Horror in the Past

Par : TORNADO

1ère publication le 05/11/16- Mise à jour le 25/01/18

Warren éditions : Creepy, Eerie et Vampirella, par divers auteurs

VO : Dark Horse

VF: Delirium

Frank Frazetta was here !

Frank Frazetta was here ! © Warren Publishing-Delirium

Cet article portera sur les trois magazines phares de l’éditeur Warren Publishing. Soit Creepy, Eerie et Vampirella. Des magazines qui furent publiés entre 1964 et 1983, et qui étaient spécialisés dans la bande-dessinée d’horreur.

De manière plus précise, l’article se focalisera sur le premier tome de chaque anthologie publiée par l’éditeur VF Delirium, qui nous offre, lentement, une série d’albums splendides.
Tant qu’à faire, nous jetterons également un œil sur deux autres tomes, chacun dédiés à un artiste en particulier ayant fait les beaux jours des magazines Creepy et Eerie : Richard Corben et Bernie Wrightson !

 L’oncle creepy vous présente ses horreurs…

L’oncle creepy vous présente ses horreurs…© Warren Publishing/Delirium

L’oncle creepy vous présente ses horreurs…
1) Creepy – tome 1 : Les ténèbres vintage

Le magazine Creepy aura duré près de vingt ans (de 1964 à 1983). C’était un dérivé des comic books (avec un format différent qui lui permettait d’échapper à la censure en apparaissant chez le marchand de journaux, non pas aux côtés de Batman ou Spiderman, mais plutôt de Playboy !) qui proposait une anthologie de petites nouvelles horrifiques, en général de sept à huit pages chacune. Chaque numéro de ce magazine regroupait quatre nouvelles graphiques en noir et blanc (bien plus tard, quelques épisodes en couleur apparaitront de manière ponctuelle).
Ce premier tome de la collection regroupe les sept premiers numéros (en tout 29 épisodes) publiés à l’origine de 1964 à 1966…

Le concept du magazine était exactement le même, en ce qui concerne les bandes-dessinées, que celui de Tales From The Crypt, publié dix ans plus tôt, où l’on voyait un vieux cadavre décrépi (le gardien de la crypte) présenter ses petits contes horrifiques.
Ainsi, le vieil « Oncle Creepy » (sorte de vieille goule avec chemise à jabot) s’impose comme l’hôte du lecteur, qui lui propose de lui présenter et de lui narrer ses histoires à donner le frisson !

Les thèmes abordés au cours de ces deux premières années de publication lorgnent clairement du côté des grandes figures du fantastique. Loups garous, vampires, momies, monstre de Frankenstein et abominable Homme des neiges sont convoqués au bestiaire !
La formule, encore une fois, reprend celle des publications EC Comics (Tales From The Crypt, Shock suspenstories, Weird science, Frontline combat, Crime suspenstories, Two-fisted Tales…) : Aucune forme de manichéisme, mais des fables acerbes et macabres, souvent bouclées sur un twist final cruel et cynique, à l’inverse des happy-end traditionnels.

Archie Goodwin aime… Edgar Alan Poe !

Archie Goodwin aime… Edgar Alan Poe ! © Warren Publishing/Delirium

La qualité des histoires est inégale. Certaines accusent le poids de l’âge et paraissent aujourd’hui naïves, puériles et bourrées de clichés. D’autres sont étonnantes, voire encore assez effrayantes. L’épisode « La Chose Dans Le Puits » est d’une noirceur abyssale, tandis que plusieurs récits s’inspirent directement des grandes réussites d’Hollywood : « La Fille Des Félins » est ainsi une parfaite déclinaison du film La Féline, le chef d’œuvre de Jaques Tourneur et Val Lewton !
Dans l’ensemble, comme cela est évoqué plus haut, les histoires rappellent autant les grands classiques de la littérature fantastique que ceux du cinéma de genre (Universal Monsters et Hammer films réunis).
La plus-part des épisodes sont écrits par le scénariste Archie Goodwin, alors rédacteur en chef du magazine jusqu’en 1967. Dans l’ensemble, il fait preuve d’un talent manifeste pour imaginer des récits conceptuels, qui forment une boucle horrifique sur le principe de « l’arroseur arrosé » (la malveillance de certains personnages finissant toujours par se retourner contre eux), ou bien qui jettent de pauvres innocents dans la tourmente d’un destin fatal ! A plusieurs reprises, il adapte des courtes nouvelles d’illustres écrivains dans le genre horrifique (Edgar Poe, ou Bram Stocker).
Le charme de ces petites histoires vient en grande partie du fait qu’elles sont toutes enrobées d’un humour noir grinçant, qui a plutôt bien vieilli et les rend beaucoup moins ampoulées que celles des comics de super-héros de la même époque.

 Frazetta forever

Frazetta forever (?) © Warren Publishing/Delirium

La partie graphique est un véritable régal pour les amateurs d’imagerie gothique. De nouveau, il faut faire référence à l’héritage de l’éditeur EC Comics, puisque Creepy convoque la plus-part des dessinateurs ayant illustré les pages de ce dernier. La présente anthologie réunit d’excellents dessinateurs old-school, qui réalisent de superbes planches iconiques, expressionnistes et lugubres, toutes en contraste clair/obscur du plus bel effet. Se bousculent ainsi au générique des artistes comme Joe Orlando, Reed Crandall, Gray Morrow, Angelo Torres, Alex Toth, John Severin, Al Williamson et… Frank Frazetta ! S’il réalise toutes les couvertures de ces premiers numéros, cet immense illustrateur participe également à la mise en image de certaines histoires ! Ces quelques pages nous font immédiatement regretter qu’il n’aie plus officié par la suite entant que dessinateur de bandes-dessinées (celles-ci étant les dernières de sa carrière), car en une poignée de planches, il écrase toute concurrence. Dans un noir et blanc expressionniste teinté de lavis, il réalise des cadrages et des compositions incroyablement puissantes. Ses personnages et autres créatures sont animées d’une force et d’une tension tout en maniérisme animal d’un lyrisme extrême. Hélas, il réalise une seule histoire de six pages (« Le Loup Garou ») et deux planches intermédiaires intitulées « Les lugubres légendes de Creepy »…

Frazetta forever !!!

