Son autre chemin (JJ Goldman !)

Jean-Jacques Goldman par Le Bourhis, Trolley et Dimberton

Pas lindifférence

Tout mais pas l’indifférence ©Prisma

Par : BRUCE LIT

VF : Prisma

JJ Goldman, le portrait d’une homme discret est la biographie en bande dessinée de la personnalité préférée des français (sauf Patrick Faivre, qui, il est vrai se la joue exilé au Japon) et le chanteur emblématique des 80’s.

Il s’agit d’une adaptation de la biographie de Eric Le Bourhis, journaliste pour Télé Loisirs qui adapte le scénario avec François Dimberton. Jean Trolley assure les dessins. Trolley est un ancien musicien reconverti qui a joué en première partie de David Gilmour et de Téléphone.

Petite dédicace au rocker décadent Alex Sindrome qui avec sa reprise glaciale de Minoritaire a encouragé indirectement mon article sur le rocker-variétoche sans avoir peur du ridicule et des moqueries. Goldman est un grand musicien et nous allons voir pourquoi.

Les scans aussi rares que l’artiste sont faits maison.

C’est l’histoire d’un type qui ne voulait pas être star. Qui n’aime pas les limousines, les soirées VIP, le sexe, la drogue mais un peu de Rocknroll. Avec cette petite entreprise, JJ Goldman n’a pas connu la crise. Il est aujourd’hui multimillionnaire (ses royalties sont les mieux négociées de la chanson française et écrire pour Céline Dion, ça aide aussi…), en semi retraite avec ses enfants en Angleterre.

Une partie de la carrière du gendre parfait se sera faîte sur un trait d’union entre la variété populaire et un zeste de Rock FM sans que cela soit péjoratif. Jusqu’à ces dernières années. C’est sûr qu’il aura creusé sa propre tombe le JJ. Et il n’aura pas eu besoin d’aller bien profond tant il aura été descendu pendant toute son heure de gloire. Pour qui aura vécu ces années, on se rappelle que Goldman avait droit à des articles particulièrement haineux à connotation souvent antisémite.

Le père de Goldman : résistant et communiste

Le père de Goldman : résistant et communiste ©Prisma

Les critiques sont autres aujourd’hui : le show racoleur, lourdingue et has been pour les Restos du Coeur qu’il pilota pendant 30 ans. Cette controverse, la seule de sa carrière  pour le dernier tube des Enfoirés qu’il écrivit maladroitement, où entouré de sa bande, il semble faire la morale aux jeune et leur demander de se retirer les doigts du cul pour chercher du travail. Un truc invraisemblable  vu  que l’humilité sincère du bonhomme et l’intégralité de sa carrière s’est construite sur des chansons sensibles et souvent en empathie totale avec les oubliés du système. Qu’on se rappelle les très belles paroles de Il changeait la vie où il brossait le portrait d’un cordonnier qui, à son échelle, avait plus d’influence que les politiques. Goldman était le chanteur du juste après : après les faillites du système, des déceptions politiques, amicales, amoureuses ou sociales. Il n’avait pas son pareil pour dresser un constat de ce qui merdait et réfléchir à si la pente pouvait être remontée.

Mais voilà : Goldman, comme dans les jeux vidéos a choisi à un moment donné de sa carrière, un autre chemin, celui de la variétoche de supermarché au détriment d’une carrière dont il se foutait éperdument. C’est ainsi qu’après avoir remis à flot avec Berger un Johnny encore talentueux au creux de la vague, Goldman ira écrire pour l’axe du mal : Céline Dion, Pagny, Fiori, Bruel, Kaas ! Et comme si ça ne suffisait les seuls tributes qui lui sont rendus  sont bramés par les zombies RnB de la télé réalité. Une opération juteuse mais sans âme pilotée par son fils Michael Goldman loin de la reprise façon rocker maudit d’Alex Sindrome.

Je veux être minoritaire

Je veux être minoritaire ©Prisma

Pourtant l’héritage musical de Goldman reste entier. Certes il ne sera jamais Nick Cave. Il n’aura pas choqué comme Gainsbourg (avec qui il partage les années de vache maigres et l’humiliation d’avoir choisi de chanter ses propres chansons faute de repreneurs),il n’aura pas brûlé la vie par les deux bouts comme Bashung, joué à l’ange déchu comme Daniel Darc et ne s’est pas cramé la cervelle comme Nino Ferrer. Il subsiste une certaine injustice le concernant. Christophe, petit génie de la chanson française, auteur de tubes guimauve et avec qui Goldman a partagé ses musiciens, a aujourd’hui le vent en poupe. Pas lui. Cabrel et ses histoires de corrida un peu nunuche et sa cabane de pêcheur a eu les honneurs de la presse rock. Pas lui.

Pourtant Goldman produisait de la variété de qualité, chaleureuse, souvent émouvante, très bien écrite et disons le ….Rock ! Bien sûr Goldman ce n’est pas Iggy, ni Syd Barrett et encore moins Bowie. Mais en quoi sa musique serait elle moins respectable que celle de Françoise Hardy par exemple? Car de la crédibilité Rock, Goldman pouvait s’en targuer. Ami intime de Claude Gassian par exemple, le même qui prit des photos immortelles de Lou Reed, des Stooges et de PJ Harvey. Et puis la présence du guitariste de Trust sur ces albums. Et puis des musiciens de Magma. Et puis Patrice Tison. Et puis le saxophoniste de Supertramp. Et puis Manu Katché, JJ Milteau, Pino Palladino et même Chet Baker !

Mon disque culte de quand jétais petit nest pas le plus joli...

Mon disque culte de quand j’étais petit n’est pas le plus joli…

Si certaines de ses pochettes sont les plus nulles de la variété française (Positif et son décor atroce en arrière fond, Non Homologué et son pastiche même pas drôle de Springsteen), on se rappellera quand même des photos de Gassian pour En passant et surtout du livret magnifique de Lorenzo Mattoti pour Rouge ! Merde, Mattoti, c’est pas rien si ? Sur le Deluxe, il y avait même Sorj Chalandon !

