Regrets Eternels (Bullshit Detector : Xmen Forever)

 Xmen Forever par Chris Claremont et Tom Grummett

Première publication le 12/01/15- Mise à jour le 19/12/20

Par   : BRUCE LIT

VO : Marvel

VF : Panini (kiosque)

Une couverture mal cadrée pour le premier épisode...Ca commence bien...

Une couverture mal cadrée pour le premier épisode…Ca commence bien… © Marvel Comics

Publiée par Marvel entre 2009 et 2011, Xmen Forever est une maxi série de 43 épisodes. Elle contient un début et une fin (avortée). Panini a tout publié dans leurs revues en kiosque.

Cet article portera sur l’ensemble de cette série et comportera dans son intégralité des Spoilers Majeurs portant sur l’ensemble de la série.

Chris Claremont et les Xmen c’est une longue et douloureuse histoire d’amour. On ne va pas vous refaire  tout l’historique du papa des Xmen modernes, l’ami Stéphane s’en est chargé dans son excellent dossier ici. Disons juste en préambule que l’homme qui présida les mutants durant 16 ans est un cas d’école de fidélité ou de masochisme à Marvel, c’est selon.

Débarqué comme un malpropre en 1991, Marvel – c’est suffisamment exceptionnel pour être mentionné- a su faire acte de contrition depuis un quart de siècle en ré-embauchant Claremont  à plusieurs reprises: Xmen, Xcalibur, Wolverine, Xtreme Xmen, XMen: The End;  autant de séries où son retour en fanfare donna lieu à l’annulation systématique de son travail.

Allez, zou !

Allez, zou !… © Marvel Comics

Le gentleman britannique ne semble jamais en avoir pris ombrage. Bien au contraire, il signe avec cet Xmen Forever son énième come back le plus ambitieux. Il s’agit d’un gigantesque What if : et si papa Claremont n’avait pas quitté les Xmen, quelles histoires aurait il écrit après la période Jim Lee ? A ce niveau, difficile de différencier le volet artistique du cynisme de Marvel. Honnêtement qui a besoin sur le marché d’une série X-Men de plus ? Quel sens donner aux histoires d’ un type viré 20 ans plus tôt dévoilées depuis des lustres dans la presse ?  Car, bien sûr au bout de deux ans, alors que toutes les intrigues n’ont pas été conclues, la série est – once again- annulée….

Pour autant, Xmen Forever vaut il le déplacement ? Oui, car pour tout fan des X-Men, on y trouve plein de bonnes idées ! L’histoire reprend juste après la mort de Magnéto sur l’Asteroïd M. Et dès le départ, Claremont frappe fort, très fort. On comprend ce qui a pu le séduire dans ce projet : la liberté totale de tuer qui il veut sans aucun espoir de résurrection ! Et tout au long de ce run, le carnage est total ! Trois X-Men majeurs meurent ainsi que deux Vengeurs  !

Exit le griffu !

Exit le griffu ! © Marvel Comics

Dès le premier épisode donc, le plus conservateur des fans a de quoi faire une attaque ! Wolverine sur la piste d’un criminel meurt brûlé vif assassiné par….Storm ?!  Ouais ! La plus fidèle des X-Woman, l’héroïne au centre du run historique de Claremont devient une ordure de première ordre dont on apprend qu’elle est une tueuse infiltrée parmi les Xmen depuis des mois ! Pourchassée par ses anciens amis, mutilée par Kitty Pryde,  Storm prend le contrôle du Wakanda après avoir assassiné T’Challa. En menaçant d’annexer l’île de Genosha, elle déclenche un incident international qui risque de tourner à la guerre entre Xmen et ces abrutis de Vengeurs… Il faut attendre le dernier épisode pour comprendre les motivations d’Ororo.

Alors que Charles Xavier est de nouveau évincé par Claremont, le nouveau mentor des Xmen est Nick Fury qui prend ses quartiers à Salem Center avec toute la gentillesse et la finesse qui le caractérise. Le couple Scott-Jean Grey est dissout !  Sabretooth et Mystique rejoignent les Xmen ! Kurt Wagner retrouve une apparence humaine ! Une organisation puissante infiltre le SHIELD pour détruire les mutants ! On apprend que la famille Stark et Trask sont liées !  Que tous les mutants sont atteints du Virus Burnout les condamnant à mourir jeunes. Un vilain inédit apparaît dans le giron de M.Sinistre. Et enfin, surgit une autre Tornade enfant cette fois, tandis que Kitty Pryde hérite de la personnalité de Logan, d’une griffe en adamantium et de son healing factor.

