Les années Béthy : Interview Jean-Paul Jennequin

INTERVIEW JEAN-PAUL JENNEQUIN

Propos recueillis par BRUCE LIT

1ère publication le 04/04/18-MAJ le 30/03/19

Un numéro de Not Brand Echh (un comics parodique de Marvel) se cache dans cette photo. Sauras-tu le trouver ?

Un numéro de Not Brand Echh (un comics parodique de Marvel) se cache dans cette photo. Sauras-tu le trouver ?

Quand j’étais ado et Spinassien et que les BD étaient rangées sous l’escalier de la médiathèque municipale, il y avait autant de chances d’y trouver des comics que Thanos de réunir durablement les gemmes de l’infini. Pourtant au fil des années apparut dans ma banlieue dortoir un nouvel espoir : à côté des premières éditions Zenda de V pour Vendetta, j’y trouvais un jour le Spider-Man de McFarlanne et surtout le Born Again de Miller et Mazzucchelli  en volume dur ! 

Ouais, les p’tis mecs, aujourd’hui gâtés-pourris que vous êtes par Panini Urban et Glénat, vous devez savoir que dans les années 90, les comics-books ne bénéficiaient que de sorties kiosques et que rares étaient ceux qui avaient l’honneur d’être vendus en librairie et donc à la respectabilité d’une bibliothèque, surtout Spinassienne…. En ces années grunge, les éditions Béthy étaient notre Graal et Jean-Paul Jennequin, son directeur de publication et membre fondateur de Scarce, notre prophète. 

C’est un bel honneur pour moi de tutoyer et d’interviewer ce grand monsieur de notre communauté geek ainsi que de le savoir visiteur du blog. Pour vous, les années Béthy (sous vos applaudissements) !

Et vinrent les éditions Béthy !

Et vinrent les éditions Béthy !

Bonjour Jean-Paul. Peux-tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaîtraient pas ?

Comme j’ai 58 ans, si je raconte tout depuis le début, on n’est pas couchés ! Pour résumer : grand lecteur de BD et de comics depuis toujours, j’ai eu la chance de pouvoir gagner ma vie en écrivant sur la BD et en en traduisant. Je travaille beaucoup pour Disney Hachette Presse (Mickey Parade Géant, Super Picsou Géant, Fantomiald…), pour Glénat (les textes de présentation des intégrales Carl Barks, Don Rosa, et maintenant Romano Scarpa). J’ai aussi bien œuvré pour faire reconnaître que la guerre c’est l’enfer en traduisant les dix volumes de La Grande Guerre de Charlie pour les éditions Délirium. Et quand je ne traduis pas des BD, j’en dessine dans La Revue LGBT BD (que j’édite) et Egoscopic (où l’on trouve d’autres détails biographiques croustillants)

Quels sont les comics qui t’ont donné tes superpouvoirs quand tu étais petit ?

Mon premier super-héros était Super-Dingo, dans Le Journal de Mickey. Mais ce n’est qu’en découvrant Strange et Marvel en 1970, donc à 10 ans, que je suis devenu assez gravement accro. Deux ans plus tard, je commençais à en lire en anglais, et à l’époque on trouvait principalement des comics Marvel en import. J’ai adoré les Avengers et Doctor Strange de Steve Englehart, les Defenders et Howard the Duck de Steve Gerber, les X-Men de Chris Claremont… L’intérêt que je portais à un comic book passait d’abord par les scénaristes, même s’il y a plein de dessinateurs dont j’adore le boulot… et bien sûr pas mal d’auteurs complets comme Jack Kirby, Steve Ditko, Jim Steranko… Et puis, il y avait les gens dont j’ai découvert l’existence plus tard, comme Arnold Drake, qui a quand même écrit certaines des meilleures choses qu’ait publié DC dans les années 1960, en particulier Doom Patrol.

Peux-tu rappeler le contexte en matière de publication de comics des années Bethy ?

Il s’agit des années 1990 (Béthy naît en 1997). C’est une période étrange où les éditions Sémic (ex-Lug) sont en position de monopole dans les kiosques. Éditeurs historiques de Marvel, ils publient aussi des comics Image et un titre consacré à Batman (traduction du comic book Batman Adventures). En librairie, il y a encore peu de comics publiés en albums (rappelons qu’au début de la décennie, il se publie quelque chose comme 700 albums par an) et le nombre de lecteurs de comics en albums semble constant (d’après une conversation que j’avais eue avec Sylvain Insergueix de la librairie Artefact, à Enghien).

Introducing Jim Lee

Introducing Jim Lee

Comment es-tu arrivé à bord des éditions Bethy ? Quelle était ta fonction ?

Je ne me souviens plus très bien des circonstances précises. Didier Pasamonik, fondateur de Béthy, m’a contacté, sans doute parce qu’il cherchait un spécialiste en comics et que j’avais déjà à l’époque une petite notoriété dans le domaine. J’étais officiellement directeur de collection. Ça consistait en gros à écrire les préfaces des livres publiés et à faire quelques recommandations de publication.

Et au fait, Bethy ? C’était un hommage à la femme de Hulk ou Betty Page ?

Plutôt à Betty Boop, je crois. Mais il faudrait demander à Didier. C’est lui qui a choisi le nom.

En deux ans, Bethy a publié pas moins de 26 albums ! C’est impressionnant ! Quels critères étaient retenus pour publier vos histoires ?

Le critère numéro 1, au départ, c’était de publier des histoires de personnages connus réalisées par de grands auteurs. Ça permettait de contourner la difficulté qui a longtemps freiné la publication de comics en librairie : que publier, quand on a des décennies d’histoires de Spider-Man, Batman, etc. ? Donc on publiait par exemple le Spider-Man de Todd MacFarlane, ou par la suite des mini-séries ou des arcs lisibles séparément, comme Frères Ennemis, dessiné par John Romita Jr. Il s’agissait d’albums cartonnés sous jaquette, donc assez chers pour l’époque. Par la suite, nous avons lancé une autre collection, souple, où l’idée était de publier des séries « en continu », par exemple Uncanny X-Men à partir de la période Jim Lee.

Réaction en chaîne pour Spawn, un hit pour Béthy

Réaction en chaîne pour Spawn, un hit pour Béthy

Quelles ont été les meilleures ventes et les flops de l’éditeur ?

Là encore, n’étant pas l’éditeur, je n’ai pas tout suivi. Mais je sais que Spawn a été une des meilleures ventes. L’un des pire flops n’était pas une BD mais le livre du film Lost in Space. Comme le film n’a pas marché, le livre non plus !

