La question de confiance (Captain America and the Falcon)

 

Captain America and the Falcon: Secret Empire par Steve Englehart & Sal Buscema

Trop, c'est trop !

Trop, c’est trop !© Marvel Comics

Auteur : PRESENCE

VO : Marvel

VF : Arédit/Artima

Ce tome comprend une histoire complète de Captain America, qui ne nécessite pas une connaissance importante du personnage.

Il comprend les épisodes 169 à 176, initialement parus en 1974, avec un scénario de Steve Englehart, Mike Friedrich ayant coécrit les épisodes 169 à 171, et donné un petit coup de main sur l’épisode 172. Sal Buscema a dessiné tous les épisodes.

L’encrage a été réalisé par Frank McLaughlin pour l’épisode 169, puis par Vince Colletta pour les épisodes 170 à 176. La mise en couleurs a été réalisée par Petra Goldberg (épisodes 169, 170, 175), Linda Lessmann (épisodes 171, 176), Michelle Brand (épisode 172), George Roussos (épisodes 173, 174).

Les couvertures ont été réalisées par Sal Buscema pour les numéros 169 et 175, par John Romita senior pour les numéros 171 et 176, et par Gil Kane avec John Romita senior et Frank Giacoia pour les épisodes 170, 172 à 174.

Comme le titre l’indique, à cette époque, Captain America et Falcon forment une équipe. Ce dernier se balade à Harlem, en tenue de superhéros, avec Redwing (son faucon). Il est agressé par 5 gros bras qui le suivaient en voiture. Il se défend comme un beau diable, mais commence à perdre pied  face à tant de personnes. Steve Rogers s’apprêtait à sortir de chez Sam Wilson (chez qui il loge temporairement). Il rentre aussi sec et revêt son costume de Captain America, puis il se précipite au secours de son ami. Falcon éprouve un sentiment de frustration à voir la facilité avec laquelle Captain America met en déroute ces gugusses qui lui donnaient tant de fil à retordre. Il explique à Captain America qu’il lui faut une solution pour disposer de plus de pouvoir, afin d’être à la hauteur de son partenaire, et non pas un simple faire-valoir. Captain America le met en contact avec T’challa (Black Panther) et Sam Wilson part effectuer un séjour au Wakanda avec Tanzika, sa copine du moment.

Le Faucon obligé de prouver sa légitimité

Le Faucon obligé de prouver sa légitimité© Marvel Comics

De son côté, Captain America découvre avec stupeur qu’il est victime d’une campagne télévisée mettant en doute sa probité et ses valeurs, le dépeignant comme un vigilant agissant dans le but d’intérêts privés, et non pas comme incarnation des valeurs de la nation. Après avoir découvert ce spot télévisé dans la rue, il se retrouve à se battre contre un supercriminel de troisième zone appelé Tumbler (John Robert Keane, un sous Batroc) qui meurt à l’issue de combat. Il doit ensuite se confronter à Moonstone (Lloyd Bloch, premier du nom). Il finit en prison, toujours victime de la campagne de dénigrement organisée par Quentin Haderman.

Indéniablement, la narration de cette histoire porte la marque de l’époque à laquelle elle a été réalisée. Les superhéros se préoccupent beaucoup de conserver leur identité secrète, avec des moyens infantiles. Quand Captain America est emprisonné, personne ne lui demande d’enlever sa cagoule. Quand Sam Wilson et Steve Rogers font du stop pour se rendre à Nashville, ils portent leur costume de superhéros juste recouvert par un pardessus, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas l’enlever dans l’habitacle du camion où ils sont montés. Il y a régulièrement des bulles de pensées dans lesquelles les personnages commentent la situation. Il leur arrive régulièrement d’expliquer ce qu’ils sont en train de faire à haute voix. Il y a des rappels réguliers de la situation et des argumentaires à la logique vaseuse. Pourtant, il est difficile de résister à l’envie de (re)découvrir une histoire de Captain America du milieu des années 1970, ne serait-ce pour savoir comment c’était, mais aussi comme apéritif avant la lecture de Secret Empire version 2017, le crossover de l’été écrit par Nick Spencer.

J'accuse, en français dans le texte

J’accuse, en français dans le texte © Marvel Comics

La situation est très simple : la vie civile de Captain America n’a pas d’importance et il explique au moins 3 fois qu’il souhaite détromper Peggy Carter quant à ses sentiments vis-à-vis d’elle, ce qui n’a aucune incidence sur le récit. La vie civile de Sam Wilson n’a pas plus d’incidence sur le récit, et sa copine Tazinka n’est là que pour se faire prendre en otage. Côté supercriminels, Tumbler est un opposant jetable, Moonstone est là pour donner du fil à retordre à Captain America, et la mystérieuse organisation de l’Empire Secret est on ne peut plus générique, avec des gugusses portant des cagoules numérotées (sauf quand le dessinateur oublie de l’inscrire dessus), et disposant de moyens sans limites, à commencer par la base secrète souterraine aussi indispensable que pratique, en passant par une soucoupe volante parce que ça fait plus peur qu’un avion classique. Quentin Haderman passe son temps à vociférer contre Captain America pour détruire sa réputation, et le véritable criminel n’ait révélé qu’à l’avant dernière page de l’épisode 170.

