L’Envers du Décor

Civil War : Journal de guerre, par Paul Jenkins et divers

Y sont où les méchants ?

Y sont où les méchants ?

AUTEUR : TORNADO

VO : Marvel

VF : Panini

Cet article portera sur le recueil de la collection Civil War, intitulé Civil War : Journal de Guerre. C’est le tome 4 d’une série de sept (tomes 0 à 6).

Comme cet Event Marvel a connu beaucoup de succès (un « event » est, comme tout le monde le sait, un événement majeur réunissant la totalité des séries sur un crossover prétexte), Panini Comics n’a cessé d’ajouter des tomes et aura fini par publier tout et n’importe quoi.
Ce quatrième opus, qui n’est composé que de mini-séries, regroupe néanmoins certains des meilleurs épisodes de la saga, réalisés sous la houlette du scénariste Paul Jenkins…
L’essentiel des épisodes compilés ici a été publié initialement entre aout 2006 et avril 2007 sous la bannière Civil War : Front Line, de manière concomitante à la mini-série principale réalisée par Mark Millar & Steve McNiven : Civil War…

L’album se divise en trois parties distinctes formant au bout du compte un tout interactif :
1) Embedded (11 épisodes). Dessins de Ramon Bachs.
2) The Accused (10 épisodes). Dessins de Steve Lieber.
3) Sleeper Cell (7 épisodes). Dessins de Lee Weeks.
A noter que chaque épisode n’excède pas 10 pages, certains étant même beaucoup plus courts.

Nous terminerons l’article par un focus sur la mini-série Penance, directement issue de ces récits.

Ben Urich & Sally Frost : des héros très discrets ?

Ben Urich & Sally Floyd : des héros très discrets ?

– Embedded :

En 2006, tandis que l’essentiel des super-héros Marvel s’affronte dans une guerre civile totale sous l’égide du scénariste Mark Millar, le commun des mortels et les héros de seconde zone font leur petit bonhomme de chemin au travers de ces Front Lines, supervisées par Paul Jenkins. Plusieurs mini-séries peuvent ainsi se lire parallèlement à l’événement principal du grand crossover orchestré par Mark Millar et Steve Mc Niven afin de dévoiler l’envers du décor…

Embedded est la pièce maitresse de l’ensemble. Elle permet de suivre le célèbre Ben Urich, journaliste du Daily Buggle et ami intime de certains héros urbains, associé à Sally Frost, jeune journaliste au caractère bien trempé, au cœur des événements de la Guerre Civile. Leur parcours, parsemé de rencontres avec des super-héros et autres vilains allant du personnage de premier plan (Captain America, Spiderman, Iron Man…) aux héros les plus anecdotiques (Solo, Battlestar, Firestar, Prodigy…), les mènera à la découverte de certaines vérités qu’ils auraient préféré ne pas savoir…

Les géants de Marvel, vus depuis le commun des mortels

Les géants de Marvel, vus depuis le commun des mortels

Dans le fond, le récit est solide et déroule une enquête très sérieuse et crédible sur l’envers du décor de la Guerre Civile et les implications politiques liées aux événements. La question « à qui profite le crime ? » trouvera une réponse des plus dérangeantes et inattendues et les prises de position originelles des deux protagonistes principaux évolueront de concert avec leurs découvertes.
Les personnages sont fouillés et décrits avec humanité et finesse. Aucun héros ne sort grandi de l’entreprise mais, pour une fois, chacun est mis en lumière sans manichéisme primaire. Dans la forme cependant, le tout est raconté de manière linéaire et austère, faisant regretter aux lecteurs admirateurs de Paul Jenkins, comme votre serviteur, un certain manque d’inspiration et d’originalité.
Les dessins sont de Ramon Bachs, qui se montre très efficace lors des scènes d’action en milieu urbain, mais qui maltraite un peu les visages des personnages principaux.

C’est la guerre au pays des super-héros !

C’est la guerre au pays des super-héros !

