Le droit de rêver

Asgardian wars par Claremont, Paul Smith et Arthur Adams

Le sourire malicieux et inquiétant de Loki

Le sourire malicieux et inquiétant de Loki©Marvel Comics

Première publication le 16/07/14- Mise à jour le 20/08/16

AUTEUR : PRÉSENCE

VO : Marvel

VF : Lug/Panini

Ce tome comprend les 2 épisodes de la minisérie « X-Men / Alpha Flight » parue en 1985, ainsi que le numéro spécial édition 1 des New Mutants (64 pages) et le numéro annuel 9 des Uncanny X-Men (48 pages) parus en 1986. Tous les scénarios sont de Chris Claremont.

X-Men / Alpha Flight – (illustrations de Paul Smith et Bob Wiacek)

L’avion cargo piloté par Madelyne Pryor s’écrase quelque part dans le cercle arctique avec à son bord Scott Summers. Rachel Summers reçoit de plein fouet un flash psychique où elle voit Scott s’effondrer dans la neige en proie aux flammes. Il ne lui faut pas longtemps pour en déduire qu’Alpha Flight doit être dans le coup puisqu’ils avaient déjà attaqué les X-Men lors de leur retour de la Terre Sauvage (dans Uncanny X-Men 3).

Il s’ensuit un vol rapide, puis un affrontement en bonne et due forme entre les 2 équipes jusqu’à ce que l’évidence s’impose. Les 2 équipes se rendent alors sur les lieux du crash où elles sont accueillies par Scott Summers guéri de ses rayons optiques et Madelyne qui dispose de pouvoirs de guérison. Qu’est-ce qui a pu provoquer leur transformation, ainsi que celle des autres membres de l’équipage ?

L’équipe des X-Men se compose de Rogue, Colossus, Charles Xavier (qui marche et qui fume la pipe), Nightcrawler, Wolverine, Kitty Pride, Rachel Summers et Lockheed. Alpha Flight se compose d’Heather Hudson, Shaman, Talisman, Puck, Aurora, Northstar et Sasquatch.

Paul Smith est adepte de dessins simples et facilement lisibles. Il évite donc de surcharger ses illustrations en traits non signifiant, il limite les ombres au strict minimum et il préfère souvent le trait fin pour délimiter les contours, aux variations d’épaisseur de trait pour rendre le relief.

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La neige : l’endroit idéal pour une bonne sieste…©Marvel Comics

Paul Smith gère aussi le nombre de détails pour ne garder que l’essentiel et il privilégie des mises en scène aérées. Il possède un don pour rendre les expressions sur les visages à l’aide d’un minimum de traits.

Chris Claremont déploie tout son art pour cette histoire. Il limite les démonstrations de pouvoir au minimum (même le combat entre les 2 équipes est réglé en moins de 5 pages) pour se concentrer sur les personnages, le mystère qui entoure cette citadelle utopique et le dilemme moral que représentent ces dons merveilleux.

Le bonheur pour tous, sauf quelques uns

Le bonheur pour tous, sauf quelques uns©Marvel Comics

Étonnamment c’est le cadre de la cité magique qui permet à Claremont de rendre crédible le choix cornélien et complexe que doivent effectuer les uns et les autres : améliorer le sort de l’humanité toute entière en condamnant une poignée de proches.

Étonnamment Claremont se sert de cette minisérie pour aussi faire avancer de manière significative les relations entre les X-Men, en particulier la position de Rachel par rapport à Scott Summers et pour annoncer la grossesse de Madelyne. L’ensemble des ces éléments confère une densité narrative à ce récit qui m’a happé comme à la première lecture.

Félicitations Scott, tu vas être papa !

Félicitations Scott, tu vas être papa !©Marvel Comics

New Mutants & X-Men (illustrations d’Art Adams, encrés par Terry Austin, puis Al Gordon)

Les New Mutants sont en vacances à Kirinos (une petite île grecque) sous la responsabilité de Storm qui n’a plus ses pouvoirs. Ils sont enlevés par Loki qui les transporte à Asgard et les confie à Enchanteress, sauf Storm qu’il garde pour lui.  Magik essaye de les téléporter, mais elle ne fait que les éparpiller dans les royaumes asgardiens alors qu’elle reste prisonnière.

