Oh, Yoko ! (Yoko Tsuno)

Encyclopegeek :YOKO TSUNO par Roger Leloup

Un article de MATTIE-BOY

VF : Dupuis

1ère publication le 20/11/19 – MAJ le 28/07/20

Je continue mes articles sur les classiques de chez Dupuis qui étaient publiés dans Spirou magazine. Après NATACHA, SODA et LE FLAGADA, voici YOKO TSUNO. Qu’est-ce donc ? Une des premières séries franco-belges mettant en scène une héroïne, débarquée la même année que Natacha dans les pages de Spirou.

 Ma première BD de SF ©Dupuis

Ma première BD de SF
©Dupuis

Cette série de Roger Leloup est très orientée SF (je devine donc déjà l’absence d’intérêt de notre rédac chef…) (tu devines trop bien…Ndr) Sa structure même est d’ailleurs assez particulière. Les histoires de la japonaise Yoko alternent entre aventures terrestres et aventures spatiales. Les aventures terrestres sont indépendantes les unes des autres, les aventures spatiales moins. Elles ne sont pas à suivre à proprement parler, mais les albums 1, 3, 6 et 13 constituent une sorte d’arc sur les Vinéens (des extraterrestres à la peau bleue qui ont fui leur planète suite à un désastre et vont s’arranger, avec l’aide de Yoko, pour retourner y vivre et prendre contact avec des survivants.) Au milieu de ça, vous avez le tome 8 « Les titans » et le tome 10 « La lumière d’Ixo » qui sont aussi des aventures spatiales mais plus indépendantes. Par la suite, les albums orientés SF ne constitueront plus vraiment des arcs narratifs mais des personnages récurrents reviendront, donc ne pas lire l’arc des vinéens peut poser problème pour la compréhension de la suite des aventures.

D’ailleurs la réédition de Yoko Tsuno en intégrale est sujette à polémique. En effet, au lieu de publier dans l’ordre chronologique les aventures de l’héroïne, l’éditeur a choisi de grouper les histoires liées. Par exemple le tome 1 comprend les albums 1,3 et 6 qui sont 3 aventures spatiales. Et le tome 2 « aventures allemandes » les albums 2, 7 et 14. Curieux choix, même si d’après le sommaire, je pense que ça ne devrait pas poser trop de problèmes pour la compréhension. Mais je saute des étapes. De quelles sortes d’aventures s’agit-il et qui sont les personnages ?

Yoko est une ingénieure en électronique d’origine sino-japonaise. A la base, elle avait été envisagée comme un personnage secondaire avant que les quelques planches réalisées par Leloup donnent l’envie à l’éditeur de lancer une série avec une héroïne. Les premiers récits courts « Hold-up en hi-fi » et « l’ange de Noël » sont sortis en 1970 dans les numéros 1963 et 1706 de Spirou. Suite à l’accueil favorable des lecteurs, Leloup reçoit le feu vert pour réaliser un album long. Aujourd’hui ces premiers courts récits sont édités dans le tome 4 « aventures électroniques » qui est presque un hors-série, et sont agrémentés de 2 autres courts-récits réalisés en 1971 pour constituer un album.

 Aventures terrestre ou dans les étoiles ©Dupuis

Aventures terrestre ou dans les étoiles
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Je rappelle qu’à la même époque, François Walthéry avait déjà esquissé son personnage de Natacha (dès 1965) mais qu’il faudra lui aussi qu’il attende 1970 pour que soit publié le premier album de l’hôtesse de l’air. 1970 était donc l’année des héroïnes de BD. Finalement, Yoko débarque dans sa première aventure, tout de même accompagnée de ses 2 comparses présents dans presque toutes ses aventures : Vic Vidéo et Pol Pitron. Le premier est réalisateur à la télé et c’est un personnage un peu générique sans grande personnalité (envisagé d’abord comme le personnage principal de la série pourtant), le second est caméraman, et c’est un peu le comic-relief, le copain maladroit et grognon qui a peur de son ombre, mais avec un bon fond.

Au départ, Yoko devait porter le nom de Yoko Shirisho. Mais sur les conseils de Maurice Tillieux, Leloup va lui trouver un nom plus court. Il s’inspirera pour ça de la ville de Tsuno au Japon. Selon les mots de l’auteur, ce nom lui plaisait pour les raisons suivantes : « Tsu avait une résonance chinoise et No rappelait le théâtre japonais, bref c’était idéal pour une héroïne japonaise à laquelle je voulais donner des origines chinoises ».
Je propose de vous parler des albums que je préfère, comme je l’avais fait avec SODA ou Natacha, mais la particularité cette fois, c’est que je suis obligé d’en inclure davantage puisqu’il est difficile de sauter des épisodes du cycle des vinéens. Globalement pour moi la série est bonne jusqu’au tome 18 Les exilés de Kifa. En réalité je n’ai pas lu tous les suivants donc je ne pourrais me prononcer sur leur qualité. Comme beaucoup de séries de l’époque, je me suis arrêté à un moment et je suis surtout attaché aux albums que j’ai connus dans mon enfance, et pas les derniers en date (pareil avec Spirou ou Natacha dont j’ai laissé tomber les sorties récentes) Et puis vous savez que j’aime bien quand les séries se terminent. Donc quand ça ne se termine pas…bah j’arrête de les lire.
Mais comme les albums sont globalement indépendants, on peut s’arrêter à mi-parcours sans problème.

 Le cataclysme de Vinéa ©Dupuis

Le cataclysme de Vinéa
©Dupuis

Les aventures spatiales de Yoko Tsuno peuvent s’apparenter aux épisodes du Capitaine Flam ou de Star Trek, dans le sens où ce sont des scénarios très travaillés avec des notions de science (des installations météorologiques de contrôle du climat, des dispositifs de communication, des voyages spatiaux qui prennent des semaines et autres trucs qui peuvent dérailler et créer des dangers plus techniques et intéressants que des bastons spatiales génériques), des personnages avec de vraies motivations, et rarement de grand méchant cruel qui veut être méchant juste pour être méchant. Bien que les histoires puissent parfaitement être lues par de jeunes lecteurs (pas de sang ni gros mots, nous sommes chez Dupuis dans Spirou magazine), la teneur des histoires et les concepts scientifiques pourraient rebuter les trop jeunes. C’est une lecture qu’on peut redécouvrir adulte en comprenant mieux les enjeux et qui ne prend clairement pas les lecteurs pour des idiots.
Les aventures terrestres sont d’ailleurs dans le même esprit, même si forcément elles sont moins orientées science-fiction.
Commençons par le cycle des vinéens que je considère étendu dans les tomes 1, 3, 6 et 13.