Le lecteur a la surprise de voir passer une poignée d’autres superhéros, dont des X-Men de la première époque, et Banshee (Sean Cassidy) qui était encore un criminel à l’époque. Il note que l’auteur fait l’effort d’expliquer à quel moment ces apparitions d’autres personnages se situent par rapport à leurs aventures dans leur propre série, certainement sous la pression vigilante du responsable éditorial Roy Thomas.

Que sont-ils venus faire dans cette série ?

Que sont-ils venus faire dans cette série ? © Marvel Comics

Le lecteur retrouve les dessins de Sal Buscema, stakhanoviste pour Marvel, dessinant vraisemblablement plus vite que son ombre, avec un respect exemplaire des délais. En 1974, il est encore un dessinateur relativement jeune âgé de 38 ans. Avec le recul, le lecteur est frappé par les postures des personnages et quelques effets divers et variés (les reflets sur les lunettes de Moonstone, l’impact des coups) qui sont tous dérivatifs du vocabulaire et de la grammaire visuels établis par Jack Kirby dans les premières années des superhéros Marvel. Il est évident que Sal Buscema reprend à son compte de nombreux tics graphiques de Jack Kirby, pour conserver la patte visuelle Marvel.

Le lecteur voit donc un nombre impressionnant de personnages avec le bras tendu en avant vers lui, des zones d’impact des coups remplacées par un éclat comme s’il s’en dégageait une énergie trop forte pour pouvoir voir, une technologie faite de bric et de broc amalgamant des éléments de décors piqués chez Jack Kirby, etc. Contre toute attente, il reste quelque chose de la force brute des dessins de Kirby dans ces cases, que ce soit les superhéros se précipitant dans l’action, ou la force des coups portés.

Du Jack Kirby dans le texte

Du Jack Kirby dans le texte© Marvel Comics

Sal Buscema s’inspire fortement de Jack Kirby, sans être complètement dans le plagiat. En particulier, il réalise des dessins plus propres sur eux, avec des éléments de décors détourés par des traits fins. Du coup, il fait marche arrière par rapport à la propension de Jack Kirby à viser des représentations iconiques, Buscema préférant une description plus concrète. Le lecteur se laisse donc emporter par l’élan des personnages, leur énergie et leurs émotions à fleur de peau. Mais même en se laissant gagner par cet enthousiasme, il finit par se rendre compte que les visages des personnages n’arborent que 3 types d’expressions : calme, un peu énervé, très énervé avec une bouche grande ouverte. Ce manque de nuance a tendance à souligner le côté mécanique du scénario.

À la mode Marvel, chaque page d’introduction comporte une remarque de type éditorial qui promet monts et merveilles, à commencer par le fait que cette histoire restera dans les annales du personnage, comme une aventure d’une envergure exceptionnelle. Par rapport à un comics plus récent, le lecteur apprécie la vitesse à laquelle l’intrigue progresse. Il suffit d’un épisode pour que Captain America soit discrédité aux yeux du public qui l’a pourtant toujours adulé. Il faut dire que Captain America a la dent dure à l’encontre de ces publicistes de Madison Avenue. Il suffit d’un épisode (et encore pas complet) pour que Falcon acquiert un nouveau pouvoir (ses ailes lui permettant de planer). D’ailleurs, bien que les cellules de texte et les bulles de pensée rappellent régulièrement qu’il ne s’agit pas de vol autonome mais de vol plané, les images montrent dès la deuxième utilisation que Falcon vole et peut même voler en portant une autre personne. Le séjour de Falcon au Wakanda ne dure qu’un épisode et demi, et il met un terme à l’enlèvement de sa copine en un nombre de pages ridiculement faible.

Déjà l'utilisation des écrans de télévision en 1974

Déjà l’utilisation des écrans de télévision en 1974 © Marvel Comics

Sous réserve de ne pas trop s’attacher aux détails et à la forme narrative datée, le lecteur découvre une aventure dense et rapide, sans temps mort. Il comprend vite que la réputation de ce récit est liée à son contexte historique. La campagne de diffamation lancée contre Captain America peut se lire comme une attaque contre les valeurs des États-Unis, l’expression du doute contre les institutions, la remise en cause de leur fonctionnement pour le bien du peuple. Or en 1974, le procès contre Richard Nixon bat son plein, avec la découverte, par le grand public, d’opérations officieuses réalisées par des barbouzes commandités par l’état. Tout a commencé par un cambriolage raté dans l’immeuble du Watergate le 17 juin 1972, et cela finira par la démission de Richard Nixon le 9 août 1974.

Au vu du délai de fabrication de chaque épisode, il est vraisemblable que Steve Englehart se soit inspiré du climat de défiance vis-à-vis du gouvernement, sans forcément encore avoir connaissance de la preuve de la culpabilité du président des États-Unis. Le lecteur peut supposer que les révélations progressives des auditions télévisées a fait évoluer son scénario pour amener à la révélation tardive de l’identité du chef de l’Empire Secret.

1 page de résumé sur le Secret Empire

1 page de résumé sur le Secret Empire © Marvel Comics

La lecture de cette histoire datant de 1974 se révèle plus plaisante que prévu, pour peu que le lecteur ne soit pas allergique aux particularités de la narration appuyée de l’époque. Ce tome comprend effectivement une histoire qui forme un chapitre complet, une histoire de superhéros simple, mais reflétant la défiance du peuple américain vis-à-vis des institutions gouvernementales de l’époque. Sal Buscema est sous forte influence des dessins de Jack Kirby, ce qui insuffle une énergie inattendue à la narration visuelle, malgré un manque de nuance et d’intégrité.