Goldman aura été ma première idole, le passeur d’une génération qui au moment de l’adolescence se tournera vers plus rock, plus violent, plus respectable. C’est avec Positif que je l’ai découvert. Pour un gamin de 10 ans à l’époque, Goldman avait de belles guitares électriques. On l’oublie souvent d’ailleurs, il est un guitariste très capable, avec un jeu et un son reconnaissable entre mille.  Capable quand il le voulait de faire péter les décibels dans des chansons comme Sans un mot,  Plus Fort , ou sur Rouge (et sa video très Floydienne) dont il offrit le riff pour l’émission Tarratata, une des rares émissions française qui reçut en son temps Blur ou Bowie.

Lorenzo Mattoti et Sorj Chalandon, cest des beaufs peut être ?

Lorenzo Mattotti et Sorj Chalandon, c’est des beaufs peut être ?

Avec son image de gentil, Goldman faisait preuve pourtant de cynisme dans ces chansons : Compte pas sur moi, A quoi tu sers, Je marche seul, abordent l’individu qui a vu le malaise dans la civilisation et décide de ne pas s’en laisser compter.   Ces textes  étaient une véritable sociologie de la vie urbaine des années 80. Endroits branchés surpeuplés (Nous ne nous parlerons pas), malaise des banlieues ( Envole Moi) , rêve américain à deux balles (Américain), fièvre de la consommation (Plus fort). Et Goldman savait aussi émouvoir : le poignant Petite Fille, le tellement juste Pas toi,  le splendide Dors Bébé Dors où un homme sait qu’à l’aube sa femme et son nourrisson le quitteront. Guerre? Immigration Forcée? Séparation?  Toujours est il qu’en ces années Reagan où les icônes masculins sortaient les stéroïdes, Goldman chantait un père qui pleure son enfant.Et son chef d’oeuvre Comme toi une des rares chansons du répertoire français à évoquer habilement la Shoah.

On a pas parlé de Ton Autre Chemin.  Ces Arpèges de guitare si délicats ! Ces explosions de rage à la Roger Waters ! Ces guitares à la Gilmour sur le solo ! Ces textes si sensibles sur l’homosexualité masculine, la drogue, la fin d’une amitié.  Goldman chantait la solidarité, l’altruisme, l’empathie, la solitude, l’humilité. Pourquoi se moquer de ça, de ce que nous avons cherché au moins une fois dans notre vie ?

Les expressions corporelles de Goldman sont plutôt bien rendues

Les expressions corporelles de Goldman sont plutôt bien rendues ©Prisma

Pour en revenir à la BD, les auteurs n’ont  pas choisi la facilité : en écrivantsur Goldman, ils prenaient le risque d’écrire sur un bonnet de nuit qui préfère, de son propre aveu, se coucher tôt, s’occuper des gosses, lire des bouquins plutôt que de courir la groupie backstage. En 30 ans de carrière, il y a bien des drames à raconter, la mort de son demi-frère Pierre Goldman, de Sirima assassinée , mais l’homme est tellement pudique que rien ne filtre. Rien !

De ce fait, les scénaristes livrent un travail très scolaire, un peu plus élaboré qu’une page Wikipedia. L’itinéraire de Goldman, sa venue à la musique, ses idoles de jeunesse ( Dylan mais aussi Ferré, Aretha Franklin et Michel Berger ). Et son attitude face au musique business: une surnaturelle nonchalance, un gout du secret toujours mis en avant sans une once d’explication. C’est le problème avec Goldman : il est chiant quoi, rien ne filtre, tout juste apprend t’on son addiction pour les…yaourts !

Le roi du Top 50

Le roi du Top 50 ©Prisma

La BD rappelle que le look Goldman, cravate-Adidas était une « erreur de goût » (il ne savait pas comment s’habiller pour sa première télé), que les maisons de disques ne se mettaient pas la rate au court-bouillon pour promouvoir un chanteur qui distordait les aigus avec des albums intitulé « Minoritaire » ou « Démodé » .  Est vite abordée l’admiration mutuelle que se portaient Goldman, Balavoine et Berger. Et une séquence expresse consacrée à Coluche en oubliant Renaud qui a toujours nourri à l’égard de Goldman un amour ambigu.

Tous étaient les chanteurs de cette génération dont il ne voulait pas être le porte parole. Celle des orphelins de la gauche qui appelaient à la solidarité, à lutter contre le racisme, la connerie et le conformisme, chacun à leur manière : Berger et ses complaintes dépressives, Balavoine en engueulant son monde, Renaud et ses sarcasmes d’écorchés vifs et Goldman avec une distanciation ironique ( j’ai des idoles en solde, j’ai quelques saints à céder, pas mal de stars de rock en stock, ex-rebelles « jetsettisés » lance t’il dans   ).

Berger et Balavoine, des rivaux/admirateurs

Berger et Balavoine, des rivaux/admirateurs ©Prisma

Hélas, la mise en forme de cette BD laisse à désirer. La chronologie des événements est brouillonne avec des allers-retours entre présent-passé sans aucune indication de date, ni mise en scène de ces flash-backs ce qui donne vite fait un aspect confus à une vie ne l’étant pas.  Et surtout pas de grands efforts d’imagination pour illustrer une succession de séquences plus bateaux les unes que les autres.

Si le volet « Origines » de Goldman est le plus travaillé, que dire de la gestion du succès de celui-ci complètement bâclée par les auteurs où se passe parfois plusieurs années entre chaque case. Peur de procès ?  Rien sur ses divorces  qui inspira le sombre En Passant ou ses liaisons (Carla Bruni). A défaut de potins , on aurait pu écrire des anecdotes de productions des morceaux, des conditions d’enregistrement des albums, mais rien n’y fera, c’est le minimum syndical qui est offert ici et rien de plus.

Question graphisme, c’est la fête non plus. On reconnaît tout le monde de Goldman à Berger en passant par Balavoine, les planches sont plaisantes, aérées, mais souvent figées et sans charme. La tache était ardue :raconter l’histoire d’un chanteur qui en restant dans son coin a attiré des millions de français dans son univers à la fois ironique et humaniste. Entre une vie secrète et un univers ne prêtant ni à l’allégorie comme chez Gainsbourg ou celui de Titi parisien comme Renaud, cette bio en image de Goldman est un peu chiche, prévisible et sans surprise.  Un comble pour qui chanta : tout mais pas ce temps qui passe et les jours qui se ressemblent sans saveurs et sans couleurs.

