Pulp Island (Review : Shanna par Frank Cho)

Shanna, par Frank Cho

1ère publication le 18/01/17- Mise à jour le 05/09/18

 Il est chaud, Frank, il est chaud !

Il est chaud, Frank, il est chaud !©Marvel Comics

Par : TORNADO

VO : Marvel, Dynamite

VF: Panini, Milady

Cet article portera sur la mini-série Shanna, The She-Devil, entièrement réalisée par Frank Cho en 2005 sous le label Marvel Knights et initialement publiée en sept épisodes regroupés plus tard dans un format graphic novel.

Nous passerons également en revue la petite sœur de Shanna, à savoir la série avortée Jungle Girl, publiée peu après chez l’éditeur Dynamite.

Il fait une de ces chaleurs ici. N’est-ce pas Frank ?

Il fait une de ces chaleurs ici. N’est-ce pas Frank ?©Marvel Comics

A l’origine, Shanna est bel et bien un personnage Marvel intégré dans la continuité. Elle a été créée par Steve Gerber & Carole Seuling (et dessinée par George Tuska) en 1972 dans sa propre série, qui ne dura que cinq numéros. Elle est ensuite revenue dans la série Ka-zar, finissant par devenir l’épouse de cet homme-singe.

Tout comme Ka-zar, Shanna est une « tarzanide », une émule de la création d’Edgar Rice Burroughs dans le monde de la bande-dessinée.
Mais la mini-série qui nous intéresse aujourd’hui est différente de sa version initiale et, quelque part, Frank Cho ne garde pas grand-chose du personnage tel qu’il était à l’origine.
Cho nous propose une version revue et corrigée complètement déconnectée de l’univers Marvel et du monde des super-héros. Pour l’anecdote, sa mini-série devait au départ être publiée sous le label MAX dans une version strictement réservée aux adultes, avec une héroïne nue et un parti-pris érotique assumé. Mais Joe Quesada, le ponte de la Marvel, se rétracta et demanda à son auteur le plus chaud (promis, après j’arrête) de rhabiller son héroïne afin de la publier sous un autre label moins excluant pour un public plus large.

Ce parti-pris initial destiné aux publications MAX explique l’orientation de la série puisqu’il s’agit d’un label en marge de l’univers partagé Marvel, où l’on peut imaginer une relecture de certains personnages, dans une version autonome, adulte et, encore une fois, déconnectée du monde des super-héros.
Cet espace de créativité, malheureusement disparu aujourd’hui, aura permis la diffusion de certaines des meilleures créations de leur époque, comme par exemple le Punisher MAX de Garth Ennis.

Shanna par Frank Cho : Une héroïne qui n’a jamais froid…

Shanna par Frank Cho : Une héroïne qui n’a jamais froid…©Marvel Comics

Le scénario de Shanna la Diablesse par Frank Cho ignore donc joyeusement l’univers Marvel et réinvente complètement son héroïne en lui offrant une toute nouvelle île inconnue rien qu’à elle, ainsi que de toutes nouvelles origines.

De son propre aveu, ce que Frank Cho préfère dessiner, ce sont les femmes et les dinosaures. Cette relecture de Shanna constitue ainsi un terrain de prédilection pour un auteur qui trouve dans ce projet son sujet de prédilection et qui réalise, en tout cas jusqu’ici, son grand œuvre !

Lorsque notre histoire commence, un groupe de militaires tente de survivre depuis près de quatre ans sur une île mystérieuse, peuplée de dinosaures. A force de sillonner cette terre hostile en quête de vivres, ils ont fini par découvrir un complexe bâti par l’homme. A l’intérieur, ils trouvent tout un réseau de laboratoires ayant appartenu aux scientifiques nazis de la seconde guerre mondiale. C’est là, dans un container en verre rempli d’un liquide jaune étrange, qu’ils tombent sur une magnifique jeune femme, qui s’éveille soudainement. Cette splendide créature, produit d’une expérience génétique, ne tarde pas à leur sauver la vie lors de l’intrusion d’un redoutable raptor, car elle possède une force et une résistance surhumaine.
La belle Shanna permettra-t-elle à ce petit groupe de survivre dans cette île de l’enfer, où grouillent toutes sortes de prédateurs antédiluviens ?

Ouf ! On a eu chaud !

Ouf ! On a eu chaud !©Marvel Comics

J’ai acheté ce livre immédiatement après l’avoir feuilleté parce qu’il y avait plein de dinosaures dedans ! Parce que j’adore les dinosaures !
J’avais auparavant lu quelques critiques désobligeantes sur ce comic book. Comme quoi l’intrigue ne volait pas bien haut et racolait dans la nudité féminine et l’action décérébrée. Et bien vous savez quoi ? Tout cela est faux. Shanna la Diablesse est une merveille dans le fond et dans la forme. Un superbe livre d’images au cœur gros comme ça, une ode à l’esprit des pulps d’une pureté absolue comme il est rare d’en voir à notre époque.