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La coloriste a du mal à faire ressortir tous les détails.©Marvel Comics

La route sera longue et difficile pour avant qu’ils ne puissent se rassembler et affronter Enchantress (Amora). Et même alors, ils ne disposent toujours pas de moyen pour revenir sur terre. Seule l’intervention des X-Men permettra de mettre un terme aux agissements de Loki. Les membres des New Mutants sont Warlock, Mirage, Karma, Magik, Wolsfsbane, Magma, Cypher, Cannonball et Sunspot. L’équipe des X-Men est composée de Rachel Summers, Cyclops, Storm, Colossus, Wolverine, Nightcrawler, Shadowcat et Rogue.

Avec cette histoire, Claremont modifie l’équilibre des composantes narratives (par rapport à la première histoire) pour privilégier l’aventure merveilleuse. Il bénéficie d’un atout de taille : Art Adams qui est alors débutant.

Le numéro spécial des New Mutants est encré par Terry Austin et il faut contempler les pages pour croire qu’un tel niveau de détails est possible tout en conservant la lisibilité des cases. Il ne manque pas une seule maille sur les cottes de mailles des guerriers, pas un seul brin d’herbe à la prairie où Mirage trouve un cheval ailé, pas un poil à la fourrure du prince loup-garou.

Les personnages des New Mutants ressemblent à de vrais adolescents oscillant entre une enfance encore présente et une maturité proche. Art Adams glisse quelques gags visuels surtout grâce à Warlock (en Entreprise de Star Trek ou en Haggard du Nord).

Claremont compose un scénario qui varie les scènes rapidement et Art Adams aligne les trouvailles visuelles qui rendent parfaitement l’enchantement et le merveilleux qui se dégage d’Asgard.

Karma (Xi'an Coy Manh) obèse et réduite à manger des lézards.

Karma (Xi’an Coy Manh) obèse et réduite à manger des lézards.©Marvel Comics

C’est une grande aventure rapide qui fait voyager le lecteur de la Grèce au trône d’Asgard en passant par les oubliettes du château d’Enchantress, en passant par les plaines, le désert, une salle de banquet, les forêts des géants, une taverne accueillante, les grottes des nains, etc. Même les Warriors Three (Fandrall, Hogun et Volstagg) sont de la partie.

Il ne manque que Thor et Odin qui étaient occupés ailleurs. La deuxième partie perd un peu en décors du fait que l’encrage est confié à Al Gordon, encreur nettement en dessous d’Austin. Il est à déplorer une mise en couleurs peu habile de ces épisodes qui a tendance à noyer quelques détails.

Un énorme regroupement de mutants pour l'époque

Un énorme regroupement de mutants pour l’époque©Marvel Comics

À cette époque, la réunion de 2 équipes est encore un événement (pensez donc, il faudra attendre encore 2 ans avant que Wolverine ne dispose de sa propre série en 1988). Chris Claremont rend justice à la magie d’Asgard en confrontant les membres des New Mutants encore jeunes et impressionnables à un monde féerique qui leur offre bien des merveilles.

Ce que le scénario perd en maturité par rapport à la première partie, il le gagne en aventures grand spectacle et en pur divertissement (même si le volume des phylactères prend parfois des proportions très importantes).

La déesse du tonnerre : Storm !

La déesse du tonnerre : Storm !©Marvel Comics

Même si je sais que je ne suis pas tout à fait honnête vis-à-vis de ces 2 histoires (une fibre nostalgique sensible), leur relecture m’a vraiment fait plaisir pour une question philosophique et un point de vue sur la vie plus élaboré qu’il n’y paraît dans la première partie, et pour le dépaysement enchanteur total de la deuxième partie.

Et puis quel plaisir de se replonger dans ces histoires où les mutants n’étaient pas encore figés pour cause de trop grande réussite commerciale : les New Mutants étaient encore en phase d’évolution, de maturation.

