Pourquoi je hais Superman !

Première publication le 20/05/2014.  Mise à jour le 21/03/2016

C’est un oiseau… Par Seagle et Kristiansen

Ecrire pour un héros qu'on déteste...

Ecrire pour un héros qu’on déteste…©Vertigo

VO : Vertigo

VF: Panini/Urban

Auteur d’un run moyen sur Xmen dans les 9O’ S , et du passable House of Secrets chez Vertigo, Steven Seagle atteint sa rédemption avec ce roman graphique semi autobiographique (sic) paru chez Vertigo et réédité récemment chez Urban. Il s’agit de méditations autour du mythe de Superman.

Steve est un scénariste de Comics dépressif : son père a disparu sans laisser de traces et il ne se passe pas une journée sans que notre jeune auteur ne pense pas à sa mort. Sa famille est en effet atteinte d’une maladie génétique rare qui altère le système nerveux.

C’est alors que son manager lui passe un coup de fil enthousiaste pour lui annoncer que DC a décidé de lui confier les rênes du prochain Run de Superman. Ce qui serait pour n’importe qui une formidable opportunité d’ascension dans le métier devient pour Steve un véritable cauchemar. Celui ci n ‘a pas la moindre idée de ce qu’il pourrait écrire pour l’homme d’acier, et pour cause, Steve déteste Superman! Et d’une haine viscérale lié à un traumatisme d’enfance : alors que sa grand mère agonise dans son lit d’hôpital d’une maladie mystérieuse et taboue , les parents de Steve lui demande de se concentrer sur une aventure de l’homme de Krypton dont il n’ à que faire.

Une proposition que l'on ne peut refuser ?

Une proposition que l’on ne peut pas refuser ?©Vertigo

Pressé par son éditeur , angoissé par la disparition de son père, tourmenté par la réminiscence d’un secret de famille, Steve va se livrer à une véritable introspection où se mélangent ses angoisses métaphysiques et ses réflexions sur Superman. Seagle livre dans cette graphic Novel un travail d’auteur remarquable . Il montre comment un artiste se nourrit de ses névroses pour accoucher dans la douleur d’une oeuvre populaire. Face à sa vie si imparfaite qui le torture , Seagle décortique le mythe de Clark Kent parfait en tout point .

Le récit n’est jamais linéaire : à partir des événements qu’il traverse Seagle articule ses réflexions autour de la mythologie de Superman : Sa perfection , la signification de son costume, de son « Logo , son statut d’étranger dans notre monde, ses motivations à sauver un monde n’étant pas le sien et son intégration dans notre univers .

Pourquoi je hais superman !

Pourquoi je hais Superman !©Vertigo

Alors que tout à sa haine, Seagle interroge la crédibilité de ces actions dans notre monde réel, celui-ci va rencontrer d’autres intervenants qui vont modifier sa perception du Héros de Métropolis. Progressivement le héros de papier va sauver l’homme de chair. Progressivement le mythe va s’avérer plus fort que les affres de la réalité.

Vous l’aurez compris  It’s a Bird  est un véritable OVNI dans le monde des Comics. Ceux qui n’aiment que les combats titanesques sanglants passeront poliment leur chemin. Cette Graphic Novel propose de fascinantes méditations sur les corrélations entre le créateur et la créature , sur les fondements d’une mythologie que Seagle décortique avec les apports de la Philosophie , la Linguistique ou la Science. Les dessins de Kristiansen contribuent à l’ambiance unique de cette histoire. Son trait est tourmenté et permet d’approcher les personnages par le biais de leurs émotions. Son travail sur les couleurs est remarquable.

L'homme d'acier s'incruste dans la vie de couple

L’homme d’acier s’incruste dans la vie de couple de Steven©Vertigo

Totalement dénué d’action, bavard et tourmenté, Its a Bird propose à ceux qui s’en donneront la peine une histoire originale et marquante avec des réflexions profondes sur le sens de la vie , de la mort et du plaisir entre les deux.  Quelque part entre Umberto Ecco, Woody Allen et The Wall

Ce genre d’histoire prouve que les Super Heros peuvent constituer un divertissement respectable et intelligent à l’heure où les Inrocks publient un hors série leur étant consacré ! Ceux qui le savaient déjà constateront que Neil Gaiman , Alan Moore ou Grant Morrison n’ont pas le monopole de la culture et de l’originalité . Bienvenue au club Mr Seagle !

17 comments

  • tornado  

    Ah ! Excellente idée pour la « semaine Superman » ! Je n’y aurais pas pensé !
    Comme quoi tu as réussi à te trouver une place dans cette thématique !
    J’ai toujours eu envie de lire ce GN. Mais je n’ai jamais pu me résigner à acheter l’édition miteuse et hors de prix publiée chez Panini. J’espère qu’Urban Comics va nous rééditer ça dans un écrin à la hauteur de l’oeuvre…

  • jyrille  

    Bon ça donne super envie ça, j’ai une vague réminiscence du dessin mais je suis passé complètement à côté… Pour ce qui est de la ligne éditoriale, ce sera pas mal de faire un peu décalé avec le X-Men. Bon sang j’ai envie d’aller le voir, ainsi que le nouveau Spider-Man.