Avouons-le immédiatement : Il n’y a pas de sous-texte particulier dans cette histoire. Grande aventure dans la lignée du Monde Perdu de Conan Doyle, création d’une icone mythique empruntant tout autant à Tarzan d’Edgar Rice Burroughs qu’à She de H. Rider Haggard ou encore à Conan le Barbare de Robert Howard, sérial à la Doc Savage , déclinaison des Aventuriers De L’Arche Perdue, hommage gentiment coquin aux films de la « nazisploitation », conte humaniste simple et fulgurant, Shanna la Diablesse est tout cela à la fois. Et Frank Cho, auteur complet de son histoire, nous livre une pure merveille de comic book sincère, généreux en diable et ultra respectueux des sources auxquelles il rend hommage.

Un comic book qui brûle d’un esprit pulp !

Un comic book qui brûle d’un esprit pulp !©Marvel Comics

Si l’histoire en elle-même est effectivement légère comme une bulle de savon, ne dissimulant rien d’autre de bien plus profond que le mythe du bon sauvage, la mise en forme de l’ensemble est tellement réussie qu’elle se suffit à elle même. Une forme de comic book postmoderne qui se réclame des pulps du début du XX° siècle en restituant toute une atmosphère qui puise également ses sources dans les sérials des années 30, les romans d’aventures précités, les films de monstres préhistoriques façon Willis O’Brien ou Ray Harryhausen et même les nazi-movies des années 70, qui mélangeaient allègrement la violence et l’érotisme ! Frank Cho cite ainsi plusieurs décennies de références littéraires et esthétiques et les insuffle dans un roman graphique qui n’a besoin de rien d’autre pour exister. L’expérience qu’il fait vivre au lecteur est au final purement intemporelle et émotionnelle et c’est ce qui fait tout son intérêt.

Ce fabuleux travail de puriste échappe de surcroît à la bêtise et à la vulgarité dans laquelle il aurait pu facilement tomber grâce au talent de conteur de son auteur, qui assure une brillante narration séquentielle, servie par un découpage ultra efficace, des cadrages d’anthologie, des dialogues percutants, un humour diffus et une caractérisation des personnages qui, si elle reste relativement superficielle, évolue au fur et à mesure pour aboutir, dans les dernières pages, à un déchaînement d’émotions faisant soudain basculer cette aventure cathartique, jusque là restreinte à l’action ininterrompue, dans le conte initiatique.
Et pour les acharnés sans cœur que cette histoire ne réussirait pas encore à séduire, les planches sont tellement magnifiques et Shanna est tellement sublime dans son petit bikini en peau de bête ou son treillis en jean, qu’il suffira de regarder les dessins pour en avoir pour son argent !

Enfin, Frank Cho a une merveilleuse idée : En laissant à son personnage feminin tout son pouvoir de séduction mais en inversant le rapport de force entre elle et les hommes qui l’entourent, l’auteur offre à l’héroïne une liberté décuplée. Une scène du second épisode nous met d’ailleurs la puce à l’oreille, lorsque l’on apprend que le Doc (le médecin qui veille sur elle de manière paternelle) a réussi à la persuader de ne pas se promener nue devant les hommes afin de préserver l’équilibre de son groupe (trouvaille astucieuse de Frank Cho pour changer son fusil d’épaule après le renoncement au label MAX, tout en continuant à justifier le port du bikini en peau de bête). Shanna n’a donc jamais à rougir de ses formes pulpeuses car elle ne se soumet jamais à la domination masculine. Ce faisant, elle s’impose comme une héroïne moderne dont le superpouvoir principal est avant tout… la liberté

 Pour des lecteurs qui n’ont pas froid aux yeux…

Pour des lecteurs qui n’ont pas froid aux yeux…©Marvel Comics

Par ailleurs, l’illustration des dinosaures est particulièrement soignée et documentée d’après les plus récentes découvertes de l’époque. Un travail aussi précis que dans le superbe L’âge des Reptiles de Ricardo Delgado. On y croise ainsi des tyrannosaures, des raptors, des allosaures, des stégosaures et des ptérosaures. Soit plusieurs espèces de dinosaures issus de périodes distinctes n’ayant jamais pu se côtoyer ! Un parti-pris décomplexé qui assume ses sources pulps, où les histoires privilégiaient le spectaculaire au détriment du réalisme, réinventant le monde pour les besoins de l’imaginaire.

A noter que la version non censurée, avec beaucoup de nudité, est attendue par les fans depuis des années !
Au final,Frank Cho quittera Marvel pour un autre éditeur afin de réaliser Jungle Girl, une héroïne similaire dans le même genre de contexte.

