OVER D’OZZ (OZZY OSBOURNE)

Encyclopegeek : Ozzy Osbourne

Par the Fuckin contributor EDDY VANLEFFE

Illustrations par EDWIGE DUPONT

©Edwige Dupont

©Edwige Dupont

«Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!» Matthieu 5.3
Voilà une citation qui tendrait à prouver que par le témoignage de Matthieu, Jésus s’il n’était pas forcément le prophète qu’on a décrit, avait au moins le don de voyance, car avec presque deux-mille ans de décalages, il venait de décrire Ozzy Osbourne.
Qui peut bien être cet énergumène et comment diable a-t-il fait pour accéder à la notoriété avant l’avènement de la Télé-réalité (dans laquelle il se vautra plus tard d’ailleurs)?
Un grand talent de chanteur?
Pas vraiment . Disons que pour un frère à Donald Duck, il chante correctement.
Un génie de l’écriture?
Il n’est pas vraiment réputé pour ça. Tony Iommi et Geezer Butler se chargeaient d’à peu près la totalité de l’écriture au sein de BLACK SABBATH, et nombreux sont les mercenaires grassement payés pour écrire les albums de sa carrière solo et la fermer sous peine de procès comme s’en souvient encore Phil Soussan (bassiste sur plusieurs albums).
C’est une bête de scène au charisme enivrant?
Que nenni, le voir arpenter sur scène gauchement en applaudissant à contretemps avec son air benêt, lui donne des allures de consanguin fini à la pisse, surtout quand il harangue la foule avec ses «God fuckin bless you all, you mother-fuckin-fuckers, I still can fuck you!». Soit il a lu trop de Garth Ennis, soit il croit que «fuck» est une ponctuation.

Alors d’où peut bien provenir cette fascination?
Qu’on puisse la partager ou pas, elle existe. Tentons un peu de trouver une explication tout en survolant la carrière de cet étrange hobbit échoué sur Terre.

L’idée de départ: de la musique pour faire peur… ©1970-Vertigo Source: https://live.staticflickr.com/24/55104376_d21219e53c_b.jpg

L’idée de départ: de la musique pour faire peur…
©1970-Vertigo

John Michael Osbourne est né à Birmingham en 1948. Au dire d’à peu près tous les témoins, cette ville vivait au rythme des usines en pleine période de reconstruction. Une aura de morosité planait alors sur la cité laissant aux gamins pauvres que peu d’espoir d’avenir. Le jeune homme s’échappa dès qu’il put. De l’école d’abord, il pratiqua tout un tas de métiers propices à l’évasion comme Plombier, ou dans une morgue ou encore un abattoir. Chourant à droite à gauche, il fit même un peu de taule histoire de ne pas dormir dehors.

A l’instar d’autres spectres comme lui, il se dit que la musique serait sans doute sa seule échappatoire. Il rejoint deux ou trois groupes avant de revoir un ancien pote d’école qui l’invita à rejoindre EARTH, un groupe de blues hippie particulier dont le guitariste Tony Iommi n’avait plus tous ses doigts. Qu’à cela ne tienne Ozzy n’a plus toute sa tête. De cette rencontre, Ozzy retiendra «On aurait cru voir quatre clodos analphabètes mais une fois sur scène, nous étions les rois». Les choses prirent une tournure inattendue lorsqu’au cours d’une discussion, ces fans de films d‘horreur de la Hammer se dirent:
«Il existe des films pour faire peur,et les gens paient pour les voir. Et si on faisait de la musique pour faire peur?»

