La loi du plus fort (Predator)

Predator de John McTiernan

1ère publication le 12/10/16-MAJ le 20/10/18

Le chêne autrichien dans le viseur du chasseur slainhg_04

Le chêne autrichien dans le viseur du chasseur

Par  PIERRE  N

VF : 20th century fox

Predator est un film de 1987 réalisé par John McTiernan, bien connu depuis des cinéphiles et des amateurs de cinéma d’action pour sa filmographie de haute tenue (Die Hard 1 & 3, À la poursuite d’octobre rouge, Last Action Hero, le Treizième guerrier).

À la fin des années 70 et au début des années 80, l’impact de Star Wars amène de profonds bouleversements dans l’industrie cinématographique:  l’ère des blockbusters modernes est enclenché, la science-fiction profite d’un nouvel élan, certains sujets habituellement réservés à la série B intègrent de plus en plus la série A.

Ces films plus optimistes (certains diront naïfs) sont le signe d’un changement dans l’ère du temps, dont le signe le plus significatif est celui de la période dorée du Nouvel Hollywood,où les réalisateurs phares se retrouvent confrontés aux bides  (1941 de Spielberg, La Porte du Paradis de Cimino, Blow Out de DePalma).

Certains ont vu dans les choix de Spielberg et Lucas le début de la fin de cette période, avec un cinéma plus commercial, plus grand public là où le cinéma américain des années 70 est connu pour être politisé, sombre et sans concessions, marqué par la contre-culture, le Watergate et tous les bouleversements propres à cette période (en passant par l’influence du cinéma européen et du classicisme hollywoodien).
Certains vont jusqu’à considérer le duo Spielberg/Lucas comme les fossoyeurs de cette période, alors que faisant partie de cette mouvance (avec des films tels que Duel ou THX 1138).

Qui c'est la star, le rasta ou l'autrichien ?  Source : Predatorwavin (C)  https://monsterlegacy.files.wordpress.com/2014/01/predatorwavin.jpg?w=662&fbclid=IwAR0f-prFJAENORTieDDrtDeIAi7oByltSDaPPnZkxboBma50c4_k6YAuO0k

Qui c’est la star, le rasta ou l’autrichien ?
Source : Predatorwavin
(C) 20th Century Fox

Comme souvent la vérité est plus nuancée que cela puisque cette période a fini par se solder par une mésentente entres les studios et ces réalisateurs qui prirent la grosse tête, tels Coppola ou Cimino, avec leurs budgets pharaoniques. La période des auteurs avait  atteint ses limites et le public  une part de responsabilité en permettant aux studios d’entamer un nouveau cycle, celui des franchises, des blockbusters et du divertissement roi.

Pendant que certains réalisateurs continuent leur ascension dans le domaine du cinéma de genre (Carpenter, Cronenberg) une nouvelle génération commence à s’imposer, avec son lot de codes esthétiques et de réalisation, notamment pour ceux qui viennent du monde de la publicité (Tony Sott et son illustre frangin, Adrian Lyne, Michael Mann).
Dans le domaine du cinéma fantastique/SF, les réalisateurs les plus intéressants sont ceux qui entretiennent une filiation avec la série B des années 50, qu’il s’agisse des productions Amblin de Spielberg, des nouvelles tendances du film d’horreur, ou encore des premiers films de James Cameron, élève de l’écurie de Roger Corman, qui transcende ses limites budgétaires par son talent visuel, ou Sam Raimi avec le premier Evil Dead.

Dans ce cadre assez étriqué, il est parfois difficile pour des jeunes réalisateurs de s’imposer sans se contenter d’être un simple faiseur, tandis que les vielles gloires de la décennie précédente ont parfois du mal à renouer avec le succès tel William Friedkin, avec des excellents films policiers tels que Cruising ou Police Fédérale Los Angeles.

