Interview Alister

Interview Alister

Une Fanerview de BRUCE LIT 

1ère publication le 21/02/20 – MAJ le 07/08/20

Qu'est-ce que t'as dans la tête ?  ©Richard Dumas

Qu’est-ce que t’as dans la tête ?
©Richard Dumas

En 2014, je découvre avec beaucoup de retard AUCUN MAL NE VOUS SERA FAIT d’un inconnu nommé Alister (Christophe Ernault à la ville) Un disque  où je me sens déjà chez moi avant de l’avoir écouté : cette pochette toute en volute, ce titre grinçant rappelant SERGE GAINSBOURG N°2 : des fleurs pour qui achète mon disque, un flingue pour les autres.

Alister ce n’est pas qu’une belle gueule qui viendrait tenter sa chance après un passage chez Canal (il a notamment écrit pour LA MINUTE BLONDE). C’est cette voix nasillarde, cette écriture insolente qui chante la vie à 100 à l’heure, la ville, la nuit et l’aurore chloroforme.  Un tube évident: QU’EST CE QU’ON VA FAIRE DE TOI, monument d’ironie et de morgue pas mortelle. Des textes iconoclastes, de la musique sachant faire le grand écart  entre rock et pop sans déchirer son froc.

Produit par le britannique Baxter Dury, enregistré à Londres, le son est rock, impeccablement rock: ballade macabre sombre et acidulée ( DÉSORDRE), mélodie Beckienne sur PSYCHO LOVER,  ambiance Iggy-de-Berlin sur MIAMI et PARIS BY NIGHT, le tout en Velours Souterrain. C’est tout ? Non ! Un chef d’oeuvre de romance désabusée  avec  QUELQUE CHOSE DANS MON VERRE. et on finit seul au piano à  7 HEURES DU MATIN, plus Dutronc que jamais. 

Un disque parfait où même le track listing est irréprochable. Alister écrit, compose, produit, arrange, joue et chante.  Il donne aujourd’hui, par mails interposés, sa première interview pour Bruce Lit ! 

Qu'est ce qu'on va faire de ce Shnock ?

Qu’est ce qu’on va faire de ce Shnock ?

1 / AUCUN MAL NE VOUS SERA FAIT– 2008

Bonjour Christophe. Tout d’abord, juste te dire l’immense plaisir à faire cette interview. Je fais partie de ceux qui pensent que AUCUN MAL NE VOUS SERA FAIT est un classique de la chanson française.
Pour les néophytes, pourrais-tu présenter le magazine SCHNOCK dont tu es le rédacteur en chef ?

C’est une revue qui revisite la culture populaire française (cinéma, musique, littérature, pubs…) du XXème siècle à sa façon. Pointue mais décontractée.

Pourquoi avoir choisi ce pseudo Alister et que signifie-t-il pour toi ?

C’était un personnage du dessin animé « Candy » à qui l’on m’associait quand j’étais au lycée. Albator aussi. Il y aussi le magicien noir anglais Aleister Crowley, un grand taré, qui m’a intéressé à un certain moment (c’était la grande mode des tables tournantes). Et puis la volonté de dissocier ma véritable identité de Christophe Ernault de tout ce bordel. Pour préserver mes proches. Et moi-même.

Le dernier des Christophe...

Le dernier des Christophe…

La 1ère fois que j’ai entendu QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE DE TOI, je me suis dit que Nino Ferrer, Dutronc et le Antoine des ÉLUCUBRATIONS avaient enfin leur fils spirituel. Te reconnais-tu dans ces influences ?

Dutronc, pourquoi pas ? Me mère avait un best-of à la maison. J’adorais « L’Hôtesse de l’air »… Ferrer et Antoine, certes. Je prends tout. Le jeu des ressemblances m’a moi-même toujours intéressé, je ne vais pas reprocher aux autres de s’y consacrer. Cela dit, je n’ai jamais écouté ces gens en rentrant chez moi.

Tout est parfait dans cette chanson : les paroles désinvoltes, le détachement dandy, la rythmique à la Iggy et cette basse incroyable : tu peux nous en raconter l’élaboration ?

Au départ, la démo dure 12 minutes. Je racontais l’histoire d’un garçon de la naissance à la mort du point de vue de ses géniteurs. Ou de la police. Ou des profs. Je voulais que le point de vue narratif soit flou. Pour la musique, c’est un mélange des Talking Heads de « Remain in Light », du Iggy Pop de « New Values » et des compiles « Disco not disco » parues au début des 2000’s, albums qui, à l’époque, m’obsédait.


