Resurrection Or Not Resurrection ? (LA RESURRECTION DE MA GNUCCI)

PUNISHER WAR ZONE  : LA RESURRECTION DE MA GNUCCI par Garth Ennis & Steve Dillon

Par : TORNADO

VO : Marvel Comics

VF : Panini Comics

Première publication le 11/12/19- MAJ le 29/02/24

 Le retour de la vieille peau ? © Marvel Comics / Panini Comics

Le retour de la vieille peau ?
© Marvel Comics / Panini Comics

Après avoir égrainé ici quasiment toutes les versions du PUNISHER par Garth Ennis, dans son premier one-shot, dans sa version MARVEL KNIGHTS, sa première maxi-série WELCOME BACK FRANK avec Steve Dillon (également sous le label MK), son passage dans le label MAX, puis chaque arc du label en question, voire quelque tardive mini-série, restait-il encore du matériel inédit ?

Affirmatif : Les six épisodes de la série PUNISHER WAR ZONE (Vol. 2), réalisés par Garth Ennis & Steve Dillon en 2009. En VF, Panini Comics a un peu tout embrouillé en publiant cette saga dans sa collection PUNISHER MAX. Mais en vérité, LA RÉSURRECTION DE MA GNUCCI est tout simplement la suite de la maxi-série WELCOME BACK FRANK, du label MK !

 Premier épisode, page 3… © Marvel Comics

Premier épisode, page 3…
© Marvel Comics

Avant de commencer : Cette mini-série est classée sous la bannière PUNISHER WAR ZONE, laquelle bannière est suivie de la mention « (Vol. 2) », car un premier volume éponyme (aujourd’hui suivi très logiquement de la mention « (Vol. 1) », donc) date de 1992 à 1995 (à une époque où le personnage bénéficiait de trois séries à lui tout-seul !). Il s’étend sur 40 épisodes et deux annuals, et il est en grande partie écrit par Chuck Dixon et dessiné par John Romita Jr. Il s’agit d’ailleurs d’un run très apprécié par les fans du personnage, qui reste honteusement inédit en VF.
Un film intitulé PUNISHER WAR ZONE (PUNISHER : ZONE DE GUERRE en VF) existe également. Il est réalisé en 2008, avec Ray Stevenson dans le rôle titre (l’interprète de la série TV ROME). Il s’agit d’une création totalement distincte.
Fin du préambule.

Alors, comme tout le monde le sait, notre bon vieux Frank a trucidé le clan des Gnucci, principale famille de mafieux new-yorkais, dans la saga WELCOME BACK FRANK. A la fin de la dite saga, la vieille Ma Gnucci, horrible marâtre régnant sur le clan du même nom, réduite à l’état de femme-tronc par notre justicier préféré, finissait brûlée vive et était donc laissée à l’état de charbonnade.
Notre récit commence au moment où la rumeur prétend que Ma Gnucci est de retour et qu’elle est plus que jamais décidée à se venger du Punisher ! Aurait-elle vraiment ressuscité ?

Du début à la fin du récit, Garth Ennis entretient le doute quant à cette éventuelle résurrection mais il s’agit d’un MacGuffin. En réalité, le Journal de Guerre qui donne son nom à la série est tenu par le fils d’Elite, l’un des justiciers des quartiers bourgeois qui tentait de suivre l’exemple du Punisher dans WELCOME BACK FRANK. Justicier que Frank avait froidement abattu à la fin de la maxi-série. Et bien évidemment il souhaite se venger…

Tel père (à gauche), tel fils (à droite)… © Marvel Comics

Tel père (à gauche), tel fils (à droite)…
© Marvel Comics

Le temps de six épisodes, Ennis relâche la pression, sort du marasme crépusculaire de sa version MAX pour renouer avec le ton beaucoup plus léger et sarcastique de l’ancienne version MK.
Le lecteur retrouve ainsi certains personnages qu’il avait quittés quelques années auparavant, au premier rang desquels la caractérielle Molly Von Richtofen, inspectrice de police lesbienne frustrée, qui effectue ici un retour en grandes pompes aux côtés d’un Punisher qui laisse entrevoir, face à certains personnages, quelques petites touches de tendresse discrète ou, à tout le moins, un soupçon de magnanimité… Nous faisons par ailleurs la connaissance d’un nouveau protagoniste en la personne de Charlie Schitti, le chauffeur du parrain Pete Alceno, que ce dernier a condamné à mort après que Charlie ait refusé d’abattre le singe qui a énucléé l‘insupportable fils du mafieux…