Goldman face à lui même

Goldman face à lui même ©Prisma

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« On a pas changé » 2/6
Poète rock sous-estimé ou leader de l’axe du mal de la variété française ? A l’occasion de la parution de sa biographie en images, Bruce Lit tente de trancher un débat de 30 ans. Toi aussi viens participer au cas JJ Goldman sur ton blog préféré :

La BO du jour : la plus belle chanson de Goldman : triste, nocturne et poétique :
Ces ambitions passées mais auxquelles on repense
comme un vieux coffre plein de jouets cassés

38 comments

  • Matt & Maticien  

    Encore un risque d’achat évité. Au delà du chanteur, le graphisme a l’air très statique. Tu ne parles pas beaucoup du dessinateur ? De son parcours ? Cela ressemble à un coup éditorial (investissement minimum pour vente auprès des fans qui sont nombreux je comprends ).

    Le.nom que l’artiste s’est choisi est bien trouvé. Midas aurait pu faire l’affaire 😉

    J’ai vu dans une bio que ce garçon avait fait une école de commerce. Cela lui aura peut être été utile pour gérer au mieux sa carrière. En tout cas, je trouve qu’il a bien choisi ses priorités dans la vie.

  • Présence  

    Respect : tu l’as dit, tu l’as fait, tu as parlé de ta relation avec Jean-Jacques Goldman.

    Cette bio en image de Goldman est un peu chiche, prévisible et sans surprise. – Peut-être que tu n’es pas le cœur de cible de cette biographie qui s’adresse sûrement à un plus large public qui ne connaît pas déjà sa vie, ou qui n’a pas vécu ces années-là. Il est vrai que j’en ai plus appris dans tes observations (à commencer par la liste des musiciens avec qui il a travaillé) qu’avec ce que tu dis de la BD.

    Comme beaucoup de personnes de notre génération, ma familiarité avec Jean-Jacques Goldman se limite à ses tubes qui passait en radio. Avec les années qui passe, je pense qu’il y a en a 3 qui m’ont le plus ému : Là-bas, Je te donne, La vie par procuration.

    Même si ce n’est pas une musique qui me fait vibrer (et je vais éviter d’expliquer en intellectualisant 🙂 ), j’ai été très impressionné par l’éthique professionnelle de Goldman qui effectivement fait tout pour éviter l’idolâtrie généralement associée au Star System, et pour mettre en avant ses collaborateurs fidèles Carole Fredericks, Michael Jones.

  • Lone Sloane  

    La vache! 65 piges le JJ, tout comme son ami et partenaire de 40 ans Michael Jones, Renaud ou …Gilbert Montagné. Les enfants qui grandissent et les artistes qui prennent de la patine sont des jalons dans l’existence et me permettent de me situer dans l’échelledu temps.
    Et JJ fait un beau vieux, sympathique dont l’éternelle discrétion est une qualité rare.
    Sa seule entorse est sa contribution active au barnum médiatique des Enfoirés, mais pour une cause louable et d’intérêt général.
    Je vais me faire une matinée Goldman, en commencant par Taï Phong histoire de ré-entendre Sister Jane

  • Patrick 6  

    Ah le cas Goldman ! Tout un poème…
    Bon allons y dans l’ordre, la BD tout d’abord. On voit bien que les dessins ont été réalisés d’après des photos promotionnelles (j’en reconnais même une ou deux) ce qui, comme tu le soulignes, donne un coté figé et ne contribue nullement à dynamiser l’histoire… En même temps je rends quand même hommage aux auteurs de s’attaquer à la « bio » de Goldman, vu le charisme du personnage, ils auraient tout aussi bien pu rendre feuille blanche ^^

    Bon le personnage maintenant… Alors dès que je dis que je n’aime pas Goldman on me balance immanquablement « Ouais mais tu vois il est super sympa, et puis bon il a fait les restaus du cœur et tout… » Hum les enfants humainement ce type est surement une crème, je ne sais pas, mais je ne vois pas ce que ça à avoir avec son (atchoum) œuvre ! La vie est injuste mais comme le pensait Salieri dieu distribue parfois la grâce du talent à des enfoirés notoires (même s’ils ne s’appellent pas Mozart). Donc que ce mec soit « gentil » ça me fait une belle jambe !

    Ensuite l’artiste (aaaaatchoum !!!) : Bon alors je pourrais te sortir 10 arguments t’expliquant que ce type est une catastrophe et tu m’en sortiras 10 autres pour montrer le contraire (d’ailleurs tu l’as déjà fait dans l’article). Par contre il y a un point FACTUELLEMENT incontestable c’est que ce type chante faux comme une casserole !! Mince il a quand même 8 sur l’échelle de Nicola Sirkis (qui en compte 10) !
    Je crois qu’avec les années il a fini par comprendre qu’il ne devait VRAIMENT pas monter dans les aigus mais bon même dans les « graves » il a une voix blanche (au mieux).

    Ce gars est le pur produit du matraquage commercial et cynique des années 80 (avec son pote Bruel). A l’époque il était IMPOSSBILE de ne pas écouter Goldman tant les radios et les télés nous lavaient le cerveau CONSTAMMENT avec ce gus !

    Pour finir ce que je supporte le moins avec ce type, au-delà du fait qu’il chante faux, au-delà du fait qu’on nous l’a balancé comme on nous a refourgué le nouveau Omo micro : ce sont ces textes !
    Mon dieu mais ce type est d’un politiquement correct consternant !! Pas un mot plus haut que l’autre, tout le monde est beau le monde est gentil, même quand il parle de la seconde guerre mondiale c’est pour dire quoi ? « Elle n’est pas née comme toi ici et maintenant » euh ok, et alors ? Tu en tires quelle conclusion ? Aucune, juste une chanson tire larme de plus. Super. Ne rentrons surtout pas au cœur des choses ça pourrait déranger !
    Pareil pour « Né en 17 à Leindenstadt » : « Aurais-je fait mieux qu’eux ? » euh ok d’accord c’est la faute à pas de chance, c’est la faute à personne. Ok ! Voilà un chanteur engagé et qui balance dur ! ^^
    Mince je ne comprends pas, ce type est millionnaire il n’a plus à s’inquiéter de plaire, il pourrait s’engager, balancer, dire ce qu’il pense… et non il reste toujours poli, lisse, sans aspérité. Pire que politiquement correct : Fade !