Un miracle de sale gosse au pays de Jul et Gim(s)

Un 1er disque chez Universal, un livret soigné, une pochette à la Gainsbourg et la production de Baxter Dury, tu as mis le paquet dès le début. Te considères-tu comme un musicien ambitieux ou dilettante ?

Tout ceci m’a semblé plus ou moins normal à l’époque. Je leur ai proposé un répertoire assez singulier. Ils ont compris, sans jamais me faire chier, grand bien leur fasse. J’ai été absolument libre de faire ce que je voulais. C’est une bonne maison.

AUCUN MAL NE VOUS SERA FAIT est un disque assez iconoclaste mais qui évite le piège dans lequel s’est enferré Nino : passer pour le rigolo de service. Notamment avec QUELQUE CHOSE DANS MON VERRE et sa montée en sensibilité incroyable. C’est un disque très Nightclubber…

J’ai sans doute le côté persifleur. Mais aussi un goût de la romance. Qui me rappelle toujours ma première écoute de « Transformer » de Lou Reed, qui est pour moi la quintessence de ce qu’un songwriter peut proposer dans ces deux registres justement. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas. Je l’ai acheté en 1988, à Londres, lors d’un séjour linguistique.


Raffiné, recherché, sensible : beau

PARIS BY NIGHT, c’est ton hommage au Velvet ?

Pas du tout (Ouch ! je me serais gouru ? -Nda).
C’est un titre bizarre, où il y a plusieurs couches. Déjà, affronter un cliché littéraire. « Paris by night », même en carte postale, tu n’en veux pas. Mais je décide d’y aller, parce que c’est drôle de se mesurer au cliché. Après la musique, qui est surtout inspirée par le « Bad News » de Moon Martin, du « State Trooper » de Springsteen et le « Kung Foo Cowboy » d’Alan Vega (qui sont eux-mêmes des recyclages rockabilly absolument clichés). Après, ma question est comment dépasser le cliché, et littéraire et harmonique ? Tout est sur la table. T’es avec ta guitare, t’as ton canevas. Tu sens bien que c’est du Patrick Coutin. Bon. Tu lâches ta guitare et tu refais tout au piano… Et là ça devient intéressant. Hosannah. Après, tu es en studio, le batteur, Damon Reece, propose un pattern à la Can, le guitariste, Dino Trifunovic, part dans un délire Gilmour circa « Animals » et l’arrangeur de cordes, Emmanuel d’Orlando, dans du Morton Gould façon « Armée des ombres ». Tu prends. Tu te tais. Tu écoutes. Et, justement, en tant que producteur, tu combines. C’est toi qui les as réunis ! Tu sens que le talent de tous ces mecs te dépasse, même si ce n’est pas du tout ce que tu voulais faire au début.

J’entends beaucoup de Faith No More ou,  tout du  moins Mike Patton dans les choeurs dans DÉSORDRE, certainement ton texte le plus introspectif entre cynisme et désespoir. Pourtant, en fréquentant ta page, je suis certain que c’est un groupe que tu n’écoutes jamais.

Alors, en effet, pas du tout Faith No More. Mais je respecte. En ce qui me concerne l’influence est clairement Procol Harum. Et c’est mon seul solo de guitare posé sur bande.


(Grommelle- J’entends du Patton quoiqu’on en dise…)

7 HEURES DU MATIN. Quelle merveille ! Es-tu conscient d’avoir enfanté la suite logique de PARIS S’ÉVEILLE ?

J’étais dans une période, en tant que compositeur, très « maligne ». On part sur du la mineur et du mi majeur. Tonalité pauvre, que je déteste, mais qui plait à la France.. Mais, mais… Le basculement d’accord sur le refrain va ailleurs… Un si bémol majeur 7 sur cette trame prévisible, si je ne m’abuse. Dès lors, ça se justifie. Le texte c’est la volonté de décrire de façon assez faciale ce qu’il se passait à cette heure-là. Sans mascara. Mais c’est vraiment une description mathématique. Rien de glorieux. Il suffit d’avoir des yeux.

2/ DOUBLE DÉTENTE-2011

4 ans après le premier essai, Alister ignorait les méandres du toujours difficile second album avec cette DOUBLE DÉTENTE.  
Le résultat est moins abrasif, plus soyeux, plus intime, plus axé sur la mélodie. Plus…détendu effectivement. 
Et chaque morceau fait mouche : LA FEMME PARFAITE , ses arrangements orchestrés par Steve Nieve, le comparse de Costello,  son refrain aussi aérien que du Elliot Smith, immédiatement fredonnable, séduisant sans être racoleur.