– The Accused :

Cette seconde mini-série développe l’incarcération et le rôle de bouc-émissaire tenu par Speedball.
Robbie Baldwin est un super-héros apparu pour la première fois dans Amazing Spider-Man Annual #22, en 1988. Sous le nom de Speedball, il fait partie de l’équipe des New Warriors (voir l’article Civil War tome 0). Et il est directement à l’origine de la Guerre Civile. En effet, c’est lors d’une émission de téléréalité suivant l’intervention en live des New Warriors, que le vilain Nitro rasa le quartier de Stamford, causant la mort de 612 personnes et déclenchant ainsi la haine de la population envers les super-héros et amenant le vote de la loi pour les recenser. Ainsi naquit la Guerre Civile entre surhumains, entre ceux qui étaient pour cette loi et ceux qui s’y opposaient. Speedball est le seul membre de son équipe à survivre à cette tragédie, mais de ce fait devient le bouc-émissaire de tout un peuple le dénonçant comme responsable des événements et du décès de plus de 600 innocents. Il refuse d’être recensé, ce qui lui vaut d’être emprisonné. Il entame alors une longue quête de rédemption. A l’issue de ce récit, son apparence et ses pouvoirs changent, son intégrité mentale déraille et Baldwin devient Penance.

Jenkins compose un récit remarquable. Epaulé par le dessinateur Steve Lieber, il met en scène une atmosphère sourde et écorchée, focalisant sur la psychologie et les rapports entre les personnages. La quête de rédemption de Speedball est racontée de manière magistrale. Et la folle spirale dans laquelle il est aspiré le mènera à devenir Penance, futur Thunderbolt ! Mine de rien, Jenkins utilise son récit pour créer de toute pièce un personnage qu’il développera dans sa propre mini-série Penance et marque un passage relativement important, à l’époque, de la continuité du Marvelverse.

Speedball : Civil War c’est tout sa faute !

Speedball : Civil War c’est tout sa faute !

Ces 10 épisodes sont très réussis. Tout comme Embbeded, ils fonctionnent d’autant plus qu’ils enrichissent la trame principale du crossover, en apportant davantage de profondeur psychologique aux événements et en développant une passionnante version de l’envers du décor.

Le temps d’un récit étouffant et tourmenté, Jenkins en profite pour intégrer les cellules d’incarcération pour super-héros et nous rappelle ainsi au bon souvenir des films de prison. C’est donc toute une ambiance réaliste, malsaine et claustrophobe qui prend le pas sur les habituels récits super-héroïques plus ou moins enfantins, sachant qu’au même moment, Captain America et Iron man se tapent sur la gueule en mettant à sac la ville de New York avec une irresponsabilité tout bonnement incohérente pour des héros d’ordinaire si intègres !
Assurément la meilleure partie de ce quatrième tome, centrée sur un personnage habité et vibrant d’instabilité psychologique. Et peut-être tout bonnement le meilleur récit estampillé Civil War

Et ainsi, dans la souffrance, naquit Penance…

Et ainsi, dans la souffrance, naquit Penance…

– Cellule Dormante (Sleeper cell) :

Ce dernier récit se focalise sur le rôle de Wonder man et du Bouffon vert, et démontre le chantage opéré par les autorités afin d’obliger les super-héros recensés à traquer les autres dans diverses missions. Le déroulement d’une enquête amènera les atlantes et leur prince Namor à prendre parti pour la résistance, à moins que tout cela ne soit le résultat d’une bien mystérieuse machination… Jenkins et le dessinateur Lee Weeks se lancent sans trop y croire dans un arc narratif (7 épisodes) assez convenu, qui échoue à rendre la densité des événements là où les épisodes cités plus haut y parvenaient avec brio. C’est parfaitement raccord avec la mini-série de Mark Millar, mais ce n’est pas très inspiré et certainement pas très passionnant.
De toute manière, les tenants et les aboutissants de cette dernière mini-série se trouvent dans Embedded.

