De l’autre côté de la fenêtre (Star Brand #1)

Star Brand 1 – New Universe par Jim Shooter & John Romita Junior

Vers l'infini et au-delà

Vers l’infini et au-delà ©Marvel Comics

PRESENCE

VO : Marvel

VF :/

Ce tome constitue une bonne introduction au New Universe de Marvel, lancé en 1986. Il comprend les épisodes 1 à 12 de la série Star Band, ainsi que le numéro annuel 1, et l’épisode 5 de la série Spitfire and the Troubleshooters, initialement publiés en 1986/1987.

– Épisodes 1 à 7 écrits par Jim Shooter (avec l’aide de Roy Thomas pour l’épisode 7) dessinés par John Romita Junior (sauf l’épisode 3 dessiné par Alex Saviuk). L’encrage a été réalisé par Al Williamson pour les épisodes 1, 2, 4 à 6, Vince Colleta pour l’épisode 3, et Art Nichols pour l’épisode 7.

Quelque part dans les montagnes Laurel dans la partie ouest de la Pennsylvanie, Kenneth Connell est en train de faire du motocross. Il s’arrête en voyant une clairière calcinée. Une fois sur place, il fait la connaissance d’un vieil homme étrange qui lui confie un tatouage en forme d’étoile, en lui indiquant qu’il s’agit d’une arme très puissante.

Regarde-moi dans les yeux !

Regarde-moi dans les yeux ! ©Marvel Comics

En reprenant connaissance, Connell constate que le vieil homme est mort. Il rentre chez lui en moto, à Pittsburg. Une fois dans sa maison, il constate qu’il dispose d’une force surhumaine, puis qu’il peut voler de manière autonome. Il décide d’aller en parler à Myron Feldman, son meilleur, un psychologue. Sur place il se fait attaquer par un extraterrestre à la peau verte et en combinaison spatiale, qui vient lui réclamer l’arme, Star Brand.

Pour fêter les 25 ans d’existence de Marvel, Jim Shooter (alors éditeur en chef) propose plusieurs projets. Les décideurs finissent par retenir celui de créer un nouvel univers, indépendant de l’univers partagé Marvel, qui sera plus tard nomenclaturé Terre 148611. Ce nouvel univers est baptisé New Universe. La première vague de comics comporte 8 séries : Star Brand, Nightmask, DP-7, Justice, Kickers Inc., Mark Hazzard, Psi-Force, et Spitfire and the Troubleshooters. En 1989, il est mis un terme au New Universe, les séries les plus vivaces (DP-7 et Psi-Force), ayant eu une durée de vie de 32 numéros.

Le futur de Marvel… en 1986

Le futur de Marvel… en 1986 ©Marvel Comics

Pour promouvoir la naissance de ce nouvel univers, les encarts publicitaires promettaient un monde comme celui qui se trouve de l’autre côté de la fenêtre du lecteur. Concrètement l’idée était d’expliquer l’existence de capacités extraordinaires par la survenance d’un unique événement récent (White event) ayant conféré ces capacités à une poignée d’individus sur Terre. Dès le premier épisode, ce concept prend du plomb dans l’aile, parce que visiblement de l’autre côté de la fenêtre de Ken Connell, il y a des extraterrestres qui viennent d’une autre planète, avec leur fusée spatiale et leur pistolet laser. D’un autre côté, il est vrai qu’à part cet écart majeur, le porteur du Star Brand reste dans un monde très ordinaire.

Passé le premier épisode, la normalité environnante en devient même déstabilisante. En 7 épisodes, Kenneth Connell se bat contre un extraterrestre, est à deux doigts de sauver une enfant coincée dans l’éboulement d’une mine, se fait piéger par des terroristes islamistes, croise 2 individus qui disposent peut-être de pouvoirs paranormaux, et se rend en Lybie pour détruire une base militaire. Il y a donc bien un peu d’action. Mais mis à part l’extraterrestre, Ken Connell se retrouve détenteur d’un pouvoir incommensurable dans un monde normal.

