Interview de Gihef

Interview de Gihef

1ère publication le 06/05/17- MAJ le 14/09/19

Par CYRILLE M

Got the look !

Got the look !

Gihef est un auteur belge varié et prolifique que je connais depuis très longtemps maintenant grâce aux forums bd de l’Internet. C’est un personnage haut en couleurs et l’interview faite par chat ne fut pas du tout aussi posée que ci-dessous : imaginez plutôt une discussion autour d’une de plusieurs gueuzes à 9° dans un bar bondé croulant sous les décibels. Et tous les rires qui vont avec !

Tu n’étais pas destiné à faire de la bd, es-tu totalement autodidacte ?

Mon premier job, c’était garçon de salle, mais c’est parce que je n’avais pas trop le choix : je n’ai jamais fini mes études, et mon seul bagage, quand j’habitais sur la côte d’azur, était mon boulot comme étudiant apprenti dans des restos. Et quand je suis revenu en Belgique, il a fallu que je bosse. Mais j’ai fait plein de trucs différents et improbables avant de faire de la BD. J’ai même été caissier et réassortisseur en grande surface. J’ai bossé dans un magasin de jouets. Donc oui, autodidacte, dans le sens où je n’ai jamais suivi d’enseignement, que ce soit pour dessiner, ou pour écrire. Mais je suis loin d’être le seul, en BD, y a pas mal d’ex-branleurs.

Impressionnant quand même. Par contre, j’ai remarqué, si je ne me trompe pas, que tu n’as jamais colorisé un album. Cela ne te tente pas ?

Oulah, pas du tout. C’est surtout un souci de patience et de daltonisme…

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Après la série Complot, qui revisitait un évènement historique marquant sous la forme d’un complot (le naufrage du Titanic ou la crise de 1929), c’est la seconde fois que tu co-scénarises avec Alcante. Cette fois-ci, vous revisitez des œuvres artistiques renommées et populaires en leur dénichant une nouvelle origine, toujours sous le signe de l’horreur. D’où vous sont venus ces concepts originaux ?

J’ai eu la première impulsion et j’en ai parlé très rapidement à Alcante. Je voulais qu’on réessaie ce qu’on avait fait sur Complot (Alcante a écrit les Templiers et le Titanic, moi j’ai écrit le Krach de 29 et la Bataille d’Hamburger Hill). Et la collaboration se passe vraiment à merveille.

Mais l’idée t’es venue comme ça, en regardant un tableau ?

Ben, en fait… Oui… C’est à dire que quand je vois une image, que ce soit une photo ou un dessin, un tableau, j’ai tendance à laisser s’échapper mon imagination. Si ça m’inspire, évidemment.

Comment avez-vous choisi les tableaux de la série Dark Museum ? Y aura-t-il d’autres domaines artistiques que la peinture, comme la sculpture ou l’architecture ?

Je ne sais pas trop si on va aller au-delà des quatre albums, mais dans notre idée de départ, on aurait aimé explorer d’autres formes d’arts, comme la sculpture et l’architecture, justement. J’ai, par exemple, à l’époque, imaginé un pitch pour le Taj Mahal. Mais bon, il faut vendre les quatre premiers albums déjà. Ça devient très compliqué, la BD, pour la plupart d’entre nous.

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Quatre tableaux, pas facile de faire un choix… Mais j’ai l’impression que cela marche pour le moment non ?

Aucune idée. Bonnes critiques ne veut pas forcément dire bonnes ventes.

Pour en revenir aux tableaux et à Alcante, comment se passe votre collaboration à quatre mains ? Ensemble ou plutôt par mails, par ping-pong ? Stéphane Perger participe-t-il de près ou de loin à l’écriture ?

On a commencé à travailler en « ping-pong » sur le tome 2 de Starfuckers, et on s’est dit que ça fonctionnait bien. Du coup, on a voulu faire de même sur les albums suivants. Stéphane ne participe pas au scénario. Ainsi, même si les deux premiers tomes de Dark Museum sont écrits un peu de la même façon que sur Complot (un album sur deux chacun), on co-écrit les deux derniers tomes, qui porteront sur « L’Angélus » de Millet et « La Leçon d’Anatomie du Dr Tulp ». Mais on a décidé de tout co-signer sur cette série. Zéro contrat de mariage, on s’aime pour l’éternité et tout le bazar.

Et donc, ce choix des tableaux ?

Ben, c’est des recherches qu’on a fait chacun de notre côté. On faisait des propositions à l’éditeur, et on s’est mis d’accord sur certains d’entre eux. J’avais suggéré la Joconde à un moment, mais l’éditeur a botté en touche, à raison, certainement.