Rien de tel que la mitrailleuse Gatling pour se débarrasser des mauvaises herbes

Rien de tel que la mitrailleuse Gatling pour se débarrasser des mauvaises herbes / Source : This distracted glob   (C) 20th Century Fox

John McTiernan est un peu à part dans ce domaine; déjà parce que ses influences se situent plus du côté du cinéma européen, mais aussi et surtout parce qu’il va révolutionner le cinéma d’action avec une approche sensiblement différente, qui passe par le biais d’une mise en scène plus sophistiquée, d’une gestion de l’espace remarquable, et d’une rigueur qui le pousse à ne pas prendre les spectateurs pour des cons (en cette heure des franchises interchangeables et du manque d’originalité des exécutifs d’Hollywood il serait appréciable d’avoir de nouveau quelqu’un de cette trempe).

Après son premier film Nomads, les producteurs ne voient encore en lui qu’un faiseur susceptible de se plier à leur volonté. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le contrat est rempli, sauf qu’en cours de route le film change de trajectoire, ce qui le rend diablement intéressant.

Predator débute ainsi comme n’importe quel actioner 80’s, débordant de testostérone et d’assurance, ces mercenaires sont confiants en croyant qu’il s’agit d’une mission comme les autres.
Avec leurs muscles volumineux, leurs t-shirt MTV, Dutch et ses potes sont des purs produits de l’Amérique reaganienne triomphante et sûre d’elle, qui va se prendre la dure réalité en pleine poire. C’est aussi le cas des militaires du Aliens de Cameron, lui aussi taxé de film bourrin, ce qu’il ne l’empêche d’avoir un scénario qui construit la montée en puissance patiemment.
Predator procède de la même façon, tout en attente et en tension consistant à montrer la créature de manière partielle (invisible qui plus est la plupart du temps).

Dans la jungle, le danger est partout

Dans la jungle, le danger est partout / Source IMFDB C) 20th Century Fox

Le début des phénomènes étranges bouscule ce programme, le film d’action d’action laisse la place au fantastique et au survival digne de Rambo et Délivrance. À partir de cette prise de conscience, les rôles s’inversent, les prédateurs deviennent les proies, et les humains se montrent démunis malgré leurs armes et leurs biceps (dans une scène assez symptomatique, on les voit tirer dans le vide sans arriver à rien toucher). Les héros sont traqués et leur méthodes habituelles sont obsolètes, car ils ont enfin trouvé meilleur qu’eux.
Dès lors, McTiernan préfère délaisser les scènes propres au genre, tel la prise du champ des rebelles (il a laissé le soin à la seconde équipe de s’en charger) pour pouvoir ainsi se concentrer sur la survie des protagonistes obligés de se servir des ruses de sioux pour espérer s’en sortir.

Contrairement au reste de sa filmographie, McTiernan n’a pas l’occasion de se servir du cinémascope en raison des effets spéciaux sur l’invisibilité qui dictent un format particulier.
Vu le tâtonnement à propos du design initial, les producteurs peuvent s’estimer heureux vu la tournure prise au final. En effet, le design de départ du Predator était beaucoup plus insectoïde, avec des grands yeux, et une tête allongé qui se mettait à dodeliner quand il se mettait à courir.
Les cascadeurs choisis pour enfiler le costume ne se sont pas montrés très enthousiastes (avec parmi eux un certain Jean-Claude Van Damme) au point que le besoin de revoir la copie s’est vite fait sentir.

Shane Black le seul geek de la bande

Shane Black le seul geek de la bande Source Movie World    (C) 20th Century Fox

Avec Stan Winston comme aide déterminante, la direction prise se veut plus rassurante. Adieu le design de monstres des années 50, place au guerrier rasta affublé de mandibules, qui en impose avec ses 2 mètres 19 (pour une fois Schwarzy paraît chétif en comparaison). Peu à peu le film gagne sa propre identité, en s’éloignant du projet de départ (The Hunter avec Christopher Reeves).

En embauchant un réalisateur qu’il croit malléable, le producteur Joe Silver ne se doute pas qu’il a trouvé là une perle rare, capable d’incorporer le genre dans des directions inédites, à mi-chemin entre classicisme et post-modernisme.
Le cinéma de McT, bien que souvent ancré dans le genre codifié de l’actioner, se démontre très cérébral, tant dans sa mise en scène sophistiquée que dans le comportement des personnages (tel John McClane se montrant vif d’esprit dans Piège de Cristal).

