Quand le rock s’unit à la mélancolie (SAEZ)

Encyclopegeek : Saez

Un poème écrit par KAORI

Illustrations de EDWIGE DUPONT

1ère publication le 31/01/20 – MAJ le 28/08/20

Collection personnelle de la jeune Kaori

Collection personnelle de la jeune Kaori

Les vendredis rock, c’est l’occasion de faire découvrir ou redécouvrir des groupes qui comptent pour nous, contributeurs. Si je ne devais choisir qu’un seul artiste, ce serait celui-là.
Parfois, on vit des rencontres musicales. Des artistes qui nous parlent, qui nous embarquent, le temps d’une chanson, d’un album, d’une décennie, d’une vie.
Et puis il y a des évidences. Des échos, des ressemblances. Des « cette musique, c’est moi ».
Et quand on a de la chance, on trouve l’artiste qui nous correspond. Qui met des mots sur ce qu’on n’ose pas dire. Avec la musique qu’on aime. Non. La musique qui touche cet endroit au tréfond de notre âme, de notre cœur… cette partie tapie qui ne se révèle à personne.
Saez, c’est ça pour moi.
En 20 ans, on a eu des hauts, des bas, des « je t’aime, moi non plus », des passions, des dégoûts, des rejets. Mais il est toujours là quand ça saigne à l’intérieur, comme un écho qui fait du bien.

Saez, c’est à la fois le nom d’un groupe et de son leader et tête pensante. Damien de son prénom, né en 1977, est un artiste clivant : écorché vif à la Cobain et Gainsbourg (dont il partage le goût pour l’autodestruction), anarchiste, provocateur, voix nasillarde et articulation étrange (il avait un accent très prononcé étant jeune : né en Haute-Savoie, enfance à Marseille puis à Dijon…, ceci explique apparemment les « i/é/è/a »), on disait en 1999, à la sortie de son premier album : « Saez, on adore ou on déteste. »sae_1

Artiste décomplexé, parfois carrément habité, impudique, inclassable. et provocateur, il n’est pas facile à écouter pour tout le monde. Il peut faire du rock, alternatif, pop ou agressif, évoquant parfois Radiohead ou les Smashing Pumpkins, de l’instrumental, de la chanson française (avec des hommages à Brel, Barbara, Ferré ou même Renaud) et est même passé par la techno/electro pour quelques titres (ISN’T IT LOVE et SEXE).
Certains diront que c’est un artiste « engagé ». Il leur répondrait qu’un artiste est forcément engagé, sinon ce n’est pas un artiste.
Saez agace. Par son arrogance, mais aussi parce qu’il dénonce, depuis 20 ans, les mêmes lieux communs. Le capitalisme, l’impérialisme, la société consumériste, l’inertie des peuples face à l’état du monde, la dégradation de la culture, la censure, le pouvoir.

On lui reprochera de ne savoir écrire qu’autour de ça, de ne pas se renouveler. Je leur dirai que tant que la société se portera mal, et tant qu’il pourra écrire, vous l’entendrez, comme ce poil-à-gratter qui rappelle que non, le monde ne tourne pas rond.
On ne peut nier son authenticité puisqu’il refuse lui-même d’être un produit de consommation, dans cette « meute aux médias ». Il a d’ailleurs quitté Universal en 2005 pour s’auto-produire.
Ses apparitions télévisuelles se comptent sur les doigts d’une seule main. Ses passages aux Victoires de la Musique restent des moments de grands malaises. Et lorsqu’il intervient dans une émission, c’est pour dénoncer la censure dont il est victime.

En effet, il a un certain goût pour la provocation, cherchant à réveiller les consciences, en utilisant souvent les images chocs, ce qui n’est pas au goût de tout le monde. Ses affiches promos seront donc régulièrement refusées ou modifiées dans les métros ou pour nudité, ou pour arme à feu, ou pour atteinte à la religion (je passe sur le phallus géant recouvert de dollars de l’album MIAMI)… Il emmerde un peu toute la bienpensance, en fait. L’ironie ultime étant quand ce sont des associations féministes qui hurlent à la misogynie quand il dénonce l’objetisation de la femme à travers une pochette montrant sa petite copine nue dans un caddie…
Damien Saez n’a jamais supporté la censure. On n’a plus le droit de fumer dans les lieux publics ? Il écrit le titre CIGARETTE, hommage au groupe The Clash et à son LONDON CALLING, continue de fumer pendant tous ses concerts et s’affiche cigarette à la main sur la pochette de son dernier album. Il déteste faire des concerts face à des téléphones, pourtant il n’empêchera personne de filmer. Par contre, il protège son œuvre sur Internet et demandera donc à son public de ne rien partager sur les réseaux sociaux durant les tournées…

Certains lui reprocheront son manque d’inspiration ou de créativité, parfois même des plagiats (qualifié parfois de « sous Noir Désir »). C’est là le gros point d’interrogation… Certains hommages sont assumés, confirmés, mais quelle est la frontière avec le plagiat ? Que doit-on en conclure quand une ligne mélodique est reprise à l’identique sous couvert d’un hommage ? Quand une intro est calquée sur un autre morceau ? On en trouve pas mal dans l’œuvre de Saez, lui-même reprenant ses propres mélodies ou accords sur différents titres…

Saez est un poète avant d’être un compositeur. Sa démarche n’est pas de « faire de la musique », mais de mettre en musique ses mots. Il reprend donc souvent les mêmes airs/accords/mélodies qu’il arrange différemment. Pour autant, il a su trouver son propre style. Ainsi, parfois, en commentaire sur certains titres , on peut lire « On dirait du Saez »…

Une chose est sûre : qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut nier le profil atypique qu’il représente dans l’horizon de la musique française.
PS : je dédicace cet article à notre Boss (qui doit s’étouffer dans son café en lisant ses lignes), tout simplement parce que je retrouve en lui certaines valeurs défendues par Damien Saez : l’insoumission, la lutte contre toute forme d’intolérance, mais surtout des coups de gueule qui dissimulent une profonde sensibilité et un grand humanisme…

1 – JOURS ETRANGES, 1999

A 22 ans à peine, Damien sort son premier album. Seul album qu’il ne fera pas seul. En effet, il a le soutien de William Sheller et est pris sous l’aile du regretté bassiste Marcus Bell, ex membre du groupe The Opposition, Londoniens exilés en France dans les années 80, aux influences très « Curiennes ». Ce qui explique peut-être le succès de l’album, sans doute le plus accessible au grand public, avec ses sonorités pop-rock.
Surnommé rapidement le « Petit Prince du rock » (double allusion à l’œuvre de St Exupéry et au magnifique titre PETIT PRINCE , il se présente arrogant, insolent, bref, le sale gosse par définition.)
Pour ce premier album, le thème dominant est à la fois délaissé depuis longtemps et pourtant évident : la jeunesse désabusée.
L’album de 12 titres est fait pour être écouté d’une traite puisqu’il n’y a pas de coupure entre les morceaux. L’écoute en mode « aléatoire » ou « random » est donc déconseillée ! Saez utilisera le même procédé sur l’album suivant.
On y trouve des morceaux très rock (JEUNE ET CON, SAUVER CETTE ÉTOILE, ROCK’N’ROLL STAR, AMANDINE II), des morceaux un peu « délirants » (JOURS ÉTRANGES, HALLELUJAH, CRÉPUSCULE), des petits bijoux de tristesse et de mélancolie (PETIT PRINCE, MONTÉE LÀ-HAUT (les mélomanes reconnaitront un air de Renaud…)) et une reprise d’un morceau de jazz (MY FUNNY VALENTINE).
Saez y dénonce la mondialisation, l’arrivée d’internet et du satellite, le côté « mouton » des « jeunes », celui inerte des « vieux », le star system (qu’il incarne dans le titre ROCK N’ROLL STAR). Il y aborde également le « feu suicidaire » de sa génération (SOLEILS 2000). Et un peu de « romantisme » (AMANDINE II, la fin de CRÉPUSCULE qui reprend une partie de MONTÉE LÀ-HAUT ( Je t’emmènerai loin de ce monde et je remercierai Dieu de t’avoir fait ; et les bras vers le ciel, je te tiendrai la lune si tu veux de moi, si tu veux un mois, un jour…)

JOURS ÉTRANGES est un album qui possède encore une certaine candeur et un côté assez pop dont s’éloignera Damien Saez dans les albums suivants.
On y retrouve une « forte inspiration » provenant d’Oasis (SUPERSONIC pour l’intro de JEUNE ET CON) et de Blur (SING pour J’VEUX M’EN ALLER).