    • Bruce lit  

      @Patrick6:
      preuve que je t’aime, j’ai rédigé cet article en pensant à toi et à tes réactions indignées.
      alors point par point :
      1/ Goldman et son air de premier de la classe. Peut-être le seul point où je suis d’accord avec toi: ce type est trop parfait pour être un rocker: bon père de famille, être humain recommandable, sans drogues, sans scandales etc. Mais juste pour t’embêter : on peut finalement dire que Goldman à sa manière est un antihéros du rock précurseur 20 ans avant des acteurs bien dans leur peau, bien dans leur tête : Clooney, Pitt, Damon aux antipodes des malades mentaux comme Kinski, Dean ou Brando. Ou les mecs de Coldplay. Ou Radiohead. Les mecs les plus chiants du monde qui oeuvrent pour toutes les bonnes causes.

      2/ Le chant: là, on aime ou pas. Comme la voix de Robert Smith qui dans les aigus m’est aussi souvent insupportable 🙂 .
      Goldman à sa manière a tenté de faire ce que Darc a fait aussi: introduire une manière de chanter à l’anglaise dans de la chanson française. Ton échelle de Sirkis est néanmoins excellente…
      Juste pour t’embêter : Renaud, Sheller et Darc ne chantent pas très juste non plus quand même. Et c’est là que j’aime Goldman: pour qui est sensible à ses paroles (ce qui ne sera jamais ton cas), l’émotion est là, pas surjouée. Goldman reste un musicien, un vrai à l’inverse de Bruel par exemple qui salope tout ce qu’il chante.

      3/ Ce gars est le pur produit du matraquage commercial et cynique des années 80
      Faux ! Goldman, et c’est d’ailleurs ce que tu lui reproches, n’a pas l’ombre d’une arrière pensée. Il n’a jamais rien entrepris de cynique pour se vendre. A l’inverse de Gainsbourg et ses scandales eighties. C’est Bowie qui fait sa pute dans les années 80. Et Jagger. Pas lui. Goldman commence réellement sa carrière autour de 81. Bruel explose en 90 avec Casser la voix. 9 ans en musique c’est énorme.
      Le problème, ce n’est pas Goldman ou Bruel ou Pagny à mon sens. Mais d’avantage le peu de représentativité à la télé française de l’époque du reste. Et du rock anglo-saxon. Ça oui, c’est insupportable. Mais du coup, Goldman apparaît comme un artiste corporate, ce qu’il a toujours, toujours, toujours refusé d’être.
      Je te provoque encore un peu ? Entre Goldman qui collabore avec Mattoti (Présence, je pensais que tu réagirais plus sur ce coup là d’ailleurs) et Chalandon et Renaud qui appelle à voter Tonton, ou Cabrel qui chante que, bouhhh, la Corrida c’est pas beau, lequel est le plus surprenant hein ?

      4- Comme Toi, Né à Leindenstadt : politiquement correct ???
      Mais tu es fou ! Va chanter Né à Leidenstat dans les colonies israeliennes….Tu vas voir comment tu vas être accueilli ! L’actualité de Le Pen et sa sortie sur le Vel d’HIv rappelle qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une empathie comme celle de Goldman qui comprend qu’un être ordinaire peut se transformer en ordure ou en héros.
      Comme Toi, une chanson larmoyante ??? Mais il n’y a aucun pathos au contraire. Moins que chez Brel en tout cas qui surjoue son « Ne me quitte pas ». C’est une chanson humble, discrète, bouleversante qui ne hurle pas « Les allemands étaient de vrais connards et moi en tant que Juif j’ai la haine ». Au contraire, c’est une chanson éducative que j’ai enseigné à mes enfants pour refuser la haine de l’autre. Pas d’actualité, vraiment ?

      @Lone: Sister Jane : je suis persuadé que JJ serait incapable de couvrir les aigus de la fin de la chanson. Il m’exaspère depuis 20 ans avec son show de merde sur TF1, mais je suis sûr de pleurer le jour où il disparaîtra.

  • Tornado  

    Depuis le temps que tu voulais faire cet article ! Du coup cette adaptation BD a bon dos en servant de prétexte !
    Je partage entièrement tes sentiments sur ce coup là. Du début à la fin.
    Comme nous avons le même âge, nous avons vécu beaucoup de choses similaires, en particulier ce coup de foudre pour l’album Positif (j’imagine que, comme moi, tu as découvert Démodé et Minoritaire rétroactivement ?), confirmé avec la sortie de Non Homologué.

    J’ai écouté Gorldman tout le milieu des années 80. Je l’ai vu en concert (et je pense que c’est mon premier vrai concert) quand j’étais ado. Je l’ai abandonné après « Entre Gris Clair et Gris Foncé » et j’ai recommencé à écouter -uniquement les 5 premiers albums solos- à la fin de mes études.
    Ses textes sont vraiment excellents à mon sens. Nettement au dessus de la moyenne en termes de variété. C’est même du niveau de la grande chanson française sur bien des points et peu d’auteurs-compositeurs ont su assurer des chansons-concept de cette qualité (« La Vie Par Procuration » ou « Veiller Tard », c’est quand même du haut de gamme).
    Bon, la musique est ce qu’elle est : C’est de la variétoche. Le mec est pourtant un grand musicos. Bon. S’il avait bifurqué vers un truc plus indé à un moment donné, nul doute qu’il côtoierait les cieux aujourd’hui auprès de Christophe & Bashung.