De retour au boulot

De retour au boulot ©Marvel Comics

Le lecteur découvre avec surprise que Jim Shooter joue le jeu et raconte l’histoire de ce jeune trentenaire qui ne sait pas trop quoi faire de ses capacités hors du commun. Tout aussi surprenant, Kenneth Connell n’a pas la fibre altruiste. Il pense bien un moment aider les individus en situation dangereuse (la fillette coincée dans l’éboulement, ou des otages sur un yacht), mais il constate rapidement qu’il ne dispose pas des compétences nécessaires. Il n’arrive pas à savoir comment s’y prendre pour s’assurer que son intervention n’aggrave pas la situation de la fillette par des éboulements supplémentaires qu’il occasionnerait. Il n’arrive pas à concevoir une stratégie pour éviter que les terroristes en attentent à la vie de leurs otages.

Du coup, les 2 tiers de ces épisodes sont consacrés à la vie de Kenneth Connell, mettant en lumière sa personnalité. Il est blanc de peau, grand, fort, bien de sa personne et blond (tout le portrait de Jim Shooter, à l’exception de la couleur de cheveux). Il entretient une relation suivie avec Barbara Petrovic (une jolie rousse), divorcée avec 2 enfants Laurie et Bobby. Il voit régulièrement Debbie Fix, une jeune femme pas très futée, mais très attachante, avec qui il entretient des relations amicales et charnelles. Il travaille comme mécanicien dans un garage, et il aime faire de la moto. Le scénariste donne accès à ses pensées, essentiellement par le biais de bulles de pensée.

Je crois que je me suis perdu. C'est par où la Terre ?

Je crois que je me suis perdu. C’est par où la Terre ? ©Marvel Comics

Il est difficile de qualifier Kenneth Connell de héros, mais c’est un personnage principal assez sympathique, qui n’hésite pas à donner un coup de main à l’aide de ses pouvoirs, et qui veut éviter à tout prix que ses proches payent les conséquences des attaques dont il est la cible. Il n’a pas vraiment de responsabilité. Il va de temps en temps dormir chez sa mère. Il a un emploi au bas de l’échelle, mais régulier qui lui permet d’avoir sa maison, sa moto et une voiture pour frimer. Il est plutôt intelligent, mais pas cultivé. Il ne souhaite pas s’engager dans une relation monogame et parentale avec Barbara et ses enfants. Il profite de l’amitié de Debbie, tout en la respectant et en y étant attaché sentimentalement. Finalement sa vie continue, mais avec cette arme sous forme de tatouage dont il se demande bien quoi faire (en dehors de se défendre contre cet extraterrestre).

En consultant une encyclopédie en ligne, le lecteur apprend que peu de temps avant le lancement du New Universe, l’entreprise Marvel s’est retrouvée dans une année creuse, ce qui a eu pour conséquence de diminuer le budget alloué à ces séries, et de diminuer la part d’implication de Shooter, obligé de faire face à ses patrons plus régulièrement. Malgré tout, Star Brand bénéficie des dessins de John Romita junior (en abrégé JRjr), sur une pente ascendante depuis plusieurs années. Ses dessins sont encore assez minutieux, avec une bonne densité d’informations visuelles, et une forme de simplification qui n’est pas celle destinée aux enfants, mais plus à améliorer l’efficacité des images, à augmenter la rapidité d’appréhension par le lecteur. Il bénéficie de l’encrage de luxe d’Al Williamson, anciennement excellent dessinateur pour EC Comics.

