L’inénarrable Sergio Aragones et son humour chaleureux

MAD présente Sergio Aragonès

Un article de  : PRÉSENCE

VO : Perseus Book

VF : Urban

1ère publication le 28/09/16 – MAJ le 09/10/22

Dessiner dans les marges

Dessiner dans les marges

Ce recueil regroupe des gags humoristiques (essentiellement sous forme de strips de 3 ou 4 cases) réalisés par Sergio Aragonès (scénario et dessins) en noir & blanc (une dizaine de pages en couleurs en fin de volume) pour le magazine humoristique MAD.

Une page sur deux, le lecteur retrouve également de nouveaux « marginals » (des petits dessins apposés dans les marges de l’ouvrage). Comme le titre (VO) l’indique, le lecteur aura le plaisir de lire des blagues de Sergio Aragonès regroupées par décennie : 1960, 1970, 1980, 1990, 2000.

Au fil des années, Aragonès se spécialise dans une rubrique intitulée « The MAD look at… » étant thématique et tournant en dérision tout ce qui passe par la tête d’Aragonès à commencer par la course à l’espace (pour sa toute première participation à MAD) jusqu’à la réalité de la récession économique pour la dernière de ce tome.

1963 : Sergio Aragones vend son premier dessin pour MAD

1963 : Sergio Aragones vend son premier dessin pour MAD

C’est ainsi que le lecteur verra défiler des thèmes variés tels que le football américain, les éboueurs, Batman (dans les années 1960), les monstres de cinéma, le mariage, les requins, King Kong, Star Wars (dans les années 1970), les parcs d’attraction Disney, un camp d’entraînement de terroristes (toujours dans les années 1970), un centre commercial à l’approche de Noël, l’obésité, le baseball, les dinosaures, les tatouages, les OVNI, le harcèlement sexuel, les piercings, le racisme, Las Vegas, Harry Potter, la chirurgie esthétique, les mères, l’infidélité conjugale, la sécurité dans les aéroports, et bien d’autres encore.

Le magazine de MAD est créé en 1952 par Harvey Kurtzman, il incarne une tradition humoristique aux États-Unis depuis cette époque, avec des valeurs politiques et sociales à ses débuts, perdues en cours de route au profit d’un humour plus potache destiné essentiellement aux adolescents et aux jeunes adultes.

Un humour 100% visuel

Un humour 100% visuel

Mais à son arrivée, Aragonès apporte un humour 100% visuel et essentiellement apolitique, sans aucun texte, si ce n’est un panneau ou une enseigne de temps à autre. Dès la première double page consacrée à la conquête spatiale, les particularités du style d’Aragonès apparaissent. En termes de forme des personnages, il est adepte des silhouettes exagérées, avec un gros nez et une partie médiane assez arrondie. Au fil des décennies il est possible d’assister à une lente évolution vers des formes plus agréable à regarder (ajustement des proportions et trait plus délié) et à une amélioration des expressions des visages.

En fonction de l’objet du strip, Aragonès peut également avoir recours à des silhouettes filiformes, ou à la musculature exagérée (pour un regard sur les clubs de gym par exemple). Même dans ces cas-là, le visage reste exagéré, avec des traits simplifiés pour ne garder que le plus signifiant.

La puberté (A MAD look at)

La puberté (A MAD look at)

Les illustrations d’Aragonès appellent naturellement un examen plus détaillé. D’un côté, il dessine avec ce qui pourrait être un stylo bille : toujours la même épaisseur de trait, aucune variation, de très rares aplats de noir (vraiment une exception). Ce parti pris donne des dessins vite lus, très faciles à assimiler, avec une sorte de légèreté due à l’absence de surfaces noires compactes.

En lecture rapide, on a l’impression de voir plutôt des personnages rapidement esquissés, des croquis vite faits. Mais très rapidement il apparaît que la densité d’information visuelle est plus élevée que ne le laisse croire l’apparence. Quels que soient le contexte et les personnages, le lecteur a la surprise de constater qu’il n’est jamais en présence d’un individu générique, ou d’un décor passepartout. En prenant au hasard, à chaque fois, le personnage présente des singularités qui le rendent unique. Même lorsqu’il dessine un groupe de 4 militaires en uniforme, chacun a une silhouette spécifique, une posture différente, un visage de forme différente.