Des gueules à faire peur… et ça sans maquillage pas comme ces fillettes de Kiss… Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Sabs.jpg

Des gueules à faire peur… et ça sans maquillage pas comme ces fillettes de Kiss…
Source: Wikipedia 

Banco. Ils devinrent BLACK SABBATH du nom d’un film de Mario Bava et la chanson éponyme est déjà tout un programme. Là il se passe quelque chose. Tony Iommi désaccorde sa guitare d’un demi ton et trouve ce son ondoyant, lugubre et malsain. Les potards de la basse sont mis au max et la voix étrange d’Ozzy, incantatoire s’en retrouve presque irréelle. Le frontman gémit, pleure, ricane, supplie, bref: il ne chante pas il vit ses chansons. C’est peut-être ce qui fera la différence avec d’autres. La recette fonctionne car personne n’avait fait ça avant eux. Dans leurs concerts tout devenait possible car une sorte de porte s’ouvrait sur une autre dimension. Une dimension qu’Ozzy incarnait. Déjà bien entamé au niveau du ciboulot, l’abus de substances n’arrange rien et le chanteur peut partir en quetsches à tout moment. L’imagerie sulfureuse du satanisme suit de près un groupe qui incarne en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, l’esprit rebelle de son temps, explosant les tabous culturels de la religion…en apparence seulement puisque les textes sont le plus souvent des extrapolations des Écritures et donc totalement chrétiens.

Il n’empêche que le succès est fulgurant car le groupe aligne les classiques et tels de sombres BEATLES, ils resteront quatre au cœur du maelstrom de 1969 à 1978. Des années de défonce où quatre prolos du nord de l’Angleterre deviendront riches et se paieront la vie de château, pliant des bagnoles, sniffant du champagne, buvant de la schnouff dans un tourbillon infinie de beuveries et de tournées mondiales.

BLACK SABBATH, PARANOID, WAR PIGS, NIB, CHILRDEN OF THE GRAVE, SNOWBLIND, CHANGES, SABBATH BLOODY SABBATH créent à chaque fois la sensation. Le groupe semble marcher sur l’eau et oublie toute notion de réalité. Ozzy s’abîme de plus en plus et devient totalement ingérable alors qu’il prend quotidiennement du LSD. Submergés, les musiciens sont incapables de s’aider les uns les autres. Tony a un sursaut et tente de prendre les décisions pour que son groupe survive. Lassé de voir Ozzy faire des allers retours clinique-studio, il finit en accord avec les autres par virer le maboul.


Black Sabbath à l’Olympia en 1970…incroyable mais vrai!

Ozzy est au fond du trou, il songe même à en finir, abandonné par ceux en qui il avait confiance, il ne doit son salut qu’à sa rencontre avec Sharon Aden. Sœur Sharon des cœurs perdus, va le remettre sur pied comme on retape un vieux meuble, le convainc d’auditionner des musiciens qui seront chargés d’écrire son prochain album et le motive à remonter la pente. La belle va engager Don Airey (BLACK SABBATH-RAINBOW) aux claviers, Lee Kerslake (URIAH HEEP) à la batterie et Bob Daisley (RAINBOW) à la basse.

Pour la guitare il débauche un gamin hors norme, il a à peine 21 ans, il s’agit de Randy Rhoads, sans doute l’un des tout meilleurs guitaristes de hard rock de l’Histoire. Il officie à l’époque dans le groupe QUIET RIOT qui perçoit très rapidement que le jeune prodige est appelé à de grandes choses. Et en effet, dès qu’il pose ses riffs et ses solos sur BLIZZARD OF OZZ, l’Histoire se met en marche et l’équipe désormais au complet réalise confusément qu’elle a franchi l’étape suivante du heavy Metal, celle des grands stades américains des années 80.

Le disque contient pas moins de cinq classiques instantanés du «madman»: I DON’T KNOW, MR CROWLEY, GOODBYE TO ROMANCE, SUICIDE SOLUTION et CRAZY TRAIN. La galette pour qui apprécie le hard rock devient donc incontournable. Ozzy ressuscite en un instant et se permet presque de faire oublier BLACK SABBATH, ce qui a de quoi le faire jubiler.