Les blagues ne volent pas très haut, mais le scénariste et son assistant arrivent à glisser une ou deux moqueries qui font mouche, comme le nom du comité créé pour salir la réputation de Captain America : Committee to Regain America’s Principles. Si le lecteur prend le temps de rassembler les initiales pour former l’acronyme, il découvre un mot qui constitue un jugement de valeur sans appel.

La fin d'une époque en 1 case

La fin d’une époque en 1 case © Marvel Comics

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Victime d une campagne de dénigrement, Captain America va progressivement perdre la foi en plein Watergate dans ce récit historique de Steve Engleheart et Sal Buscema. Au menu : bulles de pensées, narration surannée et costumes sous les pardessus. Présence,  est-ce encore lisible ? 

La BO du jour : le roi d’un jour Steve Rogers perd la foi

40 comments

  • Tornado  

    Ouh punaise ! Il faudrait longuement me torturer sous les plus atroces supplices pour que je lise un truc pareil !!! Rien que le fait que Présence insiste à maintes reprise sur la narration datée fait froid dans le dos quant à la perspective de lire une histoire de super-héros à la mise en forme infantile.

    Toujours est-il que l’article, ainsi agrémenté de quelques très beaux scans, est un plaisir. Car si je refuserais obstinément de lire un tel comics ampoulé, j’apprécie beaucoup le voyage culturel et temporel que m’offre cette lecture…

    • Présence  

      Ah bon !?! J’aurais vraiment cru que j’allais te convaincre… 🙂 🙂 🙂

      Mon envie est née de me confronter à mes souvenirs, de lire cette histoire d’une traite et de faire l’effort de dépasser l’image que je me fais des dessins de Sal Buscema pour les regarder avec un peu de recul. Par exemple, je n’aurais vraiment pas cru tomber sur une utilisation des écrans de télévision dès cette époque.

      • Jyrille  

        Ah oui, très étonné de voir la planche avec les écrans de télé ! Je pensais que Miller était le premier à l’avoir fait…

  • PierreN  

    Encore ce satané Colletta !
    Pour avoir lu ce run dans son ensemble, je confirme que cet arc est vraiment un cran au dessus des autres. J’ai appris que Englehart a regretté de s’être autocensuré, à propos de l’identité de l’homme politique qui se suicide à la fin sous les yeux de Rogers.
    http://www.steveenglehart.com/Comics/Captain%20America%20169-176.html

    • Présence  

      Merci beaucoup pour cette information. J’avais également lu qu’il avait dû jouer aux devinettes avec le planning de publication, pour éviter que le dénouement du récit arrive trop tôt ou trop tard par rapport à l’actualité politique, et au sort de Richard Nixon.

  • Tornado  

    Concernant Englehart, scénariste régulièrement porté aux nues dans le registre old-school, je ne peux pas m’empêcher de réagir un peu : Oui, il jouait les trublions en foutant de la critique socio-politique dans le sous-texte de ses récits. OK. Bon. et après ? De tout ce que j’ai lu de lui (et notamment son « fameux » Batman révéré par les fans), je retiens surtout une chose : Ce type écrivait comme une patate. Son style narratif est pire qu’ampoulé : il est enclumé (j’invente un mot exprès, tiens).
    Alors oui, il y a un fond intéressant dans ce qu’il a écrit. On peut dire que c’est un auteur. Est-ce pour autant un bon scénariste ? Pou moi qui me passionne pour la mise en forme séquentielle de la bande-dessinée, il est tout l’inverse ! C’est un très mauvais scénariste. Il aurait dû se contenter d’être un chef d’orchestre, et de laisser l’écriture proprement dite à des scénaristes sachant écrire, même si je ne peux m’empêcher de penser que de tels professionnels n’existent pas à cette époque, dans le registre des comics de super-héros.
    C’est une des raisons pour lesquelles je me mets en rogne lorsque l’on me dit que cet auteur « vaut » les meilleurs scénaristes actuels. En tout cas il ne les vaut pas dans la forme.

    • Bruce lit  

      @Tornado : le traumatisme Kais Slim Saidi a encore frappé !
      @Presence : j’ai bien aimé cette histoire qui m’a fait remonté aux sources du Captain. C’est une histoire complète de super-héros même si comme tu l’énonces, il y a des passages à la con qui ne servent à rien : en gros tous les passages au Wakanda. Je l’ai sûrement plus appréciée que toi puisque j’aime bien Sal Buscema sûrement moins virtuose que Kirby mais dont la mise en scène est souvent très énergique, et les personnages très, très en colère.
      A ce propos j’a bcp aimé l’enfant intérieur cosigné avec De Matteis ressorti ces jours ci chez Panini. Et je pense qu’Omac Spyder serait le plus qualifié pour en faire la review.

      • Présence  

        Le passage au Wakanda trouve sa justification dans le fait d’augmenter le niveau de pouvoir de Faucon, pour qu’il est l’air moins inefficace aux côtés de Captain America, et qu’il dispose d’une capacité dont ne dispose pas Captain America, pour introduire de la variété. Pour avoir lu beaucoup d’épisodes dessinés par Sal Buscema, ce n’est pas tant une question de virtuosité, qu’une question de diversité. J’avais l’impression qu’il resservait souvent les mêmes postures, et encore plus souvent les 3 mêmes expressions de visage.