Derrière l’apparence expéditive des dessins se trouve une capacité exceptionnelle à créer toute sorte d’individus, tous particuliers et tous familiers. Il en va de même pour les tenues vestimentaires, les accessoires et pour les décors. Ce qui frappe également, c’est qu’Aragonès croque avec la même habilité et la même justesse chaque objet, chaque élément de décor.

Superman est rancunier

Superman est rancunier

Sous des dehors de croquis rapide, il retranscrit avec pertinence et intelligence chaque élément qu’il s’agisse d’un rideau de douche (à la fixation fonctionnelle), un cockpit d’avion avec les bonnes commandes à leur place, une pompe à essence avec son pistolet en état d’utilisation, une cave à vins dans un restaurant, l’agencement de l’arrière-boutique d’un fast-food, une table d’opération dans un hôpital, etc.

Mine de rien ces petits détails contribuent à ce que le lecteur puisse s’immerger instantanément dans chaque lieu, aux côtés de chaque personnage. Il s’avère qu’il est tout aussi habile à reproduire l’apparence de personnages de fiction connus telle cette troupe de gugusses qui ne sont autre que les Ghostbusters.

Récession (A MAD look at)

Récession (A MAD look at)

D’un point de vue graphique, Sergio Aragonès estomaque le lecteur lorsqu’il se lance dans une double page bourrée à craquer de détails. C’est donc le cas de ce camp d’entraînement pour terroriste, mais aussi de ce centre commercial à la veille de Noël. Il est possible de passer un quart d’heure à explorer chaque centimètre carré de cette illustration pour découvrir détail après détail, ainsi que les activités d’environ 200 personnages différents. Cela dénote un sens exceptionnel de l’organisation spatiale pour que tout reste lisible malgré la densité hallucinante d’informations.

Le lecteur se lance alors dans une lecture qui peut rappeler ces livres où il faut retrouver un personnage perdu dans une illustration d’envergure (par exemple Où est Charlie ?). Petite cerise sur le gâteau : Aragonès est capable de glisser Groo ou Rufferto (son chien) au détour d’une case, comme ça discrètement.

Un niveau de détail hallucinant

Un niveau de détail hallucinant

Et l’humour dans tout ça ? Sergio Aragonès pratique un humour débordant d’humanisme, évitant la moquerie ou la méchanceté. D’un certain coté, cette compilation d’une énorme quantité de gags peut finir par devenir fade. Voilà un monsieur qui refuse l’humour qui tâche, les attaques sous la ceinture, le pointage du doigt d’un individu ou d’une catégorie d’individu et qui débite du gag à raison de 4 à 6 par page pendant 250 pages.

C’est sûr que lu d’une traite ou même en 4 ou 5 fois, il s’installe un sentiment d’engourdissement qui fait perdre le goût de chaque blague. Il est vrai aussi que certains gags sont très basiques. Un marginal parmi tant d’autres : un monsieur s’enfuit d’une boutique de tatouage quand il découvre que le tatoueur est une armoire à glace. Seule l’exagération de la pantomime transforme la situation en gag.

Lady Gaga : l'envers du décor

Lady Gaga : l’envers du décor

Pris un par un chaque gag recèle un trésor d’inventivité et d’expressivité. Il y a par exemple ce vendeur d’automobiles qui voit arriver des parents avec leur grand fils. Chaque personne dispose d’un phylactère dans lequel le lecteur découvre le modèle de voiture auquel il pense ; ils sont tous différents. Ils repartent bien sûr avec le modèle que le vendeur avait décidé de leur fourguer. En 2 cases, Aragonès a raconté une petite histoire sur les envies de chacun et la réalité économique.

Dans les 2 premières décennies, il utilise également un dispositif irrésistible : dépeindre une scène avec des personnages et représenter leurs ombres en train de se conduire comme ils souhaiteraient vraiment se conduire (« The shadow knows », jeu de mot sur le slogan d’un personnage de pulp).