Testons l'étendue de tes pouvoirs

Testons l’étendue de tes pouvoirs ©Marvel Comics

Le lecteur a donc le plaisir de pouvoir promener son regard dans des pages qui montrent une banlieue réaliste, avec des petits pavillons préfabriqués, des aménagements intérieurs simples et fonctionnels (Connell entrepose sa moto dans sa pièce principale), un atelier de mécanique avec des outils réalistes, peuplée d’individus normaux sans être fades. Connell fait bien une tête de plus que les autres, lui donnant une forme de position involontairement condescendante, allant très bien avec sa personnalité. Les protagonistes portent des vêtements ordinaires (sauf l’extraterrestre) et tous différenciés.

Le découpage des cases de JRjr n’est pas encore efficient comme il le deviendra par la suite de sa carrière, mais il est déjà efficace. Sa direction d’acteurs est épatante en ce qui concerne le langage corporel. Il réussit à bannir les tics graphiques habituels des superhéros, en faveur de postures plus naturalistes pour Kenneth Connell, en particulier lors des séquences de vol autonome. Il y a également un travail réel sur les angles de prise de vue, et le lecteur n’oubliera pas de sitôt ce délicat Kenneth en train d’observer, par la fenêtre à l’étage, Barbara en train de se déshabiller.

Le vol autonome : c'est fait pour mater sa copine

Le vol autonome : c’est fait pour mater sa copine ©Marvel Comics

Lorsque Kenneth Connell doit combattre l’extraterrestre, le lecteur retrouve des postures qui se rapprochent plus de celles des superhéros, tout en restant originales, et dans le ton du récit. En dépit d’une mise en couleurs datée, du fait des moyens techniques limités de l’époque, les dessins contribuent beaucoup à la narration naturaliste et réaliste du récit, le monde tel qu’il existe (ou existait en 1986) de l’autre côté de la fenêtre.

Les publicités internes des comics laissaient penser que le lecteur allait découvrir un monde très réaliste, et des superpouvoirs plausibles. La première impression va à l’encontre de cette annonce, puisque Kenneth Connell se trouve tout de suite face à un extraterrestre (avec une longue barbe blanche !) qui lui confie un objet de pouvoir extraordinaire (évoquant fortement les origines de Green Lantern, recevant l’anneau des mains d’Abin Sur). La suite est plus conforme aux promesses, puisque le récit s’intéresse essentiellement à Kenneth Connell et à sa vie, établissant le constat qu’à part voler, il n’y a pas beaucoup d’utilisation pratique de ces pouvoirs (une sorte de Superman, sans altruisme et sans supercriminels à combattre). Le lecteur se laisse prendre au charme de ce récit déconcertant, suivant la vie privée de cet individu ordinaire et un peu égocentrique. 4 étoiles.

Des promesses

Des promesses ©Marvel Comics

– Spitfire and the Troubleshooters (scénario de Gerry Conway & Roy Thomas, dessins d’Herb Trimpe, encrage de Tony DeZuniga) – L’amure de Spitfire est cabossée, il lui manque le bras droit et elle est mise sous scellés dans un dépôt de la police à Boston. Eduardo Giotti, Eric Chin et Timothy Ferris s’introduisent dans ce dépôt pour tenter de récupérer l’amure. Jenny Swensen (professeure au MIT) est en prison, accusée de meurtre. Elle reçoit la visite de son avocat Bernie Straczcynski qui lui propose une stratégie pour la plaidoirie. À Pittsburgh, Kenneth Connell prend connaissance des accusations à l’encontre de la professeure Swensen par les journaux. Il décide de se rendre à Boston car il se sent pour partie responsable (suite à leur rencontre dans l’épisode 2 de Star Brand).

Pour lancer une nouvelle gamme de comics indépendant de l’univers 616 Marvel, et même du multivers Marvel, Jim Shooter et quelques créateurs ont imaginé 8 séries : Star Brand, Spitfire and the Troubleshooters, Merc, D.P.7, Kickers Inc., Psi-Force, Justice, et Nightmask. Ils ont bien sûr appliqué la méthode Marvel, à savoir connecter les séries entre elles en faisant apparaître les personnages de l’une dans l’autre. En découvrant cet épisode, le lecteur a l’impression de revenir quelques années en arrière, avec une narration très explicative, une profusion de bulles de pensée dans lesquelles les personnages explicitent tout, des comportements un peu adolescents, des atermoiements peu adultes, et une intrigue peu inventive.