Tome 1 : Le trio de l’étrange

Tout commence avec Vic et Pol qui cherchent à monter une émission pour leur chaîne de TV. Ils rencontrent la jeune électronicienne Yoko qui cherche du boulot dans des circonstances amusantes, et l’engagent comme technicienne pour leur chaine de TV. Leur premier travail ensemble consiste en une émission sur la spéléologie, et c’est en explorant des grottes que notre trio va se faire aspirer par un siphon sous-marin naturel, débarquer dans des installations souterraines et se retrouver entourés de personnages étranges à la peau bleue. Ce sont les vinéens. Et ils sont sur terre (ou plutôt dessous) depuis 400 000 ans. C’est là que Yoko et ses amis rencontrent les vinéennes Khany et Poky (la fillette) qui vont devenir de grandes amies par la suite.

Dans cet album qui est surtout une grosse introduction, Yoko apprendra la tragédie qui a poussé les vinéens à quitter leur planète (un réchauffement cataclysmique dû au rapprochement de deux soleils qui les a d’abord poussés à vivre sous la surface de Vinéa) pour se réfugier sur terre, et devra affronter des personnages qui ne voient pas d’un bon œil l’intrusion d’êtres humains dans leur cité. C’est un bon tome pour débuter la saga. Mais il ne faut pas s’arrêter là.

 Notre trio de héros dans des situations incroyables ©Dupuis

Notre trio de héros dans des situations incroyables
©Dupuis

Tome 3 : La forge de Vulcain

L’existence des vinéens finit par être remarquée par des humains lorsqu’une plateforme de forage offshore heurte une installation sous-marine des extraterrestres qui régulent la circulation du magma sous terre pour leurs besoins de survie. Yoko, Vic et Pol prennent donc l’avion pour se rendre en Martinique, sur les lieux de la découverte, dans l’espoir de retrouver leurs amis. Et c’est ce qui se produit. Seulement voilà : un danger menace les humains à présent. Le magma en fusion libéré par la plateforme de forage risque de rejoindre la nappe de pétrole, et à présent notre trio de héros aidé de Kahny doit tout faire pour prévenir la catastrophe en réparant les installations de la « forge » des vinéens. Seulement il y a un autre problème : un vinéen haut-placé désire le cataclysme qui lui permettrait de prendre le contrôle des îles environnantes et ainsi s’approprier des territoires. Nos héros craignent que cela déclenche une guerre avec la surface et doivent donc faire échouer ce plan.

C’est un album assez technique dont le principal objectif est d’enrayer une machinerie mortelle qui pourrait provoquer des explosions sous-marines susceptibles d’engloutir des îles. L’ajout du méchant de l’histoire sert surtout à rendre cet objectif plus difficile à atteindre puisque nos héros doivent procéder de manière clandestine et expliquer aux vinéens qu’ils ont un fou dangereux en leur sein auquel ils doivent cesser d’obéir. Un très bon second chapitre sur les vinéens.

Les installations de régulation du magma des vinéens  ©Dupuis

Les installations de régulation du magma des vinéens
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Tome 6 : les 3 soleils de Vinéa

Cet album inaugure les aventures spatiales. Dès les premières pages, Yoko et ses amis se retrouvent rapidement dans une base spatiale vinéenne en orbite autour de Saturne. De là, ils entreprennent un voyage de 2 mois en léthargie vers une autre base non loin de Vinéa…que Khany espère retrouver entière. Et il s’avère que les deux soleils qui étaient sur le point de se heurter se sont éloignés grâce à l’explosion du noyau de l’un d’eux dont la force d’expansion a entrainé Vinéa sur une orbite plus large. Mais il reste à savoir si les radiations et les gazs en expansion n’ont pas empoisonné l’atmosphère de la planète, et s’il reste un espoir qu’elle soit viable.

Cet album raconte la redécouverte d’un monde longtemps abandonné par les générations précédentes de vinéens. Nos héros vont rencontrer des survivants mais ceux-ci seront un brin plus primitifs, dépourvus de la technologie que les anciens vinéens maitrisaient. Et ils placent leur foi en un étrange guide suprême qui a fait bâtir des installations de contrôle du climat un peu partout, redonnant vie à la planète. Le guide suprême est en réalité un amalgame de mémoires numériques des anciens savants de Vinéa reliées à des ordinateurs. Il y a hélas un problème : le destin de la planète, une fois redevenue viable, devait être confiée à un homme que personne n’arrive plus à contacter et qui réside dans un lieu inaccessible aux savants. Eh oui après tout les machines peuvent tomber en panne aussi et nos héros vont devoir découvrir ce qui se passe. Il n’y a pas vraiment de méchant dans cette histoire, si ce n’est des dysfonctionnements dangereux, mais ça ne rend pas l’histoire moins palpitante puisque la redécouverte de ce monde extraterrestre demeure passionnante.

 Ça rigole plus, on va dans l’espace maintenant. ©Dupuis

Ça rigole plus, on va dans l’espace maintenant.
©Dupuis

Tome 8 : les titans

Avant de parler du tome 13 que je considère comme une suite de l’arc des vinéens avec de nouvelles découvertes sur leur peuple, on peut aussi parler du tome 8 qui est une nouvelle aventure spatiale se déroulant sur Vinéa mais qui n’a pas vraiment de rapport direct avec le peuple vinéen.

Cet album a longtemps été mon préféré. Parce que…euh…y’a des monstres géants insectoïdes, yeah ! Euh…ahem…en gros durant les siècles où la surface de Vinéa n’était plus habitée, il y a eu des changements géologiques majeurs et nos amis vont découvrir un peuple d’insectes géants pensants qui maitrisent une technologie avancée. Yoko va entrer en contact avec Xunk « le faible », un titan assez mal intégré à sa colonie. Le récit est là aussi dépourvu de véritables méchants, il s’agit surtout de l’histoire d’un contact entre deux peuples très différents avec quelques conflits et malentendus qui seront résolus avec diplomatie.

 Insectes géants ! ©Dupuis

Insectes géants !
©Dupuis

Ce qui est très intéressant dans cette histoire et dont je ne vous ai pas encore parlé plus tôt, c’est que Roger Leloup est un humaniste très intéressé par la technologie mais qui a aussi un esprit critique dessus. On retrouve donc souvent dans ses histoires des arguments pour et contre la science, et pour et contre les activités humaines. Ainsi, même s’il présente de nombreux avantages de la technologie, Yoko ne cesse de dire que la survie d’un peuple ne peut pas être confiée à un ordinateur dépourvu d’émotions. De même, la faculté de compassion de l’être humain, sans doute sa seule qualité (là c’est moi qui parle…) est mise en avant dans des histoires comme celle-ci où la société des titans, proche de celle des insectes, est montrée comme cruelle avec le rejet immédiat des maillons faibles. Mais en même temps, les titans de cette histoire vont se méfier des humains pour une raison valable après avoir constaté ce que les humains font aux insectes terriens.

On se retrouve ainsi avec des histoires qui nous font réfléchir sur nos qualités et défauts, et sur la science sans conscience. C’est pour ça que je dis que ça me fais penser à du Star Trek parfois. Car Star Trek, ce n’est pas une dystopie. Dans le futur de Star Trek, la technologie a permis des choses merveilleuses et la fin des guerres, le rapprochement des peuples, etc. Mais elle engendre aussi des problèmes éthiques, des chocs culturels entre civilisations et des problèmes d’organisation.