Norman Osborn se prend pour Hannibal Lecter !

Norman Osborn se prend pour Hannibal Lecter !

Ainsi, ce quatrième tome de la collection Civil War, publié tardivement, s’impose comme le complément idéal à la mini-série principale, et ce bien davantage que les deux tomes précédents ou les deux suivants.
Sachant que la quasi-totalité des séries Marvel de l’époque étaient liées à cet évènement, venant lui apporter de la profondeur, on pourrait effectivement tout lire, mais ces Front Lines de Paul Jenkins, basés sur le principe de « l’envers du décor », offrent le contrepoint idéal en proposant un autre regard : celui des personnages secondaires, voire des petites gens…

– Penance :

Ayant beaucoup aimé la mini-série centrée sur Penance (non présente dans le recueil Civil War Tome 4 : Journal de Guerre mais publiée dans le magazine Marvel icons Hors-série N°14 édité chez Panini en septembre 2008), je ne résiste pas à la tentation de vous en toucher quelques mots :

Penance est sans doute le premier super-héros « sadomasochiste » de l’univers Marvel, et donc immédiatement un des plus ambigus, et par extension un de mes préférés ! En effet, ses pouvoirs émergent sous le coup de la douleur. L’intérieur de son armure est recouvert de 612 pics (soit le chiffre symbolique du drame de Stamford : Il est d’ailleurs important de retenir que Penance finit par accepter le recensement à condition de porter cette armure…), le faisant souffrir à chaque mouvement. La douleur se convertit en énergie qui est stockée par l’armure et rejetée tels des éclairs. Le principe de son armure est celui de la « Vierge d’acier », célèbre instrument de torture. Mais il s’agit surtout pour lui d’une sorte de « pénitence » (d’où son nouvel alias) afin de parachever sa quête de rédemption. Nous assistons ainsi à l’émergence d’un antihéros tourmenté et tragique, pur produit de l’esprit de Paul Jenkins, le créateur de Sentry !

Penance, premier super-héros sadomasochiste !

Penance, premier super-héros sadomasochiste !

Pour pousser l’idée encore plus loin, le look de Baldwin hors de son costume est désormais celui d’un homme rasé, couvert de plaies et de piercing. En revanche, son look de super-héros ressemble davantage à celui d’un chevalier noir particulièrement effrayant…

A l’issu de tous ces événements, à l’ère Marvel appelée Initiative (au moment où les super-héros recensés poursuivent et traquent les dissidents) Penance rejoint volontairement l’équipe des Thunderbolts, dont il est le seul héros recensé (tous les autres étant des super-vilains sous le contrôle des autorités). Cette équipe, dirigée par Norman Osborn, est ainsi chargée de pourchasser les super-héros refusant de s’enregistrer.
C’est à ce moment-là que Baldwin décide de retrouver la trace de Nitro, afin de le punir et ainsi, achever sa quête de rédemption. Mais ce dernier est prisonnier du château de Fatalis, en Latvérie. Notre histoire commence alors que Penance imagine une folle et désespérée course à la vengeance…

Cette mini-série n’est pas un chef d’œuvre. Il lui manque quelque chose, une étincelle, pour prétendre à une telle distinction. Il est probable que davantage d’épisodes auraient permis de la tirer vers le haut.
Pourtant, Paul Jenkins a mis tellement de choses dans son récit que c’en est impressionnant :

– Du point de vue de la continuité, cette histoire trouve parfaitement sa place entre ses Front Lines et le run de Warren Ellis sur les Thunderbolts.