        Je n’ai pas lu l’enfant intérieur, j’attends donc l’article d’Omac Spyder avec impatience. 🙂

        • Bruce lit  

          Oui, c’est là ou effectivement on est dans de l’infantilisme :
          -ouin- je suis pas aussi fort que le Captain (-snif-).
          -Mais si, mais si, on a toujours besoin d’un larbin pour aller me chercher ma pizza ! Mais si tu veux, j’te passe l’adresse de mon pote au Wakanda.
          -Ah ouais ? (-snif, morve-)
          – Ah ben carrément ! Il va tout lâcher pour v’nir te chercher à NY en jet privé, te ramener là bas et t’augmenter tes pouvoirs par pure amitié pour moi et sans rien demander en échange !
          -…..
          -Ben tu dis rien ?
          -Ouin…..j’ai pas de supers copains comme toi !
          -Bon écoute Sam, tu commences à me les briser menues là

          • Présence  

            C’est exactement ça.

    • Présence  

      @Tornado – Jolie image que l’hapax d’enclumé. 🙂

      De tels professionnels n’existaient pas à cette époque. – Je me dis que le contexte de l’époque devait même être plus contraignant que ça et que les responsables éditoriaux exigeaient cette forme explicative alourdie par des textes. C’était à la fois une volonté d’être compris d’un lectorat plus jeune, une façon d’attester que la bande dessinée était légitime parce qu’il y a avait plein de mots dedans (idée bien implantée par Stan Lee) et une forme de marque de fabrique des comics Marvel.

      Du coup les bons scénaristes étaient ceux qui réussissaient à faire du Marvel, en respectant ces spécifications, et non pas ceux qui avaient des envies de faire évoluer la forme narrative. Il est également fort probable que peu de professionnels des comics (scénariste, dessinateur) de l’époque auraient été en mesure de mettre en œuvre une telle évolution, même si on les avaient laissés faire ou, encore moins probable, encouragés dans cette voie là.

      • Matt  

        oui moi je pense que c’est surtout qu’il y avait des contraintes. Comme les blockbuster et leurs producteurs qui imposent des trucs aux réalisateurs qui sont juste des salariés embauchés pour livrer un produit de commande. Ils peuvent arriver à glisser des trucs personnels mais doivent faire des sarifices, se voient imposer la baston du mois, etc. C’est pour ça que je n’aime pas être méchant avec les scénaristes et les vieux comics. Après on a le droit de ne pas aimer. N’étant pas fan de Cap, je pense que j’aurais du mal à lire cette histoire. Pour passer outre certains vieux trucs des comics old school, je dois aimer le perso (comme Spidey) ou les idées de fond (de Claremont par exemple).
        Après Tornado faut pas avoir envie de sortir la boite à gifles tout le temps hein, personne ne dit ici que ça vaut les plus grands scénaristes d’aujourd’hui. Et quand bien même on le dirait, on n’est pas tous des Kais machin là, on peut échanger sans se prendre de haut, on l’a déjà fait^^

        • Tornado  

          D’accord, et pas d’accord : Oui, il y avait des contraintes éditoriales. mais quand on a demandé à Stan Lee d’écrire des scénarios plus récemment, il était nul. Et quand le sieur Englehart écrit la suite de son Batman en 2005, sa narration est toujours aussi lourde que dans les années 70, avec des bulles de pensées parce que manifestement il ne sait pas faire autrement.
          Sans vouloir provoquer, je pense que « scénariste de comics » à l’époque des comics de super-héros dans les années 40, 50, 60, 70 et même 80, c’était réservé à des types qui ne savaient pas vraiment écrire, qui n’avaient pas la science du découpage séquentiel. Juste des mecs qui avaient des idées et, à mon avis, qu’on n’embauchait pas ailleurs…

          J’en ai rien à faire de Kaïs-machin. J’e tiens ce discours parce que c’est ma marotte. Et que vous allez devoir me supporter tant que je serais là… 😀

          @Eddy : Tu as probablement raison pour cette histoire du temps qui passe et qui rend caduque le style des comics. Je suis par exemple incapable de lire la plupart des comics de super-héros de la bande à Jim Lee/Rob Liefeld tellement je trouve ça imbuvable. Et pourtant c’est plus récent que les comics old-school ! Par contre je pense que lire du Brubaker ou du Mike Carey, des types talentueux de cette génération, ça tiendra mieux la route dans quelques années, malgré les tics de l’époque (comme la narration décompressée).

          • Matt  

            Ah ben après y’en a aussi surement des moins bons que d’autres. Mais Claremont par exemple, même s’il n’avait plus d’idées dans les années 2000, avait cessé avec les bulles de pensée. C’est juste hyper sévère de ranger tout le monde dans le même panier. Je préfère juste ne pas parler de ce que je ne sais pas.
            Ta marotte c’est de dire que tu n’aimes pas, ok on a pigé^^ Mais tu n’as aucune raison de t’en agacer autant. C’est parce que des mecs comme Kais t’ont fait la leçon que tu le prends tant à cœur non ? Tu ne t’acharnes même pas autant sur les events Marvel à la con plein de super slips qui ont pourtant une intention commerciale plus discutable derrière que n’importe quel vieux comics.
            Moi je vois ça au pire comme des trucs mauvais inoffensifs (pour ceux que je trouve mauvais hein, pas tous^^)

          • Présence  

            Je trouve les exemples de Tornado très bien choisis. Pour avoir lu cette histoire de Batman (Strange apparitions) par Steve Englehart & Marshall Rogers, j’ai également eu l’impression que l’écriture du scénariste n’avait pas évolué d’un iota, alors qu’il n’était plus soumis aux mêmes exigences formelles. Peut-être voulait-il simplement ne pas décontenancer les lecteurs nostalgiques et a-t-il fait exprès de reproduire cette forme. Mais le fond n’était pas plus dense non plus.