Le nouveau mentor des Xmen avait des choses à leur dire....

Le nouveau mentor des Xmen avait des choses à leur dire…. © Marvel Comics

De ce côté là, l’acheteur d’Xmen Forever en a pour son argent ! Du changement en veux-tu, en voilà, des coups de théâtre, des morts en pagaille et des sub-plots à rallonge ! Claremont est en pleine forme et se régale.

Loin des intrigues soporifiques et embarrassantes de Bendis, qui comme à son habitude n’hésite pas à se servir chez les autres  (le Burnout, l’idylle entre Jean Grey et Henri Mc Coy), Chris Claremont démontre qu’un papy peut encore donner de sacrés coups de pieds dans le cocotier ! Et on ne peut que se réjouir dans un univers si burné (sic), qu’il ne mette en scène essentiellement que des personnages féminins (une autre idée que lui empruntera Brian Wood, autre grand winner devant l’éternel…).

Les fans du run historique de Lobdell et Nicieza en auront pour leur argent aussi ! Cyclope ne se marie plus avec Jean Grey ! Il est cocufié en bonne et due forme par Logan qui consomme enfin son amour pour la rouquine, qui, quant à elle,  batifole à son tour avec tous les mutants poilus après la mort de Logan….

Gambit ne court plus après Rogue, Xavier est de nouveau un emmerdeur castrateur que Claremont renvoie Shi’arer  dans l’espace, et Nathan Grey, sans que l’on sache comment n’est jamais devenu Cable. Le petit garçon est élevé par son grand père (Corsair) et son oncle ( Havok ) et continue d’être kidnappé ad libitum….

Tu me rappelles quelquun...

Entre l’odeur, les poils et les cheveux, tu me rappelles quelqu’un toi… © Marvel Comics

Pourtant, la série aussi bouillonnante soit elle est loin d’être une réussite.  Ce changement que Claremont impose, apparaît souvent factice, obligé, forcé. De l’évolution certes, mais encore faut il qu’elle soit bien amenée et crédible. Sous prétexte d’évolution, Kitty se transforme en pétasse vulgaire et insupportable, Mariko Yoshida en mégère psychotique, Storm en bitch et Jean Grey a les hormones qui lui démangent. Attention, il ne s’agit pas d’être choqué par l’évolution de sa sexualité mais plutôt par la brutalité avec laquelle Claremont la met en scène.

Scott Summers inversement a perdu tout charisme, Sabretooth censé être la wild card de l’équipe après la mort de Logan est trop facilement intégré dans l’équipe et Mystique perd toute ambivalence pour devenir une sainte nitouche qui se félicite à chaque scène de voir ses enfants Rogue et Nightcrawler si bien s’entendre !

Si Claremont a revisité son écriture ( il a gardé quelques bulles de pensées, c’est plus fort que lui, mais dans l’ensemble les personnages s’expriment en voix off), c’est toujours très bavard, chaque épisode met une plombe à commencer et la psychologie des personnages semble peu naturelle, froide et plaquée. S’il réhabilita intelligemment le vilain Magnéto par le passé, il est difficile de croire que Mystique et Sabretooth sont passés du côté des anges en quelques épisodes sans aucune explication.

C’est d’ailleurs là le second point faible de ce run. Sans doute vexé par ses fans qui l’accusent à raison de mettre constamment en scène des X-Men victimes de Mind- Control, papy Claremont a trouver un nouveau moyen de les faire s’affronter entre eux : les clones  ! On le savait fan de Star Wars, c’est effectivement l’attaque des clones !  On apprend ainsi que le Sabretooth qui décima les Morlocks était un clone !  Véritable enfant de choeur, il admet quand même être celui qui persécutait Logan chaque année pour son anniversaire après avoir violé Silver-Fox… C’est inadmissible de la part d’un scénariste féministe qui avait écrit cette histoire comme manifeste de la brutalité masculine !

Le gentil Victor Creed contre le méchant Sabretooth

Le gentil Victor Creed contre son clone Sabretooth…soupirs… © Marvel Comics

Et puis c’est quoi cette histoire de clones venant de quelqu’un qui n’a jamais digéré que Madelyne Pryor soit celui de Jean Grey ?  Le grand chamboulement promis par Claremont, c’est finalement du toc et la liberté promise par Marvel reste bien limitée !

