Interview Johsua Dysart

Interview de Joshua Dysart

Un entretien mené et retranscrit par BRUCE LIT

Photos par PATRICK 6

Cet article est la retranscription de l’entretien avec Joshua Dysart l’auteur de HARBINGER, du SOLDAT INCONNU et de UN3 mené grâce à une accréditation presse de l’éditeur Bliss Comics.  Il s’agit d’un travail de traduction et de réinterprétation plus fluide et rythmé des propos de Dysart  sans les hésitations, les phrases ouvertes et les parasitages en tout genre de l’entretien.  Alex Nikolavitch a supervisé la traduction français-anglais la veille de l’interview. 
La version originale de l’entretien en anglais  enregistrée sur mon téléphone est disponible en fin d’article en Mp3.

This is the French Translation of the Joshua Dysart’s interview at the parisian comic con 2019.  The entire English Recording of this interview is listenable in MP3 at the very end of this article. 

Les deux membres fondateurs du club anti-Millar...  ©Patrick 6

Les deux membres fondateurs du club anti-Millar…
©Patrick 6

Bonjour Joshua. C’est toujours un grand plaisir de rencontrer un scénariste à la fibre sociale.
Tu n’es pas très productif mais tout ce que tu écris est très au dessus de la moyenne. Quels sont les comics qui t’ont donné envie d’écrire ?

J’ai grandi au Texas, dans une province assez isolée et à l’époque apparaissaient les premières boutiques de comics. On était particulièrement approvisionnés en BD britanniques : 2000AD et surtout JUDGE DREDD m’ont beaucoup influencé tout comme les comics indépendants des années 90 : CEREBUS, LOVE AND ROCKETS, bien plus que les Marvel / DC Comics qui ont eu plus d’impact sur mes collègues que sur moi-même.
J’aimais particulièrement les premiers TPB comme WATCHMEN, le DARK KNIGHT RETURNS de Miller m’a énormément influencé. La musique et le cinéma aussi.

Lorsque j’ai découvert ton HARBINGER, je me suis immédiatement dit que l’on tenait là la meilleure version des Xmen New-Age. En avais-tu conscience ?

Ah Ah !
J’ai toujours un peu la honte de dire ça parce que mon travail sur HARBINGER a souvent été comparé à celui de Chris Claremont sur les XMEN, mais je ne l’ai jamais lu, je sais c’est incroyable ! (rires). Ce qui est certain, c’est qu’il a dû influencer beaucoup d’auteurs que j’aime  et donc, indirectement, j’aime Chris Claremont.

Leila, une jeune américaine quitte de le confort de son pays pour plonger dans la violence de Daesch en Irak.  ©Bliss Editions

Leila, une jeune américaine quitte de le confort de son pays pour plonger dans la violence de Daesch en Irak.
©Bliss Editions

Peter Stanchek dans HARBINGER, Moses Lwanga dans UNKNOWN SOLDIER, Leila Helal dans UN3, serais-tu d’accord pour dire que tous tes personnages se retrouvent mêlés à des guerres plus ou moins volontairement et où ils se perdent progressivement ?

Oui, absolument !  Mes personnages se trouvent toujours dans des conflits qui les dépassent et font ce qu’ils peuvent pour s’en sortir. La plupart du temps et malgré le fait que leurs intentions soient bonnes, ils n’y arrivent pas.

C’est la clé de ton travail !

Intéressant ! Oui, c’est aussi le reflet de mes propres luttes personnelles. 

Après le succès de HARBINGER et IMPERIUM, plutôt de capitaliser ton succès et signer un crossover chez Marvel, tu préfères partir en mission humanitaire en Irak et au Soudan.…

Je voulais être un citoyen du monde, m’inclure dans ce que signifie être un meilleur être humain et un crossover Marvel ne me le permettrait pas. J’avais également ce sentiment de faire partie d’une économie privilégiée et me sentais coupable de cela…

Justement, UN3 débute avec une jeune musulmane qui réalise la futilité de la vie occidentale, l’absurdité de chercher à manger Bio quand des millions d’êtres humains quittent leur foyer, perdent leur honneur et quelquefois la vie pour sauver leur enfant d’une mort certaine…Les tourments de Leila sont-ils les tiens ?

Exactement ! Leila est sûrement le personnage qui me ressemble le plus. Je n’ai jamais mérité mes 3 repas par jour, ni de naître dans une économie stable et dans un pays où je suis relativement à l’abri. C’était ma responsabilité d’aller de l’autre côté. Leila, c’est moi.

Une oeuvre coup de poing d'un courage et d'une intégrité sans faille : UN3. ©Bliss Comics

Une oeuvre coup de poing d’un courage et d’une intégrité sans faille : UN3.
©Bliss Comics

Comment as-tu été accueilli dans ces pays en tant qu’Américain blanc et Texan ?

Relativement bien ! Toutes les personnes prêtes à écouter les histoires des réfugiés sont les bienvenues.  C’en est presque honteux de savoir avec quelle liberté, quelle facilité je pouvais me déplacer pour recueillir ces témoignages. 
C’est toujours plus simple de se montrer humble face à la culture de l’autre pour qu’il s’ouvre à toi. Je ne suis pas dupe : il s’agit de mon privilège occidental de pouvoir le faire. En Ouganda, il y avait plein d’enfants touchés par ce conflit parqués dans des camps gardés par des militaires et moi je passais tranquillement sans jamais être inquiété. C’est un pouvoir que j’avais  et c’était très dérangeant.

Dans la dernière histoire de UN3 illustrée par Pat Masioni, Jonathan Dumont raconte sa prise d’otage et à quel point cette experience l’a rapproché de ceux qui n’ont rien. Ta vie a t-elle été menacée ?

Dumont , lui c’est un vrai ! Moi je ne suis qu’un auteur de Comics. Tu sais, il y a toujours une chance que cela se passe mal, notamment en Irak où j’étais assez près des opérations de Daesh mais je ne me suis jamais senti en danger. Les héros, ce sont les humanitaires comme Jonathan Dumont qui acheminent des convois humanitaires au cœur du danger.

