Borgne in the USA

Fury MAX – My War Gone By par Garth Ennis et Goran Parlov

1ère publication le 05/02/16- Mise à jour le 17/06/18

Nick Fury parcourt le globe en voyage organisé par la CIA

Nick Fury parcourt le globe en voyage organisé par la CIA © Marvel Comics

AUTEUR : JP NGUYEN

VO : Marvel

VF : Panini

Tous les scans de cet article sont la propriété de Marvel Comics

Fury Max est une maxi-série en 13 numéros, publiée en 2012-2013, écrite par Garth Ennis, dessinée par Goran Parlov, mise en couleurs par Lee Loughridge et habillée de covers par Dave Johnson. Elle a été compilée dans 2 TPB (VO et VF) et également en édition Hardcover (VO). Elle se situe dans la même continuité que Punisher Max, un des chefs-d’œuvre de Garth Ennis, dont les tomes ont tous déjà été chroniqués sur le blog.

Certaines informations de cet article sont classifiées « spoilers ».

Le colonel Nick Fury est un personnage que Garth Ennis semble apprécier. Il lui avait déjà consacré deux mini-séries, Fury en 2002 et Peacemaker en 2006, toutes les deux sous le label Max et dessinées par Darick Robertson. Il l’avait aussi fait apparaître à deux reprises dans son long run du Punisher Max, pour les arcs Mother Russia et Valley Forge, Valley Forge.

Pour le lecteur Marvel lambda, Nick Fury évoque plutôt l’archétype du super-espion, agent du SHIELD immortalisé par le crayon de Jim Steranko puis prenant les traits de Samuel L. Jackson dans l’univers Ultimates et au cinéma. Mais Garth Ennis ne s’intéresse pas à cet aspect du personnage. Pour lui, Nick Fury est un soldat et c’est sans doute pour cela qu’il est revenu plusieurs fois sur ce personnage : le récit de guerre est un des genres de prédilection du scénariste irlandais.

Un Dave Johnson en grande forme sur les couvertures-cartes postales originales

Un Dave Johnson en grande forme sur les couvertures-cartes postales originales © Marvel Comics

Dans My War Gone By, il ne sera donc pas question d’héliporteur, de pistolets-laser, de malfaisants agents d’Hydra ou de formule d’infinité donnant la jeunesse éternelle. L’approche de Garth Ennis est résolument plus réaliste, voire historique car il va balader notre Colonel sur plusieurs champs de bataille de la seconde moitié du XXème siècle.

Le récit s’ouvre sur une pleine page de Fury en peignoir, affalé dans un fauteuil, verre de whisky et cigare à la main, commençant à s’enregistrer dans un dictaphone très vintage, pour évoquer ses anciens faits d’armes. Pour l’anecdote, il ne s’agit pas de n’importe quel whisky mais du Booker’s (déjà commandé par Fury dans un bar de Mother Russia), un bourbon (whisky américain) titrant plus de 60 degrés (j’en ai bu une fois, j’ai tourné à l’eau tout le reste de la soirée…).

Des récits de voyage où Fury l’a souvent échappée belle…

Des récits de voyage où Fury l’a souvent échappé belle… © Marvel Comics

Dans la pénombre de sa chambre d’hôtel, au milieu des cadavres de bouteilles et à côté de call-girls ensommeillées, Fury va faire défiler son passé, depuis l’Indochine en 1954 au Nicaragua en 1984, en passant par Cuba en 1961 et l’inévitable Vietnam en 1970. Des pays, des dates, des guerres mais aussi des rencontres pour le soldat borgne.