La perception de la réalité

La perception de la réalité

Au fil des pages, le lecteur aura également la surprise de voir apparaître en creux l’évolution de la société américaine. Dans les années 1960, l’image de la femme dans la société était essentiellement celle de la mère au foyer, ce qui va évoluer au fil des gags et des décennies.

Il y aura également le passage en revue de plusieurs phénomènes de mode ou d’événement de nature culturelle : Woodstock, la conservation du patrimoine architectural, les rejets de polluants en rivière, Jaws de Steven Spielberg, Star Wars, la génération hippie convertie au capitalisme, le service militaire, les jeux olympiques, le harcèlement sexuel, la libre détention d’armes à feu, les accros aux jeux vidéo, etc.

Ce recueil bénéfice également d’un grand format (identique à celui du magazine MAD) et un beau papier épais. Il s’agit donc d’un plaisir de lecture d’une forme différente susceptible de plaire pour plusieurs raisons, en fonction des lecteurs. C’est une occasion exceptionnelle de découvrir le talent d’un monsieur modeste à l’expressivité exceptionnelle : Sergio Aragonès.

27 comments

  • Matt & Maticien  

    Je découvre ce personnage avec le plaisir de lire un article précis et complet comme à chaque fois. Merci

    • Présence  

      J’ai découvert les œuvres de Sergio Aragonès, avec sa série Groo, il y a de cela 3 décennies. C’est un auteur tout en gentillesse. Au prime abord sa narration peut paraître fade : pas de méchanceté, pas de cynisme, pas de personnages parfaits, aussi beaux que bons. Les qualités apparaissent en creux : humanisme, intelligence, réflexion, expérience, empathie…

  • Lone Sloane  

    Merci pour la découverte, du coup j’ai consulté la bio wiki de Sergio Aragones et appris que ses parnets avaient fui l’Espagne à sa naissance et qu’ils ont émigré au Mexique par la suite. De ce que tu décris de la contribution cartoonesque de MAD à l’imaginaire américain, peut-être Sergio Aragones a-t-il apporté un regard extérieur voir latin à l’American way of life?
    Et ça m’a rappelé un autre cartonnist, argentin celui-ci, qui a connu un grand succès en France dans les années 80, Mordillo et ses personnages blancs dans des compositions colorées et des décors fourmillants de détail.

    • Présence  

      Je grade également un souvenir impérissable des gags de Mordillo, avec un mélange très réussi entre absurde et poésie.

  • Bruce lit  

    Mon côté dandy m’empêche d’investir dans l’oeuvre d’un garçon nommé Sergio…..Je plaisante. Je en connaissais pas. Le scan de la file d’attente au suicide est formidable et me rappelle le Franquin d’idées noires. Je peux jeter un oeil à mon Aapou Bapoum à ma prochaine visite.
    Je ne connais rien à la culture MAD, je suis totalement passé à côté. Une anecdote pourtant :
    J’ai 16 ans au lycée. la fille la plus populaire de la classe, Vanessa m’invite chez ses parents, le petit binoclard du fond de la classe à manger à midi avec ses copines….Arrivé là bas, ni copines, ni parents, juste, euh…moi et Vanessa habillée super jolie. Je commence à comprendre que…mais, ma timidité et ma maladresse fond que je noie le poisson en parlant sans arrêt de Pink Floyd à cette pauvre Vanessa que j’ennuie profondément.
    Le temps passe… Et je lui propose de venir jouer à un truc super excitant chez moi. La pauvre a les yeux qui s’allument et doit imaginer qu’une poussée de testostérone m’anime enfin. Lasse, je tiens en fait à lui montrer mon monopoly à la sauce MAD que l’on m’a offert et qui me fait mourir de rire….Sauf Vanessa qui s’en va super vexée….

    Voilà là mon unique expérience avec Alfred E Neumann. J’ai appris plus tard que la pochette de Lust for life est un hommage à MAD.