En tant que travailleur social, je me retrouves complètement dans tes interrogations sur ce que aider l’autre nous apporte. L’aide que fournit Leila est à la fois signifiante (elle organise le circuit des colis alimentaires) et dérisoire. Que ce soit la violence du Soldat Inconnu ou le Pacifisme de Leila, rien ne change…

Hum…Ma philosophie c’est que même si le combat est perdu d’avance, il faut se battre. Un combat perdu reste un combat.

Le vilain le plus fascinant depuis Magneto : Toyo Harada, une victime d'Hiroshima.  ©Valiant Comics

Le vilain le plus fascinant depuis Magneto : Toyo Harada, une victime d’Hiroshima.
©Valiant Comics

Ton vilain Toyo Harada est une victime d’Hiroshima, ses intentions sont nobles, il sauve l’honneur du tiers-monde, tente de renverser le capitalisme, lave les pieds des pauvres mais commet en même temps les pires atrocités. Essaies-tu de nous dire que rien ne peut changer ?

Harada reflète ma lutte interne. Il y a les conflits au Soudan et en Irak d’un côté et la ré-émergence du fascisme dans nos démocraties.  J’ai commencé à me poser de vraies questions sur la démocratie, ses failles et son mode d’expression.  Harada est né de ça.

Leila écoute patiemment les récits des victimes de Daesh ou de la guerre ou Soudan : l’écoutant est-il un nouveau Shaman, celui qui soulage l’autre de sa souffrance en s’en faisant le réceptacle ?

Oh, j’adore cette idée ! Ecouter, c’est guérir. Je n’aurais jamais pensé dans ma vie avoir des gens qui me fassent confiance au point de me raconter les pires moments de leurs vies.  Comme Leila mon héroïne,  tu as ensuite ce noeud qui est en toi, cette souffrance que tu partages. Il y a aussi ce folklore que j’ai entendu de nonnes bouddhistes  qui vivaient près d’un cimetière parce qu’il était réputé hanté.  Si les fantômes devaient posséder quelqu’un, c’étaient les nones qui s’offraient volontairement en sacrifice. C’est le boulot de l’écoutant, ou de chaque être humain de soulager l’autre de sa souffrance.

(Mon téléphone / dictaphone  est posé sur mon volume de Xmen à dédicacer est intitulé GHOSTS. Dysart s’esclaffe quand je le lui en fais remarquer la synchronicité.  » Tu as dû inconsciemment m’influencer ! »

HARBINGER met en scène un jeune Edward Snwoden (@). Si tu devais le réécrire aujourd’hui, il y aurait Greta Thunberg ?

Hé, super idée ! J’ai toujours voulu rendre la réalité de l’actualité dans mon écriture, @ vient de l’affaire Snowden effectivement. Vraiment, super idée, je l’adore !

Le soldat inconnu : le chef d'oeuvre de Dysart. Une parabole violente et sans concession sur le monstre tapi en chacun de nous. ©Vertigo

Le soldat inconnu : le chef d’oeuvre de Dysart.
©Vertigo

Déportation, enfants soldats, charniers, famine, tu es conscient que le lecteur lambda n’a pas forcément envie de se taper ça après une journée de travail…
N’as tu pas l’impression de prendre le comic-book et ton lecteur en otage ?

(Rires) Mes ventes d’albums auraient tendance à te donner raison (rires). Peu de scénaristes me semblent aussi engagés, c’est encore mon sens des responsabilités.

Tu es le  Bob Dylan, la Joan Baez, le Sting et le Bob Geldof des comics ?

(Rires) Oh non, jamais de la vie ! Ces gens ont eu de vrais impacts sur notre culture, je n’en suis pas là du tout. Dylan est un génie.  Je ne suis pas un « escapist », j’aime les gens, les comics sont souvent dans la représentation, moi je tente de faire de l’authentique. Je ne veux pas que Superman me sauve mais bien mes congénères.

Tôt ou tard HARBINGER finira par être adapté à l’écran. Attends-tu ce moment ou le redoutes-tu ?

On verra… L’intérêt pour moi serait vraiment financier (rires) . Actuellement, je ne gagne pas un radis…J’ai presque 50 ans, j’ai besoin de sécurité financière. Mais je vais te dire un truc: tant qu’ils me mettent le personnage de Faith dedans, une actrice capable de sauver le monde, là je serais fier, oui.

Le viol par Peter au début de l’histoire, ça passerait à l’écran ?

Je ne sais pas. Je n’ai jamais su si mon choix de raconter ce viol a été le bon. Encore une fois, j’ai essayé d’être réaliste : que se passerait-il si tu avais le pouvoir d’influer sur la personne que tu aimes ?  Mark Millar a fait pire que moi, hé Mark te vexe pas mais vraiment ta déontologie laisse à désirer (rires). (A ce moment, je sais que j’aime Dysart pour la vie- Ndr).
Ce que je fais vivre à Peter, c’est mon angoisse du pouvoir, du danger quand tu ne te sens pas aimé, de la masculinité. Je pense que le film JOKER que je n’ai pas vu traite aussi de ça.
Je sais que beaucoup de lecteurs ont lâché l’affaire à cause de ce chapitre. C’est l’histoire de ma vie (rires).

La fin d'une trilogie commencée il y a 11 ans. ©Bliss Comics

La fin d’une trilogie commencée il y a 11 ans.
©Bliss Comics

As-tu été contacté par DC Comics ou Marvel ?

Si Marvel venait me chercher pour écrire les Xmen, et je ne vois aucune raison pour que ça arrive, je serai franc avec toi, je serais incapable de refuser ! C’est le moyen idéal d’attirer de nouveaux lecteurs vers mon travail. Si j’avais, ne serait-ce que 10 nouveaux lecteurs pour lire ma nouvelle histoire GOODNIGHT PARADISE qui traite des SDF, ce serait un succès.

Les films de Super-Héros monopolisent l’industrie du cinéma. Pense-tu comme Roger Waters, que notre civilisation se divertira jusqu’en crever ?