L'inénarrable Warlock, dans un emploi comique

L’inénarrable Warlock, dans un emploi comique©Marvel Comics

14 comments

  • Nicolas  

    L’histoire globale me parait un peu datée, surtout au niveau des dessins de Paul Smith.Arthur Adams dessinait comme un Dieu à cette époque et livrait du trèsbon travail; les couleurs sont lumineuses et donent une relief chatoyant à l’ensemble. Ou alors c’est juste la fibre nostalgique quand je relis mes vieux Titans avec les couvertures peintes de Jean Frisano.

    Il souffle sur l’ensembleun petit vent de liberté créatrice que les X-Men ont perdu au début des années 9 en devenant une licence commerciale surexploitée. Une autre époque et une autre vision des comics.

    • Présence  

      Pour les couleurs, je partage l’avis de Bruce. En relisant ces comics, il saute aux yeux que Christie Scheele n’arrive pas à réaliser une mise en couleurs aussi minutieuse que les dessins d’Art Adams, coloriant par gros pâtés, plutôt que par minuscules surfaces. Était-ce une question de temps pour réaliser le boulot ou une limitation technique ? Je ne sais pas, mais le résultat ne fait pas ressortir le degré de précision d’Adams.

  • Nicolas  

    Byrne ne cherchait pas a concurrencer les X-Men, c’était un travail de commande de Marveil qu’il a bien voulu exécuter, n’aimant pas lui-même ses personnages. Il ne s’en ait jamais caché. Il a d’ailleurs déccroché au 28ème épisode. Il était même pret à les tuer tous si il fallait !
    C’est dommage de voir un scénariste détester ses personnage à ce point.

      • Bruce lit  

        Ben merde alors… si le createur n aime pas ses creatures….
        Concernant le manque d epaisseur des persos, c est bien la premiere fois que je suis d accord avec Byrne…
        Et puis serieux, vous avez vu la coupe de Rogue ?

    • Présence  

      🙂

      En plus, il ne faut pas compter sur Byrne pour payer nos frais de psy, suite aux traumatismes qu’il a occasionnés.

  • Présence  

    Si ma mémoire est bonne, durant la période juste avant, Claremont et Dave Cockrum s’étaient bien amusés à montrer que les goûts vestimentaires d’adolescente de Kitty laissait à désirer, au travers de costumes tous plus kitchs les uns que les autres. Mais c’est vrai que Paul Smith ne l’a pas gâtée avec cette coiffure.

  • Marti  

    Merci Presence, je connaissais le forum de Byrne mais pas sa page FAQ, je viens d’y passer une bonne heure… et j’ai appris un terme, le « Claremont-itis » : personne n’est jamais normal, avec ici l’exemple d’un « Claremont-itis » efectué par Bill Mantlo sur Affa Flight, avec la découverte que Puck est atteint de nanisme parce qu’un démon l’habite… Il n’y a vraiment que dans les comics que l’on voit ça !

  • Présence  

    @Marti – Tout le plaisir est pour moi de savoir que tu as apprécié les points de vue de John Byrne. Si je me souviens bien, Byrne a la dent dure contre Bill Mantlo, l’ennemi du sous-entendu et de la demi-mesure.

    • PierreN  

      @Présence: Et quand Byrne a débarqué sur Hulk pour seulement quelques numéros vers 85/86, il n’a pas vraiment traité avec beaucoup d’égards les apports de Mantlo (contrairement à ce qu’a pu faire Peter David, qui a trouvé là les bases de son propre run, et notamment à propos de l’enfance de Banner).
      Si ma mémoire est bonne, Byrne en avait marre d’Alpha Flight, et avec Mantlo ils ont échangé leurs séries respectives juste après Secret Wars 2.
      http://2.bp.blogspot.com/_fZ37jdy-g4M/TBWYvksgt0I/AAAAAAAAA9w/R1v8RF5agcc/s1600/35.jpg

  • Barbuz  

    Merci Présence, pour cet article enthousiaste dont le ressenti concernant ces épisodes est aux antipodes du mien.

    • Présence  

      Merci de ton passage. Comme nous le disions, j’ai plus considéré ces épisodes comme une escapade à part de la série mensuelle, que comme s’insérant dans la continuité du moment.

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