Blade Ronin (Lone Wolf 2100)

Lone Wolf 2100 par Mike Kennedy et Francisco Ruiz Velasco

Le babysitter porte un sabre

Le babysitter porte un sabre© Dark Horse

AUTEUR : JP NGUYEN

1ère publication le 25/05/15- MAJ le 20/04/19

VO : Dark Horse

VF : /

Lone Wolf 2100 est un comic-book en 11 numéros, plus un hors-série, parus chez Dark Horse de 2002 à 2003, qui transpose le pitch du manga de Kazuo Koike et Goseki Kojima dans un futur post apocalyptique.

Le scénario est de Mike Kennedy et les dessins sont de Francisco Ruiz Velasco. Ce travail de reprise/transposition avait reçu l’aval de Koike, scénariste du manga original.

L’ensemble des numéros a été compilé dans 3 TPB « Shadows on Saplings », « The Language of Chaos » et « Pattern Storm » publiés en 2003-2004 puis dans un Omnibus, sorti en 2013. 

Attention, ce commentaire dévoile des passages-clés de l’intrigue.

Un cyber-ronin et une petite fille dans un monde en perdition

Un cyber-ronin et une petite fille dans un monde en perdition © Dark Horse

A l’origine, Lone Wolf and cub est un manga en 28 volumes se déroulant dans le Japon du 17ème siècle et mettant en scène Ogami Itto, samurai reconverti en tueur à gages suite au massacre de son clan par les Yagyu, un clan rival. Accompagné de son très jeune fils Daigoro, qu’il transporte dans une charrette, Itto loue ses services de sabreur et cherche vengeance contre le clan Yagyu.

Dans un futur dystopien, nous suivons les pérégrinations de l’androïde Itto (désigné en tant que Emcon pour Emulation Construct) et de Daisy, la fille du docteur Ogami, créateur d’Itto. Avant de mourir, le docteur a placé sa fille sous la protection d’Itto car le corps de Daisy recèle un secret de très grande valeur : le virus Porter, remède contre un autre virus, le War Spore, qui a décimé la population mondiale. La corporation Cygnat Owari souhaite mettre la main sur le virus Porter et envoie une milice privée, les Vapor Fist, à la poursuite d’Itto et Daisy.

Belladonna et Terasawa : le duo maléfique du récit

Belladonna et Terasawa : le duo maléfique du récit © Dark Horse

Cygnat Owari est dirigée par Terasawa, un Emcon qui usurpe la place du Président de la corporation et complote pour éradiquer la population humaine de la surface de la terre. Or, le virus Porter peut non seulement guérir les humains mais s’avère aussi fatal pour les Emcons ! A la tête des Vapor Fist, on trouve Willem Prescott, un vieux briscard qui, au début de la série, traquera Itto et Daisy avant de percer à jour les projets de Cygnat Owari et de changer de camp.

Mélange de Blade Runner et de Ken le Survivant, Lone Wolf 2100 peut sembler à première vue assez bourrine. Itto est l’archétype du héros fier et puissant, sans peur et sans reproche, aux faux-airs de Wolverine. La petite Daisy n’a pas vraiment de personnalité développée, elle se limite principalement à son statut de porteuse du remède, qui est le « Mac Guffin » de l’intrigue.

Itto : un héros quasi-invicible

Itto : un héros quasi-invicible © Dark Horse

Terasawa est un méchant machiavélique et mégalomane. Il est secondé par une petite troupe de lascars Emcon, au premier rang desquels on trouve Belladonna, une tueuse perverse. Quand à Prescott, il a tout de l’ersatz de Nick Fury (bandeau sur l’œil inclus). Ce rapide passage en revue des protagonistes laisse surtout entrevoir des personnages clichés ou insipides. L’intrigue est de son côté assez bien construite, même si prévisible. Les éléments-clés sont dévoilés au fur et à mesure via des flashbacks. Les rencontres que font Itto et Daisy sont assez diversifiées (des villageois humains, des nomades Emcon, des cyborgs, des robots assassins dans une ville déserte) et la série restant assez courte, on n’a pas le temps de s’ennuyer.

Outre une toile de fond assez fournie sur ce sombre futur régi par les corporations (notamment via le numéro hors-série « The red file »), Mike Kennedy pousse aussi des réflexions sur la nature humaine, en jouant sur l’opposition humain/emcon qui rappelle forcément la dualité humain/répliquant de Blade Runner. Cela n’atteint jamais des sommets mais c’est suffisant pour sortir la série de la case « baston décérébrée ».