J’adore tes questions , je me rappelais de toi tu sais ? (Alors qu’arrive mon heure de gloire, Nicolas, l’attaché presse, nous indique que l’heure tourne, il ne reste que 10 minutes, pas grave j’y arriverai -Ndr)
Euh…Je crois toujours en nous, en l’homme. Si nous devions nous amuser jusque la mort, ce serait déjà arrivé.  Ce qui a changé à mes yeux, c’est le réchauffement climatique. Par le passé nous pouvions nous dire que nous avions tout le temps du monde pour changer les choses. Ce n’est plus le cas.  Si nous ne ressaisissons pas, c’est foutu et jamais les sociétés n’ont jamais été si fracturées. Après la seconde guerre mondiale, rien n’était facile, mais de nombreux traités de paix ont permis une certaine stabilité pendant des années. Ce n’est plus le cas, le nihilisme nous guette. Ma réponse aurait été plus optimiste il y a des années.

N’y-a-t-il pas une certaine ironie à discuter ici de la pauvreté dans le monde au Comic Con, un grand supermarché de la consommation ?

Parfaitement, la fantaisie permet de nous enfuir mais aussi de nous désintéresser de ce qui se passe ailleurs. Ce qui explique que je reste tout seul dans mon coin avec mes comics (rires).

Le comics de ceux qui ne sont rien... ©TKO Editions

Le comics de ceux qui ne sont rien…
©TKO Editions

LA VIE ET LA MORT DE TOYO HARADA sort prochainement pour clore ta trilogie Valiant. Tu nous en parles ?

Sans trop spoiler, c’est ma dernière histoire pour Valiant, la fin d’un cycle commencé il y a 11 ans. Nous avons commencé avec les héros et nous finissons avec le vilain  après avoir exploré les parts d’ombres et de lumières de chacun d’entre eux. C’est la fin de ces personnages et mon ultime réflexion sur l’auto-gouvernance.  J’espère que tu vas aimer.
Je voudrais juste te parler de GOODNIGHT PARADISE, c’est seulement en VO pour l’instant et ça raconte mon experience avec les sans-abris de Los Angeles, il y a 17 ans.   J’en suis très fier.

Est-ce que, comme Joe Kubert dans FAX FROM SARAJEVO, tu irais jusque dire que les comics peuvent sauver des vies ?

Certainement, les comics peuvent changer la vie d’une personne. Le monde ? Nous sommes dans le mythe du super-héros et, si le super-héros véhicule plein de choses formidables, il peut-être aussi dangereux. Ce n’est pas tant les films mais le pouvoir de la fantasy dont je te parlais.  Les super héros détruisent alors que c’est à nous de construire.
Le héros, le vrai doit faire des sacrifices, la société humaine est basé sur des sacrifices.
C’est facile pour Spider-Man d’aider les faibles, car il est fort. C’est plus difficile pour les faibles et les déclassés de s’entraider.   Je ne veux pas dévaloriser les super-héros mais mes histoires privilégient des personnages sans supers-pouvoirs . La complexité du super héros est qu’il doit protéger les gens de menaces toujours exagérées. Il devient à son tour une menace mais nos menaces à nous, ce n’est pas une invasion alien, mais bien le fascisme de nos sociétés.

 L’interview se termine et clôt un moment d’alchimie entre Dysart et moi assez grisant. S’il existe des miracles que produisent les comics, c’est bien celui de rencontrer un type dont l’écriture restera à jamais gravé dans ma mémoire : je lis la fin d’Harbinger sur une plage en Croatie. Ma fille apprend à nager dans l’océan et mon fils dans le ventre de sa maman. Je suis ému aux larmes par les destins croisés de Peter et Toyo et pousse un très rare : »Whouah » en relisant le livre dans la foulée.  Une petite foulée qui, à force d’un travail acharné me conduit à ce moment et à présenter Luna à Dysart ; mon enfant, qui, on l’espère ne devra pas nager dans une banquise d’un monde qui fond comme neige au soleil ; les amateurs de IMPERIUM apprécieront…

Josh, arrête de parler, l'interview est finie !  ©Patrick 6

Josh, arrête de parler, l’interview est finie !
©Patrick 6

The Johsua Dysart Interview in English – Paris, the 26/10/19

Uncut Version


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La BO du jour : impossible au vu de l’engagement de Joshua Dysart de ne pas penser à celui de Balavoine, son humanité, sa générosité et son talent intact 30 ans après sa mort.

43 comments

  • Nicolas  

    Hello! J’ai laissé des commentaires un peu hard sur FB dus à mon ressenti par rapport à la Comic Con et ce genre de manifestations en général, mais cette interview était bien menée et le comics UN3 me parait intéressant, j’y viendrais sans doute un jour.

  • Présence  

    Magnifique interview qui permet de prendre conscience de la personnalité de Joshua Dysart. J’aime beaucoup ses réflexions sur la position privilégiée de l’occidental blanc par rapport à une grande partie de la population mondiale. Le développement sur l’écoutant est incroyable, que ce soit sa fonction de prendre une part de souffrance, ou la comparaison avec le shaman. Bravo pour les questions.

    En lisant cette interview, je me demande de quoi vit Joshua Dysart. Ce n’est pas les quelques comics qu’il écrit qui peuvent assurer un revenu suffisant.

    Ma philosophie c’est que même si le combat est perdu d’avance, il faut se battre. – J’aime beaucoup cette philosophie. Elle me rappelle la légende du colibri.

    Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu !  »

    Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

    Bon, il faut que je me débrouille pour trouver Goodnight Paradise.

    • Chip  

      Le côté agaçant de la parabole du colibri, c’est qu’il est assez souvent utilisé pour réduire une problématique globale à une question individuelle (par exemple : fait pipi dans ta douche et trie tes ordures mais sinon ferme-là tout va bien).

      Je contrepropose donc une citation d’Angel (même si l’étoile de Whedon a bien pâli) : « If nothing we do matters, all that matters is what we do ».

      Du coup on n’a pas l’air con à commenter un blog.

