Le Syndrome de Peter Pan (ULTIMATE SPIDER-MAN)

Encyclopegeek : Ultimate Spider-Man

Un article de JB VU VAN

VO : Marvel Comics

VF : Panini Comics

J’ai déjà entendu ça quelque part…
© Marvel Comics
© Panini Comics

Cet article portera sur les n°1 à 133, 150 à 160 et les 3 annuals de ULTIMATE SPIDER-MAN (2000), la minisérie ULTIMATE SIX, les 2 numéros de ULTIMATUM : SPIDER-MAN REQUIEM, ainsi que les n°1 à 15 d’ULTIMATE COMICS : SPIDER-MAN. Ces séries écrites par Brian Bendis et illustrées par divers artistes (Mark Bagley, Trevor Hairsine, Stuart Immonen, Mark Brooks et David Lafuente) ont été publiées en divers formats kiosque et librairie par Panini Comics

Dites-moi si vous la connaissez déjà cette histoire. Peter Parker, un jeune lycéen, maltraité par ses condisciples et élevé par son oncle et sa tante, visite un laboratoire et se fait mordre par une araignée. Il se découvre des pouvoirs et devient un catcheur nommé Spider-Man. Mais il laisse s’enfuir un voleur qu’il aurait pu arrêter. Lorsqu’il revient chez lui, Peter découvre que son oncle Ben a été assassiné. Il traque le coupable mais découvre qu’il s’agit du criminel qu’il a laissé filé. Peter apprend ainsi bien trop tard qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, une leçon qui le pousse à devenir un superhéros malgré de puissants ennemis et une réputation désastreuse que lui donnent les éditoriaux de J. Jonah Jameson.

Une nouvelle jeunesse
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Cependant, dans ULTIMATE SPIDER-MAN, les origines des pouvoirs de Peter diffèrent de l’histoire que nous connaissons. Depuis des décennies, les diverses entreprises comme Roxxon, Trask Industries ou Oscorp tentent de reproduire le sérum du super-soldat qui a donné ses pouvoirs à Captain America. L’araignée qui mord Peter porte la version développée par Norman Osborn, Oz. Lorsqu’il découvre les effets de cette drogue sur le jeune Parker, Norman s’injecte du Oz et se transforme en monstre, dans un incident qui plonge le Dr Octavius dans un profond coma. D’autres entreprises, comme celle de Justin Hammer, construisent leurs propres surhommes et offrent les services de ces derniers aux puissants de ce monde comme Wilson Fisk, le Caïd du crime…

Les parents de Peter Parker sont également différents. Il ne s’agit plus d’agents secrets du SHIELD disparus en mission, mais de scientifiques décédés lors d’un crash d’avion avec leurs collaborateurs, Eddie Brock Sr. et son épouse. Avec Eddie Brock Jr., Peter découvre le projet sur lequel ils travaillaient avant leur mort : un costume vivant, dont ses inventeurs espéraient qu’il permettrait de vaincre le cancer. Mais Parker découvre que le symbiote est incontrôlable et dangereux. Bien qu’il tente de le détruire, à son insu, le Dr Conners va reproduire l’expérience.

Un air de déjà-vu
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Presque par accident, Peter Parker se rapproche des X-Men, d’abord par l’intermédiaire de Wolverine qu’il rencontre dans la série dérivée ULTIMATE SPIDER-MAN TEAM UP, puis par l’émergence d’un nouveau mutant dans son lycée. Il finit par se lier avec Kitty Pryde, au point qu’elle va au clash avec Charles Xavier pour pouvoir aider Peter. Virée par le Professeur X, Kitty rejoint le lycée de Peter. Mais ce n’est pas la seule superhéroïne à le fréquenter ! Johnny Storm tente de vivre une vie normale et croise la route de Peter et de son entourage. Bobby Drake s’y cache également lorsque la catastrophe d’ULTIMATUM et les révélations qui s’ensuivent rendent les mutants hors-la-loi.

Mais les relations entre Spider-Man et la communauté super-héroïque ne sont pas toujours aussi faciles. Lorsqu’un groupe de superhéros urbains mené par Daredevil, lassé de voir le Caïd échapper à la justice sans cesse, se met en tête d’assassiner Wilson Fisk, Spider-Man s’interpose malgré ses propres difficultés avec le criminel. Nick Fury ne cesse de le surveiller et, avec un discours ambigu, avertit le jeune homme qu’il “serait à lui” à sa majorité. Ce qui sonne pour Nick Fury comme une opportunité de rejoindre les Ultimates ressemble à une menace pour un Peter impressionnable. Mais si Fury tente de protéger (souvent avec une main de fer) le jeune Parker, il se prépare à le neutraliser au besoin…

Fury et ses dons de pédiatre
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Les événements d’ULTIMATUM changent la donne pour Peter Parker. J. Jonah Jameson a été témoin de son héroïsme face au tsunami qui ravage la ville. Il décide alors de réparer l’image du jeune héros. Une nouvelle menace émerge sous la forme de Mysterio, dont le premier acte est d’exécuter Wilson Fisk. Et le remplacement de Nick Fury par Carol Danvers à la tête du SHIELD remet en question le statut de Spider-Man. Celui-ci devient l’apprenti des membres des Ultimates au pire moment, lors d’une guerre ouverte entre les Ultimates et les Avengers. Spider-Man est notamment touché par un tir du Punisher, qui visait Captain America. Si la blessure n’est pas mortelle, elle handicape Peter alors que ses pires ennemis s’évadent, menés par Norman Osborn. Parker se précipite immédiatement dans son quartier pour protéger ses proches dans un affrontement qui pourrait lui être fatal.

