Aucun organisme vivant ne peut vivre coupé des autres. (La vie de Bouddha 3)

La vie de Bouddha 3, d’Osamu Tezuka

Un article de PRESENCE

VO : Kōdansha

VF : Delcourt / Tonkam

En harmonie avec la nature
© Delcourt / Tonkam    

Ce tome est le troisième d’une intégrale en 4 tomes. Il comprend 15 chapitres du récit, écrits, dessinés et encrés par Osamu Tezuka (1928-1989). Les différents chapitres de cette série sont parus de 1972 à 1983, et le récit total comprend environ 2.700 pages, réparties en 4 tomes pour cette troisième édition en VF. Ce manga en noir & blanc raconte la vie de Siddhārtha Gautama, le premier Bouddha, le chef spirituel d’une communauté qui a donné naissance au bouddhisme. Il s’achève par une carte de l’Inde et du Népal permettant de suivre l’itinéraire de Bouddha, et une autre carte situant les principaux lieux du récit : Kapilavistu, Lumbini, Kosala, Kushinagar, Sarnath, Bodh Gaya, Magadha. Les 2 premiers tomes ont bénéficié d’un article : LA VIE DE BOUDDHA 1, LA VIE DE BOUDDHA 2.

Dans la capitale du royaume du Magadha, deux individus se sont lancés dans un duel à l’épée en pleine rue, un grand costaud avec une énorme épée, et un plus élancé avec une lame plus fine. Les passants s’attroupent et s’assoient même pour profiter du spectacle. L’un d’eux discute avec son voisin, estimant que c’est du bidon et que les deux combattants sont de mèche, essayant d’attirer l’attention pour se faire engager comme soldat du roi. Effectivement, fourbus, les deux bretteurs repartent main dans la main. Dévadatta quitte son voisin loquace et se dit qu’il vient de trouver ce qu’il cherchait : il va former un bretteur pour qu’il intègre les gardes royales, tout en restant son manager. Il repère deux guerriers qui ont l’air prometteur et promet une belle somme d’argent au gagnant : ils sont tous les deux décevants. Il leur lance le sachet en s’en allant, et ils découvrent qu’il ne contient que des petites pierres. Continuant son chemin, il voit un individu costaud en train de fendre du bois : Tatta. Il sent que c’est un individu sérieux. Il entame la conversation, le suit quand il s’en va et parvient à la convaincre.

L’entraînement commence de Tatta : à la fois physique et au combat pour développer ses réflexes, à la fois une instruction de type scolaire pour qu’il puisse s’adresser correctement au roi. Sa femme Miguéla estime qu’un paria comme lui ne pourra jamais devenir un guerrier, car la caque sentira toujours le hareng. Finalement, Dévadatta estime que Tatta est prêt et ils vont se présenter au palais où ils sont reçus par le premier ministre Vandriloc. Pendant que Tatta est testé dans un duel à l’épée, Dévadatta raconte son histoire personnelle au premier ministre : il vient du Kapilavastu. Son père le seigneur Bandaka est mort avant sa naissance. Vandriloc est satisfait : ils sont engagés. Ils sont présentés au roi Bimbisara. Dévadatta remarque qu’il n’a pas bonne mine. Le premier ministre explique qu’il est préoccupé. Un shramane, un moine errant, lui a prédit qu’il mourrait à l’âge de quarante et un ans, d’une mort violente, tué par quelqu’un de sa propre famille. Quand le prince Ajasé est né il y a huit ans, le prince a perdu la tête et a tenté de l’étrangler par deux fois.