JOURS ETRANGES, titre éponyme et hommage aux STRANGE DAYS des Doors : si je ne devais en garder qu’une, ce serait celle-ci. Celle qui a créé notre lien. Celle qui a déjà le schéma classique que j’aime : le calme avant la tempête. Cette douce montée qui progresse vers une explosion bien énervée et ses envolées lyriques. Peu importe qu’il reprenne ce schéma dans beaucoup de ses chansons. Sa voix me touche à chaque fois…


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Jours Etranges · Saez
Jours Etranges
℗ 1999 Barclay

2 – GOD BLESSE, 2002

En mars 2002, Saez revient avec un double album composé de GOD BLESSE et de KATAGENA.
GOD BLESSE est aussi rock que KATAGENA est intimiste.
Ce double album est sorti peu après les attentats du 11 septembre 2001, qui l’ont fortement influencé. Saez y exprime plus clairement ses idées politiques : anticapitalistes et surtout anti-impérialistes.
Avec des titres comme J’VEUX DU NUCLÉAIRE ou encore SOLUTION, purement rock, il dénonce ouvertement le système politique et appelle à la révolte. Un thème qui reviendra dans quasiment tous ses albums. (J’VEUX DU NUCLEAIRE ne passerait certainement plus aujourd’hui, pouvant presque être considéré comme un appel au terrorisme…)

Mais c’est aussi l’heure de l’amour. Saez déclare sa flamme à sa première muse, celle qui lui inspirera ses plus belles chansons : Katarzyna, qu’il surnomme Katagena (ou Kasia, selon les albums).
Il écrit ainsi de superbes titres comme SO GORGEOUS (Si l’Amour est un temple et qu’il y faut prier, comme on prierait le ciel, si l’Amour est un temple, toi tu seras ma religion…) ou encore NO PLACE FOR US (Mieux vaut tracer la route, traverser la lumière vers l’étoile perdue que de vivre à moitié, que de collaborer dans leur monde vendu) sur des mélodies pop ou mélancoliques.
Il (m’)offre aussi un titre à la fois simple et émouvant, rappelant la mélodie de Radiohead et leur sublime NO SURPRISES : PERFECT WORLD.
Et pour reposer les oreilles de ceux que la voix de Damien fait saigner pour l’article, j’ai opté pour une œuvre instrumentale :

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Light The Way (Interlune) · Saez
God Blesse
℗ 2002 Barclay / Universal Music

3 – KATAGENA, 2002

Dans cette deuxième partie, Saez révèle son amour pour Brel, Ferré et Barbara. Fini le rock, place à l’acoustique : piano, guitare, cordes.
Certains titres sont particulièrement difficiles d’accès (le monstrueux VOICI LA MORT, qui reste une œuvre impressionnante, du fait de sa longueur (presque 13 minutes…) et de ses multiples parties, et prenante avec son « maman » sorti tout droit de ses entrailles …), d’autres sont « seulement » des pistes instrumentales (c’était déjà le cas sur le God Blesse avec 5 titres uniquement instrumentaux).

D’autres encore rappellent Ferré et Brel avec USÉ ou MENACÉS MAIS LIBRES. À noter qu’il reprendra les premières paroles de MENACÉS MAIS LIBRES sur FILS DE FRANCE, un titre écrit en quelques heures et qu’il mit aussitôt en téléchargement gratuit, suite au 20 avril 2002. Le refrain s’inspire beaucoup du titre YOUTH NATION de P.O.D.. Je me rappelle qu’à l’époque, on pouvait en entendre une version (ou pub ?) radiophonique censurée. À savoir des *bip* à la place de « honte ». Parce que « Honte à notre pays, honte à notre patrie », ça ne se dit pas, c’est un gros mot. (Ah merde, Boss, peut-être que tu vas te faire censurer toi aussi, du coup…)
Tout ça pour dire que j’aime particulièrement USÉ (qu’il a écrit à moins de 25 ans, quand on y pense…) et MENACÉS MAIS LIBRES par l’espoir qu’ils dégagent. S’ajoutent à cela deux autres titres magnifiques : À TON NOM et SAINT PETERSBOURG.
A TON NOM dénonce les atrocités commises au nom de Dieu…

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A Ton Nom · Saez
God Blesse
℗ 2002 Barclay

4 – DEBBIE, 2004

Il s’agit d’un simple album. Il est l’antagoniste du GOD BLESSE : aussi noir que le précédent était blanc.
C’est un album assez différent de ce que Saez a fait et fera : un des albums que j’ai le moins aimé sur le coup. Moins engagé, moins « authentique ». Des thèmes qui me parlent beaucoup moins.

Porté sur le sexe et la drogue, je ne m’y suis pas pleinement retrouvée. Après la quasi perfection du deuxième album, j’en attendais sans doute trop.
Avec le recul, je dois reconnaître que c’est un de ses meilleurs albums rock. Et au final, c’est un de ceux que je préfère. Ironique, non ? Parce qu’il y a ces petites pépites, comme MARTA ou TU Y CROIS (un des rares textes – le seul ? – écrit par un autre que lui). L’album est arrivé 2ème dans les ventes de disque, ce qui n’est pas négligeable.
Le disque possède un titre caché, après 4 minutes de silence, à la suite du titre TU Y CROIS, dernière piste de l’album : SAKURA, une chansonnette japonaise chantée/racontée par des voix féminines japonaises sur une instrumentalisation typiquement Saezienne.
Mais il a marqué une coupure entre Saez et moi, à cause de AUTOUR DE MOI LES FOUS. À la limite du divorce. Damien déposait pour la première fois tout son mépris pour la « sous-culture ». Malgré ces mots, ça reste le titre que je préfère musicalement…

DANS LE BLEU DE L’ABSINTHE, pour cette voix grave que j’adore, un titre qui m’a servi de berceuse pendant plusieurs semaines tellement je le trouve envoûtant…

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Autour De Moi Les Fous · Saez
Debbie
℗ 2004 Barclay

5 – VARSOVIE, L’ALHAMBRA, PARIS, 2008

Comme Saez aime faire simple, cette fois-ci, il s’agit d’un triple album. Ecrit en 15 jours selon l’intéressé.
À noter qu’il est possible d’acheter l’album PARIS indépendamment , celui-ci étant plus accessible que les deux autres (ceux-ci étant uniquement en voix/guitare ou incluant des titres piano sans voix). Ce triple album est la thérapie de Damien Saez pour se remettre de sa rupture d’avec Katarzyna.

Dans le disque VARSOVIE, il annonce direct la couleur, avec des titres comme QUE TOUT EST NOIR, JE SUIS PERDU, ANÉANTI ou encore ON MEURT DE TOI.
Je me moque un peu, mais cela donne quand même de beaux titres malgré les lamentations (les pires étant JE SUIS LE CHRIST et JE SUIS PERDU). Quelques morceaux tirent leur épingle du jeu : VARSOVIE, où il relate un voyage en Pologne, DIS-MOI QUI SONT CES GENS, CEUX QUI SONT EN LAISSE, ON MEURT DE TOI…
Côté voix, si vous n’aimez pas les manières vocales de Saez, fuyez. Voix brisée, voyelles distordues, envolées quasi lyriques : je pense qu’il n’a fait qu’une seule prise pour chaque titre… même moi, j’ai du mal avec ses « è » qui deviennent « a » (c’est un de ses tics, déjà assez présent habituellement, mais là il s’est lâché !).
Mais il le reconnait lui-même, si ça c’est pas de la franchise : « Oui je sais je suis glauque, Avec mes chansons tristes, Mais j’emmerde le monde, Et il me le rend bien. »
Pour L’ALHAMBRA, ce n’est pas beaucoup mieux : CHANSON POUR MON ENTERREMENT, AU-DELÀ DU BROUILLARD, QUAND ON PERD SON AMOUR,

L’ABATTOIR.

Celui-là, je n’ai jamais réussi à l’écouter en entier… trop peu de mélodies… Le seul titre que j’apprécie et que j’ai découvert par hasard récemment, c’est TANGO. 9 minutes d’un tango qui se lance pour s’enflammer sur « L’amour, c’est la mort, et t’aimer c’est saigner » …
Enfin, pour PARIS, on a également droit à des titres sur la rupture : TOI TU DIS QUE T’ES BIEN SANS MOI, et une magnifique déclaration à Katarzyna avec KASIA.
Mais la plus emblématique, son étendard, son « NE ME QUITTE PAS » à lui, c’est l’incroyable PUTAINS VOUS M’AUREZ PLUS : longue litanie entrecoupée d’un refrain composé de « hé hé héhé hé » où il décrit avec détail toute sa peine. La magie étant que quiconque se prétend fan de Saez connait ce poème par cœur (jolie performance quand on sait qu’il n’y a pas de livret de paroles dans la plupart de ses albums). Et que, schizophrènes que nous sommes, nous les femmes sommes les premières à chanter avec lui que quand nous faisons l’amour, il n’y a qu’à la nature que nous tenons parole…

Mais Damien n’a pas perdu toute sa verve envers la société : c’est sur cet album que se trouve JEUNESSE LÈVE-TOI.
Ce titre détonne par rapport à tous les titres bien rock que Saez nous avait proposés en appel à la contestation. Guitare sèche, mélodie « légère », en contraste avec les paroles, et un clip qui parle de lui-même.
Et puis il y a des titres plus légers, comme S’EN ALLER, chanson d’amour douce, délicate, avec sa guitare et ses airs presque entraînants, LE CAVALIER SANS TETE (mes préférés) ou encore ON N’A PAS LA THUNE, encore une musique légère en contraste avec des paroles sombres, puis DES MAREES D’ECUME. Bon, ok, tout l’album…
Comme Damien n’a autorisé que quelques extraits de cet album sur YouTube, le choix est très limité, j’opte pour LE CAVALIER SANS TETE, titre qui illustre son côté « imaginaire ».