Et… je m’arrête là. Le défi proposé par le grand chef à tout membre de la rédac’ intéressé(e) était de faire un papier sur ULTIMATE SPIDER-MAN. Je me suis donc fait un marathon des 160 numéros qui constituent la saga de Peter Parker (+ les annuals), sans déborder sur l’arrivée de Miles Morales, ni sur une certaine résurrection (ne t’attends pas à une rétribution supplémentaire Ndr.) Si j’ai très peu d’affection pour l’univers Ultimate (dont je déteste tant les ULTIMATES que les ULTIMATE X-MEN), j’avais un relativement bon souvenir de cette série malgré une Saga du clone qui m’avait parue interminable. C’est également une époque où je n’avais pas eu Bendis à toutes les sauces : Avengers, X-Men, Guardians pour des résultats toujours plus bavards et éloignés des héros que je connaissais. La relecture à la chaîne m’a permis de me remettre les idées en place et de contempler le chemin parcouru par l’auteur, et le changement que cette série a initié dans le milieu des comics.

Fais place, ô image du Bouffon, au pouvoir d’Étrigan le Démon (boules de feu comprises)
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Ultimate Marvel, késako ? Une idée de Bill Jemas, tout d’abord. Peu impliqué dans l’écriture à l’époque (il est avocat de base), Jemas trouvait la continuité trop pesante et a suggéré un reboot des personnages. L’idée n’est pas nouvelle. Quelques années avant, le crossover Onslaught a abouti à une remise à zéro des Fantastic Four, d’Iron Man, de Captain America et des Avengers : apparemment morts au combat, ils se retrouvaient réincarné sur une terre parallèle et revivaient une version modernisée de leurs origines. Malgré un succès des ventes de ces titres labellisés Heroes Reborn, les personnages sont finalement ramenés sur la Terre principale. Pendant ce temps, les créatifs se livrent à plusieurs tentatives de reboot de Spider-Man, considéré comme vieilli par son mariage : création de Ben Reilly, “véritable” Peter Parker libre de toute attache ; création de l’univers MC2, avec le succès de What if n°100 où la fille de Peter Parker et Mary Jane, lycéenne, se découvre des superpouvoirs ; enfin, un SPIDER-MAN : CHAPTER ONE de John Byrne désastreux, qui tente d’adapter les histoires de Stan Lee et Steve Ditko en les modernisant. Relookings peu appréciés, redites inutiles, ajouts de cliffhanger qui casse le rythme et liens douteux avec la série que Byrne a réalisée avec Howard Mackie en même temps, le résultat est peu convaincant.

Mais Ultimate Marvel réussit là où ses prédécesseurs ont échoué. Le public accroche avec ces versions rajeunies des personnages dont les séries sont lancées par Brian Bendis et Mark Millar. Les histoires sont plus modernes et considérées par beaucoup comme plus matures et réalistes, même si votre serviteur et son grand chef ont une opinion assez différente sur ces derniers points. En effet, dans les séries de Millar, les personnages sont plus cyniques. Mais réalistes ? Je dirais plutôt caricaturaux : Captain America est une vieille ganache aux idées arriérées, Hulk est un cannibal, Iron Man un alcoolique sans intention de surmonter son addiction, et Hank Pym poursuit sa compagne Janet en l’aspergeant d’insecticide. Côté X-Men, Xavier est plus louche que jamais, Magnéto met George W. Bush à poil devant la Maison Blanche et Wolverine n’hésite pas à tenter de tuer Cyclope pour coucher avec Jean Grey. Réaliste, on vous dit !

Un Captain America enfin réaliste : condescendant et insultant, comme on l’aime !
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Bref, pour moi, Ultimate Marvel intègre la perception générale qu’a le lecteur de comics des personnages en exagérant leur trait. Et c’est aussi valable pour Spider-Man ! Pour ceux qui connaissent le personnage sans lire ses comics, Spider-Man est la figure de proue de Marvel et Peter Parker est un lycéen qui devient un héros après le meurtre de son oncle, qui lui a appris qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. C’est l’image que renvoient la plupart des adaptations au cinéma comme à la TV. Et la version Ultimate du personnage reflète ces 2 éléments : 1) Peter Parker est un idéaliste et 2) Peter Parker est un ado. Et aucun de ces 2 traits ne va évoluer durant les 160 numéros de ses séries !

Si j’apprécie ULTIMATE SPIDER-MAN au contraire de la plupart des autres séries Ultimate Marvel, c’est justement car elle tranche avec le cynisme et la violence ridicule de ces titres. Malgré les doutes, les épreuves et les pertes qu’il subit, Peter Parker garde (ou retrouve) la foi en sa mission. Les apparitions des autres personnages dans son titre montrent d’ailleurs à quel point le reste des “héros” Ultimate sont des fumiers finis. Un échange d’esprit entre Logan et Peter Parker montre que les X-Men ont peu d’intérêt pour les vies qu’ils manquent de ruiner (et que Logan est tout à fait disposé à coucher avec une ado de 15 ans.) Et l’héroïsme de Spider-Man montre à quel point les manipulations de Nick Fury sont délétères : les manigances du borgne pour fonder les Ultimates mènent à la création de contre-programmes encore plus dangereux.

Échangeons l’esprit de Wolverine avec une personne inconnue, qu’est-ce qui pourrait arriver ?
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Mais le problème est que Peter Parker ne peut pas grandir. Son créateur l’en empêche. Interrogé sur le sujet, Brian Bendis a comparé la série à la longévité des SIMPSON : si le dessin animé de Matt Groening pouvait figer ses personnages dans le temps durant des décennies, pourquoi pas lui ? Dans les faits, il est explicitement dit au début de la série que Peter Parker est âgé de 15 ans et n’est pas encore en terminale. Dans les numéros qui se déroulent juste avant sa mort, il fête ses 16 ans. Ce qui signifie que les (environ) 150 numéros qui précèdent prennent place sur une année… Pour comparaison, dans l’univers régulier, Peter Parker quitte le lycée dans AMAZING SPIDER-MAN n°28, à peine 3 ans après ses débuts en termes de publication.