    • Matt  

      Argh Bruce ! On a fait les mêmes conneries.
      Je me souviens d’une fille assise pas bien loin de moi au lycée qui me faisait des sourires. Sauf que moi, tellement confiant et sûr de mon charme, j’étais persuadé que c’était pas possible, que ça devait être pour un autre mec. Sauf qu’il n’y avait personne d’autre dans cette direction. Mais je ne savais pas quoi faire et j’ai fait comme si de rien n’était.
      Ah ils sont beaux les tombeurs…

      Sinon bel article Présence. Le coup du suicide me fait un peu penser aux idées noires de Franquin aussi. Même si j’en ai lu peu de gags.
      J’adore la double page fourmillant de détails. Je me souviens que j’aimais bien dessiner des trucs comme ça plein de détails qu’on ne voit que si on s’attarde dessus. Don Rosa le fait parfois dans ses BD Picsou.
      Sinon je connais très mal MAD aussi. Tout ce que je sais, c’est qu’il s’agit du seul vestige des EC comics.

      • Présence  

        En fait Sergio Aragones a été embauché par MAD, après la période initiale sous la houlette d’Harvey Kurtzman et William Gaines, 2 éditeurs et auteurs des EC Comics. Mes essais de lectures de MAD se sont souvent heurtés à une culture trop américaine, des parodies d’émissions ou des caricatures de stars dont les frasques ne nous parviennent pas en France, et donc des références hermétiques et impénétrables, neutralisant tout effet comique.

        J’en ai lu quelques numéros récemment et il s’agit maintenant d’un humour très potache, souvent un peu crade voire scato, rigolo à petite dose (à l’exception des pages Sergio Aragonès, toujours aussi drôle).

        • Matt  

          Ce que tu dis sur la difficulté de comprendre des gags emprunts de culture très américaine me rappelle le comic strip de Frank Cho : Liberty Meadows. Bon…il y a pas mal d’humour cartoon ou un peu graveleux mais aussi pas mal de vannes sur des personnalités américaines tout de suite moins évidentes à saisir.

      • Présence  

        Merci beaucoup pour cette vidéo. Je viens de la visionner et je n’avais pas remarqué l’ampleur de l’important de cette influence sur Gotlib.

  • JP Nguyen  

    Celui-là m’intéresse… Je n’aurais pas cru qu’une VF existerait. Vu que les gags sont visuels, je suppose que les problèmes de traduction sont inexistants ou très limités…

    @Bruce et Matt : whoah, vous êtiez de vrais winners de l’Amouuur, vous ! Rassurez-vous, j’ai été aussi mauvais que vous mais je préfère ne pas en dire davantage… La loose sentimentale en tant qu’ado serait-elle un élément récurrent chez le comics-geek ?

    • Présence  

      Je l’ai lu en VO. 🙂

      Je ne sais pas si la version française comprend les rédactionnels de la VO qui dans mon souvenir n’apportaient pas grand chose à l’appréciation de l’œuvre, et qui ne contenaient pas beaucoup d’éléments biographiques sur l’auteur.

  • Tornado  

    Je suis toujours épaté par l’énergie et le sens du détail que déploie Présence afin de décortiquer la partie graphique de chacune de ses lectures.
    Pour, moi, un auteur de BD doit savoir dessiner. Alors cela me parait normal que ce soit bien fait, et même impressionnant étant donné qu’il ne fait que ça. Disons que c’est la moindre des choses. Du coup, je ne parle de cette partie graphique que dans de rares occasions : Quand je trouve cela mauvais (Steve Dillon, par exemple), très particulier (je n’ai strictement aucun exemple qui me vient sur l’instant) ou, enfin, exceptionnel (J.H. Williams III, par exemple).
    Ce à quoi Présence me rétorquera qu’il trouve normal de parler de cette partie graphique étant donné qu’elle représente l’essentiel d’une bande-dessinée. Et ce en quoi il n’a pas tort, de ce point de vue.
    Et puis de toute manière il fait cela très bien ! 🙂

    • Matt  

      Tu dis vrai.
      Je trouvais déjà cela très intéressant la manière dont Présence décortiquait le travail de Daniel Acuna sur Captain America
      Même pas From Hell pour le très particulier ? Moi j’aurais dit pas beau mais je sais que mon avis n’est pas objectif sur From Hell^^

      • Présence  

        L’exemple de From Hell cité par Matt est tout aussi parlant. Pour moi les dessins ne sont pas beaux (j’ai conscience du simplisme bêta de cette phrase, mais je me soigne), mais l’histoire aurait eu un sens différent si elle avait été dessinée par quelqu’un d’autre, même tout aussi talentueux. From Hell dessiné par Dave Gibbons ou par David Lloyd ou par JH Williams III (pour citer d’autres collaborateurs d’Alan Moore), ce n’aurait pas été tout à fait la même histoire.