Jungle Girl est une série de l’éditeur Dynamite qui n’a connu que trois saisons, publiées à l’origine en 2009, en 2010, avec une troisième saison inespérée publiée en 2016, cette dernière restant toujours inédite en VF chez ces incapables de Milady Graphics, et que je n’ai donc pas lue…

Il faut préciser qu’il ne s’agit que d’un projet de Frank Cho. Car, bien que Jungle Girl ait été annoncé un temps comme la suite de Shanna the She-Devil, Frank Cho n’est crédité qu’en tant qu’initiateur de l’idée originale et dessinateur des couvertures principales. Et si la série en question porte clairement sa marque, il ne la dessine ni ne l’écrit. Le scénario est de Doug Murray, connu pour la série Red Sonja, et le dessin est l’œuvre d’Adriano Batista. Ce dernier calque d’ailleurs son graphisme sur le style de Frank Cho, pour un résultat très satisfaisant, et je trouve même que ses couvertures alternatives sont peut-être un cran au dessus de celles du maître !

Jungle Girl. Une déclinaison chaudement recommandée ?

Jungle Girl. Une déclinaison chaudement recommandée ?©Marvel Comics

Bon, disons le tout net : C’est n’importe quoi ! Une île peuplée de dinosaures et de peuplades primitives encore inconnues de nos jours, une blondasse pulpeuse qui attrape des dinosaures de plusieurs tonnes avec une liane et qui les hisse à main nue, des indigènes isolés sur une terre inexplorée et qui parlent un anglais parfait… La liste est longue dans les absurdités les plus extrêmes.

Bon, si vous êtes encore là et que vous êtes prêt à passer outre cette barrière d’incrédulité, on peut dire pourquoi cette série est quand même sympa : Car, plus encore que sa grande sœur, elle est fun et totalement décomplexée. Le scénario ne recherche pas un instant la moindre originalité. Au contraire, il puise à l’infini dans les pulps les plus classiques et les serials d’antan, mais il ne se moque pas de son lecteur en lui donnant généreusement ce qu’il attend. Alors voilà le pitch : Un avion transportant un scientifique, un agent spécial et des contrebandiers (!) se crache sur une île sauvage. Là, une femme de la jungle opulente en bikini les aide à échapper à toute sorte de monstres antédiluviens ainsi qu’à toute sorte de tribus cannibales…

Chaud devant !!!

Chaud devant !!!©Marvel Comics

Dans la saison 1, il ne faut pas chercher autre chose, car ça ne va pas plus loin. Par contre, ça va à cent à l’heure et on en prend plein les yeux, autant pour ce qui est de contempler de superbes dinosaures que de plantureuses héroïnes aux formes de rêve…

Pour l’essentiel, Murray ne fait pas dans la dentelle. Comme indiqué plus haut, il aligne les scènes d’action sans se soucier de la moindre incohérence. Il convoque tout autant les dinosaures et les mammifères de toutes les ères préhistoriques, ne craignant pas de faire cohabiter des espèces historiquement séparées de plusieurs millions d’années avec des créatures complètement inventées. Il régale l’amateur de monstres en privilégiant la présence des plus grands prédateurs de tous les temps, comme le tyrannosaure, le spinosaure, le mosasaure ou l’allosaure ! Il n’hésite pas à verser dans la violence la plus extrême, voire dans le gore, le glauque et le malsain. Ses dinosaures respectent l’allure des plus récentes découvertes, comme l’avait fait Frank Cho avec Shanna. Puis il ajoute des monstres inconnus, laissant Batista libre d’imaginer les bêtes les plus repoussantes.
Son patchwork rappelle furieusement le King Kong de Peter Jackson, autant pour le bestiaire que pour le look de cette forêt-vierge de cauchemar, que pour ces indigènes terrifiants et ces animaux préhistoriques hypertrophiés, c’est-à-dire largement plus grands que dans la réalité !

Encore une île que n’auraient pas renié les pionniers du pulp !

Encore une île que n’auraient pas renié les pionniers du pulp !©Marvel Comics

La saison 2 est par contre en tout point en dessous de la précédente. Le scénario de Doug Murray va trop loin dans le patchwork des aventures fantastiques en ajoutant une forte dose de Jules Verne et de Lovecraft, car malheureusement il n’est pas assez solide pour nous accrocher jusqu’au bout. Les absurdités et le manque de cohésion entre tous ces éléments disparates deviennent trop tirés par les cheveux et tombent dans le ridicule, jusqu’à devenir ennuyeux.