Le style décompressé de Bendis pourrait justifier cette lenteur. Dans les comics, la décompression se dit des comics qui laisse la place à la narration visuelle (séquence d’action étendue sur une ou plusieurs pages, dites splash pages) et aux longs dialogues entre personnages, ce qui a pour conséquence d’étendre sur plusieurs numéros les histoires. Si THE AUTHORITY de Warren Ellis est généralement crédité comme la première série à donner la part belle de ce style dans les comics de superhéros, Brian Bendis est rapidement devenu le chantre de la décompression avec ULTIMATE SPIDER-MAN. Ainsi, l’origine du héros, qui dans AMAZING FANTASY n°15 tenait en 11 pages, devient une histoire en 6 numéros. Peu à peu, les histoires de Bendis sur ULTIMATE SPIDER-MAN et surtout sur DAREDEVIL vont imposer un rythme de récits en 6 numéros, calibrés pour la publication en trade paperbacks (format bibliothèque). Un modèle parfois vécu comme étouffant qui poussera notamment Geoff Johns à passer chez DC Comics !

Faute avouée…
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Cependant, même le style décompressé de Brian Bendis ne va pas sans poser des problèmes de logique. En effet, les comics eux-mêmes posent des jalons temporels. La saga Hobgoblin se déroule spécifiquement 9 mois après la transformation de Peter Parker en Spider-Man. Le problème est que la série ULTIMATE COMICS : SPIDER-MAN, située après cette arche narrative et surtout après ULTIMATUM, commence après une ellipse de 6 mois. Ce comics, pensé pour un lecteur qui n’a pas en tête 40 ans de continuité, commence lui-même à plier sous le poids de ses contradictions.

Vous me direz, ce n’est pas grave. Depuis la naissance de Franklin Richards, Marvel Comics a du mal à gérer le passage du temps. Chez les X-Men, Jubilee a dû être rajeunie à plusieurs reprises par les auteurs. Mais le nombre de séries relativement limité de l’univers Ultimate rend ces incohérences plus manifestes. Dans les numéros qui précèdent sa mort, Spider-Man est évalué par les Ultimates et le SHIELD, qui finissent par décider qu’il a besoin d’entraînement. Ce après qu’il a tiré à plusieurs reprises le SHIELD de la panade… Mais surtout après plus d’une centaine de numéros qui lui sont consacrés, alors que les Ultimates eux-mêmes n’ont eu droit jusque là qu’à des séries limitées de 6 à 12 numéros. Se crée ainsi une dissonance entre un personnage que le lecteur connaît mieux que les Ultimates et dont il suit les aventures depuis plus d’une décennie et un jeune homme considéré comme un bleu par ses pairs !

Un secret lourd à porter
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Qu’en est-il de l’écriture de la série-même ? Fan ou non du style décompressé, force est de constater que Brian Bendis aime ses personnages. J’ai déjà évoqué l’idéalisme de Peter Parker. L’auteur s’attarde également sur Mary Jane Watson, première confidente de Peter qui lui révèle rapidement qu’il est Spider-Man. Mary Jane est sensiblement différente de sa version régulière. Assez effacée, elle semble avoir échangé sa personnalité avec Gwen Stacy, qui devient celle qui fait tout pour attirer l’attention des autres. Mais ma lecture marathon de la série m’a donné l’impression que Bendis tourne en rond avec le personnage. Le long du run sera parsemé de séparation et retrouvailles du jeune couple : Mary Jane, terrifiée par une attaque du Bouffon Vert qui aurait pu lui être fatale, s’écarte de Peter qui fréquentera Kitty. Rebelote après Ultimatum où l’on retrouve Peter avec Gwen Stacy. Un revirement sorti de nulle part car, jusque-là, la relation entre Peter et Gwen restait purement fraternelle.

Le personnage qui gagne le plus en profondeur est Tante May. May Parker est rajeunie dans cette série, mais s’écarte de l’image de mamie gâteau que l’originale projetait. Cette May est plus ferme dans ses décisions, n’hésitant pas à tancer l’acerbe Jameson lorsqu’il vire son neveu. Mais le plus étonnant est de voir que son affection pour Peter peut atteindre des limites. Après la mort de Ben, elle semble parfois submergée et en vient, dans ses moments les plus bas, à ne plus supporter la responsabilité d’élever un adolescent qui n’est pas de son sang. Pour May comme pour MJ, quand elle apprendra l’identité de Spider-Man, on aura droit à un numéro entier consacré à une discussion avec Peter sur la mission qu’il s’est donnée. Excellent épisode, même si je le trouve moins fort que l’entretien entre May et son neveu sous la plume de JM Straczynski. Le grand talent de Bendis est ainsi de montrer le poids de plus en plus insupportable de l’identité de Spider-Man pour Parker et ses proches, les traumatismes qui accompagnent la fameuse “Veine de Parker.” Une caractérisation constante et intéressante, même si là encore je préfère les comics de DeMatteis sur le sujet.

Lorsque la patience de May atteint ses limites…
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Sorti de ce trio, les personnages marquants sont plus rares. Gwen devient une ado troublée qui tente d’attirer l’attention de son père et est traumatisée par l’abandon de sa mère. Jameson a droit à une scène où il se livre à Parker sur les raisons qui le poussent à critiquer Spider-Man. Il ne reviendra au centre de l’intrigue que lors d’Ultimatum et de ses suites. Liz Allen reste très en retrait, malgré un arc qui lui est dédié. Harry Osborn est absent durant la majeure partie de la série, et son story arc est un pâle reflet du run de DeMatteis. Flash Thompson est le plus grand perdant. Son personnage reste constant du début à la fin. Après la saga Carnage, à travers la bouche de Peter, Bendis indique qu’il considère qu’une brute reste une brute toute sa vie et lui refuse toute évolution. L’auteur lui crée un sidekick, Kong, qui s’écarte de Thompson pour rejoindre le cercle de Peter au fur et à mesure de la série. Dommage, le personnage de Flash pouvait donner lieu à des histoires sur la maltraitance, et sur le risque de reproduire les gestes de ses bourreaux, comme l’univers classique l’avait fait..