Juridiquement, c’est compliqué ?

Pas vraiment pour les tableaux « antiques », mais pour les trucs plus récents, oui. J’avais notamment envie de travailler sur le Fils de l’homme, de Magritte.

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J’ai le sentiment que vous avez à cœur de faire perdurer la bd franco-belge à l’ancienne, dans sa forme en tout cas. Aimerais-tu explorer d’autres formats, comme le roman graphique que tu avais écrit, Liverfool, ou une série de type manga ou comic ?

Oui, bien sûr. Mais ce n’est jamais évident pour plein de raisons. L’emploi du temps, notamment, et puis, trouver des collaborateurs, aussi : j’aime créer une complicité entre eux et moi, c’est même primordial. Mais pas toujours faisable…

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D’ailleurs, comment les trouves-tu ? As-tu déjà été choisi par un dessinateur ?

Oui, et non en fait. C’est à dire qu’en général, on discute d’une éventuelle collaboration, puis, on s’arrête sur un projet ou pas. Ceci dit, ce n’est pas tout à fait vrai : Renaud (auteur historique de Jessica Blandy – NDR) m’avait choisi sur Crotales. Mais je devais le « séduire »

T’as assuré a priori…

Ben, on a fait D’encre et de sang par la suite, et les chiffres n’étaient pas trop mauvais. Donc, ouais, bonne pioche.

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Avez-vous prévu d’en faire d’autres ensemble ?

Nope. Il est parti sur la reprise de Harry Dickson là, et je pense que ça marche pas mal. Et je suis super content pour lui.

Donc, ce n’est jamais simple de trouver des collaborateurs. Mais tu dessines également, et tu écris de plus en plus. Penses-tu te trouver une série personnelle, rien que pour toi, de A à Z sauf la couleur ?

Oui, j’ai plein de débuts de projets dans les tiroirs, mais pour le moment, je mise essentiellement sur ce que j’ai sur le feu.

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Penses-tu un jour arrêter de dessiner pour ne plus te consacrer qu’à l’écriture ?

Oui, c’est un peu l’idée. Mais bon. Pas tout de suite.

Ah ouais ? Je ne pensais pas. Cela dit, depuis quelques temps, ta production a grimpé en flèche, tu deviens une sorte de Jean-David Morvan. Que cache cette boulimie ?

Beaucoup de dessinateurs passent leur temps de loisirs à crobarder et griffonner. Moi pas. Le dessin ne me manquerait pas vraiment. Mais écrire, c’est frénétique. Je ne pourrais pas m’en passer. J’ai sans cesse des idées. Surtout des nulles, mais bon…

Par rapport au dessin, quels sont les dessinateurs, peintres ou illustrateurs auxquels tu penses lorsque tu te mets à ta planche ?

Ca dépend sur quoi je bosse, en fait. Sur Justices, c’est plutôt Gazzoti ou des mecs comme Humberto Ramos, Ted Naifeh,… Mais ça se sent pas vraiment dans le résultat.

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Lis-tu encore beaucoup de bd en général ? Vois-tu un changement dans tes goûts dans ce domaine ?

Arf. Plus vraiment, en fait. Alors que quand j’ai commencé, il n’y a rien qui m’agaçait plus que les auteurs de BD qui ne s’intéressaient pas à leur médium. C’est une question de temps, mais aussi parfois d’envie. Quand on passe huit heures par jour dans des cases avec des bulles, on n’a pas nécessairement envie de se plonger là-dedans pour se détendre.

C’est grâce à toi que j’ai découvert le comic mainstream de super-héros qui peut être de qualité (via le Daredevil de Bendis et Maleev). Quels sont tes auteurs préférés dans ce type de bd, quand tu en lisais ?

Ah bon ? Ben, c’est rigolo ça. Bah, j’en lis de moins en moins aujourd’hui, donc je suis vraiment plus à la page. Mais ouais, le run de Bendis et Maleev sur DD, Alias, du même Bendis… Récemment, j’ai bien aimé American Vampire.

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Je ne trouve pas de thème récurrent ou de points communs à tes bds : tu peux écrire ou dessiner des polars, de la biographie romancée, de la comédie, du drame, de l’historique, et toujours avec d’excellents dialogues. Le seul que je perçois : tu t’attaques à tous les genres en les respectant, comme la série B avec OSS 117 ou la comédie romantique hollywoodienne avec Greenwich Village, et même les super-héros avec la bande dessinée jeunesse Justices. Est-ce une volonté de ta part ou est-ce que tu n’as pas trouvé le personnage que tu ne voudrais jamais lâcher ? Penses-tu faire un western, un space-opera, des histoires de pirates, de SF ?