Frazetta forever !!! © Warren Publishing/Delirium

Toutes ces petites histoires horrifiques sont sans doute trop légères, inoffensives et naïves pour accéder au niveau des chefs d’œuvre du genre. Mais il se dégage de cet ensemble un délicieux parfum suranné d’imagerie gothique, teintée d’horreur et de folklore européen.
Ce premier tome de la série Anthologie Creepy est agrémenté de nombreux bonus, dont une longue préface de Christophe Gans, un article intitulé « L’enterrement prématuré d’Oncle Creepy » par Bernard Joubert et un autre intitulé « La révolution Warren » par Jon B. Cooke, qui reviennent sur la genèse et la diffusion de la série. En fin d’ouvrage, on trouve également les sept couvertures originales signées Frazetta (j’aurais préféré les trouver au début des épisodes, comme à l’époque de leur parution en magazine, mais bon…).
Cette collection intitulée Delirium, en grand format et en papier glacé, avec sommaire détaillé et couverture magnifique, est un véritable bonheur pour les amateurs. Espérons qu’elle dure longtemps, afin de pouvoir lire les 145 numéros historiques de la série (vingt tomes devraient suffire !).
En attendant, le bonheur se poursuit dans Anthologie Creepy, Tome 2 !

King Kong’s back ???

King Kong’s back ??? © Warren Publishing/Delirum 

2) Eerie – tome 1 : Oh ! Cousin !

Ce premier tome de la collection regroupe les six premiers numéros (en tout 26 épisodes) publiés à l’origine en 1965 et en 1966…

Ici, c’est le purulent « Cousin Eerie » (un clone de Quasimodo, toujours souriant) qui succède au vieil « Oncle Creepy » comme l’hôte du lecteur, lui proposant de lui présenter et de lui narrer ses histoires à donner le frisson !
Les thèmes abordés au cours de ces deux premières années de publication explorent un terrain un peu plus varié et original que celui de Creepy. On voyage ainsi entre les pays et les époques en rencontrant des sorciers, des cadavres ressuscités, des dinosaures, des démons, des meurtriers psychotiques et en savourant quelques histoires glauques d’une belle poésie macabre, marchant sur les traces d’Edgar Alan Poe, voire d’H.P. Lovecraft.

Là aussi, la qualité des histoires est inégale et l’on devine souvent la fin dès la seconde page. D’autres sont étonnantes et d’une cruauté fataliste impressionnante, telle « La Réincarnation de Barbe Bleue », où une jeune femme assassine son mari sous la seule présomption qu’il serait la réincarnation du célèbre tueur en série ; « L’Âme de l’Horreur », où un sorcier maléfique se réincarne dans chacun des enfants de son meurtrier dans une mise en abîme sans fin ; « Le Phare », qui préfigure les œuvres de Stephen King avec le thème de l’écrivain donnant corps à ses créations ; « Chambre Avec Vue », dans laquelle un pensionnaire subit d’atroces visions en contemplant un miroir ; « Le Monument », qui met en scène un architecte convoitant le génie d’un créateur à la retraite (faisant écho aux créations de l’architecture moderne américaine de Frank Lloyd Wright ou John Lautner) ; ou encore « Dans la Peau », où un acteur jaloux assassine son rival afin de lui voler le secret de ses maquillages… horrifiques !
Comme dans Creepy, la plus-part des épisodes sont écrits par Archie Goodwin. Et une fois encore, le charme de ces petites histoires vient en grande partie du fait qu’elles sont toutes enrobées d’un humour noir grinçant, qui a plutôt bien vieilli et les rend beaucoup moins ampoulées que celles des comics de super-héros de la même époque…

Archie Goodwin/Alex Toth : Un duo vintage qui en impose !

Archie Goodwin/Alex Toth : Un duo vintage qui en impose ! © Warren Publishing

La partie graphique est toujours aussi fantastique. Et l’on retrouve peu ou prou les mêmes artistes que dans Creepy, avec l’incomparable Frank Frazetta aux couvertures originales, avec Joe Orlando, Reed Crandall, Angelo Torres, Johnny Craig et Gray Morrow. Alex Toth réalise également deux épisodes, tandis que Steve Ditko et Gene Colan font leur apparition respectivement sur quatre et cinq épisodes. Bien que les fans de comics hurlent d’un seul hurlement de loup que Steve Ditko et Alex Toth étaient des génies, je dois avouer que je n’ai pas été très impressionné par leur prestation. En revanche, j’ai trouvé personnellement que les planches de Gene Colan, toutes en camaïeu de gris, se hissaient très nettement au dessus du lot…

 L’art de Gene Colan !

L’art de Gene Colan ! © Warren Publishing

Ce premier tome de la série Anthologie Eerie est agrémenté de nombreux bonus, dont une longue préface de Fershid Barucha et la postface de Forrest J. Ackerman (le créateur de Vampirella), qui revient sur la genèse et la diffusion de la série. En fin d’ouvrage, on trouve également la « Galerie des Monstres d’Eerie » (5 planches thématiques en noir et blanc), les six couvertures originales signées Frazetta et Morrow, ainsi qu’une courte biographie des auteurs et dessinateurs respectifs.
Encore une fois, je trouve que cette édition en grand format et en papier glacé, avec sommaire détaillé et couverture magnifique, est un véritable bonheur pour les fans. Certes, les amateurs de papier mat vont faire la grimace, mais il faut reconnaitre que ces planches en noir et blanc supportent particulièrement bien le grand format et surtout le papier glacé, qui leur permet d’obtenir des noirs profonds, une très agréable douceur au toucher et une délicieuse odeur d’imprimerie… (tome 2 également disponible à l’heure où j’écris ces lignes)

 Archie Goodwin & Alex Toth explorent l’architecture contemporaine !

Archie Goodwin & Alex Toth explorent l’architecture contemporaine ! © Warren Publishing

3) Vampirella – Tome 1 : Erotic fantasy !