– Du point de vue de l’atmosphère, la participation des Thunderbolts au présent récit, bien que minime, est à chaque moment saisissante et le lecteur a parfois l’impression d’être au cœur de la série d’Ellis, ce qui est une excellente chose…

– Du point de vue de l’action et du rythme, on passe de dialogues tendus entre divers protagonistes principaux de l’univers Marvel (Iron Man, Osborn…) à des scènes de combat iconiques et mises en scène avec ampleur, malgré la petitesse des cases. En effet, Paul Gulacy compose des planches surdécoupées et fragmente la moindre scène d’action afin d’intensifier la douleur vécue par le personnage. Le dessin est par ailleurs très inégal, offrant au lecteur des planches superbes et d’autres complètement ratées. Disons que Gulagy est ici bien meilleur que dans son Batman : Ras Al Ghul – Year 1, mais que je le préfère dans de plus anciens travaux, tel Batman : La Proie d’Hugo Strange

Les Thunderbolts, en droite ligne de chez Warren Ellis !

Les Thunderbolts, en droite ligne de chez Warren Ellis !

– D’un point de vue purement scénaristique, Jenkins imagine une hallucinante machination de la part de son antihéros. Ce dernier utilisant ses troubles obsessionnels compulsifs afin de développer un plan d’une ampleur phénoménale et nourrir sa vengeance, bluffant les esprits pragmatiques les plus éminents du monde !

– D’un point de vue parabolique, le scénariste compose le récit comme une pure quête chevaleresque et fait culminer son histoire de façon à ce que le mythe et la réalité se rejoignent. Ainsi, le parcours de Penance, guerrier à l’apparence de chevalier noir en armure hérissée de pics, le mènera au château de Fatalis, seigneur des ténèbres enfermant dans ses geôles l’objet de sa quête. Et Penance de le défier pour prétendre à son dû et à sa rédemption…

– Le lecteur a même droit à un bonus en la participation de Wolverine, nullement gratuite (pour une fois) dans la mesure où c’est lui qui a permis l’arrestation de Nitro (voir Civil War tome 2 : Vendetta).

– Enfin, Jenkins crée un nouveau super-héros totalement original, tragique et profond. Hélas, le public mainstream n’a cessé de réclamer, depuis, le retour du Speedball originel, préférant un super-héros naïf et ridicule à une icône magnifique et réellement anticonformiste, atypique et authentiquement fédératrice. Mais… Peut-être suis-je trop exclusif en préférant les personnages ambivalents aux héros en slip traditionnels…

Adieu Penance ! Je t’aimais bien !

Adieu Penance ! Je t’aimais bien !

13 comments

  • JP Nguyen  

    Bon, après la relative unanimité d’hier sur le Crossover principal, je reviens pinailler (vu qu’apparemment, tel est mon lot). Selon moi, Penance personnifie un virage « dark » des comics mainstream dans les années 2000 (à peu près à la même époque, les super-héros DC faisaient leur Identity Crisis, etc) mais de manière beaucoup moins intéressante que le grim’n gritty des années 80.
    A défaut de trouver meilleur terme, je dirais que c’est une noirceur de façade, prétexte à de la violence gratuite mais sans véritable fond et qui du coup sonne creux ou alors, si on y trouve un sous-texte, c’est une idéologie bien moisie.
    Speedball se torture pour les 612 victimes de Stamford ? Avait-on vu pareil traitement, depuis, pour les moult villains de Marvel ? La douleur physique, c’est ça, la juste réponse aux crimes ? Il faut faire souffrir les criminels dans leur chair pour leur faire expier ?
    En plus d’être moralement très discutable, la réponse me parait inappropriée et illusoire, prétexte donc à du « dark de façade ».
    Et Phoenix, après le massacre de la planète des D’Barri, elle avait fait quoi ? Elle s’était suicidée. C’était graphiquement moins trash mais philosophiquement plus profond.
    Enfin, ayant lu les New Warriors de Nicieza, je ne dirais pas que Speedball était naïf et ridicule. Il utilisait l’humour, comme le Spidey des origines, pour cacher ses angoisses d’ado. Et il savait prendre ses responsabilités de co-équipier, de héros et de fils. Penance était un virage beaucoup trop sombre pour ce personnage pour que les lecteurs l’ayant connu dans ses précédentes incarnations puissent adhérer. C’est comme si Daredevil devenait le DD de Shadowland, sans tout le tintouin de la possession pour expliquer ses agissements…

  • Présence  

    Ce qu’il y a de bien avec les films de superhéros, c’est qu’ils donnent lieu à une flopée de réédition, permettant ainsi aux lecteurs de compléter leur collection. C’est ainsi que j’ai pu acheter le tome Frontlines en VO, il y a 2 semaines (pas encore lu), faisant entièrement confiance à Tornado.