Tome 13 : les archanges de Vinéa

Ce tome est pour moi le chapitre final de l’arc des vinéens. Cette fois nos héros vont découvrir une autre branche du peuple vinéen qui s’est réfugiée sous les eaux dans des citées. Eparpillé par le cataclysme de jadis, ce peuple extraterrestre ne cesse au fil des aventures de se réunir pour se reconstruire. Hélas, dans cette histoire, la tribu sous-marine est dirigée par une reine assez belliqueuse qui garde une rancœur envers des dirigeants de cités vinéennes qui n’existent plus. Elle vole des enfants placés en animation suspendue qu’une caste d’androïdes (les archanges) sont chargés d’élever. La reine les kidnappe afin d’en faire des serviteurs guerriers. Le personnage de la reine est aveuglé par la rancœur de vieux conflits, mais là encore le scénario l’explique par la nature même de la reine qui est en partie une machine qui vit depuis trop longtemps et a perdu de vue les vrais objectifs de survie de son peuple.

La série a aussi son lot de décors historiques ©Dupuis

La série a aussi son lot de décors historiques
©Dupuis

Tome 2 : l’orgue du diable

Bon allez, on revient un peu en arrière pour parler de quelques aventures terrestres. Je ne les trouve pas inférieures du tout, mais aborder la saga vinéenne m’a forcé à parler de beaucoup d’albums spatiaux qui sont moins indépendants les uns des autres. Je n’ai donc plus trop de place dans cet article pour aborder les albums terrestres.
Cet album nous propose une enquête en Allemagne. Yoko y rencontre Ingrid Hallberg, une organiste qui deviendra son amie et qu’on retrouvera dans d’autres albums. Leur rencontre se fait dans des circonstances sinistres : Yoko la sauve de la noyage après que quelqu’un ait tenté de l’assassiner. Comme ce genre de sauvetage a tendance à rapprocher un peu les gens, Ingrid se confie à Yoko et ses amis : son père a été assassiné et elle cherche à retrouver un message qu’il lui aurait laissé avant sa mort. Mais quelqu’un d’autre cherche à effacer ses traces. Au centre de cette enquête, un projet de restauration d’un orgue étrange dont les sons ont un effet très particulier sur les gens.

Il s’agit d’une intrigue policière qui n’a aucun élément de SF, même si certaines installations d’un vieux château sont toujours expliquées avec un grand souci technique du détail par l’auteur. Et le récit baigne dans une atmosphère de vieux château inquiétant.

Tome 7 : la frontière de la vie

Un album dans lequel les amis de Yoko ne sont pas avec elle (il y en a quelques-uns comme ça.) Cela dit, elle retrouve Ingrid rencontrée dans le tome 2.
Yoko est convoquée par son amie à Rothenburg, petite ville allemande qui, comme décrite dans la première phrase de l’album, a défié le temps et les guerres du passé pour offrir au présent le romantisme intact d’une cité du XVIème siècle. Yoko est ici pour aider son amie qui souffre d’une étrange maladie. Son cousin pense même qu’elle est victime d’un vampire puisqu’elle a une blessure au bras et qu’une partie de son sang a été remplacé par une substance artificielle. Quelqu’un s’adonne à de biens étranges expériences à l’insu de nos héroïnes. En effet, une silhouette masquée ne tarde pas à s’introduire chez Ingrid pour revenir lui voler du sang.

Après une course-poursuite dans les rues pittoresques de la ville, Yoko va enquêter pour découvrir ce qui se trame. Il s’avère que l’intrigue implique un complexe scientifique clandestin sous la ville, une petite fille supposée morte durant la guerre et des secrets de famille complexes. Je ne vous en révèle pas plus, c’est une histoire très prenante et mystérieuse joliment écrite et dessinée. Cet album en particulier a fait l’objet d’une abondante documentation photographique pour les décors et il s’en dégage un cachet bien particulier. Une des meilleures aventures « terrestres » de la série.

Ambiance d’Europe moyenâgeuse ©Dupuis

Ambiance d’Europe moyenâgeuse
©Dupuis

Pour les réfractaires à la SF (mais non, je ne vise personne !) qui seraient quand même curieux de découvrir cette série et ses scénarios travaillés, je ne peux que leur conseiller « l’orgue du diable », « la frontière de la vie » et « la proie et l’ombre ».

Je pourrais continuer en vous parlant d’autres bons albums, mais il faut bien faire des choix. Sachez en tous cas que mis à part peut-être 2 ou 3 albums, les 18 premiers valent le coup. Je me suis surtout focalisé sur les aventures spatiales car c’est un peu le sel de la série, mais les aventures terrestres sont de très bonne facture aussi (la proie et l’ombre, le dragon de Hong Kong, la spirale du temps, la fille du vent)
Concernant le dessin, si on pourra regretter que les personnages paraissent souvent un peu rigides (à la manière des personnages de BLAKE & MORTIMER dessinés par E.P Jacobs), les décors sont absolument magnifiques et avec un souci du détail presque documentaire. Que ce soit les installations techniques très fouillées et au design scientifiquement correct (les explications sur la présence de spires qui génèrent des champs magnétiques par exemple) ou les décors de la vieille Allemagne avec ses châteaux et vieux villages dans les aventures terrestres, c’est un vrai plaisir pour les yeux. La seule ombre au tableau comme je le disais c’est que Roger Leloup n’a pas la maitrise du mouvement d’un François Walthéry par exemple qui rendait ses personnages très animés. Ici les personnages sont souvent raides comme des piquets. Mais ce n’est pas bien grave. D’ailleurs au passage, Yoko n’est pas du tout sexualisée. Elle n’est pas vilaine hein, mais j’entends par là que l’auteur ne cherche pas particulièrement à la mettre en valeur ni à la rendre sexy (contrairement à Natacha dont le sex-appeal était déjà plus mis en avant.)

En tous cas, cette série mérite d’être redécouverte, surtout que je pense qu’elle s’adresse au final davantage aux adultes malgré un ton tous publics, car les considérations éthiques, les concepts scientifiques et autres sujets sensibles passeront au-dessus d’un lectorat trop jeune. C’est une série féministe (sans être bêtement féministe : il y a beaucoup de personnages féminins forts et intelligents, mais aussi des garces.) qui propose de la SF intelligente dans des scénarios très travaillés. Je recommande.

De très beaux décors futuristes et réalistes ©Dupuis

De très beaux décors futuristes et réalistes
©Dupuis

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La BO du jour :

65 comments

  • Kaori  

    Merci Matt pour cette présentation d’une série que je n’ai jamais lue.
    Je la trouve plutôt joliment sexy, moi, Yoko, bien plus « mon style » que Natacha (que je n’ai jamais lue non plus, mais qui me tente encore moins… du coup j’ai plus qu’à aller lire ton article sur Natacha !)