Spitfire, une armure "réaliste" et en panne

Spitfire, une armure « réaliste » et en panne ©Marvel Comics

Herb Trimpe assure une narration claire et facile, avec un bon niveau de détails et un bon degré de réalisme, ce qui donne une apparence plus adulte que dans le commun des comics de l’époque. L’encrage de Tony DeZuniga est fin (gommant les traits parfois épais de Trimpe), avec des traits parfois secs et râpeux. De ce point de vue, cet épisode est plus raccord avec les épisodes de Star Brand, que ne l’est le scénario.

— Star Brand 8 (scénario de Cary Bates, dessins d’Avril Jones, encrage de Danny Bulanadi) – Kenneth Connell décide d’aller faire un tour en moto au nord de Pittsburgh. Il fait la connaissance de Tad (enfant atteint d’une maladie génétique) et de ses parents. Ces derniers expliquent comment les déchets toxiques d’une grande entreprise ont conduit à cet état de fait. Épisode 9 (scénario de Cary Bates, dessins de Keith Giffen, encrage de Bob Wiacek) – Kenneth Connell fait des cauchemars. Son copain Myron (psychologue) lui conseille d’aller consulter dans une clinique à Georgetown, auprès du docteur Balad. Ce dernier travaille avec Keith Remsen (Nightmask) qui a la capacité de s’introduire dans les rêves.

Je répare toujours ma moto dans mon salon

Je répare toujours ma moto dans mon salon ©Marvel Comics

Alors que la série reste orpheline de Jim Shooter, et donc sans direction claire, les responsables éditoriaux engagent un scénariste chevronné qui réalise 2 épisodes malins. Le premier continue dans la veine instaurée par Shooter : confronter la force physique de Kenneth Connell à un drame écologique et humain malheureusement bien réel. Le scénariste se débrouille très bien pour montrer que la force physique ne résout pas tout. Avril Jones et Danny Bulanadi réalisent des dessins réalistes, un peu propre sur eux, pas aussi fluides et élégants que l’association John Romita junior & Al Williamson, mais très professionnels.

L’épisode 9 change de registre avec l’apparition du héros d’une autre série New Universe (12 épisodes au total) : Nightmask. Cary Bates & Keith Giffen réalisent un hommage à Jack Kirby, remplissant leur obligation de faire apparaître Nightmask, développant les problématiques d’adaptation de Kenneth Connell à son niveau de pouvoir, avec des dessins très inspirés par Kirby, pour un épisode inutile mais bien réalisé.

Le seul et unique Keith Giffen

Le seul et unique Keith Giffen ©Marvel Comics

– Annuel 1 (scénario de Bobbie Chase, dessins de Geoff Isherwood, encrage d’Art Nichols) – Kenneth Connell se rend en Suisse à l’invitation d’un copain, skieur olympique. Il s’agit d’une histoire de jalousie, mâtinée de 2 tueurs à gages. Les dessins sont professionnels et le scénario aussi, mais l’histoire n’apporte rien au personnage (elle ne le dénature pas non plus) s’apparentant dans un récit d’aventure policier, avec comme seule particularité qu’un des personnages dispose de vagues superpouvoirs. 1 étoile.

– Épisode 10 (scénario de George Caragonne, dessins de Mark Bagley, encrage de Pablo Marcus) – 2 explosions nucléaires se sont produites sur le territoire de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. La tension entre les 2 blocs monte et Byron (le psychologue) conjure Kenneth Connell de se rendre sur place pour savoir ce qui s’est réellement produit. Cet épisode revient vers le cœur du concept de la série, avec à nouveau Connell confronté à un problème de société bien réel. Les dessins de Mark Bagley sont assez consistants (plus que ce qu’il faisait sur des séries superhéros à l’époque). L’histoire est assez intéressante, jusqu’à ce que Connell découvre la cause des explosions, ce qui débouche sur une confrontation trop proches d’un combat de superhéros contre un supercriminel. 3 étoiles.