Tu as publié Frères Ennemis, une histoire mémorable de la saga du clone de Spider-Man. Comment Bethy s’articulait avec Semic qui publiait ces histoires en kiosque ?

Béthy rachetait les traductions à Semic et les faisait au besoin re-lettrer. Pour certains comics, la traduction a été entièrement refaite. C’est le cas pour Les Inhumains sont parmi nous, car Lug n’avait pas traduit en intégralité toutes les pages de ces épisodes des Fantastic Four de Lee et Kirby. Pour Je suis Wolverine, j’avais trouvé les deux traductions faites par Lug, puis Semic, tellement approximatives que j’avais entièrement refait la traduction. Et malheureusement, l’impression a été salopée, ce qui fait qu’à l’époque, pour avoir une bonne version française de la première mini-série Wolverine de Claremont et Miller, il fallait lire les textes de l’édition Béthy en regardant les images de l’édition publiée par Semic en souscription.

Béthy a été le premier éditeur à publier intégralement Born Again de Miller et Mazzucchelli, censuré puis interrompu par LUG. C’était une priorité ?

En fait, non, Glénat avait publié l’intégralité de Born Again dans trois volumes de sa collection Comics USA. Mais c’est vrai que c’était mieux de tout avoir en un seul volume. Ça aussi, c’était un concept assez nouveau pour l’époque : rassembler tous les épisodes d’un arc important dans un volume unique.

Chez Bruce Lit, nous sommes beaucoup à considérer cette histoire comme l’un des summums du comic book. Quel est ton rapport à cette saga ?

Un peu particulier car je l’ai découverte un peu après sa parution américaine, quand nous avions parlé de Mazzucchelli dans Scarce. J’avais évidemment adoré la prestation de ce dernier, dont l’évolution graphique avait été aussi rapide qu’impressionnante. Je n’avais pas détesté le scénario de Miller, qui montrait qu’il était capable de faire encore des choses intéressantes avec le personnage de Daredevil.

L'indispensable Born Again

L’indispensable Born Again

Bethy a également publié une trilogie d’histoires marquantes de McFarlane pour Spider-Man. Tu peux expliquer aux plus jeunes de nos lecteurs, en quoi son passage était une révolution ?

Une révolution graphique, surtout. Disons, pour résumer, que depuis le départ de Steve Ditko, Spider-Man avait eu de bons, voire de très bons dessinateurs (je pense en particulier à Gil Kane), mais que ceux-ci restaient quand même assez sages. Les années 1980 avaient même été très, très sages, à l’exception de quelques prestations ponctuelles de Frank Miller ou de Mike Zeck. McFarlane arrive sur Amazing Spider-Man juste après avoir trouvé son style de maturité sur Incredible Hulk, où il a été très remarqué. Il y a beaucoup de vitalité, d’exubérance, là-dedans, et ça a parlé aux adolescents lecteurs de comics. McFarlane n’était pas beaucoup plus âgé qu’eux et il dessinait comme beaucoup auraient aimé pouvoir dessiner.

Bethy a publié ensuite pas moins de trois albums de Spawn qui divisait l’opinion : certains y voyaient un vrai renouveau des comics indépendants, les autres une supercherie davantage fondée sur les dessins au détriment des scenarios. Te souviens-tu de ton positionnement ?

En fait, la première génération Image, celle des sept fondateurs, ne faisait rien d’autre que du super-héros mainstream dans un cadre moins contraignant (plus de Comics Code) et en gardant la propriété de leurs créations. Et comme c’était une génération d’artistes « hot », ils mettaient en avant les dessins puisque c’était cela qui avait fait leur succès. Il n’y avait donc pas supercherie : les lecteurs américains étaient censés avoir exactement le même genre de comics que ce qu’ils avaient plébiscité chez Marvel un ou deux ans avant.

Je crois que les « Image boys » ont commis l’erreur d’afficher un peu trop leurs états de service comme « superstars du dessin » et de laisser entendre que le scénario n’était pas si important que ça. En fait, McFarlane, Liefeld, Larsen et Valentino avaient tous une expérience de scénariste avant de créer Image. Mais le problème, c’est qu’ils travaillaient avec de nouveaux personnages, dont ils devaient définir les personnalités, les pouvoirs et l’univers en plus de raconter leurs histoires. Je pense que c’est ce qui a déçu beaucoup de lecteurs, qui s’attendaient à retrouver exactement le même genre de plaisir qu’ils avaient à la lecture des aventures des X-Men ou de Spider-Man, des personnages qui avaient des dizaines d’années d’aventures derrière eux.

Le griffu par Mignola

Le griffu par Mignola

En vingt ans, Image est passé du statut de poil à gratter et d’imitateur plus ou moins inspiré de DC/Marvel au successeur de Vertigo. As-tu suivi son évolution et ses séries phares ?

De loin en loin. Des années 1990, j’ai surtout retenu les interventions d’Alan Moore sur WildC.A.T.S et ses mini-séries Violator et Badrock, et surtout 1963, que je relis encore de temps en temps avec délice. Et bien sûr ses Supreme et sa « ligne » de comics ABC, mais ça c’était déjà à la limite d’Image, voire en dehors. Et puis Astro City de Kurt Busiek, qui est quelque chose de très grand et continue de l’être… chez Vertigo (ce qui est marrant par rapport à ce que tu dis comme quoi Image serait le « successeur » de Vertigo).

Dans les années 2000, je n’ai pas suivi l’irrésistible ascension de Robert Kirkman, à part Astounding Wolf-Man (qui me posait problème parce que je trouvais que le héros était une sacrée nouille et que le méchant était mille fois plus intéressant). Plus récemment, j’ai lu les premiers The Wicked and the Divine sans pousser plus loin. Le premier tome de Black Science m’est tombé des mains. Il faudra que je réessaye de le lire à l’occasion. Je suis sûr que je rate plein de choses intéressantes mais je n’ai tout simplement ni le temps ni les moyens de lire tout ce qui paraît. Les seules séries indés que je suive, ce sont Black Hammer chez Dark Horse et Alters chez Aftershock.

Mis à part Odyssée Cosmique de Jim Starlin et Mike Mignola, Bethy n’a publié aucun album de Batman/Superman. C’était moins vendeur ?

Béthy a eu une existence très courte. À l’époque, les lecteurs français ne juraient que par Marvel, donc il fallait commencer DC par des œuvres donnant un aperçu de cet univers. Odyssée Cosmique n’était pas une histoire de Superman et Batman mais une mini-série présentant aussi d’autres héros comme Martian Manhunter, le Green Lantern Hal Stewart et les New Gods. On avait en projet de publier ensuite Crisis on Infinite Earths, mais on n’en a pas eu le temps.