    Si un jour j’ai l’occasion, j’en lirai peut-être une, mais je ne vais pas courir après, parce que le format et la longueur des séries de BD franco-belge me freinent considérablement.
    En BD FB, c’est pas compliqué, on a quelques Boule et Bill (mes préférés quand j’étais gosse), quelques Schtroumpfs, et beaucoup de Tuniques Bleues, collection entamée par mon frère et que j’ai continuée, jusqu’à presque 30… mais comme toi, au bout d’un moment, faut s’arrêter…
    Ah et quelques Lucky Luke, Astérix et Tintin. Mais Tintin,, je préférais le format dessin animé à celui de la BD.

    D’ailleurs, c’est vrai que c’est dommage, ces visages figés dans Yoko Tsuno, on croirait des copier-coller insérés dans les cases… Mais les détails des paysages sont sympas, en effet.

    • Matt  

       » le format et la longueur des séries de BD franco-belge me freinent considérablement. »

      Là comme je te dis, tu peux lire les tomes « terrestres » indépendamment. Bon si tu veux un peu de continuité (d’où sort tel personnage ?) il faut lire l’orgue du diable. Mais après tu peux lire « la frontière de la vie » et « la proie et l’ombre », « la fille du vent » sans te soucier de lire tous les albums. Ce sont des tomes assez indépendants.
      Pour le volet SF, oui il y a une sorte de chronologie mais j’explique tout dans l’article. Les tomes 1,3 et 6 il faut les lire pour comprendre le plus important. Après…t’es assez libre.

      Elle n’est pas vilaine Yoko mais je dis que Leloup ne cherche pas à la mettre en valeur. Natacha était plus souvent en tenue légère et ses formes étaient…généreuses on va dire. Mais ça reste très sage pour un lecteur d’aujourd’hui^^ Mais disons qu’à l’époque c’était nouveau de faire de jolies héroïnes avec des formes et des petites jupes^^

      Natacha c’est aussi une BD d’aventures bien sympa. Mais pareil je crois que c’est surtout les 10 ou 12 premiers tomes que je préfère. Après je me suis arrêté. Et puis Walthéry est moins en forme sur le dessin dans les derniers tomes.

      Tiens tu dois être la seule ici à avoir connu et aimé le dessin animé Tintin alors^^ Quand j’en parlais sur les articles sur Tintin, personne connaissait ou s’y intéressait^^ (sauf Pierre peut être, assez jeune pour avoir vu ça)
      Le doubleur du capitaine Haddock me faisait trop marrer^^

      • Kaori  

        Ah, ça me classe dans la catégorie des « jeunes de l’équipe », ça, trop bien !!
        Oui, je regardais tous les Tintins sur M6, avec ce générique inoubliable. N’ayant pas lu les BD originales, je les trouvais très bien, moi, ces épisodes… Bon doublage, en plus.

        Je suis en train de lire ton article sur Natacha, et non, typiquement, ces héroïnes en mini-jupes, ça ne me parle pas ! Elle a beau être une célibataire endurcie qui distribue des claques, ben… Non, je ne m’y retrouve pas. Je ne doute pas que pour les mâles, les caractères féminins « bad-ass » et sexy soient très « intéressants », euh, moi, je passe mon tour…

        Ah et tu m’as bien fait marrer avec tes insectes géants !! On a vraiment chacun nos marottes 😉

        • Matt  

          On dirait bien en effet. Toi ta marotte c’est de t’arrêter aux personnages par exemple^^ ça t’intéresse pas plus que ça les histoires on dirait. Si tu vois une héroïne sexy qui n’est pas ton type, tu passes ton chemin.

          • Kaori  

            Nan mais Natacha, elle fait quand même beaucoup « objet sexuel-fantasme de mec », ça me heurte clairement lol. Et du coup ça me rebute. Alors que la même chose dans les bd de super-héros, pas du tout. Peut-être que Natacha c’est trop exagéré. Pis je regarde les planches, elle a sans arrêt les fesses à l’air ! Bref, je n’arrive pas à faire abstraction de ce genre de choses.

            Et sinon, ta remarque est vraie : je fais passer les personnages avant les histoires.

          • Eddy Vanleffe  

            Les fesses à l’air Natacha?
            Je dois encore débarquer…
            je ne suis pas un spécialiste mais c’est une bd dupuis pour enfant donc je ne crois pas que ce soit très poussé (en tout cas dans les tomes de mon enfance…)

          • Kaori  

            @Eddy : on ne voit pas ses fesses, mais regarde les scans de Matt, notamment le dernier : c’est impossible de garder ses fesses non visibles dans une telle position.
            Mais là je me transforme en Matt et son avis sur les costumes non réalistes des super-héroïnes 😉

          • Eddy Vanleffe  

            Matt précise je crois que Walthéry se lâche dans les tomes plus récents avec un ton voulu plus moderne…
            ça reste en deçà de 95% des manga et même des super héroïnes…

            mais je vais arrêter…

          • Kaori  

            Eddy, tu as sûrement raison sur les comics et manga, je vais arrêter de faire ma ronchon. Mon ressenti est de toute façon totalement subjectif puisque c’est un ressenti.

            Juste une chose que je voulais préciser : ce n’est pas parce que je n’ai pas envie de m’intéresser à Natacha que j’ai des préjugés envers ses fans…

          • Matt  

            Oui dans les tomes plus récents il y a quelques trucs plus olé olé
            Mais je le dis d’ailleurs que ça fait moins charmant et plus grossier que dans les années 70, même au niveau du trait du dessin.
            Après y’a moins de fesses en collants en gros plans que dans les comics de super héros donc tu me sembles un peu prude là^^ Natacha fait nymphette mignonne et elle n’est jamais dessinée en contre plongée avec la « caméra » près du cul comme c’est plus souvent le cas dans les comics^^

            Après je peux comprendre que ça ne t’attire pas. Et l’auteur est un homme alors oui, il l’a faite sexy et c’était un peu une première à l’époque. Cela dit faut pas exagérer quand même…

          • Kaori  

            J’essaye de comprendre aussi, Matt, pourquoi graphiquement, Natacha me dérange autant alors que la « même chose » dans les comics et les mangas, ça passe sans problème.
            Peut-être est-ce parce qu’elle est trop ancrée dans le réel ? Elle est sensée être plus proche de moi que les supers-héroïnes ou les lycéennes japonaises. Du coup peut-être que je suis plus exigeante. J’en sais rien.
            Toujours est-il que les pantalons moulants, les bouches ouvertes et charnues, les talons aiguilles de 15 cm, les jupes sous les fesses (je passe la coupe de cheveux venue d’un autre temps, pas critiquable du coup), ben ça me fait un truc. Que ne me fait pas Black Canary. Parce que pas le même univers, je suppose… ? Parce que pas les mêmes intentions de l’auteur ? J’en sais rien. Mais c’est comme ça.
            Les super-héroïnes, c’est le folkore, c’est le costume, c’est dans le cahier des charges.
            Là c’est une hôtesse de l’air, qui s’habille comme ça au quotidien. A mon avis, c’est là que ça coince, chez moi. J’ai conscience que je fais vieux jeu, réac, frustrée et cie. Mais bon, tant pis, ça ne se commande pas, le ressenti…

          • Matt  

            Tu vas me faire passer pour un pervers alors que moi j’ai toujours trouvé ça plutôt mignon natacha^^
            Alors que les gros plans sur le cul serré dans un short moulant en cuir de Black Canary…ce genre de BD c’est limite si je les cachais aux yeux de ma maman plus jeune^^

          • Matt  

            Par exemple les scans de Birds of Prey sur l’article de Eddy, je trouve ça beaucoup plus connoté « hot » ^^
            Ce qui n’est pas un reproche hein, mais…je trouve qu’à côté Natacha c’est hyper soft.