Kenneth Connell tentant de fabriquer un diamant

Kenneth Connell tentant de fabriquer un diamant ©Marvel Comics

– Et la suite ? Jim Shooter a décidé de quitter son poste d’éditeur en chef chez Marvel pour des raisons diverses et variées (et controversées), abandonnant du même coup la série. Après quelques numéros de flottement, elle a été reprise par John Byrne qui s’est fait un malin plaisir de se venger de son ancien chef, en la détricotant à ses frais (voir Star Brand: New Universe Vol. 2). En 2007 (pour l’anniversaire des 20 ans du New Universe), Marvel a tenté de relancer cet univers avec une minisérie écrite par Warren Ellis et dessinée par Salvador Larocca : Newuniversal: Everything went white. Mais le projet a fait long feu. Au début des années 2010, Jonathan Hickman a ramené les concepts de Star Brand et de Nightmask dans les séries Avengers.

Que reste-t-il du New Universe ?

Que reste-t-il du New Universe ? ©Marvel Comics

—-
« La semaine des vieux cons » finale
En 1986, Jim Shooter le bien-aimé lance un nouvel univers pour Marvel avec en tête de gondole « Starbrand » secondé par JrJr. Réédité en VO, Présence vous fait découvrir ce personnage méconnu chez Bruce Lit.

La BO du jour:
De nouveaux univers avec de vieilles recettes ?

22 comments

  • PierreN  

    Dans la vignette du garage, je reconnaît bien là le style d’encrage un peu mollasson et pas assez punchy de Colleta, visiblement plus adapté aux romance comics qu’aux récits de super-héros (par contre à la fin de ce fameux annual des ff chroniqué par Bruce, avec cette case où Reed et Jane s’embrassent à la fin du mariage, là pour le coup son style plus « doux » convient bien à cette scène).
    http://talkingcomicbooks.com/wp-content/uploads/2014/01/sue-and-reed-kiss-j.jpg
    Même si je suis friand des planches de JRjr/Williamson, avec Shooter au scénario, je vais probablement faire l’impasse sur cette série. Les épisodes des X-Men du même duo étaient mémorables (l’affrontement entre Rachel et le Beyonder pendant Secret Wars 2).

    • Bruce lit  

      Voilà, nous y sommes ! Typiquement les comics books made in 80’s qui m’ont fait arrêter à l’époque. A l’époque et encore aujourdhui, je ne comprenais pas le changement d’esthétisme, ses couleurs si fades, si vêtements si larges, ces dessins sans grâce même pour du JrJr. Sa première période Xmen, je trouve que c’est dans Lifedeath où il est très bon. Après j’aime beaucoup mais alors beaucoup moins. Il n’y a que son DD qui échappe à la règle et encore.
      Tout ça pour dire que j’ai lu la moitié de Starbrand il y a deux mois et que ça m’est tombé des mains : les dessins, mais aussi un scénario qui ne semble n’aller nulle part et un personnage si ordinaire qu’il en devient transparent.
      Ceci dit, je te remercie parce que j’ignorais tout de l’éditorial de l’époque, que Shooter avait eu des velléités de créateur de monde et le fiasco que cela occasionnerait, mais là j’anticipe sur la deuxième partie de cet article.

      • Matt  

        Lifedeath c’est BWS, pas Jr Jr. Et comme tu le sais surement et que je ne t’apprends rien, j’ai pas compris ta phrase^^

        • Bruce lit  

          Salut Matt,
          La conclusion de Lifedeath (lorsque Storm sort de Eagle Plazza sous la pluie) ainsi que le retour en Afrique d’Ororo est signée JrJr. On ne m’apprend pas mes Xmen Môssieur 🙂

          • Matt  

            Ah ok. Jamais fait gaffe.
            Et donc après ça tu n’aimes plus Jr Jr ? Et sur SPidey de JMS ?