Avant la baston, ça lui arrive de parler (après, c'est plus dur, y'a plus personne pour écouter…)

Avant la baston, ça lui arrive de parler (après, c’est plus dur, y’a plus personne pour écouter…) © Dark Horse

Des personnages caricaturaux; une intrigue avec des airs de déjà-vu, qu’est ce qui peut bien sauver cette série ? Et bien, le dessin, pardi ! Francisco Ruiz Velasco livre des pages de toute beauté. Il use d’un trait fusionnant comics et manga qui n’est pas sans rappeler celui de Joe Madureira (au niveau de certains visages) même si ses corps sont moins sujets à l’hypertrophie.

Que ce soit le design des personnages, des vêtements, des véhicules, des robots ou encore les décors de mégapoles technologiques ou de cités en ruines : tout est superbement rendu. La colorisation, faite par ordinateur, apporte un niveau de détails supplémentaire avec des ombres et des effets de texture bien intégrés.

Une cité futuriste oppressante à souhait

Une cité futuriste oppressante à souhait© Dark Horse

Les scènes de combat sont dynamiques et bien chorégraphiées. Itto utilise un katana et aussi des monofilaments qui peuvent surgir de ses phalanges supérieures : ses adversaires sont souvent découpés net (telles des victimes du Nanto dans Hokuto-no-Ken) et le dessin rend très bien la précision létale de ses attaques.

De tous les duels disputés et remportés par Itto, ceux du chapitre 5 sont assez marquants : ils se déroulent dans une ville en ruines contre des robots-tueurs, dans un épisode muet où Itto pousse Daisy dans un caddie de supermarché. C’est l’épisode qui fait la référence la plus explicite à la série originale et même s’il est entièrement tourné vers l’action, il est assez réussi.

Parmi les bémols : un choix de dessiner les personnages de façon assez trapus/courts sur patte et les planches du dernier chapitre malheureusement bâclées. Lone Wolf 2100 est une série possédant des qualités, surtout au niveau du dessin mais aussi du scénario qui évite le piège de l’histoire totalement stupide et bourrine. Une bonne série B post-apocalyptique, qui, sans trancher avec le reste des œuvres de SF « musclées », ne mérite pas d’être sabrée.

A vous de voir si vous souhaitez passer à la caisse ou pas…

A vous de voir si vous souhaitez passer à la caisse ou pas… © Dark Horse

9 comments

  • JP Nguyen  

    Prédestination ? En ce jour où une de mes chros parlant de petite fille babysittée par un cyber-ronin est publiée sur le blog, ma troisième fille est née à 00h52.
    Je ne compte pas m’exercer au katana mais je tâcherai, comme pour ses soeurs, de la protéger et de l’élever jusqu’à ce qu’elle vole de ses propres ailes…
    Et au fait, elle s’appelle Laureline !

    • Présence  

      Toutes mes félicitations aux heureux parents, et bienvenue au monde à cette charmante Laureline (très joli prénom, si je puis me permettre).

    • Lone Sloane  

      Bienvenue à Laureline et je lui souhaite une vie aussi voyageuse, pionnière et animée que son homonyme de papier. Belle journée de découverte à vous 5.

  • Présence  

    Avant de me lancer dans une telle lecture, il faudrait d’abord que je lise l’original de Kazuo Koike et Goseki Kojima. Il ne me reste plus qu’à espérer que d’ici que j’ai fini Vagabond, un éditeur aura republié Lone Wolf & Cub en VF.

  • Yuandazhukun  

    Toutes mes félicitations pour ce formidable évènement ! Et oui superbe prénom ! Plein de bonheur à toute la famille !!! ( et merci pour l’article toujours interessant de te lire !)

  • Yuandazhukun  

    Finir Vagabond Présence ? J’aimerais bien en voir la fin moi aussi, ce qui est peu probable vu la parution épisodique de chaque tome….

    • Présence  

      Je me suis mal exprimé : je voulais dire lire les 37 tomes parus, c’est-à-dire finir ce qui est disponible.

  • Jyrille  

    Félicitations JP ! Bienvenue à Laureline, je confirme que c’est un très bon prénom !

    Par contre je n’ai toujours pas sauté le pas pour Lone Wolf and Cub et Vagabond. Depuis le temps, je sais, j’ai du retard. Un jour sans doute.

  • Tornado  

    Félicitations aux heureux parents ! Une troisième fille, c’est parfait pour notre monde de brutes.
    Tous mes voeux de bonheur pour cette longue et heureuse vie de famille que je vous souhaite.

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