À la recherche du bon bretteur
© Delcourt / Tonkam 

En fonction de sa familiarité avec Siddhârta Gautama, le lecteur sait plus ou moins à quoi s’attendre dans ce tome : le personnage a connu l’éveil dans le tome précédent, et il ne lui reste plus qu’à enseigner. Il commence par le faire avec des gazelles, puis des crocodiles, puis des hommes. Siddhârta Gautama semble avoir acquis son apparence définitive et être arrivé à la plénitude de sa sagesse : jeune homme calme et serein, souvent assis en position du lotus pour méditer ou pour dispenser sa sagesse, avec cette étrange coiffe, cette marque au milieu du front, et souvent un halo lumineux autour de lui. Il est devenu Bouddha. Le lecteur voit une représentation idéalisée, même si elle n’est pas immuable. Le personnage peut changer de vêtement, enlever sa longue robe pour se retrouver en pagne, et son corps présente la marque des coups et blessures quand il se fait frapper. En tant que sage, il dispose de capacités surnaturelles, telles que celle de sortir de son corps pour entrer dans l’esprit de quelqu’un d’autre, ou une énergie exceptionnelle qualifiée de force mentale, parfois utilisée sous forme de psychokinésie. L’artiste représente ces actes merveilleux au premier degré, de façon prosaïque, sans chercher à l’expliquer, sans passer en mode impressionniste ou expressionniste. Il laisse le lecteur libre de rejeter ces éléments comme étant de pures fantaisies, ou comme étant à prendre comme des métaphores, comme une représentation à caractère naïf de l’effet produit par la sagesse de cet individu, sur les autres.

À plusieurs reprises, Bouddha est amené à exposer un principe fondamental de sa représentation de la vie : aucun organisme vivant ne peut vivre coupé des autres, tout dépend de tout, tous les êtres sont reliés les uns aux autres. En phase avec cette notion d’interdépendance universelle, le récit consacre beaucoup de pages aux autres. Par exemple, Bouddha lui-même n’apparaît pas avant la page 81 de ce tome. Il n’est pas de toutes les séquences. De nombreuses scènes ont pour personnage principal un autre que lui : Tatta & Miguéla, Dévadatta, Yatara, Uhbaka, Dhepa avec Wappa, Kaudinya, Baddiya, Mahanaman, le prince Virudhaka / Luly, l’inspecteur Pampass, Ananda, Rita, Ahïnsa / Angulimala, les 3 brahmanes Kashyapa (Uruvéla + Nadi + Gaya), sans compter les animaux. Il n’y a pas de petits personnages, chacun a une histoire personnelle, une apparence unique, ses propres motivations. Qu’il soit plutôt du bon côté de la morale ou de la loi, ou du mauvais côté, il n’y a pas de personnage monolithique. L’auteur s’avère un conteur formidable car le lecteur éprouve de la sympathie pour chacun d’entre eux. Il parvient à comprendre de qui il s’agit pour les personnages étant déjà apparus dans les chapitres précédents, même s’il ne se souvient plus exactement de ce qui leur est arrivé auparavant. Il n’est jamais perdu parmi tous ces individus. Chacun vit sa vie, et le lecteur peut voir comment l’interaction avec Siddhârta Gautama pour les premiers, ou avec Bouddha pour ceux qui apparaissent dans ce tome, change leur vie.

Le sacrifice
© Delcourt / Tonkam 

Durant ces quinze chapitres, Osamu Tezuka raconte énormément d’événements très souvent spectaculaires, faisant de cette histoire un récit d’aventure haut en couleur : un guerrier allant délivrer un prince capturé par un éléphant, des manœuvres diplomatiques pour annexer définitivement un territoire revendiqué par deux pays, un duel dans une arène entre deux champions, une trahison et les manigances d’un ami contre une jeune femme aveugle, le sacrifice du roi de cerfs pour protéger son peuple, la parabole de Zeb le zébu, une biche dévorée par des magnans (des fourmis carnivores), un prince voulant faire piétiner Siddhârta par son éléphant, un homme sauvé des sables mouvants par un gigantesque naja, le cambriolage de la demeure d’un joailler, la libération d’une jeune esclave, la manifestation du démon Mara, le coupage de bûches par la pensée, la descente du fleuve à dos de crocodile, la parabole des canards, et celle du fils du marchant d’eau, et tellement plus encore. Une saga d’une immense ampleur, à la richesse abondante.