©Edwige Dupont

«Seigneur, protégez-moi de la tentation et éloignez moi de la boisson et des petites pilules…»  ©Edwige Dupont

De plus, bien qu’il ne calcule pas vraiment ses actes, sa folie chargée ou à jeun l’amène à défrayer les chroniques de l’époque en décapitant une colombe:il devait les faire s’envoler en signe de paix et …croc! Il a pété un câble et ne sait toujours pas aujourd’hui pourquoi il fait ça… Il recommence avec une chauve-souris qu’un fan farceur balança sur scène, persuadé qu’il s’agit d’un jouet, il mime la décapitation et se retrouve avec la tête du chiroptère dans la gueule. Il doit après ça, se faire vacciner contre la rage, heureusement il n’a pas peur des aiguilles. Puis en visite touristique, il pisse sur les restes de Fort Alamo attirant la haine de l’association des anciens combattants. Enfin bref, Ozzy fait son Ozzy quoi. Il peut pourtant compter sur deux piliers qui le maintiennent à peu près dans la normalité, sa future épouse/dresseuse de fauve et ce jeune guitariste, très sain et très heureux dans la vie pour qui il a une réelle affection. il se met en tête de le protéger comme le ferait un grand frère et l’amitié entre les deux hommes donnent à ce cirque Barnum des allures de famille. Un truc qu’Ozzy recherche sans doute, toujours en quête d’une stabilité à détruire.

Rapidement un deuxième disque est enregistré, et si DIARY OF A MADMAN n’est pas aussi marquant que son prédécesseur, il reste de bonne facture avec de bonnes chansons comme BELIEVER. Trop occupé à se repoudrer le nez, Ozzy laisse les clés du pouvoir à Sharon qui vire et remplace les musiciens quand l’envie lui en prend. Ainsi la section rythmique se fait remplacer par Tommy Aldridge à la batterie et Rudy Sarzo à la basse, si ça se trouve le chanteur ne remarque même pas le changement.
Mais c’est là que le destin va faire un sale coup au groupe. Le 19 mars 1982 Pendant la tournée, alors que les musiciens pioncent dans le tour-bus sur un parking, le chauffeur du car remarque un avion dans un hangar, il montre sa licence de pilote (périmée) et convainc le propriétaire de faire voler l’engin. Après un petit vol réussi. Il récidive avec Randy Rhoads et Rachel Youngblood la coiffeuse de tournée, à bord. L’avion ne parvient pas vraiment à décoller, vole trop près du sol et percute le tour bus au sol avant de s’écraser sur un arbre. Personne ne s’en sort. Une fois Ozzy réveillé, il est dévasté, lui qui n’a jamais su affronté la mort , songe qu’il doit annoncer le désastre à la mère de Randy et c’en est trop pour lui. Le chanteur disparaît une dizaine de jours avant de refaire surface le crâne rasé.


Une vidéo studio plaquée sur des images live, mais c’est pas évident de retrouver des images de Randy.

Même s’il se marie l’été 1982 avec Sharon qui pilote à distance le prochain album en engageant Bob Daisley pour l’écrire, il a besoin de temps. Sa maison de disque le tanne pour sortir un live comme promis sur contrat mais le père Ozzy n’a pas envie d’utiliser les bandes avec Randy de peur qu’on pense qu’il veuille exploiter la mort de son ami. Il siffle en l’air et invoque de nouveaux mercenaires et part en mini tournée. Il ne joue que des morceaux de BLACK SABBATH et donne le matériel à CBS et laisse tomber le reste n’en n’ayant rien à foutre. Le bonus c’est que ça peut faire chier ses anciens compères qui préparent aussi un live, de quoi faire ricaner le vocaliste.

Sharon engage pour remplacer Randy, Jake E Lee et sort enfin BARK AT THE MOON. Un très bon album orienté clairement pour les radios et la recette paie. On pourrait penser que le pire est derrière mais des années d’abus de substance en tout genre le précipitent de nouveau à la clinique Betty Ford où il peut croiser le gotha d’Hollywood et de Broadway. Les mecs de MOTLEY CRUE racontent totalement subjugués et morts de rire que la baudruche sniffait des fourmis et buvait sa propre pisse. C’est un miracle qu’il puisse enregistrer des albums décents. Il retrouve les membres du BLACK SABBATH à l’occasion du LIVE AID en 1985, mais il est manifeste que plus rien ne fonctionne entre eux. Le batteur est à la ramasse et Ozzy évite de croiser le regard des autres. La page est tournée. THE ULTIMATE SIN en 1986 bénéficie d’un succès confortable même s’il représente la caricature du hard rock/hair metal américain de son époque. Tout se passe dans une sorte de brouillard où le guitariste Lee se fait débarquer sans ménagement par le management.