Inversement, Bethy fut le seul éditeur encore à ce jour à proposer les New Gods de Kirby….

Il me paraissait évident qu’une collection comics devait publier du Kirby. On avait fait un album avec les Fantastic Four (et on en aurait volontiers fait d’autres) et on voulait publier du matériel paru chez DC. Quoi de mieux que New Gods pour commencer ? On aurait aimé le faire en couleurs mais DC n’avait qu’une version en noir et blanc avec niveaux de gris, alors on l’a fait comme ça. La suite devait être Mister Miracle, mais comme Béthy s’est arrêté, c’est finalement paru chez Vertige Graphic, qui a repris quelques projets laissés en plan.

Have a cigar, you're gonna go far...

Have a cigar, you’re gonna go far…

Tu y as publié également un ouvrage sur Kirby. Que représente-t-il à tes yeux ?

Un tout petit « ouvrage » qui était en fait un petit livre censé être offert aux acheteurs de deux livres des éditions Béthy. J’avais probablement écrit plus de texte sur Kirby dans Les Cahiers de la BD quelques années auparavant. J’aime beaucoup l’œuvre de Kirby et je constate que son influence sur les comic books de superhéros se fait sentir encore aujourd’hui. Regardez le succès du film Black Panther, un personnage qu’il a créé ! Et qu’est-ce qui resterait de l’univers DC de ces dernières années si l’on en retirait Darkseid ? J’ai acheté récemment le trade paperback de The Demon et c’est incroyable : voilà des BD qui ont plus de quarante ans et qui ont un punch, un impact visuel proprement incroyables.

Il est question ces jours-ci de publier ses Young Romance. Tu les as lus ?

Juste quelques histoires. C’est ça aussi qui est formidable avec Kirby : on n’a jamais tout lu, on en découvre perpétuellement.

Avant l’arrivée d’Internet, je raffolais de tes éditos chez Bethy. C’était le seul endroit en France avec Scarce où l’on pouvait avoir des analyses de personnages Marvel associées à un rappel de l’histoire du personnage.

Je considérais qu’il fallait se dire que nos albums n’étaient pas destinés aux seuls fans endurcis. Dans mon idée, il fallait qu’un lecteur qui n’avait jamais lu de comics puisse ne pas se sentir perdu. Il était aussi nécessaire de situer les histoires publiées dans la carrière parfois longue d’un personnage, et dans celle des auteurs. Je crois que Didier Pasamonik disait, à moitié sérieux, qu’il voulait faire la Pléïade des comics de super-héros. Sans aller jusqu’à ce niveau d’accompagnement, je crois qu’il faut donner au lecteur des éléments d’appréciation sur ce qu’il lit. Ça renforce et prolonge le plaisir.

Papier glacé épais, couverture amovible, traduction soignée et travail éditorial appliqué. Pourquoi Bethy s’est éteinte en 1999 ?

Là encore, Didier Pasamonik pourrait donner plus de détails, mais simplement, éditer des livres cela coûte cher et les bénéfices ne rentrent pas toujours assez vite, ni en quantité suffisante. Et puis, à cette époque, le public pour les comics en librairie était loin d’être aussi développé qu’aujourd’hui.

En 2004, Panini prend le relais de Semic en matière de diffusion de Marvel en France avec succès et malgré de gros points noirs (maquettes douteuses, traductions atroces, publications erratiques). N’en as-tu pas tiré une certaine amertume ?

En fait, Panini a repris Marvel en kiosques dès 1997 et ils avaient dès le début l’intention de faire des albums. Quand Béthy s’est arrêtée, ils ont eu le feu vert pour ça. Je n’ai pas suivi ce qu’ils ont fait donc aucune amertume.

Traduire From Hell ? Ça va saigner !

Traduire From Hell ? Ça va saigner !

Autre motif de respect éternel : tu traduis au début des années 2000 le From Hell de Moore. Des anecdotes ?

Ah là là ! Cette traduction a été la plus grosse que j’aie réalisée d’une traite ! En fait, j’avais lu les premiers chapitres de From Hell  dans les fascicules publiés par Moore puis j’avais décroché. J’ai donc découvert cette œuvre en la traduisant, ce qui m’a quand même pris cinq mois. Et à la fin, les pages de notes d’Alan Moore constituaient une telle masse de texte que je n’aurais pas pu tenir les délais sans l’aide de mon ami François Peneaud (qui a aussi traduit les comics des Simpson), lequel en a fait la moitié.

Là où j’en ai le plus bavé, c’est pour essayer de rendre les différentes façons de parler des personnages, qui ne s’expriment pas de la même façon selon leur classe sociale. Et sur l’immonde jeu de mots sur « case » quand l’inspecteur Abberline commet un lapsus lors d’une conversation avec la prostituée qu’il fréquente. Mais bon, ça valait la peine de se donner du mal car From Hell continue de se vendre… et de me rapporter des droits d’auteur, ce qui est loin d’être le cas de la majorité des BD que j’ai traduites.

Tu continues de suivre l’actualité Marvel ?

De très loin. Je la suis essentiellement sur les sites d’actualité comme Newsarama et Comic Box. Récemment, j’ai acheté des numéros de USAvengers parce que je fais partie de ces gens faibles à qui il est très facile de vendre une série avec un Hulk rouge avec une moustache. Le problème, c’est qu’à peine on commence à en lire quelques numéros que les personnages se retrouvent embringués dans le plus récent crossover (en l’espèce Secret Empire). Ça ne laisse pas au scénariste beaucoup d’espace pour développer les personnages et leur environnement, ce qui est quand même ce qui m’intéresse le plus.

Tu as déclaré récemment ne jamais avoir aimé les Inhumains ! Crois-tu que Kirby te pardonnerait ?

Je crois que Kirby serait le premier à reconnaître qu’il y avait dans sa création une grande part d’improvisation, liée à sa maîtrise des codes du récit d’aventures populaire. C’est parce qu’il est complètement dans ces codes que, par exemple, il y a tant de rois dans son univers : Dr Doom, Sub-Mariner, Black Panther, Odin à Asgard, et bien sûr Black Bolt et la famille royale des Inhumains. Or, dans le cas des Inhumains, il a fait rentrer cette notion de famille royale à super-pouvoirs dans son concept initial de race cachée au sein de l’humanité, puis dans une sorte de Shangri-La mâtiné de Brigadoom. Ça partait dans tous les sens, et en fait Kirby a surtout utilisé les Inhumains comme personnages secondaires dans Fantastic Four, donc ce n’était pas trop grave. Les ennuis ont commencé quand il a fallu faire porter à ces personnages hyper-limités des séries solo… et c’est là qu’on s’est aperçus qu’ils étaient très, très limités.

