Long Gone Days (Hommage à Mark Lanegan)

1ère publication le 4/03/22 – MAJ le 26/08/22

Méconnu du grand public, Mark Lanegan était un chanteur qui officiait en solo ou pour différents projets rock dont Mad Season, Queens of the Stone Age ou avec Isobel Campbell.

Sonnées par sa mort survenue le 22 février dernier, Bruce épaulé (sic) par Gihef auteur de BD (MONSIEUR VADIM, DARK MUSEUM ou STARFUCKERS) et Edie qui fournit une magnifique illustration encore une fois en un temps record, rendent un hommage à l’une des dernières incarnations de La Vie en Rock.

Ces textes ayant été produits le soir de la mort de Mark, la temporalité des articles (« Ce soir » « Qu’il est dur d’écrire ces lignes ») a volontairement été conservée lors de leur finalisation.

Trois contributeurs Markés au fer rouge.
 ©Ed Illustratrice

BRUCE LIT

C’est très étrange -en plus d’être douloureux- d’écrire ces lignes : Mark Lanegan est mort, je veux lui rendre hommage et réalise à quel point il m’est inconnu (ses collaborations étaient trop nombreuses pour que je les suive avec assiduité et surtout mal distribuées en France). Mais pas lointain.
Je vénère particulièrement deux de ses titres : ceux interprétés en duo avec Layne Staley dans le super groupe Mad Season. Dont je peux dire qu’ils ont changé ma vie. Oui.

A l’époque (1995) Staley avec ses problèmes d’addictions à l’héroïne est en rupture de bail avec Alice In Chains. Il enregistre un album avec des membres de Pearl Jam et des Screaming Trees, le groupe d’un certain Marc Lanegan. Tous ces gens sortent de rehab’ et veulent aider leur copain Layne à décrocher à son tour en lui demandant de chanter.

Staley ne décrochera pas hélas et finira par mourir d’overdose, seul comme un chien, quelques années plus tard. Pourtant il livre pour Mad Season des vocaux d’une justesse absolue au point que très vite ce disque de gens qui vont mal va devenir culte. Tous ceux qui l’ont écouté seront formels : écouter Mad Season, c’est entrer en religion, celle du rock.

Lanegan + Staley : un duo hypnotique et angoissant. Je ne m’en suis jamais remis.

Ce fanatisme est assumé. Dernièrement en discutant avec les copains du blog, j’ai donné ma définition du rock : Une musique incarnée et intense.
Vous aurez le droit de donner la votre et de ne pas être d’accord. Mais pour moi, comme pour un Serge Gainsbourg, le bleu est moins beau à dessiner qu’une lumière qui tente de percer à travers les nuages. Guillaume Musso ou Marc Levy sont probablement des écrivains très gentils mais il y a probablement plus de consistance dans le fond et dans la forme chez Houellebecq, Easton Ellis ou Despentes.

En 1995, je vis une relation torturée. La femme que j’aime, je sais que je n’ai aucun futur avec elle. Trop d’éléments insurmontables -sociaux, familiaux et culturels- viennent entraver notre relation. A 22 ans déjà, je comprends que l’amour, non, n’est pas plus fort que tout et ne concerne pas que deux personnes. C’est la leçon de L’EMPIRE DES SENS ou de JE T’AIME MOI NON PLUS : l’amour physique est sans issue. Mais je n’ai pas les mots, ni le courage…Il me faudra 5 ans pour rompre.
Cette relation tourmentée c’est la clé de MAD SEASON dont la pochette montre un couple qui se déchire. L’album met brillamment en parallèle les corélations entre la dépendance affective et celles aux drogues. Que ce soit l’amour, la drogue ou l’amour des drogues, tous ne sont que des échappatoires illusoires pour revenir à ces jours perdus d’innocence et de lumière.