MAUVAISE RENCONTRE synthétise New wave, rythmique disco et claviers Floydiens époque Animals. Talk over impeccable et dandysme de rigueur.
JE SUIS LOIN et ses trouvailles à la Gainsbourg : « L’argent que je vous devais, vous pouvez le garder ». Et puisqu’on parle du beau Serge, ROOM SERVICE s’inscrit directement dans la lignée de VU DE L’EXTÉRIEUR avec guitares  indolentes et une voix plus narquoise que jamais.

TU PEUX DORMIR ICI verse dans une ballade tendre toute droit du répertoire des Commodores, LES MECS, LES FILLES renoue avec le Dutronc qui n’aurait pas abandonné la musique pour le cinéma et LA FONTE DES GLACES ressuscite le Christophe des PARADIS PERDUS


Shnock’n’Pop

Il te faut 4 ans pour accoucher de DOUBLE DÉTENTE. Que s’est-il passé ?

«Pour « Double Détente », je décide de tout prendre en main. Notamment, la production (avec l’excellent Angy Laperdrix). Je choisis les musiciens qui m’accompagnent pour faire le disque. 100% français. Pour les textes, je change radicalement de point de vue : on n’est plus dans le documentaire, l’autobiographie, mais dans la narration. Je voulais que cet album ressemble un roman.

Écriture, production, arrangement et orchestration, tu assures presque tout sur ce disque. Pourquoi ?

Ma première expérience avait été spéciale. Entouré de quatre anglais sympathiques, bloqué à Londres, devant rendre ma copie en trois semaines pour le label… C’était très bien, mais très dur de discuter. Pour le deuxième, je voulais être avec MES gars, qui venaient de faire la tournée française. En connaissant exactement les qualités de chacun. C’était beaucoup plus intéressant. Ca discutait énormément. Le langage, la parole, entre musiciens, aussi c’est important. En dehors des notes. Très. Et je n’avais pas choisi des oligophrènes, donc c’était passionnant.

Sur LA FEMME PARFAITE, tu travailles avec Steve Nieve, le collaborateur de Elvis Costello…

Tout ce qu’il fait au Farfisa ou au piano dans le corpus de Costello m’a toujours inspiré… Je peux jouer « The Beat », « Shot with his own gun » ou « Town Cryer » de tête. Bon. J’ai appris que Steve Nieve habitait Paris. Une-deux. Contact pris. J’arrive chez lui, une partition de Vivaldi éclairait son piano. Deal. Mais pas pour le piano. Pour les arrangements de cordes. Et il a été très bon. Pas du tout ce que j’attendais. Ce qui est, en général, un excellent signe.

JE SUIS LOIN et ROOM SERVICE semblent sortis du VU DE L’EXTÉRIEUR de Gainsbourg.

Steve Nieve pensait justement que « Je Suis Loin » ressemblait à « Sound & Vision » de Bowie. Sinon c’est Alan Hawkshaw au piano sur « Vu de l’extérieur ». Album panthéon. Du grand art. « Room Service » est clairement un hommage.


Docteur, je saurai être patient

Ce que j’aime dans ton écriture, ce sont les illusions sonores qu’elle produit : à force de répéter DOCTEUR, j’entends : J’AI PEUR. Dans QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE DE TOI, beaucoup croient entendre ROMANCES MERDEUSES au lieu de ROMANCES NERVEUSES.

Ça s’appelle des « mondegreens ». Le lien Wikipedia ICI.

Penses-tu que certaines de tes chansons correspondent entre elles ? TU PEUX DORMIR ICI et ELIZABETH parlent d’un Burnout ou d’une dépression ?

Intéressant. Dépression, Alzheimer, mycose, douleurs intercostales… Ça fait partie de mes chansons « hypocondriaques », comme « Quelque chose dans mon verre » ou, en creux, « Granny Smith ».

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Vu de l’extérieur

3 / MOUVEMENT PERPÉTUEL-2016

L »attente du troisième album d’Alister aura été interminable, peut-être trop, car ce MOUVEMENT PERPÉTUEL m’a souvent déçu. Tel est le lot des artistes singulièrement orignaux et attachants : les deux premiers albums m’avaient tellement habitués à l’excellence que de simples bonnes chansons comme CHAQUE JOUR COMME LE DERNIER pour laquelle un Obispo serait capable de s’immoler par le feu semblent routinières au regard du CV du personnage.