  • Présence  

    Je ne l’ai pas lu. Pour une fois, les images intégrées à l’article ne me donne pas très envie du fait de leur approche minimaliste (alors que j’aime bien Kristiansen d’habitude).

  • JP Nguyen  

    Pas trop fan de Kristiansen mais curieux de lire ce récit atypique. Mais la référence à Birdman aurait plutôt tendance à me refroidir…

    • JP Nguyen  

      Bon, je l’ai acheté ce midi… On verra si la prédiction Brucienne se réalisera…

  • JP Nguyen  

    Lu en fin de journée dans les transports. C’est très chouette. Je le relirai. Comment parler de Superman sans écrire une histoire de Superman…
    Merci Bruce, ton conseil personnalisé était fort avisé cette fois-ci.

    • Bruce lit  

      Ouf….content que ça t’ai plu !
      Merci Bruce, ton conseil personnalisé était fort avisé cette fois-ci. Gasp ! Cette fois CI ?

      • JP Nguyen  

        Ben ouais, j’avais essayé Bone sur tes conseils mais point accroché… Et Locke and Key aussi…

  • Jyrille  

    Je l’ai enfin fini ce week-end. Même si je ne suis pas totalement fan du graphisme, il est suffisamment changeant, prenant des tonalités très différentes (trait, couleur, type) tout au long de la bd qu’il n’est jamais lassant. Et ce fut une vraie belle surprise à lire, très touchante. Une bd qui gagne à être relue et très érudite sur Superman, pour en donner un point de vue assez inédit. J’ai beaucoup aimé, merci Bruce pour la découverte !

    • Bruce lit  

      @Cyrille : Content d’avoir vendu deux exemplaires de cette histoire. C’est vrai que les graphismes ne font pas plus envie que ça avant d’y entrer. Tiens ! Cette AM j’ai lu l’anthologie de Superman chez Urban….c’est comment dire, euh…Tornado…? très, très infantile….rempli d’aliens, de vaisseaux spatiaux, de robots, de dimensions…Définitivement je préfère les récits naturalistes….
      @JP : je pensais que tu développerais d’avantage ce qui t’a plu dans ce récit.

      • Tornado  

        Ah ben oui, forcément. Et c’est là que je me dis à quel point le film de Richard Donner avait déjà tout réinventé en 1978. En ce temps là, le cinéma en remontrait aux comics. Cela a bien changé…

  • JP Nguyen  

    Puisque Bruce le demande, ce qui m’a plu dans ce récit : sa richesse dans l’analyse du mythe de Superman, avec des sortes de digressions qui n’en sont pas vraiment, l’interrogation sur la vie, la mort, la maladie et tout le reste… Et la narration, qui mine de rien, vous accroche et vous emmène dans la tête du personnage principal. Une lecture… super 😉

  • Présence  

    J’ai fini par le lire et j’en suis ressorti avec un sentiment très partagé. J’aime beaucoup tes phrases : Progressivement le héros de papier va sauver l’homme de chair. Progressivement le mythe va s’avérer plus fort que les affres de la réalité.

    Même si Seagle réalise une analyse intéressante avec une mise en images personnelle qui procure un sentiment de proximité avec Steve, le discours à charge contre Superman a fini par me lasser. Le tout m’a laissé partagé entre agacement et pitié devant cet individu qui sombre dans l’autoapitoiement, et la critique négative systématique de ce superhéros, entre curiosité quant à cette vision du personnage et frustration d’assister impuissant à la déprime de l’auteur. Seagle joue honnêtement le jeu de l’autobiographie sans chercher à se flatter, mais sans donner l’impression de réussir à s’éloigner d’une narration trop autocentrée. Cette forme de nombrilisme finit par lui faire oublier de penser en termes de bande dessinée, et Teddy Christiansen s’épuise à dessiner une enfilade de têtes en train de parler. Incroyable mais vrai : ça n’a pas été un 5 étoiles.

    • Bruce lit  

      Article importé d’amazon.
      A l’époque je le considérais comme un des meilleurs de ma « carrière ». Aujourd’hui, ce serait bon pour la corbeille, le cimetière des vieux articles pourris est toujours ouvert et sans concessions…enfin…si…
      Du souvenir que j’en ai, je faisais un parallèle entre le propre de Superman (comment va-t-il gagner le combat du jour) et celui de Seagle (comment ce gars si pleurnichard va t-il enfin se ressaisir).
      J’avais apprécié ce combat d’un malade contre sa maladie mais surtout contre lui-même.

      • Présence  

        Chacun de nos articles est un instantané d’une facette de l’individu que nous étions à l’époque où nous l’avons écrit. Le renier, c’est se renier soi-même. Et puis on constate ainsi l’évolution de soi-même par rapport à cette époque, et même la progression. 🙂

        • Jyrille  

          100% d’accord avec Présence.

  • Matt & Maticien  

    Génial! Ce livre a l’air passionnant. J’espère le lire bientôt. Merci pour ce choix hors des sentiers battus si j’ai bien compris.

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