Murray ne gère pas du tout cette densité d’éléments. Ainsi, un homme des cavernes devient tireur d’élite et mécanicien surdoué d’un sous-marin en quelques minutes ; des humanoïdes en forme de tritons vivent dans un lac à l’intérieur d’une cité sous-marine et servent un démon lovecraftien sorti de nulle part, qui leur dicte de kidnapper les visiteurs pour quelque obscure raison, alors qu’ils côtoient un peuple de sirènes qu’ils n’avaient visiblement pas encore remarqué ; ce peuple de sirènes venant délivrer les visiteurs en question, puis se retirant juste avant la victoire parce que d’un coup, ces dernières se disent que décidément, le démon est trop méchant !
Pire encore, ne sachant pas comment faire évoluer son histoire, le scénariste abandonne cette deuxième saison sur un cliffhanger insupportable, au terme de deux dernières planches incompréhensibles et bâclées, au delà de la limite du respect pour le lecteur. Le dessinateur Adriano Batista et le coloriste Frank Martin Jr bâclent également leur travail, beaucoup moins joli que sur la saison 1. Voilà donc une série complètement gâchée, abandonnée provisoirement en plein milieu d’une intrigue sans résolution. Et comme dit plus haut, la tardive saison 3 n’ayant pas été publiée en VF, je ne sais pas si, au final, les auteurs ont rectifié leur mauvais tir.

Un monstre de cauchemar issu de la saison 3, malheureusement inédite en VF…

Un monstre de cauchemar issu de la saison 3, malheureusement inédite en VF…©Marvel Comics

En conclusion, Jungle Girl est une création aussi jouissive que décomplexée. Fun et légère, elle s’adresse en particulier aux lecteurs amoureux des grandes aventures à l’ancienne, dans le style classique et trépidant des serials d’antan.
Malheureusement, la série se perd dans une saison 2 boursouflée et reste suspendue en VF sur un insupportable cliffhanger au terme du dixième épisode.

Nous sommes ici, et je parle surtout de Shanna, the She-devil qui est une œuvre plus aboutie, en présence d’un idéal de bande-dessinée conceptuelle qui n’a d’autre but que de divertir son lecteur sur le terrain de l’esprit des pulps. Pourtant, bien que l’on puisse admettre que ce type d’histoire reste sans réelle profondeur (encore que l’apprentissage humaniste de Shanna n’est pas si creux qu’on pourrait le penser), Frank Cho s’impose tout de même comme un véritable auteur, en ce sens qu’il canalise une série de thèmes qui lui sont chers, tout en sachant les restituer sous l’apanage d’un récit référentiel à l’imagerie savamment distillée. Quelque part, un cinéaste comme James Cameron ne fait rien d’autre depuis le début et son Avatar n’est pas si éloigné que ça de cette petite pépite de pureté à l’esprit pulp concoctée par Frank Cho.

Shanna : l’idéal des cosplayeurs ?

Shanna : l’idéal des cosplayeurs ?©Marvel Comics

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De Sheena chez Marvel à Jungle Girl chez Dynamite, focus aujourd’hui chez les femmes en pagnes bercées à la douce haleine de Dinos. La température monte chez Bruce Lit même en plein hiver, il fait Cho et Tornado vous sert de l’orange en Pulp !

La BO du jour : Parce que Tornado me tuerait si je mettais Sheena is a punk rocker des Ramones, tentons quelque chose qui soit plus à son goût :

59 comments

  • Bruce lit  

    Mince alors ! Je n’aurai jamais pensé que c’était si bien. Au contraire de ce que tu expliques, j’eusse immaginé que Shanna était prétexte à satisfaire le chaland en lui offrant une héroïne dénudée, dépoitraillée et aux aventures légères. Je suis du coup très interéssé car une de mes histoires cultes est l’album des Xmen au royaume de Kazar.
    La reculade de Quesada sur la nudité, ou simplement l’érotisme que tu décris dénote bien de l’hypocrisie la plus totale concernant la représentation du corps des femmes. On peut désormais montrer les pires tortures ou dechiquetage de Wolverine mais pas de sexe. Surtout pas. Enfin, ca c’était dans le temps de Marvel Max. De nos jours le mainstream pratique son propre Comics Code Authority et s’auto-censure.
    Il n’y a qu’à voir le foin affligeant fait autour de la représentation supra érotique de Manara pour sa couverture de Spider Woman qui rappelle (dans une certaine mesure hein…) les polémiques idiotes autour des dessins de Charlie Hebdo et les caricatures de Mahomet.
    Non, Manara n’est pas menacé de mort mais la liberté d’expression est totalement entravée par un puritanisme effrayant beaucoup plus nocif que celui des 70’s.
    A ce propose j’adore le pied de nez de Manara à Cho justement toujours avec Spider Woman. Ce ne sont que des dessins !!

    POur en revenir à ton article, si les conventions du genre y sont respectées, ça peut me tenter. Argumentation impeccable. Merci !