Sur LONG GONE DAYS, Staley s’époumone à la fin du morceau : Je crois m’être perdu en chemin, je hurle au Seigneur de me ramener à mes jours heureux. Je découvrais alors Mark Lanegan, une voix basse, profonde.
Lanegan c’était à la fois Dylan, Nick Cave, Cohen et Jim Morrison : l’homme chantait les pieds dans Les rivières de la tromperie et semblait déjà revenu de tout. LONG GONE DAYS évoque un lendemain de fête à laquelle ne personne ne croyait. Une programmation pour échapper au non-sens de la vie. Les voix de Staley et Lannegan ne s’harmonisaient pas, elles se répondaient, se complétaient sans jamais n’être vraiment ensemble.

Sur ABOVE leur deuxième duo, Lanegan et Staley rappellent que l’amour est aussi une question de pouvoir, celui que l’on est prêt à imposer à l’autre, qu’il soit sentimental, sexuel ou philosophique. Quelles sont les conséquences de ce pouvoir lorsque le ciel bleu disparaît et que les fantômes de chaque partie font leur apparition ?

C’est tout ça que chantait Lanegan, ce spleen , ce blues lui qui avait repris brillamment le WHERE DID YOU SLEEP LAST NIGHT de Leadbelly qu’il souffla à Kurt Cobain de reprendre à son tour : Mon amour, tu étais où cette nuit ? ne me mens pas !
L’album de Mad Season se terminait sur un mantra dépouillé : seuls, nous sommes tout seuls. Après la mort de Staley, Lanegan tentera de le remplacer en tant que chanteur permanent pour un deuxième essai de Mad Season qui ne sortira jamais qu’en bonus de coffret. Le cœur n’y était pas, les morceaux non plus.

Lanegan, le trait d’union entre Layne Staley et Kurt Cobain

Le désespoir n’est plus si triste lorsqu’il est contagieux. Il se transforme en lucidité, une douleur qui permet finalement d’avancer et de voir à travers plutôt que de travers.
ABOVE et LONG GONE DAY nous marqueront au fer rouge avec mon frangin, à tel point que nous baptiserons notre duo d’après cette chanson et écrirons 13 chansons dans cet esprit. 13 chansons que j’écoute encore aujourd’hui et que j’ai l’orgueil de trouver très réussies.

Le pragmatisme libéral vous dirait que ces deux chansons de Lanegan et Staley ne représentent que 10 minutes et que c’est bien court dans une vie. 10 minutes d’échos POUR une vie, de résonance pour ramener à la Reason.
Ces jours ne sont jamais partis, Monsieur Lanegan, merci d’avoir donné votre vie au rock. Il en valait la peine je vous l’assure. Et vous aussi.

GIHEF

Il y a des voix qui traversent et marquent une vie. Elvis, Bowie, Prince, Leonard Cohen, Tom Waits, Nick Cave…

La musique suscite une sensation tellement subjective, selon notre empreinte et notre vécu. Certains aiment celle qui fait bouger le popotin, d’autres apprécient les textes bien scandés, et d’autres encore sont davantage sensibles aux vibrations qui en émanent. Je pense être de ces derniers. J’aime sentir la passion de l’artiste dans sa création, son énergie.

Mark Lanegan était de ceux qui couchaient leurs tripes sur la table à chaque livraison, comme si sa vie en dépendait. C’est d’autant plus remarquable que le bonhomme était sacrément prolifique et touchait à une multitude de genres, avec une grâce relativement rare.

Sa voix rauque et doucerette à la fois, imbibée de whisky sec et embrumée de tabac brûlant, a brillé dans des genres aussi divers que le rock, la soul ou le folk.

Incarnation et Intensité…

Outre une dizaine de galettes solo, des essais binômiques (avec Isobel Campbell, Greg Dulli ou Duke Garwood), il a posé sa voix en guest chez une multitude d’artistes qui l’ont sollicité, de Nick Cave à UNKLE, en passant par Soulsavers, Cult of Luna ou Slash. Il fut également un pilier du mouvement grunge en tant que chanteur des Screaming Trees. Il a donné au stoner ses lettres de noblesse, à travers ses contributions avec les Queens of the Stone Age.