Nan, mais, je l’ai déjà dit, ça correspond à mes goûts personnels. Que ce soit en cinéma, par exemple, ou en musique, je suis super éclectique. Il y a une citation de Tarantino que j’aime beaucoup à ce sujet : un journaliste lui demandait quel était son genre favori. Et il a répondu qu’il lui était impossible de répondre à cette question. Il aime le cinéma, et ça englobe tellement de genres différents… Je pense un peu pareil. Je suis aussi fan de David Lynch que des films les plus débiles de Jim Carrey.

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Je vais donc rebondir sur le ciné au sens large : est-ce que la série American Horror Story a influencé Dark Museum ?

Oui, complètement. En tout cas, dans sa genèse.

Tu avais écrit un court-métrage il y a quelques années, dans lequel tu faisais une courte apparition. Quels enseignements tires-tu de cette expérience ? Penses-tu recommencer ?

Hahaha. Nan. C’était chouette, et c’était un rêve à concrétiser. Mais, c’est très… Je sais pas. Irréel ?

Trop éloigné de tes habitudes d’auteur de bd peut-être ?

Non, au contraire, ça me plaît de bosser en équipe ou en extérieur. Mais, le marché en France et en Belgique est tellement compliqué…

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Parlons business alors : tu as signé chez Kennes Editions il y a deux ou trois ans je crois. Es-tu totalement attaché à cette maison ou as-tu toujours le droit de collaborer avec d’autres éditeurs ?

Bien sûr que non. Je fais ce que je veux avec mes cheveux. Mais j’y suis surtout attaché parce qu’on y est bien traité.

Comment vois-tu le métier aujourd’hui ? A priori, la Belgique a la même situation que la France quant au traitement des auteurs de bd…

Je ne suis pas sûr. C’est un peu compliqué. On n’a pas de statut d’auteur en Belgique, on est juste indépendant. Mais on est moins taxé parce qu’on perçoit des droits d’auteur, la législation est assez différente en ce sens. Maintenant, je ne suis pas un super spécialiste de la chose.

Quelle est ta série ou ton œuvre préférée, dans celles que tu as réalisées ? Celle dont tu es le plus fier ?

Ah. Tu m’obliges à blesser plusieurs collaborateurs, donc ? Je ne dirais pas que j’ai une série dont je suis le plus fier ou préférée, mais j’ai une affection particulière pour Liverfool, Mr Hollywood et Greenwich Village.

Tu adores le rock et la musique en général, tu en écoutes même plus que moi. Je sais notamment que tu écris ou dessines toujours en musique, en général en rapport avec le thème sur lequel tu travailles. Qu’écoutais-tu pour écrire ce premier tome de Dark Museum, et quels albums conseilles-tu pour la lire ?

Pour Dark Museum, j’ai mis pas mal de BO horrifiques, comme des vieux trucs de la Hammer, l’Exorciste, ou du Coil.

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Tu as un groupe de reprises, le Boyz Bande Dessinée, vous détournez les textes pour les adapter au monde de la bd et faites de nombreuses tournées. Qui écrit les textes ? Qui choisit les titres que vous adaptez ?

Alors, à la base, c’est un groupe qui a été créé dans les années 90 par Yvan Delporte et Thierry Tinlot (rédacteur en chef de Spirou Magazine à l’époque – NDR) et il y a beaucoup de textes écrits par le premier, mais Janry en a fait un paquet aussi, et quand je suis arrivé, j’ai proposé des morceaux qui ont été acceptés. Donc, je dirais que principalement, on est trois à faire les textes.

Est-ce que ce groupe est plutôt un sas de décompression ou plutôt un moyen de pointer les travers du monde de la bd, de tout ce qui vous agace dans cet univers ?

Un peu des deux… Janry fait plutôt dans le rigolo et universel, moi, j’ai tendance à faire dans le hargneux, parfois malgré moi. Mais je tourne en rond depuis un moment. Ça doit être l’âge.

Dernière-question-que-je-dois-poser-sinon-je-me-fais-engueuler-par-le-rédac-chef-notre-maître-vénéré : un petit mot à dire ou une énigme à soumettre aux lecteurs de Bruce Lit ?

Trente-six centimètres. Au repos, bien sûr.

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La BO du jour : vous ne connaissez pas Coil ? Bonne chance !