N’exagérons rien : sur ces 12 mouvements perpétuels, les 8 premiers morceaux sont absolument époustouflants : JE TRAVAILLE POUR UN CON enchaîné avec FILS DE rappellent que Alister soigne toujours ses ouvertures et ses clôtures d’album avec une PHILOSCALINE de la race des Seigneurs.  Ça faiblit un peu sur la fin : HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE pêche par excès de sophistication, GRANNY SMITH où, à l’inverse, Alister se fait plaisir sur un texte aussi amusant que dispensable, et LA FIN DU MONDE qui flirte avec l’autoparodie.

Pourtant, MOUVEMENT PERPÉTUEL gagne à être redécouvert au casque. En préparant cette interview, j’entends une production à la fois intimiste et riche d’un travail maniaque sur le son.

Ton troisième disque sort en 2016, 5 ans après DOUBLE DÉTENTE, cette fois chez BMG. Est-ce ton rythme de composition ou la difficulté de percer puis de se maintenir sur le marché actuel ? 

L’industrie musicale, entre 2011 et 2014, est devenue très difficile. Et très très très chiante. Je me suis fait virer de chez Barclay sans fleurs, ni couronnes. Et pour faire de la musique, il faut s’amuser. S’A-MU-SER. Ce n’est plus le cas.

MOUVEMENT PERPÉTUEL est encore plus intimiste que son prédécesseur, plus calme, l’écriture y est plus dépouillée…

« Aucun mal » est autobiographique. « Double » est romanesque. « Mouvement » est clairement un journal, un quotidien, un hebdomadaire, un magazine un peu louche comme la couve.

La pochette, c’est un clin d’œil au film LA SECRÉTAIRE ?

Entre autre. Pour l’écriture, en effet, j’essaie, de tomber en-dessous de 4 minutes. Avec une résolution des deux précédents disques. Beaucoup de morceaux se répondent sur ces trois albums. C’est mon côté Balzac.


L’hymne de la Bruce Team

JE TRAVAILLE POUR UN CON est un miracle de composition avec de nouveau cette basse ronde parfaitement harmonisée avec tes claviers…

Peu d’efforts sur la prise initiale (piano, basse, batterie), qui arrive naturellement. On sait très bien où on va. Dino Trifunovic pose sa guitare enoienne, formidables nappes. En revanche, gros travail sur le son, le mixage et le mastering. Sans doute des semaines. J’ai fait pleurer des gens sur ce titre.

Il s’agit aussi de ton premier vrai clip scénarisé avec Frédérique Bel pour qui tu as écris LA MINUTE BLONDE. Ce que l’on sait moins, c’est que son réalisateur n’est autre que l’excellent rock critic Benoît Sabatier (auteur d’un ouvrage brillant sur la culture rock , la culture jeune et… TAXI GIRL : NOUS SOMMES JEUNES, NOUS SOMMES FIERS)

Impeccable. Des gens que j’aime. Des amis. Drôles, imaginatifs et articulés. Je ne supporte plus grand-chose d’autre.

MOUVEMENT PERPÉTUEL a été enregistré dans le légendaire studio Ferber. Les fantômes de Gainsbourg et Christophe s’y sont faits entendre ?

Sur le papier tu es content. Mais, fondamentalement, tu t’en fous.

©Jacques Daniel

©Jacques Daniel

A propos, tu es monté sur scène avec le papa des MOTS BLEUS ?

Bien sûr. Christophe est un vrai gentleman, je l’ai croisé à de nombreuses reprises et on a fait deux concerts ensemble. L’occasion d’écrire pour lui ne s’est pas vraiment présentée.

Tu as vraiment lâché les drogues pour les Granny Smith ?

Je n’ai jamais pris de drogues, ni de Granny Smith. Et j’ai arrêté le Doliprane depuis deux ans.

C’est quoi la PHILOSCALINE ?

C’est une mixture imaginaire pour que tout le monde s’aime.