Il a survécu à ses potes de biture Kurt Cobain, Lane Staley (Alice in Chains, Mad Season) et Jeffrey Lee Pierce (The Gun Club). Un survivant qu’on aurait pu croire immortel… Et la faucheuse vient nous rappeler que même les dieux s’en vont un jour.

J’ai eu le bonheur d’assister à plusieurs de ses concerts, sous différentes formations : en solo, avec Greg Dulli, ou Isobel Campbell. C’est lors de cette dernière occasion que je l’ai croisé furtivement à la sortie des artistes, le temps d’un selfie de groupie. Il posa avec gentillesse, souriant, les yeux ouverts – ce qui était fort inhabituel durant ses prestations scéniques.

En 2016, j’ai dû faire le deuil de ma sainte trinité de jeunesse : David Bowie, Prince et George Michael sont partis à quelques mois d’intervalle. Bien sûr, on se dit qu’une fois qu’on a survécu aux héros de son enfance, plus rien ne peut nous ébranler. Et pourtant, ce soir, je suis triste. Parce que nous venons de perdre un artiste hors norme de plus. Mark Lanegan était respecté, admiré par ses pairs, et discret, loin d’être diffusé sur toutes les radios. Mais je ne connais pas une seule personne à qui j’ai fait écouter « One Way Street » qui y soit resté insensible.
« The stars and the moon
Aren’t where they’re supposed to be »
Et ce soir les étoiles et la lune sont complètement chamboulées…

Gihef (à gauche) et Mark Lanegan (à droite)

44 comments

  • Présence  

    Je ne peux pas dire que le nom de cet artiste me disait grand chose. Mais bon, le magnifique dessin en ouverture (extraordinaire de personnalité et de nuances) est une telle invitation que je suis conquis d’avance.

    L’inclusion des vidéos est un plus et j’aime beaucoup le dernier morceau en une prise.

    Si je n’ai pas cette relation avec Mark Lanegan; je comprend très bien cette émotion à voir disparaître un artiste qui a tellement compté dans son développement personnel, dont la musique nous a accompagné pendant des années, des dizaines d’années.

    La curiosité est peut-être un vilain défaut mais c’est aussi une forte motivation : je suis donc allé consulter la pager wikipedia de l’artiste et j’ai découvert que c’est lui qui chante sur quatre morceaux de Songs for the deaf, album qui tient une bonne place dans ma CDthèque.

    12 albums solo de 1990 à 2020, 7 albums avec Sreaming Trees, plusieurs collaborations : belle carrière.

    Je vais aller tenter es collaborations avec Isobel Campbell.

    • Bruce lit  

      Quel serait l’artiste qui entrerait dans cette catégorie chez toi Présence ?

      • Présence  

        De manière spontanée, je dirais Ronnie James Dio (1942-2010), Cozy Powell (1947-1998), Lemmy Killmister (1945-2015), Frank Zappa (1940-1993), et certainement quelques autres qui ne me viennent pas immédiatement à l’esprit.

        • Bruce lit  

          Le fait que l’on puisse être ému par la musique de Frank Zappa dépasse tous mes niveaux de compréhension mais soit.

          • Jyrille  

            Emu peut-être pas mais amusé et heureux sans aucun doute.

      • Présence  

        Freddie Mercury (1946-1991) bien sûr.

        • Bruce lit  

          Bon, vous savez ce que je pense du Freddy, mais là je comprends mieux que Zappa.