Niveau supervilains, c’est un peu le désert. Après sa seconde histoire, Norman Osborn va tourner en boucle. Évasion, menace à Peter qu’il veut contraindre à lui obéir sous peine de voir ses proches massacrés, capture par le SHIELD. Octopus, lui, enrage de toujours retrouver Spider-Man sur son chemin, jusqu’à un revirement inexplicable lors de sa dernière apparition. Le Caïd est surtout sujet à des blagues grossophobes. La tragique situation de Vanessa aurait pu lui donner un nouvel éclairage mais ce fil narratif est finalement abandonné. Kraven, Sandman ou Elektro sont encore plus mal lotis et relégués à des rôles mineurs. Paradoxalement, le seul supervilain qui va pouvoir évoluer est le Shocker. Apprenti-vilain se faisant neutraliser immédiatement, puis running-gag, il devient de plus en plus dangereux jusqu’à manquer de tuer Spider-Man.

Croyez-le ou pas, voici le supervilain le mieux développé de la série…
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Venons-en à la partie graphique. Mark Bagley est une perle de fluidité, digne héritier de Steve Ditko. Familier avec Spider-Man, il a notamment marqué l’arrivée de Carnage, au retour de Ben Reilly, la mort de Tante May (enfin, de l’actrice qui a pris sa place). Autant dire qu’il est un habitué du personnage. Bagley s’y connaît également en personnage adolescent pour avoir été l’artiste principal de NEW WARRIORS. Dans ULTIMATE SPIDER-MAN, il parvient un créer un Spidey plus fluet et très acrobatique, et propose des scènes d’action épiques mais lisibles. Il n’est guère étonnant qu’il assure au final la partie graphique de la série pendant plus d’une centaine de numéros, ou qu’il revienne illustrer le grand final (ou presque) de Parker.

Il passe la torche à son successeur, le vétéran Stuart Immonen, dans ULTIMATE SPIDER-MAN n°111 en répartissant les tâches. Alors que Bagley illustre une discussion où Parker raconte sa journée superhéroïque à May, Immonen matérialise les flashbacks en dessinant le combat entre Spidey et la Tâche. Je trouve qu’il ne parvient pas à rendre la jeunesse de Spider-Man lorsque celui-ci est en costume lors de ses premiers numéros, mais finit par trouver son rythme dès son second story arc. Avec son style plus anguleux, Immonen joue moins sur le dynamisme que le jeu d’expressions de ses personnages.

Après le déluge
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David Lafuente, qui devient l’artiste régulier de la série relancée après Ultimatum, travaille sur le personnage quelques temps avant, dans le troisième Annual d’ULTIMATE SPIDER-MAN. Son style bien plus cartoonesque tranche avec ses prédécesseurs, et sera mal accueilli par les lecteurs, qui lui reprocheront de donner une tête démesurée au pauvre Peter. Les critiques sur le relooking du personnage sont d’ailleurs intégrées à l’histoire lorsque MJ et Gwen tondent le pauvre Peter en lui expliquant que sa coupe de cheveux lui grossissait la tête sous son masque ! Mais on peut mettre à son crédit un relooking de Mysterio aux effets de lumières très réussis.

Que me reste-t-il d’ULTIMATE SPIDER-MAN après cette lecture fleuve ? Un vent de fraîcheur qui a fini par s’essouffler par manque d’ouverture. Une relecture moderne intéressante mais des idées qui finissent par se répéter sans se renouveler. Un idéalisme constant dans un univers de cynisme absolu, malgré les épreuves et les traumatismes. De belles histoires de famille et d’amitié, bien développées au détriment du reste de l’entourage de Peter Parker. Des visuels qui ont su se renouveler au gré des artistes. Mais surtout, un concept que Brian Bendis aurait à mon avis dû laisser vieillir et évoluer.

Spidey prend la grosse tête, mais semble rajeunir à chaque nouvel artiste !
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Proposition BO :

34 comments

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonsoir,

    merci JB pour cette éclairage impressionnant, où tu as mis doublement du tien : déjà physiquement pour la relecture des nombreux épisodes et puis connaissant tes sentiments sur l’univers Ultimate à cause d’un certain double MM tu as donc t’infligés à nouveau certains personnages. J’ai beaucoup aimé le résumé que tu as réussi à faire, sans spoiler (ou presque ou pas je connais la série donc je ne me rends pas compte).

    Je me retrouve assez dans ton avis global. Immédiatement emballé par cette série dès le début de sa publication j’ai moi aussi ressenti un le plaisir s’émousser au fur et à mesure. De souvenir l’arc avec les X-Men a été une première alerte. Et puis Bendis reste Brian : décompression et bla bla bla comme dirait l’autre suceur de sang de Transylvanie.

    Sur la décompression je ne savais pas qu’on l’attribuait en partie aux AUTHORITY de Warren Ellis : des arcs de 4 dont 3 sagas uniquement à l’époque. Pas si décompressé que cela. Dans les débats sur la décompression, certains lui donne comme origine le SPIDER-MAN de Todd McFarlane.

    Néanmoins je trouve que la série, a su trouver un ton alliant modernité et fraicheur sans tomber dans le vulgaire et la provocation. Et à de rares exceptions, Brian M Bendis n’en dévie pas. Une telle longévité dans ces qualités restent impressionnant. Après tout si il avait écrit comme MM un Spider-Man complètement différent de celui de l’univers 616 on lui aurait reproché. Il marche dans les pas du monte en l’air Stan Lee et Steve Ditko puis John Romita. Tu as bien ciblé le côté bande pote et famille, des fils conducteurs de la série.

    Graphiquement la prestation de Bagley est en parfaite adéquation avec les script de Bendis. J’ai eu un coup de coeur pour David Lafuente, qui sait dessiner un Spider-Man différent, avec une approche surprenante.

    Autre aspect important : la publication en single fonctionne. Le côté feuilletonesque, bien que décompressé, marche. Pas certains par contre que la lecture en peu de temps de plus de 160 épisodes permet de bien le ressentir.

    N’oublions pas non plus que Ultimate Spider-Man est la source d’inspiration des 3 derniers films Spider-Man sur les écrans et a une filiation évidente avec Spider-Man génération.

    la BO : je ne connaissais pas. Je pensais, naïvement, que Bob Dylan avait tué le game comme dise les jeunes aves son Forever Young. Je découvre Alphaville. Bien aimé.

    PS : j’espère que le chef t’a donné une prime.