  • Présence  

    Je n’ai dû lire que 2 ou 3 albums de Yoko Tsuno, et après toutes ces années, je suis bien incapable de dire lesquels. Ton introduction est très enrichissante, avec le détail éclairant sur le choix du nom de famille de Yoko. Je me demande d’où Roger Leloup tire sa connaissance du Japon et de la Chine. Je vois que cet auteur est à nouveau un créateur pour qui la retraite n’est pas au programme : sortie du dernier album cette année, alors qu’il est âgé de 86 ans ! J’avais lu sur un autre site qu’il a été un assistant de Jacques Martin et d’Hergé : un curriculum impressionnant.

    L’iconographie que tu as retenue est très parlante : la représentation des différents environnements et des technologies leur donne une consistance et une plausibilité incroyables. Le passage en revue de plusieurs tomes permet de bien comprendre les différents types de récits (terrestre ou SF) et d’orienter son choix. Le rapprochement avec Natacha fait ressortir qu’à cette époque les héroïnes étaient créées et écrites par des hommes, le métier de bédéaste devant être majoritairement masculin.

    • Matt  

      Ah c’est sûr qu’à l’époque je n’ai pas d’exemple d’artiste femme qui travaillait dans la BD.
      Même aujourd’hui il est majoritairement masculin ce milieu, même si de plus en plus de femmes auteurs débarquent.

  • Eddy Vanleffe  

    MERCI MATT
    Tu réhabilites avec cœur cette incroyable bande dessinée protéiforme que peut être Yoko Tsuno..;la finesse du graphisme s’allie à celle de scénario très bossés et toujours humanistes ou le maître mot pourrait être « BIENVEILLANCE ».

    je voudrais revenir suer le tome incroyable La frontière de la vie qui au jour de la GPA reste pertinent. le village de Rothenburg existe bel et bien et je caresse depuis ma lecture l’envie de la visiter un jour.
    Pour t’épargner des allers retours sur mon ancien blog, je copie/colle ce que j’en disais il y a des années:

     » L’album paraît en 1977. La guerre qui avait opposé l’Allemagne au reste de la planète en 1945, laissait encore des cicatrices dans l’âme des populations. Roger Leloup, humaniste convaincu, pacifiste tranquille vient poser un regard magnifique, tendre et apaisé sur un coin du globe sur lequel on avait pris l’habitude de tourner le dos. Son héroïne japonaise est non seulement une des premières filles à porter un titre sous son nom , mais elle se paie le luxe de tendre la main un peu partout sur la planète et même au delà. Yoko Tsuno est sans doute la première héroïne franco-belge explicitement féministe (Natacha étant la première « sexy »). L’action se déroule à Rothenburg petite bourgade médiévale bavaroise, mais plus que cela cet album est d’abord un prétexte à une visite guidée émerveillée de la ville. Chaque bâtiment, chaque ruelle est reproduite avec un détail hallucinant. En témoigne cette scène de course poursuite enchantée, véritable clou graphique. Mais l’auteur ne se contente pas de suppléer le syndicat d’initiative local, non il livre également une intrigue émouvante sur le sens de la vie et les limites de la science. Le récit habile évite les pièges du pathos, ceux de la leçon de morale. Ne reste alors qu’un questionnement pertinent et une émotion palpable dans un décor de rêve, réhabilitant le Rhin romantique.

    • Matt  

      Eh bien merci pour ce retour et je suis bien d’accord avec ton avis. Cet album témoigne en effet d’une attention particulière, et la vraie ville semble charmante.
      Je suis aussi d’accord avec toi sur le féminisme de Yoko.
      C’est marrant la même année on a eu l’héroïne sexy et l’héroïne plus féministe, 2 facettes qui cohabitaient sans qu’on ait besoin d’en choisir une meilleure que l’autre d’ailleurs.
      Alors que de nos jours ça râle pour tout et rien…et ça fout du féminisme stupide et mal foutue juste le temps d’une réplique comme si c’était un élément de cahier des charges pour rassurer les foules.

  • Manu  

    Excellent article, merci Matt! Je n’ai pas eu l’opportunité de lire des Yoko Tsuno en entier dans ma jeunesse, juste des bribes dans de vieux numéros du journal de Spirou. J’aime beaucoup les albums issus de la collection DUPUIS ( ou « DOUPOUIS » comme disent nos amis belges) parce qu’ils me ramènent dans cet état d’insouciance enfantine que j’avais en découvrant toutes ces images.
    Je trouve très intéressant le point que tu as soulevé à propos de Leloup qui arrivait à garder un oeil critique sur la science. Cette objectivité lui fait honneur et rendent surement davantage les aventures de Yoko plus humaines que je ne l’aurai pensé. Tu as piqué ma curiosité et je me ferai fort de lire ces ouvrages si je croise leur chemin :3
    Et pour finir, je te rejoins complètement : les décors sont superbes!

  • Jyrille  

    Merci Mattie de t’être attelé à cette tâche, car j’ai un vrai besoin d’explications sur cette série que jn’ai jamais suivie réellement. Je remarque tout d’abord à quel point les couvertures sont réussies, tant elles subsistent clairement dans mon esprit (les quatre au tout début de l’article). De manière générale, j’apprécie l’élégance des dessins de Roger Leloup, ce côté fantastique de la technologie propre et élaborée. J’ai plus de mal à y voir de la bande dessinée palpitante mais tes scans tendent à prouver le contraire (notamment avec les insectes géants). Mais j’avoue que la science présentée sérieusement m’intrigue et m’intéresse.

    Je suis comme toi pour les séries de mon enfance : les Tuniques Bleues, je me suis arrêté au tome 20 ou 21, sans les avoir tous. Par contre je devrai vraiment me faire une collection de Lucky Luke que je connais trop peu, de Natacha voire de Soda… J’ai une exception cependant : Spirou. On continue de les acheter à chaque sortie. Pareil avec Astérix depuis que Ferri et Conrad (le dernier tome LA FILLE DE VERCINGETORIX est pas trop mal d’ailleurs, plus réussi que le précédent pour sûr).