A Saïgon, peu avant la décolonisation, Nick fait la connaissance de trois personnages qui seront récurrents sur l’ensemble de la série : George Hatherly, agent de la CIA, qui deviendra son second et l’assistera sur plusieurs missions ; Pug McCuskey, éminent membre du Congrès américain ; et enfin, Shirley DeFabio, secrétaire et future épouse de McCuskey, mais également amante de Nick Fury.
Sur les numéros 7 à 9, on retrouvera aussi Frank Castle, le futur Punisher, encore simple soldat mais déjà d’une efficacité redoutable. Et sur les 10 à 12, c’est Barracuda, l’increvable colosse noir, que Fury croisera au Nicaragua.
A trois reprises, Fury sera retrouvera aussi face à Letrong Giap, officier vietnamien, un personnage fortement inspiré du général Vo Nguyen Giap (1911-2013), qui fut commandant en chef de l’Armée Populaire du Vietnam pendant plus de 30 ans, à la tête de laquelle il gagna les guerres d’Indochine et du Vietnam.

A chaque escale, Nick sympathise avec les locaux…

A chaque escale, Nick sympathise avec les locaux… © Marvel Comics

La référence explicite à un tel personnage historique dénote l’intention de Garth Ennis : My War Gone By a beau être une fiction, le récit plonge ses racines dans l’Histoire. Dans le premier arc, Fury et Hatherly se retrouvent assiégés dans un Fort français, situation rappelant évidemment celle de la bataille Dien Bien Phu, qui fut décisive pour la fin de la colonisation française en Indochine. A Cuba, Fury et Hatherly entraînent des soldats pour le débarquement de la Baie des Cochons, opération lancée par la CIA pour renverser les castristes, trop proches de l’URSS. Au Vietnam en 1970 et au Nicaragua en 1984, la lutte contre l’ennemi communiste cache à chaque fois un sordide trafic de drogue orchestré par la CIA.

L’Agence en prend pour son grade dans cette série, qui critique, à raison, sa politique interventionniste et sa stratégie d’opérations clandestines pendant la Guerre Froide, qui furent autant d’échecs militaires, doublés de défaites morales. Alors qu’Ennis accordait parfois de modestes triomphes au Punisher version Max, Nick Fury vole ici de fiasco en fiasco, d’une guerre à l’autre, téléguidé par des stratèges au dévoiement grandissant.

Nick évalue consciencieusement la qualité de literie des hôtels…

Nick évalue consciencieusement la qualité de literie des hôtels… © Marvel Comics

Mais plus que par sa trame historique, plutôt bien documentée (à certains détails près, j’y reviendrai), c’est par ses personnages que cette série m’a accroché : Hatherly est certes un boy-scout, mais Ennis ne le ridiculise pas. Il est même la figure de l’homme normal auquel le lecteur pourrait s’identifier. La relation adultérine entre Nick et Shirley est aussi très bien dépeinte, avec son lot de scènes salaces mais aussi une teneur de plus en plus mélancolique et désespérée au fil du temps. Celui qui tire toujours les ficelles et semble s’en tirer pour le mieux, c’est bien Pug McCuskey, le répugnant politicard pour qui la guerre est surtout un moyen de faire de l’argent, acceptant volontiers les sacrifices nécessaires, surtout s’ils doivent être consentis par d’autres.

Ces personnages sont savoureux et participent fortement à l’intérêt de la série, notamment avec des dialogues toujours bien ciselés par Garth Ennis, qui, le cas échéant, n’est pas avare d’un certain mot de quatre lettres commençant par F…

Au programme, des excursions toujours divertissantes, avec la joyeuse compagnie d’Hatherly…

Au programme, des excursions toujours divertissantes, avec la joyeuse compagnie d’Hatherly… © Marvel Comics

Et puis il y a bien sûr Nick Fury. Son caractère bellico-dépendant en fait un frère d’armes de Frank Castle. Il a simplement opté pour les conflits militaires en lieu et place des guerres de gang. Son bandeau sur l’œil gauche lui donne la touche du baroudeur dur-à-cuire mais pourrait aussi symboliser le paradoxal aveuglement du personnage : il est assez lucide pour identifier les véritables tenants et aboutissants des guerres mais choisit cependant de passer outre, dévoré par sa passion pour le bruit et la fureur.

