par: BRUCE LIT

VF : Delcourt

Tous les scans de cet article sont la propriété de Delcourt.

Chicagoland est un roman graphique scénarisé par Fabrice Colin et dessiné par Sacha Goerg. Il s’agit d’un récit adapté d’après les nouvelles 3 jours à Chicagoland de R.J.Ellory qu’il n’est pas nécessaire de connaître pour en apprécier l’histoire.

Fabrice Colin est par ailleurs le co-scénariste de La brigade chimérique qui est à la BD ce que La ligue des gentlemen extraordinaires est aux comics : un must have !

Ellory oblige, cet article est garanti sans aucun spoilers.

Le pitch : Alors qu’un assassin est sur le point d’être exécuté, la soeur de la victime, le flic qui a mené l’enquête et le tueur reviennent sur les circonstances de sa mort pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Les apparences sont trompeuses. Seuls leurs trois témoignages conjugués pourront révéler la triste vérité.

C’est un fait : la littérature torturée de R.J.Ellory devait être adaptée et convertie au neuvième art. Et quoi de mieux que ce médium pour illustrer les obsessions de cet écrivain britannique qui aura passé sa sa carrière à écrire sur les Etats Unis et ses faux semblants.  Un récit choral, émaillé de  Flash-backs où comme dans Sin City ou Watchmen une scène est revisitée par chaque protagoniste qui y apporte son éclairage.

Welcome to the 50's

Welcome to the 50’s © Delcourt

Adaptation ou non, Colin a fait un sacré boulot pour ne pas phagocyter l’écriture du romancier. Pour qui connait cet univers, on reconnait tout de suite la sève de cette prose si humaine et torturée où, au bout de 10 lignes, le lecteur se sent tutoyé. Investi. Concerné. Cette écriture qui dissèque l’âme de personnages souvent embarquées dans un destin qui les dépasse tout en étant pleinement acteurs de celui-ci. Cette écriture qui se révèle à chaque page tout en gardant sa part de mystère. Cette écriture où le dit-mystère se révèle à la dernière ligne de la dernière page comme ses deux chefs d’oeuvre : Seul le Silence et Les Anonymes.

Chicagoland ne fait pas exception à la règle. L’esprit et la lettre de l’univers d’Ellory sont si bien respectés que l’on croirait que l’écrivain a supervisé le bouquin.  Tout ici est en faux semblants. Un meurtrier dont la culpabilité est avérée est exécuté après avoir prononcé une énigmatique sentence. Une sentence qu’il faudra 200 pages pour comprendre. Comprendre qu’elle va beaucoup plus loin que ce que le lecteur était en droit d’attendre. Et qui échappe même à celui qui l’a prononcée.

Z'êtes bien assis ?

Entre le tueur et la soeur de la victime, le courant ne passe pas. Pour l’instant… © Delcourt

Entre temps le lecteur redécouvre la victime de son vivant, la passionnante enquête policière pour pincer le coupable (qui finit par se rendre !) dont le destin tragique et les motivations dépassent toute espérance dans la vie d’un lecteur. Ainsi est la rouerie d’Ellory : montrer que la vie de chacun d’entre nous est bâtie sur des fondations si fragiles, si mouvantes, que tout peut s’écrouler face à un séisme émotionnel. Rien n’est contrôlable.

Colin sait ici trouver le juste équilibre entre l’utilisation de la voix off des personnages et les chapitres consacrés aux trois personnages sans que l’on regrette de quitter l’un pour aborder l’autre.  Quant à Sacha Goerg son trait élégant restitue à merveille l’ambiance des années 50 étasunienne.  Cette époque où les femmes se mettent à fumer dans les bars et y accoster des hommes. Où le cinéma célèbre les acteurs borderline façon James Dean ou Monty Clift. Une certaine histoire de l’Amérique que Ellory connait par coeur, lui qui racontât  son 20 ème siècle américain dans Seul le silence ou la sordide saga de la CIA au Nicaragua dans Les Anonymes.

Euh, il voulait juste finir sa phrase !

Euh, il voulait juste finir sa phrase ! © Delcourt

Chez Ellory, ces mouvances de civilisation se font en filigranes des meurtres commis :  Un tueur d’enfants dans Seul le silence occulte l’horreur de la Shoah, un serial killer formé par la CIA se révolte contre ses anciens employeurs dans Les anonymes. Et ici, un enfant maltraité par un père violent reproduit à son corps défendant la violence faîte aux femmes à l’aube de ce XXème  siècle où celles- ci vont se libérer de l’oppression masculine.