    @JP Nguyen,- C’est sûr qu’en imaginant Penance, Paul Jenkins et les autres trahissent le concept d’un héros simple et sain tel que l’avait voulu Steve Ditko lors de sa création ; à ce niveau-là on ne peut plus parler de contresens, mais de trahison pure et simple.

    L’idée de mortification est certainement discutable mais elle n’est pas nouvelle, dans le cadre d’une culture chrétienne. Aux premiers temps du christianisme, les laïcs pouvaient porter un cilice (tunique ou une ceinture, de crin, d’étoffe rude, voire de métal) mordant donc la chair comme moyen de pénitence. Quand j’avais découvert cette évolution de Robbie Baldwin, cela m’avait fait penser à cette pratique, d’autant plus du fait de son nouveau nom de superhéros Penance.

    • Bruce lit  

      J’avais été bluffé par la transformation de Penance, parce que encore une fois, j’y croyais à ce no way back Marvel. Il était évident que le personnage traversait une phase de dépression intense et qu’il commettait un suicide au vu et au su du monde. Je crois d’ailleurs que Norman Osborn lui prête cette idée chez Ellis.
      Encore une fois, c’est le retour au statu quo qui a flingué CW, pas ses idées. Tiens en y pensant, CW c’est aussi le prélude du Marvel Hollywood: des scrpits de blockbuster directement adaptable au cinéma. A ce titre, il est impossible de dénier à Millar une qualité de précurseur.
      J’ai également un très bon souvenir de la passionnante enquête de Sally Floyd et de la tension érotique lorsqu’elle invite Spidey à manger ses lasagnes…..

  • Tornado  

    @JP : Je vois ce que tu veux dire, mais sur ce coup là nous ne partageons pas les mêmes « valeurs ». Je n’ai pas d’amour pour les super-héros old-school. Et oui je les trouve ridicules par essence. Et naïfs. Même si, évidemment, cela dépend du traitement que leur réserve le scénariste (pas lu la série de Nicieza).
    Du coup, ils m’énervent ces super-slips tout mignons tout gentils. Et j’adore qu’on les transforme en pervers narcissiques à la Watchmen. Je trouve cela particulièrement jouissif (nierk nierk). Et derrière ce « dark de façade », j’y trouve mon compte en lisant quelque chose de plus intense, de moins « gnangnan », on va dire pour faire simple. Et, comme de bien entendu, ayant la continuité en travers de la gorge, j’éprouve un plaisir sadique dès lors que l’on massacre comme ça un personnage auquel je ne suis pas particulièrement attaché, voire que je déteste. 😀

    • Tornado  

      Bon, je provoque mais n’empêche que pour moi le super-héros est casse-gueule par essence. Génial chez Jeph Loeb & Tim Sale dans son essence pure, insupportable chez le scénariste mainstream de base à cause d’un état d’esprit que je trouve personnellement infantile. Il faut qu’il soit vraiment traité avec du recul et une certain traitement pour me plaire, sinon, c’est juste de la BD digest, pas très fine. Et ça ne m’intéresse pas (et tant pis si ça parait prétentieux).
      Je trouve qu’il n’y a pas que du « dark de façade » avec Penance. Il y a une tentative d’illustrer un personnage de manière plus « viscérale » que d’ordinaire. Ce n’est clairement pas une réussite mémorable, c’est vrai, mais ça constitue, en tout cas pour moi, une lecture plus intense et plus intéressante que les habituelles histoires manichéennes.