    • Présence  

      Un auteur de BD doit savoir dessiner. – Bien sûr puisque c’est son métier comme tu le rappelles. Mais de la même manière que chaque scénariste raconte une histoire à sa manière, chaque dessinateur la raconte à sa manière. C’est l’un des questionnements qui me guide dans mon appréciation : qu’est-ce que ce dessinateur apporte de personnel à la narration ? Quelles sont les singularités ou idiosyncrasies de ses dessins ? En quoi mon ressenti du récit serait différent s’il avait été mis en images par quelqu’un d’autre ?

      Pour ce cas particulier, je trouve la personnalité graphique de Sergio Aragonès, très forte et très marquée. Ces gags dégageraient un autre parfum, d’autres émotions s’ils étaient dessinés par un autre artiste. La mécanique pourrait rester la même, mais la sensibilité (en particulier la bienveillance d’Aragonès) en serait différente, plus méchante, ou plus cynique, ou plus critique, pu plus moqueuse, etc.

      • Matt  

        En ce qui me concerne, même si je suis en effet persuadé qu’une BD dessinée différemment n’a pas le même impact, et donc que From Hell illustré par quelqu’un d’autre n’aura pas le même impact, je n’ai aucune façon de de savoir si ce ressenti différent sera moins bon. Et du coup ça ne m’empêche pas de trouver les dessins rebutants et de souhaiter qu’ils aient été plus à mon goût.

  • Jyrille  

    Comme beaucoup, je ne connais pas le monde de MAD, comme Lone, j’ai un peu pensé à Mordillo, comme Bruce, JP et Matt j’ai eu trop de timidités. Je crois avoir déjà vu des dessins d’Aragones, mais je n’en ai pas des souvenirs mémorables. Et puis je dois relire tout Calvin et Hobbes, et il est vrai que le format strip est fatigant sur un volume si important.

    Et je suis totalement d’accord avec toi sur tes remarques, Présence : l’identité du dessin fait qu’une histoire a un ton. C’est la même chose pour le casting d’un film ou d’une série, mais dans le dessin, c’est encore plus flagrant.

    Merci pour la découverte en tout cas, même si je ne pense pas investir dans l’immédiat. Au fait Présence, gardes-tu tout ce que tu lis ?

  • Présence  

    On reconnaît également les Simpson, Tryphon Tournesol, Lucky Luke, le Tick de Ben Edlund, Astro Boy d’Osamu Tezuka. Je ne sais pas s’il s’agit de l’atelier d’Aragonès, mais ses gags pour MAD et ses récits pour Groo donnent l’impression d’un individu curieux de tout.

  • Bruce lit  

    Alors j’ai lu la moitié de ce bouquin ce WE et je trouve ça formidable !
    J’ai même ri à haute voix ce matin dans le train !
    Comme tu le dis, c’est extrêmement détaillé. C’est du comique à retardement. Pour bien l’apprécier, il faut inspecter les détails de la planche et les subtilités incroyables de ce rire muet.
    Par contre, je suis mortifié !
    Car certaines séquences, notamment celles avec le requin qui met un leurre sur son aileron semble tout droit sorti d’Idées NOires ! Franquin, copieur ????? IN date de 77. Le sketch d’Aragonés n’est pas daté, tout juste est-il précisé que c’est dans les 70’s. C’est ce que je reproche à cette édition : les bordures de papier jaune qui entourent les dessins et, ce faisant les réduit. C’est vraiment bof.
    Je me demande si je ne vais pas faire un article sur les séquences super héros qui sont irrésistibles.
    Merci de cette formidable découverte.

    • Présence  

      Tu le sais : il s’agit d’un des mes auteurs de cœur.

      Mortification – Bruce, tu vois le mal partout ! Plus sérieusement, n’ayant ni un tome, ni l’autre sous les yeux, je ne suis pas en mesure de faire la comparaison.