Les interactions entre ces quatre personnages rythment toute la série. On les voit faire connaissance, s’aimer, se déchirer, se trahir, vieillir… mourir. Il faut porter au crédit de Garth Ennis d’avoir réussi à faire vivre ce petit monde en leur conférant une réelle épaisseur. Outre les ravages de la guerre, la série montre aussi les ravages du temps.

Double peine pour Shirley, embarquée dans un mariage de raison avec McCuskey, elle subira les outrages du temps et de son époux…

Double peine pour Shirley, embarquée dans un mariage de raison avec McCuskey, elle subira les outrages du temps et de son époux… © Marvel Comics

Goran Parlov avait déjà dessiné plusieurs arcs du Punisher Max et on retrouve ici toutes les qualités de l’artiste : des découpages limpides et des personnages expressifs avec un trait allant à l’essentiel mais qui raconte toujours tout ce qu’on lui demande (la comédie, le sexe ou le carnage), avec des détails poussés lorsque cela est nécessaire. La bouteille de whisky mentionnée en début d’article est ainsi fidèlement représentée tout comme les engins militaires qui défilent tout au long du récit (l’édition hardcover montre même des pages que Parlov a redessinées après que Ennis lui a signalé un anachronisme dans un modèle d’avion représenté).

Hélas, j’aurais bien aimé que l’irlandais fasse preuve d’un sens du détail aussi pointu pour les dialogues en français du premier arc se déroulant en Indochine : avant que les soldats tricolores ne meurent sous les balles viets, c’est la langue de Molière qui se trouve massacrée. A l’ère d’Internet, je considère cette paresse de traduction bien regrettable. Pour le coup, la VF, que j’ai également lue, en médiathèque, pique moins les yeux. Tant qu’on y est, certains personnages (l’officier français, le général Giap) ont un niveau d’anglais bien trop élevé, peu plausible mais bien pratique pour le déroulement des intrigues.

Franck Castle, Barracuda : Nick Fury se fait de chouettes amis pendant ses voyages…

Franck Castle, Barracuda : Nick Fury se fait de chouettes amis pendant ses voyages… © Marvel Comics

A l’image de son personnage principal, Garth Ennis est fasciné par la guerre. Pourtant, il en connaît toutes les horreurs et nous les fait partager au fil des treize épisodes de la série : massacres, déshumanisation, compromissions morales, stratégies dictées par des intérêts économiques avec des idéologies servant de prétextes. Le regard d’Ennis sur la guerre est aussi désabusé que celui de Nick Fury. Le tabou ultime que ce dernier conserve reste le meurtre d’enfant, limite qu’il partage avec Frank Castle et qui causera l’échec de leur mission au Laos pour assassiner Letrong Giap. Ce dernier ne manquera pas de souligner le côté dérisoire de leurs scrupules, quand les B-52 américains déversent des tonnes de bombes dans des frappes à la précision non-chirugicale.

Verser son sang pour un drapeau. Un sport qui ne passera pas de mode de sitôt. A travers quatre exemples choisis, Garth Ennis démonte les mécanismes de la guerre et de nombreuses scènes trouvent un écho dans notre actualité. Quand les militaires français acceptent dans leurs rangs un ancien SS pour tenir le siège face au Viet-Minh, cela me renvoie aux alliances fluctuantes avec la Russie de Poutine ou le gouvernement de Bachar El Assad. Quand McCuskey se félicite de la poursuite de la guerre au Vietnam en tant qu’opportunité pour vendre des F4-Phantom, je songe à nos gouvernants VRP, tout heureux de vendre le Rafale suite à ses opérations réussies en Lybie. Quand Ennis évoque la froideur mécanique de Frank Castle qui snipe des Viet-Congs du haut d’une colline, je repense aux témoignages des rescapés du Bataclan, face à des tueurs sans émotion. Enfin, la folie d’un Fury préférant consacrer sa vie à la guerre me rappelle celle des jeunes paumés souhaitant se rendre en Syrie pour mener le Djihad.