  • Jyrille  

    Je ne les ai pas lus ceux-ci, maid tu donnes envie. Je pense essayer pour les front lines.

    Par contre et même si je ne l’ai pas lu je pense que JP a raison sur cette flagellation un peu malsaine.

  • Matt  

    Salut à tous

    J’ai lu ce tome et je me souviens avoir bien apprécié Frontline, même si une remarque qui me paraissait stupide de la part de Sally m’est restée en travers de la gorge. Lorsqu’elle parle avec Captain America et qu’elle lui dit qu’il est largué, que c’est un dinosaure déconnecté de l’époque actuelle. Oui c’est vrai, c’était intéressant de dire ça, mais comment elle le mouche ? En lui sortant un truc du style « vous savez ce qu’est Twitter ? (ou un autre truc du genre, je ne sais plus exactement) » et ajoute « eh ben voilà, vous voyez que vous êtes largué ».
    C’est quoi cette démonstration complètement naze ? Genre si on n’est pas branché Twitter/Facebook kikoolol, ça prouve que nos idées politiques sont à la ramasse ? Le propos pouvait être sympa en montrant les lacunes de certains héros, mais pas comme ça ! Pas en parlant de pratiques (d’ailleurs très discutables) de notre époque et absolument pas nécessaires pour avoir des idées politiques saines.
    Bref…

    Sinon c’était pas mal. Mais je n’ai pas gardé ce volume. Revendu. Peut être en effet parce que ça me paraissait un peu austère. Et pour Penance, je n’adhère pas trop non plus à ce personnage qui s’inflige des tortures physiques pour se punir. Pas parce que c’est out of character vu que je me fiche pas mal de ce perso, mais en fait, ça peut paraître méchant de ma part, mais on a surtout envie de lui mettre des baffes (quoique ça lui plairait peut être…)
    En fait, c’est un comportement compréhensible de se punir si on se sent coupable, mais même si une dépression est une chose qui existe, il est assez difficile de rendre un dépressif attachant. Souvent c’est quelqu’un de saoulant. Et je dis ça alors que j’ai déjà fait une dépression, donc je ne porte pas de jugement sur les gens qui traversent de sales périodes comme ça. Mais là pour moi, Penance il est en pleine crise de culpabilité intense et l’auteur ne parvient pas à le rendre intéressant ou attachant, juste gonflant.
    Pour reprendre les mots de JP Nguyen, le suicide du Phoenix illustrait aussi cette souffrance due à la culpabilité, mais sans en faire des tonnes et sans s’appesantir durant des dizaines de pages sur les remords et l’envie de mourir du personnage. Parce que même si c’est réaliste, je pense que c’est difficile d’y rendre vraiment intéressant. Enfin sur moi ça n’a pas marché en tous cas.

  • Tornado  

    Je ne m’attendais pas à ce que ce personnage (Penance) soulève ce genre de problématique un super-héros doit-il être comme ci ou comme ça ?). Jenkins a essayé de renouveler un personnage particulièrement enfantin : Un héros qui rebondit sur les murs. Encore une fois, je n’ai pas lu la série de Nicieza. Mais la période (Marvel Knights) était propice à une relecture un peu plus adulte de tous ces personnages. Et cette approche sadomasochiste était pour le coup une expérience intéressante de faire évoluer le personnage en question qui passait d’une ère à une autre. Comme le dit Bruce, on a été plusieurs à penser que cela pouvait être pérenne. Qui sait ce qu’il serait advenu de lui s’il était resté Penance ? Peut-être cela aurait-il donné de bonnes choses ? On peut toujours critiquer le principe (est-ce malsain ou pas ?). Je trouve justement que c’est ça qui est intéressant. Le « Speedball » originel, par contre, ne m’intéresse pas du tout.
    Donc, la question mérite pour moi d’être posée (comment doit être ou pas un super-héros ?).