      • Eddy Vanleffe  

        Mais non l’étoile de Whedon n’a pas pâli: je vais citer Doctor House « Pourquoi juge t-on les gens sur ce qu’ils ont fait de pire?  »
        il parait qu’il va faire une série staempunk sur HBO…

        • Chip  

          Disons qu’il était il y a peu à la fois de maître du monde côté geekosphère et du mainstream avec Avengers.

          Et avec tout l’amour que je peux avoir pour lui, enfin au moins ses oeuvres, j’avoue que certains de ses tropes viellissent d’autant plus mal qu’il ne semble pas vouloir en changer ou les traiter différemment.

          Respect éternel néanmoins.

          • Eddy Vanleffe  

            tout vieillit, c’est sûr, mais bon sans le porter aux nues, j’ai vu les fans lui reprocher quoi?…
            Justice League? et c’est finalement un peu court, surtout pour un truc qu’il n a fait que terminer…
            l’échec de ce film a trois coupables
            1- Snyder qui s’est barré en laissant un projet qui voulait plus faire du « ANTI-MARVEL »que faire un film
            2- Le studio qui a fait dans son froc et opéré un virage à 180 degrés
            3-Whedon qui est arrivé pour mettre des blagues à la Marvel
            mais au final j’ai revu son Ultron..bien sûr c’est brouillon, c’est peu original mais c’est un vrai film de Avengers où il ne manque que le Fauve et Simon Williams pour se retrouver dans les années 70 et aussi le dernier film où l’on vu le vrai Hulk et pas un clown qui cabotine…
            Une série sur HBO, je demande à être surpris…

  • Eddy Vanleffe  

    J’aime beaucoup le travail de Monsieur Dysart qui ne fait pas semblant de mouiller le maillot…
    UN3 est une preuve…
    Même si je ne suis pas hyper client en générale du discours ‘occidental privilégié « parce qu’il a tendance à occulter que « privilégié » ne concerne pas tout le monde en occident, quand je vois tous les retraités incapables de subvenir à leur besoins alors qu’ils ont bossé plus que nous….
    j’admire sa capacité à ne pas oublier ses convictions quand il écrit…
    sa trilogie Valiant est un très beau comics et je sais que je vais me faire la dernière partie en fin d’année…

  • Ben Wawe  

    Très belle interview. Bravo.

  • Tornado  

    Un vrai crève-coeur cette interview. Ça fout quand même le moral à zéro de voir qu’un auteur aussi intègre gagne des clopinettes, tandis qu’un type comme Jason Aaron, au moins aussi doué que lui, a vendu son âme à Marvel plutôt que de se concentrer sur ses propres créations. Je serais curieux de voir Dysart sur les X-men, rien que pour voir s’il serait capable d’imposer son intégrité.

    • Matt  

      Mais qui te dit que ça lui plait pas à Aaron ce qu’il fait pour Marvel ?
      C’est pas parce que toi t’aimes pas que le mec est bridé et ne fait pas ce qui lui plait^^
      Il est encore sur son Thor non ?

      Et ça a beau être triste, c’est partout pareil. ça n’a jamais enrichi non plus de faire du ciné indépendant. Faut pas s’étonner que certains mecs comme Gareth Edward qui a commencé avec un tout petit film fauché comme « Monsters » n’ait pas dit non aux blockbuster comme Rogue One ou Godzilla.
      Après certains ont les grosses boules parfois. Comme José Padhila qui a décrit son expérience aux commandes du remake de Robocop comme sa plus désagréable expérience en tant que créateur. Il a été dépossédé de son film, n’a pas pu faire ce qu’il voulait ni rien.
      Je pense qu’en comics t’es malgré tout plus libre (sauf si un event se pointe au milieu de ton run)

      • PierreN  

        « Il est encore sur son Thor non ? »

        Oui, jusqu’à la fin de l’année.

        • Présence  

          Oui, j’ai lu tout ce qui est sorti pour le moment. Il reste dans ma pile War of the Realms, l’épilogue de la série Thor et la minisérie finale par Aaron & Ribic en cours de parution.

          Je n’avais pas aimé les premiers épisodes dont je me suis aperçu après coup que je n’avais saisi l’intention. J’avais d’ailleurs laissé tomber après 2 tomes, pour ne reprendre que plusieurs années plus tard. Avec l’arrivée de la Thor féminine, mes notes oscillent entre 4 et 5 étoiles par tome. En cherchant sur le site, je m’aperçois que mon commentaire pour les débuts de Thor femme date de… 2015 !!! Plus de 4 ans. Il y a des passages magnifiques. Vraisemblablement, Jason Aaron a pu rallonger la sauce à sa guise en fonction du planning prévisionnel pour le placement de War of the Realms, par rapport aux autres crossovers. Cette liberté a eu du bon (des passages inattendus avec l’entité Phénix par exemple), et un peu d’exaspérant (une guerre des royaumes qui s’est fait attendre un peu plus que de raison).

    • Eddy Vanleffe  

      Effectivement ça pose question tout ça…
      Bosser pour Marvel et DC quand on est auteur de comics n’est pas nécessairement « vendre son âme » mais il faut savoir bien doser. Après tout Alan Moore est aussi applaudi pour ses swamp thing que pour ses Watchmen… Claremont a sur faire des X-Men ses interprétés au point de l’avoir bouffé…
      Garth Ennis parvient à faire faire de bonnes choses en mainstream contrairement à ce que tout le monde pense (et là je pense à ses Demon-Hitman-Punisher Marvel Knights…)
      par contre un Bendis a vraiment « disparu » dans un bordel putassier tel qu’il ne restait plus que cette obsession de la « diversité » et du buzz en plein milieu des Events… et même là à force de lâcher des comics out ou des jeunes issues de la diversité comme un cheveu sur la soupe, il presque généré la répulsion pour ce genre de « plot twist » nuisant au truc….
      il recommence chez DC j’ai l’impression au vu de son actualité…
      que reste-il de l’auteur de Powers et de Jinx?
      Aaron? je ne sais pas, je ‘arrive pas à le cerner, j’ai pas lu assez de lui et il ne parvient pas à m’intéresser… j’aime pas son style Marvel et ses titres persos, ben je les confionds avec des Azzarello…^^

  • Tornado  

    Quand je lis le Aaron en creator own et que je lis ses Marvel, pour moi ce n’est pas du tout le même auteur. Je sais que des gens très bien adorent ce qu’il fait pour Marvel. Mais pour moi qui suis fan de son boulot en dehors, je trouve que ses travaux pour Marvel, c’est de la belle fiente.