Le lecteur retrouve également les caractéristiques de la narration visuelle d’Osamu Tezuka, tout aussi riche et pleine d’entrain. Il navigue entre les registres avec une aisance et un naturelle confondant. D’une manière générale, il dessine ses personnages de manière simplifiée, pour les rendre plus expressifs, avec une apparence un peu naïve, mais aussi une direction d’acteurs naturaliste, ce qui leur donne un souffle de vie extraordinaire. Très rarement, il va faire glisser ce registre de représentation vers une représentation plus réaliste pour rendre la scène ou le moment plus tragique. Plus régulièrement, il va accentuer la simplification ou exagérer la gestuelle vers un registre plus enfantin, comme si les personnages étaient plus impulsifs et moins réfléchis, ou passer en mode comique. Pour ce dernier cas, le lecteur retrouve les quatre brahmanes compagnons de Dheva : Wappa, Kaudinya, Baddiya, Mahanaman. Ce dernier est représenté avec la tête à l’envers, soit parce qu’il est suspendu la tête en bas à un élément hors case, même quand il n’y a aucun élément de décor auquel se raccrocher. Un autre est montré percé par une vingtaine de clous de charpentier à différents endroits de son anatomie, correspondant à son mode d’ascèse, à ne pas prendre de manière littérale bien sûr.

Éteindre le feu
© Delcourt / Tonkam

L’artiste se montre toujours aussi inventif dans le découpage de ses planches, accordant le même degré d’implication à chacune, malgré la pagination élevée. Par exemple, lors du combat entre Tatta et Yatara, il peut utiliser des cases trapézoïdales disposées en rayon pour accompagner le mouvement et la rapidité de chaque coup porté, pendant les 17 pages que durent le combat. Il n’hésite pas à faire un usage modéré et opportun des exagérations, par exemple quand Yatara envoie Tata voler dans les airs et que son corps heurte un muret dont les briques se disjoignent sous l’impact. Tezuka est toujours aussi facétieux et malicieux, mettant à profit sa maîtrise experte de la narration visuelle. Ainsi, les personnages peuvent briser le quatrième mur, par exemple en page 74 quand Miguéla se retrouve projetée en arrière quand Tatta lui hurle dessus, et qu’elle brise les traits séparant les cases sous la force du volume sonore. De la même manière, il s’amuse à intégrer des anachronismes soit dans le dessin, soit dans les dialogues, pour rendre ses comparaisons plus percutantes : un personnage qui lit des mangas pornographiques, la mention de Walt Disney, du général Custer, du whisky, des chiens policiers, le journal télévisé, des panneaux publicitaires, l’ordinateur. Sous cette forme, et sous d’autres, l’humour est bien présent dans le récit. Il intègre de rares clins d’œil à son œuvre comme monsieur Moustache pour le personnage de l’inspecteur Pampass, ou encore un personnage qui prend l’apparence de Black Jack le temps d’une case.

En ayant reçu le don de Brahma, Siddhârta Gautama a été marqué sur le front, et sa vision de la vie a évolué. Dans la mesure où il s’agit du récit de sa vie, l’auteur évoque ses enseignements, sans prosélytisme, en laissant le lecteur libre d’y réagir comme il le souhaite, en fonction de sa sensibilité, de ses propres croyances, de son expérience de vie. Il peut le prendre de manière littérale, ou à l’opposé comme un conte merveilleux, ou entre les deux comme une métaphore de la vie intérieure d’un individu. En devenant éveillé, Siddhârta acquiert le titre de Bouddha, ce qui fait dire aux puissants et aux brahmanes qui le voient arriver qu’il se prend pour quelqu’un d’important, qu’il a la prétention de savoir.