Predator ne déroge pas à la règle, puisque les solutions bourrines et technologiques ne fonctionnent pas, les protagonistes ne doivent faire qu’un avec l’environnement, leur territoire après tout, en renouant avec leurs origines. Le guerrier doit laisser la place au chasseur.

La précision chirurgicale du chasseur ultime

La précision chirurgicale du chasseur ultime /  Source Imgur     (C) 20th Century Fox

Les armes se révèlent inefficaces, car le plus grand atout dans le cinéma de McT c’est l’intelligence. Dès lors, l’équipe va devoir recourir à des techniques d’un autre âge et pourtant très efficaces. La discrétion est de mise face à un adversaire implacable, mais ne suffit pas, étant donné qu’ils se font décimer un à un. Tant et si bien qu’il n’en reste plus qu’un (spoiler il est sur l’affiche).

À partir de là le plein potentiel iconique et évocateur du long-métrage s’accentue, par le biais d’une tournure mythologique, un combat de titans où la parole est superflue (cela tombe bien puisque c’est une des marottes de McT de se reposer sur le découpage pour permettre au spectateur de comprendre les tenants et aboutissants par le biais de l’information visuelle).
La question du langage et du caractère universel du cinéma est une considération primordiale chez lui, à savoir arriver à comprendre un film malgré la barrière de la langue grâce à l’image. Ce questionnement trouve un écrin dans la dernière partie, qui constitue un duel épique quasi-silencieux opposant deux chasseurs déterminés. Plus de gadgets high tech, plus d’armes lourdes, juste deux ennemis en prise avec leur environnement, déterminés à survivre.

Le Predator en quête du dernier survivant (non pas Ken)

Le Predator en quête du dernier survivant (non pas Ken) Source : cdn    (C) 20th Century Fox

Le décor se révèle plus sauvage, clairsemé, en phase avec l’aube de l’humanité qu’incarne Dutch en renouant avec les techniques des premiers hommes. C’est là que se révèle la part anthropologique du récit sur la nature de l’homme et sur ce qu’il révèle de lui-même en abandonnant les apparats de la civilisation. Dutch a renoué avec les techniques de ses lointains ancêtres et cette fois c’est le Predator qui use d’une technologie qui se révèle faillible (cette inversion des rôles est constante dans le film).

La principale considération du réalisateur reste la mise en scène, pour délimiter l’espace de manière optimale (non pas d’une manière sur-découpé et illisible à la Michael Bay) et donner à ce combat une allure ample et spectaculaire. Cette sorte d’épure progressive vire à l’abstraction, avec de moins en moins de dialogues et de protagonistes, pour ne garder que l’essentiel au final. S’il n’y avait pas les arbres autour, cela pourrait être un combat de gladiateurs.

Ce final crépusculaire conclue la montée en puissance du film, ayant débuté comme un film d’action lambda, pour se conclure avec un survival épique, à mi-chemin entre Rambo et La Chasse du compte Zaroff. Le pitch simple à base de mélange des genres disparates donne l’opportunité d’avoir une certaine latitude, permettant à McT de tenter pas mal de choses sur le plan formel, avec un exercice de style de première classe, véritablement transcendé par la mise en scène, là où le sujet de base, s’il avait échoué, l’aurait relégué aux tréfonds de la série Z.

Dutch renoue avec les techniques de ses ancêtres et s’approprie l’invisibilité de l’ennemi

Dutch renoue avec les techniques de ses ancêtres et s’approprie l’invisibilité de l’ennemi /  Source : Survivaltech (C) 20th Century Fox

Si John McTiernan est considéré comme un de ceux qui ont révolutionné le cinéma d’action dans sa représentation (tel Tsui Hark ou George Miller) ce n’est pas pour rien, tant sa méthode tranche par rapport à la stylisation à la John Woo et aux actioners 80’s tel Commando ou encore les suites de Rambo, bien loin d’atteindre le niveau du premier film, plus proche de l’amertume du cinéma des années 70 que du triomphalisme reaganien. En cherchant bien il y a toujours moyen de trouver un film à contre courant des tendances dominantes, par exemple l’iconoclaste et revanchard They Live qui tire à boulets rouge sur la mentalité de l’Amérique de l’époque.