Une oppression où curieusement les personnages trouvent une voie de rédemption : le narrateur de Seul le silence échappe à l’horreur de sa vie en devenant écrivain. Le meurtrier de Chicagoland fuit l’horreur de sa ferme pour alimenter le rêve américain en exerçant dans la même journée plusieurs emplois indépendants les uns des autres.  Voilà tout ce que raconte notre duo frenchie : l’exécution par chaise Electrique d’une pensée obsolète de domination masculine.

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Faut bien faire la causette © Delcourt

On aurait pu s’étonner des dessins parfois à la limite du simplissime de Sacha Goerg. Pour décrire tant de tourments, est-il à la hauteur avec ses points en lieu et place des yeux ? Des mains qui pourraient être dessinés par un enfants de 10 ans ? Des illustrations qui sont tout sauf menaçantes ? Et bien, oui ! je les ai trouvées appropriées ces planches. Elles m’ont souvent évoquées l’urgence des portraits robots faits durant les audiences au tribunal, elles ne font que souligner que derrière le vernis d’une apparence lisse, se cache en chacun de nous un monstre prêt à égorger quiconque se refusant à sa pulsion.  Elles m’ont immergée de manière convaincante dans le Chicago des années 50, d’une Amérique balbutiante où après la guerre, les gens vont avoir envie de vivre, de jouir, de baiser et consommer.

Étrange objet fascinant que ce Chicagoland: une bande dessinée qui aurait pu être un comics, écrite par un français adaptant un britannique se prenant pour un américain. Une histoire où le lecteur prend un tueur de femmes en pitié, et où l’enquête ne révèle que le silence de son inculpé. D’un point de vue graphique, ceux qui ont apprécié Cité de verre de David Mazzucchelli se sentiront chez eux (avec un trait moins torturé quand même). Les autres, les fans de Jason Aaron et de son Scalped se sentiront emportés par cette série noire bordée de fatalisme et d ‘une psychologie sans faille de l’âme humaine.

La BO du jour : Chicago Forever !

30 comments

  • Matt  

    Je ne peux qu’apprécier les arguments avancés pour vendre cette BD…mais au risque de passer pour un lecteur tristement terre-à-terre…je trouve que ça reste moche visuellement^^
    Pas fan du tout de ce genre de dessin. Dans un style « dessin rétro simpliste et évocateur » je préfère quand même le trait de Darwyn Cooke. Là, ça me ferait plutôt fuir.
    J’ai aussi un peu le sentiment que si on ne connait rien à la littérature d’Ellroy, on y perdrait quelque chose. Non ?

    • Jyrille  

      Attention Mattie, comme souvent, on se trompe entre Ellory et Ellroy, qui écrivent tous deux des polars, mais bien différents il me semble. Cela dit je n’ai lu que trois Ellroy et aucun Ellory.

      Très bel article en tout cas, qui donne envie de découvrir cette chorale (qui rapelle tout de même un peu celle du LA Confidential adapté de Ellroy) et le dessin ne me gêne absolument pas. Merci pour la découverte !

      • Matt  

        Oui je m’étais fait la remarque sur les auteurs. J’ai 3 Ellroy qui trainent sur mes étagères prêtés par mon frère, mais ça m’intimide pas mal (american tabloid, american death trip et underworld USA). Surtout que ce sont des pavés. Pas sûr que ça m’intéresse comme lecture.
        J’avais vérifié que l’auteur en question n’était pas celui-là mais étrangement je voyais quand même Ellroy écrit dans l’article. Je me suis dit que seuls les prénoms changeaient Pas bien réveillé moi.^^

        • Bruce lit  

          @MAtt : Salut !
          Oui, il est facile de confondre Elroy et Ellory. L’un est américain. L’autre britannique.
          Commençant à connaître un peu tes goûts et tes réflexions sur les manipulations politiques, je ne saurai que te conseiller la lecture des Anonymes qui est sans doute l’un des meilleurs thrillers que j’ai jamais lu. C’est tout simplement brillant autant sur le style que sur le fond. Il s’agit d’un tueur en série, ancien de la CIA qui raconte les horreurs commises par les Etat-Unis au Nicaragua. Dérangeant, haletant, passionnant, les romans d’Ellory ont pour point commun de se conclure souvent à la dernière page voire à la dernière ligne.

