Mythologie perverse !

Red Skull par Greg Pak et Mirko Colak

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La métaphore du nazisme ultime ©Marvel Comics

Publié le 8 juin 2014- Mise à jour le 23 août 2015

AUTEUR : TORNADO

VO : Marvel

VF : Panini

« Red Skull : Incarné » est une mini-série réalisée en 2011 par Greg Pak (scénario) et Mirko Colak (dessin). Il s’agit de l’enfance et de la jeunesse de Johann Schmidt, celui qui deviendra « Crâne Rouge », l’un des pires super-vilains de l’univers des super-héros Marvel. Nous assistons donc aux premières années du futur « Red Skull », de son évasion du pensionnat à son arrivée auprès du chef du IIIème Reich.

Il ne s’agit nullement des origines du personnage, puisqu’en dehors des superbes couvertures du trop rare David Aja, il n’est jamais fait référence à un quelconque « Crâne Rouge ». En réalité, Greg Pak nous refait le coup des « fausses origines » comme il l’avait fait sur Magnéto : le testament. C’est-à-dire que le personnage n’est en définitive qu’un prétexte de la part de l’auteur pour développer les arcanes du nazisme, thématique qui le passionne manifestement beaucoup.

Les impressionnantes couvertures conceptuelles de David Aja

Les impressionnantes couvertures conceptuelles de David Aja ©Marvel Comics

Encore une fois, je trouve embarrassant que la diffusion de l’album joue sur le côté « attractif » d’un personnage charismatique s’il s’agit de raconter complètement autre chose. On nous fait croire aux origines fantastiques d’un personnage de science-fiction (voir les couvertures !) mais on nous raconte en vérité un épisode de l’histoire RÉELLE. On peut donc regretter qu’il y ait une sorte de tromperie sur la marchandise, en passant à côté de l’essentiel et en ne développant jamais la mythologie dans laquelle évolue le personnage : Celle de l’univers Marvel.

Une fois que la pilule est avalée, cette mini-série est très loin d’être mauvaise. Greg Pak nous immerge dans la montée du nazisme en nous faisant vivre les événements de l’intérieur, puisque « Schmidt » est sensé être présent tout au long des moments « clés » de l’avènement du IIIème Reich.

Davantage un récit d'histoire qu'un comicbook de super-héros au sens classique

Davantage un récit d’histoire qu’un comicbook de super-héros au sens classique ©Marvel Comics

Et puisqu’il n’est tout au long de l’histoire qu’un jeune orphelin luttant pour sa survie, le scénariste nous invite à vivre des séquences historiques comme « l’Incendie du Reichstag » ou la « Nuit des longs couteaux » du point de vue de l’homme de la rue. Soit un documentaire soigné et lyrique, objectif et assez fin sur une période toujours difficile à comprendre et à assimiler. Bref, un bel effort d’analyse et d’antirévisionnisme. Et un récit forcément plus intelligent que le tout venant des comics mainstream. Qui plus-est, la qualité des épisodes est vraiment optimale. Impossible de s’ennuyer en suivant le parcours de ce jeune allemand ambivalent dont la principale qualité, tel le plus extrême des opportunistes, semble être l’instinct de survie.

La caractérisation des personnages est également soignée et en ce qui concerne « Schmidt », on a affaire à un traitement d’une finesse telle qu’il est même possible, par moments, de le trouver attachant au milieu de ses méfaits les plus abjects… Le dessin de Mirko Colak est également parfait. Il s’agit donc d’une réelle réussite dans le fond et dans la forme, mais dont le concept de diffusion est totalement perverti.

La vie est une question de choix...

La vie est une question de choix… ©Marvel Comics

2 comments

  • Bruce lit  

    Je n’en avais jamais entendu parler. Encore moins vu des scans ! Ni vu à Gibert : Il faut que lise ça fissa !
    Je trouve ça génial d’utiliser les héros Marvel pour diffuser un message historique. C’est mieux que de les voir sur une bouteille d’Evian non ?

    • Matt & Maticien  

      Je suis d’accord avec toi. C’est un bon point de départ pour aborder des sujets historiques… surtout si l’on est prévenu que ce n’est pas la bio de Red Skull 😉 La caractérisation des personnages a l’air très intéressante.

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