Arnold Schwarzenegger qui était alors envisagé à l’époque pour Robocop et Piège de Cristal (qui a failli devenir la suite de Commando) trouve avec ce film un moyen de se mettre en avant et de pérenniser son ascension au box-office. Après Conan le barbare, où il était tout à fait à sa place avec son physique hors normes qui donne tout de suite une dimension maousse, bigger than life, il perce enfin dans le milieu. L’essai est confirmé deux ans plus tard avec Terminator, où il interprète le T-800, un rôle sur mesure pour son jeu monolithique.

C’est ce qui le différencie de Stallone, son confrère/rival de toujours, moins limité en tant que comédien et plus impliqué dans le processus créatif (il faut se rappeler qu’il était scénariste du premier Rocky entre autres). Comme on peut le voir dans ses films des années 90, il a fait preuve d’auto-dérision envers sa propre image et a compensé en partie cette lacune du registre limité par son charisme naturel à l’écran, lui permettant de rester en haut du podium pendant une dizaine d’années.
Avec ce film, il a pris soin d’être entouré de bons comédiens ayant les qualités physiques requises, qu’il s’agisse de Carl Weathers plus connu pour son rôle d’Apollo Creed, Bill Duke tout droit sorti de Commando, ou encore Sonny Landham qui s’est fait remarquer sur le tournage puisque un garde du corps lui a été assigné pour l’empêcher de se battre avec les autres.

Le design de Stan Winston, aussi intemporel que mémorable

Le design de Stan Winston, aussi intemporel que mémorable   Source Walkingtaco (C) 20th Century Fox

Malgré la présence de Shane Black (scénariste de L’Arme Fatale et réalisateur d’Iron Man 3) au casting, venu pour épauler en cas de réécritures du script, McT a tenu bon la rampe avec son premier blockbuster, marquant le véritable début d’une carrière prolifique stoppée net par ses problèmes judiciaires qui l’ont éloigné durablement d’Hollywood.

À l’instar de Verhoeven, qui a débuté à Hollywood pour mieux chuter durant la même période, il ne lui reste plus comme horizon viable du financement que la bonne vieille Europe, devenue le refuge de certains réalisateurs américains en manque de projets (Walter Hill, Brian De Palma) qui ne se reconnaissent plus dans le cinéma américain actuel, constitué de divertissements inoffensifs, de suites à rallonge et de blockbusters calibrés et convenus, aussi vite vus, aussi vite oubliés.
Tout l’inverse de Predator en somme…

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« Increvables » 3/7
Pierre Navarre nous explique pourquoi parmi tous les blockbusters des années 80, le premier Predator est un film brillant sur les apparats de la civilisation et la proie devant chasseur. Allez ! répétez avec moi : un chasseur sachant chasser sans Schwarzie chez Bruce Lit !

La BO du jour : Quand la fine fleur des acteurs baraqués des années 80 fait fasse au chasseur ultime, l’affrontement ne peut être que brutal, et magnifié par une mise en scène du tonnerre.
une équipe soudé laisse donc la place à une autre, celle du seul et unique John Fogerty…

24 comments

  • PierreN  

    À propos de ce long-métrage, qui reste un de mes films de chevet, c’est un des rares dont j’apprécie la version française, en particuliers pour ses répliques/one-liners (« t’a pas une gueule de porte-bonheur »).

    • Patrick 6  

      Objectivement traduire «You ugly mother fucker» par «T’as pas une gueule de porte bonheur» il fallait oser :))

      • PierreN  

        « Aiguise-moi ça » c’est pas mal trouvé aussi pour traduire « Stick Around ».

  • PierreN  

    J’avais oublié de préciser que James Cameron a également aidé Winston à propos du design facial de la créature.