    • JB  

      Pour comparaison, je suis très fan de Spider-Girl version MC2. Bien que les séries correspondantes se déroule également au lycée sans s’en échapper pendant plus d’une centaine de numéros, je n’ai pas l’impression de stagnation que j’ai eu avec USM. Et les personnages secondaires ou antagonistes sont autrement plus développés que ceux de Bendis. Mais évidemment, cette série n’a que partiellement été traduite en VF (et si ce n’est pas en français, ça n’existe pas !) et est visuellement plus « vieillotte » qu’Ultimate (le classique Pat Oliffe et le vétéran Ron Frenz sont moins flashy que Bagley ^^)

  • Bruce lit  

    Je suis admiratif et fier aussi. Lorsqu’écrire devient un véritable challenge physique que l’on ne ressent absolument pas dans le plaisir de cette rubrique que j’ai dévorée dès l’aube. J’ai même envie d’investir dedans tellement j’en ai entendu parler, toujours qu’en bien.
    Le fait que JB puisse avoir un avis objectif et argumenté sur ces qualités et ses défauts me donnent envie de sauter le pas que je pourrais arrêter à la mort de Peter Parker, n’étant pas du tout concerné par Miles Morales. L’argument de poids reste que Spidey reste un héros moral et de valeurs face aux ordures que sont devenues les Xmen et les Vengeurs de cet univers ( merci de me conforter dans cette opinion que je ne partage pas avec l’ami Tornado).
    Je sens un vrai plaisir de lecture ici même si j’appréhende de me retrouver avec Stuart Imomachin et la maquette des couvertures que je trouve loupée..
    Un autre argument est le traitement intelligent que Bendis semble réserver à May.
    Very Well Done JB, ce n’est pas rien ce que tu viens d’accomplir.
    Tu es embauché ! (comment, je dis ça à chaque fois ?)

    La BO : c’est très bien aussi.

    • JB  

      Depuis, on a eu tellement pire comme maquettes de couverture : les events Civil War ou Fear Itself et leurs moitiés de couverture aux fraises notamment.

      Et j’oubliais, @arrow et @Bruce, merci, heureux que ça vous ait plu !

  • Eddy Vanleffe  

    Bravo pour Alphaville, je l’ai moi même utilisé sur Mermaid saga…^^ les grands esprits se rencontres comme on dit….
    Bon après je lis l’article et oui JB tout ce que tu dis est la vérité vraie tout droit sortie des évangiles…
    la décompression, les répétitions, l’analogie aux Simpsons (voulue et assumée par Bendis) la caricature vendue comme du réalisme etc…

    Je suis très indulgent envers cette série personnellement…il y a des choses que j’apprécie pas trop mais en gros c’est un très bon voyage pendant les 134 premiers épisodes…
    Le post ultimatum ne m’a jamais paru « naturel », c’est la logique du « on change tout , vous allez voir c’est mieux… » bof!
    Le retour de Bagley pourrait faire plaisir et annoncer un retour aux choses mais c’est plutôt un chant du cygne d’ailleurs très triste, noir et laissant un message pessimiste à une série qui avait de la pêche et de l’optimisme, on nous balance encore un  » être un super héros de sa propre initiative et à son compte, c’est mal! » …
    mais à part ça, on sent que Bendis s’amuse, tente des trucs, fait ce qu’il veut mais en respectant l’essence des personnage,. on a aussi une relecture de la vraie histoire de Peter assez bien vue.
    les personnages ont tous des personnages, tics de langages etc…
    MJ est craquante, Tante May possède une caractérisation béton dont aurait pu s’inspirer les MCU au lieu d’en faire un fantasme pour ado qui flashe les mamans…
    oui j’ai snobé longtemps les Spider girl ou même les Spider man 2099 avant de me lancer et de découvrir les qualités de ces séries très feel good aussi…

    • JB  

      Du coup, désolé pour la répétition 😉
      Ah, qui sait, peut-être un jour ferons-nous les chroniques des 3 séries véritablement réussies de l’ère 2099 : SPIDER-MAN, DOOM et GHOST RIDER ^^

      • Fletcher Arrowsmith  

        @JB : Tout a fait d’accord, 3 séries 2099 au top avec une vraie voix dans à chaque fois et des directions très surprenantes (Ghost Rider) , qui osent même (Doom).

        • Eddy Vanleffe  

          Un des rares trucs qui me ravit toujours dans le comics, c’est d’être surpris par un titre dont on n’attends rien mais qui ose des trucs dans son coin. (au hasard INJUSTICE par exemple ou DOCTOR DOOM)

  • Présence  

    Hé bien : quel monument ! Je serais bien incapable de faire un article sur 160 épisodes : je ne dispose pas de l’esprit de synthèse nécessaire pour une vue d’ensemble aussi claire.

    Cette série Ultimate Spider-Man a débuté à une époque où je ne lisais plus de comics, et je ne m’y suis jamais intéressé. C’est donc un vrai plaisir de pouvoir savoir de quoi il retourne dans le détail. En fait, je me rends copte que j’ai lu plus de comics avec Miles Morales qu’avec Peter Parker Terre-1610.

    La décompression : c’est étrange de la mettre sur le dos de Warren Ellis. Effectivement, ces histoires comportent souvent des pages où la narration est portée exclusivement par les dessins, mais ils racontent quelque chose, ce n’est pas du remplissage, ou de l’étirement. Je mettrais bien une partie de la décompression sur le dos de la méthode Marvel, avec Stan Lee donnant une vague trame d’épisode, et demandant à l’artiste de remplir les pages. J’y collerais bien aussi des séries comme Marvel Two-in-one, avec certains épisodes se résumant surtout à un combat sans conséquence.

    • Eddy Vanleffe  

      au sujet de la décompression, le malentendu serait de dire que c’est une mauvaise chose.
      Warren Ellis disait dans AUTHORITY faire des films à grands budget sur papier et il me semble qu’il a cité la méthode de décompression à cette fin.
      les comics ont vachement embrayé depuis mais certains ont vraiment abusé de la chose comme Bendis lui même, Brubaker aussi étale énormément etc…
      et parfois ça se voit qu’ils n’ont rien à dire vendent du papier.