    Les dessins se passant en Allemagne me rappellent beaucoup le trait (dans le détail) d’autres dessinateurs de l’époque : Jacques Martin, Jean Graton (Michel Vaillant, j’adorai cette série, môme. Je les ai revendus, mais j’aurai dû garder deux ou trois tomes quand même). On pense aussi à EP Jacobs comme tu le soulignes, et même Schuiten je trouve. D’ailleurs c’est intéressant ton parallèle entre les personnages figés de Leloup et le dynamisme de Walthéry : est-ce que ce mouvement dans le dessin n’a pas une source dans la sexualité ? Ce que tu soulignes en comparant la sexualisation de Yoko et de Natacha.

    Minute relektor : on utilise l’indicatif après « après que ». Mais je ne connais pas la règle par coeur, c’est un peu le bordel.

    La BO : disparue dans les mares vinéennes…

    • Kaori  

      @ Jyrille : oui, indicatif après « après que », même si oralement c’est très désagréable à entendre et à utiliser…

      • Matt  

        Ah oui cette règle. Faudrait dire « après que quelqu’un a tenté »…mais je sais pas pourquoi je trouve ça laid, et les gens ne disent pas ça à l’oral souvent. Ils disent « ai »

    • Présence  

      Roger Leloup a été un assistant de Jacques Martin et d’Hergé, pour les décors et les véhicules.

      • Jyrille  

        Merci Présence !

    • Matt  

      @Jyrille : ce n’est THE BD palpitante c’est sûr. ça fait plus intello. Mais par souci de variété, ça change aussi comme lecture. ça ne ressemble pas à d’autres trucs. Ou peut être un peu à Valérian.
      Valérian je connais moins bien mais je sais que je n’aimais pas les tomes à base de voyages temporels parce que…les voyages temporels ça n’a jamais de sens^^ Les paradoxes, tout ça…
      ça ne me dérange pas dans un truc de super héros mais si on fait une BD sérieuse et scientifique, le voyage temporel ne tient jamais debout.
      Mais j’aimais les premiers tomes de Valérian et quelques aventures qui ne parlent pas de voyages dans le temps^^

  • Jyrille  

    Oups j’ai oublié une fin de phrase : « depuis que Ferri et conrad ont repris le titre ».

    • Matt  

      Moi j’ai laissé tomber depuis longtemps Spirou^^ j’ai quelques Tomes & janry et quelques Fournier. Je ne suis même pas un gros amateur de la période Franquin dont je préfère les Gaston ou idées noires.

      Mais oui tu aurais du garder quelques tomes de tes séries^^ C’est un peu ce que je fais maintenant. Même si je n’ai pas tout, je garde mes albums préférés de certains séries comme des « échantillons » de BD de mon enfance.^^

      • Jyrille  

        Oui voilà, échantillons. Mais bon, vers 17 ans, il fallait que je fasse table rase du passé…

        Tous les Tome et Janry sont bons ou presque, et les derniers de Yoann et Vehlmann sont vraiment cools.

        • Matt  

          On a tous eu une période où on a vendu des trucs en se disant que c’était plus de notre âge^^

          Pour au final se dire « ah merde, j’aurais peut être du garder ça »

  • Chip  

    Je pas de souvenir de leur lecture lors de ma jeunesse, ça ne devait pas être assez bourrin ! Mais il fait partie du trio de série de BD précieusement conservées par mon épouse (et que découvre maintenant ma fille), avec Valérian. Ce qui me frappe en en ouvrant un, c’est la densité d’images et de texte, sans doute pour cet auteur le format album franco-belge était-il un carcan. Bref, à découvrir.

    Ce que tu en dis me fait me demander, en écho du défi Nikolavitch d’hier, ce qui existe actuellement comme BD (au sens large, incluant comics, manga et assimilés) SF pas trop dystopique et avec un peu de fond.

  • Matt  

    Ah non ce n’est pas bourrin^^ C’est même l’inverse du bourrin. C’est bienveillant, réflexif, avec des solutions diplomatiques, et un peu d’action mais pas trop.
    A dire comme ça, ça ne semble pas palpitant pour les enfants en fait. Moi j’aimais assez plus jeune mais ça prend une autre dimension en tant qu’adulte. C’est en effet curieux comme série, presque pas assez « fun » pour la jeunesse.

  • Matt  

    Je n’ai pas parlé de La lumière d’Ixo dans cet article, mais dans mon souvenir il est très bien.
    L’histoire d’une cité spatiale (visible sur le 2ème scan) habités par des vinéens en orbite autour d’une planète qui a besoin de la lumière d’un soleil redirigée par un miroir sur cette planète. Et l’intrigue tourne principalement autour de ces installations qu’il faut réparer pour fournir de l’énergie, et de mésententes entre les vinéens « terriens » et ceux de la ville flottante qui avaient été bannis à une lointaine époque.
    ça faisait très Star Trek…ou capitaine Flam ^^

  • Matt  

    Sinon je précise qu’en tant que lecteur, je ne peux pas tout lire ni tout suivre. Mais que dans le cas de Roger Leloup, cette BD semble être l’oeuvre de sa vie. Donc il est normal qu’il continue d’en écrire.
    Seulement en tant que lecteur…on peut pas tout lire hein^^

    petite extrait de wikipédia

    « Son œuvre regroupe deux grandes thématiques qui le passionnent depuis son enfance : la science-fiction (exemple avec Le Trio de l’étrange) et le fantastique (exemple avec L’Orgue du diable). Roger Leloup est en effet admirateur des œuvres de Jules Verne, puis celles de H. G. Wells notamment La Guerre des mondes ou La Machine à explorer le temps, une thématique retrouvée au travers des albums, La Spirale du temps, Le Matin du monde ou encore L’Astrologue de Bruges. Il faut également inclure la thématique des voyages spatiaux intersidéraux (Les Trois Soleils de Vinéa).

    Il admire également les œuvres de Jean Ray et d’Edgar Allan Poe.

    Concernant son héroïne, Roger Leloup en parle comme si elle vivait constamment à ses côtés et il a composé un roman pour évoquer sa jeunesse avec L’Écume de l’aube, publié en 1991 dans la collection Travelling des Éditions Duculot, repris par la suite par Casterman6. »

  • Thierry  

    Merci pour cette chronique nostalgique!
    J’apprécie plus moi aussi les premiers albums de la série, particulièrement la saga vinéenne que je considère comme un des rares exemples de SF « hard » dans la BD jeunesse.
    Les albums subséquents me semblaient moins vitaux et j’ai vite perdu l’intérêt. Ils me semblaient plus ancrés dans un système de production à la chaîne (studio) que l’expression débridée de l’auteur visionnaire des premiers albums.
    Malgré ses qualités, ce n’est pas une lecture facile, avec ses personnages rigides et ses dialogues souvent trop touffus et maladroits. On voit bien que Leloup, était plus à l’aise à décrire des machines qu’avec les humains. Cette tension était peut être à l’origine de la tension homme/machine au coeur de son œuvre.