Le cavalier sans tête · Saez
Varsovie, L’Alhambra, Paris
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

Après cela est sorti un album entièrement en anglais (A LOVER’S PRAYER) sous le nom de d’artiste Yellow Tricycle sur lequel j’ai honteusement fait l’impasse, … Ouais, les 3 titres mis en ligne sur son My Space ne m’ont pas convaincue… Je crois que le mélange accent marseillais/dijonnais/anglais n’a pas marché sur moi… Pourtant j’adore les 3 titres en anglais de GOD BLESSE. Mais tout un album en anglais, hum, non, il me faut aussi sa plume.

6 – J’ACCUSE, 2010

Pour son sixième album (et le cinquième sous le nom de Saez), Damien nous offre un retour au rock agressif et engagé, pour quasiment tous les titres de l’album.
L’album commence par LES ANARCHITECTURES, qui résume bien l’amertume du chanteur, mélangeant clin d’œil aux Bérurier Noir et attaques envers la jeunesse (« Finie la parole sacrée, bonjour la parole au plus con, finis les ni bon dieu ni maître, l’heure est aux clients du paraître, fini le temps de nos jeunesses, fini le chant des rossignols, fini salut à toi mon frère, l’heure est aux champs des électrons, abonnez-vous peuple de cons par satellite à d’autres cons… ») …

Les thèmes sont dans le titre de l’album : tout le monde en prend pour son grade. Saez y va fort ; agressif, vulgaire, il veut montrer tout ce qu’il ne supporte pas dans notre société. PILULE s’attaque à la routine « métro – boulot – dodo », tandis que CIGARETTE dénonce le puritanisme qui s’empare peu à peu de notre société, sous forme d’hommage au LONDON CALLING des Clash. DES P’TITS SOUS, hommage aux PTITS TROUS de Gainsbourg, dénonce le monde qui tourne autour de l’argent, l’impunité des hommes politiques et l’exploitation de la main d’œuvre pas chère. Un des meilleurs morceaux de l’album. Une chanson anti-Macron avant l’heure.
SONNEZ TOCSIN DANS LES CAMPAGNES était sorti en écoute libre avec d’autres paroles. Elle s’appelait à l’époque POLICE. Dans SONNEZ TOCSIN, Damien reprend une partie des paroles des ANARCHITECTURES. Le seul titre que je n’aime pas de l’album. Trop agressif pour moi.
Vient ensuite le fameux J’ACCUSE. Accusé d’être une copie de l’HOMME PRESSE. Là où Noir Désir s’attaquait aux producteurs de télévision qui s’en mettaient plein les poches, Saez accuse le peuple d’être un mouton. Et une claque de plus dans la tronche de son public.


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Pilule · Saez
J’accuse (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Mu

Après avoir bien craché sur les auditeurs, Damien se calme et dévoile des petits morceaux plus légers comme LULA, REGARDER LES FILLES PLEURER (où il s’imagine idiot du village/psychopathe qui dessine des sourires sur les joues des princesses… Moi je voudrais leur dire qu’elles sont belles, puis qu’il faut pas qu’elles pleurent pour un idiot, puis qu’il faut qu’elles arrêtent d’être connes et de toujours tomber amoureuse de celui qu’il faut pas… »), MARGUERITE (étrange déclaration de non-amour mais amour quand même, rappelant DANIELLA mais en tellement plus jolie, plus poétique, mention spéciale à son « J’en ferais bien ma religion, j’en ferais bien mon horizon, c’est sûr que j’peux mourir demain tant qu’elle m’habite entre ses reins. »), TRICYCLE JAUNE (très enjoué, ça change), puis une petite ode encore à la révolution, avec LES PRINTEMPS, tristement mélancolique. Et un écho à son J’VEUX M’EN ALLER du premier album avec LES COURS DES LYCEES.sic

J’ACCUSE est pour moi son dernier bon album rock. J’en déconseille quand même l’écoute auprès des jeunes oreilles… J’ai arrêté son écoute en boucle quand mon fils de 2 ans et demie s’est mis à crier « CHAAAAATTE » quand on écoutait J’ACCUSE (« La carte bleue dans la… » …)


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Des p’tits sous · Saez
J’accuse (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

7 – MESSINA, 2012

MESSINA est un étrange album. Selon beaucoup de fans un des meilleurs. Moi je suis passée à côté. Il faut dire que j’ai l’habitude d’écouter un album non-stop et de m’en abreuver jusqu’à la lie. Or ici, il s’agit de nouveau d’un triple album, composé de LES ECHOUES, SUR LES QUAIS et MESSINE. 27 titres. Et malheureusement peu qui m’ont accrochée… Et puis il faut parler d’un des tics de composition de Damien : souvent le même accord qu’il joue pendant 6 minutes, puisqu’il n’y a pas de refrain, avec une montée en puissance ou une montée dans les aigus (souvent doublement de voix, une grave, une aigue), soit vers la fin, soit, au mieux, au milieu du morceau. C’est le cas de beaucoup de morceaux de MESSINA. Alors certes, j’adore cette manière de faire, mais je n’ai clairement pas eu la patience d’aller jusqu’au bout des 3 disques. Je pense que Damien applique à la lettre la règle qui dit qu’il ne faut jamais négliger les préliminaires… Mais Damien, parfois quand c’est trop long…
C’est avec la préparation de cet article que j’ai découvert de nouvelles merveilles, celles qui me hantent de nouveau, comme A NOS AMOURS l’avait fait à l’époque.

L’album dénote des autres albums de par les thèmes abordés. Pour la première fois, Saez aborde l’amour avec optimisme, comme dans la magnifique ROIS DEMAIN. Il rend également hommage à ceux qui l’ont élevé dans la musique et la culture, disparus depuis, dans CHÂTILLON-SUR-SEINE. Puis un hommage à Brel et CES GENS-LA, à travers MARIE. J’aime Brel pour ses interprétations, et j’adore CES GENS-LA pour le moment où « Il y a Frida ». C’est ce que Damien fait avec Marie, la statue de la Vierge, qu’il rêve d’emmener à Broadway (oui, il y interprète un esseulé complètement ivre). CES GENS-LA dure 4’39 minutes, MARIE, 6’36… Durée moyenne des chansons de Damien, soi-dit en passant…
LES MAGNIFIQUES est comme une réponse à CEUX QUI SONT EN LAISSE, mais avec tellement plus d’amour, tout en rendant hommage à la fois à Brel avec LE PORT D’AMSTERDAM et à Gainsbourg et à LA CHANSON DE PREVERT (« Les navires échoués se ramassent à la pelle »).

Bien que j’aime LES MEURTRIERES (superbe titre sur la rupture) ou ROIS DEMAINS, mais qui sont longues à se mettre en route, il y en a une qui marche immédiatement sur moi.
Rien de bien extraordinaire, des accords joués au piano, pas de refrain, des phrases qui n’ont de sens que pour lui et celle à qui elles sont destinées. Mais peu importe. Cette chanson pourrait être dans une autre langue que ça me ferait presque le même effet. Il pourrait parler de n’importe quoi que ça serait pareil…
Et ce moment où sa voix aigüe se rajoute à sa voix grave, pour dire ces doux mots : « Il paraît que l’océan chante »… voilà la chanson qui m’accompagnera jusqu’au bout.

À nos amours · Saez
Messina (Les échoués, Sur les quais, Messine) (Extraits)
℗ 16 Art under exclusive licence to Cinq 7 / Wagram Music

Alors, avant d’attaquer la suite, deux mots sur l’album qui a suivi Messina. En 2013 est sorti MIAMI, l’antithèse de MESSINA. Quand l’un représentait la France d’avant, l’autre part dans les extrêmes de l’Amérique. J’ai détesté, et je déteste toujours. Le seul album que je ne peux pas réécouter. Et celui qui a marqué la fin de mon assiduité envers Saez. Oui, un triple album dont je n’aime pas tous les titres, un simple dont je n’aime aucun titre, c’était fini, remballé, au revoir fidélité. Je ne parlerai donc pas plus de MIAMI, succession de titres agressifs et sans aucune saveur auquel je n’ai pas adhéré.

8 – LE MANIFESTE 2016 2019

Après MIAMI, je suis quand même revenu à Saez… Pourquoi ? Parce qu’il a le chic pour « m’envoyer » des messages par des voies détournées… Les réseaux sociaux, notamment, à coup de « Je n’aime pas Saez, mais… ». C’est comme ça que j’ai renoué avec le Sieur Damien…
Mais sinon, LE MANIFESTE, qu’est-ce que c’est ?  Concrètement, cela se résume à cela :
2016 : sortie de l’album L’OISEAU LIBERTE, composé de deux disques dont un de trois titres (j’ai appris récemment qu’il s’agissait en fait d’un préambule à l’album d’après, deux des trois titres se retrouvent donc sur LULU).
2017 : sortie de LULU (triple album, Acte II du Manifeste)
2018 : #HUMANITE (Acte III)
2019 : NI DIEU NI MAITRE, qui reprend 15 titres des 3 précédents albums, et 24 inédits.

Je passerai sur les 3 premiers actes parce que d’abord je n’ai que le premier, et puis parce qu’on en retrouve une partie dans ce MANIFESTE 2016 2019. C’est donc de lui dont on va parler.
Concrètement, il s’agit d’un double album composé chacun de deux disques… Premier album : L’HUMANITE, deuxième album : L’HUMAIN.
La pochette : recto : Damien qui fume, verso : Damien/Jésus Christ. On ouvre et là, une claque : en lettres capitales blanches sur fond noir : à gauche NI DIEU, à droite NI MAÎTRE. On déplie encore, et là on voit les 4 listes de pistes : deux pour L’HUMANITE, deux pour L’HUMAIN.
J’ai encore du mal aujourd’hui à comprendre vraiment l’intention derrière ce quadruple album.