Avec une brioche pareil, il va pouvoir se recycler et ouvrir une boulangerie. Source: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Ozzy_Osbourne_Cardiff_1980.jpg

Avec une brioche pareil, il va pouvoir se recycler et ouvrir une boulangerie.
Source: Wikipedia 

En 1987 cela fait cinq ans que Randy est mort et Ozzy décide qu’il est temps de laisser partir les bandes sur les tables de mixage. Il veut que l’album porte les deux noms à égalité et le baptise TRIBUTE qui devient un live énorme, témoignage du génie de son jeune ami décidément parti trop tôt. Incapable d’assurer la promotion de ce projet, Ozzy disparaît à nouveau. On le retrouve une dizaine de jours plus tard au Tibet, la boule de nouveau à zéro. Il confie avoir voulu se ressourcer. Un peu plus tard il doit faire face à des procès en pagaille, notamment celui d’un gamin qui s’est suicidé et dont on a retrouvé un de ses disques dans sa chambre. Ce disque comporte une chanson qui deviendra une pièce à conviction: SUICIDE SOLUTION. Le chanteur se défend, dit que c’est une chanson qui parle de sa dépendance et de son long suicide (Wine is fine, but whiskey’s quicker/Suicide is slow with liquor), mais la procédure dure pendant des années.

Un soir, la police appelle Sharon, des coups de feu retentissent chez elle. En catastrophe elle repart pour le domicile familial et retrouve son mari en pleine hallucination paranoïaque en train de tirer sur leurs chats au shotgun. Ozzy repart en maison de repos. Pourtant le bonhomme se fait vieux et commence faire un bilan, il fatigue et comme il le confie à propos de son prochain album «Il avance doucement, mais pour le titre je cherche encore, à chaque fois que je m’y mets, je trouve «death-truc» ou Evil-machin» pourtant il va pouvoir retrouver le tonus. Zakk Wylde vient d’intégrer le groupe et il a beaucoup de Randy en lui, il est jeune, très stable et bosseur.

De nouveau, Ozzy va s’appuyer sur son guitariste pour se relever et si NO REST FOR THE WICKED ne fait pas grand bruit, Ozzy prépare la suite sous la forme d’un testament. Bientôt il avoue avoir fait la paix avec son passé et vouloir terminer en beauté. Finies les conneries! Avec Zakk Wylde et un groupe qui a tenu plus de six mois sans changer de membres (Mike Inez et Randy Castillo), il enregistre NO MORE TEARS un album mature, sombre et très élaboré. Zakk Wylde compose les musiques et Lemmy Killmister (MOTÖRHEAD) aide Ozzy pour les paroles notamment sur I DON’T WANNA CHANGE THE WORLD. Souvent dans ce disque le chanteur parle à la première personne et s’adresse à un public invisible. Il se confie, donne tout en cadeau de ce qu’il imagine être son chant du cygne. Encore aujourd’hui il semble être considéré comme le meilleur depuis BLIZZARD OF OZZ. Ça y est le vétéran semble se faire oublier de ses vieux démons. Bien sûr l’alcool coule à flot mais Ozzy reste raisonnable, se donne même des airs de grand sage, en se cachant désormais derrière de petites lunettes rondes teintées. Il parle de tolérance musicale en avouant son amour pour Peter Gabriel et se montre assez écœuré de tout le battage voyeurisme qu’a pu exercer le sida de Freddy Mercury dans la presse anglaise. Après une colossale tournée mondiale, il désire tirer sa révérence avec un dernier cadeau aux fans. Il invite les membres originels de BLACK SABBATH à monter sur scène avec lui. Dernier coup médiatique?ou le besoin de boucler la boucle sur une notion de paix retrouvée? L’accueil est historique, de quoi donner des idées…