Giap confronte Fury à sa propre abomination…

Giap confronte Fury à sa propre abomination… © Marvel Comics

L’énumération de tous ces points aurait de quoi vous donner envie d’accompagner Nick dans sa descente de sa bouteille de Booker’s. Malgré cela, Ennis termine son récit sur une envolée lyrique, rappelant un peu celle de Valley Forge, Valley Forge et reboucle la scène conclusive avec la scène introductive, dévoilant une réplique d’un idéalisme poignant d’Hatherly à Fury lors de leur première rencontre à Saïgon.

« Blood on bandaged wounds of all the brave men… and all the stars in the sky » : une vision à la fois martiale et poétique du drapeau américain, à l’image d’une série où les auteurs ont savamment marié grande et petite histoire, pour une critique sans concession de l’interventionnisme américain mâtinée de belles études de caractères.

Giap et Fury prévoient de se revoir dans un endroit bien chaud…

Giap et Fury prévoient de se revoir dans un endroit bien chaud… © Marvel Comics

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L’indochine, Cuba, Vietnam, Nicaragua, il a dû faire toutes les guerres Nick Fury, et pas forcément les meilleures. Jean-Pascal Nguyen expose le paradoxe vivant qu’est ce soldat exemplaire, ainsi que la particularité du whisky qu’il boit : Fury MAX, de Garth Ennis & Goran Parlov.

La BO du jour : Après des années de missions pour la CIA, Nick Fury est-il arrivé au même point de vue qu’Edwin Starr ?

13 comments

  • Matt & Maticien  

    Intéressant ce regard historique et martial du scénariste. J’aime beaucoup la conclusion de ta chronique.

    Je me permets juste de réagir sur la phrase  » Frank Castle qui snipe des Viet-Congs du haut d’une colline, je repense aux témoignages des rescapés du Bataclan, face à des tueurs sans émotion ». L’absence d’émotion est commune chez le tireur néanmoins les rescapés du Bataclan n’étaient pas engagés sur.un terrain militaire. Je crains que leur sideration n’ait été plus forte.

  • Présence  

    Classifié « Spoilers » : une nouvelle bien trouvé et entièrement adaptée au thème. 🙂

    Formule d’infinité donnant la jeunesse éternelle : je vois que monsieur est un connaisseur.

    Général Vo Nguyen Giap : je ne savais aps qu’Ennis s’était inspiré d’un personnage historique.

    J’ai beaucoup aimé ta chronique dans laquelle j’ai retrouvé tout ce qui m’a plu dans cette série, avec des ouvertures auxquelles je n’avais pas pensé.

  • Tornado  

    Je trouve le titre génial ! Très drôle, truculent !
    Néanmoins, je trouve que la chronique ne lui ressemble pas. Après un tel titre, je m’attendais à un article pince sans rire (dont tu as le secret), mais il est plutôt en opposition. En revanche, ta position « engagée » fait naitre une dimension de « chroniquer d’investigation » qui nourrit et apporte beaucoup d’épaisseur à ton sujet.

  • Bobiw  

    Merci pour ton Article bruce JP, comme tu le sais j’ai une soif intarissable d’apprendre sur le travail de Garth que j’affectionne beaucoup.
    Je suis d’autant plus intéressés par celle-ci après la lecture du chapitre 18 de Preacher « Texas et Le cosmonaute » ou Ennis, le temps d’un changement d’Arc narrative nous plonge dans le passé du père de Custer (John) et nous envoie droit dans la jungle du vietnam.

    En plus d’avoir droit à une des plus belle cover de Fabry (un gros plan sur une main pour une fois bien dessiné, tenant le briquet de son père) c’est aussi un des chapitre les émouvants grâce aux interactions entre les personnage et la sensibilité inavoué jusqu’à la de Garth.
    Je pense que c’est ce chapitre sur la Guerre du Vietnam qui m’a fait adoré le scénariste.

    Du coup je vais m’empresser de cliquer sur ton hypertexte pour en apprendre plus sur le récit de guerre !