Tu as écrit le premier album de Adrienne Pauly. Tu n’as plus envie de composer pour les autres ? Burgalat et Daniel Darc ont écrit pour Marc Lavoine…

La réponse est dans la question. On te propose des trucs. Des duos, des compos, des cameos, des émissions, des déguisements… Pour quoi, au final ? Faire de la daube. J’ai toujours dit : « Non ». Ce qui m’a, évidemment, coûté. Le côté « Je te suce/Tu me suces » m’a toujours profondément dérangé dans ce milieu. Mais il doit y avoir une antenne de Pôle Emploi dédiée aux collaborations avec Marc Lavoine (gentil garçon au demeurant). Sans moi. J’en ai rien à foutre.
Le seul truc que je regrette c’est Bashung, il avait beaucoup aimé « Aucun mal ne vous sera fait », il m’avait invité chez lui à la Goutte-d’Or pour évoquer une collaboration, m’avait demandé d’adapter en français « A salty dog » de Procol Harum et « Days of Pearly Spencer » de David McWilliams pour la suite qu’il voulait donner à « Bleu Pétrole ». Ce que j’ai fait. Et puis il est mort trois mois après.

Le prochain album arrive quand ?

En 1515 (sans doute un clin d’oeil d’Alister à sa chanson MERCUROCHROME, eh…je suis fan, je vous dis ! Nda)

Depuis quelques années, tu assures la légendaire rubrique MES DISQUES A MOI chez ROCK’NFOLK. Les 5 disques de l’île déserte de Alister ?

Charles Aznavour – Best of
Beatles – Rubber Soul
Kinks – Muswell Hillbillies
Grace Jones – Nightclubbing
Prince – Sign o the times

32 comments

  • Présence  

    En voyant l’annonce de l’article, je me demandais qui était ce monsieur, et en fait j’avais déjà écouté (et apprécié) la chanson Je travaille pour un con. Bien sûr, je connais la revue des vieux de 27 à 87 ans, au sommaire toujours alléchant. C’est étonnant de découvrir ce cumul d’emploi dont la complémentarité fait sens après coup.

    J’ai appris 2 mots Oligophrène (il faut que je retienne celui-là) et Mondegreens (j’avais également entendu Romances merdeuses).

    Un interview pointue et technique qui m’a perdu par moment (On part sur du la mineur et du mi majeur. Tonalité pauvre). J’ai quand même réussi à comprendre l’adjectif Enoienne.

    • Bruce lit  

      Ah Ah, moi aussi je ne connaissais pas les Mondergreens.
      Enoien(ne) vient de Brian Eno, le guitariste de Roxy Music et l’homme qui révolutionna la production musicale notamment avec la trilogie berlinoise de Bowie.

    • Jyrille  

      J’ai appris les mêmes mots que toi Présence… il va falloir les retenir maintenant.

      • Bruce lit  

        Merci Cyrille
        J’ai écouté un Jarvis Cocker la semaine dernière que je n’ai pas aimé du tout : Room 29 avec Gonzales. Chiant et soporifique.

        • Jyrille  

          Oui, celui-là je ne l’ai écouté qu’une fois en soirée, je n’en ai aucun souvenir. Et à part ces deux-là, je n’ai pas écouté ses autres albums solos.

          • Tornado  

            Pulp : Je n’ai écouté que THIS IS HARDCORE et WE LOVE LIFE et je n’aime pas tellement (je n’ai gardé que trois titres : This Is Hardcore, Weeds et Trees). Egalement trop dispersé niveaux arrangements (pour moi) (je dis ça après l’avoir déjà relevé à propos de FNM).

          • Jyrille  

            THIS IS HARDCORE est mon Pulp préféré, mais je te conseille de jeter une oreille à HIS N HERS et DIFFERENT CLASS.

            Je ne comprends pas de quoi tu parles lorsque tu dis « trop dispersé niveaux arrangements ». Je peux le comprendre dans We Love Life peut-être mais pour le reste je ne vois pas.

          • Bruce lit  

            THIS IS HARDCORE est tellement incroyable. Je ne m’en lasserai jamais. THE FEAR est un titre merveilleux. Les arrangements sont d’une classe rare.
            WE LOVE LIFE : je déteste cet album, c’est n’importe quoi, je n’aime ni le son de Scott Walker, ni les compos.