Les thèmes abordés sont variés : bien sûr, il y a tout le volet politique, avec ces 7 titres sortis gratuitement en EP sous l’intitulé LIBERTAIRE, à l’occasion des 1 an du mouvement des Gilets Jaunes. D’où est extrait le fameux MANU DANS L’CUL (pour ceux qui ne sont pas au courant, c’est un titre dans lequel Saez s’imagine être un Gilet Jaune qui s’en prend vertement à notre Président et à sa femme… sur l’air du PETIT ANE GRIS d’Hugues Aufray !). Mention spéciale à CAMARADE PRESIDENT, plus fort et raisonné que MANU DANS L’CUL et qui présente l’intensité et les accords d’A NOS AMOURS… Mais il y a aussi un certain nombre d’œuvres qui m’ont complètement prise au dépourvu. Je connaissais le Damien contestataire, je connaissais le Damien romantique, mais je ne connaissais pas le Damien humaniste… Et surtout, au vu de l’album GOD BLESSE et de ses propos envers les stars exilés pour ne pas payer d’impôts, je ne m’attendais certainement pas à plusieurs titres hommages aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, et encore moins à un hommage au Taulier…sae_5

Et puis il aborde des thèmes plus personnels, comme la mort de son grand-père maternel, centenaire immigré d’Algérie. Il aborde également la fin de vie et la façon dont on laisse mourir nos « vieux », dans ses « abattoirs pour vieux où l’on stocke la viande », dans l’émouvant MA VIEILLE (« C’est elle qui perd la tête et c’est moi qui ai mille ans… »). Il y a également beaucoup de titres sur les femmes, la plus marquante étant NONNE OU PUTAIN, un équivalent à MARIE OU MARYLIN mais en beaucoup moins rock et plus flatteur, dans laquelle il clame, pour le plus grand plaisir de ses fan.e.s que « la Femme est Dieu sur Terre ». Il rend aussi hommage à Renaud avec LULU qui rappelle MANU, mais surtout avec MA GUEULE, dans laquelle il reprend la mélodie de EN CLOQUE pour aborder le thème de la paternité.
Enfin, il y a des titres totalement WTF, avec BONNIE, qu’il a dû écrire complètement torché ( Bonnie torchée, Bonnie torchon, Qui donne à bouffer aux cochons ) ou encore BURQA ( Moi j’dis « Les moches en burqa et pis les bonnes en bikini »)
On retrouve également ses critiques sur la société et les réseaux sociaux, ainsi que sa vision de la province et plus globalement de la France, des déclarations à diverses femmes imaginaires et des hommages à Notre-Dame-de-Paris.

En termes de composition, c’est un peu moins varié qu’a son habitude… l’écriture est identique sur beaucoup de morceaux, à savoir la répétition des mêmes mots à chaque début de ver (« Il y a », « C’est », « Je suis » etc., selon les chansons). Musicalement, on repart sur son style classique : des accords identiques pendant 6 minutes, avec des arrangements. Beaucoup de titres très calmes, et puis certains qui remuent bien (BONNIE et BURQA en tête).
Personnellement, il ne détrônera pas les premiers albums, puisqu’il souffre ce que je reprochais déjà à MESSINA, c’est-à-dire un ensemble très hétérogène, pas de bons titres rock, et, il faut le dire, une certaine paresse niveau paroles et aussi mélodique pour un certain nombre de titres…
Maintenant, on peut espérer qu’après une fin d’année 2019 difficile, Saez se reprenne en main et nous revienne en meilleure forme, à tous les niveaux…

J’ai opté pour celle qui est la plus rock à condition de tenir les préliminaires de 4 minutes. Je souligne l’exploit que ce type est capable de faire : arriver à rendre modernes les vieux prénoms comme MARGUERITE et maintenant celui-ci. C’est ainsi que, si vous pouviez me voir derrière mon écran, vous me verriez en train de hurler « GERMAAAAAAAIIIIIINE » le volume à fond….

Provided to YouTube by Wagram
Germaine · Saez
Germaine, Jojo, Mandela (Extraits de l’album « Le Manifeste 2016 2019 Ni dieu ni maître »)
℗ 16 Art under exclusive license to Cinq 7 / Wagram Music

Voilà, le tour d’horizon est terminé. J’avoue, j’ai pris mon temps pour écrire cet article, pour plusieurs raisons : quand je me remets à écouter Saez, c’est comme une drogue… Puis je dois faire un sevrage forcé, pour remettre mes idées au clair et penser à autre chose, avec interdiction de replonger. Et puis, cet article me tient particulièrement à cœur car il présente une partie de moi assez importante que je ne confie que rarement, et même difficilement…
Enfin, cette immersion fut un réel plaisir. Il s’agit même du seul article que j’ai pu lire, relire et modifier sans gêne aucune ! Parce que quoi que j’en dise, cet artiste, par sa musique, ses mots, sa voix, fait déborder mon cœur comme aucun autre…

Bonus, parce que quand j’aime, c’est passionnément, et donc j’en ai encore sous le coude : un inédit qui n’a vécu qu’en live, jamais sorti en album, mais qui aurait mérité de l’être…sae_0

——

En B.O. : un titre emblématique, en espérant que ça arrive le plus tard possible… :

121 comments

  • Kaori  

    Un premier commentaire pour saluer le travail d’Edwige… C’est fou comme tu as réussi à retranscrire toutes ses émotions…
    J’ai un gros coup de coeur pour le premier portrait, même s’ils sont tous magnifiques.
    J’adore, c’est un plaisir de partager cet article avec ton talent…

    Bon, sinon, les hyperliens n’ont pas marché, je reviendrai ce midi les mettre en commentaire.

  • Ed'  

    Bonjour Kaori et à tous. Mon portrait préféré n’a pas été retenu par Bruce, j’aurais pu lui en sortir 12 ^^, il a dû me freiner dans mon élan ! Cette collaboration était vraiment un réel plaisir ! Et ravie de découvrir ton article ici , tOooop !!! Un garçon extrêmement inspirant. Tout domaine artistique confondu ! L’article le retranscrit fort bien ! Au plaisir Kaori ! Et merci Bruce pour cette demande.

    • Kaori  

      Edwige, je veux bien voir tes autres œuvres et notamment ta préférée…

      Je suis plus que ravie de cette collaboration non préparée !

  • Eddy Vanleffe  

    félicitations à toutes deux.
    je n’ai eu le temps de tout écouter avant de partir au taf’^^
    j’ai d’abord pris ce jeune homme pour une sorte de Noir désir du pauvre et Jeune et con me semblait être une diatribe bien pensante de l’époque.
    et puis j’ai oublié l’existence de ce chanteur convaincu qu’il était une « One hit wonder ».
    ce fut les partages sporadiques de kaori qui m’ont fait rejeter une oreille puis deux à ce chanteur et je l’en remercie.
    si je ne deviendrai pas fan du jour au lendemain, je reconnais facilement qu’il est un acteur important de la scène chanson rock française. on le raille parce qu’il est engagé, ce serait drôle s’il était moins seul en ces temps d’anesthésie générale.
    Non, longue vie à ce genre de musique, qui réveille, fait réfléchir, e tient les rails de l’humanisme.
    En ce moment j’adore l’humoriste LA BAJON qui reprend un peu le boulot laissé en suspens par Coluche comme Saez quelque part hérite de gens comme Renaud que l’article cite à plusieurs reprises.
    bon dans les faits effectivement son usage intensif des leitmotivs, ça passe ou ça casse… mais c’est sympa dans l’ensemble.
    -Jours étranges: démarque de noir désir clairement, ça s’écoute mais je ne saute pas au plafond.
    -A ton nom: joli et acoustique, désabusé sur le sujet mais je trouve La cerise de Matmatah plus réussie avec un choix de mots plus percutant.
    -j’ai passé l’orchestral pour me le faire plus tard au calme
    -quelque chose de bizarre m’a fait perdre le compte , car je n’ai aps vu le clip de autour de moi les fous ce matin…
    -je suis donc passé au Cavalier Sans tête que j’ai apprécié sans surtout pour cet accord tendu tout du long.
    -Les pilules: génial, rock, teigneux, presque punk. j’adore totalement paroles et musique.
    quelques chose met dit que l’album (je connais aussi la chanson j’accuse) est fait pour moi.
    je me suis arrêté là et je reprendrai ce soir…
    merci pour cette découverte.

    • Kaori  

      Ah, Eddy !
      Je suis contente de faire redécouvrir cet artiste vite classé et oublié. Le seul titre qui passe encore en radio est toujours JEUNE ET CON, qu’il ne joue pour ainsi dire jamais en concert.

      Oui, le J’ACCUSE pourrait bien te plaire.