Ice-ice-baby : Iceberg et son premier baiser

Ice-ice-baby : Iceberg et son premier baiser

Tu es également un pionnier de la représentation de l’homosexualité en BD. Le coming out d’Iceberg chez Marvel c’est de l’opportunisme ou une vraie opportunité pour les gays d’être représentés ?

Dans les années 1980 et 1990, quand DC et Marvel ont commencé à créer des personnages LGBT, ils se sont aperçus que ces personnages ne duraient pas parce qu’ils n’avaient pas la familiarité et la force iconique des grandes « licences ». Ils avaient déjà constaté ce phénomène avec les personnages noirs et qu’il était plus facile de faire endosser à un noir l’armure d’Iron Man ou le costume de Green Lantern que de faire durer un comic consacré à un héros noir. Donc, depuis les années 2000, c’est un peu la même politique qui est adoptée pour les héros LGBT : les raccrocher à quelque chose de connu, par exemple la licence Batman en créant une nouvelle Batwoman lesbienne.

Donc, dans le cas d’Iceman, l’idée était de ne pas créer un nouveau personnage mais de faire « sortir du placard » un héros très ancien. C’est sûr que ça a fait parler de la représentation LGBT dans les comics mais comme souvent dans ces cas-là, beaucoup attendent que le héros représente tous les LGBT, ce qui n’a évidemment aucun sens. L’héroïne d’America, America Chavez, est queer elle aussi, mais les médias n’y ont pas fait très attention parce que c’est un nouveau personnage, pas un « pilier » de l’univers Marvel.

Quelle est ton actualité ?

Toujours énormément de BD Disney, dont un héros masqué qui occupe pas mal de mon temps : Fantomiald dans le trimestriel Les Chroniques de Fantomiald. De temps en temps un roman graphique, comme récemment Le Parc, d’Oscar Zarate (Actes Sud L’An 2), une intéressante histoire de rencontres et de conflits humains sur fond de Londres contemporain. Le bouquin est sorti en novembre dernier et passé plutôt inaperçu, ce qui est dommage. Et puis je suis très pris par La Revue LGBT BD, un semestriel que j’édite, et où je traduis certaines BD, en plus de celles que j’écris et dessine. C’est amusant parce qu’il y a une continuité avec Béthy puisque je publie – entre autres – dans La Revue LGBT BD des bandes d’Howard Cruse, dont j’avais traduit Un Monde de différence pour Béthy et qui est finalement paru chez Vertige Graphic.

Un dernier mot ?

Je m’intéresse toujours à la bande dessinée en général, et ce que quelle que soit son origine géographique ou son mode de publication (papier ou numérique). J’ai grandi avec la BD franco-belge et les comics, mais j’aime aussi beaucoup plein de mangas. Néanmoins, je me rends compte que les BD que je préfère sont celles qui s’éloignent de la réalité pour emmener le lecteur ailleurs tout en conservant un aspect humain. Les comics de super-héros correspondent tout à fait à ce profil quand elles conservent un certain sense of wonder. Je ne saurais assez remercier Michel Fiffe, qui écrit, dessine et publie la série Copra, pour me l’avoir rappelé de manière éclatante.

Où l'on retrouve également Stéphane Maillard Peretti, contributeur du blog

Avant que le comic-book ne trouve sa respectabilité en librairie ou en médiathèque, les éditions Béthy furent parmi les précurseurs de comics Marvel édités en volume dur, papier glacé avec une traduction de qualité. Le légendaire Jean-Paul Jennequin, son directeur de publication, nous raconte dans une interview exclusive ses années Béthy. 

La BO du jour : Béthy, Béthy…

103 comments

  • JP Nguyen  

    Argh, je suis un vieux, j’ai connu cette époque !
    Que de souvenirs qui remontent à la lecture de cette interview. Les bouquins édités chez Bethy étaient vraiment chouettes. Le contenu éditorial apportait un vrai plus. Mon souvenir le plus marquant reste d’avoir pu lire Born Again en intégrale (ou presque, deux splashs étaient manquantes) en étant tombé dessus à la Fnac, un maussade samedi de septembre.
    « Jennequin » mot à dire : « merci » !

  • Francis Fernandez  

    Je ne remercierais jamais assez les editions Bethy pour la publication de Born Again. Je me souviens encore de la joie et la surprise de trouver cette édition la à la fin des 90s ç’était génial.10 ans après la fin en queue de poisson chez Lug c’était inespéré de voir un cette saga traduite un jour… Merci

  • Nicolas  

    Bons souvenirs de jeunesse,ces petits bouquins étaient vraiment sympas. J’ai encore les Spider-Man et les Spawn de MacFarlane de Bethy dans ma comicsthèque 🙂

  • Tornado  

    S’il y a bien quelque chose qui m’a marqué dans la courte existence de Bethy, ce sont les rédactionnels roboratifs qui étaient généreusement exposés en introduction de chaque album.
    Aujourd’hui, il n’y a qu’Urban Comics qui a la bonne idée de s’en inspirer (encore que ce n’est pas du même niveau). Panini reste le pire élève, et il aura même fallu gueuler pendant des lustres pour qu’ils remettent les couvertures originales au début de chaque épisode, après une très longue période de n’importe quoi, où ils balançaient un arc sans début ni fin issu d’une série ongoing en lui donnant la forme d’un album librairie.

    Les années Bethy correspondent à peu-près à mon retour aux comics (après une très longue période d’abstinence). Je me souviens que je glanais les festivals de BDs et les bouquinistes et que c’était l’une des seules collections qui proposait ce que je recherchais : Des sagas cultes, auto-contenues, en album.
    J’ai pu ainsi découvrir « Born Again », « Je Suis Wolverine » et « L’Arme X » sous cette forme très accomplie. Et je n’ai jamais acheté les nouvelles éditions Paninouille par la suite.
    Pour tout ça, merci Jean-Paul. Et quel dommage que les rares fois où nous nous sommes parlé auront été l’occasion de francs désaccords à cause de mon aversion pour le old-school…

    Avec le recul, pour ce qui est des comics de super-héros mainstream, je constate qu’après toutes ces années, c’est encore exactement ce type de publication dont je guette l’hypothétique sortie de nos jours : Une saga marquante (pour sa qualité), auto-contenue, sous la forme d’un album…

  • phil  

    je ne suis pas la cible de Bethy car je n’aimais pas le papier un peu glacé des hc, que ne pas avoir 2 splash de Born Again m’a choqué, et surtout à l’époque, je suis très vieux, j’étais déjà passé à la vo,
    Par contre Jean Paul étant biiiiien plus vieux que moi je lui dois, avec le reste de la bande des historiques, d’avoir eu la révélation d’un monde derrière les comics grâce à Scarce
    A 15 ans je le lisais dans Scarce et là ma fille de 12 ans le lit puisqu’elle lit (moi aussi) les Fantomiald
    Belle boucle non?!