    Comme Bruce, je ne comprends pas l’allergie de Patrick pour les textes qui traitent de la Shoa. Je trouve au contraire fin et surtout courageux de démontrer aux gens que les choses ne sont pas en noir et blanc, que ce ne sont pas les gentils contre les méchants mais que l’Histoire est une abominable affaire de contexte, parfois très complexe. Ça me rappelle une scène atroce dans La Liste de Schindler, lorsque les wagons bondés de déportés traversent l’Allemagne et que l’un d’eux aperçoit une petite fille dans un champ. Celle-ci le regarde et lui adresse un signe : le doigt qui passe sur la gorge… Immédiatement, je me suis demandé ce que j’aurais fait à la place de cette petite fille si j’étais né allemand non-juif à cet endroit et à cette époque, et que j’avais toute mon enfance entendu dire que ces gens méritaient de crever comme de la merde… Spielberg comme Goldman appuient là où ça fait mal et je trouve au contraire le point de vue extrêmement intelligent, courageux, didactique et perspicace.

    • Bruce lit  

      @Tornado: c’est totalement ça : la Bd (pas terrible) m’a permis de recycler et remettre à jour de vieux articles amazon sur Goldman et à en développer certaines idées. Tu n’aimes pas « En Passant » ? Son dernier disque solo très réussi, dépouillé et sobre. Tu devrais aimer.
      Christophe, Bashung: de grands bonhommes mais d’avantage interprètes que compositeur. A l’inverse de JJG. « Entre gris clair et gris foncé », certains passages de « Rouge » et « En Passant » me convainquent complètement du volet rock du personnage.
      Ton exemple de la liste de Schindler, directement exporté du « Shoah » de Lanzmann est très pertinent.
      « La vie par procuration » : sans doute le texte le plus sombre de Goldman non ?

      @Omac: il est rare, oui, qu’une Bd musicale me convainque. Je te conseille celle-ci particulièrement réussie. Je ne trouve pas du tout qu’il chante faux. C’est aigü oui, ça s’étrangle mais ça reste juste. Je vous défie d’atteindre ses notes sans vous étrangler. Balavoine, oui, il y arrivait sans problèmes.
      Une anecdote ? Lorsque je donnais mes concerts dans les bars parisiens j’alternais en ending track en fonction des soirs Amsterdam et Veiller Tard. J’avais souvent des rockers en santiags qui arrivaient : » hey mec, c’était quoi ta dernière chanson, elle déchire », moi; » hey mec, tu viens de te de Goldmaniser ! ».
      J’aime bien ta définition de l’interstice. Ca me rappelle ma définition de Bashung…Le chanteur qui chantait ce qu’il ne disait pas.

  • JP Nguyen  

    Arf, si je ne connaissais pas la suite du programme, je pourrais croire que Bruce nous refait une semaine spéciale musique en loucedé !

    Goldman, c’est pour moi un chanteur à textes. Pour poursuivre les échanges d’hier sur la musique qui est surtout dans le domaine du ressenti, je retiens davantage les paroles que les mélodies de JJG.
    Et je rejoins les avis de Bruce et Tornado : Goldman ne fait pas du tout mou-consensuel-politiquement correct. Outre les exemples déjà cités, je pense à « Compte pas sur moi ».
    Avec :
    « Quand la partie sera finie, tirer les pénalties »
    L’image me parle beaucoup et convoque plein de sentiments et d’impressions en moi. Les équipes de France de foot des années 80 qui perdaient quasiment tout le temps. Le diktat de la société qui veut absolument un gagnant et un perdant. Le poids déterminant du hasard. L’injustice poétique du football comme un reflet de celle de la vie.

    • Bruce lit  

      Mais on peut compter sur toi hein JP ?
      Je peux me targuer de connaître toutes les paroles de chaque chanson de JJG. Même les mauvaises.
      Mais remercions Patrick de s’être fait « minoritaire » et l’avocat du diable.

  • JP Nguyen  

    Je payerais bien un paquet de cacahuètes pour connaître ta version de « Veiller tard ».
    J’aime bien cette chanson, mais ça doit être mon penchant pour la mélancolie…
    Il y a un site qui a compilé non seulement les paroles de chanson de JJG mais aussi des extraits d’interview où il revenait sur certaines d’entre elles :
    http://www.parler-de-sa-vie.net/chansons/veiller-tard,1982_12.php
    Par exemple, sur RTL en 2003 :
    « Je me rappelle de ce film de Truffaut où il y a une petite fille qui pleure, et puis il lui dit : « Tu es triste ? » – « Oui ». – « Mais au fond de ta tristesse il n’y a pas un tout petit peu de plaisir ? » Et elle, en larmes, elle dit « Si ! » [rires] Voilà c’est ça, c’est notre nature humaine ! »

    • Bruce lit  

      C’est avec plaisir que je chanterai pour n’importe qui de la team. Il faut juste que je répète. Mes doigts ont plus souvent tâté du clavier ces dernières années que des cordes de guitare. Côté voix, débarrassé de mes problèmes d’asthme depuis deux ans, ça devrait le faire 🙂 .

      Votre Top 5 des chansons de Goldman ?

      1-Ton autre chemin
      2-Pas toi
      3-Veiller Tard
      4-Doux
      5-Rouge

  • Tornado  

    1 – Ton Autre Chemin
    2 – Veiller Tard
    3 – Nous Ne Nous Parlerons Pas
    4 – La Vie Par Procuration
    5 – Pas Toi / Dors Bébé, Dors (égalité)
    … et plein d’autres.

    Je n’ai jamais écouté « En Passant » et « Chansons Pour les Pieds »

  • JP Nguyen  

    Sans ordre particulier :
    Là-bas, Il changeait la vie, Veiller tard, Né en 17 à Leidenstadt, A nos actes manqués
    A nouveau, pas forcément musicalement, mais parce que les paroles résonnent en moi… Mais les mélodies sont suffisamment accrocheuses pour que le message passe facilement.