      Tu n’as pas AUTOUR DE MOI LES FOUS parce qu’il était en hyperlien.
      Je te le mets ici : https://www.youtube.com/watch?v=xxsLSXAjrgo

  • Bruce lit  

    Alors je reviens plus tard, mais clap-clap pour ce vrai article rock Kaori, il y a du level, ça me plait. Quand j’ai annoncé à mon frère ce matin que je publiais du Saez, sa réaction a été immédiate : traître !
    Parce que Saez, c’était effectivement du sous Noir Desir que je n’avais déjà pas en très haute estime à l’époque.
    Mais l’article si généreux de Kao’ et sa si touchante dédicace arrivant à point nommée après une semaine passée avec les nouveaux Torquemada prêts à ouvrir des camps de rééducation pour toutes pensées déviantes m’ont persuadé de sauter le pas.
    Et…
    Et…
    J’ai écouté tout VARSOVIE ce matin et je suis (très) impressionné. Oui il y a du Brel, du Brassens, du Ferré chez cet homme. Le gars en fait trop mais met ses tripes sur la table, l’album est minimal, pas produit avec juste une voix en une prise et une guitare sèche !!!
    Mais comment diable le mec a réussi à vendre ça à sa maison de disque ?!!
    J’ai beaucoup aimé cet album, je pense me l’acheter demain (avec photo sur FB pour le prouver), j’écouterai les singles demain.

    Pour info, effectivement Edwige est passée en mode maniaque et me filais une illustration par jour, j’ai dû la stopper ! Je suis ravi de ce teamup si complémentaire entre le mot et l’image et de découvrir cet artiste sur le tard.

    Merci

    • Kaori  

      Merci Bruce, tu ne peux pas savoir comme ça me fait plaisir.

      Oui, Saez est raillé, c’est le vilain petit canard du rock, mais aussi parce qu’il est s’est coupé de tous les médias pour faire ce qu’il avait envie lui. C’est aussi le cas du VLP (Varsovie-L’alhambra-Paris) qui est le premier album de sa propre maison de production.
      Il se fait de l’argent avec son site culturecontreculture, qui moyennant un abonnement propose des inédits, des avant-premières, des courts-métrages et des vidéos de live. Les albums et les concerts ne lui rapportent en revanche rien du tout.

      Tu as raison quand tu parles de mettre ses tripes à l’air, c’est exactement ce qui m’a touché dans cet album.

      Ah, je vous mets ici PUTAIN VOUS M’AUREZ PLUS : https://www.youtube.com/watch?v=rGSA5AxH4Fs

  • Jyrille  

    Bravo Kaori pour ce très bel article plein de passion ! Celle avec Saez, je ne la partage pas et je ne la partagerai jamais, mais celle sur la musique, oui , je comprends donc complètement.

    « Il leur répondrait qu’un artiste est forcément engagé, sinon ce n’est pas un artiste. » C’est vrai. Je suis complètement d’accord avec lui sur ce point.

    « Une chose est sûre : qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut nier le profil atypique qu’il représente dans l’horizon de la musique française. » Et là je suis d’accord avec toi. Je n’aime pas Saez mais je ne peux pas lui enlever cette intégrité et sa présence unique.

    D’après ce que j’ai pu glaner, le gars peut faire des concerts de quatre heures ou de trente minutes, seul ou accompagné d’un groupe ou d’une pianiste, et surtout, tout ceux qui écoutent parlent tout d’abord de ses textes.

    Je veux bien croire qu’ils soient bien, car le peu que j’ai lu de lui est bien écrit, très littéraire, ce qui le situe en ligne droite des grands, Gainsbourg et Ferré en tête.

    Mais j’ai un problème avec Saez : je n’aime pas sa musique. Et pour moi, elle vient en premier lieu lorsque je dois écouter un disque. J’ai évidemment subi son Jeune et con dès les débuts, j’étais jeune actif à l’époque. C’était du sous Noir Désir, y compris dans le chant, et tout ce qui a suivi n’a fait que confirmer ce fait. Je n’ai donc jamais chercher à le découvrir.

    Récemment j’ai demandé à ma femme de me faire écouter quelques titres emblématiques du monsieur de ces dernières années. Au bout de cinq chansons, je n’en pouvais plus : chant horripilant (sous Léo Ferré ou sous Bertrand Cantat), ritournelles sans intérêt, rien ne m’a plu. Saez, ce n’est pas pour moi.

    Mais je vais tout de même écouter le panel que tu présentes, pour réessayer, pour suivre ton texte. Dès que c’est fait, je reviens commenter, titre par titre.

    J’ai une connaissance, pianiste professionnelle, qui a joué avec lui il y a quelques années. Elle était la seule accompagnatrice de ses concerts. Elle était mitigée : parfois un vrai con, parfois super intéressant, refaisant le monde toute la nuit, charismatique à crever. Le gars ne la prévenait pas des changements de set list, lui faisait jouer trois titres au lieu des neufs prévus etc… bref, une expérience intéressante qu’elle n’a pas envie de renouveler si je me souviens bien.

    • Kaori  

      @Jyrille : Ta connaissance ne fait que confirmer ce que j’ai lu ici ou là. Et ce que j’ai pu voir sur certaines vidéos de concert.
      Si le public n’est pas assez actif pour lui, il se barre au bout de 30 minutes. Mais les bons soirs, c’est du 3h30 minimum.

      A Grenoble, pas loin de sa ville natale, dans son concert de fin 2019, il a voulu changer par rapport à ce qu’ils font habituellement sur J’VEUX QU’ON BAISE SUR MA TOMBE. D’habitude, l’accordéoniste lance la ritournelle, Saez et le public reprennent. Sauf que ce soir-là, Damien ne voulait pas que l’accordéoniste commence. Sur un coup de tête, il voulait entendre son public…
      https://www.youtube.com/watch?v=rGSA5AxH4Fs
      A 5min30, ça dure une dizaine de secondes… J’aurais pas aimé être à la place de l’accordéoniste. Juste un regard, mais qui veut tout dire…

      Le bonhomme n’est pas commode, c’est avéré. Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé l’Ours par sa communauté de fans.

      Concernant les concerts, non, il n’y a jamais eu aucun concert filmé ET commercialisé. Il a fait quelque sessions filmées pour des chaines comme MCM ou Canal+ en début de carrière, mais c’est tout.

      Concernant Dolly, oui, j’avais acheté l’album à l’époque. Et effectivement, JE N’VEUX PAS RESTER SAGE était un de mes titres préférés. Mais il n’y a eu qu’un album… Ca n’arrivera jamais à la cheville de l’intensité que je ressens en écoutant Saez !

      Concernant les paroles, ça dépend des titres. Je pense que certains ont été écrits à la va-vite, comme JE SUIS, qui est au départ comme une liste de ce qu’il défend, puis tout à coup c’est le contraire, c’est tout ce qu’il déteste… Comme je le dis dans l’article, je pense qu’il y en a qu’il a écrit dans un état second.
      https://www.youtube.com/watch?v=Jxw7K_8lwmc

      A côté de ça, tu as les textes de MENACES MAIS LIBRES, ou même USE qui sont quand même plus construits.

      @ Bruce : une visibilité ? Mais il n’en veut pas !
      Et je pense qu’il reste pour beaucoup le sous Noir Désir, le faux Brel. Je reste persuadée qu’il est plus que ça, malgré certaines faiblesses.
      Auteur, compositeur, amateur de Baudelaire (le premier 3 titres que j’ai acheté contenait une adaptation musicale d’un texte des Fleurs du Mal…. C’est là que le Jeune et Con m’a convaincue d’acheter son album…), à tout juste 22 ans… Non, il n’a certes pas le talent de Brel (Ferré je n’aime pas donc je ne jugerai pas), mais je le placerai toujours au-dessus de Bertrant Cantat, et pas qu’à cause de la polémique mais bien pour le talent…

      @Eddy : Ah !! Ravie d’avoir un deuxième converti !!!
      Tu sais que j’ai longuement hésité à faire cet article, parce que l’avis de Jyrille est celui qui prédomine dans la masse populaire, et donc dans les lecteurs, mais aussi les contributeurs. Mais il y avait aussi une partie de moi, surtout parce que tu m’as dit d’y aller, de le faire connaître, une partie s’est mise à y croire, que peut-être, en découvrant un peu plus l’artiste, certains de mes chers collègues apprécieraient…
      Rien ne peut me faire plus plaisir que de vous lire le découvrir et l’apprécier, Bruce et toi…

      • Jyrille  

        Merci pour les précisions Kaori ! Cela dit, Mylène Farmer a elle aussi adapté du Baudelaire, L’Horloge, tiré des Fleurs du mal, on en avait pas parlé ?

        J’ai oublié de citer Eiffel qui, après un premier album plus varié, ont eux aussi commencer à sonner trop Noir Désir pour moi.

        https://www.youtube.com/watch?v=Gt96EJwBbs8

        • Kaori  

          Bon, il faut que j’explique (et que donc je mette un lien, ha ha) pour Delphine et Hippolyte.
          Il s’agit pour moi d’une rencontre musicale, d’un compositeur-arrangeur, qui posait devant moi tout ce que j’aimais dans la musique sans même l’avoir jamais su ni même entendu.
          https://www.youtube.com/watch?v=ZTpwWUH5XRs
          Une musique qui sonne comme une damnation…
          Ne me dis pas que ça sonne Noir Désir ou Brel…

          Eiffel, je les entends en ce moment sur Ouï FM. Je ne connaissais pas avant cette année. C’est pas mal, mais vocalement, c’est encore plus proche de Bertrant Cantat que Damien Saez. Niveau groupe français, je préfère La Maison Tellier. .

          • Jyrille  

            Rahlala tu en ajoutes des tonnes je sais pas quand j’aurai le temps d’écouter tout ça ^^

            Je ne connais pas La Maison Tellier au-delà du nom. Ca a à voir avec Sebastien Tellier ou pas ?