Reconnaissons-le : Garth Ennis ne fait montre ici d’aucune velléité de développer un sous-texte de quelque nature que ce soit. Alors qu’on pouvait s’attendre à ce qu’il règle ses comptes avec l’univers des super-héros Marvel et leur gimmick débile (mais juteux en termes de ventes) qui consiste à faire mourir puis à ressusciter chaque personnage, il se contente d’imaginer une intrigue de base pour mettre en scène, une fois de plus, son justicier préféré. Une intrigue à tiroir, certes, mais sans toile de fond particulière.
Ici, le Punisher se retrouve piégé dans une entreprise de vengeance à son encontre et remonte un à un les rouages de la machination de son ennemi afin d’en dénouer le mécanisme. Point barre.
Il s’agit d’un simple récit mainstream, assez déjanté, comme une sorte de série B décomplexée et défoulatoire. On est loin de l’auteur sociologue d’un PREACHER ou d’un PUNISHER : LES NEGRIERS . Ici, Ennis fait la même chose que lorsqu’il était brièvement revenu sur la série HELLBLAZER (dans l’arc SON OF MAN: Ajouter un simple récit dans le genre polar avec des moments énormes, mais sans épaisseur particulière.

Frank ? Pris au piège ??? © Marvel Comics

Frank ? Pris au piège ???
© Marvel Comics

Comme SON OF MAN était en son temps parfaitement calibré et bien construit, LA RESURRECTION DE MA GNUCCI est du même acabit, mais avec un ton franchement plus farfelu et un degré supérieur de farce vacharde. Plus on avance dans le récit, et plus l’ensemble prend un aspect complètement irréaliste (le mystère de la résurrection de Ma Gnucci remportant le pompon du procédé narratif bien trop gros pour qu’on puisse le prendre au sérieux), plus proche de la comédie noire surréaliste que du polar pur et dur. Ici, Ennis développe un genre dont il s’est fait le spécialiste : La farce tragi-comique au pays des justiciers.

Le meilleur passage de la mini-série vous attend dans les quatre premières pages du premier épisode (les quatre premières pages tout-court, donc). Le temps d’une courte et cruelle introduction, Ennis cisèle quatre planches d’anthologie grâce à un sens du dialogue et une mise en scène percutante et acide d’une violence inouïe, qui mériterait la réalisation d’un court métrage rien que pour mettre ce passage au panthéon des grandes scènes de polar trash ! Et même si je ne prête pas grand cas aux dessins de Steve Dillon, toujours aussi paresseux, limité et rigide, toute la mise en scène de ce petit prologue est un vrai grand moment de bande-dessinée.

Pour le reste, si vous avez aimé WELCOME BACK FRANK, faites-vous plaisir : LA RESURRECTION DE MA GNUCCI en constitue l’épilogue au même titre que l’arc de la série DEADPOOL dont nous avions déjà parlé dans l’article consacré au PUNISHER dans sa version M K. C’est une petite friandise au goût de revenez-y. Un petit plaisir coupable pour les fans, fun et inoffensif. Et ça, c’est déjà bien, non ?

Des Ma Gnucci comme s’il en pleuvait ! © Marvel Comics

Des Ma Gnucci comme s’il en pleuvait !
© Marvel Comics

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BO : The Bee Gees : Stayin’ Alive

Décidément, y en a qui veulent absolument rester en vie ! La vieille carne Ma Gnucci ferait-elle partie de cette espèce indestructible ?

17 comments

  • Bruce lit  

    Je n’ai pas relu cette histoire depuis une dizaine d’années. J’ai cherché ce que j’en avais pensé sur la Zone et le commentaire fleure bon l’amateurisme de mauvais aloi. Typiquement le genre de trucs fait à la va-vite pour se maintenir dans le classement de l’époque. Ceci dit, en faisant cette recherche je suis tombé sur celui de présence qui s’impliquait alors personnellement en tant que lecteur. Intéressant : il disait JE au lieu du LECTEUR.
    Pour le reste, ton article me va. Je me rappelle de la scène d’anthologie avec Molly et Frank acculés dans la maison où Ennis joue avec les clichés des covers de Frazetta pour CONAN (la fille alanguie aux pieds de son guerrier). Je me rappelle aussi, déjà, avoir trouvé cette histoire très plaisant mais souvent plus bavarde qu’à l’accoutumée.
    La BO : il m’a fallu une éternité pour apprécier le disco que je considérais comme une musique illégitime qui avait foutu la cohérence du rock à la poubelle (à partir de là, la pop musique se disloque lentement mais sûrement vers des sous-genres aboutissant définitivement à l’abandon basse guitare batterie). En fouinant un jour à la FNAC j’ai voulu donner sa chance au remaster de l’ost du film que j’avais adoré et été bluffé par la qualité des compositions. Je parviens désormais à apprécier ABBA, Moroder ou même BONEY M.

  • Présence  

    Ton commentaire m’a également donné envie de relire cette histoire.