    • JB  

      Je me rends compte que je n’avais pas répondu à ta remarque sur la synthèse : pour le coup, à l’époque, pour préparer l’article, j’avais utilisé un fichier excel pour appréhender les différents story arcs et les personnages majeurs qui participaient à chacune des histoires, afin de me représenter quand j’en avais besoin la série dans sa globalité. A force de les utiliser au boulot, je ne jure plus que par les feuillets et les formules croisées 🙂

  • Tornado  

    Je n’ai pas aimé du tout cette série dont je n’ai lu que les deux ou trois premiers arcs, avant d’abandonner. Pour commencer je dois avouer que je déteste Mark Bagley. je trouve son dessin d’une rare laideur et je n’ai jamais compris comment on pouvait être fan. Mais ça c’est totalement subjectif.

    En fait j’avais d’abord lu les ULTIMATES de Millar dont je suis fan absolu.
    Je voudrais m’attarder un peu sur le sujet parce que je crois que Bruce n’a pas du tout compris mon attachement à cette version-là.
    Lorsque j’ai découvert les ULTIMATES, j’ai adoré cette modernisation. Bruce (et JB aussi, et même Eddy je crois) leur reproche d’être des connards. Mais ce sont totalement des connards ! Et c’est ça qui est génial ! 😀
    Je veux dire que j’ai personnellement adoré ce changement de paradigme. Bien sûr que cette version n’est pas plus réaliste que les autres sur certains points (les superpouvoirs et les scènes d’action notamment). Là encore il ne faut pas confondre. Par contre elle est nettement plus adulte en ce que ses personnages sont tout simplement plus conformes à ce qu’est l’être humain en vrai : Un être corruptible, faillible, ambivalent. J’ai trouvé ça génial d’en faire des versions plus réalistes du point de vue de la caractérisation. Comme si ces super-héros étaient devenus des jet-setters pourri-gâtés qui auraient perdu contact avec le réel. Pour moi c’était une bonne version du super-héros crédible, dans la lignée de Watchmen malgré de nombreuses différences (et c’est ça qui est intéressant aussi, les différences).
    Moi c’est le super-héros classique que je trouve ridicule, pas la violence des Ultimates. Il faut un sacré talent et un sacré sens de l’équilibre pour arriver à me faire aimer du super-héros classique sans que je le trouve tartignole.
    J’ai adoré que les valeurs sempiternelles d’héroisme et d’altruisme complètement improbables soient dégommées comme ça au profit d’une série de comportements certes déviants, mais crédibles pour des êtres humains soudains dotés de pouvoirs et de célébrité ! Les ULTIMATES, c’est les « anges de la téléréalité à la sauce Marvel ». C’est génial !
    A l’arrivée ULTIMATES par Millar est une charge contre le show-business capitaliste, une bombe atomique envoyée sur le star-system. Certainement pas une célébration comme l’a vue Bruce !
    Et c’est une relecture brillante de vieux super-héros archétypaux qu’on peut trouver bouffés aux mites (ou aux mythes), ce qui est mon cas je l’avoue.
    Le fait que Millar ait depuis complètement retourné sa veste n’aide pas à embrasser cette version. Pourtant, après deux relectures (relu deux fois), j’y vois toujours la même chose.

    Du coup, lorsque j’ai lu ULTIMATE SPIDERMAN (et ULTIMATE X-MEN), à l’époque, je pensais retrouver les mêmes sensations et pensais tout aussi naïvement que cette nouvelle ligne serait désormais celle qu’il me fallait, à moi lecteur adulte revenu des versions classiques. Et là, j’ai juste trouvé une nouvelle version, un peu plus moderne c’est vrai, peut-être un peu plus fraiche, mais tout aussi adressée aux ados que l’ancienne (bon, peut-être que l’ancienne était davantage adressée aux enfants, tandis qu’USM visait peut-être plus les ados). Du coup je ne me suis pas du tout senti concerné. Je ne suis plus un ado. Et je me suis dit que si c’était comme ça, autant lire la version classique avec des dessins et des designs largement plus jolis, du coup…

    J’ai longtemps pensé que mon jugement était le bon. Un jugement raisonné. Celui d’un adulte qui a fait le tour de la question. Et puis là, notamment avec les démontages réguliers que Bruce, Eddy et JB adressent aux ULTIMATES de Millar, je me rends compte que ma vision n’est pas universelle. Et c’est un pléonasme.
    Je ne comprends pas. J’adore tellement l’impertinence de Millar sur ses ULTIMATES !
    Pour moi, dégueuler sur le run de Millar c’est un peu comme si, dans les années 70, on dégueulait sur les sketches de Coluche et Desproges en regrettant les anciennes pitreries de Carlos quand il chantait Tirelipimpon sur le Chihuahua…
    Je ne dirais pas que je trouve ça réac, ce n’est pas le bon terme, mais pour moi ça fait vraiment « gardien du temple ».

    Alors voilà, quoi. Cette version USM n’est vraiment pas pour moi. Et celle de Miles Morales, woke, encore moins. Je préfère le trash et l’impertinence de Millar et je tenais à développer mon point de vue parce que je trouve vraiment dommage qu’on crache à tout-va sur une oeuvre différente des autres alors que pour moi c’est une bouffée d’air frais dans un médium complètement sclérosé.