    • Bruce lit  

      Oui la mélodie est la grande force de goldman

      Mon Top 5 des chansons pourries de Goldman

      -Peurs
      -Tournent les violons
      -La chanson avec Fiori, impossible de me rappeler le titre
      -Aïcha
      -Les choses

  • Matt  

    Bon alors tout ça ne m’intéresse pas des masses puisque je ne suis ni fan de Goldman (en même temps je connais à peine), ni fan de BD biographiques. Ou alors de personnages historiques dont on ne connait pas grand chose pour une sorte de vulgarisation (et encore faut faire gaffe aux approximations courantes dans les BD). Mais d’un mec dont on peut tout savoir facilement et dont la musique ne m’intéresse pas, bof.

    Par contre j’ai vu cette merde de clip « toute la vie » dont tu parles au début.
    Et à ce propos, cette vidéo m’avait fait sourire :

    https://www.youtube.com/watch?v=yAy0z874iE4

    • Patrick 6  

      Ahah ! Excellent ! Ce truc est à mourir de rire ! Le mec a tout résumé ! Merci à toi Matt je vais me coucher sur un éclat de rire 😉

  • JP Nguyen  

    Ah, au fait, le terme « axe du mal » m’a bien fait rire !

  • Patrick 6  

    @ Bruce : Tu as tout à fait le droit de trouver la voix de Robert Smith insupportible, par contre tu ne peux pas dire qu’il chante faux 😉
    Concernant Renaud et Darc (ce dernier parle plus qu’il ne parle) ils ont su compenser leurs (grosses) limites vocales par un charisme et une identité forte.
    Par contre pour Sheller, je m’inscris en faux, il chante parfaitement juste ! Certes il n’a pas une voix très puissante mais à aucun moment il ne déraille.
    Pour le reste… Let’s agree to disagree 😉

    @ Euh tout le monde :)) J’ai pris l’exemple de la Soha car cela me parait particulièrement criant, mais la vacuité des paroles s’applique pour tous les autres textes aussi : ce qu’il dit est vrai mais tient limite de l’évidence et du lieu commun !

    Bon soyons précis : J’ai pris la peine d’aller lire les paroles de la chanson (que je ne connaissais pas) dont parlais JP « Ne comptez pas sur moi ». Et paf ! Voilà tout ce que je reproche à Goldi est là :
    Le mec fustige les autres sans dire clairement ce qu’il leur reproche, il clame sa différence sans dire en quoi elle consiste… Bref il reste en surface avec des généralités, des lieux communs (la guerre c’est mal hein et pis le racisme aussi) mais on n’a rien appris de précis ni sur la raison ni sur la cause de la chanson !
    Le mec reste dans le flou et le vague histoire de rester le plus con-sensuel possible !

    Il me fait penser à Sardou qui chante « le Bac G » en parlant de tout… sauf du Bac G :))
    Il y a t-il quelqu’un qui a compris de quoi il parlait dans « Je marche seul » (dans les rues qui se donnent) ou dans « Envole moi » (s’il le faut j’emploierais des moyens légaux poil au dos) ?
    (Euh ah si il y a « Elle a fait un bébé toute seule », là j’ai tout compris, mais bon finalement je préfère encore quand il reste dans le flou et le vague :))

    La minorité c’est moi ! ahah !

    • Bruce lit  

      @Patrick : j’ai déjà dit que la voix de Smith m’évoquait une souris à l’agonie. Où as tu vu que je disais qu’il chantait faux ?
      Pour avoir croisé Darc dans la rue Lepic un peu après Crève Ceur, je peux te dire qu’il ne ressemblait à rien : yeux globuleux, calvitie naissante et démarche bossue.
      Je te trouve de mauvaise foi concernant « comme Toi » : il s’agit de la seule chanson du répertoire français qui brosse le portrait, Sarah, disparue durant l’holocauste. Imaginer la vie d’une enfant morte, en quoi cela relève du lieu commun Patrick, là je te comprends vraiment pas. En 3′ il immagine cette enfant, décrit son physique, ses jeux, ses amis, chante l’insupportable : la mort d’une enfant sans crier vengeance. Lorsque sort cette chanson, 40 ans à peine se sont écoulés. Bientôt LePen parlera de détails de l’histoire…
      Je comprends parfaitement ta réaction Patrick : tu n’aimais pas Goldman à la base et ce qu’il fait depuis 20 ans l’ont rendu irrécupérable à tes yeux. Mais, pour le coup tes arguments sur Comme Toi ne sont pas convaincants.

      « Compte pas sur moi » Bien avant Méluche, Goldman ne veut pas rentrer dans le système des chanteurs qui oublient ce qu’ils sont pour vendre plus de disques…C’est clair et présent dans toute sa discographie : « je veux être un chanteur et le reste je m’en fous ». Point. C’ets finalement l’anti Johnny. Il aurait même quelque chose qui te plaisait chez Robert Smith non : être le mec accessible de ton quartier et non pas la rock star inaccessible…
      « Je Marche seul »: l’histoire d’un homme suffisamment confiant en lui pour s’aventurer dans la vie sans s’entourer de relations pouvant le détruire.
      « Envole moi » : 20 ans avec NTM, on parle du malaise des banlieues : j’ai pas envie de vivre ici entre l’ignorance et la violence et l’ennui. A coup de livre, je briserai tous ces murs. Est-ce parce que son langage est celui du bon sens que Goldman est consensuel ? En quoi NTM serait moins démago alors lorsque il demande de ne pas laisser traîner ton fils…

      On est dans le flou: M’enfin Pat, ça c’est un effet de style. Tu peux me dire si Bashung est pas flou sur « La nuit je mens » ???
      Prends Renaud : le mec est bcp plus incisif, c’est le Han Solo de la variété et Goldman le naïf Skylwaker. Il n’empêche que 1 chanson sur 2 est désormais démodée: le name dropping de Séchan était rigolo il y a 20 ans, et totalement inofensif aujourdhui. Prends la chanson « Allongés sous les vagues »; Renaud y parle de Top 50, de France Soir, de Minute. Et la chanson sur Johnny Clegg. Et les références à Hersant, à Charles Hernu, à Pauwels, même Coluche, tu crois que ça parle aux gamins d’aujourd’hui ?
      Alors que « Quoique j’apprenne, je ne sais pas pourquoi je saigne et pas toi », c’est tout de suite plus parlant non ?