          @Cyrille: il s’agit véritablement de mon coup de coeur 2017 pour l’instant (enfin 2016 à l’époque de la rédaction de l’article). J’en ai même imposé la lecture à…Présence ! C’est aussi l’article que je préfère pour la cuvée 2017.

  • Tornado  

    C’est amusant de lire le 1° commentaire de Matt car j’ai également pensé immédiatement à Darwyn Cooke, mais avec un effet inverse d’attraction.
    Je me souviens qu’au départ, le style de Cooke me faisait reposer d’emblée le bouquin sur son rayon. Mais une fois que j’ai eu sauté le pas, son style m’est apparu comme une évidence. Et j’en suis devenu fan. Du coup, le dessin de cet album, là, je le perçois d’un autre oeil.

    Je suis très tenté par la chose. Ça a l’air vraiment chouette. Dommage que je sois dans une période où je ne peux plus remplir mes cartons de déménagement inopinément…

    • Matt  

      La différence pour moi c’est que Cooke, c’est simple et épuré, mais il n’y a pas que 3 traits en guise de décors en arrière plan. Il y a des éléments d’architecture, des tenues vestimentaires. ça fait simple mais au même titre qu’un desin de Hergé pour Tintin. Simple mais très représentatif.
      Là ça ressemble quand même trop à des dessins de comic strip faits à la va vite. Comment se sentir dans les années 50 avec si peu de décors, cette absence de détails, ces esquisses inachevées ?
      Moi ça me calme tout de suite.

  • JP Nguyen  

    Mon ressenti est similaire à celui de Matt, je ne suis pas un grand fan du dessin. Je crois que je vais passer mon tour. Pourtant, je suis assez client des histoires racontées selon plusieurs points de vue, même si, parmi les gros trous dans ma culture générale, il y a le fait que je n’ai encore jamais vu le Rashomon de Kurosawa… C’est marrant d’ailleurs, puisque ce film aura donné une expression aux ricains « the Rashomon effect », tandis que, d’après une recherche rapide, en français on se contenterait de qualifier ça de « focalisation interne multiple » (ce qui donne un côté clinique et froid à l’analyse…)

    • Bruce lit  

      Rashomon…Pas vu non plus…

  • Bruce lit  

    Merci Omac : je suis choqué de te savoir choqué par ma légende. Je n’avais rien jusque hier pour illustrer cette image jusqu’à ce que—zakt ! l’inspiration me foudroie.
    Sin City, Watchmen : c’est pour mieux vous allécher, mes enfants….

  • Patrick 6  

    Aie aie je ne vais pas être très original par rapport à ce qui a été dit précédemment car si le thème est fort et l’histoire bien écrite (je n’en doute pas) il est cependant vrai que l’aspect visuel est à priori un brin rebutant… Bon aucune chance que je le trouve dans une médiathèque à Tokyo (ahah) mais si un jour l’occasion se présente je laisserai quand même une chance cette BD !
    A suivre…

  • Bruce lit  

    Putain les mecs, vous êtes de vrais dandys quand même….
    Il n’y a que 4 scans dans des scènes à l’intensité dramatique forte qui ne nécessitent pas l’incursion de détails ou de décors à mon sens.

    • Matt  

      Bah si tu mets pas les bons scans aussi hein…^^
      Tu trouvais aussi que Ito n’était pas très bon sur son Frankenstein à cause des scans choisis.

      Reste que je ne sui pas fan des visages trop esquissés comme ça.

      • Bruce lit  

        Mais ce n’était pas un critère pour ne pas le lire, juste une opinion.
        Quant à l’absence de décors, il me semble qu’il y en a plus que pour l’exécution de Marv’ dans Sin City….
        Maintenant je peux comprendre que le style n’attire pas.
        Mais en ce qui me concerne si l’histoire est bonne, je peux faire un effort.
        Quoique….
        Du Gaiman dessiné par du Ramos, faut vraiment me forcer. Ce que j’ai fait avec les Xmen sur lesquels Bachalo s’est amarré pendant 20 ans…

        • PierreN  

          Un très bon scénario desservi par un dessin pas terrible, je peut passer outre, surtout avec un scénariste que j’apprécie (Moore, Ostrander, David, Abnett, Ewing, etc…)
          Par contre une excellente partie graphique avec à la clé un scénario qui n’a rien de folichon, c’est très frustrant (comme lorsque Bendis ou Snyder monopolisent les meilleurs dessinateurs au détriment des autres, qui doivent se contenter du reste).