Comme dans l’univers classique de Marvel, les super vilains ont disparu ! Exit les Arcade, Proteus, Sinister, Apocalypse ou Magnéto. Les Xmen affrontent des clones : celui de Sabretooth donc, puis celui de Wolverine et de Storm… Ou des anciens amis devenus fous. Et bien sûr les Vengeurs à deux reprises.

Mais où sont les super vilains ?

Mais où sont les super vilains ? © Marvel Comics

Et Clameront est plutôt léger question rigueur : il demande à son lecteur de gober que Kitty Pryde puisse hériter d’une griffe en adamantium, de la personnalité de Logan et de ses pouvoirs par simple opération du saint esprit , qu’aucun télépathe de l’équipe n’ait pu détecter une fausse Storm dans l’équipe et que Mariko Yoshida déjà cocue du vivant de Logan se transforme en bitch machiavélique jalouse de Jean Grey.

Vexée, elle organise donc le génocide de ses anciens amis qui lui ont sauvé la mise plus d’une fois…De la part d’un Bendis qui ne connait pas ses tables de multiplication, ce serait compréhensible. Venant du type qui présida toutes ces histoires c’est très embarrassant…

Mariko Yohshida is a Jerk. Même elle en perd la voix...

Mariko Yohshida is a Jerk. Même elle en perd la voix… © Marvel Comics

Côté dessin, Tom Grummet et ses copains effectuent un travail honête. C’est mignon à regarder, la mise en scène reste très paresseuse et toujours incertaine voire incompréhensible. Cyclope change de costume à chaque épisode, le look que Jim Lee donna aux mutants est conservé pour quelques épisodes avant d’être abandonné pour un design moins pire que celui de Salvador Larocca mais tout de même très laid. Notamment Gambit qui ressemble à un proxénète en costard cravate dans les égouts des Morlocks. Ce pauvre Cajun fait d’ailleurs de la figuration incapable de retrouver son statut d’icône des 90’s.

En moins de 43 épisodes, Chris Claremont dynamite le statu quo de la série qu’il enfanta et propose réellement des histoires différentes à ce qu’il a pu être écrit dans les années 90. Toujours aussi imaginatif, plein de panache, Claremont parvient à tirer à plusieurs reprises à tirer son épingle du jeu.

Oh ! ma tête.....

Oh ! ma tête….. © Marvel Comics

Pour autant, le papa des Xmen peine à retrouver la voix des personnages !  Ce fameux Burnout qui atteint les mutants ne serait ce pas celui de Claremont ? Jean Grey, Storm, Cyclops et Gambit sont méconnaissables. Ceux qui vénèrent l’auteur de la Saga du Phenix Noir, de Proteus ou de Days of Future Past repartiront déçus. Le Claremont d’ici, c’est celui d’Inferno ou de Xtinction Agenda qui sentait déjà le bout du chemin… Il montre ici que Liefeld et Lee ne furent pas les seuls responsables de ce carnage.

Comme d’habitude 80 % des intrigues sont laissées en jachère et Claremont, qui a plus de come-back que Frank Sinatra, est viré. Il est actuellement revenu écrire pour un Nightcrawler fraîchement ressuscité.  Une histoire sans fin décidément….

Hello Kitty !

Hello Kitty ! And goodbye… © Marvel Comics

28 comments

  • Nicolas Giard  

    Papy Claremont a été au top de son écriture dans les années 80, c’est devenu un vieil emmerdeur radotant.

    Dommage.
    Ceci dit, respect tout de même pour le raconteur d’histoires que nous avons connu autrefois.

  • Matt  

    Tiens à propos ça n’a pas grand chose à voir, mais j’ai été surpris de constater que les revues « les étranges X-men » de Lug n’ont pas si mal vieilli contrairement aux Strange et Titans de l’époque. le papier est meilleur. Tornado avait raison en disant que son « Adieu Tornade » était en bon état. J’aurais pas cru. Je me demande si les « une aventure de l’araignée » et autres récits complets Marvel tiennent encore la route. Il y a moyen de choper des trucs dont je me privais.

  • Kaori  

    Bon, je comprends mieux le principe. Et je pense effectivement que je vais passer mon tour sur cette lecture !

    J’aime bien la remarque sur la couverture mal cadrée, c’est vrai, c’est quoi ce truc ?!

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