La totale, réédition de 2018/2019  
© Delcourt / Tonkam

Alors que dans les deux premiers tomes, Siddhârta était convaincu que la seule réalité de la vie était de souffrir, son illumination le fait changer d’avis. Il l’énonce de manière explicite : nous autres êtres vivants ne sommes pas sur Terre pour vivre les tourments et la souffrance. Une vie pareille ne vous semble-t-elle pas dépourvue de sens ? À un contradicteur, il lui suggère de se poser les questions suivantes. Que suis-je en train de faire ? Ce que je suis en train de faire est-il important pour moi ? Est-ce que cela compte pour autrui ? Et puis pour beaucoup d’autres ? Est-ce que cela compte pour tous les habitants de mon pays ? Pour le genre humain tout entier ? Quelles conséquences cela aura-t-il sur la nature et sur tous les êtres vivants ? Réfléchis bien à ces questions. Et si tu arrives à une conclusion négative, alors arrête-toi. Car dis-toi que notre monde n’est qu’une seule et même chose ou tout dépend de tout. C’est le thème récurrent des enseignements de Bouddha : l’interdépendance universelle, ainsi que ce qui cause la souffrance des hommes, et la possibilité d’oublier, de s’oublier.

Quelles que soient ses convictions, le lecteur peut être intéressé par la découverte de la vie de Bouddha, individu ayant vécu au sixième siècle ou cinquième siècle avant Jésus Christ, dont les enseignements façonnent la vie de millions d’individus à l’échelle planétaire. Ce manga lui fournit l’occasion de satisfaire sa curiosité par un récit d’aventures rocambolesques dont la construction reprend chronologiquement sa vie, tout en mettant en scène l’interdépendance universelle avec la mise en scène de nombreux personnages, la plupart issus des couches populaires de la société. En outre, la narration visuelle est formidable d’inventivité, avec des touches facétieuses savoureuses. Un chef d’œuvre.

La première édition VF de Tonkam 1997-1999
© Tonkam  

36 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Voilà une lecture intimidante, il a faut l à la fois sauter l’obstacle du graphisme enfantin qui tranche avec un propos très mature, et même un peu exigeant. Pourtant le voyage en vaut la chandelle tant Tezuka est un maître conteur comme il y en a peu.
    je n’ai pas Bouddha…mais c’est une lacune que je compte bien combler….

  • Présence  

    Ah oui, je me rappelle bien mes premiers Tezuka : il m’a fallu sauter l’obstacle du graphisme, me familiariser avec, accepter que ça ne corresponde pas à mes goûts, à mes habitudes visuelles. Ceci m’a pris plusieurs séries et plusieurs tomes de Black Jack en particulier, pour m’adapter à cette façon de raconter, simplette en apparence, très chaleureuse, très généreuse.

    • Eddy Vanleffe  

      On présente souvent l’auteur avec ses œuvres qui sont restés dans l’inconscient collectif japonais soit Astro Boy ou Le Roi Leo…quand on s’y penche, on s’aperçoit qu’on pas le bon public ni la bonne époque…. On peut les apprécier en tant qu’historien, esthète etc… mais le lecteur n’a pas forcément son content…
      Heureusement le livre L UNIVERS DES MANGA de Thierry Groensteen faisait un large portrait de cet auteur afin d’expliquer l’importance de son aura au Japon…
      et là on découvrait effarés qu’il faisait un peu d’érotisme soft et de manga très sombres à l’image d’Ayako.
      quand Delcourt l’a édité, je me suis jeté dessus et ce fut une révélation terrible… évidemment Barbara et MW allaient suivre….
      les 3 Adolfs, j’ai pas pris parce que je trouve ça très très très casse-gueule de parler de nazisme sans faire du hors sujet… souvent les fiction décrivent une sorte de régime sublimé à l’empire de Star wars et ça participe à mes yeux à une banalisation du sujet, un sujet que peu maîtrisent…
      on m’a souvent dit que j’avais tort….
      donc je vais le lire un jour…

      • Présence  

        Astro Boy, Le roi Léo : je n’en ai pas tenté la lecture.

        Dans mes plus tendres années, une chaîne nationale diffusait sporadiquement des épisodes de Princesse Saphir. Une aventure que de découvrir le manga correspondant d’Osamu Tezuka, datant des années 1950. De ses séries emblématiques, j’ai lu Black Jack (1973-1983), L’enfant aux trois yeux (1974-1978), Phénix l’oiseau de feu (1956-1989). J’ai également lu une dizaine d’œuvres courtes.