        • Bruce lit  

          Et avant, le 1er fut Gainsbourg à adapter Baudelaire dans cette superbe samba : https://www.youtube.com/watch?v=Wdp1kI5sA6Y
          Je viens d’écouter l’hommage à Johnny et j’en suis très ému. C’est superbe, un portrait tout en nuance du rockeur camionneur, j’adore. C’est paru sur un album ?
          J’ai écouté l’album GOD BLESS, les trois premières sont vraiment convaincantes, les autres bcp moins. Mais je suis lent en musique. J’ai besoin de digérer, d’assimiler et là ça me fait 4 albums de Saez dans la même journée. J’aime y aller album par album et un à la fois.
          Vraiment surprenant.
          Il y a 30 ans, une fille, ma correspondante américaine m’enseignait en 24 heures Pink Floyd, les Pixies et James Dean.
          Aujourd’hui c’est « ma » contributrice.
          J’aime ce genre de détail.

          • Kaori  

            Oui Bruce, c’est paru sur le tout dernier album, le quadruple, LE MANIFESTE.
            Celui-là, « malheureusement », pour le découvrir, faut payer ;). Tu as quand même les 7 titres de LIBERTAIRE et les 3 extraits (JOJO, MANDELA, GERMAINE), mis en ligne gratuitement, plus certains qu’on retrouve sur les précédents albums (et donc sur YouTube).

            Bruce, ,j’aurais dû me douter que, partageant tant de choses en commun, ça « matcherait » entre vous deux. J’en suis plus que ravie…

          • Jyrille  

            Alors, j’ai écouté une fois JOJO et franchement j’ai trouvé ça ridicule… mais bon, je ne suis vraiment pas client.

  • Jyrille  

    Quant aux dessins de Edwige, respect total. Ils sont à la fois personnels et très proches de la réalité.

    • Ed'  

      Merci à tous. J’ai travaillé ces illustrations a l’encre de chine, au pinceau sec. A l’instinct, cette technique me semblait adaptée à Saez : noir et intraitable.

      • Bruce lit  

        J’en avais déjà parlé à Edwige cet été , mais à ce stade de sa carrière chez Bruce Lit, je souhaiterai faire un article best-of des dessins qu’elle préfère et qu’elle nous en explique la conception.
        Hein, que c’est une bonne idée ?

        • Eddy Vanleffe  

          TOTALEMENT!

          • Jyrille  

            Ouais !!

        • Tornado  

          Oh que oui !

  • Bruce lit  

    Light the Way : instrumental très convainquant.
    A ton nom : plus conventionnel, à mon avis ça fonctionne mieux en album dans un contexte qu’en single
    Absinthe : mon alcool exclusif depuis 2 ans, forcément ça joue. Très belle ambiance qui me rappelle les disques de Deus ou de Venus. Des tics d’interprétation mais qui n’en a pas ? Ca sonne vraiment bien et punaise, c’est vraiment pas commercial. Je prends.

    • Eddy Vanleffe  

      j’ai l’impression Bruce que tu as un à priori assez du rock made in France….non?

        • Eddy Vanleffe  

          négatif…excuse moi… je mange mes mots par écrit…

          • Eddy Vanleffe  

            personnellement clairement
            petit, dans mon HLM, on écoutait du Renaud, parce que dans l’air du temps (80-85), il donnait l’impression d’être notre porte parole, alors qu’il romançait tout à plaisir. il était le « roman prolétaire français », l’anar fastoche et en plus de son talent et rien d’autre.
            Brel Brassens, Ferré, Hallyday, le classique c’était les disques des parents,et donc de la merde pour nous…
            de la bonne musique pour moi ça a longtemps été allemand ou anglais. rien d’autre.
            puis Thiéfaine a fait son entrée et là, ce fut le début d’une grand histoire personnelle.; ça me fait penser aussi au ressenti de Kaori sur Saez…^^
            je vais même vous dire, c’est comme si j’étais pas français. pendant longtemps je ne savais même pas qui étaient tous les Higelin, Sheller, Jonasz ou Nougaro… ça existait tout simplement pas.
            n’écoutant que des radios spécialisées comme Canal 9 ou Oui FM ou encore Classic 21 (Belgique)… je zappe totalement le lanterneau franco-français.
            c’est tout un pan que je redécouvre depuis quoi…10 ans?
            par contre j’ai eu une période où je ne trouvais plus rien outre-manche non plus et j’ai jeté mon dévolu sur la vague du moment Matmatah, Merzhin, Dolly, Vendetta, Autour de Lucie, Dionysos…. une vraie cure qui m’a remis les idées en place.

          • Bruce lit  

            Le rock français est assez médiocre, je ne veux même pas en entendre parler à quelques exceptions près. Par contre j’adore la variété et la chanson française, je ne m’en cache pas.
            Renaud a des morceaux assez rock. c’est un personnage rock. Respect.

          • Eddy Vanleffe  

            J’ai vraiment du mal à te cerner là dessus Bruce…
            Le rock est plus un état d’esprit chez toi qu’un son ou une musique j’ai l’impression.
            Parce que Renaud rock? il ne s’en réclame même pas…
            lui il est plus chanson réaliste,chanson française, folk irlandais à la rigueur…
            c’est quand même pas parce que ‘est un poivrot qu’il est rock? parce que là c’est plus une musique, c’est un diagnostic…^^

          • Bruce lit  

            Oui, pour moi c’est un package…

            Les albums ROUGE SANG ou MISTRAL GAGNAN, c’est dur Rock (La chanson sur le Scrabble ou La pêche à la ligne)

            Jouer dans un stade russe avant la chute du mur, c’est du rock. S’y faire humilier par les autorités, c’est rock.

            L’ascension, la chute, la rédemption, les come back plus ou moins réussis c’est rock. Les amitiés avec Coluche, Gainsbourg, Johnny Clegg et Desproges aussi. C’est rock dès qu’il y a du romanesque, du personnage, du drame comme Brel ou Piaf qui sont rock à leur manière.

          • Jyrille  

            J’ai un peu la même vision que Bruce sur le rock. De toute façon c’est très personnel au final.

          • Eddy Vanleffe  

            je comprends mieux nos oppositions alors…
            pour moi tout ça c’est de l’intox..^^
            Desproges conchiait le rock…
            Grandeur et décadence c’est Rome… ça ne m’émeut que quand ils font une biopic…
            non moi, et je dois ça à ma maman, le rock c’est un rythme et un son…guitare basse batterie… assez large tout de même.
            de Hound dog à Shaka Ponk…

          • Bruce lit  

            Oui, Desproges était fan de Richard Cosciante. Il pouvait pas avoir bon partout hein…
            La grandeur et la décadence fait partie de la mythologie rock depuis Elvis. On aime ou pas, mais c’est ainsi.
            Dylan est rock à partir de Highway 51 Revisited. Et Renaud a bcp de sonorités Dylan.
            Renaud est également une rock star à la fois accessible et parano, lucide et toxique, populaire et mystérieux.
            C’est une star pour tout ce qui pourrait motiver un biopic. Les gars de Shaka Ponk que j’aime beaucoup tout comme les gens de La Femme sont des musiciens, il n’y a rien de romanesque, ils sont « juste » axés sur la musique et c’est ok pour moi.
            Saez me parait être entre les deux : un musicien effacé mais qui de par son refus du système est intéressant à suivre. Il lui manque une vraie visibilité.

          • Matt  

            Je suis complètement avec Eddy pour le coup^^
            Ce que font les artistes en dehors de leur musique, ça ne m’intéresse pas.
            Et même si ça m’intéressait, il faudrait déjà de base que j’aime leur musique pour me préoccuper de ce qu’ils font en dehors. Donc c’est secondaire.
            Ensuite n’importe quel idiot peut se montrer provocateur et vulgaire, emmerder la police ou je ne sais quoi pour faire le buzz.

          • Eddy Vanleffe  

            …et bien Matt, l’âme de l’artiste, c’est important parce que c’est constitutif de ce qu’il écrit. In my Life de Lennon ne pourrait juste pas exister par un autre artiste.
            mais en dehors de l’homme qui écrit qui mérite qu’on s’y penche… effectivement après ça, leur « parcours people » ne me touche pas…
            la plupart des « exploits » sont juste faux et grossis par les journaleux…
            l’histoire de Renaud en URSS où en coulisse il récite deux strophes de « Fatigué » comme s’il la composait en deux secondes devant tout le monde, ça m’a toujours paru d’un FAKE total. qui me fera croire que les russes ont compris la moindre ligne de ce que chantait une chanteur Français? La vaste blague.

          • Eddy Vanleffe  

            Je connais la vidéo, mais j’y crois pas c’est tout… Je suis très difficile à convaincre quand je vois les caméras autour d’un chanteur…

          • Jyrille  

            Cela dit, pour cette histoire d’attitude rock, ça ne suffit pas en soi. Certains l’ont mais n’en font pas (Royal Blood par exemple), certains ne l’ont pas mais en font (Genesis, Peter Gabriel etc…). C’est très subjectif. Et j’aurai tendance à dire que Renaud a toujours fait de la chanson française, mais tout comme Brel et Ferré, il a une attitude un peu rock.