      • Eddy Vanleffe  

        Dans la vague de décès que nous subissons depuis déjà quelques années je ne me sens pas assez concerné pour vraiment être atteint. Je veux dire je ne les connais pas, c’est bizarre pour moi de vois des gens chialer aux obsèques de Claude François, j’y voyais une forme de fanatisme même..
        Dans les idoles qui ont comptés dans mon parcours mental, la plupart sont morts quand j’étais petit que ce soit Pierre Desproges ou John Lennon, bref je me suis formé presque uniquement de manière posthume…
        J’ai depuis toujours je pense, essayé de lutter contre le culte de la personnalité et ça dans toutes phases de ma vie.
        J’ai beaucoup d’empathie et une forme de connexion voir même de tendresse vis-à-vis de pas mal de personnages mais ça va de Renaud à Dorothée
        Sans parler de deuils, j’ai lu énormément de choses sur Randy Rhoads, Ronnie James Dio quoi m’ont sentir proche de ceux qui en ont souffert. Je pense à la sœur de Randy quand elle écoute le petit joueur de guitare japonais dont c’est le héros, elle monte sur scène et remercie un public qui partage encore sa musique 35 ans après son décès, oui ça me touche…
        Le respect, la transmission, l’héritage….la frise historique ce sont des notions qui sont importantes pour moi.
        Lemmy aussi ça m’a surpris…
        A travers tous ces morts encore, c’est surtout le décor intérieur d’une vie qui s’étiole peu à peu… le monde qui m’a vu naitre et qui m’a construit disparait peu à peu et forcément moi avec lui…
        Pour un tas de raisons, les départs de Pratt ou de Cabu m’ont déprimé, celui de Stan Lee aussi malgré tout…
        Je sais que ceux de mes vrais modèles comme Rumiko ou Claremont vont donner pendant un temps un sale arrière-gout à mes lectures…
        La honnêtement, je pense assez souvent à George Perez…

        • zen arcade  

          La raison pour laquelle l’annonce du décès de Mark Lanegan me touche particulièrement, c’est la proximité ressentie au fil de toutes ces années avec un gars cabossé par la vie et ses épreuves. Un gars qui a composé avec tout cela et contre tout cela pour produire une oeuvre remarquable.
          Comme beaucoup d’artistes qui me touchent au plus profond, Lanegan a fait de son art un affrontement de la lumière et de ses ténèbres. Il en a sorti des cristaux lumineux et des diamants noirs d’une beauté qui ont tenu compagnie à ma lumière et à mes ténèbres.
          Cette tristesse que je ressens, elle est le miroir d’un investissement émotionnel qui n’a absolument rien à voir avec quelque forme de culte de la personnalité que ce soit.
          Alors, entendons-nous bien, je n’ai pas besoin de cette proximité pour apprécier la musique de Lanegan, mais c’est elle qui me rend l’annonce de son décès si triste.

          • Bruce lit  

            C’est un point interessant que tu soulèves. Une certaine définition de la vie en rock.
            Dans la vie civile, je ne souhaite à personne de sombrer dans l’alcool, la drogue ou la dépression.
            Pour le rock c’est différent. Imagine t-on PInk fLoyd sans la plongée dans la folie de son fondateur Barrett ? Le rock est un immense vampire qui se nourrit des tourments de l’âme humaine. Ce qu’il en sort, c’est une musique dérangeante et profonde.
            Je n’aime pas voir des musiciens drogués ou malheureux. Mais ce qui est intéressant c’est leur façon de surmonter cet handicap par l’art ou la musique.
            Si le rock d’aujourd’hui me parle moins c’est parce que tout le monde carbure à la tisane et que les politiques ont adopté l’outrance à la place de musiciens innofensifs.

          • Tornado  

            J’ai rarement été vraiment triste à l’annonce de la mort d’un artiste que j’aimais. Lorsque Bowie est mort, c’était une date mais il n’y avait rien à y redire. Le bonhomme avait tout accompli.
            Il y en a un où ça m’a fait quelque chose et où ça continue de m’atteindre avec une profonde tristesse : Richard Wright. Avec lui est mort -concrètement- mon espoir de voir un jour Pink Floyd en concert. Un musicien sacrifié, relégué au rang de figurant, méprisé, qui meurt relativement jeune, sans s’être réellement accompli, sans que j’aie eu le temps de le voir, et presque dans la totale indifférence. C’est d’une tristesse.

            Je me souviens avoir été extrêmement frustré de la mort de Jeff Buckley, car j’attendais un second album (qui n’a jamais vu le jour) comme le messie. Mais ce n’était pas la même tristesse. Pas du tout le même vide dans ma vie.