  • Jyrille  

    Merci Présence pour la suite des aventures de Bouddha. Je suis toujours frileux à l’idée de me lancer dans ces lectures, mais bien évidemment je te crois sur parole, surtout que le trait de Tezuka est forcément familier et assez enfantin pour ne pas être déstabilisant. Je me demande si Tezuka était lui-même bouddhiste. J’avais oublié que sa vie était si lointaine, en pleine Préhistoire si je comprends bien ?

    J’aime beaucoup tes paragraphes de fin sur le dessin et les intentions de l’auteur. Lorsque je lirais les quelques Tezuka que j’ai achetés dans cette collection (n’ayant lu que MW), peut-être aurais-je envie d’aller plus loin…

    • Présence  

      Préhistoire : j’ai dû aller chercher parce que je ne retiens pas les dates.

      En début de tome 1, Tezuka précise que son récit commence il y a 3500 ans, soit 1500 ans avant Jésus Christ. D’après le Larousse, la fin de la préhistoire se situerait en gros (ça dépend de la date de l’invention de l’écriture dans la zone géographique considérée) il y a 5000 ans. J’en déduirais que Siddhārtha Gautama a vécu après la préhistoire.

      Wikipedia indique comme date plus précise pour Gautama : naissance soit en -623, soit -563, et mort en en -543, ou -438.

      • Jyrille  

        Ah ok c’est moi qui ai mal lu alors en pensant que c’était cinq siècles avant JC…. Dans ce cas, on est dans l’Antiquité je crois.

  • Bruce lit  

    Je n’ai pas encore lu ce volume 3 car du fait de la densité de l’intrigue et des personnages, je préfère me procurer le volume 4 pour tout lire dans la foulée.
    Ce qui est génial, c’est que Tezuka ne me déçoit jamais. Un tel génie ne me semble pas suffisamment reconnu en France, le soi disant pays du manga. On parle d’un type qui a la stature d’un Hergé ou Hugo Pratt. Et je pense même qu’il les dépasse.
    Tu as raison de souligner que la profondeur et la spiritualité de ses ouvrages ne s’efface jamais devant le plaisir de lecture immédiat et son rocambolesque. On ne s’ennuie jamais chez cet auteur, il ne nous assomme pas de sa culture et ne juge pas ses personnages.
    J’ai hâte de découvrir ce combat de 17 pages que tu décris.
    Egalement dans ma PAL de cet auteur : DODORO et DEMAIN LES OISEAUX.

    • Eddy Vanleffe  

      La France est un pays très « mangaphage », mais également avec une certain mépris de l’idée de patrimoine, en gros la c’est toujours la génération actuelle qui a raison…
      la paysage éditorial commence seulement à se relever de ça avec des éditeurs militants et courageux parce que ça ne se vent pas!
      ce qui se vend, ce sont les 3/4 derniers shonen nekketsu à la mode… là il y en a des brouettes mais que sont les classiques du manga, vous verrez, beaucoup sont impossibles à trouver…
      Go Nagai, ne perce pas, Ryoichi Ikegami, ne perce pas, Tezuka n’a pas l’aura qu’il mérite, Shōtarō Ishinomori ne perce pas, Ashita no Joe ne tient je me suis laissé dire que parce que l’éditeur soutient le titre. Le voyage de Ryu, je l’ai loupé à l’époque,, je crois que je peux me brosser…
      et je passe sur les shojos hyper ambitieux des années 70-80, dont seul La Rose de Versailles continue de se faire éditer. Leiji Matsumoto l’auteur d’Alabator n’est pas particulièrement édité non plus… alors que la trilogie de Jerome Alquié faisant appel au visuel de l’animé lui a bien marché…
      On a quand même la naissance d’une conscience historique manga qui s’établit peu à peu grâce à Mangetsu, Ipan, Le lézard Noir, ou même Black Box. Delcourt tente des trucs, Glénat aussi timidement…
      On a en ce moment un monument du polar qui revient dans les bacs avec BANANA FISH et un autre de SF pure et dure avec EDEN

      • Jyrille  

        Et tu as tenté de jeter un oeil à ce que propose Cornélius ?