          • Tornado  

            Difficile à expliquer. C’est le synthé et la voix surtout.
            Je trouve les rythmiques très sympas, très fines et travaillées (notamment la guitare). Pour le reste c’est souvent indigeste à cause des arrangements, parce que les titres se veulent originaux et je sors de la chanson à force d’y entendre plusieurs choses qui me crispent. Par exemple avec COMMON PEOPLE, leur tube, tu as ce synthé qui s’entremêle avec tout un tas de bruitages humoristiques. C’est maniéré et crispant (pareil sur DISCO 2000 par exemple). Je trouve ça insupportable.
            Autre élément qui me rebute par dessus tout ça : Cocker a une interprétation pleine de relents de la new-wave que je déteste et lorsque je le vois se tortiller c’est pire. Tout ça c’est au dessus de mes forces sur la plupart des titres (ça me fait le même effet avec les punks). C’est difficile à expliquer : Je trouve ça très indigeste.
            La chanson THIS IS HARDCORE échappe, pour moi, de justesse à l’indigestion grâce à cet hommage à Portishead que j’entends en filigrane.
            Sûrement le groupe de britpop que j’aime le moins. Bah…, c’est pas ma came, quoi ^^

          • Tornado  

            THE FEAR ne me touche pas. Rien. Ça n’a aucun effet sur moi. Nada. Rien. Ça me fout mal au crâne.

          • Bruce lit  

            Étonnant. C’est un morceau assez Floydien pourtant.

          • Jyrille  

            Ok merci pour ces tentatives d’explication, Tornado. J’ai moi aussi peu d’affinités avec WE LOVE LIFE malgré la présence de Scott Walker, je pense que ce sont avant tout les compos qui ne sont pas à la hauteur, mais je dois le réécouter. Alors que sur This Is Hardcore, il n’y a rien à jeter pour moi et la production est hyper léchée et solide.

          • Tornado  

            Il faut tout le temps se justifier avec vous ! 😀
            Et c’est pas évident parce que c’est toujours de l’ordre du ressenti en ce qui me concerne.
            Effectivement je vais préférer ACDC à Faith No More. Je vais préférer Oasis à Pulp et même à Blur. Pas grave si ça égratigne l’élite de la musique.
            Des titres comme Champagne Supernova ça me transporte tout de suite. Pourquoi bouder mon plaisir ? Parce que la presse rock a décidé que Oasis c’est insupportable ? Jarvis Cocker qui en fait des caisses en se tortillant et en faisant des moues empruntées c’est bien plus insupportable pour moi. Avec Pulp ou FNM non seulement je m’ennuie, mais en plus il y a quelque chose qui me crispe (ce que j’essaie laborieusement d’expliquer). Cela-dit Pulp il y a quand même quelques titres qui passent. Mais dans l’ensemble non.
            C’est un tout, en fait. Une entité musicale qui ne me va pas, avec ces changements incessants dans le même morceau (j’aime bien ça chez d’autres artistes, notamment les Beatles, mais pas là). Ça et la manière de chanter. Ça ne me plait pas. Trop maniéré, stratégique. C’est un peu comme Bruce et la SF.. Ça bloque !
            J’aime quand la musique va à l’essentiel. En fait, pour tous les groupes, artistes, ou albums pour lesquels je viens écrire que ça ne me plait pas, c’est le même problème en ce qui me concerne : Ça ne va jamais à l’essentiel. C’est pour ça que je dis que ça se disperse. Il y a un quelque chose qui passe pas et c’est de l’ordre du ressenti. Là où Cyrille va trouver que Travis manque de sincérité, je vais quant à moi trouver que Pulp dégouline de stratégie arty. L’un va en déranger certains, et pas d’autres. Et inversement.

          • Jyrille  

            Ah mais non, je n’ai pas demandé à te justifier ! 😀 Je comprends tout à fait puisque moi aussi je marche au ressenti. Et je pense que tout ce que tu détestes dans certaines façons de faire sont celles que j’aime et vice-versa, c’est tout 😉

          • Bruce lit  

            J’ai également longtemps agacé par les singeries de Cocker avant de m’attacher durablement à lui. Je pardonne tout au talent.
            Ce que j’aime dans cette chanson c’est l’alchimie entre la préciosité dandy du couplet au refrain lyrique et ses choeurs échappés de DARK SIDE OF THE MOON

  • Eddy Vanleffe  

    chaque vendredi est le prétexte de pouvoir faire connaissance avec un un artiste souvent atypique…

    je retiens de Allister l’usage du mot Oligophrène… un gars qui utilise ce mot ne peut pas être mauvais…^^

    j’ ai écouté les titres et c’est sympathique, en effet, une bonne basse et de bons arrangements… une ambiance un chouia « bobo » mais souriant et bienveillant… je rapproche ça un peu des trucs genre Arthur H, Grande Sophie etc…

  • Kaori  

    Bon, comme tout le monde, je connaissais Alister avec son tube « Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? »
    Mais je n’étais jamais allée plus loin, parce qu’effectivement, je pensais que c’était un rigolo de passage.