          • Bruce lit  

            C’est le plus rock des années 80 quand même Cyrille. Il ne joue pas dans la même catégorie que Goldman, Berger, Souchon ou Cabrel. Son univers mâtiné de Voyous à la Margerin et d’images de BD, c’est du rock. Il avait un look de motard et on oublie aussi une vraie gueule. Axel Bauer aurait pu avoir le truc de voyou au coeur tendre si son cargo n’avait pas coulé. Lavilliers sans doute aussi mais lui il était plus musique du monde.

          • Jyrille  

            Vu sous cet angle oui, Bruce, je suis d’accord. Mais quand j’écoute ses disques, sachant que mon préféré est Laisse béton (ou Place de ma mob) on ne peut pas dire que ce soit très rock musicalement.

          • Tornado  

            Ce qui m’a toujours gêné, dans les discussions ici, c’est qu’on puisse estimer que « rock » est une qualité. Le rock, c’est un style. Qu’il soit musical ou de l’ordre de l’attitude, c’est seulement un style. A la limite, c’est un état d’esprit. Mais ce n’est en RIEN une qualité. Il existe des hordes de rockers purs et durs qui sont juste nuls. Et inversement des artistes qui n’ont rien de rock mais qui sont brillants.
            Enfin, c’est juste mon avis quoi. Et ce n’est donc pas un critère d’évaluation recevable en ce qui me concerne.

  • Jyrille  

    Bon allez, c’est parti. Autre chose : respect pour la productivité du monsieur qui n’hésite pas à faire des doubles albums, des triples… il y a des live ?

    Jours étranges : sa façon de chanter m’horripile déjà. Musicalement c’est de la chanson française déjà entendue plein de fois, avec un certain vernis rock, très Noir Désir en fait. Tu as écouté l’album de DOLLY vers la même époque ?

    https://www.youtube.com/watch?v=M-4UjCItiTQ

    Le cavalier sans tête : même chant que Bertrand Cantat vers pendant DES VISAGES DES FIGURES. Musicalement aussi, ça me rappelle tellement LE VENT NOUS PORTERA. Ce n’est pas du tout ma came (y compris chez Noir Désir qui pour moi s’arrête à leur double live DIES IRAE).

    Pilule : ah, du Téléphone ! Avec un peu de Thiéfaine, et de Ferré. C’est pas désagréable, mais à la première écoute, ça se prend trop au sérieux pour que je me décide à l’écouter, surtout que j’ai déjà entendu ça des dizaines de fois.

    Des p’tits sous : toujours pareil pour moi, comme Le cavalier sans tête. Je ne suis même pas certain que ces litanies répétitives soient si pertinentes. Tiens, en plus marrant, ça me rappelle un titre des Casseurs Flowters que je trouve très malin : https://www.youtube.com/watch?v=oN_m4v6VWE8

    La suite plus tard (oui j’ai sauté des titres en plus, pas le choix ^^)

    • Eddy Vanleffe  

      J’ai la sensation d’avoir découvert tout ça dans la fin des années 90 début 2000 une fourchette de 1998 à 2002. après j’ai pas un ordre précis, j’étais en retard sur certain, pionnier dans les autres..ça se mélange…

      • Jyrille  

        Oh moi aussi j’ai découvert Thiéfaine assez tard. Je connaissais avant mais je n’avais pas eu envie de l’écouter autrement que chez les potes… Par contre j’écoute vraiment Renaud depuis mes premières années de fac, vers 1992. Et Téléphone, c’était au lycée… Quant à Noir Désir, ce sont eux qui nous ont donné envie de nous acheter des instruments, dès 92 donc.

        • Eddy Vanleffe  

          élevé par mon grand frère j’ai commencé Renaud avec le Retour de Gerard Lambert…
          et Thiéfaine avec Autorisation de délirer parce que mon oncle le chantait quand il apprenait la guitare…

          • Tornado  

            J’ai toujours détesté Téléphone. Et Higelin aussi. Et Thiéfaine et Renaud m’ont toujours laissé complètement indifférent (avec un réel agacement envers cette attitude empruntée de mec tout le temps énervé pour Renaud). C’est une génération de chanteurs/rockers français que je n’aime pas du tout. De la même période (70’s), mes chanteurs français sont davantage à chercher du côté de Jonasz, Sheller, Bashung, Manset, Berger, Polnareff, voire Souchon.

  • Eddy Vanleffe  

    Je continue
    Debbie: c’est très sympa, ça me dit quelque chose d’autre mais je ne sais pas quoi.
    Les ptits sous: très sympa, électrique, un texte aux super allitérations.
    Pareil pour Germaine: jusqu’au boutiste…
    A nos amours, entêtant mais ça me parle moins, j’ai l’impression qu’il a besoin d’une certaine intensité pour briller.

  • Kaori  

    Je rajoute quelques titres.

    Pour Bruce : ça fait deux mois que je me retiens de partager ce titre avec le Boss, persuadée qu’il détesterait Saez : https://www.youtube.com/watch?v=LW_nMKW8kfM
    J’aimerais te faire partager MA VIEILLE, malheureusement introuvable sur le Net pour l’instant. Faudrait que je la mette sur mon PC et que je te la partage…

    Pour Patrick, parce que quand je vois ce montage, je pense à Patrick et ses visites de Paris : https://www.youtube.com/watch?v=Ym5pWvcKGSQ

    Pour Eddy : si tu veux du rock :
    https://www.youtube.com/watch?v=YD5MwXqy_jQ
    https://www.youtube.com/watch?v=Mr6xwQgMdyU
    https://www.youtube.com/watch?v=5N1Av-rGbYs

    • Patrick 6  

      Waow dans le 1000 Kaori ! Le morceau sur les bords de seine est une merveille !

  • Kaori  

    Si tu savais, Cyrille… Y a tous mes hyperliens qui ont disparu 🙁 J’avais dû en mettre près de 20, je crois que ça a buggé… Ou alors j’avais pas le bon code, faudrait que tu me files ça en MP !

    Non, ça n’a rien à voir avec Sébastien Tellier. En fait, je ne trouve aucune information en mode « lecture ». Je sais que les 5 membres se font tous appeler Tellier, mais ne sont pas de la même famille…

    Pour en revenir à Mylène, elle était indissociable de Laurent Boutonnat à cette époque. Donc, oui c’était un bon morceau, mais pas un ovni comme ce que j’ai entendu avec Saez.

    Je t’avais pas dit que quand je commençais à être branchée Saez, je pouvais plus m’arrêter ???

    • Jyrille  

      Non… mais je m’en rends compte… et toi, te rends-tu compte qu’il va me falloir au moins une ou deux semaines pour venir à bout de tous tes liens tant je ne suis pas du tout confiant dans ces écoutes ?

  • Patrick 6  

    Ah Saez ! Bon alors disons le, pendant des années j’ai fait parti des gens qui qualifient ce chanteur de « Noir désir du pauvre » au même titre que Luke et autres vices cancérigènes… Et puis une certaine Kaori est arrivée, et surtout l’hommage appuyé aux gilets jaunes « Manu dans le cul » ! Bon alors ce morceau on ne peut pas dire qu’il soit très fin ni très subtil, mais Woaw ! c’est quand la dernière fois qu’un groupe/chanteur a attaqué aussi frontalement le pouvoir en place ? On pense au Wampas avec « Chirac en prison » ou les Bérus et toute la scéne alternative à la fin des années 80… Mais à part ça c’est un peu marée basse. Au milieu de ce paysage politiquement correct Saez passe pour un génie ! Du coup j’ai acheté son dernier album. La vache 4 cd !! J’ai cru à une erreur d’impression « Oh ils ont mis 2 fois les même disques » mais non ! Vraiment 4 CD !! Bon ok c’est une vraie fausse compil, mais quand même ce truc est un suicide commercial !! Tout le monde sait que plus personne n’écoute d’album en entier (à part quelques aliens de mes amis ^^) mais en faire 4 d’un coup !! Bref si ce disque n’est pas parfait, loin de là (la vache un CD est construit avec exactement la même structure : guitare sèche avec les 2 même accords dont tu parles et la voix avec un maximum d’écho, façon église… et puis des citations littérales à Brel à gogo… La vache on approche dangereusement la frontière qui sépare l’hommage du plagia). Bref le disque n’est pas parfait, mais il contient certaines perles incontournables ! Voilà qui me donne très largement envie de me pencher sur le reste de sa discographie ! Et puisque ton article semble m’y encourager je vais les écouter dans l’ordre ^^

    • Kaori  

      Tu es courageux, Patrick, commencer Saez par la fin, c’était risqué ! Je suis tout à fait d’accord avec ton analyse. Quels sont tes titres préférés ?

      Contente que les bords de Seine t’ait conquis.
      J’ai cru remarquer que tu aimais bien un certain Monsieur Lavoine. Ça me semblait correspondre à la douceur et à la mélancolie de cette chanson.

  • JP Nguyen  

    A nouveau la passion… on perçoit bien que Kaori est carrément mordue et qu’Edwige aurait encore pu réaliser 1000 portraits de plus…
    J’ai une préférence pour le premier, celui avec la barbe. Ed, ton style et ta technique n’arrêtent pas d’évoluer et de s’enrichir, et c’est chouette à voir au fil des articles.

    Maintenant la musique…
    Question : si c’est un chanteur à textes, pourquoi il ne fait pas d’efforts pour qu’on comprenne les paroles ?
    Punaise, sa voix ! Encore que ce n’est pas toujours la même sur toutes les chansons, mais dans la majeure partie des cas, la voix m’a donné envie d’appuyer sur pause au bout de 15 secondes de chant.