            J’ai moi-même un peu de mal avec son style « carré ». Des vêtements hyper larges plein de plis horizontaux comme des bandelettes de momies qui donnent un gabarit d’armoire à glace à tous les persos. Il fait partie de ces dessinateurs que tout le monde adore avec Richard Corben que moi je n’apprécie pas vraiment. Mais bon je supporte quand le scénar est bon.

          • Présence  

            L’édition des comics est un cycle éternel. Les lecteurs se lassent des personnages en place depuis des années et réclament du neuf. Le New Universe était une tentative de neuf pour constituer une alternative aux personnages Marvel déjà vieux de 25 ans. Mais bien vite les lecteurs réclament le retour aux fondamentaux et les nouveaux ont du mal à devenir pérennes. En outre, dans son blog, Jim Shooter indiquait qu’il n’avait pas pu disposer du budget qu’il souhaitait pour mettre des créateurs à succès sur les série du New Universe, et que les soucis financiers de Marvel (des opérations financières pas très nettes réalisées par quelques membres du comité de direction) l’accaparaient beaucoup en termes de temps. Du coup il en avait moins pour écrire.

            P.S. : parmi la série Uncanny X-Men, il n’y a que 2 épisodes intitulés Lifedeath : le 186 et le 198. Ils sont tous les 2 dessinés par Barry Windsor Smith.

      • Présence  

        @Bruce – Pour la petite histoire, Jim Shooter a commencé sa carrière comme scénariste de la Légion des SuperHéros, en vendant son premier scénario à DC, alors qu’il était âgé de 14 ans. Il a également été le scénariste de Secret Wars, Il a également écrit des épisodes des Avengers, et de nombreux épisodes de ci de là pour Marvel, plusieurs séries Superman pour DC, Solar man of the Atom et Harbinger pour Valiant, etc.

        • Bruce lit  

          @Présence…
          Bon, si c’est la journée chipotage, oui Lifedeaht 1 et 2 sont signés BWS mais que ce soit dans l’édition VO ou VF il y a aussi des morceaux de JrJr dedans.
          Jim Shooter : euh, je connais quand même. Je me rappelle aussi quand dans la bio non autorisée de Sean Howe sur Marvel, non seulement Shooter était détesté mais raillé en tant que scénariste. D’où mon propos précédent.

          @Matt: ah si ! j’adore Jr Jr mais sur son Iron Man puis dans les 90’s pour SpiderMan et ses Xmen notamment. Un style reconnaissable entre 1000. Je ne compte plus ses exemplaires dédicacés à la maison.
          Encore une fois, au milieu des années 80, je trouve la plupart des dessins Marvel assez épouvantables, bien plus datés que ce qui se faisait dans les 70’s.

          • Matt  

            Ah.
            Ben moi bof Jr Jr ^^
            Au début son style ressemblait à celui de son père. Et même si c’était moins original, ça me plaisait davantage.
            Je n’aime pas son côté anguleux, ses visages similaires aux grosses lèvres, les vêtements qui semblent faits en sac poubelle tellement ils font des plis…

            Il rejoint Corben et Allred dans la catégorie des dessinateurs que tout le monde aime sauf moi^^ Même si parmi les 3 c’est largement celui que je supporte le mieux.

        • Artemus Dada  

          Ce qui en dit long sur le génie de Shooter … ou le niveau des histoires de la Legion à l’époque : scénariste à 14 ans.
          [-_ô]

          Si mes souvenirs sont bons, ce qui a aussi miné ce New Universe, c’est la rumeur que ce nouvel univers allait – à terme – remplacé l’univers 616.