        • Jyrille  

          J’ai été très triste à l’annonce du décès de Bowie, surtout. Mais aussi de Mark Hollis, Kurt Cobain, Prince, Mark Lanegan, Moebius… comme Zen Arcade, il n’y a rien d’un quelconque culte de la personnalité là-dedans, simplement une tristesse réelle pour des gens que l’on pouvait considérer comme important dans notre construction, des proches tout simplement.

        • Chip  

          Je repensais à ta remarque sur George Pérez, et je voulais ajouter : en même temps, dans sa situation, tout le monde aura eu l’occasion de le saluer et il aura pu voir ce déferlement de respect et d’amour pour son oeuvre et son influence, c’est touchant et aide à faire le deuil, en tout cas à mon sens.

  • Eddy Vanleffe  

    Me voilà dans l’embarras
    Je n’ai jamais entendu parler de cet artiste de ma vie, même pas de nom…
    Du coup je me sens vraiment déconnecté avec votre douleur et votre implication…
    j’écoute les morceaux et sans surprise, ce n’est pas vraiment mon genre, mais bon je découvre une autre version de WHERE DID YOU SLEEP LAST NIGHT?

    • Bruce lit  

      Trop grunge pour toi Eddy 😉

  • Steve  

    Toutes ses collaborations sont bonnes
    Pj Harvey sur hit the city , isobel campbell, soulsavers, qotsa, martina topley bird,gutter twins et bien sûr mad season
    Il faut aller absolument dans ses albums solos
    Celui qui a tout fait pour se faire oublier du grunge et qui a survécu aux drogues et l alcool s est fait avoir par ce putain de virus
    Il me reste ta voix Mark a jamais

    • Chip  

      Martina Topley-Bird, incroyable chanteuse qui vient d’ailleurs de sortir un album assez épatant (je ne me remets pas de « Rain »), je suis heureux qu’in existe un duo de ces deux voix qui m’ont marquées.

      Cette playlist de fou recense toutes ou presque les collaborations du Dark Mark :

      https://www.youtube.com/watch?v=xlZO8uJmYto&list=PL-_3xKhtWY9a8E-aGOtfl5wpp91pn1KsQ

      Il y a du biscuit, il y a du talent.

      Sinon, la playlist hommage de Spotify est bien foutue, il y aurait toujours moyen d’ergoter évidemment, néanmoins elle vaut le coup d’oreill pour le novice comme le fan :

      https://open.spotify.com/playlist/37i9dQZF1DZ06evO0G6JSb

      Il n’est pas dit que j’ai fini de hanter ces commentaires; si je n’ai pas d’histoire à proprement parler avec le chanteur comme celle que le taulier a partagé, sa voix s’est taoutée dans mes émotions pendant plus de deux décennies.

      • Jyrille  

        Merci pour la playlist et les histoires Chip ! Je m’écoute justement le troisième Mark Lanegan et Isobel Campbell, Hawk.

        • Chip  

          Si tu aimes les histoires je ne peux que t’inciter à suivre le compte de Barrett Martin, second et dernier batteur de Screaming Trees et musicien intéressant par ailleurs. Quant à l’autobiographie de Lanegan, je l’ai achetée quasi à sa sortie mais toujours pas lue, les échos que j’en ai disent que Lanegan n’est tendre avec personne, et surtout pas avec lui-même, mais juste (un « Bullshit Detector »?). Et pour quiconque a le moindre intérêt pour la scène musicale de Seattle au tournant fin 80s début 90s, je ne peux que chaudement recommander l’extraordinaire « Everybody Loves our Town : an Oral History of Grunge » de Mark Yarm, kaleïdoscope de témoignage de figures hautes en couleur.

          • Bruce lit  

            J’en ai lu certains passages notamment ceux où il pilonne les frères Gallagher.

  • Sabine  

    J’arrive pas du tout à croire qu’il nous a quittés. Jamais la mort d’un artiste ne m’a rendue autant triste… Heureusement, sa musique reste.

  • Jyrille  

    Très très très bel article. Merci à vous deux, merci pour la collaboration, merci pour le partage et tout ce que vous m’avez chacun apporté depuis tant d’années. Bruce, tu sors ici des choses profondes, et Gihef, tu retranscris parfaitement ce que j’ai ressenti à cette nouvelle : une profonde tristesse.