Le personnage de Vampirella est créé en 1969 (année érotique) par le scénariste Forrest J Ackerman et les dessinateurs Tom Sutton et Frank Frazetta (c’est ce dernier qui réalise l’illustration conceptuelle que l’on voit plus haut sur la couverture, créant de ce fait l’apparence définitive de l’héroïne).
A cette époque, l’éditeur James Warren, à qui l’on doit l’idée originale du personnage, souffre de problèmes financiers et va tenter un dernier baroud d’honneur en lançant son troisième magazine, qui sera donc Vampirella. Le succès sera fulgurant et sauvera ainsi le studio de la faillite…

 

Vampirella #1 : Archaïque, kitsch et érotique !!!

Vampirella #1 : Archaïque, kitsch et érotique !!!© Warren Publishing/Delirum

Vampirella est à la fois dans la continuité de ses deux aînés, Creepy & Eerie, et à la fois dans la rupture. Le concept est à peu-près le même puisque chaque magazine regroupe une compilation de petites bande-dessinées horrifiques présentées par un personnage lui-même issu du genre consacré. C’est donc notre belle, sensuelle et vampirique Vampirella (« Vampi », pour les intimes) qui présente chaque récit publié dans les pages de SON magazine.

A la différence de ses ainés, cette troisième publication va néanmoins pimenter son sommaire d’une toute nouvelle dimension : L’érotisme ! Lire un magazine intitulé Vampirella, c’est donc la possibilité de contempler de très belles femmes nues, dont les aventures fantastiques vont permettre toutes les poses iconiques les plus photogéniques…
Si au départ cette dimension se révèle un peu frileuse (toute damoiselle restant habillée de manière plus ou moins convenable), elle va se réchauffer au fur et à mesure des numéros, jusqu’à ce que les donzelles finissent par se promener nues du début à la fin de leurs récits, comme si de rien n’était. Arrivé au terme de cette première compilation, le lecteur aura donc pu contempler de fort belles plantes aux formes généreuses, tout en gardant la tête haute car l’érotisme en question ne dépassera jamais le stade de la simple nudité féminine, sans jamais montrer directement un quelconque acte sexuel réprouvable…

Des héroïnes qui n’ont pas froid… Hem… aux yeux !!!

Des héroïnes qui n’ont pas froid… Hem… aux yeux !!!© Warren Publishing/Delirum

Mais la caractéristique principale qui distingue ce troisième magazine des précédents réside principalement dans le fait que la présentatrice vedette ne se contente pas de faire de la figuration. En effet, Dame « Vampi » participe directement à l’action puisqu’elle est l’héroïne d’une aventure tous les deux numéros en moyenne. De ce fait, le premier magazine Vampirella débute en grandes pompes par les origines de la belle depuis sa planète natale, Drakulon ! On apprend alors que le peuple de Drakulon n’est composé que de vampires car, là-bas, les rivières ne sont pas faites d’eau mais de sang ! C’est ainsi que les drakuloniens se transforment en chauve-souris afin de s’abreuver à leur substance vitale (ne me demandez-pas pourquoi ils doivent se transformer en chiroptère pour boire à la rivière car je n’en sais foutre rien !). Le premier épisode voit néanmoins les pauvres drakuloniens vivre leurs dernières heures car, telle la planète Krypton, (Dracula + Krypton = Drakulon, c’était pourtant évident !), Drakulon souffre de la proximité de son soleil destructeur (en vérité ils sont deux !), car les rivières de sang sont asséchées ! C’est ainsi que les vampires se meurent de faim et de soif (oui, les deux en même temps, il faut suivre, hein ?). Heureusement pour la belle Vampi, une navette d’astronautes venus de la planète Terre tombe à point pour s’échouer à ses pieds. Il n’en faudra pas moins pour que notre héroïne en maillot de bain-une-pièce et cuissardes à talons aiguilles ne les vident de leur sang avant de s’emparer de leur fusée afin de rejoindre la Terre…
Dès son arrivée sur notre belle planète bleue, la drakulonienne, prise d’un besoin compulsif de se nourrir, n’a d’autre choix que de vampiriser le premier humain venu (car à l’heure où je referme cette première anthologie, la belle n’a pas encore eu l’idée de vampiriser un animal…). Très vite, notre héroïne va être confrontée à un cruel dilemme : Continuer à tuer des humains afin de survivre, ou tenter de trouver un remède à sa condition de buveuse de sang. C’est à ce moment qu’intervient la famille Van Elsing (père & fils), qui a juré de débarrasser le monde de toutes les créatures vampiriques ! Et c’est à ce moment aussi que Vampirella va rencontrer la secte des adorateurs du dieu fou Chaos. En gros, oui, elle va rencontrer tous ses ennemis récurrents à ce moment là…

La belle qui tue…

La belle qui tue…© Warren Publishing/Delirum

On l’aura compris, les aventures de Vampirella sont à ranger dans la catégorie des comics old-school gentiment naïfs. Du pur divertissement vintage, sans aucune velléité de masturbation intellectuelle ou de création conceptuelle de l’ordre de l’art contemporain.
La qualité de tous ces récits est là encore très inégale. Chaque épisode est d’une pagination toute aussi irrégulière allant d’une seule planche à vingt pages (ce dernier format « prestigieux » étant réservé à l’héroïne) et les aventures de notre chère Vampi sont immergées au beau milieu d’une anthologie encore plus éclectique que celles de l’Oncle Creepy et du Cousin Eerie ! C’est ainsi que des histoires classiques de loups-garous, de démons ou de sorcières, côtoient des légendes égyptiennes (notamment le temps d’une délicieuse relecture des amours de Cléopâtre ou du règne doux-amer du grand Ramsès II !), et que des aventures préhistoriques se bousculent au générique avec de purs récits d’Heroic Fantasy, de Sword & Sorcery et autres Dark Fantasy !
Evidemment, les aventures de miss Vampi composent le plat de résistance de l’ensemble, surtout qu’elles s’apparentent à un véritable « feuilleton à suivre », avec ses personnages récurrents et sa « continuité » dans l’évolution du personnage principal. C’est une première dans les publications Warren, car chaque épisode dédié à l’héroïne invite le lecteur à lire l’épisode suivant.

Les nuits érotiques de Cléopâtre !