  • Jyrille  

    Superbe article JP ! Vraiment intéressant, surtout que souvent, je suis incapable de voir les relations entre la réalité et les intentions des auteurs de bd. J’ai vraiment du mal avec ça.

    Ton article est superbe car il aborde tous les aspects de la bd et s’appuie dessus pour éclairer la lecture. Tous les détails réalistes énumérés sont les bienvenus. Je trouve les couvertures de Dave Johnson réussies, j’adorais déjà ses couvertures pour 100 Bullets, c’est un illustrateur qui me plaît. Merci pour la découverte et merci pour ton analyse, surtout pour un novice comme moi en matière de MAX, de Nick Fury et de Punisher.

  • Bruce lit  

    Merci à JP pour cet article méticuleux écrit dans l’urgence pour le faire entrer dans la ligne éditoriale.
    Malgré tout le talent que tu as décris ici, j’ai bof aimé tous les récits consacrés à Fury et suis un peu en désaccord avec toi.
    Je ne trouve pas la comparaison de Castle et du tueur du Bataclan heureuse. Parce qu’en dépit des horreurs commises par le Punisher, les codes de la BD parviennent à nous le rendre à défaut de sympathique, sécurisant. Il suffit que la silhouette de Castle apparaisse pour que le lecteur se sente en sécurité. Et il reste un être humain avec des valeurs, une conception de la démocratie et de la justice ce que les tueurs de Daesh n’ont pas. En outre, Castle n’a subi aucun lavage de cerveau.

    Pour le reste, je ne me suis pas senti attaché à cette version de Fury (ni à celle de Marvel que je déteste). Je trouve que le récit de Ennis manque parfois de pédagogie en ce que, parfois, en fonction des conflits m’étant plus ou moins familiers, j’aurais aimé avoir une remise en contexte du conflit. Finalement, j’ai apprécié d’avantage l’intrigue soap entre l’amant, le mari et la maîtresse. Et l’épisode avec Barracuda assez impressionnant.
    Mais je chipote hein ? Parce que des récits de ce….calibre, j’en veux tous les jours et surtout chez Marvel….
    Personnellement, je n’ai jamais bu de Booker’s.

    j’ai enfin repéré deux petits clins d’oeil : bien évidemment la séquence où Giap serre la main de Fury évoque certaines séquences de Preacher devant le même monument, et où Cassidy et Custer, frères ennemis dans une autre guerre contre Dieu, se serrent la main durant Alamo.
    Et une autre, peut être involontaire avec l’ouverture de Fury dictant ses mémoires qui m’a évoqué la Mort de Captain Marvel.

  • JP Nguyen  

    Merci pour vos retours !

    Remarque sur le titre : je me doutais que Bruce choisirait ce titre, même si ce n’était qu’une de mes propositions alternatives. Mais au-delà du jeu de mot, ça colle plutôt bien, puisque, dans mon souvenir Bruce (Springsteen) parle aussi de la guerre du Vietnam dans cette chanson (« Sent me off to a foreign land to go and kill the yellow man »)

    Les titres auxquelles vous avez échappé : Love and War, Globe Trop tueur

    @Matt et Bruce : la comparaison Frank le Sniper / Tueurs du Bataclan : en l’écrivant, je me doutais que ça pourrait faire tiquer. Mais dans le texte, Ennis décrit bien l’aspect mécanique et méthodique du sniper, qui s’appuie sur sa petite routine technique sans « voir » (ou en choisissant de ne pas voir) les conséquences « humaines » de son action. C’est cette déshumanisation qui m’a fait faire le rapprochement, même si j’admets tout à fait qu’il y a des différences dans les mobiles et la « justesse » des causes défendues (et comme dit dans l’article, Frank fixe la limite aux meurtres d’enfants…). Bref, je peux comprendre vos désaccords par rapport à ce rapprochement, mais c’est finalement un point permettant d’échanger…

    @Présence : avec mes origines vietnamiennes, j’étais forcément plus familier du général Giap et, inversement, je pensais que Ennis avait carrément utilisé son vrai prénom, alors qu’il a opté pour un clone évident mais lui autorisant une plus grande licence artistique et des écarts avec la vérité historique.