            Quant à Stan Lee, sa carrière après les années 1960 a également montré qu’il était figé dans son mode d’écriture, et que privé de ses collaborateurs (Jack Kirby, Steve Ditko), son inspiration s’en était trouvée fortement amoindrie. Cela va dans le sens de reconnaître que Kirby et Ditko étaient les auteurs de leurs comics pour une part significative, voire majoritaire.

          • Présence  

            @Matt – Comme toi, je ne suis pas prêt à ranger tous les scénaristes dans le même panier, pire encore puisque les bulles de pensée ne me dérange pas outre mesure, et que je n’y vois pas une preuve d’infantilisme, mais juste une forme de narration destinée à un public plus jeune.

      • Jyrille  

        Tu m’apprends un mot.

  • Tornado  

    @Bruce : Traumatisme, faut pas exagérer. Envie de sortir la boite à gifles par contre…

    • Présence  

      Traumatisme ? C’est aussi pour Omac Spyder ! 🙂

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai pas déliré sur cette saga, je m’en rappelle presque plus, juste que la conclusion m’a paru sortir du chapeau après un déroulement très conventionnel pour cette époque.
    sur la forme, cela souffre forcément des stigmates des son temps également, mais je pense franchement que nos bd actuelles, paraîtront obsolètes également et rapidement, embourbées qu’elle sont souvent dans une continuité bien pire qu’à l’époque puisque relaunché tous les ans ou un personnage a du mal a voir une durée de vie de plus deux ans…ou on peut mourir plusieurs fois en quelques années, c’est un bordel à lire une fois déconnecté de son contexte éditorial à l’année près.
    Personnellement, j’aime LIRE mes bd, si c’est pour voir une quarantaine de vignettes sur 20 pages qui se lit en deux minutes trente pour raconter comment le personnage ouvre son dentifrice parce que c’est décompressé à mort, j’ai juste envie de me faire rembourser.
    Engleheart, je l’aime bien sur Doctor Strange à lire en écoutant Satanic Majesties Request des Stones tellement, c’est perché et Frank Brunner est trop rare, putain ça c’est du dessin.

    • PierreN  

      Oui, son Dr Strange, c’est probablement ce qu’il a fait de mieux durant cette décennie.

    • Présence  

      Si je trouve une bande dessinée sur un type qui débouche son tube de dentifrice, c’est sûr que j’en propose un article à Bruce. 🙂

      Nos bd actuelles, paraîtront obsolètes également et rapidement. – C’est une question que je me pose régulièrement quand me vient l’envie de rattraper une histoire que j’ai ratée faute de temps ou de sous au moment même de sa sortie. Est-ce qu’il reste suffisamment d’intrigue intelligible et consistante une fois que les questions de continuité et les révélations fracassantes sont devenues caduques ? En choisissant sur la base des auteurs, plutôt que sur la base des histoires « importantes », on court moins le risque de tomber sur un soufflé qui est retombé depuis.

      La question de l’enracinement dans la continuité se pose déjà pour des récits comme cette première version de Secret Empire, avec l’apparition très opportuniste des X-Men, et un positionnement de Banshee invalidé depuis. Comme tu l’indiques, l’accélération des remises à zéro rend les versions des personnages caduques plus rapidement, et produit des incompréhensions à la découverte de relations implicites dans un récit, mais différentes de celles dont on se souvenait. Par exemple, je lis la série Deathstroke de Christopher Priest, et j’ai souvent l’impression que les personnages parlent de choses évidentes pour eux, mais incohérentes avec ce que j’avais retenu des personnages jusque-là.