  • JP Nguyen  

    Tu articules très bien ton point de vue, Tornado , mais je ne pense pas être un bon public pour cette oeuvre. Le dessin de Frank Cho m’a toujours semblé beau/maîtrisé mais un peu froid (c’est relatif et subjectif, oeuf corse).
    Chapeau pour tous les jeux de mots autour du nom de l’auteur, pour le Figure Replay, ça va être chaud d’innover !
    @Bruce : pour le dessin de Spider-Woman par Manara mon opinion diffère. Je vais être cash : je trouve que faire prendre une pose de salope au personnage participe à la tendance de fond de la réification des femmes comme du porno – chic. Sur la couverture d’un numéro officiel d’une série consacrée à une héroïne, on la caricature en objet sexuel.
    Après, oui, il y a plus grave, certes… mais ça ne me plait pas.
    Notez que je parle bien du dessin de Manara pour SW, et pas de Cho, qui ne me fait pas le même effet.

    • Bruce lit  

      @JP : je comprends ton opinion. Mais au moins le dessin de Manara a l’honnêteté d’être provocateur, ce n’est pas le premioer venu. L’érotisme est son taff’. On ne peut lui demander de faire une couverture pour Marvel et après faire preuve de frilosité, si ? Ce serait comme censurer un dessin de Corben ou Mignola parce que trop sombre…
      En matière de Trash, la plus violente couverture jamais atteinte dans les Comics est celle de Darrick Robertson pour the Boys. je me rapelle plus du numéro exact mais on y voit un mouchoir avec du sperme dessus sur des couvertures de super héroïnes.
      Ici la pose de SW est mignonnette quand même. Elle n’allume personne, elle est au somme t d’un gratte ciel et Manara souligne bien l’érotisme du super héros : des gens à la plastique irréprochable qu’un collant déshabille plus que l’inverse. Je trouve ça moins dégueulasse que la plupart des dessins des 90’s des Images boys où toutes les femmes semblaient botoxés avec de gros nichons et des poses vulgaires.
      Et puis mince, un peu de mauvais goût dans l’univers Marvel-Disney, c’est pas de refus !

      @Matt: Je ne connaissais pas la polémique concernant Bat-Girl. Ca me fait penser à tous ces gens qui cherchait les messages de Satan en écoutant les disques de Led Zeppelin à l’envers. Venat d’un pays qui a eu l’obscénité d’élire Trump, c’est quand même fort de café. S’il y en a un qui n’est pas clair avec le viol des femmes, c’est Millar par contre qui lui a ses entrées à Hollywood…

      • Matt  

        C’est là tout le truc : si tu ne montres rien mais que tu fais des femmes des personnages faibles sans arrêt violées hors-champ, ça va.
        Si tu as l’audace d’en montrer un peu trop à l’image, même si c’est moins humiliant pour la femme, t’es un odieux personnage.
        Et je dis ça alors que j’aime la retenue et l’implicite suggéré. Sauf que ça ne change rien aux idées véhiculées. On peut véhiculer des idées plus saines même en étant plus cru visuellement.

      • Matt  

        Pour la couverture de Batgirl par contre je comprends même pas où ils sont allé chercher le problème. Bon ok elle est en panique, mais faut-il faire de toutes les femmes des badass sans émotions pour ne pas choquer les féministes ? Et puis le viol ? WTF ? Ou ?
        Sont aussi à côté de leurs pompes que les machistes les féministes…

  • Matt  

    100% d’accord avec toi sur Shanna, Tornado. Très chouette article que j’étais curieux de découvrir depuis que tu disais avoir aimé. Surtout qu’en effet cette série est plutôt mal aimée, accusée d’être racoleuse et vulgaire (euh…on a lu la même chose là ? Si ça c’est vulgaire) Marrant en effet que les gens s’offusquent d’un bout de sein mais pas de tripes arrachées. Bon je dis pas qu’il faut mettre du porno dans des BD mainstream mais Shanna est très sage quand même.
    Par contre je n’ai pas bien accroché à Jungle girl. Un peu trop n’importe quoi justement. Et puis comme tu le dis, ça devient de moins en moins bien au fil des saisons, et il n’y a pas de fin.