    Je ne peux bien sûr que noter la phrase : la mise en scène de ce petit prologue est un vrai grand moment de bande-dessinée, une reconnaissance des capacité de metteur en scène de Steve Dillon. 🙂

    • Tornado  

      Pfff… Grosse panne d’Internet aujourd’hui… 🙁

      Tiens, je ne me souvenais pas du commentaire de Présence sur la zone, alors je suis allé le relire et on est assez raccords ! 🙂 (par contre celui de Bruce a disparu…)
      @Présence : Il me semble avoir relevé, dans mon article sur le Punisher MK, à propos de l’épisode entièrement écrit et dessiné par Dillon (un épisode sans parole), que ce dernier était parfois capable d’un très bon découpage de la mise en scène 🙂

  • Kaori  

    J’ignorais que Ennis avait tant écrit pour le Punisher… Et je vois que chaque fois ça a été couvert par le blog 🙂

    Pour ma part, je passe, j’allais dire que les dessins sont rédhibitoires, au vu de la couverture, mais les scans montrent quand même une belle mise en scène de l’action, comme tu le soulignes dans l’article, Tornado.

    La B.O. : de tous les genres de musique, le disco est le seul que j’abhorre…

  • Jyrille  

    Je n’ai pas tout compris mais merci de faire le tri dans ces séries Punisher, ça me servira peut-être un jour. Même si moi non plus je n’aime pas le trait de Dillon malgré PREACHER.

    La BO : heu… Ok.

  • Eddy Vanleffe  

    j’ai loupé cet arc et il faudra bien que je me fasse cet épilogue de mon run préféré du personnage… ^^

  • Matt  

    Bon…
    je vais me répéter hein mais bon…
    -Je n’aime pas le Punisher
    -je n’aime pas Ennis
    -je n’aime pas le dessin de Dillon

    Donc…voilà^^
    J’avais lu le début du run en trouvant ça sympa. Mais pas au point de vouloir le relire.

      • Kaori  

        Ha ha ha !

        D’ailleurs tu viens de me donner une idée : trouver à quel Schtroumpf chacun de nous correspond !
        J’ai quelques idées déjà mais j’aimerais bien lire les vôtres 😀

        • Bruce lit  

          Très bonne idée (le premier qui me pose en grand Schtroumpf est viré…)

        • Eddy Vanleffe  

          ça pendait au nez de Matt, ça… ^^
          bon après c’est un fan des éditions Dupuis, donc ça convient d’autant plus… ^^

        • Matt  

          M’en fous !
          Eddy c’est le Schtroumpf à lunettes
          Tornado le Schtroumpf farceur
          Toi t’es le Schtroumpf musicien Bruce.

          Mais comme ils sont tous chiants dans leur domaine les schtroumpfs, c’est pas forcément un compliment^^

          Le grand Schtroumpf c’est Présence bien sûr. Pas pour la barbe, mais la sagesse^^

          Kaori elle a pas le choix, c’est la Schtroumpfette hein^^
          Quoi ? comment ça ? Bon le Schtroumpf coquet alors.

  • hectorvadair  

    Moi ce que j’aime, c’est les blogs qui flinguent des BD en laissant des traces, et ceux aussi qui en profitent pour poster une vidéo des Bee Gees, pour faire bonne mesure. Ca, c’est bien Bad ass, et j’adore 😉
    Chuss Bruce, change rien !

  • JP Nguyen  

    Hum… Quand même ! On en arrive à causer de Schtroumpfs en commentant un article du Punisher…

    J’ai lu cette mini. C’était sympa sans vraiment atteindre des sommets.

  • Kaori  

    Tornado : Schtroumpf farceur
    Présence : Grand Schtroumpf
    Bruce : une fusion entre Grand Schtroumpf, Schtroumpf grognon et Schtroumpf musicien (oui je triche et j’ai même pas peur !).
    Jyrille : Schtroumpf musicien
    Eddy : Schtroumpf poète
    Matt : Schtroumpf grognon
    Patrick : Schtroumpf gourmand
    JP : Schtroumpf bricoleur (pour les FR)
    Alex : Schtroumpf à lunettes bis
    Edwige : Schtroumpf peintre.
    Pierre : Schtroumpf à lunettes

    Et moi ? Ben j’avoue que j’ai pensé à Schtroumpf coquet, même si je ne suis pas coquette lol
    Sinon Schtroumpf maladroit, ou Schtroumpf timide 😉

  • Matt  

    Alors moi j’suis grognon et JP est bricoleur. Ah ben sympa hein ! Voilà, je grogne !
    Je vote pour Schtroumpf maladroit pour toi, et toc !^^

  • Matt  

    Je me souviens d’un gag du Schtroumpf grognon (parce que je l’ai lu à mes neveux il n’y a pas si longtemps en fait…)
    Des Schtroumpfs font des blagues et se marrent, le Schtroumpf grognon se barre chez lui, ferme la porte, se marre comme une baleine, et sort : « moi j’aime bien les blagues, mais j’aime pas que les autres sachent que j’aime les blagues »

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