  • Jean-Paul Jennequin  

    Eh bien, pauvre Steve Englehart, le voilà habillé pour l’hiver ! Ce que j’ai retenu de cet article, et de ses commentaires, c’est que nous devions être bien naïfs à l’époque pour trouver cela aussi formidable. Alors j’ai envie de faire entendre un autre son de cloche. Ne serait-ce que parce que j’ai lu cette histoire à l’époque de sa parution, ainsi que pas mal d’autres comics écrits par Englehart. Ses Avengers, son Doctor Strange, sa Justice League of America étaient pour moi de vrais bonheurs de lecture. J’aimerais répondre à quelques-uns des reproches que vous lui faites.
    D’abord, il faut bien que vous compreniez que même si ces épisodes du comic book Captain America ont été réunis dans un recueil et semblent former une histoire complète, ils n’ont jamais été conçus pour être lus d’une traite. Et d’ailleurs, ils ne forment pas vraiment une histoire complète, puisque les conséquences de l’affaire de l’Empire Secret continuent dans Captain America 177 et suivants. À l’époque, les comics mainstream n’étaient pas conçus pour une lecture à deux vitesses, comme c’est le cas de nos jours où chaque parution mensuelle n’est qu’un petit morceau d’un grand « chapitre » qui sera très rapidement disponible sous forme de recueil. Si les personnages et les textes sont aussi bavards, c’est parce que l’intrigue se devait d’avancer réellement chaque mois en l’espace de dix-neuf malheureuses pages, et aussi parce qu’il fallait rappeler au lecteur ce qui était arrivé le mois précédent, voire les mois précédents dans le cas d’une intrigue développée sur plusieurs mois comme c’est le cas de celle de l’Empire Secret. Et quand je dis que l’histoire de Captain America 169 à 176 n’est pas complète, c’est parce que l’intrigue en question était suivie d’une autre intrigue, également développée sur plusieurs mois. À ce titre, Captain America 176 bouclait l’histoire de l’Empire Secret mais en amorçait une autre, celle de l’abandon de son rôle par Captain America, qui allait l’amener à créer une nouvelle identité secrète, celle de Nomad, avant de finir par redevenir Cap pour affronter le Crâne Rouge.
    Donc, pour résumer, Bruce, tu as tout faux quand tu dis que « c’est une histoire complète de super-héros même si (…) il y a des passages à la con qui ne servent à rien ». Ce n’est pas une histoire complète. Les « passages à la con qui ne servent à rien » servent tout simplement à faire quelque chose de construit et de complet des numéros de Captain America dans lesquels ils sont parus.
    D’autre part, en ce qui concerne les parallèles entre l’intrigue et l’affaire du Watergate, quel dommage que votre recueil ne reprenne pas le texte écrit par Englehart dans Captain America 173 où il abordait justement ce parallèlisme. On y apprenait qu’Englehart avait conçu sa storyline à Nöel 1972, donc bien avant qu’éclate l’affaire du Watergate, qu’à l’origine il voulait montrer Captain America attaqué par des politiciens sans scrupules qui détestaient l’idée qu’il n’était pas sous leur contrôle, puis qu’il avait été décidé que ces ennemis seraient finalement des publicistes avant que l’actualité ne rendent « les crises de confiance en des hommes beaucoup plus importants que Cap non seulement courantes mais vues et revues à l’heure qu’il est. » Il terminait en disant qu’il avait décidé de boucler l’intrigue plus tôt qu’il ne l’avait prévu afin de « passer à d’autres idées qui n’avaient pas été reprises par tout le monde. »
    Notons que l’exploration des aspects politiques de Captain America en tant qu’incarnation des idéaux de l’Amérique n’était pas nouvelle dans les épisodes écrits par Englehart. C’est même une question récurrente qu’il traite à travers des personnages aussi divers que le Captain America des années 1950, Peggy Carter, la sœur aînée de Sharon, qui se réveille d’un long état végétatif où elle se trouve depuis la Seconde Guerre mondiale, la Serpent Society dont il fait un groupe de super-méchants à vocation extrémiste, ou Dave Cox, le vétéran de la guerre du Viêt-Nam devenu pacifiste. Evidemment, huit numéros même successifs et traitant d’une même intrigue ne peuvent pas vraiment rendre compte de la richesse de cette période (pour rappel, Englehart écrit Captain America presque sans interruption du numéro 153 au numéro 188, soit pendant presque trois ans).
    Réduire tout ça, comme le fait Tornado à « (jouer) les trublions en foutant de la critique socio-politique dans le sous-texte de ses récits » me paraît une approche, comment dire, quelque peu caricaturale et anachronique de son passage sur Captain America et de ses numéros d’Avengers où les héros se retrouvent sur une terre parallèle où les conglomérats ont pris le contrôle du gouvernement. Non, Tornado, il ne s’agit pas de critiques exprimées dans le « sous-texte ». Elles sont aux contraires très explicites, parfaitement compréhensibles par les lecteurs. Et si Englehart « (joue) les trublions », il ne le fait ni plus ni moins que d’autres scénaristes de l’époque tels Don McGregor ou Steve Gerber. Sauf qu’il le fait dans des titres Marvel qui sont parmi les meilleures ventes de l’éditeur (175 000 exemplaires vendus en moyenne pour Captain America dans le statement of ownership de septembre 1973) à une époque où le dit éditeur ne publie guère que trente à quarante nouveautés par mois. Et cette critique de la société américaine, certes bien moins mordante et acerbe que celle des comix underground, intervient dans un média bridé par le Comics Code.

    • Présence  

      Merci beaucoup pour cette longue réponse argumentée, détaillée, apportant un point de vue que j »étais bien incapable d’adopter. Je n’ai pas lu ces épisodes en VO en 1974. J’avais dû les découvrir au moment de leur parution en VF, et je les ai relus récemment. Du coup, mon appréciation en est colorée par les biais que vous relevez. En particulier, c’est vrai que j’ai écrit mon commentaire comme si Steve Englehart avait écrit son histoire d’une traite, alors que la norme de parution était le numéro mensuel, sans visée d’un recueil, format qui n’existait pas à l’époque.

      Je regrette également de ne pas avoir pu lire le texte écrit par Englehart dans Captain America 173 dont j’ignorais l’existence. Il est vrai aussi que j’ai lu ces épisodes sans avoir lu ceux les précédant, ou ceux d’après ce qui ne me permettait pas d’apprécier si le thème de l’incarnation des idéaux était présent tout au long des épisodes d’Englehart ou non. En passant et avec les critères de lecture d’aujourd’hui, je n’arrive pas à imaginer les raisons qui ont pu faire que Mike Friedrich participe autant à l’écriture.

      À titre personnel, il est vrai que je trouvais les titres écrits par Steve Gerber et ceux par Don McGregor plus personnels que ceux d’Englehart. Mais à nouveau, ma sensibilité est celle d’un lecteur d’aujourd’hui, ne prenant pas toujours en compte le contexte tel que les chiffres de vente d’une série.