  • Matt & Maticien  

    Article passionnant. j’en avais un souvenir lointain et aurais été incapable de le resituer dans un courant d’évolution.
    j’ai le sentiment que Predator n’a pas été épargné par les suites mais il est vrai que ce premier opus marquait une étape et était un film prenant. Merci

  • Matt  

    Wouah ! Excellent article. J’ai particulièrement apprécié toutes les références que tu fais à l’histoire du cinéma dans l’intro et l’opposition de deux époques qui ont changé le format des productions.
    J’avais appris pas mal de choses sur cette période de la fin du nouvel hollywood dans la web-série Crossed qui parlait surtout de films en rapport avec les jeux vidéo (normal, c’était pour un site de jeux)

    Par contre, je n’y connais tellement rien en politique que j’ai jamais bien compris les rapprochements de genres avec les présidents (triomphalisme reaganien ? Bon…si tu le dis, je te crois)

    Je te rejoins sur ce sentiment que ce film n’est pas décérébré et que l’importance de l’intelligence des personnages est mise en avant dans cette lutte pour la survie. Le film est en effet très bon. Et j’ai toujours aimé le design du Predator.

    Et ça me fait penser que j’ai vu il y a peu les chasses du compte Zaroff. Et que c’était très bien comme film.

  • Tornado  

    En voyant « seulement » 4 étoiles, j’ai eu peur, et puis en fait c’était une erreur. Ouf !
    Oui, hein, parce que mettre 5 étoiles aux Gardiens de la Galaxie (le comics) et 4 étoiles à ce monument de l’histoire du cinéma SF, ce serait un peu comme mettre 5 étoiles à un Big Mac et 4 étoiles à un plat de chez Bocuse ! (Bon, je te chambre, mais c’est pas méchant, hein ! 😉 )

    Bruce m’avait demandé si je voulais faire l’article à un moment donné où j’étais un peu surbooké. En y pensant, je comptais faire un article sur les deux Predator, parce que le 2 est également excellent, et qu’il est très complémentaire du premier.
    C’est très intéressant de voir les copains travailler sur des articles que l’on n’a pas fait en fin de compte, car on s’aperçoit qu’on aurait fait un truc complètement différent. Sur mon commentaire à ma zone, j’avais par exemple insisté sur l’aspect visuel intemporel du film, qui le met à l’abri de l’épreuve du temps et lui confère une aura de grand classique. On parlait des effets spéciaux hier, et je trouve que Predator est un modèle du genre, où la réalisation est tellement sophistiquée qu’elle s’émancipe du besoin de gros effets spéciaux. Du coup, l’essentiel est assuré par la mise en scène et aucune scène n’est kitsch, parce que pas un plan n’est démodé ou obsolète à cause d’effets spéciaux datés.

    Sinon, pareil que Matt, j’ai beaucoup aimé la mise en perspective de l’industrie hollywoodienne. Et je trouve qu’en définitive, ton article est davantage un focus sur ce sujet précis que sur le film Predator. Mais ce n’est pas un reproche ! 🙂

    • Matt  

      Ah, tu touches un problème de notation là Tornado^^
      Tu dis souvent que tu n’aimes pas noter « en fonction de…(genre « c’est bien…pour un divertissement »)
      Sauf que ça me paraît difficile de faire autrement parfois.
      Si on a envie de mettre 5 étoiles à Shanna de Frank Cho ou à une BD érotique mais 4 étoiles à From Hell parce qu’on n’aime pas les dessins et qu’on trouve ça trop bavard, ça parait injuste tant From Hell est autrement plus ambitieux (même moi qui n’a aucune envie de le relire, je suis conscient de ça)
      Et pourtant…techniquement j’aurais tendance à mettre une meilleure note à plein de trucs moins ambitieux et travaillés que From Hell. Mais en restant conscient que le domaine est différent.

      Donc les notations, c’est chiant des fois.

  • Bruce lit  

    Predator ne ma jamais enthousiasmé plus que ça tout comme Alien d’ailleurs. Pour avoir vécu ces années, je me sentais plus proche d’un Stallone pour les raisons que tu énumères que Schwarzie : d’un côté Droopy et son air malheureux et de l’autre l’autrichien et son sourire toujours satisfait et ses batons de cigare. Stallone était capable de sensibilité qui me touchait dans le premier Rocky et bien sûr le survival ultime : Rambo. Je crois d’ailleurs Pierre que tu as posé une option dessus.
    En tout cas, c’est bien de lire sur ce film culte ainsi que sur les aléas de la production. Je confonds souvent Mc Tiernan avec le réalisateur de Die Hard.
    Tu as lu ce bouquin Pierre ?