Les nuits érotiques de Cléopâtre !© Warren Publishing/Delirum

Sur le terrain de la qualité artistique de l’ensemble, qui est donc fluctuante, il y a effectivement à boire (du sang ???) et à manger.
Chaque récit autonome (qui ne met pas en scène Vampirella autrement que pour la présentation) est réalisé par un artiste ou une équipe créative distincte. Et il y a vraiment de tout ! Du côté des scénaristes se bousculent des noms « prestigieux » (dans le domaine des comics mainstream) tels Gerry Conway, Dennis O’Neil et Gardner Fox, avec d’autres moins connus comme Forrest J. ACkerman (le créateur de Vampirella, donc), Don Glut, Steve Skeates et bien d’autres encore.

 This is legend : Mr Neal Adams ! (et le tout laissé à l’état de crayonnés !)

This is legend : Mr Neal Adams ! (et le tout laissé à l’état de crayonnés !) © Warren Publishing/Delirum

Du côté des artistes c’est un peu la même chose. On y trouve des légendes du monde des comics comme Neal Adams, Dave Cockrum, Steve Englehart, Barry Windsor-Smith ou Richard Corben, mais ces derniers ne se taillent pas la part du lion (Corben n’illustre qu’une seule planche et il n’est pas au top de sa forme, tandis que Barry Smith met en image un scénario assez tarte concocté par Gardner Fox). En réalité, les stars de cette première anthologie sont moins connus et souvent d’origine espagnole. Les planches de Ken Barr, Billy Graham, Frank Brunner, Luîs Martînez Roca, José Maria Beâ, Esteban Maroto et Luis Garcia sont vraiment superbes.
Enfin, certains vétérans comme Jeff Jones ou Wallace Wood officient entant qu’auteurs complets pour quelques récits vintage plus ou moins réussis.
De ce côté des auteurs, la palme de la nullité revient pour moi au scénariste Gardner Fox qui nous pont trois histoires tartignolles à souhait, ne me faisant nullement regretter de ne pas avoir lu son intégrale de la JLA

 Le grand Barry W. Smith sur un scénario moisi de Gardner Fox !

Le grand Barry W. Smith sur un scénario moisi de Gardner Fox ! © Warren Publishing/Delirum

Encore une fois, le plat de résistance de ce recueil se situe dans les aventures de l’héroïne-titre. Si les deux premiers épisodes sont réalisés sous l’égide du créateur de la belle, c’est le grand Archie Goodwin qui récupère très vite le beau bébé. Il reprend ainsi le destin de Vamiprella au bout de deux épisodes et va poursuivre le feuilleton jusqu’au neuvième (le seul à ne pas être disponible dans cette première anthologie, à suivre dans la suivante).

Disons-le tout net : Les deux premiers récits concoctés par Ackerman, au delà de leur charme suranné et de leur aspect historique, sont purement et simplement d’une nullité confondante, la palme revenant au second récit laborieusement illustré par Mike Royer, qui remporte haut la main le prix du pire segment du présent recueil, devant ceux du sieur Fox ! Le niveau remonte avec l’arrivée d’Archie Goodwin. Mais si les épisodes N° 3 à 5, dessinés par Tom Sutton, sont encore un brin fluctuants, les suivants, tous illustrés par le formidable José González, deviennent vraiment addictifs, le feuilleton ayant trouvé la bonne formule pour s’épanouir. Et j’espère vivement que les éditions Delirium vont nous publier dare-dare le second volume de cette anthologie, car j’ai vraiment envie de lire la suite de ce feuilleton horrifique vintage !

Le feuilleton Vampirella !

Le feuilleton Vampirella ! © Warren Publishing/Delirum

Durant huit épisodes, donc, le lecteur suit le parcours de la belle Vampirella depuis sa planète natale jusque dans les îles des Caraïbes, dans une atmosphère de gothique suranné directement issu des vieux films d’horreur de la même époque. Le choix du noir et blanc et du lavis accentue par ailleurs la filiation avec le cinéma d’antan et le charme est optimal dès lors que l’on se laisse porter par ce voyage dans le temps.
Certes, les récits en eux-mêmes sont d’une naïveté certaine et ne prêtent pas à réfléchir, mais il n’empêche que le talent de narrateur d’Archie Goodwin ne prive jamais le lecteur de quelques notes un peu plus profondes grâce à un sous-texte flirtant ça et là avec des thèmes comme le poids de l’héritage, les limites de la médecine ou encore les affres de la dictature dans les petits états de l’Amérique centrale.
A l’arrivée, on se laisse séduire par ces petites aventures au doux parfum de comics vintages, et l’on s’attache à cette héroïne sexy et redoutable, avec une furieuse envie de poursuivre l’aventure à ses côtés (son costume de super-héroïne, il est quand même pas mal) !

Comme toujours, la collection Delirium nous offre une somptueuse anthologie. Le livre s’ouvre sur un sommaire détaillé et une longue et passionnante introduction rédigée par David A. Roach, l’un des dessinateurs de la série Judge Dredd et de plusieurs magazines publiés chez Warren Publishing. Puis il se referme derrière la galerie de toutes les couvertures des magazines regroupés au sommaire (les quinze premiers), illustrées entre autres par Frank Frazetta ou Boris Vallejo, et publiés initialement entre septembre 1969 et janvier 1972.

 Enter Richard Corben !

Enter Richard Corben ! © Warren Publishing/Delirum

4) Creepy & Eerie Présentent Richard Corben – tome 1 : The Doors

Comme on l’a vu plus haut, chaque numéro de ces magazines regroupait quatre nouvelles graphiques en noir et blanc. Mais notre ami Richard Corben allait changer la donne en apportant parfois de la couleur !
Ce premier tome de la collection Eerie et Creepy présentent Richard Corben regroupe 22 épisodes publiés à l’origine entre 1970 à 1974 sur les 48 qui furent dessinés par l’artiste. La suite (et fin) se trouve évidemment dans le Tome 2