15 comments

  • Matt & Maticien  

    Effectivement on devine bien l’ambiance décrite dans le chapeau de l’interview. Je vois que tu n’as pas commencé par la traditionnelle question sur l’identité masquée 😉 trop risquée?

    Sinon à travers vos échanges et rebonds sur des oeuvres très éclectiques , on perçoit néanmoins une thématique autour de allons découvrir ce qu’il y a de l’autre côté du miroir (derrière le tableau, le fait historique, le conte…). Très sympa cette lecture ballade.

    • Bruce lit  

      N’oublions pas ceci : c’est Cyrille M qui a mené la première interview pour le blog wayyyyyy back maintenant.
      Et N’oublions pas celà : il aime bien les voyous et les décibels.
      Il est comme je le pense possible de faire une interview vérité de quelqu’un que l’on connaît bien voire que l’on apprécie e tu viens de le démontrer. Gihef est une personnalité haute en couleur qui achève de mettre ses bouquins dans mes Toplists. Pour le coup je lui pardonne d’aimer Bendis ET Ramos !
      Amen !

      @Matt et Maticien : un M&M au taquet cette semaine qui s’est sûrement senti plsu concerné que par les semaines comics. Attends de voir le programme qui arrive, tu vas jubiler !

      • Jyrille  

        Merci Bruce, je crois que tu as bien cerné les sujets 😀 C’est vrai, je suis le premier à avoir tenté une interview ici. Mais j’ai encore beaucoup à apprendre quand je lis celle de Cyril Bonnin par JP par exemple. J’aime lire les interviews, ici, c’est un peu différent pour pas mal de raisons, surtout le fait que l’on se connaisse bien. J’en reparlerai plus tard.

    • Jyrille  

      Merci Matt ! Je ne peux pas parler d’identité masquée à Gihef, c’est un vrai personnage public… Tu as tout à fait raison sur la thématique « de l’autre côté », une volonté de découvrir ce qui se cache derrière, quelque chose de très humaniste pour ma part : que cachent les surfaces ?

  • JP Nguyen  

    Voilà une interview très vivante, rythmée. On perçoit tout à fait l’aspect « chat », conversation, entre deux personnes se connaissant assez bien…
    Si la dernière réponse est une énigme, je ne l’ai pas trouvée…

    • Jyrille  

      Moi non plus… Merci JP, c’est ce que je voulais vraiment, une discussion vivante. Mais la vraie conversation n’était pas lisible en l’état, j’ai vraiment pas mal bossé pour qu’elle ait cette forme. On s’est lancé plein de vannes et c’était du ping-pong à part pour deux ou trois questions que j’avais préparées en amont.

  • Matt  

    Ah ouais sacrée interview. On pourrait être jaloux tellement les échanges abordent plein de sujets sans vraiment oublier quoi que ce soit d’important. On sent en effet que vous vous connaissez.

    Et toi Jyrille, c’est quoi les BD que tu aimes de Gihef ? La couverture de Crotales a retenu mon attention (non, non pas celle de Starfuckers. Pourquoi cette idée ?)

    @Bruce : pour le coup ce qu’il cite de Bendis, c’est pas ses pires travaux^^

    • Jyrille  

      Merci Mattie ! C’est vrai que la concision est un défi, et je trouve que Gihef en dit beaucoup en peu de mots. On sent qu’il y a une réflexion derrière. J’aimerai tenter Starfuckers pour ma part. Je n’ai pas lu toutes les oeuvres de Gihef, mais pour le moment, je le rejoins : Mister Hollywood a ma préférence, puis Liverfool et Greenwich Village et enfin Dark Museum. Mais Complot est bien aussi et aucune de ses bds de ne m’a déçu.

      @Bruce : tu n’as pas relevé qu’il cite aussi Ted Naifeh, le père de Courtney Crumrin

  • Jyrille  

    Merci Omac ! C’est ce que j’aime chez Gihef : son éclectisme et son dynamisme. Ce type ne s’arrête jamais, c’est incroyable. Un saloon steampunk, je vote pour ! Quant au bar, j’en ai fait plusieurs IRL avec Gihef, et je crois bien que ces échanges correspondent ou retranscrivent partiellement nos soirées arrosées… Si je ne me trompe pas, il est également bien copain avec Nicolas Otero. Pas étonnant hein ?

  • Jyrille  

    Je remarque aussi que j’aurai parfois dû mettre des légendes aux scans : la planche avec la prison, avant celle de Mister Hollywood, est tirée de la série Haute sécurité.

  • Présence  

    A chaque interview une forme différente et un ton différent. La concision des réponses aboutit effectivement à une forme de discussion plus rythmée, plus naturelle.