    • PierreN  

      Justement Die Hard c’est McTiernan qui s’en est occupé (le 1 et le 3, soit les deux plus grands films d’action de tous les temps).
      Je n’ai pas lu ce bouquin mais il m’a l’air très intéressant. Et en effet Rocky 4 est un pur film reaganien tout comme les suites de Rambo.

  • JP Nguyen  

    Arf, on a déjà cité ma réplique culte : « Aiguise-moi ça ! »
    Y’a aussi « toc toc » après avoir défoncé la porte…
    Sinon, je vois un point commun avec l’article sur Harryhausen et aussi Jaws : quand on est limité par les FX et qu’on ne peut pas tout montrer, ça peut améliorer le film en obligeant à travailler davantage le suspense et l’ambiance. ..
    Ceci dit, si j’affectionne Prédator, il ne figure pas parmi mes oeuvres fétiches. Je l’ai toujours vu sous un angle assez humoristique. ..

  • yuandazhukun  

    Un bien bel article exhaustif sur un film culte d’un grand réalisateur ! Un grand merci à toi de casser l’image de film décérébré que porte ce film, image totalement injustifiée ! Evidemment Schwarzy en est en partie responsable, même si il est parfait dans ce rôle. Avis personnel mais je le trouve plus talentueux à l’époque que les frères Hemsworth qu’on retrouve dans tous les blockbusters du moment et que je trouve extremement mauvais ! Pour revenir au film, que dire de plus ? Une bande son superbement immersive, une photographie travaillée, pour un film « d’action » ! Tornado l’a souligné et je le confirme le Predator 2 est superbe également ! Davantage catalogué comme série B, en voyant le predator évolué en situation urbaine, aussi à l’aise que dans la jungle, et avec le final surprenant, on en apprend plus sur les predators. Deux joyaux de mon enfance !

    • PierreN  

      « Un grand merci à toi de casser l’image de film décérébré que porte ce film, image totalement injustifiée ! »

      Oui les préjugés ont la vie dure, à l’instar du premier Massacre à la Tronçonneuse, qui n’est pas vraiment un film gore, malgré ce que son titre indique (les scènes de violence sont montrées de telle façon à ce que l’on ne voit pas le sang, qui reste hors-champ, ou plutôt hors du cadre).
      Et effectivement j’ai oublié de mentionner le score hyper efficace d’Alan Silvestri.
      J’avoue que je n’ai pas trop accroché au 2, qui est quand même beaucoup mieux cela dit que la version de Robert Rodriguez.

  • Matt  

    Quand tu parles de l’image de ce cher Arnold, je ne peux m’empêcher de penser à « Hercule à New York » sur lequel j’étais tombé sur le câble.
    Mouhahaha ! Il avait quand même l’air d’un crétin dans ce film à gonfler ses muscles avec sa tête d’ahuri. J’avais bien ri. Bien sûr ce film est très mauvais.

  • Matt  

    Et sinon vous êtes vraiment tous fans du Conan de Milius avec Schwarzy ?
    A force d’en entendre du bien de la part de tous les geeks, je l’ai revu et franchement…je le trouve très surestimé.

  • Jyrille  

    Matt, je n’ai pas revu le Conan de Milius depuis très longtemps, mais j’en ai un très bon souvenir. Et puis cette BO, que de souvenirs…

    A part ça, je peux dire plein de trucs ici ! Parce que déjà, je pèse mes consonnes, mais cet article est splendide ! Digne de Starfix à la grande époque de Paimboeuf. Il faut dire que je dois être d’accord avec à peu près tout ce que tu avances, Pierre (au fait, c’est quoi l’icône de ton nom ? Une autoroute ?).

    J’ai toujours préféré Schwarzie à Stallone car il a toujours eu le bon goût de bien choisir ses collaborateurs et il a magnifiquement joué avec son image. Bien sûr, la plupart de ses comédies sont lourdingues et pas drôles, mais quand ça marche, c’est fantastique. Je viens de voir, enfin, Last Action Hero. Je n’ai pas trop aimé malgré les bonnes saillies de Shane Black et la réalisation de McT (si tu l’appelles comme ça, c’est que tu l’aimes, et tu as raison !), puisqu’il n’est réussi qu’à moitié. La partie dans le film, parodique, ne l’est pas suffisamment, et les scènes d’action sont pénibles. Mais le commentaire sur le cinéma et les personnages est fascinant. Schwarzie y est excellent lorsqu’il parle de sa vie de personnage pathétique. C’est vraiment étonnant.