  • Matt  

    L’interview est intéressante mais si je peux me permettre, il y a un sous-entendu qui ne me plait guère (venant surtout de la part de notre redac chef, mais qui trouvait bien écho chez Dysart^^)

    « Pense-tu comme Roger Waters, que notre civilisation se divertira jusqu’en crever ? »

    Il y a dans cette question, et dans cette idée que les menaces qu’affrontent les super héros ne sont pas assez réelles, un truc qui me dérange : sommes-nous obligés de lire du réaliste triste ? Est-ce mal de s’évader un peu ? Oui, il y a de la misère, mais on a aussi nos propres problèmes, et pas forcément la force morale de s’impliquer trop dans les problèmes des autres (ou alors on le fait peut être déjà pour des membres de notre famille, donc les SDF ou réfugiés…)

    bref il y a un côté culpabilisant que je perçois et que je n’aime pas. Genre « lisez des vrais trucs importants », « bougez vous le cul pour les pauvres gens » A un moment faut arrêter la culpabilisation hein. On peut toujours trouver pire mais on a peut être aussi nos emmerdes perso complexes, et on peut avoir envie de lire de la fantasy ou autres trucs purement divertissants plutôt que de passer notre vie dans les représentions réalistes de la Shoah ou autre trucs du genre.

    Je ne me considère pas comme un connard qui ignore tous les problèmes du monde, mais je pense déjà que si je fais un truc simple comme faire un don à une organisation humanitaire, je ferais plus de bien que certains qui ne font rien du tout, et je ne vois pas en quoi je devrais me sentir obligé de lire ou regarder des œuvres fictives qui ne font que traiter de la décrépitude de la société en évitant le divertissement léger.

    • Chip  

      Ca m’a un peu fait tiquer aussi, j’y vois la pointe lancée par l’idéaliste blessé, le côté punk peut-être? Ou alors le côté pascalien, mais j’espère que pas.

      Attention grands mots : le concept de Nature Humaine est bien galvaudé, pour faire passer comme universelles des constructions intellectuelles et sociales contingentes, temporaires, alors qu’on sait que malheureusement l’homme peut s’adapter à à peu près tout.

      Mais on a un certain nombre d’invariants : un enfant a besoin d’amour et de communication, il est capable d’apprendre n’importe quelle langue suivant là où il grandit, et il a besoin d’histoires. Ce besoin de narration ne disparaît pas en grandissant. Nous sommes les Singes Raconteurs.

    • Jyrille  

      Je rejoins Chip pour le besoin en histoires. Pour la culpabilisation (j’en suis pétri, surtout vu là où je travaille et comment je vous dépasse amplement en empreinte carbone tous les jours), j’ai trouvé une solution : je file 7 euros par mois à la Croix Rouge.

  • Matt  

    Et en plus si je veux lire du sérieux réaliste, je l’ai déjà dit : je ne lis pas du super héros. Je lis Scalped, je lis Prophecy, etc.
    Du coup je ne culpabilise pas de lire du super héros pas réaliste du tout. Je n’y cherche pas la même chose, donc ça ne me choque pas tant que ça que ce ne soit pas réaliste.

  • Matt  

    Et je pense que Bruce est bien placé pour le savoir : dans nos belles sociétés « stables » avec 3 repas par jour, il y a aussi des gens dans la merde. Sans aller forcément les chercher en Afrique ou dans la rue.
    Ce sont quand même les gens qui ont une situation stable financièrement et une vie de famille heureuse qui se disent « ah là là on est bien ici quand même, pensons à ces pauvres africains »
    Oui bon vous savez qu’à 2 pas, vous avez peut être votre voisin qui est seul depuis toute sa vie, qui n’arrive pas à avoir un boulot stable, qui est endetté, avec des proches malades et qu’il a lui même une santé fragile ? On attend quoi de lui ? Qu’il verse de l’argent de son RSA pour les pauvres en Afrique ? Et il fait quoi après ? Il se suicide parce qu’il a plus rien ?

    • Eddy Vanleffe  

      je crois que Joshua ne dit pas le contraire, d’ailleurs sil insiste à la fin sur le titre qui parle de SDF de Los Angeles « Goodnight Paradise ».
      je pense aussi que le comics a besoin de gens comme lui pour réinjecter du sens…pas partout et tout le temps bien sûr mais il est un peu seul en ce moment…
      le fait d’être engagé aujourd’hui dans les comics, c’est faire montre de « progressisime », c’est à dire d’afficher des opinions béates à tout propos et surtout sans AUCUNE INCIDENCE sur le bon déroulement capitaliste des choses…
      bref l’imposture d’être un SJW et croire (surtout faire croire) que c’est de la politique.
      Dysart s’attaque à des fonctionnements et des pensées politiques en les confrontant sans se cacher à des trucs concrets comme la pauvreté.
      Il y a eu un débat il n’y a pas longtemps Marvel a eu ce débat de savoir si les comics devaient être politiques ou pas…C’est une vaste blague, parce que ça faisait longtemps qu’ils n’en faisaient plus du tout au sens « global » du terme. il montraient des minorités sous un jour positif… mais c’est de la politique ça… c’est juste normal… c’est le boulot même que d’écrire des persos réalistes et attachants, j’ai envie de dire que c’est le minimum…
      mais au délà de ça? que dalle?
      Brubaker a dit des trucs sensés, Ennis aussi…
      bien que verbeux et acceptant les limites du mainstream, Claremont a réussi le tour de force de rendre un comics de fantasy extrêmement politique en suivant l’actualité et en « dé-manichéanisant » totalement sa série avec un traitement unique de son super vilain…

      • Matt  

        Oui mais là j’suis d’accord.
        Mais après dans l’interview j’ai ressenti cette idée qu’un comics qui ne serait pas politique n’aurait pas lieu d’être.
        Eh oh faut pas pousser ! On peut bien lire du « Hulk vs The thing » de Starlin et Wrightson si on a la tête à ça^^ et sans pour autant être un gamin débile qui se fiche des problèmes du monde.

      • Bruce lit  

        Oui, Eddy , c’est tout à fait ça.
        Avec sans doute Nick Spencer chez Marvel, j’ai apprécié que Dysart fasse partie des auteurs qui n’abandonnent pas le volet social des comics qui nous ont tant marqués. Je ne pense pas qu’un comics doive être politique ou pensé comme tel par un éditorial. Ca va nous donner des conneries comme « hey, untel ou untel » est XXXsexuel, brodons une histoire autour. Je préfère quelque chose de pensé, vécu,engagé.

        • Eddy Vanleffe  

          Totalement!

          pour reprendre un peu tes mots, Je préfère un comics « social » qu’un comics « progressiste »…
          juste pour ce rapport très fin que le premier a avec la réalité alors que le second ressemble à un nouveau pensum qu’on assène parfois sans histoire pour l’appuyer…

          oui Nick Spencer est totalement capable d’avoir un discours intelligent sans oublier le divertissement. il lui manque plus qu’un sens de l’épique pour avoir des histoires qui marquent durablement…
          chez Marvel, je pense qu’on vit des nouveaux 90’s…c’est à dire que leurs tropismes seront la risée du web dans 10 ans… .

          @Matt,
          je peux lire les deux genres de comics sans aucun du problème. le seul truc qui me fait reculer, c’est ne pas être respecté par le scénariste, d’où ma « distance « avec Bendis… je trouve qu’il ne respecte pas LE lectorat, ‘écrivant que pour « SON » lectorat…
          il a pris le réflexe d’arriver en terrain conquis, il balance son intrigue (qui peut être bonne) sans rien introduire et quand un lecteur demande des comptes (il a payé) il a droit à la réponse :c’est comme ça, réactionnaire, il faut vire avec ton temps!
          a l’inverse Quand Scottie Young fait des trucs « drôles », j’ai envie de lui envoyer les Figure Replay de JP pour qui’l voit comment on amène un gag ou comment on peut faire plusieurs registres d’humour en une seule page…
          dans les deux cas, j’ai l’impression qu’on ne me « respecte » pas… je tourne les talons…

  • Matt  

    En plus il y a quand même un paradoxe à te faire culpabiliser de te divertir quand t’as acheté un comics . ah ben j’en achète plus alors, et les auteurs ne gagneront rien mais après tout, c’est pas mon problème^^
    Si t’as des sous pour acheter des comics déjà…t’es pas dans la pire situation du monde. Si dans le comics que t’as acheté, on te dit que c’est ridicule de lire des BD et qu’il faudrait mieux donner aux œuvres caritatives, de qui on se moque là ?

    J’ai un pote qui donne tous les mois à des organisations, il est très impliqué. Et il ne s’achète quasiment jamais rien à part de quoi s’habiller, ou des partitions de musiques. Il regarde parfois des séries à la TV, mais ne dépense rien en BD, CD, ou DVD. Le truc de fou, c’est vide chez lui^^
    Bon bah il me reproche pas de m’acheter des BD non plus. Ou de lire des trucs marrants. Au contraire il me dit même que vu mon moral, je devrais me mater plus de trucs comiques^^
    Enfin bref être impliqué dans les bonnes actions, ça veut pas dire qu’il faut se bourrer le mou de tragédies.

  • Matt  

    Et c’est en partie pour ça que je n’aime pas les oeuvres naturalistes hyper réalistes. ça ne propose pas de spectacle ou d’idées conceptuelles originales, ça raconte juste de manière simple et froide des trucs réels en te disant « nous, on parle de vrais trucs importants, regardez, on n’est pas une connerie de BD de divertissement, on explique la vraie vie »
    Bah va chier, j’ai déjà les infos pour ça^^ A la télé ou à la radio. Pas besoin d’une BD à 30€ qui me fait la morale.

  • Bruce lit  

    @Présence (et tous les membres de l’équipe volontaires) : il me serait très facile désormais de vous obtenir une carte de presse. Avouez que ça le ferait : plusieurs interviews simultanées pour le blog. J’ai tenté celle de Claremont, mais tout dépend de quel stand dépend l’artiste. Tout est une question de contact. J’y travaille. Je sais être intarissable sur Claremont nettement moins sur Starlin ou Thomas.

    @Nicolas : oui j’ai lu ton CR amer ce matin du Comic Con. Il ressemble, peu ou prou à ma première expérience. Tout dépend de que tu en attends. Pour ma part j’y trouve un équilibre entre la chasse aux signatures des stars et les rencontres des auteurs indépendants : Dysart, Cafu, Masioni.

    @Benjamin : Merci, Top chef !

    @Eddy : je n’aime pas non plus la moralisation à outrance (je vais développer dans ma réponse à Matt). Cependant, le fait que ce discours vienne d’un américain et texan de surcroît, d’un pays connu pour son imperialisme et où l’aide sociale n’est pas la même que la nôtre, me rend plus conciliant.

    @Tornado : ça manque de Karaté mais pas d’actions, en tout cas dans LE SOLDAT INCONNU ou HARBINGER. Sur Jason Aaron, je partage ta frustration de ne pas le lire en Indie. Je crois que le volume 2 de GODDAMNED est sorti en VO.
    Sur le financier, le sort de Joshua ne me semble guère plus enviable que 80 % de nos auteurs de BD qui crèvent littéralement la faim. Je peux désormais comprendre qu’une exposition médiatique film, série ou DA peuvent mettre des épinards dans le beurre d’auteurs fauchés…
    Je n’oublie qu’en leur temps, Miller, Moore ou même Gaiman ont signé sur du Spawn ou avec du Liefeld. De ce que j’ai pu en observer il y a des auteurs comme David Mazzucchelli qui peuvent se permettre de devenir indépendant après leur passage en caisse.
    Notre idéal d’indépendance ne résiste pas pas souvent aux affres de la réalité. Gainsbourg a bien écrit pour Dalida, Joëlle Ursulle ou Dario Moreno

    @Matt : Je comprends tout à fait ta réaction, mais d’autres questions vont d’avantage dans ton sens :
    « Déportation, enfants soldats, charniers, famine, tu es conscient que le lecteur lambda n’a pas forcément envie de se taper ça après une journée de travail…
    N’as tu pas l’impression de prendre le comic-book et ton lecteur en otage ? »

    « N’y-a-t-il pas une certaine ironie à discuter ici de la pauvreté dans le monde au Comic Con, un grand supermarché de la consommation ? »

    Les réponses de Dysart correspondent à ma vision des choses : il est possible de divertir par le biais de médiums populaires. Si ENDGAME a si bien marché, c’est aussi parce qu’il met en scène une solution -radicale- au problème de la surpopulation mondiale.

    Alors je te rassure Matt, après une journée de boulot, je ne me jette pas non plus sur le 1er reportage autour du 1er génocide en cours et ai envie aussi, comme toi, de penser à autre chose.
    C’est cet autre chose que Dysart évoque ; en avons-nous encore le temps, le luxe ou le loisir ?
    c’est une question très agressive et angoissante j’en conviens.

    Ma sensibilité fait que la SCIFI ne m’a jamais intéressé pour ces raisons justement : à quoi bon rêver d’autres mondes quand le nôtre a tant à offrir ? Je regardais Elysium hier soir et nous sommes encore dans une société fictive où les plus pauvres sont dominés par les riches : autant dire qu’en terme de dépaysement et d’imagination on en peut pas dire que ça vende du rêve.

    Pour le reste, je suis, comme beaucoup en lutte interne avec moi-même , en conflit entre ce que je fais depuis 20 ans : aider les autres et sans doute, usé, amer, dépassé par le fait que d’avoir sauvé tant de personnes de manière individuelles n’a rien changé dans le grand ordre des choses. Spider-Man peut sauver une petite mamie des griffes d’un malfrat, si Galactus se pointe et détruit tout, ça ne change pas grand chose cette bonne action…

    C’est cette rage muette, cette impuissance et cette question que je me pose tous les jours (en ai-je assez fait pour laisser à mes enfants un monde meilleur) que tu retrouves en filigrane tout au long de cette interview, effectivement.

    Balavoine résumait très bien ça : Toute la misère du monde n’est rien à côté d’un Adieu.

    • Matt  

      « Ma sensibilité fait que la SCIFI ne m’a jamais intéressé pour ces raisons justement : à quoi bon rêver d’autres mondes quand le nôtre a tant à offrir ? Je regardais Elysium hier soir et nous sommes encore dans une société fictive où les plus pauvres sont dominés par les riches : autant dire qu’en terme de dépaysement et d’imagination on en peut pas dire que ça vende du rêve. »

      La SF a toujours été un moyen de mettre en garde. 1984 est un truc visionnaire dont on se rapproche. ça n’a jamais été conçu pour vendre du rêve, mais là aussi pour extrapoler sur des problèmes pour les dénoncer sans viser quelqu’un de précis. Etonant que ça ne te parle pas tant c’est exactement ce qu’a fait Claremont avec les X-men pour pointer du doigt les problèmes raciaux.

      Ensuite…il y a des trucs de SF plus positifs. Tiens bah Star Trek ou Yoko Tsuno^^

      « Spider-Man peut sauver une petite mamie des griffes d’un malfrat, si Galactus se pointe et détruit tout, ça ne change pas grand chose cette bonne action… »

      Pour ton karma ça change^^ Enfin…disons que tu as la satisfaction personnelle d’avoir fait quelque chose. ça compte dans une vie. Personne n’a le pouvoir de tout changer individuellement.

      Bon ton explication me rassure un peu^^

      • Jyrille  

        Plus que 1984, je pense qu’on est en plein MEILLEUR DES MONDES de Huxley. Mais pour la SF, je suis complètement d’accord avec toi Matt.

    • Matt  

      Mais en plus des problèmes graves traités dans la SF? tu as une part de divertissement avec le monde imaginé.
      C’est ça qui m’intéresse moi quand tu insères des propos sérieux et critiques : c’est les enrober dans un emballage SF qui propose autre chose et fait travailler l’imagination. Si t’enlèves tout ça et que tu gardes juste la description d’un problème actuel, ben t’as l’impression de juste lire un compte-rendu de débat sur ARTE en BD…youpi !

    • Bruce lit  

      Le prochain Défi Nikolavitch vous passionnera je pense et aura pour point de départ mon allergie à ce genre.

      • Matt  

        ouais enfin je crains le propos orienté de ta part aussi^^ Rien que dans la question déjà.
        J’espère que Niko a une super réponse^^

    • Jyrille  

      C’est marrant Bruce, je n’ai pas du tout la même vision de la SF que toi. Pour moi, la SF, c’est avant tout Philip K. Dick, soient des problématiques sur la perception de la réalité, l’origine de l’humain, le questionnements sur les robots, les prémices du cyberpunk, et des oeuvres politiques et sociales fortes (il faut absolument lire LA VERITE AVANT-DERNIERE, je l’ai lu il y a quelques années pour la première fois, une claque monstrueuse). La SF est pour moi un moyen de parler de notre société et d’interroger nos actions. Du même K Dick, LE MAITRE DU HAUT CHATEAU marque considérablement, et la série en cours sur Amazon Prime est très bien (j’en suis en plein milieu, et la saison 4 vient de démarrer… misère). Mais il n’est pas le seul et même dans la série SILLAGE (je me suis arrêté au tome 12 mais le numéro 20 vient de sortir avec une superbe couverture) tu trouves ce genre de problématique.

  • Chip  

    C’est vraiment cool, mauvais choix de terme, disons alors « bien » d’avoir pu interviewer Dysart. Au-delà du rapport au réel de ses comics, j’admire le fait qu’il arrive à respecter ses personnages et leurs motivations sans tomber dans la caricature, ce qui n’est pas gagné quand ton matériau de base c’est une trame à la X-Men / Magneto. C’est un trait que j’apprécie énormément chez le faiseur de best sellers de Fantasy Brandon Sanderson aussi, et je trouve que ça contribue à ancrer le récit dans une humanité qui contrebalancer les excès des genres.

    C’est aussi un des points forts de Valiant d’avoir permis aux auteurs d’amener une vision d’auteur dans un cadre un peu partagé mais pas trop. En revanche quand je vois ce que peut donner un virage éditorial (Harbingers Renegades qui pisse sur Generation Zero), j’ai mal au coeur. Et le changement de direction et de stratégie (hollywood) de cette maison me fait un peu peur. Mais bon, dans le pire des cas, ça aura fait un bon paquet de bonnes histoires, c’est déjà beaucoup.

  • Matt  

    Bon mais sinon Harbinger c’est vraiment pas si bien que ça^^ (mode troll)
    Laisser tomber les héros en prison comme des cacas pour décider de s’intéresser au méchant…et sans finir l’intrigue principale…non, ça m’emmerde moi.
    Et en effet le viol du début…
    Ok le rapport au pouvoir est bien vu, mais c’est peut être un peu trop radical comme choix si t’as prévu de faire de ce mec le perso principal que tu dois suivre sur X épisodes…
    la forcer à se déshabiller au pire…et arrêter avant le pire.
    Enfin j’sais pas…moi j’ai revendu ce bidule pas fini et finalement trop ancré dans une continuité à suivre.

    • Eddy Vanleffe  

      j’aime vraiment cette trilogie chez Valiant… j’ai pas encore le dernier volet mais je vais me le faire prochainement….
      C’est ce que j’appelle du mainstream intelligent
      les Joshua Dysart, Les Fred van lente et la trilogie Divinity c’est vraiment du bon matos…
      j’accroche moins au reste même si Bloodshot est un très bon perso 90’s…
      j’ai déjà dit tout ça à chaque fois qu’on cause de Valiant…
      il y a quelques mini séries qui sont sympa aussi comme War Mother et deux trois autres…

      • Matt  

        C’est quoi cette histoire de trilogie d’abord ?
        Bruce à vendu le tome Intégrale Harbinger de bois à comics comme un truc qui se suffit à lui même…ce avec quoi je ne suis pas d’accord. Il y a 2 autres trucs ?

      • Bruce lit  

        Ahem
        Toutes les chroniques HARBINGER sont de Présence, je n’en ai pas écrit une seule…
        1 / HARBINGER : un groupe de super héros improvisé s’oppose à Toyo Harada un bienfaiteur milliardaire qui veut rétablir une économe équitable quitte à massacrer tous ses opposants. Les Harbinger dévoilent son identité publique avant de se séparer. Nous ne verrons plus ces super héros mais Toyo Harada survit au conflit.

        2/ IMPERIUM : démasqué Toyo Harada déclare la guerre à l’économie capitaliste, construit un hôpital international pour les plus démunis et le premier ascenseur vers d’autres planètes accessible au tiers-monde. Pour contrer les forces qui s’opposent à lui, Harada s’entoure de super-vilains façon Thunderbolts.

        3 / Vie et Mort de Toyo Harada : l’engrenage parfait de Harada est grippé de l’intérieur et va sonner la perte du vilain le plus puissant depuis Magneto. Ou cette trahison était-elle déjà planifiée.

        A la fin de cette trilogie, l’histoire est TOTALEMENT terminée et l’on se rend compte que d’une simple commande commerciale (remettre à jour une équipe de Super Heros Valiant), Dysart a bâti une oeuvre personnelle impressionnant où le héros est le vilain.

        • Matt  

          Bon et d’après ce que j’ai compris, on ne revoit plus les héros après la taule.
          Parfait comme idée de les laisser en taule à se faire prendre le cul jusqu’à la fin de leurs jours. Ah j’avoue ça se voit pas souvent. Mais tant mieux en fait, j’ai pas aimé.

  • JP Nguyen  

    Congrats Mister Bruce !
    C’est très bien d’avoir une VF écrite et un enregistrement VO. J’ai lu une première fois l’interview puis je l’ai relue en écoutant la VO. On perçoit mieux le bon feeling entre vous. Dysart semble très affable et abordable.
    Pour UN3, pour aller dans le sens de Matt, j’aurais préféré un emballage avec davantage de fiction romancée plutôt qu’une approche trop naturaliste. En cela, bien que déjà très dur et cru, le Soldat Inconnu était plus réussi.

    • Bruce lit  

      @Matt,
      VIE ET MORT DE TOYO HARADA était en vente en avant première au comic con : la couverture est dans mes scans.
      Les Harbinger sortent de prison et Peter Stanchek revient sur terre dans un nouveau run que j’ai lu en diagonale pour les dessins de Darrick Robertson, les héros m’intéressant moins que l’écriture de Dysart. Je ne sais pas du tout ce qu’ils deviennent.
      @Jp
      Wow ! merci d’avoir écouté le Mp3, c’était une grand première pour moi ! Oui, nous avons été très complices avec Dysart.
      Je comprends que tu ne sois pas interessé par un JT en BD, je le répète, c’est tout naturel. J’ai le même réflexe surtout après des journées passées à faire du social, la dernière chose que j’ai envie c’est de me mater du Ken Loach.
      Une BD sur la guerre en Ouganda, un survivant d’Hiroshima ou sur les horreurs de Daesh ? Très peu pour moi ! Mais donnez-moi les noms de Joshua Dysart, Fabrice le Hennanf (sur la Shoah) et j’achète !

  • Kaori  

    Bravo Chef, très belle interview.

    Tu es un très bon écoutant et c’est pour cela que tes interviews sont si réussies.

    C’est très plaisant de pouvoir te voir réaliser tes projets, avec ton humanisme qui se transmet de l’un à l’autre chaque fois, c’est très beau à lire.
    Merci.

    • Bruce lit  

      Merci Kaori,
      Je pense être un bon Shaman, oui…

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