Comme toujours avec cette anthologie, la qualité des histoires est fluctuante et varie entre l’essentiel et l’anecdotique, en passant par l’alimentaire et l’exercice de style de type « avant garde ». Dans l’ensemble, tous ces récits sont le reflet de leur époque (les années 70) et incarnent un état d’esprit très connoté « hippie ». En gros, les scénaristes fumaient la moquette et Richard Corben était leur étendard !
Tout au long des 160 pages que composent ce premier volume, le lecteur est promené entre divers petits récits d’horreur (entre huit et dix pages pour la plus-part), souvent parodiques, quelques histoires macabres et malsaines, parfois racontées au premier degré, une poignée d’essais complètement délirants ainsi que plusieurs tentatives d’illustrer une horreur plus « abstraite » et intangible, telle qu’on pouvait la trouver dans certains contes macabres signés H.P. Lovecraft. Mais au beau milieu, quelques histoires de science-fiction annoncent l’ère Métal Hurlant (dont Corben sera l’un des architectes) et exhalent un parfum de délire new-âge sous acide…

 Des débuts en noir et blanc…

Des débuts en noir et blanc… © Warren Publishing/Delirum

Le scénario est tour à tour effectué par des professionnels old-school tels que Gerry Conway, Greg Potter, Doug Moench, ou d’autres que je ne connaissais pas, comme Jim Stenstrum, Rich Margopoulos ou Steve Skeates, et certains récits sont même signés par Mr Corben en personne !
Mais ce qui fait définitivement la différence, c’est la qualité des planches du maître Corben. Ce recueil est d’ailleurs très intéressant sur un point précis : Placés dans un ordre parfaitement chronologique, les épisodes offrent un très beau reflet de l’évolution de l’artiste sur une très courte période (quatre ans). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses progrès sont alors fulgurants ! D’un premier épisode très classique en noir et blanc aux incroyables numéros tout en couleurs bariolées qui se succèdent à partir du dixième épisode, les changements sont vertigineux sans que l’on ne doute jamais un instant qu’il s’agit du même auteur !

… et la suite en couleur

… et la suite en couleur © Warren Publishing/Delirum

Comme c’était le cas avec les quelques planches réalisées par Frank Frazetta dans Anthologie Creepy, Tome 1, Corben se démarque de la concurrence par sa personnalité picturale incomparable. Et c’est avec une facilité déconcertante qu’il parvient systématiquement à transcender le contenu de chaque épisode par une puissance d’évocation hallucinante. Avec son apport, la plus anecdotique des histoires d’horreur devient une expérience quasiment sensorielle, dans laquelle les images sont le vecteur d’une perception que les mots ne pourraient pas véhiculer à eux seuls. C’est-à-dire que Corben réussit l’impossible en magnifiant les récits dans la mesure ou il parvient à donner vie à leur potentiel cauchemardesque, en leur offrant toute la dimension inquiétante, effrayante et dérangeante que les mots seuls ne pourraient exprimer. Et c’est précisément cette faculté expressionniste d’illustrer la perception de l’horreur qui fait toute la différence.

L’art de Richard Corben comme celui d’ouvrir les portes de la perception ?
Il y aurait sans doute de quoi alimenter moult débats en se demandant quelle est sa période la plus forte, parmi la très longue et brillante carrière que l’artiste a réalisée sur pas moins d’un demi-siècle. Pour ma part, c’est dans ces épisodes en couleur des années 70, expérimentaux et décomplexés que je l’admire en particulier. Avant qu’il ne découvre l’usage de l’aérographe et la rondeur systématique des comics à venir. Non que son trait soit parfait, mais les quelques défauts de proportions ne sauraient entacher ce style virtuose composé de cadrages déments et cette colorisation extraordinaire, faite de contrastes saisissants entre les teintes complémentaires.
Ici encore l’éditeur Delirium nous gâte avec un splendide recueil, avec des planches remastérisées, le tout agrémenté d’un sommaire détaillé, d’une introduction passionnante et de quelques notes sur la restauration rédigées par José Villarrubia. Les couvertures originales ont en revanche été déportées dans le tome 2

A suivre…

A suivre… © Warren Publishing/Delirum

5) Creepy & Eerie présentent Bernie Wrigthson : Maitre de l’horreur…

C’est donc au tour de l’immense Bernie Wrightson d’occuper le devant de la scène, dans un recueil splendide, idéal pour les fans de ce grand nom du comic-book des années 70.

Paradoxalement, la découverte de ce volume est frustrante. En effet, ce dernier, en plus d’être un tome unique n’appelant pas de suite, s’impose comme le recueil le moins épais (seulement 140 pages !) de toute la collection depuis son lancement…
Séparé en trois parties distinctes (- 1) Les histoires de Creepy, – 2) Les histoires de Eerie, – 3) Galerie de frontispices et d’illustrations), il ne nous offre que douze épisodes, dont neuf seulement sont entièrement dessinés par Wrightson, puisqu’il n’effectue que l’encrage sur les trois autres (dont deux sont dessinés par carmine Infantino, et le troisième par Howard Chaykin). Et l’on se sent donc frustrés de ne voir que si peu d’épisodes réalisés par le maître (d’une moyenne de huit à dix pages seulement !), qui n’aura finalement que peu œuvré au sein des éditions Warren…

 La classe…

La classe… © Warren Publishing/Delirum

Pour autant, ce livre vaut tout de même son pesant de cacahuètes car il nous permet d’admirer les splendides planches de Bernie en format géant !
Se succèdent ainsi une poignée d’épisodes issus de Creepy écrits par le scénariste Bruce Jones, excellent auteur de comics et ami intime de Mr Wrightson (il signe d’ailleurs la préface de l’album) ; deux épisodes écrits par Bill DuBay, un autre par Nicola Cuti et un dernier par Budd Lewis. Pour terminer, Bernie Wrightson réalise tout seul (dessin et écriture) une adaptation d’Edgar Allan Poe (le Chat Noir), une adaptation d’H.P. Lovecraft (L’Air Froid) et deux derniers épisodes originaux respectivement intitulés « Le Monstre de Pepper Lake » et « Le Monstre de Boue » (The Muck Monster), ce dernier récit étant une réinterprétation du célèbre roman de Mary Shelley : Frankenstein ou le Prométhée moderne. Il est d’ailleurs important de noter cette première déclaration d’amour de Wrightson pour la figure du monstre de Frankenstein (étrangement le seul épisode en couleur présent dans le recueil), puisqu’il y restera attaché tout au long de sa carrière, au point de livrer une version illustrée du roman, ainsi que, tout récemment, une suite sous la forme d’une série de comics : Frankenstein, le Monstre est Vivant.