    Bruce, le truc le plus dingue pour moi c’est cette polémique là :

    http://www.journaldugeek.com/2015/03/18/comics-la-couverture-du-nouveau-numero-de-batgirl-fait-polemique/

    On arrive à reprocher à une couverture qui ne montre RIEN de faire l’apologie du viol…
    C’est comme la polémique autour de la vigie des pirates d’Astérix. Il est noir et ne prononce pas les R, ça doit forcément être un odieux message raciste ! Bon dieu, mais les gens n’ont rien d’autre à foutre que de trouver des insultes là où il n’y a rien ?
    Aux US, Speedy Gonzales, la souris des Looney Tunes a même été accusée d’être un cliché raciste d’un mexicain. Sauf que les mexicains eux n’ont jamais eu de problème avec…
    Mais bon il faut bien occuper son temps à trouver des conneries à dire j’imagine…

  • Matt  

    Après réflexion, il est vrai qu’il y a un côté « pas sérieux » dans l’érotisme. Comment justifier de montrer des personnages dénudés alors que le comportement humain fait que les gens ont tendance à dissimuler leur nudité par pudeur ? Difficile alors de faire déambuler une nana seins nus sans que cela passe tout de suite pour une histoire coquine qui ne se prend pas au sérieux. Alors que le sang et la violence hélas, c’est très sérieux.
    Mais bon si le parti pris de départ était de faire un comics gentiment coquin pour Shanna, oui c’est dommage qu’ils aient fait machine arrière.

  • Artemus Dada  

    Un très chouette article, qui non seulement donne envie de lire ce dont il parle, mais aussi de le lire en tant que ce qu’il est : divertissant, instructif, et bien écrit (du moins autant que je puisse en juger moi-même).

    Merci.

  • Présence  

    Un récit que j’ai découvert grâce à l’article de Tornado, avec une avis 100% identique sur le plaisir des dessins, et la bonne surprise du scénario, pour le tome de Shanna.

    Par contre, malgré tout le bien qu’en dit Tornado, je n’ai pas tenté la lecture de Jungle Girl qui me semblait dérivatif de Shanna, sans bénéficier de la patte de Frank Cho.

  • Matt  

    Tiens Bruce ça peut te plaire ça :

    http://heatst.com/culture-wars/wonder-woman-comic-artist-frank-cho-attacked-for-opposing-social-justice-warriors/

    Cho a ensuite provoqué un peu en faisant une série de croquis avec des héroïnes dans des situations cocasses, et une Spider Gwen qui s’offusque en criant « outrage » à chaque fois. Moi j’ai trouvé ça plus rigolo qu’autre chose. Une façon de se moquer aussi des look des héroïnes.

    http://www.heavymetal.com/news/frank-chos-latest-sketch-covers-taste-the-outrage/.

    • Bruce lit  

      @Matt : je ne suis pas dut tout client de BD érotique. Et mes prises de position proféministes sont suffisamment claires sur ce blog.
      Maintenant, quand Roger Waters invite Van Morrison à massacrer Confortably Numb sur scène, on ne peut blâmer Morrison de faire son job. On aime, on aime pas, mais c’est Waters qui lui a demandé de faire ça.
      On invite pas le pape de l’érotisme sur une revue Mainstream en imaginant qu’il fera du Bachalo…Sauf s’il s’agit d’utiliser cet artiste pour faire du dollar, du buzz et ensuite revenir au statu quo cher à Marvel : c’était pas pour d’la vraie. En outre la démarche pornographique c’est celle de Marvel là, pas de Manara qui livre une planche bien sage au regard de son travail. Il rend un hommage érotique et personnel à l’une des plus belles femmes de chez Marvel.
      Le physique parfait, les costumes, les poses des super héros, c’est neutre ça ? Bien sûr que non !

      Il y a des années, George Clooney est entré en furie (sic) dans le bureau de Quesada en lui demandant des comptes sur une planches de Fury MAX où le héros étrangle son adversaire avec ses tripes.
      Bien entendu, je ne ferai pas lire ça à ma fille de 6 ans ! Mais il s’agit d’un label adulte pour les adultes !
      De ce fait, Quesada mit fin progressivement au label MAX pour s’orienter vers des corssovers de merde, le triomphe du beaufisme et du conformisme chez Marvel. Voilà qui est dégradant !
      Je n’aime pas Morrison mais il avait raison sur un point : les Comics Books devraient participer à la contre culture comme le rock des 70’s. Le mainstream ne suit pas ? Fuck it ! L’univers marvel est suffisamment large pour diffuser ses revues pour différents type de public.
      Dans 20 ans la couverture de Manara sera culte. Pas celles de Ramos pour les Xmen.

      Le lien que tu m’as envoyé Matt me rappelle un sketch de la RAB où Gotlib reprend tous les grands inventeurs (Galilée, Newton…) expose leurs théories avant que le jury ne leur réponde à l’envie « mais vous êtes en pleine science fiction » !
      C’est ce que m’évoque le Leitmotiv : Outrage !