    L’article me donne envie d’aller à la découverte de ces 3 albums. J’ai une préférence pour DOCTEUR.

    Et l’interview est … surprenante. Elle ressemble pas mal à ce qu’on pouvait un peu deviner dans le clip (que j’adorais à l’époque) : assez cinglant, sans concession, sans langue de bois, direct. On n’a pas forcément envie de copiner avec lui, mais ça montre qu’il sait ce qu’il fait et qu’il est bien plus perfectionniste qu’on aurait pu le penser au premier abord…

    • Bruce lit  

      @Eddy : Alister est parisien oui. Il a ses intonations immédiatement reconnaissables. Mais je ne le vois pas comme un bobo. Il ne donne de leçons à personne, ni de consignes de vote, ni de comment manger ou se comporter. C’est du Dandysme cool, un peu anar ni de droite ni de gauche à la Gainsbourg avec le côté un peu lunaire de Christophe parfois. Chez les bobos, il y a Biolay dont j’aime beaucoup la musique. LA SUPERBE est un album incroyable, mais nettement plus parisien et égocentrique qu’un Alister plus détaché. Sa page Twitter a un excellent logo : No Future mais No Stalgie. J’ai vraiment été surpris par sa réponse sur la drogue ceci dit.

      @Kaori : je suis fan total d’Alister. Ces trois disques sont vraiment chouettes même si j’ai des réserves sur le dernier. J’en ai fait part à Alister qui ne s’en est pas offusqué. Il est sans doute le seul artiste actuel dont j’attends les disques et malheureusement ils ne semblent pas près d’arriver. Peut-être que son détachement te touchera moins que l’implication d’un Saez qui semble jouer sa vie sur chaque chanson. Il y a pourtant chez lui une sensibilité cachée qui le rend assez touchant (QUELQUE CHOSE DANS MON VERRE).
      Sur son perfectionnisme, on ne peut pas se revendiquer de Christophe et faire de la musique de branleur, c’est juste impossible. Ses disques, ce n’est pas de la superproduction à la Mylène Farmer, mais on entend toute une culture et un esthétisme qui me parlent. Et j’adorerais lui offrir un verre ou une Granny Smith en vrai 🙂

      PS Geek : Si Alister était un Xman, ce serait Gambit !

      • Kaori  

        Oui, je ne le vois pas comme un bobo non plus, il ressemble à un faux-dilettant, légèrement insolent et je-m’en-foutiste. C’est bien aussi d’aborder les choses graves avec légèreté 😉

      • Eddy Vanleffe  

        Pour moi Bobo, c’est pas politique mais plus une sorte d’état d’esprit à la cool, bohême quoi…

        • Kaori  

          Bobo, c’est la contraction de bourgeois bohème, c’est pas forcément un compliment…
          C’est un peu les Parisiens qui se croient meilleurs que tout le monde en mangeant bio ou étant vegan et condamnant évidemment tous ceux qui ne le sont pas…

          • Bruce lit  

            Alister s’excuse en interview d’être né Parisien. Ce n’est pas une tare non plus hein… Il n’a rien du Titi Parisien genre Renaud, mais encore une fois du Nightclubber qui traverse Paris de long en large comme dans un roman de Eudeline ou Iggy et Bowie à Berlin mais en moins toxique quand même. Par la suite, bcp de chanson plus naturelles qui évoquent l’esprit nostalgique et « campagnard » des Kinks époque Village Green Preservation Society.
            Dans FILS DE, il aurait même tendance à s’en moquer de ses bobos : « j’veux du champagne et de la cocaïne, j’veux qu’on me retrouve dans la piscine, je suis un fils de… »
            Regardez le clip Je travaille pour un con et vous verrez que tout ça se finit très mal et assez violemment loin de l’ideologie Mr Clean des Bobos.
            (Je précise que je réagis aux propos de Eddy et Kao’ sans aucune animosité ayant compris leurs propos mais pour le seul plaisir de parler d’Alister).

          • Eddy Vanleffe  

            Il n’y a pas forcément de « on se croit meilleur »…
            ce sont à mon sens des idéalistes qui ont tendance à vouloir être écolos avec tout ce qui peut en découler… ce sont souvent des étudiants,
            le terme ironique désigne le fait que c’est plus facile de consommer propre et gentil quand on a le pognon qui va avec….