  • artemus dada  

    Très belle idée que d’interviewer Jean-Paul Jennequin, et d’évoquer les éditions Béthy, dont la qualité du paratexte, soulignait ici, est en effet un modèle du genre. C’est pour moi une partie essentielle du travail d’un éditeur, surtout lorsqu’il propose des séries ou des histoires ancienne, ou disons patrimoniales, et pour lesquelles une contextualisation (au minimum) est indispensable.

    Il y avait aussi une chouette collection au sein de Béthy (sic) « Avance rapide », je me rappelle de mon premier Paul Pope, et de « Le Club de la fin de siècle » de Ilya (je me demande si ce n’était pas à suivre ?), ça sortait de l’univers des super-héros, et c’était du très haut niveau.

    Je crois me souvenir qu’il y avait des annonces de projets concernant des BDs venant de 2000AD dont Nikolai Dante, si mes souvenirs sont bons.

    En tout cas merci, chouette entretient !
    ______________
    JPJ a aussi traduit des histoire d’Alan Moore chez un éditeur plus discret : Ici et Là, et je ne cache pas que dans le cas d’un auteur tel que Moore, ce que je regarde en premier c’est le nom de son traducteur. Et si c’est Jennequin ou Patrick Marcel je suis rassuré. [-_ô]

  • Fred Le mallrat  

    De mémoire, la version Bethy de Born again n est pas complète… il manque la splash de la pieta… ou en tout cas une page.. si je me souviens bien du comparatif que j avais fait avec un pote des versions Comics USA et Bethy à l epoque.

  • Fred Le mallrat  

    J’avais pas remarqué de souci graphique avec Je suis wolverine qui est la seule version de l histoire que j ai..

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai plein de Bethy aussi.
    à peu près tout sauf les Spawn je pense…
    Je dois dire que la première fois que j’ai vu Born again, je me suis cru dans un rêve éveillé…
    des splah pages qu manquent? c’est pas plutôt dans Man without Fear?

    • Matt  

      Non je crois bien que la page qui montre Matt dans les bras de sa mère en mode « pieta » est absente de l’édition Bethy.
      Le contenu rédactionnel était en effet très bon. J’avais lu l’arme X et Je suis wolverine dans cette collection, tout comme j’avais découvert quelques récits de Spidey par McFarlane (pas du même niveau mais sympas.)
      Par contre j’avais été bien déçu par les choix de publications des X-men. La saga du seuil du péril qui est déjà assez naze (mais à la limite c’est pas le problème de l’éditeur) mais surtout : pas en entier. Sans le début ni la fin. ça commençait avec une Psylocke qui changeait de corps, des X-men séparés ou amnésiques sans qu’on ne sache pourquoi (je ne sais plus si c’était expliqué dans l’édito mais ça reste bizarre comme choix du publication avec ce récit absolument pas auto-contenu)
      Mais c’était malgré ça une chouette collection.

      • Eddy Vanleffe  

        oui la collection souple était bizarre pour les X-men mais géniale pour Wolverine avec le début de la série Claremont/Buscema…

      • Fred Le mallrat  

        Oui il manque des pages sinon je l aurais acheté à l’époque.
        Je recherche toujours une VF « complete » de Born Again qui est mon Marvel préféré!!
        Comics USA est morcelé en 4 tomes et comme tous les comics USA traduisait des TP Marvel de l ‘époque qui expurgait les sub-plots (pour born again, la partie avec le gladiateur est réécrite).
        Bethy a une page manquante.
        Les versions Panini ne me plaisent pas dans la trad.. Lors de l’arrivée des Avengers, on a un plan sur Captain America « A Soldier with a voice that could command a God » traduite par « Un soldat avec une voix à commander un Dieu.. » qui enchaîne sur un plan sur Thor « … And Does » traduit par « Tout juste ».
        Je trouve que « tout juste » n’a pas l’enchainement qu’à la phrase coupée de Miller mais pas non plus le même impact « visuel » relié au dessin. Les traductions précédentes (Comics USA et Bethy) respectaient plus cela.

  • Fred Le mallrat  

    J ai adoré Bethy au départ.. mais c etait trop centré sur les vampires lectoraux que sont les mutants, les arachnides pour marvel (qui ne sont qu un a coté de cet univers passionannts et surement pas un pan important) et les image d une periode pas glorieuse.
    J attendais plus la suite des FF à l epoque..

    • Fred Le mallrat  

      Oups j oubliais le pan new gods (je compte l odyssée cosmique dans le lot).
      depuis j en ai racheté pas mal d occases pour avoir les spderman de mcfarlane (le scenar s est pas arrangé avec les années..) ou le Punisher/GR/Wolvie que j avais en VO ..

  • PierreN  

    Comme beaucoup, c’est la partie rédactionnelle qui m’a marqué dans cette collection. Même si les histoires proposées n’étaient pas toutes des chef-d’oeuvres impérissables (le team-up entre les bourrins vedettes du débuts des 90’s, Wolvie, Punisher et Ghost Rider par Romita Jr) il y avait toujours ces textes hyper intéressants, revenant sur l’évolution des carrières respectives de certains dessinateurs.

    • Fred Le mallrat  

      Oui la partie redactionelle était superbe. de mémoire, seul Mon Journal le faisait vraiment avec Super Conan de manière systématique.
      D’ailleurs JP Jennequin a au début de Panini participé au rédactionnel de l’éditeur (avec une chronologie de l’univers marvel passionnante) dans les mags.

      • PierreN  

        Oui je me souviens de compléments dans les premiers magazines de Panini, notamment une rubrique revenant sur les débuts de l’univers Marvel post-Timely/Atlas, et cela année par année, pour mieux évoquer les runs marquants de ces périodes (Man-Thing de Gerber et Avengers d’Englehart pour 1974 par exemple). Aujourd’hui, ça manque ce genre d’initiatives (il y en a chez Urban, ça compense un peu par rapport au manque dans les mags de Panini).

    • Eddy Vanleffe  

      En même temps Panini….