Bernie au rayon « classiques ».

Bernie au rayon « classiques » © Warren Publishing/Delirum

Pour le reste, que dire ? Dans la lignée de Frank Frazetta (l’influence de ce dernier se faisant furieusement ressentir), l’art de Bernie Wrightson est un incomparable et virtuose tour de magie noire à la séduction aussi vénéneuse que surannée ! Vénéneuse car les récits illustrés par l’artiste sont d’une noirceur abyssale (l’épisode intitulé « Jenifer », écrit par Bruce Jones, est un cauchemar absolu !) et qu’ils exhalent un parfum putride, viscéral et décomplexé ! Suranné car cette imagerie fait désormais partie du patrimoine horrifique d’une épouvante datée et vintage, dont les oripeaux sont désormais liés aux clichés d’une époque révolue.
Le style narratif de l’ensemble est certes assez naïf mais certains passages tiennent encore bien la route, du fait d’un parti-pris adulte et sans concessions, qui protège l’ensemble d’une tonalité trop régressive comme on peut la trouver dans d’autres comics de l’époque, notamment ceux dans lesquels sont publiées les histoires de super-héros. On peut même dire que, dans l’ensemble, les récits compilés dans cette anthologie font partie des meilleurs et des plus impressionnants parmi tous ceux qui furent publiés à l’époque, bénéficiant effectivement du style de Mr Wrightson, grand maître de l’horreur en bandes-dessinées…

« Jenifer » : Une histoire dont vous ne ressortirez pas indemnes…

« Jenifer » : Une histoire dont vous ne ressortirez pas indemnes… © Warren Publishing/Delirum

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Mais c’est (vraiment) horrible ! » 6/7

Après 20 000 mots et 4 articles, pensiez vous que Tornado avait assouvi sa passion des monstres ? WRONG ! Il lui restait encore à vous raconter la saga des éditions Warren ! Au menu, pardon ! : Vampirella, Barry.W.Smith, Frank Frazetta, Richard Corben et le « Jennifer » de Bernie Wrightston !

La BO du jour :Ouiiiiii, c’est moi Vampirella !

48 comments

  • PierreN  

    À en juger par ton appréciation du style de Colan (quels cadrages ! quel sens de l’immersion !), Tomb of Dracula devrait te plaire, tout du moins sur la partie graphique, encore plus appréciable en N&B dans la collection des essentials (Tom Palmer power).
    Le caractère inégal de ces récits sur le plan qualitatif fait que j’ai eu tendance à privilégier les volumes consacrés à un seul artiste, et notamment ceux sur Toth et Ditko. Je n’ai pas regretté mon achat, loin de là.

    • Tornado  

      Oui, j’aimerais beaucoup lire la série ToD. Mais il faudrait que cela sorte en VF car je ne lis pas la VO.
      Comme dit dans l’article, l’engouement actuel pour Ditko et Toth me parait surfait. Ces dessinateurs jadis décriés aujourd’hui portés aux nues ? C’est louche. On dirait un effet de mode. Ils ont des qualités indéniables. mais je ne fais pas partie des fans qui estiment que tout ce qu’ils touchent vaut de l’or (je continue de penser que les premiers Amazing Spiderman sont assez moches).

      Par Alex Toth, j’ai beaucoup aimé l’épisode sur l’architecte.

      • PierreN  

        Je ne trouve pas cela exagéré, au contraire vu le talent des deux.
        Autant Ditko a toujours eu ses fans, même si on a un peu trop tendance à le résumer à ses oeuvre des années 60, alors que Toth a bénéficié d’une certaine réputation auprès ses fans, souvent plus nombreux du côté des dessinateurs que des lecteurs d’ailleurs, qui ont fait en sorte que son héritage du « less is more » soit toujours vivace (Samnee est sans doute le meilleur dans ce domaine actuellement).

  • Matt  

    Eh bien ! Ce fut la Tornado’s week.

    Excellent article que je connaissais en partie puisqu’il regroupe des bouts de commentaires amazon.

    J’avais le tome 1 de Creepy en ma possession et curieusement, je n’ai pas accroché comme sur les EC comics (et donc revendu). C’est bien sûr splendide graphiquement…mais c’est presque parfois plus naïf que les EC comics sortis 10 ans plus tôt. Et puis un détail tout bête purement subjectif : j’accroche beaucoup moins au noir et blanc en BD lorsqu’il y a du gris ! Oui, c’est bête mais j’sais pas…ça me fait la même chose sur Savage Sword of Conan. J’adore l’encrage tout en hachures noires d’Alfredo Alcala, mais à l’inverse quand ils utilisent du gris…boarf. Mon amour pour le contraste radical je suppose.

    Je n’ai amais lu un volume Eerie par contre.

    Vampirella j’avais une édition Soleil il y a un sacré bout de temps. Je ne l’ai pas revendue d’ailleurs tiens, je me demande où je l’ai foutue…
    Je crois que ça contenait uniquement les épisodes concernant Vampirella et qu’ils faisaient suite à ceux de cette anthologie (enfin…ça commence à Vampirella 17 alors que cette anthologie se termine au 15. Il en manque donc un). ça constituait un récit complet dans mon souvenir. Si jamais tu es trop impatient…^^

    J’ai par contre l’anthologie Bernie Wrightson depuis peu que j’ai beaucoup aimée. Comme je l’ai dit ailleurs, je connaissais l’histoire de Jenifer puisque Dario Argento l’a adaptée dans la saison 1 des Masters of Horrors. ça reste cauchemardesque dans les deux versions comme récit.

    Korector a cela dit un détail à relever lors de la critique du tome 1 de Eerie : « je trouve que cette en grand format » (il ne manquerait pas un mot ?)
    Bon et puis c’est fini avec les comics de super héros ?^^ C’est plus des piques que tu envoies là, mais des missiles antichar.

    • Matt  

      C’est juste qu’on dirait que tu es en croisade anti super héros old school alors qu’il n’y a plus déennemis en face^^
      Enfin…sauf si on te saoule dans ta vie privée avec les tonnes de qualités des vieux comics.