        • Matt  

          Ah ouais non mais tu vas pas comparer le noir et blanc ultra contrasté de Sin City avec ce style là quand même. Dans l’un c’est l’atmosphère qui prime et le style justifie à lui seul l’absence de décors (essaie donc de mettre des tonnes de décors avec un noir et blanc de ce type, et on ne comprend plus rien à ce qu’on voit. J’en parle vite fait dans un article sur Jabberwocky, le manga que je t’ai envoyé^^)

          Mais en effet ce style minimaliste (pour reprendre les mots de PierreN) c’est pas mon truc. Sans vouloir être méchant, vu l’absence de parti pris esthétique tel que celui de Sin City, on pourrait presque prendre ça comme de la flemme de faire quelques traits de plus. Ou alors je suis juste pas du tout réceptif. Je ne vois pas ce que ça apporte en fait de laisser ça à l’état d’ébauche. Pour retranscrire une ambiance dans le brouillard à la limite…mais c’est pas le cas ici.
          Avis perso…

          • Jyrille  

            Tu devrais regarder les scans de mon article sur Courtney Crumrin.

          • Matt  

            Je possède Courtney Crumrin. ça reste tout de même moins poussé que Sin City ou Jabberwovky. Il y a des contours, des traits visibles. Cela permet de mettre plus d’éléments sans qu’on ait du mal à voir ce que ça représente.
            Sin City ce sont les ombres de certains éléments qui tracent les contours d’autres éléments. Très complexe comme style, qui ne permet pas trop d’erreurs.

            J’ai fait un article sur Jabberwocky (pas encore publié) qui lorgne plus du côté de Sin City que de Courtney. ça ressemble à ça :

            http://i1.mangareader.net/jabberwocky/3/jabberwocky-2004607.jpg

          • Matt  

            Quand je dis que c’est moins poussé, je ne dis pas que c’est moins bien hein^^ J’adore Courtney Crumrin. Mais malgré le noir et blanc fortement contrasté, il y a davantage de contours visibles permettant l’ajout d’éléments détourés dans les décors.
            Tiens tu as lu les hors série de Courtney d’ailleurs ? Moi non. C’est bien ?

          • Jyrille  

            Je ne connais pas Jabberwocky mais effectivement c’est plus du Sin City. Les hors série Courtney sont très bien.

          • Bruce lit  

            Les COurtney Cumrin : encore une série dont le noir et blanc ne m’apporte rien et de ce fait retarde ma lecture.
            A la grande surprise de JP la dernière fois, oui, les bds en noir et blanc ne m’intéressent pas bcp. Ou encore faut il qu’ils fassent partie de l’esthétique de la BD comme Sin City.
            Sinon, je subis plus que je n’apprécie.
            Dragon Ball : le noir est blanc, comme tous les mangas est plus imposé par les cadences de production que par visée artistique.
            Bone : la version couleur est tellement mieux. Comme celles de Tintin.
            Je n’aurais aucun souci à acheter une édition couleur de Walking Dead. Voire de Strangers in Paradise.

            Voilà…vous pouvez envoyer les tomates (rouges)….

          • Matt  

            C’est aussi une question d’ambiance. C’est mieux en effet quand ça a un rapport avec l’esthétique, comme Sin City.
            Après j’avoue préférer certaines BD en noir et blanc quand la couleur me déplait. Genre pour les EC comics qui avaient des couleurs basiques assez moches, très criardes. Même les couleurs des comics old school c’est pas jojo. Et sur du papier glacé c’est même moche. Sur papier mat, ça passe mieux. Et je déteste les couleurs numériques sans âme appliquées aux EC comics dans leur version VO. ça donne trop une sensation anachronique avec un vieux style de dessin et de narration et une colorisation moderne qui, d’ailleurs, est très académique et n’a rien de séduisante.

            Pour l’horreur je suis aussi assez friand de noir et blanc, pour une question d’atmosphère. Aucune envie de voir du Junji Ito en couleurs. Ou Hideout en couleurs non plus. What for ?
            Du Dragon Ball par contre, oui pourquoi pas.
            Courtney Crumrin je trouve quand même que sans être non plus similaire à Sin City, le noir et blanc a vraiment un intérêt.