    • Matt  

      Je ne dirais pas nécessairement que les dialogues sont maladroits. Mais oui la narration est un peu froide et technique (un autre truc qui fera fuir notre redac chef^^)

  • Tornado  

    Merci beaucoup pour cet éclairage didactique car je n’ai jamais lu ni même feuilleté un seul album de cette série que je pensais naïvement (quand j’étais jeune) réservée aux filles !

    Maintenant que j’y pense, sur les superbes planches de crayonnés de l’album de Tintin VOL 714 POUR SIDNEY, il était précisé que l’avion de Carreidas était l’oeuvre du futur créateur de Yoko Tsuno !
    Effectivement, les planches sont magnifique et le travail d’une minutie impressionnante autant sur les paysages terrestres (il faudra vraiment que j’aille visiter la Bavière) que sur les inventions typiquement SF.

    A mon avis tu devrais essayer et tu aimeras probablement VALERIAN. Oui, c’est du « voyage spatiotemporel ». Mais c’est un peu le mètre-étalon du genre. N’oublie pas que tous les gars de l’entertainment hollywoodien ont pillé son oeuvre, en commençant par George Lucas himself !

    • Matt  

      Ah mais j’ai lu du Valérian. Pas tout parce que les voyages temporels, j’ai un peu du mal avec les paradoxes, y’a toujours un truc qui ne fonctionne pas et je suis un maniaque de la cohérence^^
      Mais j’ai lu 6 ou 7 tomes parmi les premiers, avant justement ce cycle dans lequel ils voyagent au XXeme siècle ou un truc du genre…auquel je n’avais pas accroché.

      On constate que ça ne devait pas être facile de lancer une série avec une héroïne quand on voit que les lecteurs l’évitaient en pensant que c’était pour filles^^

      Oui pour sa collaboration avec Hergé. On trouve ça sur wiki :

      « De 1954 à 1957, il conçoit de nombreuses planches techniques dans l’hebdomadaire Tintin, ainsi que quelques chroniques sur le modélisme, notamment ferroviaire et aérien dont il est féru7, proposées dans la version belge de l’hebdomadaire.

      Le 15 février 1955, il entre aux Studios Hergé pour y travailler aux Aventures de Tintin6, tout en continuant à collaborer avec Jacques Martin, pour qui il dessine les décors d’Alix jusqu’au début de l’album Iorix le grand et de Lefranc. Il reste en tout 15 ans aux Studios Hergé4.

      Avec Hergé, il travaille « surtout des dessins techniques, puis il m’a testé pour le décor de la gare de Genève-Cornavin dans L’Affaire Tournesol. C’était assez amusant parce que j’ai imaginé une verrière et cette gare n’a pas de toit vitré au-dessus! On aurait pu aller prendre des photos… Ensuite, j’ai fait de petites choses ici et là, comme la chaise roulante du capitaine Haddock dans Les Bijoux de la Castafiore, des autos, des motos, des chars et, plus tard, la conception de l’avion de Carreidas dont j’ai même construit la maquette. Un de mes plus beaux souvenirs a été de me trouver chargé de redessiner tous les avions de la refonte de L’Île Noire en 1965. » »

    • Matt  

      Le premier Valérian que j’ai lu c’était la cité des eaux mouvantes, j’étais en primaire. Je me souviens des énormes pavés de texte, j’avais galéré et pas tout compris^^

      Et depuis parmi ceux dont je me souviens, j’ai lu L’ambassadeur des ombres ; Sur les terres truquées ; Les héros de l’équinoxe

      Me souviens plus trop des autres, à part le cycle au XXeme siècle que je n’ai pas bien aimé

      • Tornado  

        J’ai lu à peu-près les 10 premiers albums à la médiathèque de Lille quand j’y habitais. Ça commence à dater !
        Mais je me suis offert toutes les intégrales.
        Je me souviens juste que les premiers tomes faisaient très vieillot, mais que ça s’ameliorait de manière significative à partir du tome 5 ou 6 environ.

        • Matt  

          Oui la cité des eaux mouvantes justement est…très bavard.
          Mais les 3 autres que je mentionne sont les tomes 7, 8 et 9 et c’était déjà plus plaisant à lire^^
          Je crois que j’ai lu Les oiseaux du maitre aussi.
          Je me prendrais peut être un tome ou 2 en intégrale comme « échantillons » de la série^^ (je n’achète plus des séries entières)

          Bon alors intrigué un minimum par Yoko ou pas ?

          • Tornado  

            Oui. Et surtout extrêmement surpris par la qualité des planches.

          • Matt  

            Et j’ai eu du mal à choisir pour les scans^^ Il y a des complexes scientifiques ou des installations de dingue hyper détaillées dans certains albums.
            Ou aussi des décors de le Chine et autres contrées joliment dessinées.

  • Tornado  

    J’imagine bien.

    J’imagine aussi que le titre de l’article est de Bruce. Et que tu n’ es pas à ce point un féru de John Lennon… 😉

    • Matt  

      John Lennon ? C’est quoi^^

      Ouais…
      Plus ça va et moins je trouve de titres. J’suis pas doué pour ça.

      Tiens un joli château allemand encore (chateau d’Eltz)^^

      https://images.app.goo.gl/HBy8YZAm4eZXhUVP8

  • Bruce lit  

    Hello….
    Bon tu commences à bien me connaître Mattie Boy, puisque, que ce soit dans ton article et dans les commentaires tu pointes tout ce qui va me rebuter :
    De la Scifi, des aliens, des insectes géants ,  » des scénarios très travaillés avec des notions de science (des installations météorologiques de contrôle du climat, des dispositifs de communication, des voyages spatiaux qui prennent des semaines », « la teneur des histoires et les concepts scientifiques pourraient rebuter les trop jeunes ». « C’est une lecture qu’on peut redécouvrir adulte en comprenant mieux les enjeux et qui ne prend clairement pas les lecteurs pour des idiots ».

    En ce qui concerne les sciences je resterai toujours un idiot qui s’assume et qui ne veut plus jamais revivre l’enfer de ma scolarité. Je comprends donc ce qui m’ a fait reposer tout de suite ce volume de YOKO TSUNO ce jour où je m’ennuyais chez ma tante…

    Le summum de mes lectures spatiales doivent se résumer à OBJECTIF LUNE que j’aime beaucoup pour son huis clos et son suspense, les passages sur Mars de WATCHMEN et LOGE de Moore et quelques Xmen sur lesquels j’ai vraiment dû me forcer.
    J’ai ainsi abandonné des histoires qui me plaisaient comme FERA AGENT et INVICIBLE car je ne supporte pas la représentation de l’espace , des vaisseaux, des combinaisons, enfin, tout le folklore qui faisait que déjà enfant les CItés d’or et leur exploration de l’Amérique du sud me fascinait plus que Albator. Je suis resté fidèle à moi même puisque j’adore ce continent, les gens qui le peuple et en ai ramené un joli spécimen à la maison.