      • Tornado  

        Non. Je suis revêche envers les internautes qui m’ont souvent ri au nez en prétendant que ces séries old-school étaient supérieures à du Alan Moore ou du Tim Sale, du genre l’autre dingo sur mes articles Batman/Tim Burton ou The Killing Joke.
        Chacun ses goûts. Mais je ne supporte pas que l’on essaie de faire passer les vessies pour des lanternes, avec un ton arrogant en plus.

  • JP Nguyen  

    Effectivement y’a du beau linge parmi les artistes. Mais bon horreur, épouvante, pour moi… vous connaissez la suite… Creepy avait été cité comme influence et inspiration pour les anthologies Batman : Black & White (dont les premiers numéros avaient été pas mal scénarisés par… Archie Goodwin !)

    Relektor : j’ai l’impression qu’il manque l’image 20, dont on lit juste la légende :
    L’art de Richard Corben comme celui d’ouvrir les portes de la perception ?

    @Matt : moi j’aime bien le lavis en plus du N&B. Enfin pas tout le temps, ça dépend de l’exécution, mais parfois ça rajoute de la lisibilité en permettant de mieux distinguer les masses…

    • Matt  

      Je me rends compte que ça dépend comment c’est utilisé. Par exemple là sur le scan « les nuits érotiques de Cleopatre » ou sur « le feuilleton vampirella », je n’aime pas l’utilisation du gris.
      Sur la planche de Corben par contre, indépendamment du fait que je n’aime pas le style de Corben, je trouve que c’est plus joli.
      Je crois que je n’aime pas quand tout un perso est « peint » en gris au premier plan ou un truc du genre pour signifier qu’il est dans l’ombre. C’est un peu grossier. Quand ça sert à donner du relief à un visage, ça peut me plaire.

    • Tornado  

      @JP : « L’art de Richard Corben comme celui d’ouvrir les portes de la perception ? » n’est pas une légende, mais bel et bien une question en début de paragraphe ! Ce doit être maladroit, pour le coup…
      J’espère que mon admiration pour Goodwin transparait dans l’article. Je lui dédis, tiens.

      Personnellement j’adore le lavis. C’est une technique très complexe, car l’encre de chine se dilue très mal. Je n’employais jamais cette technique, à l’époque où je dessinais beaucoup, car je la trouvais très difficile à maitriser.

      • JP Nguyen  

        @Tornado : ok, c’est aussi parce que l’image 19 était suivie par l’image 21 que j’avais supposé qu’il pouvait en manquer une…
        Et sinon, malgré vos envolées lyriques à toi et Présence sur Richard Corben, je reste un peu hermétique à son art…
        Par contre, les extraits de Frazetta démontrent son sens de la composition… Le dénommé José Gonzales, que je ne connaissais pas, a l’air de toucher pas mal sa bille aussi…

  • Présence  

    Non ! Non ! Non ! Pour l’instant j’ai réussi à résister à la plongée dans ce gouffre des rééditions de ces 3 anthologies. Vade retro vile tentateur !

    J’avoue : j’ai quand même acheté le recueil VO consacré à Corben (pas encore lu, mais feuilleté), ainsi que celui consacré à Steve Ditko (article présent sur le site), ainsi que la réédition des premiers épisodes des aventures de Vampirella (pas encore lu). J’espère qu’un jour Dark Horse voudra bien réaliser un recueil sur José Gozales, et un autre sur Esteban Maroto. Je serais aussi preneur d’un recueil consacré au scénariste Bruce Jones.

    Curieusement, je n’ai jamais eu l’occasion de m’intéresser à l’histoire de ces magazines, cet article est donc providentiel. Je pense avoir lu quelques uns de ces récits dans des anthologie VF comme Ère Comprimée, ou l’Écho des Savanes Spécial USA.

    • Tornado  

      Et bien vivement les commentaires sur Vampirella alors ! 🙂

      Ces épisodes ont été publiés dans le magazine « Fantastik ! ». Ils m’ont marqués quand j’étais plus jeune justement parce que je les avais découvert dans ces publications aujourd’hui disparues.
      J’ai d’ailleurs toujours en ma possession les superbes éditions reliées en recueil (3 magazines compilés), dans une collection complète !
      http://www.bedetheque.com/revue-Fantastik.html

  • Matt  

    Et sinon c’est grave docteur si j’adore le design de Vampirella sans avoir lu grand chose et que je me suis acheté un artbook de toutes les couvertures de chez Warren ?
    J’adore ces couvertures en peintures old school qui rappellent les vieilles affiches de ciné.

    • Présence  

      J’aime également beaucoup ces ouvrages que j’ai feuilletés en librairie, mais pour une fois j’ai réussi à ne pas céder à la tentation (alors que le recueil de couvertures de Sandman par McKean, je l’ai acheté dès sa sortie, et que je viens de craquer pour le recueil de couvertures de la série Cerebus).

  • Tornado  

    Non, ce n’est point grave. J’ai moi-même deux art-books consacrés à Frank Frazetta. Mon idole.

    • Matt  

      Tiens moi aussi. Un français « le maitre du fantasy art » et un anglais « Frank Frazetta Legacy »

  • Présence  

    Je viens de relire la partie 4 consacrée à Richard Corben : dans mes bras Tornado ! Merci pour ce panégyrique d’un artiste qui donne une interprétation personnelle de la réalité, avec une puissance d’évocation hallucinante, qui transforme la lecture en une expérience quasiment sensorielle, dans laquelle les images sont le vecteur d’une perception que les mots ne pourraient pas véhiculer à eux seuls. C’est tellement bien dit que je n’ai pas pu résister à l’envie de le recopier.

    • Matt  

      Pour le coup j’aime bien la couverture de l’album de Corben. Pas de délire anatomiques bizarres ni de grosses têtes. Mais à chaque fois que je feuillette, je suis déçu. Même si je confirme que pour donner une ambiance dérangeante et malsaine, il a un certain talent. C’est juste que parfois ça frôle beaucoup trop le ridicule. Des femmes avec un pif énorme et des sacs qui pendouillent en guise de poitrine…qui sont censées être superbes selon le synopsis de l’histoire…

      • Tornado  

        Il faut absolument que je feuillète le Ratdog qui vient de paraitre chez Delirium. Et que je redonne sa chance au recueil sur Edgar Poe…

  • Matt  

    Pour le coup, pour ses anthologies en noir et blanc, je n’ai pas de préférence de type de papier.
    Delirium a choisi le papier glacé mais je suis tout à fait satisfait du papier mat d’Akileos pour les EC comics, tout comme le papier mat de Panini pour les chroniques de Conan. ça rend bien dans tous les cas.