          Sinon, un editor-in-chief n’est pas l’équivalent d’un éditeur en chef ; tout au plus peut-il être rapproché d’un rédacteur en chef (d’un journal) avec les prérogative d’un directeur de collection pour donner un équivalent à un poste qui n’existe pas vraiment en France.

          Dans le cas de Shooter, il s’agit d’un individu qui participe de près au processus créatif. C’est lui qui chez Marvel par exemple, a imposé les « deadlines » strictes à ceux qui travaillaient pour la Maison des Idées.
          C’est lui aussi qui impose la fin que l’on connait de la Saga du Phénix à Claremont et Byrne.

          Et enfin il est à l’origine de l’univers Valiant (qui par ailleurs reprend quelques unes de ses idées du New Universe) aprés le rachat raté de Marvel.

          Pour le détricotage par Byrne, si je me souviens bien ça se passe à Pittsburgh en partie, la ville d’où est originaire Shooter.

          Merci pour cet article, en tout cas.

          • Présence  

            Bonjour Artemus Dada,

            Merci pour la précision pour éditeur en chef qu’effectivement j’ai traduit littéralement.

            Pour l’agonie rapide du New Universe, l’impression que ça m’a donné est que son instigateur Jim Shooter se soit retrouvé sur un siège éjectable. Ayant lu ces comics à l’époque de leur sortie (et relu pour écrire l’article), ça faisait comme si Marvel essayait de diversifier sa gamme et de saturer le marché pour gagner des parts de marché sur DC. Les superhéros Marvel aurait pu rester pour les aodlescents jeunes et vieux, et les superhéros New Universe pour les jeunes adultes. Si j’ai bien compris, Shooter avait proposé aux gestionnaires de l’entreprise Marvel 2 ou 3 projets pour fêter ces 25 ans dont une éventuelle remise à zéro.

            Il y a quelques année Jim Shooter a créé son blog et raconté pas mal d’anecdotes professionnelles de son point de vue de responsable éditorial. C’était enrichissant de découvrir son point de vue, après des dizaines de témoignages de créateurs s’étant plaint de ses méthodes. Je me rappelle encore de la couverture du Comics Journal portant le titre : Jim Shooter, notre Hitler. Il avait la double casquette de créateur et de responsable d’entreprise avec des comptes financiers à justifier. C’est fascinant de confronter ces différentes versions pour se construire une représentation des luttes d’influence et des conflits d’intérêt qui ont pu se dérouler, alors même que l’entreprise Marvel passait à un stade supérieur de processus industriel.

            L’histoire de son éviction de Valiant est sidérante.

  • Artemus Dada  

    Pour le poste d’editor-in-chief la description que je donne est celle du poste qu’occupait à l’époque Shooter.

    Ce type de poste évolue avec le temps (sans compter les nouveaux postes inventer depuis tel que « chief creativeofficer », mais aussi en fonction de la personnalité de celui qui l’occupe ainsi que de la marge de manœuvre que veut bien lui laisser l’éditeur.

    Oui j’ai lu le blog de Shooter (pour notamment écrire des choses sur le Valiant des années 1990), qui comme tu le dis est très intéressant. I
    Il y a aussi, si tu t’intéresses à Shooter, une longue interview dans le prozine SCARCE (je n’ai plus les numéros en tête mais je peux chercher) très éclairante.

    La version du magazine Wizard avait aussi en son temps proposé un portrait du controversé individu [http://artemusdada.blogspot.fr/2013/07/jim-shooter-un-portrait.html].

    Wizard était de mon point de vue, très loin d’être un magazine intéressant, mais ce portrait n’est pas dénué d’intérêt.