      • Matt  

        On est d’accord. Après moi j’ai du mal avec les étiquettes. Féministe, machiste, etc.
        Je respecte les femmes; mais je trouve aussi naturel d’avoir envie en tant que mec de dessiner une jolie femme aux formes généreuses (je le fais hein !). ça ne veut pas dire dans ma tête que les femmes se résument à ça, qu’elles doivent être toutes canons, etc. C’est juste un plaisir coupable. Les dessins sexy parodiques de Cho me font marrer.
        J’ai un peu de mal avec les BD érotiques aussi (même si tu as bien vu que j’en ai lu) mais c’est en effet absurde de reprocher de montrer des femmes nues dedans…
        Là c’est juste que pour Spider-woman, ce n’était pas le label MAX et je pense que le fait que ce soit en couverture peut choquer davantage (on ne mettra jamais Fury qui étrangle un mec avec ses tripes en couverture)
        Tiens par exemple une pose de Black Cat dans « Big time » de Ramos :

        https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/originals/db/d3/2a/dbd32ae6e0d946b0ea9c54474bb43e6d.png

        Même le dialogue fait rire compte tenu de sa pose. Pas de polémique parce que ce n’était pas en couverture. Du coup c’est vrai qu’on peut se demander si c’était malin de la part de Marvel de demander une cover à Manara pour du mainstream potentiellement adressé aussi aux enfants.
        Mais bon…rien qui justifie un tel lynchage sur le net en tous cas.

        • Bruce lit  

          Une vraie pose de chatte sur un toit brûlant en effet…

  • Matt  

    Et un petit mot pour JP : moi non plus je n’aime pas vraiment la cover de Manara (mais j’suis pas trop fan de Manara globalement). Mais pour moi il faudrait plutôt argumenter sur la pertinence des choix de Marvel qui a choisi un artiste érotique pour une cover de série mainstream, plutôt que de s’en prendre aux dessinateurs dont le travail a visiblement été approuvé par les éditeurs s’il a été rendu public.
    En tous cas, tout ceci ne mérite pas selon moi que ça prenne de telles proportions avec accusations et menaces en tout genre visant les dessinateurs. Je suis complètement d’accord avec ce que dit Cho dans le premier lien que j’ai posté sur le fait qu’avec internet et les réseaux sociaux, les gens cherchent des insultes et autres offenses partout sans être capable de prendre ça en dérision.
    Enfin merde, Albuquerque a du s’excuser pour sa cover de Batgirl qui ne représente rien de spécial !

    J’ai réécouté des sketchs de Coluche récemment, et je me suis fait la réflexion que ce qu’il dit, ça ne passerait plus de nos jours. Vive la liberté, hein.

  • Tornado  

    Merci pour les retours.
    Je ne suis peut-être pas clair sur un point : Jungle Girl est très moyen. Passé un premier tome très sympa, la qualité va en décroissant sur le second tome. Et je n’ai pas lu le 3° et dernier inédit en VF.
    Mais Shanna est vraiment une chouette lecture. Et plus j’y pense, plus j’y trouve de la profondeur. Notamment sur l’image de la femme où, sous des apparences de voyeurisme racoleur, Frank Cho impose une héroïne totalement moderne car, les rapports de force avec les hommes étant inversés, elle peut assumer ses rondeurs pulpeuses sans se sentir une femme objet puisqu’elle a le pouvoir de déglinguer un homme. Ce faisant, l’auteur lui offre quelque chose de totalement moderne : la liberté.

    Pour ce qui est des scandales déclenchés par certaines couvertures, c’est un travers de ce que je dénonce constamment : la bienpensance. Sous couvert de « bien penser », les gens ne réfléchissent plus, voient tout en noir et blanc et confondent tout. Le résultat ? Le remède est comme le mal : C’est pourri. Et complètement idiot.
    Un vrai remède ? Réfléchir, réfléchir, réfléchir et, au final, opter pour un juste milieu. Enfin c’est ce que je pense modestement. Vous voyez un juste milieu quelque part en ces temps où un mec comme Trump devient président de la première puissance mondiale ?

    @Omac : Oaouh ! J’aurais aimé pouvoir développer cette analyse ! Si j’avais su, on aurait fait un team up !

    • Matt  

      Le truc c’est qu’on voit bien que les râleurs n’ont jamais ouvert un bouquin mais lancent des croisades contre une couverture, parce que les femmes de Cho sont souvent forte et plus courageuses que les hommes. On peut penser à son comic strip Liberty Meadows dont je suis moyennement fan (mais c’est pas le sujet). Frank, le perso principal (oui, comme Cho) est un mec gentil mais qui a un sérieux problème de confiance en lui, il est maladroit alors que Brandy, la femme qu’il aime et qu’il n’arrive pas à inviter à sortir est gentille, courageuse et le sauvera des flammes lors de séquences de gags plus longs. Jen, une autre femme, est par contre une allumeuse mais pas du tout idiote. C’est une garce certes, mais intelligente, diplômée de la NASA, etc.