      Merci beaucoup pour tous ces éléments qui prolongent mon plaisir de lecture et sa compréhension.

  • Présence  

    Concernant l’enchaînement rapide des événements, Jean-Paul Jennequin répond de manière bien plus pertinente que je ne saurais le faire.

    Pour avoir lu les 2 séries Captain America menant à Secret Empire version 2017, l’intrigue développée place Steve Rogers dans le rôle de celui qui trahit les idéaux, plutôt que le président des États-Unis.

    J’aime bien ton questionnement sur l’accélération du flux d’informations. Je ne suis pas convaincu que l’augmentation du volume aille de pair avec une dilution systématique. Mon ressenti (ce qui n’est pas une étude sociologique) est que l’augmentation du volume s’accompagne d’une augmentation de qualité. Les divertissements sont de plus en plus divertissants, et les reportages deviennent de plus en plus pointu. Si le spectateur / consommateur le souhaite, il eut se gaver de divertissements décérébrés sans jamais en voir la fin. S’il le souhaite, il a à sa disposition un puits sans fond de documentaires intelligents, pertinents et perspicaces.

    Je ressens l’augmentation du volume comme une disponibilité et une accessibilité immédiates d’informations sur tous les sujets. Plus jeune, il fallait que je cherche activement pour trouver des informations sur des vedettes moins médiatiques, sur des sujets peu porteurs sans certitudes qu’un tel produit existe. Aujourd’hui, il suffit de quelques clics. En outre, la qualité professionnelle des produits culturels a augmenté, permettant d’avoir des volumes de produits bien faits qui dépassent la capacité d’absorption de l’individu. Du fait de l’augmentation du volume, le nombre de produits ou d’œuvres d’exception a également augmenté, et en plus les anciennes sont également plus facilement accessibles.

    L’augmentation du flux d’information a également provoqué un émiettement de la culture, la diversifiant et permettant à chacun de choisir. Malgré la qualité des techniques de matraquage, il n’est plus si facile pour une entreprise de faire accéder un artiste ou un produit culturel à l’état de référence universelle. Du coup l’Empire Secret de l’Information a plus pour but de produire plus, d’accélérer le flux, plutôt que de censurer ou d’orienter le contenu.

    • PierreN  

      D’après ce que j’ai cru comprendre, on dirait que le titre du crossover de Spencer a été choisi pour surfer sur l’aura de l’arc d’Englehart et pour désigner l’organisation au coeur de cet event. Je présume que cela ne veut pas dire pour autant que l’organisation criminelle « Secret Empire » sera de la partie. D’après les retours, cet event a l’air d’être mieux foutu que les précédents, à l’exception de la conclusion, qui semble avoir déçu (mais Spencer s’est rattrapé en donnant une belle fin à son run sur les deux titres Cap avec le one-shot Generations: Sam Wilson Captain America & Steve Rogers Captain America).
      Voilà n débat plutôt intéressant sur le sujet des héritiers de Cap : http://www.buzzcomics.net/showthread.php?t=70850

    • Présence  

      La somme d’informations ne produit pas un apprentissage. – Entièrement d’accord, je réagissais aussi pour avoir vu la différence en termes d’apprentissage, entre les méthodes par le biais desquelles j’ai appris dans a scolarité, et celles utilisées par mes enfants. Le rapport à l’information et à la connaissance a changé, ainsi, comme tu le soulignes, que les compétences nécessaires pour trouver son chemin dans ce flux incessant et infini. Je partage ton avis sur le fait que les réseaux sociaux ne constituent pas un outil d’apprentissage. 🙂

  • Bruce lit  

    @Jean-Paul Jennequin :
    Hello et merci de cette mise au point passionnée et passionnante. Je continue de penser qu’en dehors du fait qu’il faille des intrigues secondaires pour Sam Wilson, les scènes au Wakanda n’ont pas grand intérêt du moins à mes yeux. J’ai aussi dit que j’avais bien aimé, hein ? malgré le côté vieillot.
    Je pense que nous sommes d’accord sur un fait, et c’est bien ce qui fait le casse tête des grands éditeurs : comment mobiliser des lecteurs qui n’ont pas vécues ces années là. Je peux comprendre qu’un gamin d’aujourd’hui soit plus fasciné par Civil War que ces histoires fondatrices. Pour ma part, je prends plaisir à les découvrir en tant qu' »archives » du genre. Un peu comme on lirait du Villon ou du Rabelais en vieux français. Je ne voudrais absolument pas paraître méprisant pour ceux qui ont écus ces années-là, et je suis souvent plus impitoyable envers les scénaristes modernes.
    Pour relire en ce moment de vieux FF de Wolfman et malgré plein de petits trucs amusants, j’ai passé un très bon moment à lire la confrontation entre Doom, son Clone et Richard en notant, de-ci,de-là, plein de symboles psychanalytiques qui n’ont pas attendu des auteurs modernes pour s’assumer.

    • PierreN  

      « Pour relire en ce moment de vieux FF de Wolfman et malgré plein de petits trucs amusants, j’ai passé un très bon moment à lire la confrontation entre Doom, son Clone et Richard en notant, de-ci,de-là, plein de symboles psychanalytiques qui n’ont pas attendu des auteurs modernes pour s’assumer. »

      Aux alentours du 200 ?
      Très bonne période en effet (sur la fin il y a même du Byrne).