    Pour autant Matt, si ne lirai jamais YOKO TSUNO malgré ses jolies couvertures, ton article n’est pas inutile. Il me permet de mieux me connaître en tant que lecteur et mettre des mots sur mes limites-insurmontables- de ce que j’attends d’une expérience de lecture. Et ce n’est pas rien !

    • Matt  

      Mais pourquoi des images de l’espace et de stations spatiales te ramènent à ta scolarité ? Etre mauvais en Maths ou en Physique ne devrait pas te faire fuir une photo^^

      Enfin je me doutais un peu de ta réaction. Dommage parce que les thèmes de fond pourraient te parler (ne pas oublier l’humain dans l’ère de la technologie, ne pas laisser la machine effacer l’homme)

      • Bruce lit  

        Je suis nul en Maths, sans doute le plus nul de ce pays et l’école m’a rendu très malheureux à cause de ça.
        Mais je ne suis pas nul en Matt 😉

      • Matt  

        Béh voui mais…en quoi une station spatiale dans l’espace te rappelle les Maths ?^^
        ça doit même être beau à voir là haut. Un peu flippant aussi je pense…

        • Bruce lit  

          Voyons…
          Une station Spatiale me ramène à des disciplines scientifiques forcément.
          Quant à l’espace, c’est noir, silencieux, froid, vide, il ne faut pas être devin pour l’assimiler à la mort.

          • Matt  

            Ah…
            Non faut être sacrément traumatisé^^
            Et ton téléphone portable ne te ramène pas à des disciplines scientifiques ? T’as pas un arrêt cardiaque quand tu allumes ton PC ?^^

            Ahem…pardon, je taquine.

          • Bruce lit  

            Tu ne crois pas si bien dire…
            Je n’ai accepté de téléphone portable qu’il y a 2 ans (suite à un cas de force majeure)…
            Et d’ordinateur avec une connexion, il y a moins de 10 ans parce que ma femme en avait besoin pour ses études…

          • Matt  

          • Kaori  

            @ Bruce : tu l’avais déjà évoqué dans un précédent commentaire, et moi qui enseigne et qui aime les maths (dans la limite du raisonnable), je trouve ça terrible comme expérience…
            Ton refus de technologie est vraiment lié à ça ? La peur de l’outil et de son utilisation ? Ou bien une forme de paranoïa ? Parce que tu avais bien une console, il me semble…

          • Tornado  

            Non mais z’avez pas fini de nous le traumatiser ! ^^

          • Kaori  

            Ouais, t’as raison, vaut mieux le laisser tranquille ^^

            Mais il n’est pas seul : moi l’école m’a bien traumatisée de la politique quand j’avais 8 ans !

          • Matt  

            Moi ça m’a traumatisé des gens.
            J’étais nul en sport. Et à la limite je le vivais pas mal, je m’en foutais. Mais alors on se payait ma tête…et on me gueulait dessus parce que j’étais pas bon.
            Sans doute la seule « matière » où c’est as les profs qui te font des reproches mais tes (connards de) camarades.
            Le reste du temps si t’es bon dans une matière, t’es l’intello de merde fayot.
            Et c’est con, j’étais bon ailleurs.

          • Kaori  

            @ Matt : un bon point pour les avancées technologiques : maintenant les notes sont sur site sécurisé et plus dites à l’oral. Bon en tout cas c’est le cas de la prof de sport de mon fils, lui qui a réussi à avoir la plus mauvaise note de sa classe en boxe française ^^ (digne fils de sa mère 😀 )

          • Matt  

            Et on laisse toujours les meilleurs en sport choisir les membres de leurs équipes ? Comme ça t’es le dernier que personne ne choisit et qui doit aller là où il manque une place ? (au grand désarroi du chef d’équipe qui ne voulait pas de toi)
            Putain que je détestais l’école.
            Et les gens.
            Je ne les aime toujours pas d’ailleurs^^

          • Matt  

            J’avais même pas des notes si nulles que ça en sport. Je faisais mon possible sur les épreuves notées, et ça passait avec la moyenne quoi.
            Mais dès qu’il y avait 2 ou 3 classes en même temps, les profs s’occupaient d’une ou 2 classes et disait à la 3eme de jouer au foot (ouééé youpi…)
            Donc là t’étais pas noté mais comme tout le monde aimait le foot (sauf moi), bah fallait jouer correctement hein ! Sinon on te harcelait toute la semaine.
            Alors à force, vu que c’était pas noté, je faisais même plus d’effort, je laissais passer les adversaires.
            ça ne m’a clairement pas rendu plus populaire, mais le résultat était le même et au moins je me fatiguais pas^^

          • Kaori  

            L’avantage d’être une fille, c’est qu’on ne me faisait pas chier si j’étais nulle. Alors certes, j’étais aussi choisie en dernier, mais on ne me harcelait pas parce qu’on avait perdu…
            En début de carrière, j’appliquais et je désignais des « capitaines ». Dans ces cas-là, je demandais qu’ils fassent « un garçon, une fille », mais t’avais toujours des derniers, hein…
            Maintenant, je demande juste « faites moi deux équipes » et je les laisse se démerder, et ça se passe à peu près bien…

  • Nikolavitch  

    Très curieusement, je n’ai jamais été trop sensible aux aventures liées à Vinéa, alors que les récits plus terre à terre m’intéressaient beaucoup plus, notamment les aventures allemandes comme l’Orgue du Diable, la Frontière de la Vie ou le Feu de Wotan.

    Sur le fait que Leloup ait été l’assistant de Hergé, c’est même lui qui a designé et dessiné l’avion à géométrie variable de Carreidas, dans Vol 714.

    • Matt  

      Oui on en parle plus haut de l’avion de vol 714^^

      Pour le reste, ben ma foi chacun son truc. Moi-même j’ai eu des périodes ou j’avais davantage envie de lire les aventures terrestres, et d’autres ou je voulais lire les histoires de SF selon mon humeur^^

  • JP Nguyen  

    Bravo pour cette belle mise en valeur de la série. Les articles « panoramas de série » sont à présent ta spécialité ! J’ignorais ce principe d’alternance entre histoires spatiales et terrestres et lorsque mes filles empruntaient des tomes en médiathèque, j’insistais inutilement pour qu’elles prennent des numéros qui se suivaient !!!
    Pour en avoir lu certains passages à ma cadette il y a encore quelques mois, je dois avouer que la narration ne m’accrochait pas. Je reconnais tout à fait les qualités du dessin, notamment cet effort de détailler les machines pour les rendre crédibles.
    Même si je n’éprouve pas d’envie irrépréssible de me plonger dans ses aventures, je salue l’existence de cette héroïne, qui offre à mes filles une figure asiatique à laquelle s’identifier (ça peut faire « communautariste » de l’écrire, mais puisque Matt évoque ses affres à l’école en cours de sport, je me fendrai d’une courte évocation de ma jeunesse, seul jaune entouré de blancs, de gris clairs et de gris foncés)

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