    Et puis, c’est lui qui a choisi Verhoeven pour réaliser Total Recall. Un superbe film pour moi, qui ne serait pas le même sans son réalisateur. Je viens de voir récemment le remake, c’est nul.

    J’adorai Commando, gamin. Mais j’en ai revu quelques passages, ça a très mal vieilli. Et ça n’a qu’une portée de divertissement, malgré la side-kick originale (une femme noire ! novateur à l’époque).

    J’aime bien Stallone pour d’autres raisons, mais il me semble moins intéressant. Il faudrait que je tente ses derniers films, les derniers Rocky, les derniers Rambo. Pour voir. J’ai vu un navet (même si il y a plein de thunes dedans) avec Schwarzie et Stallone, Escape Plan (Evasion). Schwarzie s’en sort bien mieux que Stallone, rien qu’au niveau de l’acting. Mais c’est nul hein.

    J’adore McT pour tout ce que tu dis. D’ailleurs, j’ai fait une très courte chronique sur le premier Die Hard sur la zone (en fait au départ c’est moi qui en parle sur mon forum), et je dis la même chose que toi mais en moins bien : l’intelligence prime. La voici :

    Je viens de tomber sur Rambo sur D8, et finalement, Die Hard, c’est un peu Rambo à la ville, avec un côté marrant. Autant j’ai jamais pu croire au message final de Rambo, les pauvres soldats revenus du Vietnam qui sont paumés (même si c’est une réalité), autant c’est toujours plaisant de voir Die Hard. Je remarque aussi que c’est un peu une allégorie sur la seconde guerre mondiale : l’américain qui se bat, tel un résistant français, dans l’ombre, contre l’envahisseur allemand qui a des italiens dans ses rangs. La seule chose qui colle pas, c’est qu’ils envahissent une société japonaise…

    A part ça on y croit car John McClane ne cherche pas à faire le héros, il se planque, il flippe, il se dit tout le temps « Think ! Think ! », il a une répartie du feu de dieu et on s’em*** jamais. Je l’ai vu en VO sous-titré en anglais et c’est plutôt cool, car ils traduisent aussi les paroles des chansons. On a du Sinatra, et lorsque le chauffeur mets du rap, McClane lui demande de mettre de la musique de nowell et Argyle de répondre « Mais c’est de la musique de Noël ! » et c’est un titre de Run DMC avec Santa Claus.

    De plus, le script est super, les détails comptent, rien n’est fortuit, tout tombe sous le sens à un moment ou un autre. La caractérisation est super rapide, on apprend plein de choses rapidement, et on tient à ses personnages, on leur fait pas faire n’importe quoi. Ca a un peu vieilli question action mais ça reste intense et plein de scènes marquantes : le sparadrap, la chute de Hans (future Snape / Rogue de Harry Potter), la pendaison, l’hélicoptère, le toit qui explose, l’ordi branché sur le C4, le corps qui tombe sur la bagnole de flic… Et comme on est à moitié dans une comédie, les personnages sans cerveaux pullulent. Un excellent divertissement mais plutôt violent et finalement assez angoissant, l’issue ne semble pas couler de source.

    J’ai un vague souvenir du Predator 2, mais je l’ai trouvé moins réussi. A part le fait qu’il était complètement différent du premier (ce que je trouve bien), il faisait plus cheap, plus comédie. Mais le premier… Séquence je raconte ma vie again : Predator, je l’ai vu à sa sortie, en ne sachant qu’une seule chose : c’était le nouveau Schwarzie. En fait je l’ai vu lors d’une Nuit de l’épouvante, lorsqu’ils passaient trois films fantastique ou d’horreur dans la soirée, jusqu’à deux heures du mat. J’étais allé à ma première NDLE pour voir une ressortie du premier Alien (que j’adore), et là, ce devait être ma seconde. Le film passait en dernier, et personne n’avait eu vent de l’histoire. Si ça se trouve on l’a vu en avant-première… A l’époque, on avait pas les moyens de voir des images ou lire des critiques comme maintenant.