      C’est principalement des mags..; Au début ils ont fait du rédactionnel.
      ils ont peu à peu arrêté en s’adaptant aussi aux divers changements de forme de Marvel comme les dix huit épisodes par an etc… c’est devenu je pense une contrainte vachement « bouffe-place ».
      Marvel relaunchant une fois par an minimum, je ne voudrais pas être dans leurs godasses…

      Après ils ont aussi pris des décisions assez bizarres de ma fenêtre…

      Urban a vachement bien fait ses maquettes pour y intégrer de manière pérenne des articles et l’univers DC étant plein de trous en VF, ils sont aussi une marge assez conséquente avant de tomber en panne d’infos inintéressantes…

      • Bruce lit  

        Hello a todos,

        Non, je n’ai pas rencontré JP Jennequin. Tout d’abord parce que mon emploi du temps ne me le permet pas et le sien semble aussi chargé. Et aussi parce que dans ces moments je risquerai d’être beaucoup trop timide. C’est une maladie, j’vous jure, je me suis bien soigné par rapport à mes 20 ans. Nos échanges se sont faits par FB.

        On peut reprocher beaucoup de choses à Panini, mais j’ai souvenance de nombreux écrits de Christian Grasse aussi bien dans les VI que dans les kiosques non ?

        • Eddy Vanleffe  

          on leur reproche souvent le minimum vital et le coté auto-promotion du genre :la première apparition de truc qui est justement disponible dans le « best of… »

  • Présence  

    Au contraire de JP, je suis trop vieux pour avoir connu les éditions Bethy, car j’étais déjà passé à la VO. C’est très intéressant de replonger ainsi à une époque où les kiosques étaient la norme, et les reliés l’exception, à l’instar du modèle de publication aux États-Unis. C’est passionnant de découvrir l’envers des choix éditoriaux, pariant sur les auteurs et sur les histoires patrimoniales.

    J’ai beaucoup apprécié la pertinence de la question sur Bobby Drake, et la finesse de l’analyse de la réponse, très éclairante.

    • Bruce lit  

      Oui, la réponse de Jennequin rappelle bien qu’une histoire est autant affaire d’un auteur (…Bendis….) que de l’éditeur.

    • Matt  

      Le problème des magazines kiosque en France, c’est que ce sont des compilations avec plusieurs séries. Aux US, tu as juste « amazing spider-man 300 » par exemple qui sort tout seul. Chez nous il y a 2 ou 3 séries qui n’ont rien à voir les unes avec les autres publiées dans le même magazine. Donc parfois les 3/4 du mag on s’en fout, et ça fait chier de les acheter pour suivre une seule série par exemple. ça prend 3 fois plus de place que nécessaire sachant que tu peux te retrouver avec 15 magazines de 100 pages juste pour lire 13 épisodes de 20 pages d’une série unique.
      J’achèterai plein de mag kiosque si c’étaient des épisodes uniques. Les séries intéressantes seraient plus faciles à suivre, couteraient moins chères, etc.

      • Eddy Vanleffe  

        alors ça.. c’est la consommation culurelle comics en France.
        Dans ce pays, le « client » est viscéralement attaché à un modèle à la Strange…
        on dira toujours qu’on en lit la moitié etc…mais à chaque tentative alternative s’estcsoldée par un échec.
        Brièvement la formule VI a été un compromis, mais a rapidement été abandonnée au profit de nouvelles revues anthologiques….
        Combien de fois ais-je lu que telle ou telle revue était la descendante de Strange, voire même Titan.
        le seul format viable à part celui là, c’est celui en librairie…

        ça peut être vu comme une sorte de particularisme…

        • Matt  

          Ah ben je fais pas partie des gens attachés aux revues anthologiques alors^^
          Les seules revues kiosque que j’ai, c’est justement celles qui publient des sagas complètes ou des sagas très liées (les marvel universe péride DnA, Mystique de Brian K. Vaughan, Emma Frost de Jarl Bollers, les revues kiosques sur Spider-man sur lesquelles j’ai fait un article, Les revues Wolverine avec le run de Rucka et la mini série Wolverine the end de Jenkins, etc.) Dès que ça publie du Hulk, DD, Mighty machin, Avengers truc dans les mêmes revues, j’en veux pas.

          • Fred Le mallrat  

            Le problème du public francais c est d être souvent monomaniaque:; en tout cas de l ‘avoir été longtemps jusqu’en 2004-2005.
            Donc l’anthologie est devenue la norme pour arriver a publier un nombre minimum de séries car quand la VI est arrivée.. ca n’a pas fait long feu en dehors des séries mutantes ou arachniques ou imaginiaiseries.. cad des séries pas forcement les plus qualitative quand le DD de Nocenti et Weeks ne vendait pas assez ni le Punisher de Baron…
            Revenons à semic qui avait du mal à vendre DC.. à Panini qui avait du mal à stabiliser les séries Heroes…
            C est ce que je constatais en arrivant sur les forums en 2001-2002 où les fans de marvel « revendiqués » avaient souvent du mal dés qu on sortait des séries Spidey ou X-trucs..

            Donc Spidey ou X-truc servait souvent à vendre Daredevil, Iron Man ou les FF..

          • Fred Le mallrat  

            Moi j’aime bien les antholgies.
            C est mensuel (et ca j aime beaucoup) et c est plus pratique à lire que las floppies VO (vraiment le format que j aime le moins).
            Bon apres je suis plus attaché aux histoires qu’au format.. ma collection a toujours été un gros bordel de panachahe VO/VF et de diferends formats parfois pour une même histoire…
            Depuis que je manque de place et de budget.. ca a empiré puisque je suis passé aussi au numérique…
            Pour un collectionneur de livres , qui aime que ca fasse joli avec des tranches unies dans une bibli.. ma collection est un cauchemar 🙂

          • Matt  

            @Fred : Toi t’as pas l’air d’aimer Spidey ni les X-men^^
            Enfin si ça a permis de vendre d’autres trucs, tant mieux. Mais bon…au final ça fait que je préférerai toujours le format librairie ou les revues contenant des sagas complètes que des anthologies.

          • Eddy Vanleffe  

            Les années 90 appartenaient aux mutants et à Spider-Man et un chouia à Ghost Rider et Punisher…
            au début des années 2000. Quesada a clairement avoué ne pas aimer les mutants et leur préférer Iron Man et les Avengers… on a bien vu que les spots avaient bougé…
            J’ai discuté avec un gars pour qui les TP sont une hérésie et il achètera des floppy ou des revues françaises parce que c’est le format comics historique….

            j’aurais eu tendance à être d’accord si les histoires n’étaient pas désormais structurées en arc prêt à être publié en TP dès le départ.
            on s’adapte et aujourd’hui la format librairie va sûrement supplanter doucement le fascicule.
            en indépendant le comics devient d’ailleurs de plus en plus franco-belge compatible. de leur coté le franco-belge sort de plus en plus de son carcan 46 pages…

          • Matt  

            C’est quand même bizarre de se braquer sur un format historique. Hérésie ? Pourquoi donc ?