          • Bruce lit  

            Mr VAN LEFFE va me réécouter les paroles de Qu’EST CE QU’ON VA FAIRE DE TOI une dizaine de fois…

  • steve  

    Duuude!
    Merci pour cette interview.
    Moi suis plutôt fan d Alister. Dernier album y compris que je trouve plutôt touchant, émouvant…
    Alister c est le romantique sans le côté maudit ; l ironique sans la méchanceté ; le poseur sans la prétention !
    J adore ces types qui touchent à tout et se passent du système !
    Des paroles à la fois simples et qui font mouches qu on regrette de pas avoir écrites et des mélodies mega efficaces qui éclipsent de loin pas mal de groupes francophones. En plus il cite les kinks, animals des floyd donc mon cœur est conquis…
    alors oui la comparaison Gainsbourg dutronc est à faire mais enfin un type qui a son style et dépasse ses influences pour aboutir à son propre style.
    L écoute d Alister a été souvent prétexte avec mon pote Felix de nous enfiler pas mal de shots avec le sourire!
    En se demandant souvent : qu est ce que t as dans la tête !

    • Bruce lit  

      Je pense qu’Alister sera ravi d’apprendre que ses albums donnent envie de picoler dans la joie (Aimez vous les uns sur les autres !)
      Tu as fait je trouve un bon descriptif du personnage. Ces jours-ci le gars s’est aussi déclaré fan de BACK IN BLACK d’AC/DC. Et je ne le vois pas du tout écouter ACDC !

  • Steve  

    Ok
    Alister, défi fou : prochain concert au Hellfest !!!
    Encore une superbe référence !
    A l occasion jetez une oreille à bandits bandits, moi j ai bien accroché ; encore des frenchy qui ont la patate!

  • Patrick 6  

    Et bien je ne connaissais Alister que par ton entremise Bruce ! Les liens youtube et évidemment l’interview me permettent de mieux cerner le personnage. Au départ la brièveté des réponses et leur coté cinglant m’interpellaient un peu. Heureusement c’est plus délié sur la fin ^^
    En tous cas le commentaire sur Lavoine m’a fait beaucoup rire ! Ahah pauv’Marco ^^ Mais il est vrai qu’on pourrait remplir plusieurs cd de ses collaborations/participations !

  • Tornado  

    Encore un artiste dont… je ne connaissais rien !
    Je remarque que tu utilises toujours autant tes références de coeur. Je suis presque étonné que tu ne lui aies pas glissé les X-men ! 😀
    Alors pour ma part, en une seule unique écoute comme ça, je trouve ça sympa mais sans plus. Je préfère l’univers musical de Biolay (puisqu’il est venu dans la comparaison via les discussions). Et ce, même si le personnage de Biolay, au fond, est plus agaçant que semble (ne pas) l’être cet Alister (qui n’est pas non plus extrêmement chaleureux dans l’interview par contre…). C’est juste que, musicalement, Biolay fonctionne mieux avec moi (je n’aime pas du tout « Qu’est-ce qu’on va faire de toi » par exemple. Musicalement, je trouve ça un peu énervant). Mais comme je l’ai dit, je ne peux pas trop me prononcer avec une seule écoute.

    • Bruce lit  

      Et encore, au bout de 26 relectures j’ai viré 4 paragraphes pour ne pas tomber dans le name dropping. Je ne te vois pas du tout écouter Alister. Trop de culture Punk.

      • Tornado  

        Ah ben tu me rassures. J’avais peur que tu me dises un truc du genre « mais c’est comme Gainsbourg t’es obligé d’aimer », etc. ^^

  • Jyrille  

    Pour une fois, j’ai d’abord écouté les chansons avant de lire. J’aime beaucoup la première, Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? , que j’avais déjà entendue. J’aime bien les autres aussi (déjà entendu La femme parfaite et Je travaille pour un con). Personnellement ça me fait penser à Benjamin Biolay, Dominique Dalcan, de la pop classieuse avec une voix nonchalante. Je devrai essayer ses disques, j’aime bien. Et faire écouter à ma dame.

    Sinon rien à voir mais j’essaie le nouveau Jarvis Cocker, qui a créé un groupe en fait, Jarv Is. Tu as écouté, Bruce ? https://en.wikipedia.org/wiki/Beyond_the_Pale_(Jarv_Is_album)

    Je n’avais jamais entendu parler de Schnock mais ça pourrait me plaire ! En tout cas cette interview est brute de décoffrage et le personnage de Alister, sans concession, me plaît beaucoup. Merci Bruce pour la découverte, c’est incroyable comme on peut louper des trucs…

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