      • Bruce lit  

        Oui, La chute De Fatalis.

  • JP Nguyen  

    Je n’ai pas lu cet arc mais j’en connais l’intrigue et quelques cases car il a souvent été cité dans des blogs et autres sites VO.
    L’article de Présence nous fait un top très clair, comme d’habitude, et le commentaire de JP Jennequin est très éclairant.
    Le lien vers la discussion Buzz posté par PierreN est aussi passionnant…
    Mais attendez, comment vous voulez que je termine Figure Replay dans les temps si vous me montrez autant de trucs à lire ?
    Non, je blague, je viens de finir il y a 5 minutes…

    • Présence  

      Est-ce à dire que ces dessins te rebutes moins que ceux de Paul Neary & John Beatty ?

      • JP Nguyen  

        @Présence : hey, dans mon commentaire, j’avais dit que je le trouvais bien, l’encrage de John Beatty ! Mais le style Neary, par contre… un peu trop bof…
        Et paradoxalement, Sal Buscema, j’aime bien. Ce n’est pas toujours d’une beauté à couper le souffle mais c’est efficace et plein d’énergie. J’adore ses poses classiques de grosses mandales, avec un goût prononcé pour les crochets.
        En fait, je crois que j’ai une certaine affection pour ce dessinateur, affection gagnée au fil de ses runs sur Rom, Hulk et Spider-Man…

  • Tornado  

    Merci à J-P Jennequin pour son commentaire généreux en explications dont je suis toujours friand, puisque justement, je cherche sans cesse à comprendre comment un lecteur adulte et cultivé peut arriver à aimer ce type de lecture que je trouve infantile.
    Le problème est que je n’arriverais jamais à passer outre cette narration enclumée propre aux séries de cette époque. Et que je n’arriverais jamais à comprendre comment vous faites tous pour y arriver ! 😀

  • Fred le mallrat  

    Comme JP Jennequin, je suis un fan des travaux anciens de Englehart! Je les ai lu gamin dans les années 80 et les relit encore à 43 ans avec le même plaisir (je rachète les intégrales)
    J’aime comment il place souvent des commentaires sociaux dans ses histoires!Je trouve aussi qu’il est celui qui définit Steve Rogers le premier, lui donne un but, une façon de penser! Il est celui aussi qui définira Falcon et le rendra indépendant!
    Il relance aussi le skull comme il le fera pour le Joker comme adversaire impitoyable!
    Certes la forme, le style peuvent être ampoule mais des gars comme Bendis ont du style et du talent mais ont moins de fond par exemple, rate souvent leurs fins, ont des contradictions internes et ont des personnages « objet »!
    Tout ça pour dire que si depuis le surfer dans les 90’s, je trouve qu’Englehart n’a plus réussi un bon scénario… Il reste pour moi meilleur scénariste que bendis ou snyder etdans mon top 20!
    Surtout son passage sur Captain America est le plus important! Il définit la série et donne but et personnalité au Captain

    • Présence  

      Merci pour ce point de vue complémentaire qui permet de comprendre les apports de Steve Englehart au personnage. C’était une question que je ne m’étais jamais posée, et je ne connais pas assez bien les épisodes précédents, ce qui me rend incapable d’une telle prise de recul pour voir lesdits apports.

  • Jyrille  

    Je pense que je serai incapable de lire ça, mais de toute façon je préfère lire l’avis de Présence là-dessus. A part une remise en contexte historique, cela doit être bien ardu de lire ces histoires. Quand j’avais tenté de lire les X-Men il y a deux ou trois ans, j’avais eu le même sentiment de rapidité entre chaque péripétie, d’enchaînements incessants entre combats et situations périlleuses sans aucune volonté de réalisme (comme tu le disais pour les décors sur l’article précédent).

    Il reste que la réflexion et le parallélisme avec le Watergate sont savoureux, tout comme l’acronyme final. Avec nos yeux adultes, il y a encore à comprendre, à imaginer ces créateurs autrefois vénérés dans la vraie vie et leurs propres réflexions sur leur art.

    Quant à la BO, c’est un de mes disques favoris d’un de mes groupes favoris.

    • Bruce lit  

      @Cyrille
      Hey, je savais que la BO te plairait. Je n’ai pas trouvé la lecture si ardue.
      La plupart des personnages sont bien connus et sincèrement, ils sont suffisamment archétypaux pour ne pas se prendre la tête.

      • Jyrille  

        Oh mais de toute façon ma lecture serait de simple curiosité, je n’ai pas trop envie de faire l’effort de trouver ça, et j’ai déjà pas mal de choses à lire et à découvrir autrement plus importantes à mes yeux…

  • Patrick 6  

    Mince j’avais loupé cet article ! Voilà qui est bien dommage car je suis très attaché à cette histoire puisque c’est tout simplement un des tout premiers comics Marvel que j’ai lu ! (Les premiers numéros sont parus chez Aredit dans un « album géant » Captain America et Spiderman en 1980). Madeleine de Proust attitude. Bon vu que j’arrive après la bataille je n’ai pas grand chose à rajouter par rapport à ce qui a déjà été dit, mis à part que je crois bon de rappeler que les comics de cette époque s’adressait avant tout aux enfants. La relecture à l’âge adulte provoque forcément un sentiment de décalage. Cependant dans ce contexte, parler de corruption et de désenchantement à des enfants (ou des ados disons) est un pari assez audacieux de la part du scénariste !

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