Ozzy insiste pour mettre son guitariste à l’honneur sur un disque testament . ©1987-CBS Source: http://img21.shop-pro.jp/PA01354/443/product/144978827.jpg?cmsp_timestamp=20190818030950

Ozzy insiste pour mettre son guitariste à l’honneur sur un disque testament .
©1987-CBS

Ozzy part donc en retraite, ouvre un bar (mauvaise idée) et tient…deux ans. En 1995 il décide de remonter sur scène et prépare un nouvel album appelé OZZMOZIS. Imperméable aux effets de modes, Osbourne est l’un des premiers hard rockeurs à devenir intouchable. Le public a appris à s’amuser de ses frasques et ne l’a jamais curieusement considéré comme «has-been». On lui pardonne tout, même une télé -réalité bassement mercantile et indécente: THE OSBOURNES. N’a-t-il pas déjà fait pire finalement? Dans la seconde partie des années 90, le vent tourne favorablement aux dinosaures du monde du rock. C’est le moment des ANTHOLOGY des BEATLES et de manière générale, la nostalgie commence à construire son nid dans la pop-culture. Précurseurs dans le domaine, Ozzy et Sharon ont l’idée de revenir là où tout a commencé, à Birmingham avec ceux avec qui l’aventure a débuté: Bill Ward, Geezer Butler et Tony Iommi, le groupe des origines. Bien sûr, il y eut des tractations et des contrats mais ce qui paraissait impossible dix ans auparavant se concrétisa bel et bien pour deux concerts événements. Les 4 et 5 décembre 1997. Durant ces nuits, le Heavy Metal naquit une seconde fois des mains mêmes qui lui avaient donné la vie la première fois. Fini la ringardise, c’est devenu patrimonial, culturel et surtout culte. Un grammy award récompensa la performance. Dès lors tout est permis à Ozzy qui conçoit avec son épouse une sorte de festival itinérant qu’il nommera la «OZZFEST» comme de juste.

Cette entreprise tentaculaire sera plébiscité au point de devenir une sorte de rendez-vous annuel où les têtes d’affiches forment une sorte de rotative entre Ozzy Osbourne seul et avec BLACK SABBATH mais aussi MOTÖRHEAD, PANTERA, SLAYER, MEGADETH, LIFE OG AGONY, DEFTONES, THERAPY?, SOULFLY ou encore SLIPKNOT ou IRON MAIDEN. Le bon côté c’est de mélanger plusieurs sensibilité de rock bruitiste afin d’en faire un phénomène incontournable du «Hard». Tout fonctionne presque sans fausse note. Il n’y a que Bruce Dickinson, le vocaliste de MAIDEN qui se révélera goguenard sur le fait qu’Ozzy ait besoin d’un prompteur pour se souvenir de ses paroles, un peu énervé en constatant que leurs «place VIP» soient relégués derrières celles  du maître de cérémonie pendant leur concert. Quand le tout tourne au vinaigre. En effet Sharon débranche carrément le courant pendant le set d’IRON MAIDEN. Pendant ce temps-là les fans VIP lobotomisés du «madman» balancent des œufs sur le chanteur. Celui-ci ne se démonte pas part chercher un «Union Jack» sans les coulisses et déclame de sa voix de stentor «Ceux qui portent ces couleurs ne fuient pas!» plus bad-ass tu meurs! Le leader de la «vierge de fer» Steve Harris qui est bon comme du pain de mie, tient à arrondir les angles et s’excuse auprès d’Ozzy au nom de son chanteur. Le vieux fou lui demande alors: «Mais de quoi tu parles?»