    J’ai beaucoup apprécié l’iconographie qui complète les échanges. C’est très étonnant de voir ainsi apparaître l’éclectisme des œuvres de Gihef, de la bande dessinée pour enfants aux récits plus adultes, de l’aventure à l’horreur, en passant par une forme très personnelle de superhéros.

    Au fil des questions, on apprend beaucoup de choses sur des thèmes divers. J’ai bien aimé la franchise de la réponse sur la lecture d’autres BD, ce qui ressemble un peu à du travail quand c’est déjà son métier. Les réponses de Gihef permettent de se faire une idée de la diversité des configurations de collaboration avec d’autres créateurs. L’air de rien, il est aussi question de la possibilité de vivre de son art, avec un système de taxes différent en Belgique, donc peut-être une situation économiquement moins fragile qu’en France. Il est également question en filigrane du processus pour faire accepter un projet, du format franco-belge et même de la bande dessinée en tant que média capable d’accueillir tous les genres.

    Il y a plusieurs de ces BD que je vais aller feuilleter pour me faire idée, et certainement en essayer au moins une.

    • Matt  

      Mine de rien, entre Eric Liberge, Arno Monin, Cyril Bonin et Gihef, il n’y en a pas un qui lit beaucoup de BD. Ils disent tous qu’ils ne lisent plus trop. Si c’est une question de temps ou de ras le bol en rapport avec le métier, c’est presque flippant.
      A ma modeste échelle, j’ai constaté que je lisais moins aussi quand j’étais occupé sur une BD. Finalement faire ça non stop, ce ne serait pas mon truc je crois. J’adore dessiner mais quand c’est un hobby, on peut aussi rester des mois sans toucher un crayon.

      • Jyrille  

        Tu as oublié Stanislas Gros qui lui non plus ne lit pas trop de bds. Il en feuillette ou en lit mais uniquement pour le dessin, pour appréhender une narration, un genre, un trait. Je pense que c’est un peu normal. Les cinéastes (surtout les réalisateurs) ne regardent plus de films au bout d’un moment, en tout cas ils ne vont pas voir les nouveautés. Cela ne les divertit pas, ils sont sans cesse en train de se dire « ah tiens il a fait comme ça, ah là c’est typique de la clause de contrat avec le studio, ah là l’acteur fait chier le réal »… Enfin je peux comprendre, quand c’est professionnel, cela dénature ta vision. Je ne pense pas qu’ils soient tous comme ça, mais c’est sans doute inévitable au bout d’un moment. John Cleese des Monty Python disait que désormais, il connaissait toutes les blagues, il ne pouvait plus être surpris par une vanne. C’est l’âge.

    • Jyrille  

      Merci beaucoup Présence ! Je suis ravi que tu aies relevé mon travail iconographique. J’ai voulu montrer les nombreuses séries sur lesquelles Gihef a oeuvré, que ce soit comme dessinateur sur Haute sécurité, Justice et Enchaînés, ou scénariste sur Greenwich Village, Mr Hollywood et Ante Chris. De plus, je voulais montrer ses dessins personnels comme le Punisher et le fan art de Neurosis, en dehors de toute série, que l’on voit un peu toute ses facettes. Et bien sûr montrer le Boyz Band Dessinée.

      Je suis encore épaté que Gihef côtoie Janry, le dessinateur de Spirou et Fantasio (avec Tome au scénarios) dans les années 80 et 90 puis du Petit Spirou, qui est un de mes héros, et qui est une personne adorable et drôle dans la vie (selon ce qu’il m’a dit), qui joue de la basse et fait l’idiot dans un groupe de rock uniquement composé d’auteurs de bds. De manière générale, je voulais montrer l’urgence, le dynamisme de Gihef, un gars qui ne s’arrête pas à un style et fonce tout le temps, sans se poser de questions, sans intellectualiser, mais toujours intelligemment, toujours avec un regard critique, et grand consommateur de films, séries télés et musique.

      Sa grande force, pour moi, ce sont ses dialogues. Il adore la musique et ses scénarios sont impeccablement rythmés. Il est tout le contraire d’un poseur, un type vrai qui n’a peur de rien. Personnellement, je te conseillerai Mister Hollywood ou un album avec Perger au dessin, mais tu fais comme tu veux évidemment.

  • Présence  

    Merci beaucoup Cyrille pour cette interview parce que quand je l’avais lu la première fois, une des illustrations m’avait immédiatement attiré l’œil. Je viens de finir Greenwich Village et c’était délicieux, une gentille comédie romantique à l’ancienne, avec une nostalgie positive.

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