    [-_ô]

    • Présence  

      Merci pour ce lien. C’est une présentation synthétique du parcours de Shooter, avec une version que je ne connaissais pas des circonstances de son départ de Marvel. 🙂

  • phil  

    cet article me permet de ne pas regretter de n’avoir que les épisodes de JRjr de cette série 🙂
    John jr l’a dessiné comme une faveur pour Shooter mais même s’il ne s’est pas éclaté des pages sont magnifiques et nous laissent entrevoir ce que sera le duo avec AW sur DD : une apothéose!
    Sinon Matt tu n’es pas seul à ne pas aimer Corben et Allred. je suis totalement hermétique à ces styles (mais je ne te suis pas, bien sur, concernant JRjr 🙂

    • Présence  

      Je dois tout à Tornado pour avoir réussi à apprécier les planches de John Romita junior, mais aussi aux dessins et aux explications présentes sur le site de Phil Cordier. J’en profite donc pour te remercier au passage : merci.

  • Présence  

    La relation avec le psy était plus d’ordre amicale que d’ordre professionnelle, et ses observations sur le tempérament et le comportement de Kenneth Connell restaient plus au niveau du bon sens que de la thérapie.

    Le mode de passation du Star Brand m’avait plus fait penser à Green Lantern, mais c’est vrai que les similitudes avec l’origine de Captain Britain sont nombreuses.

  • JP Nguyen  

    L’encrage de Vince Colletta dans la page mentionnée par PierreN est effectivement assez caractéristique. Il a aussi encré des épisodes de Amazing Spider-Man, vers la fin de la période du costume noir, lorsque Peter demande MJ en mariage, je crois…
    Ceci dit, pour avoir assisté à une conf de Phil C sur l’encrage, exemples à l’appui, Colletta a largement fait pire…

    Sinon, pour Star-Brand, le New Universe ne m’a jamais vraiment attiré. Il faut dire que les designs des costumes ne sont quand même pas follichons…

    • Présence  

      La présence de Vince Colletta est une des raisons qui me retient de me replonger dans le Fourth World de Jack Kirby, tellement je trouve que cet encreur ne respecte pas la personnalité graphique des artistes dont il encre les dessins.

      Si vraiment je devais relire une autre série originelle du New Universe, ce serait sans doute DP7 de Mark Gurenwald et Paul Ryan, des individus dotés de pouvoirs et mis au ban de la société (oui, ça peut rappeler d’autres séries mutantes). A l’époque pour un lecteur commençant à plonger dans les comics VO, c’était un événement de voir Marvel lancer autant de séries inédites. Les publicités internes indiquaient même que pour tous ceux qui n’avaient pas pu acheter les premiers épisodes des Fantastic Four ou de Spider-Man, c’était une occasion unique que de pouvoir assister à ces numéros 1, à la naissance d’un nouvel univers s’annonçant aussi révolutionnaire que l’univers Marvel en son temps.

  • Jyrille  

    Coïncidence : je termine la lecture de l’article en écoutant l’originale de Across the universe, bien supérieure à cette reprise de Bowie, et je n’avais pas vu la bo du jour auparavant.

    Je n’avais jamais entendu parler de tout ça, et même si l’intégrale doit être rapide à lire, je ne vais pas courir après, malgré l’originalité du monde normal de Shooter. Je ne suis pas convaincu par les dessins de JRjr mais on reconnaît déjà sa patte.

    Encore une fois, merci à notre archiviste Présence de nous expliquer et intéresser à des comics rares et inscrits dans une époque.

    Question : pourquoi cet article fait partie de la semaine Byrne ?

    • Présence  

      En fait cet article faisait partie de la thématique La semaine des vieux cons, et le second tome fait partie de la thématique Byrne car la suite est de lui. La semaine Byrne a commencé avec l’article suivant qui était celui d’Alex Nikolavitch.

  • PierreN  

    @Jyrille : Parce que Byrne s’est occupé de la seconde partie de la série (comme tu peut le voir dans le second article portant sur Star Brand ;)).

    • Jyrille  

      Aaah d’accord ! Merci 🙂

Répondre à Bruce lit Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *