Jean Frisano : cet illustre inconnu- Interview Philippe Fadde

Interview de Philippe Fadde, biographe de Jean Frisano

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Un profil de biographe

Interview menée par  BRUCE LIT

1ère publication le 20/09/17- Mise à jour le 08/04/18

C’est une interview dont je suis très fier ! Pour son contenu et son histoire.  En juillet 2017, un lecteur laisse un commentaire tout sauf fade (sorry, pas pu m’empêcher) sur mon article de Portier de nuit. Il s’agit de Philippe Fadde et Mattie Boy reconnaît l’auteur de la biographie de Jean Frisano sortie chez Neofelis !

Gasp ! Frisano….L’idole des lecteurs de Strange, une sorte de Nino Ferrer et de Sixto Rodriguez à la fois : célébré et inconnu du grand public, placardé de son vivant, vénéré post-mortem. C’en était trop, il nous fallait en savoir plus ! Alors que Mattie Boy dévorait l’ouvrage dans la nuit et accouchait de l’article publié hier, s’entamait entre Philippe et moi un cache-cache estival entre juillet et septembre pour  s’approcher tel Icare Angel de ce diamant fou : Jean Frisano.

Je tiens à remercier ici Philippe qui a joué le jeu et m’a renvoyé du matériel rare et inédit pour l’iconographie (légendes incluses), Mattie Boy dont l’article m’a donné suffisamment d’éléments pour l’interview et JP Nguyen pour le scan du Strange annonçant la mort de Frisano. 

Séquence frisson et émotion.

Philippe, la coutume est de décliner ton identité secrète.

J’ai vécu dans le midi de la France dans une famille qui aimait l’art, avec un père qui, m’emmenait voir l’atelier des peintres et des sculpteurs. De César à Roger Chapelain-Midy, j’ai ainsi eu la chance de voir travailler de grands artistes. L’un d’eux m’avait beaucoup impressionné c’était Nello Cotignola, il avait notamment pour clients Carlo Ponti et Sophia Loren, on devait l’appeler maestro Cotignola et il voulait construire une immense maison à l’intérieur d’une colline. C’était une sorte de Salvador Dali version italienne. Certaines de ses toiles sont magnifiques et sa technique dans l’art du portrait est véritablement exceptionnelle. Je le voyais peindre une toile en seulement quinze minutes !
Quand vous êtes enfant, forcément ce genre de personnage et de souvenir vous marque. Je pense que j’ai développé une passion pour le dessin et la peinture en voyant le travail de ces artistes. Après des études de droit, pour lesquelles il s’agissait surtout de faire plaisir à ma famille, j’ai finalement décidé de me consacrer à ma véritable passion l’Histoire.

C’est ainsi que je suis devenu enseignant. Le cinéma est aussi une autre grande passion et je travaille actuellement à la rédaction d’un livre sur le sujet, mais c’est véritablement la BD qui semble sans cesse me poursuivre. Baignant dans la couleur de ce monde artistique et avec une naissance qui se déroule au même moment que la sortie du premier numéro de Strange j’étais visiblement bien parti pour aimer cet univers !
C’est cependant seulement en 1980, à l’âge de dix ans, que j’ai commencé à me plonger d’abord dans la lecture de Batman et de Superman puis de Strange. Une autre étape importante s’est produite en 1984 lorsque j’ai eu la chance de rencontrer l’équipe de Lug. Lors du dernier festival d’Angoulême, j’ai pu revoir Jean-Yves Mitton et lui donner des documents photographiques inédits de cette fameuse année 84. Il était très ému de se revoir jeune. A l’époque Lug était un des rares éditeurs qui pouvait nous offrir un assez large choix d’artistes du monde des comics et forcément on avait chacun nos idoles. Pour ma part c’était d’abord John Buscema, puis John Byrne et Gene Colan, mais à la place on était bien content de voir Jean-Yves Mitton, Ciro Tota ou Rémy Bordelet. Un seul manquait à l’appel, un certain Jean Frisano qui paraît-il ne se déplaçait jamais hors de chez lui. Bien dommage car c’était dans l’équipe française mon artiste préféré. Des années plus tard, j’ai pu rencontrer son fils, c’est devenu un ami et à partir de là j’ai commencé à lui poser des questions sur son père.

Il n’existe que trois peintures sur toile faites par Jean Frisano pour les éditions Lug, c’est dire leur rareté… Il cessa très vite de travailler avec ce procédé pour ne peindre que sur du papier ou du carton. Sur cette couverture, destinée à l’album le peuple des ombres, on peut admirer la beauté de son travail sur les éclairages.

Il n’existe que trois peintures sur toile faites par Jean Frisano pour les éditions Lug, c’est dire leur rareté… Il cessa très vite de travailler avec ce procédé pour ne peindre que sur du papier ou du carton. Sur cette couverture, destinée à l’album le peuple des ombres, on peut admirer la beauté de son travail sur les éclairages.

Pourquoi ce livre sur Frisano ?

Au départ avec Fred Stockman (Néofelis éditions) nous voulions simplement publier un article pour son magazine comics signatures mais très vite on est passé de l’article au livre. Sur Jean Frisano, il existait déjà un bon travail conduit notamment par Eric Vignolles, à une époque où il avait une certaine proximité avec Thomas Frisano, mais trop de questions restaient encore sans réponse et il m’a semblé que le temps était désormais venu d’en savoir plus.

Comment sa famille t’a accompagné dans ta démarche ?

L’aide de la famille Frisano était indispensable, je trouvais justement qu’ils étaient les grands absents du précédent ouvrage, à mes yeux la vie d’un artiste ne se comprend qu’à travers la connaissance de son milieu et le témoignage de ses proches. Je suis donc parti sur cette idée de donner la parole aux uns et aux autres et j’ai complété le tout avec de courts chapitres pour éclairer les principales étapes de sa carrière. J’ai pu compter sur l’aide de ses enfants comme de ses amis, tout le monde a fait en sorte de me dénicher le dessin ou le document dont j’avais besoin. Le livre à donc pris naissance par petits bouts, j’ai porté le projet mais ce fût un vrai travail collectif.

L’homme est adulé d’une génération de lecteur mais reste un inconnu 30 ans après sa mort. Quelles sont les difficultés rencontrées pour son biographe ?

D’une part la difficulté évidente à laquelle on se heurte dans un travail de ce genre, c’est de ne pas toujours trouver les éléments dont on a besoin. J’ai parfois regretté la perte de certains documents ou le fait que des collectionneurs ayant certaines pièces n’ont pu se joindre au projet. C’est frustrant mais c’est ainsi ! De toute façon, quoique l’on fasse, le puzzle n’est jamais complet.
D’autre part rien n’est simple quand il s’agit d’écrire sur la vie de quelqu’un, il subsiste toujours la crainte de le trahir à un moment ou un autre. Il est toujours possible, même en étant rigoureux, de se tromper sur un événement ou sur un trait de sa personnalité, du coup j’évite de trop en rajouter, je préfère m’en tenir à l’essentiel. L’avantage avec cette technique c’est aussi de laisser au lecteur la possibilité de se faire sa propre idée à partir des éléments qu’on lui donne.

Une peinture de Tarzan par Jean Frisano avec deux livres tirés de sa bibliothèque : Tarzan chez les fauves et Tarzan et l’empire romain de Edgar Rice Burroghs (édition 1970 diffusion Denoël) ainsi qu’un journal italien avec des histoires dans la Jungle. Typiquement le genre d’univers qui plaisait à Jean.

Une peinture de Tarzan par Jean Frisano avec deux livres tirés de sa bibliothèque : Tarzan chez les fauves et Tarzan et l’empire romain de Edgar Rice Burroughs (édition 1970 diffusion Denoël) ainsi qu’un journal italien avec des histoires dans la Jungle. Typiquement le genre d’univers qui plaisait à Jean.

Quelles sont les anecdotes marquantes concernant la vie de ce grand artiste que tu as découvertes ?

Je ne savais pas que John Buscema lui avait rendu hommage et j’étais vraiment heureux de savoir que deux de mes artistes préférés puissent mutuellement s’apprécier. L’autre anecdote qui m’a vraiment surpris concerne les détournements que faisait parfois Jean Frisano en parodiant les personnages qu’il devait dessiner. Je savais qu’il avait de l’humour mais là j’ai pu comprendre qu’il était aussi capable d’autodérision. Cette découverte n’a fait que renforcer mon estime pour lui car seuls les gens intelligents sont capables de se moquer d’eux-mêmes.

Dans ton livre, il semblerait que Frisano n’ait eu que peu de retour, voire pas de retour du tout sur la qualité de son travail, c’est fou non ?

Cette indifférence tient aussi au fait qu’autrefois tout était très différent, quand on pense que la plupart des artistes ne touchaient pas de droits d’auteur, et que leur travail ne faisait que rarement l’objet d’une attention particulière, on se disait juste qu’ils dessinaient bien et on ne cherchait pas à en savoir plus.
A l’époque j’ai croisé plusieurs artistes de grand talent, on était content de les voir mais ça s’arrêtait là. De plus dans le cas de Jean Frisano, le fait de rester à l’écart du système, ne l’a évidemment pas aidé. Cette absence de retour sur son travail c’est aussi parce qu’il mettait trop de distance entre lui et les autres. En outre Lug n’était pas véritablement un gros éditeur et Strange ne touchait pas forcément un public si large que cela. Je me souviens qu’au collège nous étions seulement deux, dans ma classe, à lire cette revue. Aujourd’hui internet peut donner une meilleure visibilité aux artistes et le cinéma a beaucoup aidé à populariser les personnages des comics, mais à l’époque on était plutôt une minorité à s’intéresser à tout cela.

Tu peux nous expliquer en quoi consistait son travail ? Pourquoi Lug l’a embauché ?

Son travail consistait à créer des dessins originaux pour les couvertures des petits formats, et il a rapidement marqué l’attention des éditions Lug parce qu’il travaillait à la couleur directe, alors que l’habitude était plutôt de faire un travail en noir et blanc sur lequel l’imprimeur rajoutait ensuite de la couleur. En outre la plupart des autres artistes n’arrivaient pas au même résultat que Jean Frisano dont les peintures avaient un côté captivant.
Rapidement Lug a donc décidé de l’employer pour faire les couvertures de ses meilleures revues. Quand Lug a pu obtenir la licence Marvel, Frisano était le mieux placé car il avait une quarantaine d’années et suffisamment d’expérience et de connaissance dans le monde de la BD pour mener un travail d’approche du public avec des couvertures très illustratives dans lesquelles il devait faire connaître ces nouveaux personnages venus des Etats-Unis.

Une autre illustration de Tarzan, réalisée cette fois à l’encre de chine, par Jean pour son plaisir personnel. Et si Lug avait pris la licence Tarzan ? Peut-être que Jean aurait tenté de nous faire une BD son héros favori.

Une autre illustration de Tarzan, réalisée cette fois à l’encre de chine, par Jean pour son plaisir personnel. Et si Lug avait pris la licence Tarzan ? Peut-être que Jean aurait tenté de nous faire une BD son héros favori.

Quel était son rythme de travail ?

Etant donné qu’à cette époque les artistes étaient très mal payés, ils devaient produire beaucoup pour espérer pouvoir gagner correctement leur vie. Jean livrait donc plusieurs couvertures, une demi-douzaine parfois plus encore tout dépend de la période. A partir de 1978 son fils commence son apprentissage à ses côtés puis il l’aidera à faire de nombreuses couvertures.

Pourquoi son travail n’était pas signé ?

Jean Frisano ne tenait pas réellement à la célébrité, il n’a jamais recherché les honneurs. Il faut aussi se souvenir qu’il avait quitté le monde de la bande dessinée en 1954, je crois donc qu’il ne se faisait pas trop d’illusion sur ce métier et sur les perspectives de réussite. Avec la naissance de ses deux enfants il n’avait plus vraiment le choix il fallait nourrir sa petite famille, il a donc repris son travail d’illustrateur BD mais sans faire de rêves de gloire.486

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La fin d’une époque

J’ai retrouvé chez JP Nguyen le Strange 217 qui annonce son décès de manière laconique. Et les lettres d’émotion qui survinrent par la suite. Te rappelles-tu de la tienne ?

A cette époque j’avais cessé de lire Strange, car j’étais moins en phase avec le contenu de cette revue. Je me souviens que ma dernière lettre remontait au Strange 207 (voir courrier des lecteurs) et en la relisant tu verras que certaines histoires me paraissaient assez médiocres, à l’exception des épisodes de Daredevil dont j’étais fan.

Sans vouloir rentrer dans le fait divers sordide, les raisons de son suicide ont-elles été identifiées ?

Un état dépressif, probablement aggravé par un sentiment de solitude qui devenait de plus en plus difficile à gérer. Il lui fallait un public pour ventiler ses propres angoisses mais avec la mort de sa femme, puis le départ de ses enfants et avec un travail dans lequel il finissait par s’enliser, je crois qu’il a perdu peu à peu le goût de vivre.

Les problèmes existentiels dont faisait preuve ce célèbre personnage de BD poussait Jean Frisano à se moquer de lui dans des détournements parodiques. Ici il le dessine rapidement au feutre avant d’y rajouter un commentaire humoristique dont il avait le secret.

Les problèmes existentiels dont faisait preuve ce célèbre personnage de BD poussait Jean Frisano à se moquer de lui dans des détournements parodiques. Ici il le dessine rapidement au feutre avant d’y rajouter un commentaire humoristique dont il avait le secret.

C’est émouvant de revisiter ce travail 30 ans après sa mort ?

Les émotions sont surtout venues après la publication du livre, en parlant avec Joop (un des meilleurs amis de Jean) lorsqu’il m’a complimenté pour le travail de recherche que j’avais mené. Par la suite j’ai également trouvé émouvant de voir des gens venir me serrer la main juste pour me remercier d’avoir enfin fait ce livre sur Jean. Les commentaires sur le net étaient aussi très touchants, on pouvait voir que cet ouvrage comptait beaucoup pour pas mal de gens. Ce fût aussi un bon retour pour l’éditeur qui a gagné en popularité et qui a bien bossé sur le livre lui aussi.

Quelles questions aurais-tu voulu lui poser ?

Sans doute sur la période de Vallauris. Entre 1959 et 1964 il part s’installer dans le sud de la France et tente de nouvelles expériences artistiques notamment en travaillant sur la céramique. La présence de Picasso (qu’il ne rencontre pas) et d’autres personnalités très médiatiques, les études sur de nouvelles formes de modernisme et d’expressionnisme, tout ceci est très différent du Jean Frisano artiste discret et artisan du monde de la BD que l’on connaît.

Thomas Frisano se souvient qu’après avoir vu ce dessin de Jimi Hendrix il demanda à son père s’il pouvait le récupérer afin d’en faire un transfert sur un T-shirt. Dommage que le Strange 100 n’ai pas eu la bonne idée de nous offrir un transfert de cette qualité !

Thomas Frisano se souvient qu’après avoir vu ce dessin de Jimi Hendrix il demanda à son père s’il pouvait le récupérer afin d’en faire un transfert sur un T-shirt. Dommage que le Strange 100 n’ai pas eu la bonne idée de nous offrir un transfert de cette qualité !

Avec l’éviction de DD de Strange et la mort de Frisano, certains abandonnèrent Strange. Comprends tu leur réaction ?

Ma réaction fût identique puisque comme j’ai pu le dire précédemment, j’avais également cessé de lire Strange moi aussi.

Les fragments de correspondance de Frisano laissent apparaître un caractère ombrageux….

Cela dépend, Thomas semble avoir eu plus de mal avec son père que sa sœur Sylvia. Je crois que la perspective de voir son fils se lancer dans le dessin ne devait guère enchanter Jean Frisano. En même temps Thomas a passé tellement plus de temps avec son père à travailler avec lui que forcément il devait aussi subir les humeurs de ce dernier. Cependant Jean était aussi très apprécié de tous pour son sens de l’humour. Le livre ne pouvait contenir toutes les photos mais certaines sont vraiment très drôles. Les jeux idiots qu’il faisait parfois en se moquant des auto-stoppeurs ou des campeurs, les blagues qu’il aimait faire à son entourage tout ceci démontre que ce n’était pas quelqu’un de triste ou de mélancolique comme j’ai parfois pu le lire. Plus tard avec le décès de sa femme il est devenu plus fragile, plus inquiet.

Dans le tome 2 de Rrelations publiques (aux éditions Glénat) le lecteur attentif ne manquera pas de remarquer ce personnage en train de lire, une façon élégante pour Thomas de rendre hommage à son père en le glissant dans une case de sa BD.

Dans le tome 2 de relations publiques (aux éditions Glénat) le lecteur attentif ne manquera pas de remarquer ce personnage en train de lire, une façon élégante pour Thomas de rendre hommage à son père en le glissant dans une case de sa BD.

Quelles sont tes couvertures préférées ?

J’ai une tendresse pour les couvertures des années 79 et 80 dont Jean nous dit dans sa correspondance qu’il est parfois très fier d’elles. Pour ma part elles m’évoquent la période où j’ai commencé à lire cette revue, alors forcément il y a une part de nostalgie dans cet avis. Cependant la couverture qui me semble le mieux refléter ce que fût le travail et la personnalité de Jean Frisano me semble être celle du Strange 42. Mettre en scène la ville de New-York avec des super-héros mais aussi une Fiat et une Simca, c’est assez fort ! Il le fait dans un subtil mélange de technique, d’humour et de tendresse aussi. La force des couvertures de Frisano c’est justement de rire sous cape de situations improbables et de savoir en même temps nous faire rêver avec des illustrations magnifiques. J’aime aussi beaucoup sa façon d’entretenir des résonances avec d’autres artistes, ses couvertures sur les grands formats des éditions Lug pour les albums sur Conan sont de toute beauté, il sait rendre hommage à Frank Frazetta et à John Buscema sans les trahir et tout en rajoutant ses propres idées. Il reste inclassable et unique pour cela.fis_5

As-tu eu accès à du matériel inédit ?

La plus grosse trouvaille concerne sa correspondance. C’était une envie que j’ai eu dès le début de la rédaction du livre. Je voulais faire parler Jean Frisano, du coup il me fallait ses lettres. Sans cela je crois que le livre aurait été incomplet. Dieu merci, certaines lettres ont pu être retrouvées à divers endroits et pour la première fois les lecteurs ont pu connaître les pensées de Jean et comprendre son état d’esprit. Une autre rareté c’est un bout d’essai pour un dessin de Spider-Man que l’on a offert en fac similé aux premiers lecteurs. La plupart des travaux préparatoires ont été jetés à la poubelle par la famille. Celui-ci est arrivé jusqu’à nous par miracle. Il date visiblement du début des années 70. Une autre belle trouvaille fût la découverte de deux cases de sa BD western, tout le reste ayant été perdu. Là encore c’était inespéré de retrouver ses dessins. J’ai aussi partiellement reconstitué ses essais pour le cinéma avec des dessins qui n’avaient pas été étudiés et pour lesquels il a bien failli changer de carrière. A la manière d’un Jean Mascii, il aurait pu lui aussi être un très bon affichiste pour le cinéma, mais cela ne s’est finalement pas fait. Les quelques affiches que l’on présente dans le livre et d’autres non publiées, sont donc les seuls vestiges de cet autre aspect du talent de Jean Frisano

Frisano a été le grand absent de l’expo Marvel aux Arts Ludiques. Il y’a de la matière ?

L’expo Marvel aux Arts Ludiques avait surtout pour but de mettre l’accent sur les artistes américains et c’est bien normal puisque ce sont leurs personnages. Pour Jean Frisano je travaille avec l’aide de sa famille sur une exposition mettant en scène ses illustrations. Il faut laisser le temps au temps, lorsque le moment viendra on pourra, je l’espère, voir tout ceci car effectivement il y a de la matière sur le sujet. En plus depuis la sortie du livre de nombreux collectionneurs se sont manifestés et je pense qu’il sera possible de réunir un très grand nombre de magnifiques couvertures pour offrir au public une vision d’ensemble de cette époque.

Frisano et la mort...

Frisano et la mort…

C’est quoi son héritage en 2017 ?

La texture du rêve, un certain lyrisme, la précision du détail et la douce chaleur qui se dégagent de ses peintures sont un véritable antidote au manque d’inspiration et à la grisaille que l’on voit trop souvent aujourd’hui. Le dynamisme de ses compositions artistiques est aussi un héritage qui est actuellement repris par de nombreux artistes. Savoir faire une couverture c’est tout un art et Jean Frisano est de ceux dont on peut s’inspirer.

Un dernier mot pour les lecteurs de Bruce Lit ?

J’espère qu’ils pourront lire ce livre et mieux apprécier Jean Frisano.
Certains artistes ont quelque chose de plus à nous apporter que la splendeur du beau. La beauté dans l’art ne comporte pas de mystère, elle n’est qu’affaire de technique, mais la sensibilité par contre reste une énigme. Et merci à toi et toute ton équipe. Et bien sûr à la famille Frisano.

Ma cover préférée de Strange

Ma cover préférée de Strange

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Jean Frisano, l’illustrateur étrange de Strange….. Sa vie, son oeuvre et sa mort. Interview sans tabou avec son biographe Philippe Fadde chez Bruce Lit.
La BO du jour : comme Nick Drake, le succès de Frisano sera posthume, hélas.

40 comments

  • PierreN  

    Chouette interview, et un bon complément à l’article précédent. Le sommaire du prochain bouquin de Néofelis, regroupant certaines oeuvres 50’s de Ditko, s’annonce plutôt alléchant

    Du côté des Spécial Strange, ma couv préférée, c’est sans doute celle-ci :
    https://i.pinimg.com/564x/50/3d/2f/503d2f4fbea7ff28a7bc1d424bdca728.jpg
    Je ne sais plus s’il faut remercier Byrne pour cela, mais en tout cas cette astuce graphique (faisant en sorte que la chevelure de Jean se confonde avec les flammes du Phénix) rend hyper bien visuellement.

    • Bruce lit  

      L’expression orgasmique de Jean….

      • Matt  

        Fais pas ton Millar hein^^
        Une femme peut exulter sans être en train de jouir !

        • Bruce lit  

          Hello Matt,

          Alors, je ne voulais absolumment pas faire de scabreux. Je m’explique :

          Lors de cette saga, Jean s’affirme aussi bien en tant que femme que super-héroïne. Jusque ici, comme Sue Richards d’ailleurs son pouvoir était représenté à l’image par des pointillés. Désormais sur cette couverture elle met Magneto à ses pieds. Son pouvoir ne fait qu’un avec elle tant et si bien que ses cheveux s’embrasent. Elle jouit de ce pouvoir au fond de ce volcan. Elle humilie Magnéto. Et pendant toute la saga du Phénix, il est question de son exhultation, de son plaisir. Elle s’affublera en reine sm et dominera ses Xmen, son mentor, et Scott Summers à qui elle fait l’amour au sommet encore d’une montagne du colorado.

          La saga du Phénix noir est aussi à mes yeux celle d’une femme qui jouit de son émancipation jusqu’à la folie et le « rappel » de la société qui l’entrave. Ce n’est pas pour rien qu’elle finit nue lors de l’affrontement contre Xavier. Elle incarne ce fantasme masculin de la femme toute puissante, « volcanique » sous les apparences. C’est ce qui attire Wolverine chez elle, ou plutôt ce qu’il a été le premier à déceler chez elle.
          Cette froideur sera ensuite reprise en écho à celle de Scott qui possédé (décidément….) par Apocalypse est dans l’incapacité d’honorer Jean depuis 6 mois.

        • Matt  

          Faut pas se justifier comme ça, on croirait que tu te sens coupable.
          Je ne suis jamais allé jusqu’à interpréter les évènements comme ça. Mais je ne suis pas assez attaché ni à cette saga ni au personnage de Jean pour ça.

          • Bruce lit  

            Oh non, pas du tout, je te remercie au contraire de ta remarque, ça m’a permit de conceptualiser plein de choses sur Jeannie 🙂

        • PierreN  

          On dirait que le retour annoncé de la véritable Jeannie inspire le boss. 😀
          Je ne peut m’empêcher d’être méfiant face à cette annonce, c’est bien beau de ramener des personnages populaires, encore faut-il savoir les écrire correctement.
          Si la Jean d’All-New X-Men n’est pas très populaire auprès d’une partie du lectorat (en particulier pour ceux qui ont connu la vraie), ce n’est pas tant le fait qu’elle soit adolescente ou adulte qui est en cause, mais bien la façon dont elle est écrite et caractérisée (et notamment sa propension irritante à fouiner dans la tête des autres sans leur autorisation). Les nouveaux jeunes scénaristes qui débarquent actuellement chez Marvel sauront-ils mieux se débrouiller que Soule et Bendis ? C’est tout le mal que je leur souhaite…

          Ça me rappelle l’existence de ces mini-séries du début des années 2000 consacrées aux cinq premiers X-Men (Cyclops par Vaughan, Iceman par Abnett/Lanning). McCoy, Warren et Jean n’y auraient donc pas eu droit ?

          • Bruce lit  

            La mini Iceberg de Abnett est médiocre. J’en pense tellement de mal que j’ai même refusé d’écrire dessus pour Scarce.
            Celle de Cyclope est plus réussie mais pas très intéressante. Je l’ai relue il y a 15 jours.

        • Matt  

          Encore un retour de Jean ? Bon…ça me conforte dans l’idée que les X-men c’est fini pour moi. Me suis arrêté à AvX et je ne compte pas reprendre.

        • Tornado  

          Je confirme que la mini-série sur Iceberg dont parle Bruce est à chier. (et en plus il y a Skottie Young qui dessine un épisode en dessous de tout !)

          • Bruce lit  

            Ca alors Tornado ! Je me rappelle que le volume 3 était d’une immondice sans nom d’un point de vue graphique. Tu m’apprends que c’est l’autre abruti de Young ! Une raison de plus de mépriser ce tocard.
            @Matt : Oui. Coulomb est plutôt soft sur cet album. Par contre Texeira n’est pas très en forme.

        • Matt  

          J’avais commencé la mini sur Cyclope…mais c’était Coulomb à la trad. J’ai du tenir 10 pages.

        • Tornado  

          La mini sur Cyclope n’a strictement aucun intérêt. Un truc embourbé dans la continuité qui fait mine de s’en détacher, qui nous balade jusqu’en Amérique du sud pour nous perdre dans l’ennui le plus total…
          De toutes ces miniséries sorties à l’époque, la seule que j’avais aimée c’est celle sur Diablo (http://www.sceneario.com/bande-dessinee/x-men-extra/mystere-et-passion/712.html).

        • Matt  

          Ce n’est pas assez soft pour moi. Tous les persos parlent comme des abrutis. Et pourtant je me suis dit que venant du fléau, un parlé plus couillon passerait, mais j’ai pas tenu…

          Sur « la derniere chasse de Kraven » elle est soft. A part quelques expressions « des clous » on devine à peine que c’est elle.

        • Matt  

          J’avais envie de tout lire à l’époque mais quand j’ai vu que Coulomb traduisait tous les « x-men extra »…grosse déception !
          Je n’ai pas lu la mini sur Diablo, ni celles sur Rogue, Chamber, Iceberg, etc. Rogue et Storm ont eu plusieurs mini séries mais je n’en pas lu une seule.

        • Marti  

          Les mini-séries dont vous parlez étaient estampillées « Icons » (à ne pas confondre avec le label « Icon » créé quelques années plus tard) et ne concernaient pas uniquement les X-Men originaux. On en a eu cinq sur les X-Men (Cyclops, Iceman, Rogue, Nightcrawler et Chambers, cette dernière étant la seule que j’ai lue et marquait le premier travail – à ma connaissance – de Brian K. Vaughan sur les X-Men) et trois sur d’autres héros (Tigra, Vision et The Thing, Geoff Johns signant les deux dernières dans sa période où il faisait ses armes chez Marvel avant d’exploser chez DC). Il me semble que d’autres titres étaient prévus mais le succès n’a pas dû être au rendez-vous, mais j’ai du mal à retrouver des informations sur toute cette affaire.

        • Eddy Vanleffe  

          Le Diablo, curé j’accroche pas.
          les mini mutantes sont de mémoires toutes pourrave
          J’aime bien mechanix parce qu’elle raconte vraiment une petite histoire à part un coté,on est des mutants mais civils.
          mais celle sur Rogue est à bailler.
          Honnêtement Coulomb ne peut pas faire grand mal la dessus. ^^

        • Marti  

          Erratum : C’est Cyclops – et non Chambers – la première mini de BKV sur les mutants !
          Matt : Oui Tigra est inédite chez nous, et c’est d’ailleurs la seule dans le lot qui l’a été.
          Eddy : Diablo en prêtre, cela a été traité par-dessus la jambe jusqu’au retcon qui a effacé ça qui est d’une rare connerie… mais peut-être également un gros pied-de-nez à toute cette affaire.
          La mini-série Mekanix est peut-être l’un des meilleurs trucs que Claremont a fait sur les X-Men depuis son retour en 2000, et il en a réutilisé des éléments ensuite, notamment dans X-Treme X-Men ou Excalibur.

  • Présence  

    À nouveau une interview passionnante sur l’envers du décor, sur le processus de réalisation d’un ouvrage de passionnés.

    C’est très intéressant de découvrir ainsi la genèse d’un projet aussi pointu, présentant une telle qualité. On est à l’opposé d’une production industrielle de masse sans âme.

  • Patrick 6  

    Je n’étais pas réellement un grand fan de Frisano, comme le disais hier JP, je trouvais ses peintures un peu « figées » et manquant cruellement de dynamisme (sauf celles de Conan, l’interview explique bien que ses meilleurs œuvres sont sans doute celles auxquelles il accordait le plus de temps).
    C’est sans doute le rythme stakhanoviste qui faisait que certaines couvertures étaient nettement moins réussies que d’autres (et qui explique aussi en partie les différentes coquilles : le slip de Spiderman, les X-Men qui volent, etc…)
    Bref là où je veux en venir c’est que même si j’avais immédiatement préféré les couvertures des comics originaux quand je les ai découverte (Quel dynamisme ! Quelle tension dramatique !) je trouve cependant que l’œuvre de Frisano a plutôt bien passé l’épreuve du temps. Les couvertures donnent clairement un coté un peu suranné avec beaucoup de charme qui colle très bien a des histoires écrites il y a plus de 40 ans…
    Comme bien souvent le temps permet de trier le bon grain et de l’ivraie.

  • Matt  

    Une très belle interview. Je suis bien content que ce soit toi qui t’en sois occupé Bruce au final, tu poses des questions plus intéressantes que moi. Je n’ai point l’habitude des interviews.
    Bon il y avait déjà quelques éléments de réponses dans le bouquin (si tu l’avais lu^^) mais ça reste sympa de développer davantage en entretien.

    Sinon je trouve aussi que certaines peintures de Frisano sont moins réussies que d’autres, mais comme le dit Patrick ses peintures restent pleines de charme et significatives d’une époque. C’est aussi ce que j’aime dans les vieilles affiches de ciné peintes. ça a un côté vieillot mais très représentatif d’une époque, et certaines sont magnifiques.

  • mario  

    D’accord avec le commentaire précédent. Les couvertures originales étaient plus dynamiques que celles de Frisano. Mais ces dernières ont entièrement contribué au succès de Strange et consorts. Elles correspondaient à l’esprit français qui privilégie la beauté au dynamisme et ont donc été un sas d’ouverture vers les comics.
    Sans oublier la censure. C’est sans doute elle qui nous a valu de profiter de l’art de Frisano. Paradoxe?
    Ma période préférée : les années 70. Avec le temps, son travail a peu à peu perdu de sa qualité. Ce qui est normal vu son rythme. Il faut dire que le matériel américain a lui aussi perdu de sa qualité. Une certaine lassitude ne pouvait pas ne pas apparaître.
    Enfin, personne ne parle de son boulot au trait pour les titres plus traditionnels de Lug, essentiellement le western italien. Dommage, c’est également du super boulot!

  • Philippe Fadde  

    Bien sûr que certaines couvertures sont moins réussies que d’autres, comment pourrait-il en être autrement étant donné le rythme de production et les difficultés que Jean pouvait rencontrer. Moins dynamique et moins efficace que les couvertures américaines ? Parfois c’est le cas mais parfois c’est le contraire…

    De toute façon le combat était inégal car c’était lui qui devait réaliser quasiment presque toutes les couvertures alors que les artistes américains (à de rares exceptions comme par exemple avec le prolifique Gil Kane) pouvaient à tour de rôle signer telle ou telle couverture.

    En plus les super-héros ce n’est qu’une toute petite partie du travail de Jean, il y a tout le reste, et c’est énorme. Pour vous donner une idée, et puisque un lecteur à eu la très bonne idée de parler ici du western, sachez que Jean réalisera presque 600 couvertures rien que sur les 4 titres suivants : Ombrax, Nevada, Yuma et Kiwi.

    La liste est cependant beaucoup plus longue car il faudrait aussi comptabiliser d’autres titres comme Mustang, Rodéo, spécial Rodéo et spécial Kiwi etc. Et puis il y a aussi les petits formats de guerre. Bref un travail de fou !

    Vu comme cela, je pense que vous pouvez mieux comprendre les défauts de proportion, les petites erreurs sur un costume ou sur les pouvoirs des personnages.

    C’est fou de se dire que tant de responsabilités pesait sur les épaules d’un homme seul (son fils ne l’aidera que bien plus tard) à une époque où en plus les outils et les méthodes de travail n’étaient pas aussi efficaces qu’aujourd’hui.

    Faire face à la double contrainte de respecter des exigences éditoriales très lourdes tout en aidant le public à découvrir de nouveaux personnages c’était le quotidien de Jean. Je pense que peu d’artistes auraient pu faire ce qu’il a réalisé pendant toutes ces années. Au point d’ailleurs d’en être dégoûté…

  • Matt  

    D’ailleurs tiens c’est normal que le détournement humoristique ne soit pas lisible sur le dessin de la Chose ? C’est curieux de mettre une telle légende sans qu’on puisse lire ce que pense le personnage.

    • Marti  

      Ce dessin est magnifique d’ailleurs !

  • Philippe Fadde  

    Bonne remarque Matt.
    Vous avez en effet en ligne le dessin inédit (il n’est pas dans le livre) mais pas le texte tout simplement parce que ce n’est pas si aussi simple de tout publier sur le net. Entre les documents qui citent l’identité d’une personne (encore vivante aujourd’hui) ou qui donnent des infos trop personnelles et ceux dont l’humour passerait assez mal aujourd’hui (tout simplement parce que l’humour d’autrefois n’est pas forcément celui de notre époque) on est parfois contraint de faire jouer notre imagination.

    Bien des spectacles comiques des années 70/80 ne sont aujourd’hui plus diffusables. En plus Jean avait la dent très dure contre la religion et surtout contre la classe politique. Pour vous donner une idée, disons que son humour c’était celui de Charlie Hebdo et de Fluide Glacial.

    Le livre donne d’ailleurs une petite idée du ton corrosif qui était parfois le sien. Les personnages de la BD étaient souvent un véhicule bien commode à ses réflexions sur les problèmes de notre société. Bien souvent dans ses commentaires il avait raison (notamment lorsqu’il parle de la pauvreté, de l’injustice etc) mais toute vérité n’est pas forcément bonne à dire.

    • Matt  

      Tu as raison mais je ne sais pas quoi penser de tout ça. En un sens cette frilosité de nos jours met sacrément à mal cette fameuse liberté d’expression qui semble mourir de plus en plus. On est censé fermer sa gueule pendant que les inégalités ne diminuent pas, au contraire.
      Accueillons donc la dictature à bras ouverts. On aura beau me dire que c’est pire dans d’autres pays, ça sent mauvais ici aussi. On est juste plus lents. Faut-il s’en inquiéter quand ce sera trop tard ?

  • Tornado  

    Décidément, Bruce Lit va finir par me réconcilier avec les interviews (qui ne m’intéressent pas en règle générale) car ici encore j’ai dévoré l’article du début à la fin.

    J’ai une relation véritablement exclusive avec le travail de Jean Frisano. Mon parcours (études d’arts plastiques à la fac + CAPES = prof itou) devrait m’en détourner car il ne s’agit pas « d’art » au sens où l’élite intellectuelle le conçoit. Mais tout comme Philippe, je suis également friand d’art populaire et de beauté enfantine, simple et universelle. Et comme je suis un incurable nostalgique (certaines personnes considèrent cette notion comme un gros mot mais je pense tout l’inverse, au point de me faire traiter de « passéiste » régulièrement par les bobos de mon entourage), Jean Frisano est tout simplement l’une de mes idoles au rayon de cette nostalgie.

    Si une expo Frisano devait voir le jour (et apparemment ce devrait être le cas à plus ou moins long terme si j’ai bien compris), je tuerais père et mère pour la voir. Si je regrette, à me damner, d’avoir raté celle de Gustave Doré au Petit Palais (Gustave Doré étant pour moi le premier de cette grande famille d’illustrateurs magnifiques à laquelle appartiennent Frazetta… et Frisano !), je ne regrette pas un instant d’être allé voir la grande expo Star Wars (il y a deux ans je crois). Là, ce ne sont pas les trucs interactifs miteux qui m’ont ébloui, ni même les maquettes ou les costumes, mais bel et bien les peintures originales de Ralph McQuarrie, dont notamment la première image conceptuelle imaginée pour la saga avec un « Sispéo » très différent du résultat définitif (La 1° illustration ici : https://www.buzzfeed.com/danieldalton/stunning-star-wars-concept-art-ralph-mcquarrie?utm_term=.bxxqYYrmb#.wo0N99r1Q). Voir enfin cette oeuvre en vrai, ça a été un grand moment d’émotion pour moi. Nul doute que je revivrais la même chose en me retrouvant devant les peintures de Jean Frisano !

    Un grand merci à Matt pour son article d’hier (qui m’a permis entre autre de commander le livre écrit par Philippe), à Bruce et à Philippe pour celui d’aujourd’hui. C’est un beau lot de consolation dans l’optique de réhabiliter le travail de cet artiste de notre enfance, injustement méconnu. Sauf si nous faisons ce qu’il faut pour transmettre la flamme ! 🙂

    • Bruce lit  

      Non pas que je bâcle le travail en temps ordinaire, mais je peux te confirmer qu’en coulisses avec Matt, on s’est particulièrement appliqué pour rendre justice à Frisano. Entre Matt et moi, il y a eu un réel impact émotionnel pendant la conception de ce travail entre la rigueur de Philippe et le destin de Frisano. La pression était là. L’excitation aussi. Je suis content que cela ait plu même si pour être arrogant je n’avais aucun doute là-dessus. Rien de mauvais ne pouvait sortir de tant d’amour. Il était évident que la saison 5 devait commencer par ce moment fort, cet hommage de l’enfant en nous à cet homme disparu.

      @Philippe Fadde : Deux questions qui me paraîssent pourtant évidentes et que je n’ai pas posé :
      -Pourquoi à l’instar de Tota et de Mitton, Frisano ne s’est pas lancé lui aussi dans la BD ? j’ai compris que ça nourrissait pas son homme. Il n’a rien dans ses archives ?
      -Ces gens se fréquentaient ?

    • Jyrille  

      Merci pour le lien, Tornado, je n’avais pas connaissance de ces illustrations, et je les trouve magnifiques.

  • Jyrille  

    Je suis totalement d’accord avec cette phrase : « Savoir faire une couverture c’est tout un art et Jean Frisano est de ceux dont on peut s’inspirer. » Le dernier scan est magnifique, et il est effectivement gonflé de mettre une Fiat à NY entre Cap et DD.

    Pour le reste, c’est une superbe interview que tu as mené là Bruce, totalement absorbante. Quel dommage que le scan avec la Chose ne présente pas sa réflexion caustique sans doute…

    Quant à la BO, j’adore. Son premier album est mon préféré.

    • Tornado  

      Five Leaves Left est également mon préféré des trois. Sur Bryter Layter, j’aime surtout « At the Chime of a City Clock », « Hazey Jane » et « Northern Sky ». Et sur Pink Moon, le magnifique « Place to Be ».

  • Philippe Fadde  

    @Tornado
    Pour l’avoir visité (à trois reprises !) je te confirme que l’expo sur Doré était un véritablement enchantement.
    J’espère voir, aussi un jour, une exposition de ce niveau sur Grandville ou Albert Robida.
    J’adore aussi Félicien Rops, Arnold Böcklin et Valère Bernard !
    Cette période qui va, globalement, de 1830 à 1920 fût tellement intéressante que la liste des grands et des petits maitres est longue, mais j’ai une affection toute particulière pour ceux que je viens de citer.
    A n’en pas douter ils ont certainement ouvert la voie à des artistes comme J. Allen St John, Frank Frazetta ou bien encore à John Buscema.
    Le passéisme n’est pas une tare, c’est au contraire un étendard qu’il faut brandir comme un signal de ralliement à ceux qui ont le même amour de la culture et de l’art en général. Il est vrai qu’il est parfois insupportable d’entendre dire des bêtises sur l’art populaire et sur les artistes que l’on apprécie mais celui qui ose aller contre l’avis des autres doit se préparer à subir le calvaire que l’on inflige à ceux qui ne pensent pas comme les autres.
    C’est un peu le mythe de Phinée qui se rejoue sans cesse, et les harpies des temps modernes viennent nous enlever notre nourriture.
    Sans doute parce que les nouveaux dieux ont toujours besoin de prendre la place des anciens dieux…

    @Bruce
    Jean n’a sans doute pas trouvé une histoire à la hauteur, je sais qu’il a essayé à plusieurs reprises (il nous reste d’ailleurs deux dessins qui témoignent d’une volonté de créer une BD western) mais il n’était pas du genre à rajouter de la médiocrité à la médiocrité alors en voyant que son travail n’était pas suffisamment intéressant il a préféré mettre fin aux projets qu’il avait en tête.
    Si l’on se souvient qu’en plus, il aimait plutôt travailler seul, je l’imagine mal s’entourer de l’aide d’un scénariste. N’oublions pas également qu’il était bien meilleur dans l’illustration où il pouvait donner la pleine mesure de son talent. Si l’on cherche un grand artiste BD chez les Frisano il faut plutôt se pencher sur le travail de son frère Pierre.
    Enfin Jean devait nourrir sa famille et le fait d’être payé sur des commandes régulières était un travail nettement plus stable et plus rassurant. Se lancer dans la réalisation d’un album BD c’est toute une aventure dont il voulait évidemment se passer.

    Pour répondre à ta question sur ses fréquentations avec les autres artistes, Jean n’a jamais vu les locaux de Lug et n’est jamais allé à la rencontre des autres artistes. Simplement il se contentait d’envoyer par la poste son travail à son éditeur. Les autres artistes découvraient alors ses œuvres en ouvrant l’enveloppe qu’il avait posté.

    @Jyrille
    Mathieu Lauffray, pour ne citer que lui, cite Jean Frisano dans les artistes essentiels au développement de son art. Jean a certainement servi d’inspiration à toute une génération d’artistes modernes. Une nouvelle preuve que rien n’est vraiment vieillot ou dépassé si l‘on sait isoler ce qui est intéressant de ce qui l’est moins. C’était d’ailleurs l’un des talents de Jean que de savoir extraire d’une peinture un élément pour le reprendre et l’améliorer en laissant de côté tout le reste.

    • Jyrille  

      Merci Philippe pour ta réponse inspirée et passionnée ! J’avoue ne jamais avoir lu Long John Silver mais je devrai essayer un jour.

  • Marti  

    Merci beaucoup pour cette interview qui a su me vendre un livre sur lequel je lorgnais depuis sa sortie !
    Lecteur depuis les années 2000 qui a dû se faire tout seul sa culture comics faute de lecteurs dans mon entourage, je n’ai absolument aucun lien émotionnel particulier avec les parutions Lug. Néanmoins, les couverture signées Jean Frisano m’ont toujours intéressées, tout d’abord par la singularité de la démarche (pourquoi ne pas réutiliser les couvertures américaines ?) puis par le trait de l’artiste que j’ai appris à apprécier avec le temps. Et puis j’imagine que sa biographie ne peut pas se passer de nombreuses informations sur divers aspects de l’histoire française des comics, et ça ça me parle encore plus !

    Une question me taraude depuis un moment : pensez-vous qu’il soit un jour possible qu’un livre reprenant toutes (ou alors une partie tout du moins) des couvertures Marvel réalisées par Jean Frisano soit possible ? Je me doute qu’un imbroglio juridique entre Marvel, Lug et les ayant-droits de l’artiste puisse freiner cela, mais ce ne serait que rendre justice à son travail et pourrait même le faire découvrir à de nouveaux lecteurs qui ne seraient sans doute pas intéressés par sa biographie.

  • ComicsetMerveilles  

    « et je ressortis mon Strange 207 pour lire la lettre de Philippe Fadde de Marseille » 🙂

    @Philippe Fadde, vous aviez pour objectif de descendre en flamme notre « Spidey » avec en préambule un soutien pour DD bien entendu, mais surtout La division Alpha (forcément^^).

    « et il mit 2h à relire toutes les sections « le courrier des fans de Strange » des numéros de l’époque »…

  • Michel  

    En tant que nostalgique de strange je vous remercie du fond du coeur pour ce coup de projecteur unique en son genre sur cet auteur si discret. Remarquable

    • Bruce lit  

      Merci pour ce retour Michel.

  • BENEDIT  

    Je ne suis pas connaisseur en BD. Par contre je collectionne la céramique. Je vois dans votre revue une interview de Philippe FADDE sur Jean FRISANO.
    Il se trouve que j’ai en ma possession une pièce unique de Jean Frisano, signée de sa main, datant de 1960.
    J’aimerais entrer en contact avec monsieur FADDE.
    Bien cordialement.
    Marcel BENEDIT

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