    Sinon, super article quand même JB. Ton marathon relecture/rédaction et ta synthèse sont très impressionnants et même si nos goûts sont différents, ta perception des qualités de l’oeuvre est très claire. 👏

    • Eddy Vanleffe  

      ULTIMATES, c’est vraiment la pomme de discorde chez nous. ^^

      Figure toi que je possède encore le premier deluxe des ULTIMATES, je ne l’ai pas renié au point de le revendre.
      déjà c’est très bien dessiné. ensuite tu as totalement raison sur le fait que c’est original de faire des Avengers des gros connards. je comprends ce que tu y trouves
      moi ce que j’ai trouvé léger dans cette histoire, ben c’est l’histoire justement…le premier arc ne raconte vraiment rien et sur ce point je ne trouve pas que c’est du bon comics que de faire discuter les perso, et faire des blagues pendant 100 pages avant de mettre un peu d’action et quelle action: combat contre Hulk Point. l’histoire démarre au numéro 8 (parce que le 7 est un fill in de transition) …typiquement c’est ce que je reproche en général à la décompression. a l’époque je lisais les floppy en VO et attendre huit mois pour que quelque chose s’enclenche…c’est long!)
      J’exagère et j’avoue que le premier épisode pendant la guerre est quant à lui très réussi aussi..très immersif etc..
      a titre personnel je trouve que l’arc sur les faux Avengers, chez Authority, plus transgressif, plus jusqu’au-boutiste, plus condensé et plus réussi…

      Parler de Desprocges me fait bobo, ^^ c’est un auteur que je relis en ce moment même après avoir fait découvrir ses sketchs à ma fille, je me suis ré ouvert ses chroniques de la haine ordinaire et sa puissance dans les idées autant que dans les mots m’inspirent sans que je le veuille vraiment presque au quotidien…

    • JB  

      Je te rassure, je ne prétends pas détenir la vérité universelle sur ULTIMATES, c’est vraiment ma lecture de vieux con que j’exprime ^^
      Par contre, je ne trouve pas que Millar innove puisque Youngbloods de Liefeld reposait déjà sur le côté superstar de ses membres

  • Jyrille  

    Bravo JB pour la lecture marathon et le résumé roboratif ! Je ne lirai jamais tout ça (je garde juste les Ultimates de Millar que j’aime beaucoup étant un newbie de Marvel, finalement) mais au moins je sais de quoi il retourne. J’ai beaucoup aimé tes explications sur la décompression et ses conséquences dans l’édition.

    La BO : classique, toujours efficace.

  • Tornado  

    J’ajouterais que je ne partage pas non plus le dénigrement devenu systématique de la « décompression ». Bien sûr que lorsqu’on sent que c’est vraiment fait pour vendre du papier, c’est mal. Mais je préfère un millions de fois suivre un comics qui prend son temps pour poser les personnages, leurs relations et les enjeux, plutôt que ces machins old-school avec la baston du mois qui dure 10 pages sur 20 de chaque épisode et que je n’arrive plus lire aujourd’hui. La dernière fois que j’ai lu du Spiderman classique, l’an dernier, c’était la période Stern/Frenz/DeFalco/Milgrom/David à cheval sur Strange et Nova. J’en pouvais plus de cette formule. Du coup je zappais systématiquement les bastons que je trouvais débiles et je ne lisais que le volet soap.
    A l’opposé, l’hypercompression de Grant Morrison ou de Jonathan Hickman me déplait fortement aussi. Trop dense. Ça ne va pas vers le lecteur, c’est le lecteur qui doit rechercher tous les détails dans tous les coins tellement il se passe de chose dans chaque vignette.
    Au milieu de tout ça, la décompression à la Ellis ou JMS, c’est largement ce que je préfère.

    • JB  

      Tu noteras que je ne me suis pas positionné sur le style de la décompression de manière générale, mais sur son effet sur cette série spécifique 😉 Là où je dis non, c’est quand la décompression rallonge la sauce sans enrichir l’histoire, et ne sert qu’à calibrer le récit pour le TPB.

    • Eddy Vanleffe  

      Je suis assez d’accord, c’était un outil formidable pour approfondir certaines choses, mais comme tous les outils c’est parfois utilisé de manière heu…voyante. surtout à cause de la clause six épisodes=un tp que Jemas a imposé…
      Dans Daredevil, le décalogue comme histoire, c’est chiant.
      Dans Captain America, parfois on ne sait plus ce qui se passe à cause du’n atmosphère qui te fait croire des trucs, puis pouf un cliffhanger et non en fait c’est mois prochain que ça avance…
      aujourd’hui on a tellement pris l’habitude qu’on se fatigue plus à acheter autre chose que des tomes en VF. on a l’histoire complète en forme de graphic novel. lu comme ça, ça passe tout seul
      Dan Slott a rejeté la décompression en faisant régulièrement des arcs de deux ou trois épisodes maxi, Warren Ellis lui-même a essayé un nouveau format sur FELL, Secret Avengers, Global Frequency, Planetay :un épisode/une histoire.
      Kirkman qui utilise la décompression s’en moque régulièrement dans INVICIBLE ( la scène de dédicace où un fan demande à un artiste s’il n’est pas en réalité un fainéant qui aime répéter les cases pour gagner du temps et de l’espace…l’artiste ne bouge pas pendant quatre images avant de lui répondre: heu non! )

      https://preview.redd.it/gw0dg3jce4v61.jpg?width=640&crop=smart&auto=webp&s=bdfe41417ecec7a61d26f3ea209a57969e2ec0cb

      • Tornado  

        Effectivement des arcs entiers du Cap de Brubaker étaient plus que soporiphiques. C’est parti au bac à soldes, d’ailleurs. Inversement dans le DD de Bendis il y a moins de trucs à jeter je trouve. D’ailleurs c’est l’un des seuls longs runs Marvel où j’ai tout gardé !
        J’ai également gardé tout le run de JMS sur Spiderman alors que je déteste sa période New Avengers. Mais je sais pas… C’est tellement au dessus du lot comme run, que j’ai fait une exception en gardant le tout… J’aurais pu bazarder tout ce qu’il y a après le départ de JRjr mais, déjà je suis fan de Deodato, et puis il y a quelques arcs excellents comme le BACK IN BLACK juste avant OMD.