    Je ne suis pas un grand connaisseur du monsieur mais je connais plusieurs de ses productions, me tournant surtout vers deux ou trois albums solos et ceux avec Isobel Campbell. C’est là que je le préfère, du côté de Nick Cave. Par contre j’ai réécouté plusieurs fois l’album de Mad Season, un disque totalement culte : ce n’est définitivement pas ma came. Du tout.

    Mais peu importe, tout ça nous lie et nous touche. La preuve tient dans le dessin de Ed, comme toujours tellement expressif. Merci vous trois.

    • Bruce lit  

      Si ce que j’ai pu écrire résonne au delà de la musique, c’est plus que miraculeux. Merci Cyrille pour ces mots. Nous faisons plus que parler musique mais aussi son rapport à nous-mêmes, aux autres, à la vie et à la mort. Vaste programme.
      MAD SEASON n’est pas ta came. J’ai envie de te féliciter : la drogue, c’est mal et une musique si dépressive, c’est pas plus mal de ne pas l’aimer. Paradoxal hein…

  • zen arcade  

    @Gihef : « J’ai eu le bonheur d’assister à plusieurs de ses concerts, sous différentes formations : en solo, avec Greg Dulli, ou Isobel Campbell.  »

    Pareil.
    Et j’ai vu aussi les Screaming Trees.
    L’annonce de sa mort m’a rendu très triste.

    @Bruce :
    Bizarre, je n’ai jamais écouté Mad season.
    Sans doute parce que je n’ai jamais vraiment aimé Alice in chains.

    Where did you sleep last night, par contre, j’ai dû l’écouter des zillions de fois. Par lui et par Nirvana.

    • Bruce lit  

      MAD SEASON est musicalement très différent d’AIC.

  • Chip  

    « Lanegan c’était à la fois Dylan, Nick Cave, Cohen et Jim Morrison » c’est extrêmement bien résumé. Parmi ses facettes d’artiste, si on se souvient beaucoup du grain rude de sa voix, il a des moments de clarté vocale d’une grande grâce.

    À propos de Leadbelly, si ce que j’en ai reconstitué est correct, l’idée d’un album de reprise en commun avec Kurt Cobain (à l’époque « Kurdt Kobain »!) avorté donna l’impulsion au premier album solo de Lanegan. Lors de l’enregistrement de l’unplugged de Nirvana, Kurt voulu lui donner de la visibilité en chantant la chanson en duo avec lui mais la drogue l’empêcha de traverser les US.

    Accessoirement il a aussi participé, en prenant sous son aile le jeune Josh Homme après la mort de Kyuss, a lancer ce qui allait devenir Queens of the Stone Age, posé l’immortel « In the Fade » à la fin de leur second album et participé aux Desert Sessions organisés par ledit Homme durant lesquelles il renontrera notamment Natasha Schneider et Alain Johannes du groupe Eleven, deux pièces maîtresses de ces galaxies.

    • Chip  

      En dehors de la relation émotionnelle particulière qu’on peut avoir avec un artiste, il y a cette sensation que beaucoup de belle musique devait encore être créée. Je veux dire, Lanegan, Prince, Bowie ou Cornell sont des vieillards par rapport au club des 27, mais selon toute vraisemblance ils auraient bien vieilli ou continué de bien vieillir artistiquement. Johnny Cash a pu faire sa reprise de « Hurt », qui sait ce qu’auraient pu offrir des Cornell ou Lanegan, déjà crépusculaires quand ils étaient jeunes?

      • Bruce lit  

        Très intéressant.
        J’ajoute Christophe à cette liste des artistes qui avaient encore tant à donner.

    • Bruce lit  

      Je ne suis pas le plus grand fan de QOTSA. J’en reconnais l’efficacité musicale mais je sais pas ça manque de…. je ne sais pas en fait. J’apprécie de lire des itws de Josh Homme et même de Jesse Hugues. Leur musique ressemble parfois à du FNM en moins bien.
      Je ne savais pas que Lanegan devait chanter avec Cobain. C’est une chouette info que tu donnes là. Cobain avait effectivement invité les Meat Puppets pour son Unplugged.