    Je retiens Pilule, où la diction est un peu plus claire, et où les paroles me parlent bien (« pour qu’un actionnaire nage avec les dauphins »). Mais je trouve le morceau trop long et pas structuré. C’est un gros défouloir pour le chanteur énervé.

    Donc merci, car je ne m’étais jamais penché sur cet artiste…
    Et non merci, car sa voix et son style ne me parlent pas suffisamment.

    • Matt  

      Je suis hélas un peu de l’avis de JP pour le coup.
      Je n’ai pas développé moi-même et je suis bien content qu’il exprime ma pensée parce que bon…je dois faire des efforts pour ne pas être vexant^^
      Donc désolé Kaori mais vraiment…pas mon truc.

    • Kaori  

      Ha ha 😀

      Ne te formalise pas, Matt, je savais très bien en me lançant dans un article sur Saez que je serai loin d’avoir tous les suffrages. Comme je le dis dans l’article, sa voix est à double-tranchant.
      A vrai dire, je pensais que tout le monde détesterait. Au final, je ressors victorieuse, puisque j’ai réussi à faire trois nouveaux adeptes (ce qui était loin d’être gagné, comme vous le soulignez tous les deux).
      Rien que pour ça, ça valait le coup.

      Quant au fait d’être vexé, tout est dans la façon de le dire. « C’est pas mon truc, je déteste sa voix, j’aime pas cette musique », ça passe beaucoup mieux que « c’est de la merde ce que tu aimes » ^^

      • Bruce lit  

        Saez s’inscrit dans une tradition rock : celui de s’en foutre et de le montrer : s’habiller comme un clodo pour aller chez Nagui, marmonner comme Gainsbourg. C’est une démarche : celle de ne pas plaire d’emblée et d’être découvert par ceux qui se donneront la peine d’aller au delà des apparences.
        Je le comprends et je comprends ceux qui ne veulent pas se donner la peine de faire cet effort.

        • Kaori  

          Tu as bien résumer, Bruce.

          Je crois qu’il y a eu aussi une volonté de briser son image de beau gosse.
          A une époque, il prenait le temps de se vêtir « normalement », mettait du gel dans les cheveux. Sauf qu’il s’est retrouvé avec des groupies qui lui hurlaient « Damien je t’aime » en plein concert, ce à quoi il répondait radicalement « Ta gueule » 😀

          Depuis 2008, il a changé de look, si on peut appeler ça un look : prise de poids, cheveux longs et sales, tenues de clochard (chez Taddeï il est venu avec un gilet digne de nos grands-pères), gilet de sport pour les concerts. On a l’impression que son allure est le dernier truc dont il se soucie. Mais tu as sans doute raison, ça fait partie du message.

        • Matt  

          Mais Bruce, arrête avec cette histoire d’attitude.
          Je m’en contrefous de ça moi.
          C’est pas parce qu’il s’habille mal ou je ne sais quoi que ça va influencer ou non sur le fait que j’aime le son, la voix, la musique.
          Tourné comme ça, tu sembles dire qu’on ne fait pas d’efforts. Et que si on en faisait, on aimerait. Genre c’est de la fainéantise de notre part, c’est pour ça qu’on n’aime pas.
          Je m’insurge ! Pas d’accord !
          ça te plairait que je dise que si t’aimes pas les groupes que je présente, c’est parce que tu fais aucun effort ?

          • Kaori  

            Zen, Matt.
            Bruce dit que justement, il comprend ceux que cela peut rebuter. Le terme « effort » n’était peut-être pas approprié.

            Il dit juste que lui, comme d’autres, sont passés à côté de Saez, à cause des apparences, de son attitude… Et que pour découvrir le vrai Saez, il faut aller au-delà.

          • Bruce lit  

            Matt, cette histoire d’attitude, c’est important pour moi. Je me suis construis là-dessus toute ma vie
            Je ne veux vexer personne, surtout pas mes copains. Surtout pas cette semaine et ses clashs avec tous ces coeurs sensibles et susceptibles sur FB et Twitter.
            Donc je reformule : la rock attitude a certains clichés : se comporter comme un morveux mal luné pour dire fuck.
            Il y a des personnes que cette attitude va rebuter comme Eddy, Présence ou toi (je l’ai dit : à juste titre) et d’autres que ça va attirer (Kaori et moi).
            Je ne traite personne d’idiot. Ma femme est comme toi. Or j’aime ma femme.
            Donc par extension…
            Paix, vraiment….La semaine a été dure…
            Merci

          • Matt  

            Pour moi, si le son te déplait, tu peux avoir plein de choses à raconter derrière, une vie passionnante, tout ça…ben il n’empêche que le son te déplait^^ Donc ça marche pas.
            Je comprends que Bruce ait une vision romantique de la musique et accorde de l’importance à ce qui se passe derrière, aux intentions derrière les notes, tout ça. Mais je ne suis pas d’accord pour dire que c’est ça la « vraie » nature de la musique, et que c’est de ta propre faute si t’es pas capable de le voir par fainéantise.
            Surtout que la musique est sensorielle, pas intellectuelle.
            T’as pas à réfléchir ou approfondir des recherches pour aimer une mélodie ou un timbre de voix.

            Je suis zen^^ Mais je peux quand même exprimer calmement mon désaccord non ?
            Le commentaire de Bruce me donne l’impression que j’ai jugé une personne et non son art. On ne fait pas d’effort pour comprendre le mec et l’apprécier. Mais pour moi c’est 2 choses différentes. J’ai rien contre le mec, je le connais pas. C’est peut être un mec super. Je n’aime juste pas son art.

          • Matt  

            Promis Bruce, tout est relax, tout va bien^^
            Le seul souci, sujet à malentendus avec cette vision de la musique qui consiste à ne pas différencier l’artiste de son art, c’est que j’ai l’impression qu’à chaque fois que je reproche un truc à la musique, j’ai l’impression que tu te sens obligé de défendre le mec derrière.
            Mais j’ai rien dit à propos du mec moi^^ Ma propre perception des choses fait que je ne juge personne en dehors du résultat de son art.
            Donc peace, tout ça hein^^

  • Thierry Creutz  

    Article tout à fait exceptionnel ! Il sort clairement du cœur, clairement.
    Pas la peine de disserter mille ans ce que que l’on aime, pas, déteste, adore, quasi vénère, inutile, à chacun ses ressentis selon ses envies, besoins peut être.
    Je crois juste que Saez est un piège, impossible de s’en sortir quand il t’a tenu, une seule fois, après c’est trop tard, foutu …..
    Merci à toi pour ce superbe article.

    • Kaori  

      Merci beaucoup pour ce message qui me touche en plein cœur…

      Et oui, Saez, c’est tout à fait ça…

      Merci encore…

  • Ed'  

    Merci pour ton retour JP, c’est encourageant 😉 Quand Bruce à évoquer l’arrivée de l’article de Saez, je lui ai demandé en mp qui en serait l’auteur. J’était déjà très enthousiaste à l’idée de découvrir les écrits de Kaori. Puis quelques jours plus tard il m’a demandé si j’étais partante pour un portrait. J’avoue avoir carburer durant 12 heures tellement inspiré par cet artiste. J’ai découvert très tard Saez, il y a 6 ans avec  » J’veux qu’on baise sur ma tombe ». J’ai pris une baffe magistrale avec tout son répertoire. Ça restera ma plus belle demande de Bruce !! Frustrée cependant de n’ avoir pu choisir mes photographies avec ce souci de droit d’ auteur et Bruce est intransigeant la dessus. Il y aurait tellement encore à sortir !!! Je ne suis pas pour autant groupie mais cependant très administrative de son taf et de sa personne. Je crois qu’a travers mon travail fourni pour le blog, ça se ressent un p’tit peu quand même ^^ Donc pas de posters de Damien accroché dans mon atelier ni de meug à son effigie. Du Bilal et Gess en revanche 😀 ahahah ^^

  • Présence  

    Une présentation de l’artiste très vivante, et indispensable en ce qui me concerne car je n’avais jamais entendu parler de ce monsieur. Les références (Radiohead, Smashing Pumpkins, Brel, Barbara, Ferré, Renaud) m’inquiètent plus qu’elles ne me rassurent 🙂 car ça ne correspond pas à mes goûts. Le principe de l’auto-édition me parle déjà plus comme gage d’intégrité artistique. Cette introduction m’a tout à fait convaincu en ce qui concerne ce profil atypique dans l’horizon de la musique française.

    Les dessins d’Edwige viennent compléter le portrait dressé par Kaori et par les photographies, révélant d’autres facettes de l’artiste, qu’elle a su déceler.

    Jours étranges : facile et sympa à écouter, pas désagréable, sans que ça me donne envie de réécouter.

    Light the way – Superbe instrumental, ça me parle.

    A ton nom – Joli duo.

    Dans le bleu de l’absinthe – J’aime beaucoup la façon de parler du ressenti de la communication instantanée, de ce volume d’informations impossibles à assimiler par un être humain. L’instrumentation n’est pas très étoffée, mais ce n’est pas choquant à mes oreilles.

    Le cavalier sans tête – Les paroles ne me parlent pas, et la voix de petit garçon induit une forme de naïveté étrange.

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