    Et ça a été une claque énorme. La scène des jardiniers est devenue culte (quand ils tirent dans le vide et coupent toute la végétation, c’est comme ça qu’on l’appelait) assez rapidement et j’ai immédiatement adoré l’intelligence du script, les retournements de situations, les types hyper balèzes se faire descendre les uns après les autres. Je ne le savais pas avant il y a deux ou trois ans : c’est un survival.

    Tu m’as cependant appris une tonne de choses sur le cinéma de l’époque, et c’est extrêmement intéressant. Les trois flops que tu cites sont tous de très très bons films (bon je n’ai toujours pas vu La porte du paradis) et pourtant, ils ont été boudés. Comment peux-t-on bouder Blow Out, même si Les Incorruptibles est mieux ?

    Bon j’ai un peu oublié tout ce que tu racontes, mais y a pas à dire, je suis fan.

    • Matt  

      Oups…j’ai dit quelque chose que je vais regretter^^
      Je lirais ça pour voir si quelque chose m’a échappé dans la portée de ce film, mais je me suis quand même ennuyé et je ne suis pas très fan de Schwarzy en Conan en fait, avec ses dents du bonheur et son air ahuri. Je préférais Stallone aussi comme acteur.

    • PierreN  

      « Digne de Starfix à la grande époque de Paimboeuf. »
      Woah sacré compliment, merci beaucoup !
      J’aime bien aussi True Lies dans le genre comédie d’action, et généralement je préfère les oeuvres 80’s de Cameron, et Total Recall est le Schwarzy que je préfère avec Predator.
      Commando fait à mon sens parti de ces films plus appréciables au second degré, sans prendre ça trop au sérieux, à la manière du sous-texte involontaire « crypto-gay » qui est accolé à Top Gun depuis le fameux dialogue de Tarantino, qui apparaît dans un film méconnu.

      « Comment peux-t-on bouder Blow Out, même si Les Incorruptibles est mieux ? »
      Peut-être parce que, à l’instar de l’excellent Prince of New York et du cousin germain thématique du DePalma, aka Conversation Secrète, il représente un des derniers avatars du Nouvel Hollywood, à l’époque où les spectateurs préféraient le divertissement parfait qu’incarnaient Les Aventuriers de l’Arche Perdue ou L’Empire Contre-Attaque. Et La Porte du Paradise est une fresque « Fordo-Viscontienne » très pessimiste, ce qui explique en partie le profond rejet qu’il a subit, marquant la fin définitive de cette parenthèse d’exception (Sorcerer s’intègre aussi dans cette optique).

      • Jyrille  

        C’est mérité ! Ton analyse est bien vue. Je n’ai jamais vu le pseudo remake de La totale, il faudra bien un jour…

        • PierreN  

          Rien que pour la présence de Jamie Lee Curtis ça vaut le coup, et en plus Charlton Heston arbore un look qui n’est pas sans rappeler Nick Fury.

  • Présence  

    Passionnant de bout en bout, à la fois pour la mise en évidence du travail d’auteur du réalisateur, et pour la contextualisation par rapport à l’industrie hollywoodienne et la génération précédente de réalisateurs.

    La photographie avec la légende « Apollo Creed contre Conan le barbare » me fait sourire pour son cadrage, à chaque fois que je la regarde.

  • Lone Sloane  

    Super chronique, avec la toile de fond post Nouvel Hollywood (pour ceux que cette période intéresse, il y a le bouquin référence de Peter Biskind qui est jubilatoire) et l’hommage rendu à McTiernan. Si Predator est devenu un classique « inusable », comme Michel Serres caractérise si bien les avantures de Tintin d’Hergé, c’est grâce au talent de son réalisateur. Le montage et le triatment de la bande son sont les grandes forces de Mc Tiernan (tout comme elles sont celles de son aîné que tu as cité à propos, William Friedkin) et Predator comme Die Hard s’écoutent avec autant de bonheur qu’ils se visionnent (en plus tu as raison les VF sont excellentes) et ce sont des films que je conseillerai les yeux fermés à des aveugles.
    Enfin, chapeau bas pour le choix de la BO du jour

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