  • Surfer  

    Article très émouvant même si je ne connaissais pas du tout l’artiste.
    J’ai écouté avec attention tous les titres présentés et j’aime beaucoup.
    L’artiste mérite que je m’intéresse de plus près à sa discographie.
    J’ai d’ores et déjà envie de mettre ABOVE dans ma Wantlist Discogs

    @ Gihef
    « En 2016, j’ai dû faire le deuil de ma sainte trinité de jeunesse : David Bowie, Prince et George Michael sont partis à quelques mois d’intervalle »

    J’ai fait exactement le même deuil pour ces 3 artistes fabuleux.

  • Tornado  

    Chouette ! Un Vendredi Rock !
    Ah ben zut, c’est un hommage à un artiste qui vient de mourir…
    Un très bel hommage, cela va sans dire.

    Je ne connais pas tout ce qu’a fait Mark Lanegan, loin de là. Mais depuis que je suis fan d’AIC (très fan. A mort), j’ai dévoré MAD SEASON et j’ai vraiment beaucoup aimé l’album SUNDAY AT DEVIL DIRT avec Isobel Campbell. J’ai aussi découvert l’album solo SCRAPS AT MIDNIGHT dans un style Americana qui me convient complètement.
    Bref, je rattrape doucement mon retard. Et il y a encore du boulot.
    Artiste très attachant. RIP.

    • Bruce lit  

      Mais tout le monde semble connaître cette Isobel Campbell sauf moi..

      • zen arcade  

        Tu n’as jamais écouté Belle and Sebastian ?

        • Bruce lit  

          De très loin pour une reprise de Gainsbourg si je me souviens bien.

      • Tornado  

        Belle and Sebastian : Ils n’ont pas très bonne presse dans HIGH FIDELITY ! 😅

        • Jyrille  

          Pourtant c’est très sympa. Je connais surtout leur album THE LIFE PURSUIT.

          • Tornado  

            J’aime bien quelques chansons. Le problème c’est qu’à la longue c’est un peu monotone.

  • JB  

    Merci pour ces belles et douloureuses élégies pour un artiste que je ne connais que très indirectement, via ce graphisme de MAD SEASON imprimé en 4e de couverture de plusieurs comics des années 90.

  • Chip  

    Bon.

    Du coup j’ai commencé son autobio, narrée par sa voix graveleuse. Chapitre 1 : à 12 déjà pothead et alcoolique, 20 ans des crises de DT et a comme job de menacer et tabasser des gens pour recouvrer des dettes.

    Bon.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonsoir,

    un article où je découvre tout : la mort d’un artiste dont je n’avais jamais entendu le nom, des morceaux envoutants et émouvant, des références qui me manquent et surtout deux rédacteurs qui mettent les tripes et leur coeur à nu.

    Clairement pas grand chose à dire de plus sauf d’avoir quand même l’impression de m’associer finalement à ce deuil, par procuration, à distance, mais avec un groupe de passionnés terriblement humain (putain, Bruce, ton histoire d’amour à 22 ans…)

    • Bruce lit  

      Si je ne suis persuadé que la vie n’a pas de sens, je crois aussi au sens qu’on peut lui donner. Comme un enchainement de crossovers Marvel, cette rupture m’a amené à rencontrer Mme T. Happy End.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Superbe dessin de Ed.

  • Tornado  

    Punaise, j’ai encore oublié de le souligner : Magnifique dessin d’Edi ! Bravo la belle ! 🙂

  • Kaori  

    Triste mais belle collaboration pour un artiste que je découvre.
    Très belle illustration également.
    J’ai pris le temps d’écouter, ce n’est pas trop mon truc. Le seul titre de Mad Season que je connaisse c’est WAKE UP, du coup ce Mark Lanegan m’est complètement étranger.
    Cela dit, je compatis à votre peine.

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