          • Fred Le mallrat  

            @Matt: J exagère mon trait.
            J ai toujours lu Spiderman sans jamais avoir été fan absolu. Je ne vois pas en quoi il est plus malchanceux que les autres.. sa tante vit dans une maison, il sort avec Gwen, la chatte noire ou MJ, il est embauché ado par un journal… et c est un bon élève doué en science…. Le coté « ouais c est un gars comme tout le monde.. bof..
            X-men j etais un fan absolu durant Byrne puis s est parti petit à petit.. mais a part de grand trou dans les années 90 (où les mutants sont pas toujours lisibles): j ai lu quasi tout le reste.

            Mais bon, je taquine les gens qui adorent et surtout ceux qui semblaient penser que Marvel c etait juste ces 2 franchises.. alors que justement c est surtout les autres séries (Avengers, FF, héros surnaturels, petites séries..) qui sont au centre et developpe le plus cet univers..

          • PierreN  

            « @Fred : Toi t’as pas l’air d’aimer Spidey ni les X-men^^ »

            Ah ça, il suffit de côtoyer Fred pendant un certain temps sur le net pour s’en rendre vite compte. ^^
            En même temps, il n’a pas tort sur ce point, les licences Spider-Man ou X-Men sont tellement populaires qu’elle peuvent se permettre de rester dans leur coin, sous cloche (dans l’après Onslaught, ce ne sont pas eux qui sont affectés, mais bien les titres estampillés heroes/avengers, plus en difficulté sur le plan des ventes).
            Sur le strict plan de l’univers partagé, les Avengers ou les FF sont moins à la périphérie, plus centraux en terme d’expansion de l’univers et d’ampleur des menaces (il y a bien des développements cosmiques extérieurs/non-mutants chez les X-Men comme les Broods ou les Shi’ar mais ce n’est pas la norme, plutôt une exception ponctuelle).
            C’est aussi ce qui était plaisant chez les X-Men de Claremont/Byrne, cet aspect « globe-trotter », avec des mutants pas tous le temps entre eux.

        • Eddy Vanleffe  

          @Matt

          Pourquoi se braquer?
          Parce qu’avant les TPs n’existaient même pas et que collectionner des comics était une sorte de truc de fou furieux où on cherchait l’épisodes qui nous manquait dans des énormes bacs plein de poussière…

          • Matt  

            Donc ça fait chier que d’un coup hop ce soit facile à trouver ?^^
            C’est le problème quand on est collectionneur.
            Mais pour ma part je suis bien content que ce soit réimprimé sur du papier neuf et dans des recueils faciles d’accès.

          • PierreN  

            Mais ça c’est lié au côté puriste, en dépit de l’évolution des normes. Ce n’est juste pas le même mode de consommation, le recueil n’implique pas que l’avénement de l’écriture en arc et l’évolution du type de narration en vigueur, mais aussi la façon dont le produit est consommé et donc à terme le changement des habitudes du lectorat.

            Le cas du graphic novel et son statut « intermédiaire » est assez intéressant je trouve, ce n’est pas pas un recueil d’anciennes histoires, mais son aspect « écrin plus prestigieux » en fait pratiquement le miroir de cette culture de l’album bien implantée en France et pas seulement pour le franco-belge, à tel point qu’un run n’était autrefois par perçu de la même façon selon qu’il soit publié en kiosque ou en librairie (avec des critiques snobant le kiosque, en le jugeant inférieur).

          • Eddy Vanleffe  

            C’était aussi pas cher…
            En fait de snobisme, c’était surtout cette école de BD qui voulait ça. des recueils Marvel, il y en avait un dizaine…surtout pour les trucs épuisés genre la première mini Wolverine.
            donc il y avait beaucoup de bouche à oreille, de trouvailles. le comics avait un coté grenier.
            Aujourd’hui je souris en voyant les étagères des you tubers bardés d’Omnibus qu’ils ont du ouvrir deux fois dans leur vie.
            Les miennes sont pareilles, j’e rachète tous ce qui tombe en poussière quelque part mais j’avoue ne pas me sentir aussi impliqué dans ce mode de consommation.

            la légende voudrait, mais il faudrait avoir des sources plus sûres que moi, que les tp seraient arrivés aux USA lorsqu’un gars de chez Marvel en « tournée en France s’est retrouvé en face d’un « récit complet Marvel » de LUG et aurait trouvé hyper cool de voir une mini série présentée sur un seul volume plus épais sans pub… il aurait ainsi parlé de ça à ses éditeurs de retour au pays.

            Finalement, ce n’est peut-être qu’une légende mais elle me plaît assez et serait assez plausible en fait…

          • PierreN  

            @Eddy: Belle légende en effet, et puisque le label Epic de Shooter lorgnait déjà du côté de l’école Métal Hurlant, on peu se demander s’il n’y a pas un fond de vérité.
            Au cours des années 70, on retrouve également des tentatives de rééditions sous formes de recueils, constituant en quelque sorte l’ancêtre de ces tpb ayant émergé au cours de la décennie suivante.
            https://taint-the-meat.com/2013/07/22/origins-of-marvel-comics/

      • Bruce lit  

        Ah mais j’avais trouvé la solution : enlever les pages des séries qui me gonflaient….Très peu pratique par contre pour la revente….

        • Matt  

          Ha ! Ha ! Oui faut être sûr de vouloir les garder après.
          Honnêtement j’y ai pensé un jour mais le souci c’est la reliure après. Il existe des baguettes pour faire tenir ensemble les pages mais ce n’est possible qu’avec des BD qui ont une marge sans texte conséquente du côté de la reliure, sinon la largeur de la baguette qui maintient les pages ensemble masque les bulles de dialogues, etc. (je sais pas si je suis clair)
          A l’époque où j’ai trouvé des Strange dans les affaires de mon cousin, cetains étaient en sale état et j’avais récupéré surtout les pages de Spidey que j’avais mises dans des classeurs avec pochettes plastique. C’est aussi une autre façon de faire^^ Mais bon…c’est plus trop présentable après. Depuis j’avoue que j’aime les « objets » livres donc ça me ferait mal au coeur d’arracher des pages^^

    • Fred Le mallrat  

      Le kiosque a longtemps été la norme tout court puisque même les albums europeens étaient prépubliés en magazine.