      Je me permettrais d’établir la comparaison avec Nicolas Otero et le lien fourni par Matt. Sergio Aragones et Franquin racontent la même histoire, mais pas de la même manière. Otero raconte l’histoire de Kurt Cobain en reprenant des découpages présents dans une autre BD.

      Je te remercie d’avoir laissé un petit mot sur ton ressenti, car sans toi, je n’aurais jamais rapproché Aragonés de Franquin, alors qu’effectivement la noirceur du dernier se trouve parfois dans les gags du premier. Cela ne m’était pas apparu, tellement Aragonés dessine de manière comique. Moi aussi, il m’est arrivé à plusieurs reprises de rire de bon cœur à un de ses gags.

      • Bruce lit  

        Alors j’ai fait mes recherches.
        Les gags du Requin de Aragonès datent de Mad 180 de Janvier 76.
        Idéés Noires paraît en 77….sniff…
        Il ne me reste plus qu’à écrire l’article pour comparer ces deux gags. Or c’était justement l’objectif inverse : lire une BD sans avoir à produire dessus.
        Merci hein !!!

        • Jyrille  

          Si ça se trouve, ils ont simplement eu la même idée… et puis, c’est après Jaws donc bon…

          • Présence  

            Je n’avais pas pensé à Jaws, mais exprimé ainsi, c’est fort probable.

  • Bruce lit  

    1 Semaine !
    Il m’aura fallu semaine pour déguster ce fantastique bouquin !
    J’ai adoré, Présence. De l’humour cocasse, imaginatif et qui ne se donne pas d’emblée.
    Par rapport à Quino, Schultz ou Franquin , je trouve que les strips de Aragonès demande un effort de concentration pour en apprécier l’architecture et la construction du gag.
    Sur le fond, les ficelles sont vites repérables : il s’agit souvent de l’arroseur arrosé, d’une déception monumentale par rapport aux personnages ou d’un décalage surréaliste.
    Sur la forme, pardon, c’est brillant. Ce que la BD a de plus génial, universel, raconter une histoire complète en trois case, avec l’ébauche des attentes et des espoirs des caractères.
    Les séquences consacrées à King Kong sont mes préférées.
    Il y a définitivement un article à écrire sur ce Franquin américain, qui partage parfois le même lettrage que le papa de Gaston.
    Cyrille, Tornado, achetez ce bouquin, il est pour vous. Même en anglais, c’est pas si gênant !

    Putain de gros bémol : le travail de cochon (et je pèse mes mots) du maquetiste de Perseus Book : cette horrible bordure jaune autour des dessins gène l’immersion dans des planches parfois coupées en 2 et riquiqui alors que l’on aurait pu mieux les agencer voire les agrandir sans cette saloperie.

    Coup de coeur !

    Merci Présence !

    • Présence  

      Pour répondre à ton observation sur l’humour, je trouve que Sergio Aragonès (et aussi son compère Mark Evanier) évite le plus souvent de concevoir un gag aux dépens d’un individu, d’un groupe social, de se moquer d’une personne. Non seulement, je suis un inconditionnel de des dessins d’Aragonès qui sont d’une grande intelligence graphique, en plus de disposer d’une forte personnalité, mais en plus je suis admiratif de son état d’esprit, de sa gentillesse.

      Je finirai bien par te proposer un article sur Groo, une création d’Aragonès, coécrite avec Mark Evanier.

      Je ne me souviens pas trop des spécificités du travail de l’éditeur. J’avais l’impression que ça ne m’avait pas gêné à la lecture, mais que ce n’était pas très mémorable non plus comme écrin pour les gags.

  • phil  

    Aragones est un trésor international
    j’ai tjs eu du mal avec Groo mais Mad j’aime bien et, surtout, sa série assez récente, Aragones Funnies

    Et Bruce me fais comprendre aujourd’hui, d’où vient cette pochette du mythique Lust for Life!!!!!!

    • Présence  

      Bien d’accord avec la qualification de trésor international.

      Groo : un grand plaisir de lecture en ce qui me concerne, que ce soit pour les villages et les costumes, les premiers très plausibles, les seconds très inventifs, ou pour la distribution de personnages à commencer par Groo, mais aussi les deux sorcières, le guerrier bellâtre, Groella, Chaka, etc.

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