            Mais après je ne suis pas un snob qui rejette les couleurs non plus. Certaines BD, je ne sohaite pas du tout les voir en noir et blanc tant la version couleur est belle.
            Bone en couleurs…je sais pas. Je veux bien admettre que pour le coup le noir et blanc n’est pas spécialement nécessaire pour l’ambiance, mais ça ne motive pas non plus un rachat pour ma part (trop cher)

          • PierreN  

            Tout dépend des cas de figures. Pour des séries N&B (Cerebus, Love and Rockets, Les Idées Noires) je préfère les lire tel quel, et j’aime bien lire des séries Marvel 70’s/80’s dans la collection des essentials pour m’attarder un peu plus sur l’encrage, mais comme Matt j’ai du mal avec le décalage provoqué par le fait de plaquer des techniques de colorisations actuelles sur des séries anciennes, du coup ça fait un peu bizarre (un peu comme lorsque je tombe sur le nouveau doublage du Parrain présent sur les blu-ray, je suis trop habitué à l’ancien).
            En terme de colorisation, à choisir je préfère découvrir une série dans son jus d’origine.

          • Matt  

            Apparemment Courtney Crumrin a eu droit à une version couleur au passage.
            Perso ça ne m’intéresse pas spécialement. Je ne rachèterai pas la série pour ça, surtout que j’aime bien l’ambiance du comics tel quel.
            Mais pour les Bruce par exemple…^^

      • PierreN  

        Graphiquement je trouve cela pas mal, même si ce style minimaliste (je n’ai pas le terme simpliste, je trouve cela péjoratif) n’a pas autant d’élégance que l’école de l’épure façon Mazzucchelli/Toth/Cooke/Samnee/Parlov/Shaner.

  • Présence  

    Double effet Kiss Cool pour ce commentaire : (1) il est très alléchant sans divulguer l’intrigue, vendant un polar sophistiqué et révélateur de la condition humaine. (2) Il est à ma disposition dans ma pile de lecture, grâce à la gentillesse de Bruce. Merci patron.

    Quant aux dessins, élevé avec Tintin et Astérix, puis émerveillé par la BD franco-belge de type Druillet et Schuiten, ce n’est pas mon genre de prédilection. Mais avec le temps, je me suis rendu compte que certains dessinateurs à l’opposé d’un réalisme détaillé sont capables de me faire voyager tout autant, à commencer par Scott Adams avec Dilbert, mais aussi Stan Sakai avec Usagi Yojimbo. En outre, les présents dessins un peu légers en traits de contour (comme le fait remarquer Matt) sont complétés par la mise en couleurs à l’aquarelle qui vient ajouter du relief, des textures, et même le rouge sur les lèvres, c’est-à-dire un apport d’informations visuelles (un peu comme pour Harrow County, mais en moins élaboré). Du coup, je en pense pas que les dessins seront un frein à ma lecture.

    • Bruce lit  

      Hâte de connaître ton impression. De préférence à ne pas m’envoyer pendant mes courses….
      Le parallèle avec Harrow and County est super judicieux. Merci !

  • Frede  

    Fan des romans d’Ellory (merci Bruce de m’avoir fait redécouvert ce roman graphique, acheté pour la bib à l’époque et pas lu), c’est chose faite maintenant! L’univers d’Ellory est bien transposé, âmes solitaires brutalisées par la vie et les mauvais coups. Flics tantôt corrompus tantôt impliqués jusqu’au bout des ongles. Les illustrations de m’ont pas gênées, au contraire, elles collent avec ces personnages désabusés et maltraités par cette vache de vie!

    • Bruce lit  

      @Frede: échange de bons procédés puisque c’est toi qui m’a fait découvrir ce fabuleux romancier ;).

  • Présence  

    Je l’ai lu et j’ai beaucoup aimé. Effectivement, malgré leur apparence un peu légère, les dessins racontent bien l’histoire, y compris la reconstitution historique pour ce qui est des environnements et des tenues vestimentaires. Sasha Goerg s’avère très doué pour faire apparaître l’état d’esprit sur les visages, pour montrer que le personnage est sous le joug d’un processus mental qui influe sur ses émotions.

    N’ayant pas lu le livre, je fais entièrement confiance à Bruce sur la fidélité de l’adaptation. Pour un lecteur qui ne sait pas qu’il s’agit d’une adaptation, il ne le remarque pas car la narration est fluide, sans être alourdie par des gros pavés de texte importé du livre.

    Il s’agit d’un excellent polar qui se nourrit de l’époque (comme le fait bien ressortir Bruce) qui sonde les mécanismes de l’âme humaine et propose une enquête prenante. Merci Bruce pour cette découverte.

    • Bruce lit  

      Merci pour ce retour.
      Ma fierté ? Avoir réussi à vendre du Ellory à Olivier Bocquet, le scénariste de Transperceneige

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