      @Mattie Boy: je connaissais cette vidéo. C’est….sympathique….oui…sans plus.C’est du Youtuber standard quoi. Le genre de délire que je faisais avec mon frangin en VHS mais vu par un million de personnes…C’est quand même disproportionné pour ce que c’est non ? On ne peut pas dire que le mec peut monte sur scène ou publier avec ça…

      @Florent Bulles: j’aime beaucoup ta description de la musique de Goldman: finalement une sorte de Taniguchi à la française, qui observe le monde avec une certaine distance et une gentillesse que d’aucuns confondront avec sottise….

      • Matt  

        Mais on s’en fout du succès. Il y a aussi 6 millions de vues sur des vidéos de chats sur le net qui demandent encore moins de boulot. C’est pas la faute du chat. Ni du mec qui a juste filmé son chat faire un truc marrant.
        Le mec fait des vidéos sympathiques comme tu dis. Si ça marche à mort, tant mieux pour lui. Que ce soit disproportionné ou pas.
        Je te soupçonne d’être influencé par ton dégout des youtubers^^

        • Bruce lit  

          @Mattie: Ce n’est pas du dégoût. Je ne crois pas. Il y’en a même des amis du blog, rappelez vous. Je trouve juste que pour ce que j’en connais, c’est une formule qui ne me convient pas.
          @Jyrille : tes arguments me touchent plus que ceux de Patrick car plus objectifs.
          Je suis d’accord et je ne dis pas le contraire : Goldman n’est pas un rocker, il n’a jamais voulu l’être. Il a su injecter une formule qui s’en rapproche. Mais je trouve ta comparaison avec Bon Jovi particulièrement injuste : ce n’est pas un poseur, il n’a pas de nanas qui se frottent à ses pieds, il n’écrit pas pour les stades.
          Je suis aussi d’accord avec toi : Goldman à un moment de sa carrière ne s’est plus foulé et ses disques sont plus intéressants sans sa troupe. En fait je l’aime solitaire et malheureux.
          JJG c’est pas Hendrix mais il a une personnalité musicale que l’on aime ou pas. A vrai dire personne ne faisait ce qu’il faisait avant lui. Et personne n’ a su prendre le relais, c’est un fait.
          Le Balavoine ? Je l’écoute depuis 1 mois ! J’aime bcp ce disque, notamment « Un enfant attend la pluie » ou « Petit homme mort au combat ».
          Tu as écouté la reprise de Sindrome ?

          • Jyrille  

            Pour Bon Jovi, je ne parle pas de l’image, mais juste de la musique 😉 Pour le reste, oui, il est unique, il a une patte, on ne peut pas lui enlever. Je n’ai pas écouté la reprise de Sindrome, ni même Veiller Tard que je ne connais pas, mais je vais tâcher.

            Et je vais aussi tâcher de trouver le Balavoine, car je l’avais en K7 (originale !) et tu me donnes très envie de le réécouter. C’est marrant que tu l’écoutes maintenant, les titres que tu cites sont parmi les plus beaux.

          • Jyrille  

            J’ai donc écouté Veiller tard et la reprise de Minoritaire par Sindrome : c’est bien. La reprise est marrante, on dirait du Jacno avec un chant à la Capdevielle ou à la Thiéfaine. En lisant vos échanges, je me rends compte que c’est peut-être dans ses vieux albums que loge le vrai JJG, il faudra que je tente donc ça, pour avoir une autre idée. Tu as réussi quelque chose que je n’aurai pas imaginé, bravo Bruce !

      • Matt  

        Il y a aussi des millions de gens qui écoutent des chansons de merde de maitre Gims. Des artistes à chier qui sont millionnaires. Les youtubers avec leurs millions de « vues » na roulent pas sur l’or n faisant parfois des efforts de montage, de comédie, de mises en scène sympas. Ils n’ont pas ous un talent fous mais pour certains au moins on n’est pas en présence de vidéos abrutissantes.

      • Patrick 6  

        @ Bruce : J’adore Bashung mais force est de constater que ces textes ne veulent rien dire ^^ Et pour cause il mélange deux ou trois textes différents de ses paroliers pour en faire une seule chanson ! Celui qui a compris que « La nuit je mens » parle de la résistance est carrément balèze ! C’est pour ça que personne ne peut dire que Bashung est un chanteur « à texte » ! (Indépendamment de son talent d’interprète).
        Et c’est la même idée (mais en plus démago) avec Goldi ! Bon j’y tiens mais relis le fameux « Ne comptez pas sur moi » (bon ok on devine que c’est la star narcissique qui se rebelle contre les méchants autour d’elle qui osent la critiquer) mais si tu imagines que le morceau parle de… hum… mettons d’un électeur de Lepen déçu de voir sa candidate perdre l’élection et bien le morceau fonctionne aussi ! (si si fais la démo tu verras ^^) c’est tellement vague que ça colle à toutes les situations ! Donc moralité on aime ou on aime pas JJ ok mais dire que c’est un chanteur (hum) à texte (hum hum) je ne comprends tout simplement pas ^^

        • Bruce lit  

          Tu m’apprends quelque chose (pour une fois 🙂 ).
          Tu peux m’en dire plus ?

  • Pistoletabulles  

    Je suis clairement du côté de Bruce. Goldman est un artiste qui a marqué les années 80 car il a su capter quelque chose de cette époque, l’air du temps. Alors oui ce n’est pas révolutionnaire, ce n’est pas à se rouler par terre et cela provoque pas des émotions extremes. C’est de l’eau tiède, en effet, mais c’est justement dans cet entre-deux, dans ce entre gris clair et gris foncé, que réside la force de la proposition du chanteur de variété. Il y a dans les textes de JJ, un véritable génie des choses simples, discernant dans le quotidien les petites pepites qui font sens, dans le monde en perte de repère des années 80. Pas de proposition radicale mais des nuances, des fragances, qui redonne un peu de cohésion et de courage. C’est peu mais c’est déjà beaucoup, non ?