    • Bruce lit  

      Ta question en fait en appelle une autre irrésoluble je le crains Tornado : A qui appartiennent les super héros ? A Marvel ? Aux vieux lecteurs qui ont casqué leur vie dedans ? Aux jeunes qui veulent balayer la vieille garde ? Aux compagnie cinématographiques ? A Disney ? Certainement pas aux auteurs en tout cas….
      Pour Penance, je n’ai jamais aimé Nicieza au delà des Xmen. Tout comme Lobdell. Je suis d’avantage intéressé par les personnages que leurs auteurs…Concernant Baldwin, son destin ne me paraissait pas envisageable à long terme. Parce que les enjeux semblaient tellement graves que l’obscénité de Marvel à pardonner à Iron Man d’avoir ouvert son Guantanamo me paraissait inenvisageable….

  • JP Nguyen  

    @Bruce : pourtant, ça me semble clair : les personnages appartiennent à Marvel (c’est marqué dans les mentions légales au début de chaque histoire etc)
    Après, en tant que lecteur, on s’investit plus ou moins dans certaines itérations des personnages. Et Penance, j’ai trouvé ça peu heureux, mal fichu, plus hype qu’autre chose, alors je n’ai pas suivi. Mais ce n’est que mon point de vue.

    @Tornado : Je n’ai rien contre les approches « sombres ». Comme dit hier, j’étais fan des Thunderbolts d’Ellis, malgré la présence de Penance, d’ailleurs. C’est parce queje trouvais que c’était bien fichu, savoureux (malgré une fin un peu expédiée et en queue de poisson). Mais je n’ai pas ton aversion pour le genre super-héros classique. Pour reprendre une citation du Père Noel est une ordure (la pièce de théâtre) : « c’est comme la brandade de morue, quand c’est bien fait, ça peut être très bon ».

  • Tornado  

    JP, je sais très bien que tu n’as rien contre les approches sombres. Mais un lecteur lambada (moi, en l’occurrence, lorsque je reviens vers Marvel en 2007/2008) qui découvre un comics et qui le trouve relativement bon, a du mal avec les fans qui lui disent que c’est nul parce que « ça ne doit pas être comme ça », parce que « tu comprends c’est out of caracter ou hors continuité ». L’expérience et nos discussions m’ont appris petit à petit qu’il n’y a pas de vérité universelle. C’est un processus de lecture qui est complexe, émotionnel, culturel, etc. Pour moi, Penance est un personnage intéressant, au bon moment, au bon endroit. Pour toi, c’est différent.
    Souvent je t’écoute, je trouve tes réflexions sages et pertinentes. Tu as nettement plus d’expérience que moi et un esprit vif. Mais là, Speedball Vs Penance, pour moi le match est plié d’avance. Ce sera Penance ! ,)

  • JP Nguyen  

    Tornado, nos discussions de blog m’ont aussi amené à bien distinguer le « jugement artistique » (bien que ce soit un peu pompeux pour un simple avis de lecteur) du ressenti. Et je ne cherche pas à te rallier à mon avis, juste à exprimer le fait que Speedball pouvait aussi avoir ses fans… Et que du coup, le passage à Penance n’était pas forcément un progrès pour tout le monde… Mais si d’autres ont aimé, loin de moi l’idée de leur gâcher le plaisir ou de leur dire qu’ils auraient tort (non, lui c’est un autre perso avec un marteau…)

  • Matt  

    Je précise quand même que je n’ai pas voulu dire non plus que Penance devait être comme-ci ou comme ça. Je me fichais du perso avant, et disons juste que son changement en Penance ne m’a pas intéressé parce que j’ai trouvé le personnage agaçant à se lamenter et à se torturer sans arrêt.
    Non pas que l’idée soit mauvaise, au contraire. Mais rendre intéressant et attachant un personnage qui se morfond et s’auto flagelle…ben…ça marche pas trop chez moi. Mais c’est sûr que l’auteur n’a pas choisi la facilité avec ce personnage et ça peut se saluer.

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