  • Présence  

    Sa trame historique, plutôt bien documentée (à certains détails près) – Je ne suis pas sûr d’avoir compris quels étaient ces détails (à part le niveau d’anglais de certains personnages).

    En relisant ton commentaire, je me dis qu’Ennis a joué le jeu de dresser le portrait d’un War Horse (pour reprendre l’expression anglaise), avec cette dimension que tu relèves et qui m’avait frappé : sa vocation pour la guerre, pour le métier de soldat. Ennis en montre les différentes facettes, sans romantisme, sans glorification.

    Concernant la politique interventionniste des États-Unis, je retrouve la même critique virulente (et plus réaliste) que celle qu’avait dressé Steven Grant avec sa série Whisper, où les trafics de la CIA pour financer ses interventions étaient mis en lumière avec la même verve.

    Je retiens également de ton article que Garth Ennis porte un regard décillé sur les motifs d’une intervention armée, et sur ce qu’il y a à y gagner. Je me souviens encore des pages de texte dans Valley Forge, Valley Forge, où il revenait sur le prétexte ayant servi de justification pour l’entrée en guerre des États-Unis contre le Vietnam.

    Ses récits sont fascinants dans leur dichotomie : il porte un respect manifeste aux individus qui choisissent le métier de soldat, tout en condamnant ce métier. Si tu as l’occasion je te recommandes la série des Battlefields (publiée par Dynamite), où il évoque des conflits ou des batailles au niveau du troufion (plus rarement à celui du premier degré de commandement).

  • JP Nguyen  

    @Présence : oui, ce sont essentiellement les fautes de français qui m’ont fait sortir du récit et, de mon point de vue, nuisent à la crédibilité/l’immersion dans le récit, pour un lecteur francophone qui lirait la VO (les tournures sont tellement écorchées que ça brûle les yeux… : « Soi la défense » pour self-défense ou auto-défense, franchement, c’était pas dur de chercher pour trouver la bonne expression…)

    J’ai oublié de mentionner que, avant que Bruce ne me suggère d’écrire l’article pour participer à la semaine thématique Histoire du blog, je m’étais dit que ma chronique de cette série serait inutile car j’en avais déjà lu une excellente (en deux parties) sur le blog de RDB :
    http://mysterycomics-rdb.blogspot.fr/search/label/My%20War%20Gone%20By

    • Présence  

      J’aime bien le site de Mystery Comics que je consulte de temps en temps.

  • Bruce lit  

    Présence nocturne :
    « Notre histoire » 6/6
    L’indochine, Cuba, Vietnam, Nicaragua, il a dû faire toutes les guerres Nick Fury, et pas forcément les meilleures. Jean-Pascal Nguyen expose le paradoxe vivant qu’est ce soldat exemplaire, ainsi que la particularité du whisky qu’il boit : Fury MAX, de Garth Ennis & Goran Parlov.

    @jP: oui et c’est tout à ton honneur de t’être risqué à cette formule provocatrice. A la différence que Ennis, en quelques lignes explique le fonctionnement du Sniper comme une expérience étant encore une expérience vitale. Non pas comme celle des zombies du Bataclan. Je comprends néanmoins ta comparaison : le fait de ne plus considérer la cible comme de l’humain mais juste comme une cible à abattre.

  • Eddy Vanleffe  

    Le seul qui m’a interessé à Nick Fury, c’est Steranko à l’époque où il était devenu une sorte de Super James Bond sous acide….
    traumatisant à lire…
    un truc qui raconte la guerre; la guerre et puis la guerre…. bof!

  • Tornado  

    Je crois que j’ai oublié de dire, que ce titre là, « Borgne in the USA« , c’est mon préféré de toute l’histoire du blog ! 😀

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