        • Eddy Vanleffe  

          chez JMS, c’est largement au dessus comme tu dis…même si j’ai du mal après le départ de JRJR, mais oui le mec sait tenir sa plume et ça fait pas mal de différence…il est plus poussif (à mes yeux) sur Thor…
          Et je cite le décalogue parce que la séance « alcooliques anonymes » c’est interminable mais oui le run de Bendis sur DD est sans doute que le scénariste a fait de mieux chez Marvel…
          La décompression n’est pas le ma pour moi, mais c’est devenu une sorte de tropisme du comics, c’est facile à caricaturer…

  • Fletcher Arrowsmith  

    Je n’ai pas ressenti ce côté « décompression » dans le CAPTAIN AMERICA de Brubaker. Je trouve au contraire qu’il y a pas mal de matière à chaque numéro qui forme un ensemble cohérent, avec un côté soap plus poussé que nombre de série qui lui sont contemporaines.

    Il est dans son élément, le polar, les agents secrets qu’il adapte au code des super héros (et au lourd cahier des charges).

    Il convie aussi pas mal de personnage du passé de Cap, toujours dans la continuité sans la trahir ni la forcée.

    Après je trouve qu’il ne donne pas réellement une vision de l’Amérique ou bien sa voix à travers son Captain America ce qui est assez surprenant. Cela doit être un des seuls.

    La « résurrection » de Bucky est bien écrite. Un retour des morts cohérent.

    Graphiquement c’est également très uniforme (Epting, Perkins, Ross).

    Par contre Remender qui lui succède, écrit (comme trop souvent) des arcs interminables.

    • JB  

      C’est normalement à ce moment-là qu’on fait briller le Kaori-signal dans le ciel afin qu’elle vienne à notre rescousse 😉

    • Tornado  

      La résurrection de Bucky, oui, c’était magnifique. C’était tout le premier deluxe Panini (article de Bibi ici sur le blog : http://www.brucetringale.com/oh-capitaine-mon-capitaine/). Au final c’est le seul que j’ai gardé, avec le magazine Avengers Extra #4 qui revient sur les origines de Bucky (https://thepowerzone.wordpress.com/2012/11/06/avengers-extra-4-captain-america-et-bucky/), qui était excellent et complémentaire. Tout le reste, je ne l’ai pas gardé. Il y a de bons passages, mais aussi de très longs arcs qui m’ont férocement ennuyé, le pire étant évidemment l’arc RENAISSANCE…

  • Bruce lit  

    Il y a eu des jeux vidéos SM signés Bendis à l’époque. C’était inspiré de Ultimate ?

  • Chip  

    Quel résumé!

    Moi-même j’ai bingé ce run assez tardivement, malgré cette maquette de couverture dégueulasse et le trait de Bagley qui me rebute, et comme c’était mon premier contact avec l’univers Ultimate, je ne comprenais pas bien le ressentiment que ce dernier semblait inspirer. Bon, après j’ai lu Ultimatum,par exemple, bon, j’ai un peu compris. Je trouve que tu résumes ses forces et ses failesses avec clarté et concision.

    J’ai l’impression que ce renouveau de Spidey a infusé, peut-être ou peut-être pas les films avec Tom Holland, mais le Into the Spiderverse, après avoir poussé un peu plus le principe de récriture en recrutant Miles Morales – oui j’aime bien Miles, et en plus, Sara Pichelli, quoi, non mais – et également, figurez-vous, la série pour nenfants du même nom dont les deux premières saisons sont assez enlevées.

    • PierreN  

      La version Ultimate a de toute façon influencé la plupart des films (ça reste minime pour les Raimi, puisque cela doit se résumer en gros à la dispute avec l’oncle Ben peu avant sa mort), en particulier ceux des années 2010 (les deux Amazing avec l’intrigue sur les parents, le MCU avec Ned Leeds = Ganke, etc).

      • Chip  

        J’avoue j’ai zappé les Garfield, donc merci. Pour les Holland j’avais pas l’impression outre la tonalité générale, mais c’est vrai que Ned / Ganke c’est flagrant.

  • Surfer  

    J’ai acheté la série ULTIMATE SPIDER-MAN au tout début dans la collection Prestige. Un format qui ressemble beaucoup à du franco belge. On doit avoir les 8 premiers tomes à la maison.
    A la base c’était pour faire découvrir le personnage et par extension l’univers Marvel à mes enfants.
    Ils ont aimé. Mais, pour autant, ils ne sont pas devenus inconditionnels de comics.
    Mon fils n’en lit plus. Ma fille, cela lui arrive d’en lire encore mais il faut vraiment qu’elle est les garanties que cela va pouvoir lui plaire.

    Les temps changent: la magie des illustrés Marvel qui avait fonctionné avec moi à leur âge n’a pas fonctionné avec eux.

    Pour en revenir à cette série. Je l’ai trouvé divertissante…mais sans plus. Clairement une lecture pour ado qui a été réalisé et calibré pour plaire à cette cible. Sans doute que eux, doivent y trouver leur compte.

    En ce qui me concerne, de tout cet Univers alternatif (Et j’ai lu pas mal de séries) je ne retiendrais que ULTIMATES. La seule que j’ai trouvé intéressante.

    La BO: j’ai l’album éponyme en vinyle dans ma collection 😉

  • JP Nguyen  

    Belle perf de couvrir tout le run en un seul article.
    Je m’étais arrêté au second TPB.
    Bagley… C’est pas parfait mais du temps des vaches maigres de la Saga du clone, y’avait bien que lui et JR Jr pour livrer des dessins qui piquent pas trop. Alors du coup, je l’aime bien quand même.

    La BO : j’adore ce titre.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Je me rends compte que je connais finalement ALPHAVILLE avec BIG IN JAPAN. Il fallait le dire plus tôt.

    • Surfer  

      Mais bien sûr que tu connais ALPHAVILLE cet Album est archi connu 😀😀😀

      Tout le monde connaîtpar cœur BIG IN JAPAN

      Oh, when you’re big in Japan, tonight 🎵
      Big in Japan, be tight 🎶
      Big in Japan, where the Eastern sea’s so blue 🎵
      Big in Japan, alright 🎶
      Pay, then I’ll sleep by your side 🎵
      Things are easy when you’re big in Japan 🎶
      Oh, when you’re big in Japan 🎵

      Et FOREVER YOUNG aussi :

      Forever young….I want to be forever young lalalalalalala …..,🎶…🎶 ….. 🎶 ….🎵

      Lalalalala…..

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