      Apres, Bethy est arrivé au moment transitoire où la librairie allait débarquer car la librairie existe depuis plus longtemps. gamin, je bavais en bouquinerie devant les Nick Fury Agent du CERVO des humanos ou le swamp Thing des editions du fromage trop cher pour moi. Au milieu des 80’s j’economisais pour mes comics USA et je bavais devant Zenda, trop cher pour moi. Sans oublier le temeraire…
      On oublie souvent que Marvel (en tout cas le marvel age) a eu sa premiere aparition en librairie (là où Lug decouvrit les personnages et surement influenca le choix des personnages retenus pour Fantask)

  • Tornado  

    Je dirais pareil qu’Eddy à propos du travail de rédaction de Panini : C’est insupportable. J’ai lu l’intégralité du recueil « Je suis Dr Strange » (dont j’ai fait ici un article pourfendeur) et chaque épisode est introduit par un rédactionnel plus généreux que d’ordinaire. Sauf que… chaque rédacteur passe beaaaaucoup plus de temps à faire la pub d’un autre bouquin Panini ou d’un film MDCU qu’à parler réellement de l’épisode en question. Arf… C’est imbitable ! 🙁

  • Jyrille  

    Encore une interview où je deviens impressionné des connaissances de Bruce dans le monde des comics : le traducteur de From Hell, rien que ça ! J’avais déjà lu le nom de JPJ auparavant, mais je ne savais plus où… Je suis complètement passé à côté de Bethy, si j’avais su que cela existait, je me serai sans doute remis à la bd bien avant (j’ai arrêté vers 91 pour ne reprendre qu’en 2004), et j’aurai une bien meilleure culture comics. Mais je ne regrette pas d’avoir l’Arme X en grand format Panini.

    Je connais un peu Pasamonik, surtout parce qu’il est l’instigateur du site BD Paradisio, qui est une référence pour la bd franco-belge. En tout cas cette interview est extrêmement intéressante, et je pensais que la photo de présentation avait été prise devant des vinyles…

    La BO, je ne suis pas fan. Surtout que c’est un revival. Et que je ne suis pas un grand amoureux de Rotten.

    • Bruce lit  

      J’aime beaucoup John Lydon en tant que personnage. Malgré ses positions politiques et des disques que je n’aime pas du tout (le fameux metal box que je n’ai jamais digéré). Par contre, j’aime beaucoup le premier PIl, ça oui.
      Et bien entendu, This not a looooove song !

  • artemus dada  

    En complément à cette très intéressante interview, je vous propose, en complément, de plonger dans l’une des BD commercialisées par BETHY. Il s’agit de Le Club de la fin de siècle, que j’avais mentionné dans mon commentaire précédent.
    On pourra sur mon blog voir le travail d’édition de JPJ, et bien évidemment, quelques planches de cette formidable bédé d’Ilya

    Bref quiconque veut en savoir plus, est le bienvenu sur mon blog [https://artemusdada.blogspot.fr/2018/04/le-club-de-la-fin-de-siecle-bethy.html]

    Hasta aleykum !!

    • Bruce lit  

      Merci de l’info Artemus. Je vais regarder ça.

    • Jyrille  

      Je ne connaissais pas du tout. Ca a l’air super ! Je me souviens qu’à cette époque, j’achetai le magazine Gotham! qui prépubliait ou republiait les Spaghetti Brothers, Tank Girl, une bd massacrée qui partait super bien de Varanda et Ange… bref, ça me rappelle des souvenirs et je me dis que j’ai loupé des trucs ! Merci beaucoup Artemus.

      • artemus dada  

        Oui je lisais aussi Gotham, il y avait aussi Le Golem qui avait publié Preacher en N&B ; cela dit pour Le Club de la fin de siècle, on le trouve assez facilement en occasion (à vil prix en plus), il n’est pas trop tard pour combler ce qu’on a pu « louper ».

        En tout cas c’est avec plaisir.

  • Matt  

    Dîtes…j’ai relu les récits de Mcfarlane dans les éditions Bethy « tourments », « perceptions » et « masques » et je les trouve sympas moi.
    Pourquoi je suis tout seul ?^^ Personne n’en parle et il me semble que dès qu’on parle de Mcfarlane, ça fait fuir tout le monde. Non ?
    Bon c’est pas les meilleures histoires du monde mais visuellement et niveau ambiance, ça a de la classe quand même.

    …non ?

    • PierreN  

      Parce que c’est bon représentant du pire des Image boys et du « style over substance ». Quitte à lire du bon Spidey sombre, autant se tourner vers la saga de DeMatteis sur Kraven. L’arc sur le Lézard illustré par Bachalo, dans une veine assez sombre lui aussi, m’a paru plus intéressant.

    • Matt  

      Style over substance ?
      Ouais bon ok mais justement y’a du style quand même.
      Enfin je vous trouve durs.
      Par exemple tu aimes les épisodes avec le Fléau par Roger Stern non ? C’est quoi l’histoire super profonde déjà ? Un mec marche en cassant tout, et Spidey veut l’arrêter.

      Tu trouves vraiment que les épisodes de McFarlane sont tous inférieurs à ça ? Même la mini enquête avec Wolverine sur le Wendigo ?

      • PierreN  

        C’est pas une question de profondeur, mais de maîtrise et de talent, et dans ce domaine Stern a démontré plus souvent qu’à son tour qu’il n’en manquait pas, là où le Todd est meilleur business man que scénariste (« Torments » c’est déjà de la narration décompressé avant l’heure, avec une atmosphère glauque annonciatrice de son Spawn). Si McFarlane a marqué le personnage, c’est surtout en terme de représentation graphique, pas au niveau des scénarios (déjà que l’ère Micheline, plus « fun/pop-corn » tiens difficilement la comparaison avec les runs de Stern ou de DeMatteis). Si l’ère Michelinie/McFarlane est généralement plus apprécié que la série solo de McFarlane, ce n’est pas un hasard.

        • Matt  

          Mouais ben j’sais pas, des fois je vois pas les trucs que vous voyez, voilà. Je vois pas quoi dire d’autre.

          Mais t’aimes pas non plus la période Michelinie, je me trompe ?^^

          • Bruce lit  

            J’aime bien les dessins de ces épisodes. L’ambiance est là. Au delà de ça, ben…c’est comme Spawn, c’est un peu plat. Son enquête avec Wolverine promet beaucoup mais donne peu.

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