  • Léo Vargas  

    Frank Cho sur Shanna ! Pourquoi je ne suis pas étonné…
    Si j’ai l’occasion, je me procurerai le bouquin pour voir comment sont donc dessinés les dinosaures… Ha ha ha ha !

  • Tornado  

    Merci à Bruce pour avoir préféré mettre les Rubettes, que j’ai toujours aimés malgré le kitsch, plutôt que les Ramones, que j’ai toujours détestés malgré le musicalement correct. Et fuck la doctrine du musicalement correct (finalement c’est moi le punk) ! 😀

    Une fois n’est pas coutume, je vais me jeter des fleurs à moi-même : J’adore mon titre ! Qui fait le lien entre l’esprit des pulps auquel se réfère Frank Cho, aux formes de son héroïne (pulp-euse) et à la Skull Island de King Kong… 🙂

  • Jyrille  

    Tu as raison Tornado : ton titre est très bien ! Je ne connais pas du tout cette bd et même si j’aime les dessins de Cho je n’en possède aucun, je garde donc ce titre sous le coude car cela m’a l’air vraiment bien cool : comme d’habitude, tu décortiques et soulève ce qui vaut le coup.

    Pour ce qui est de la bienpensance et des scandales des couvertures, je rejoins Matt et Bruce, mais je ne dirai pas comme Tornado de trouver un juste milieu : il n’existe pas. Il y aura toujours des rageux pour dénoncer des choses qui n’existent pas et croient qu’ils savent ce qui est bon pour les autres ou pour la jeunesse (celle des enfants). Je pense au contraire qu’il faut provoquer, qu’il faut aussi se lâcher, que Manara a le droit de dessiner une Spider-Woman dans cette position (même si pour le coup, je la trouve loupée et carrément kitsch : c’est le Manara que je n’aime pas, contrairement à d’autres sur le lien de Bruce, comme sa sorcière rouge). Comme toujours, tout dépend qui va regarder ça. Est-ce que les peintures de Bacon doivent être interdites ?

    Et puis la Spider-Woman de Maleev était pas mal aussi, dans la sexualisation : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/thumb/9/92/Spider-Woman_1_(2009).jpg/250px-Spider-Woman_1_(2009).jpg

    D’ailleurs Bruce a raison : ce sont des comics destinés à des hommes, pour des plaisirs simples et coupables, c’est leur but. Alors pourquoi vouloir les interdire ? C’est le retour de l’inquisition ? Oui, Bruce, Morrison a raison : rock et bd même combat. C’est évident, surtout que là je suis en train de lire le Fluide Glacial hors série sur Idées Noires. La situation mondiale était propice, et je pense que nous y sommes aussi.

    Bref tout cela m’insupporte terriblement, je suis colère les enfants. Idem pour la violence : elle peut être représentée, elle semble naturelle, alors que le sexe ou les femmes dénudées, non. Alors que dans la vraie vie, c’est tout le contraire.

    Les couvertures de Cho avec les OUTRAGE résument bien le problème et sont bien marrantes. Merci pour tout ça !

    En lisant l’article sur Plutona, j’ai oublié de faire une référence qui colle ici aussi : Juniors, de Bourhis et Halfbob, un road movie de jeunes avec la musique de Dinosaur Jr en filigrane. C’est très juste et plutôt touchant, j’ai bien aimé : http://www.futuropolis.fr/fiche_titre.php?id_article=790409

  • Matt  

    A propos de Shanna et de Cho, quelqu’un a tenté Savage Wolverine ?
    On en entend du bon et du moins bon, comme pour Shanna en fait. Le côté pulp semble diviser le public.

    • Présence  

      Je n’ai pas lu Savage Wolverine, ayant lu des critiques divisées entre du bon et du moins bon comme toi, et par le prix pratiqué en VO, peu attractif.

  • Tornado  

    J’aurais bien aimé en avoir une critique argumentée en effet. Il est sorti en deluxe en plus. Si c’est aussi fun, autonome et bien foutu que Shanna, ça peut être carrément intéressant.

    • Matt  

      Fichtre ! Vais-je devoir me sacrifier et tenter l’achat ?
      Je sens que je vais le regretter…avec ma chance habituelle quand j’achète un truc au pif.

  • Matt  

    J’ai beaucoup de questions aujourd’hui mais toujours dans le pulp et les personnages à moitié à poil, puisque tu parles de Red Sonja, il y a quelque chose qui tient la route dans les comics Red Sonja ?
    Je vois que Cho, Doug Murray et même Peter David ont participé.

  • Tornado  

    Pareil pour ces comics. J’ai failli m’y intéresser à un moment. Mais, ne trouvant aucune critique constructive, j’ai renoncé à faire mon complétiste.
    Je reste très preneur si tu te sens de te sacrifier pour Savage Wolverine ! 😀

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