        • Eddy Vanleffe  

          My Bad, je les ai oublié…oui ils font un sacré boulot en osant shigeru Mizuki (l’auteur du bouquin sur les Yokaî..)

      • Fletcher Arrowsmith  

        EDEN : quelle puissance à la OTOMO.

        Je conseille aussi de lire INIO ASANO, mangaka plus confidentiel.

        Tu as raison de citer LE LEZARD NOIR avec surtout LA CANTINE DE MINUIT (chaque volume est attenu avec imaptience à la maison, je recommande aussi la série sur Netflix) mais aussi TOKYO RAIDO et CHIISAKOBE

      • zen arcade  

        « Ryoichi Ikegami, ne perce pas »

        Glénat va quand même retenter le coup à l’automne 2022 avec la sortie en édition perfect de Sanctuary et la publication de sa dernière série en date Trillion game.

        • Présence  

          Ryoichi Ikegami : que de bons souvenirs en ce qui me concerne. Mai the psychic girl (lu en anglais), Crying Freeman bien sûr, Sanctuary, Heat publié par Kabuto.

        • Eddy Vanleffe  

          Après combien d’années de silence radio pour un dessinateur de cette envergure?
          les éditions Kabuto ont fait des tirages express! et le reste est au compte goutte…

          Mais je suis reconnaissant et je suivrais SANCTUARY, comme j’ai repris L’école Emportée et Mermaid en entier… (ah putain bonheur!)

    • Présence  

      On parle d’un type qui a la stature d’un Hergé ou Hugo Pratt. Et je pense même qu’il les dépasse. – A chaque fois que je lis sa page wikipedia, je mesure mieux la longévité de sa carrière et sa productivité : plus de 170 000 pages dessinées au cours de sa carrière, environ 700 œuvres et réalisation d’environ 70 séries animées, téléfilms animés, longs et courts-métrages d’animation. Plus de 120 millions de mangas ont été vendus depuis sa mort en 1989. (source wikipedia).

      Parce qu’en plus il a exercé plusieurs métiers : mangaka, animateur, character designer, producteur, scénariste d’anime.

      • Bruce lit  

        Et qu’il a surtout diversifié ses BD et ses sujets.
        Tezuka, c’est Kirby, Disney, Hitchcock et Hergé réunis. Et j’exagère à peine.

        • Présence  

          Entièrement d’accord, en écrivant dans tous les genres ou presque : du roi Léo à la vie de Bouddha, en passant par les pérégrinations d’un médecin au début de l’ère Ansei, pour tous les publics, des enfants aux adultes, sans oublier la gent féminine.

  • Bruce lit  

    Sinon, en décryptant le scan de couverture, je vois quand même qu’il y a un type avec des clous dans le corps qui écoute Buddha.

    • Présence  

      Si ma mémoire est bonne, le monsieur avec les clous est un ascète qui apparaît dans le tome 2, et que Gautama retrouve dans celui-ci.

  • zen arcade  

    C’est marrant, je débarque sur ce site via l’arrivée d’arrowsmith comme chroniqueur et je tombe sur des chroniques d’un certain Présence, dont je lis avec intérêt les chroniques de comics depuis des années sur Amazon sans savoir qu’il écrit ici.
    Ca fait plaisir. 😉
    Concernant La vie de Bouddha de Tezuka, j’ai le souvenir assez diffus d’avoir lu une très grande série à l’époque de sa première parution en 8 volumes et sens de lecture occidental chez Tonkam il y a plus de 20 ans.
    Faudra un jour que j’investisse dans toutes ces rééditions de Tezuka en format prestige.
    Mais pour l’heure, c’est surtout la réédition de Phénix que j’attends.