Cet incident est d’une tristesse assez confondante, mais il met également en lumière un vrai changement pour notre pauvre Ozzy. Il vieillit et ses excès le rattrapent bel et bien. Son audition a subie de graves lésions et on lui diagnostique une forme non-génétique de la Maladie de Parkinson, qui le fait trembler et perdre un peu la tête. L’homme se fait plus en plus confus et accuse donc des pertes de mémoire rendant indispensable les antisèches que sont les prompteurs. Diminué cet éternel enfant de quatorze ans laisse les clés du pouvoir à son épouse aussi vindicative que pragmatique. Il a envie de faire un festival? C’est maman Louve qui va s’occuper de tout.

Néanmoins le «madman» sait désormais qu’il a un compte à rebours au-dessus de la tête et il désire ranger proprement ses jouets. Il tient à redorer le nom de son premier groupe et au bout de quelques années d’ajustements de contrats, le monstre BLACK SABBATH se remet sur la route avec un nouvel album dans leur besace par-dessus le marché. Tout se passe très bien. Décorations, récompenses et postérité rétablie, les trois survivants Ozzy, Geezer et Tony (Bill Ward ne parviendra pas à se mettre d’accord avec les autres), savourent enfin, en alignant les concerts partout sur la planète. Ils jouent même au jubilé de la reine d’Angleterre. On donne des médailles à ceux qui faisaient scandale partout. Récupérés par le système ou ont-ils absorbés un système, lui aussi décadent?

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Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et le groupe remet le couvert pour un dernier baroud d’honneur sur une tournée intitulée: The End. Loin de toute dispute, polémique et finalement de pression. Ce sont des pharaons vivants qui montent sur scène. Les images d’ailleurs parlent pour elles-mêmes. ON peut y voir Ozzy accomplir des tests d’efforts, boire de l’eau et se mettre débout. Il est émouvant par la suite de l’observer gravir les marches comme si la pesanteur du globe se concentrait sur ses seules épaules, agripper son micro qui va devenir son principal soutien par la suite. Et pourtant il regarde le public, lui sourit et continue d’applaudir n’importe comment en scandant ses «Louder!» Et ses «God Bless you!». Il va même jusqu’à souscrire au folklore et se balancer un grand seau d’eau froide dans la gueule, grelottant sous le regard admiratifs des fans au bord de la maltraitance. Derrière lui imperturbables Geezer Bûcheronne et Tommy joue avec feeling, Ozzy est finalement seul face à un destin cruel, celui de l’image vivante de la gloire passée. Et pourtant il devient digne dans sa détresse, charmant dans cette volonté de ne pas s’écrouler. BLACK SABBATH saura soigner son départ avec honneur.

Avant de raccrocher définitivement les gants, Ozzy doit pourtant surmonter un dernier obstacle. Celui de savoir dire au revoir sous son propre nom. Il rappelle son garde du corps Zakk Wylde qui accourt aussitôt et lance une ultime tournée, histoire de fredonner une dernière fois BARK AT THE MOON et MR CROWLEY…
Cette année, une pneumonie a osé interrompre la fête et nous savons qu’un jour la nouvelle tombera sur nos pages Facebook. La nouvelle que prince des ténèbres est finalement tombé au combat imaginaire du rock. En attendant, il va sûrement, tel Sisyphe reprendre un micro et bénir la foule quelques fois encore…
NEVER SAY DIE.


La chanson du retour en grâce

34 comments

  • Bruce lit  

    Diary of a madaman : bon, Marilyn Manson s’est pas foulé. Son intro sur Sweet Dreams est quand même très ressembmablante à celle d’Ozzy
    Le solo de Mr Cromley : idem. Les mecs de Europe se sont bien servis pour FINAL COUNTDOWN