  • Matt  

    Ah tiens, une autre question pour le lecteur aguerri que tu es, Tornado. Techniquement les publications Warren étaient soumises au comics code, non ?
    Par conséquent, est-ce que dans tes nombreuses lectures, tu as pu constater que chez Warren les récits étaient globalement plus soft que les EC comics ? Ou est-ce qu’en 10 ans les mentalités avaient déjà assez changé pour que le comics code soit plus souple en matière d’horreur ?

  • Matt  

    Et si je te demande quels volumes tu conseillerais, comme pour les EC comics, tu vas me dire que tout est bon aussi ?^^
    Sachant que le premier tome de Creepy ne m’avait pas emballé. J’ai eu l’impression de deviner encore plus facilement les fins que dans les EC comics. J’ai largement préféré le Bernie Wrightson pour le coup.

  • Tornado  

    Creepy + Eerie = Exactement pareil ! Eerie un poil plus varié, comme dit dans l’article. Mais j’ai essayé de tout dire dans l’article ! Si tu n’as pas accroché avec le tome 1 de Creepy, laisse tomber et concentre-toi plutôt sur les éventuelles sorties par artiste (ah flute, deux recueils sur trois sont de Corben ! 😀 ).
    Vampirella est un peu différent, plus axé érotisme et avec une continuité de la série dédiée à l’héroïne. Mais j’ai déjà tout dit dans l’article !

    • Matt  

      C’était pour connaître une de tes préférences personnelles pour un tome. S’il y avait des histoires particulièrement mémorables dans un tome particulier. Le descriptif, je l’ai bien compris dans l’article oui.

      • Tornado  

        OK. Mes préférées sont probablement dans le Bernie Wrightson. Mais j’ai une tendresse particulière pour l’épisode de Frazetta avec le loup-garou, qui m’avait marqué quand j’étais plus jeune. Et j’ai vraiment bien aimé la série Vampirella par Goodwin & González.

  • Jyrille  

    Ma culture comporte des trous béants, merci donc Tornado de m’en apprendre plus sur tous ces dessinateurs cultes des années 60 et 70. J’ai fait un tour vite fait, il semblerait que ces albums ne soient pas aussi chers que ce que ta description pourrait le laisser croire. Mais tout de même, c’est un sacré investissement si on veut toutes les anthologies…

    Les planches de Gene Colan, Frazetta et Corben sont vraiment splendides par contre, rien que pour ça, je serai bien tenté de m’acheter l’un ou l’autre de ces tomes. Ce blog veut décidément ma ruine complète. J’ai un vieux tome d’une publication des Humanos sur Corben (la seconde publication dans le lien, un livre format A4 en couverture souple), peut-être reprend-il des histoires publiées par Warren ?

    Je viens de découvrir le trait de Bernie Wrightson grâce à une histoire très étrange de Batman, Le Culte. J’ai adoré, même si cela n’était pas toujours simple pour moi à cause de cette vieille colorisation. Il serait sûrement plus beau en noir et blanc. J’adorerai avoir vos avis sur cette bd, si vous l’avez lue…

  • PierreN  

    Je viens de l’apprendre, le grand Bernie nous a quitté… 🙁

  • Tornado  

    Oh ! Non ! Tu m’apprends là une bien triste nouvelle. Et moi qui attendait la suite de son Frankenstein… 🙁
    RIP…

  • Matt  

    Pour les amateurs de courtes histoires d’horreur, quelqu’un a déjà eu la curiosité de jeter un oeil à la série « Doggybags » du label 619 d’Ankama ?
    Je n’en ai lu qu’un et c’était très sympa. Jusqu’à la mise en forme qui simule un vieux magazine avec des fausses pubs parodiques entre les histoires, des faux coupons d’articles qui donnent de vraies infos sur tel ou tel sujet abordé dans les histoires.
    Bon après les auteurs sont variés, je ne pense pas que tous les volumes se valent. Mais ça m’a rendu curieux.
    Je ne sais pas si tous les auteurs sont des professionnels aguerris mais du coup il y a un petit côté expérimental intéressant.

  • Tornado  

    Non, je n’ai rien lu de cette anthologie. J’ai été tenté un moment, et puis j’ai renoncé faute de devoir opérer une sélection dans mes achats…
    Je ne savais pas qu’il y avait plusieurs auteurs. Je ne sais pas pourquoi (sans doute avais-je vu une image au lancement du 1° tome), mais j’associais jusqu’ici ces bouquins à un type genre punk sur le retour, une sorte de Manu Chao des comics, c’est-à-dire le dernier mec au monde que j’ai envie de fréquenter, en dehors des rappeurs…
    S’il y a plusieurs auteurs et que c’est en mode semi-amateur, tu ne serais pas tenté de proposer ton propre travail ? 🙂

    • Matt  

      Euh…je ne sais pas non plus si n’importe qui comme ça pouvait proposer des trucs.
      Toujours est-il que la série est finie donc c’est trop tard.

      Manu Chao des comics ? Euh…c’est plutôt une sorte d’hommage aux comics et films d’horreur US, pas mal inspiré des années 80 avec pas mal de gore, à la façon des contes de la crypte version TV résolument plus trash que les EC comics. Selon les histoires ça fait penser à « massacre à la tronçonneuse », « une nuit en enfer », les films de Romero, et tout le toutim.

      Tiens :

      http://www.label619.com/fr/serie/doggybags

      Sur chaque numéro on peut voir des auteurs (certains connus, d’autres pas du tout) et parfois un extrait.
      J’ai lu le tome 3 moi, that’s all.
      J’ai trainé sur le forum bdgest et ça semble par contre assez fluctuant niveau qualité (selon les auteurs forcément)

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