  • Jyrille  

    Bravo Bruce pour avoir fait l’article qui te tenait à coeur ! Il est très chouette, et je comprends tout à fait tes arguments, tes ressentis. Ce qui est cool, c’est qu’il n’y a pas une seule chance sur un milliard que j’achète cette bd. Les bds biopics, en général, sont vraiment laides (comme celle-ci), sont consensuelles, informatives, aussi épanouies qu’une plaquette d’information de la CAF. De manière générale, je ne connais pas beaucoup de dessinateurs qui captent vraiment le rock. J’ai une passion pour Luz (dont je viens de m’acheter le Alive! que j’ai posté sur FB et Instagram si vous l’avez pas vu) et pour Hervé Bourhis, Bouzard est pas mal, Larcenet aussi, et tout un tas de bds sont pas trop mal, mais jamais au-delà de petites histoires de quelques planches (comme Rock Strips). Par contre, la bd sur Daho (L’homme qui marche) est une réussite, une superbe bd qui se concentre sur son dernier album, de sa conception à la tournée qui a suivi. C’est très intéressant, vivant, malgré le dessin minimaliste. Parce que ce sont des interviews de tous les participants ou presque, que c’est du reportage, pas de la fiction.

    Concernant Goldman, je me range derrière Patrick, mais pas du tout pour les mêmes raisons. Qu’il chante faux, je m’en fiche royalement. Que ses textes ne soient pas très engagés, cela ne me touche pas. D’ailleurs j’aime beaucoup de chansons de Goldman : Né en 17 à Leidenstadt, Juste après, C’est ta chance, Elle a fait un bébé toute seule, Puisque tu pars, Là-bas, Rouge, A nos actes manqués, Bonne idée, Le coureur, et peut-être d’autres. Et j’aime ces textes, ils me touchent. Il est peut-être consensuel, mais il pose de bonnes questions, et nous rend empathes.

    Mais il y en a beaucoup que je déteste, notamment Comme toi. Cela n’a rien à voir avec l’intention ou le texte : musicalement, la plupart de ses chansons m’horripilent. Comme Elle changeait la vie par exemple., Envole-moi, Je marche seul… Avant tout, il faut que la musique me plaise. Lui-même disait en interview qu’il trouvait que les textes pouvaient s’écrire indéfiniment, qu’il n’y avait aucune limite, alors que la musique si : il est enfermé dans les douze accords, et contrairement à Bashung ou Christophe, il n’a jamais tenté d’expérience musicale. Il est enfermé dans son rôle de faiseur de tubes, d’écrivain de variété. Le rock chez JJG, c’est du rock pompier, c’est de l’emphase, c’est la cavalcade des choeurs de l’armée rouge ou les claviers flamboyants de Chariots de feu, c’est Bon Jovi. C’est tout ce que je déteste dans le rock, c’est pour moi est une façade de grandeur qui ne cache rien d’autre que du vide.

    A l’époque où tu écoutais Positif, je devais écouter Sauver l’Amour de Balavoine, en boucle. J’étais en quatrième ou en troisième, et il n’y a rien de kitsch dans ce disque, sa colère est réelle tout comme sa joie et son partage (Petite Angèle). Ne me parle pas de Cabrel, je déteste aussi (pourtant j’aime bien La corrida).

    Au final, si je suis d’accord avec Patrick pour la forme mais pas pour le fond, c’est que pour moi JJG est typique des années 80 reaganiennes : le bon élève, propre sur lui, l’ami des médias et des émissions de variétés, le faux rebelle, celui qui vend, celui qui a une cible, mais pas de fond. De ses albums, je ne connais vraiment que Entre gris clair et gris foncé, qui est bien (mais bon, j’ai cité les titres que j’aime vraiment), et En passant, qui est très très bien car beaucoup moins pompier, plus posé, plus intemporel. Chansons pour les pieds est nul malgré les dessins de Zep : ce n’est pas un écrin qui change le contenu. L’album avec Fredericks et Jones est pas trop mal je crois. De manière générale, il est plus intéressant dans les années 90 je trouve, il s’émancipe de certains gimmicks, il a des productions plus posées, plus simples.

    C’est un très bon musicien. Je me souviens, l’été 2004, un pote guitariste m’a appris le riff de Bonne idée. Quel riff ! Quel pied à jouer ! Quel riff bancal et pas simple à faire sonner. Je crois bien l’avoir oublié, mais oui, c’est un bon guitariste et un bon musicien. Il s’entoure de très bons musiciens et alors ? Mylène Farmer aussi à des tueurs, tous les chanteurs de variétés le font, même Sting… Ce même pote est du genre à me faire écouter le Peur de rien blues du live Traces en soirée, et ils sont tous sur le cul au moment du solo : mais ouais les gars ça dépote ! Mais rien de vraiment grandiose, car la chanson n’est pas grandiose. C’est du classique, mais c’est lisse quand même. Tout est trop lisse chez JJG. Ca ne me dérange pas. Mais je ne peux pas m’infliger ça. Et ça n’a rien à voir avec du rock.

  • Laetitia  

    MERCI Bruce grâce à toi mon homme (jyrille) écoute enfin Veiller tard
    Sans doute ma chanson préférée
    J’ai du lui faire entendre des dizaines de fois en 22 ans de vie commune
    Entendre puisqu’il ne l’avait jamais écoutée 😉
    Chouette je vais pouvoir mettre du JJG dans son iPod

    Belle chronique

    • Bruce lit  

      @Patrick: je pense qu’Israël et la Palestine ont plus de chances de se mettre d’accord….
      @Jyrille: les hyperliens vers les plus belles chansons de Goldman sont là pour ça dans l’article
      @Laeticia: L.A.E dans LA.T.I.T.I.A 🙂

  • Laetitia  

    GOLDMAN avec TAï phong a également écrit une chanson Laetitia (moins jolie que celle de gainsbourg c est sûr )

    • Bruce lit  

      Ah, tiens, je connais pas !
      C’est cool j’ai presque toute la famille M: le père, le fils, et Mme. Il en manque une non ?

      • Jyrille  

        Oui, mais tu ne risques pas de la lire ici tout de suite à mon avis.

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