    • Eddy Vanleffe  

      pour les deux je n’aurais pas fait le lien mais oui

      Randy Rhoads de par sa carrière météore et son jeu particulier a eu une lourde influence durant les années 80. a mon avis on dit à John Norum qu’il y a du Randy Rhoads dans son solo et il est tout fier. Ce n’est pas l’école « plus vite que son ombre » mais plutôt mélodie qui sort du blues en rajoutant d’autres influences notamment les Beatles (comment de pas penser aux arrangements de Macca sur Goodbye to romance)
      Manson je le connais moins mais il est pas étonnant avec son univers qu’il ait pu s’inspirer du shock horror de Alice Cooper, Kiss, WASP et Ozzy…
      le hard est une frise quelque part, c’est dommage que soit un peu fermé, mais il y a vraiment une notion de transmission entre les générations de musiciens. quand on voit que Nightwish a pu reprendre Gary Moore (Over the hills and far away)

      • Bruce lit  

        Oui.
        Manson et Ozzy sont amis. Avec Alice, il est le seul à l’avoir secouru dans la sinistre affaire dont je le pense coupable.
        C’ets vrai que le style de Rhandy Roads est très agréable à l’oreille. Ce qui est cool, c’est qu’il ne tente pas de sonner Black Sabbath.
        Concernant John Norum, euh…en fait la 1ère partie du solo de Final Countdown, c’est celui de Miracle Man ! ça vient de me crever les tympans !

        • Bruce lit  

          Par contre sur ROAD TO NOWHERE, il surfe sur la vague Guns’n’Roses non ?

          • Eddy Vanleffe  

            sans doute…l’album est écrit par des mecs plus jeunes notamment zakk Wylde très talentueux aussi mais un peu plus démonstratif, moins ma came mais je fais la fine bouche!
            Ozzy a toujours su s’entourer un peu comme Johnny quelque part…
            un mec qui est passé sur ses disques, tu sais que c’est un gars qui assure sa partie.
            après tout NO MORE TEARS lui même est une chanson dont la ligne de basse n’aurait pas été reniée par un groupe de new wave

        • Présence  

          The final countdown : 1986
          Miracle Man : 1988

          Cette reprise Dee Snider + Zakk Wylde est super : Snider est vraiment dans le ton et l’esprit de Cooper, incroyable. Merci pour la découverte.

          • Présence  

            Je suis moins emballé par cette reprise, entre fidélité à l’original en moins bien, et personnalité effacée des interprètes (il m’a fallu du temps pour reconnaître la voix de Dio tout en sachant que c’était lui).

  • Bruce lit  

    Eddy
    Je me suis procuré BLIZZARD OF OZ et c’est un album incroyable. Compos, mélodies, arrangements, pochettes, lignes de chant et surtout les guitares, c’est irréprochable !
    Pour continuer sur cette lancée j’investis dans quoi ?

    • Eddy Vanleffe  

      Bon déjà si tu aimes Blizzard of OZZ, il y a forcément le second du dyptique DIARY OF A MAD MAN. C’est presque un double album en fait…
      Après il y a une trilogie dont le son eighties est hyper poussé, si tu n’es pas allergique, je conseille quand même BARK AT THE MOON qui regorge de bons refrains J’ai tendance à mettre ULTIMATE SIN et NO REST FOR THE WICKED en dessous. NO MORE TEARS est l’album considéré comme celui de la maturité, avec une ambition et une ambiance plus sombre. C’est un grand disque popularisé par un double live LIVE AND LOUD qui témoigne du son colossal et de la démesure de l’artiste.
      OZZMOSIS est bien aussi mais déjà plus calme, plus radio-US friendly…
      Je ne connais pas trop la suite puisqu’il est revenu plus ou moins dans le giron BLACK SABB’, j’ai écouté son album de reprise que j’ai trouvé sympa sans plus.
      En revanche PATIENT NUMBER 9 est un grand retour incroyable pour un septuagénaire malade. le vieux fou en a encore sous le capot sans il fulmine d’être prisonnier de son corps, sans pouvoir aller à la rencontre de son public. il met tous ses efforts dans des enregistrements tant qu’il peut encore…
      Je sais désormais que c’est une question de temps et ce serait mentir que le jour venu, une partie de mes racines va subitement se flétrir avec lui…je lis ses « aventures  » et suis sa musique depuis tellement de temps…

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