    • Présence  

      Bienvenu Zen Arcade.

      J’avais également commencé la lecture de Bouddha dans l’édition Tonjam en 8 tomes, et j’avais abandonné en cours de route : je n’avais pas le niveau. C’est une lecture exigeante pour moi, très riche.

      J’avais trouvé Phénix (toujours dans l’édition Tonkam) plus facile d’accès, mais, avec le recul, je me dis que j’ai dû passer à côté de pas mal de subtilité.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Présence,

    position du lotus et shakra bien ouvert pour cette review impressionnante. On sent que le mot chef d’oeuvre qui conclut ton article n’est pas galvaudé à tes yeux.

    De Tezuka je ne possède à la maison que l’intégrale de L’HISTOIRE DES 3 ADOLFS que je considère également comme un chef d’oeuvre. Les dessins y sont moins enfantin en comparaison. J’ai bien évidemment dévoré ici et là des ASTRO BOY (surtout après le passionnant PLUTO de Urasawa), METROPOLIS, LE ROI LEO.

    Pour moi Tezuka est au manga ce qu’est Jack Kirby aux comics.

    Son oeuvre est gigantesque. Par timidité je n’ai jamais osé attaquer LA VIE DE BOUDHA, pourtant à la maison ses représentation ne manque pas. Peut être en effet que le nombre de planche mais également les dessins ont un peu freiné notre envie, qui ne manque pas.

    Une question : je suis un peu géné par le côté quatrième mur et anachronisme, comme si Tezuka ne pouvait pas rester intégralement dans un récit mythologique et historique. Tu trouves réellement que cela passe café crème ? Je sais que cela a tendance à me sortir (et ma femme aussi) de la lecture. Quelle justification du procédé à ton avis ?

    Autre interrogation : Tezuka glisse t il des parallèles avec la situation de son pays que cela soit dans le passé ou bien le présent de l’époque ? (« tout en mettant en scène l’interdépendance universelle avec la mise en scène de nombreux personnages, la plupart issus des couches populaires de la société »).

    • Présence  

      Son œuvre est gigantesque. – A qui le dis-tu : j’ai dû lire une bonne dizaine de ses séries, et je n’ai même pas effleuré la diversité de sa production.

      Le côté quatrième mur et anachronisme : je présume que ça dépend de la sensibilité de chacun. La 1ère fois que je suis tombé sur un anachronisme, je n’ai pas compris l’intention de l’auteur. Après, ça passe comme une bizarrerie pas vraiment dérangeante, car elles sont peu nombreuses et noyées dans la masse.

      L’intention de Tezuka : je ne peux que supputer. Je penche (mais c’est un avis personnel qui n’engage que moi) que ça provoque une forme de recul, d’humilité de l’auteur qui dit : ne me prenez pas trop au sérieux, ce ne sont que mes élucubrations sur des événements romancés. Ce n’est pas un reportage, mais une vision d’auteur, ou en tout cas une vision d’individu, rien de plus.

      Des parallèles avec le Japon : je n’en ai pas perçu (mais j’ai pu rater des choses, c’est même certain que j’en ai raté) qui soit explicite. Il se focalise surtout sur le système de caste en Inde. D’un autre côté, comme tout auteur, il est le fruit de son milieu socio-culturel et de son époque, et il interprète les textes avec cette sensibilité.

  • Surfer  

    Ton article aura eu le mérite de pousser à m’ intéresser à TEZUKA qui manifestement est un auteur incontournable.
    Merci pour ça 😉👍
    Je dois avouer que, concernant les Mangas je suis complètement inculte. Je n’ai lu que quelques TANIGUCHI…et, grâce au blog, j’ai découvert TANABE. (J’ai d’ailleurs acheté les 6 premiers tomes de ses adaptations de LOVECRAFT que j’ai dévoré en quelques heures ).

    La BO: David Bowie quoi… What Else ?… Quoi que, en y réfléchissant bien, j’aurais préféré la version avec Lenny Kravitz à la guitare. Les 2 versions sont dans le même album.

    • Jyrille  

      Je connais très peu ce Bowie, faudra que je m’y attelle sérieusement un jour (même si à l’image de l’extrait, c’est une période un peu légère dont je ne suis pas friand, post-Hours je crois).

      • Surfer  

        Hello Jyrille,
        Non, c’est du pré Hours . L’album est sorti avant. Mais cela reste des albums des années 90. Pas forcément la meilleure de Bowie.

        • Surfer  

          La meilleure periode*

    • Présence  

      Quand on est un lecteur compulsif de livres, de BD, de comics, de mangas, on finit par se demander quelles sont les références. Osamu Tezuka est une référence, à la fois historique dans le développement des mangas et des animes, et également en termes de diversité. Quand Tonkam a commencé à publier un beau panel de ses œuvres, c’est tout naturellement que je me suis dit qu’il fallait que j’essaye. Le déclic n’est pas venu tout de suite du fait d’un important décalage culturel en ce qui me concerne (même si j’avais déjà lu des centaines de pages de manga avant). Il a fallu que je fasse un effort pour lire plusieurs tomes de Black Jack, avant d’y prendre du plaisir, que je m’acclimate à la personnalité narrative de Tezuka, à certaines pages pu séduisantes (les débuts de sa carrière) malgré une grande curiosité de mon côté.

      Mais quel plaisir d’assouvir ma curiosité en lisant un des premiers shojo : Princesse Saphir (1953-1956).

    • Présence  

      Osamu Tezuka : il faut trouver l’œuvre qui présente des caractéristiques qui te motivent, afin de passer par a phase d’adaptation nécessaire pour prendre goûts aux idiosyncrasies de cet auteur. Une fois cette phase franchie, ce n’est que du plaisir.

  • JP Nguyen  

    Je n’ai toujours pas eu le déclic concernant Tezuka. Le dessin me freine toujours autant. Je lis et je comprends vos arguments sur son importance en tant qu’auteur, sur son ambition et sa productivité… Mais lorsque je feuillette une de ses œuvres en librairie, je n’accroche pas. Autant je peux me faire cueillir à re-relire un Tintin si je tombe dessus, même si le trait est éloigné de l’esthétique comics que j’ai longtemps affectionnée, autant Tezuka me cause une dissonance entre le sérieux des sujets et la simplicité enfantine du trait. Je n’arrive pas trop à me l’expliquer puisque j’ai déjà lu et apprécié des BD au trait « simple ». Je réessaierai, promis.

    • Présence  

      Au vu de la pléthore d’œuvres de cet auteur, il est possible de choisir une série courte ou une série dont le thème te plaît a priori où tu estimes que le dessin colle bien au thème ou aux personnages. C’est en procédant ainsi que le déclic a fini par se produire pour moi. J’écris Déclic, mais c’était plutôt un processus au fil de plusieurs mois parce que je ovulais absolument finir par comprendre ou ressentir ce qui a enthousiasmé autant de lecteurs, sur autant de générations.

      • Bruce lit  

        A tout ceux que le graphisme de Tezuka rebute, Delcourt réédite une pléthore de titres du Dieu du Manga redessinés par d’autres auteurs notamment AYAKO ou DODORO ! Ca s’appelle TEZUCOMI et trois tomes sont déjà dispos en VF.

        Il y a également la version de DODORO par l’auteur de SOIL intitulée SEARCH AND DESTROY J’en parlerai bientôt mais dans la presse rock, pas ici 😉

        • Présence  

          Très surprenant ce magazine Tezucomi. Si je le vois en librairie, il faudra que je le feuillète. Merci de cette information.

        • Présence  

          En cherchant un peu, la liste des contributeurs comprend Jean-David Morvan, Mathieu Bablet, Luis Nct, Valérie Mangin, Brice Cossu, Joe Kelly, Victor Santos…

          • Bruce lit  

            Oui, du beau monde et une belle manière d’actualiser le mythe.

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