Strange Little Girls (NYX)

NYX par Joe Quesada, Joshua Middleton et Robert Teranishi

Y'a pas ! Les couvertures sont NYXTRAS !

Y’a pas ! Les couvertures sont NYXTRAS !

VO : Marvel

VF : Panini (épuisé)
Tous les scans de cet article : @Marvel Comics-2003

Une Wild Side Story résumée par BRUCE LIT

NYX est une mini série en 7 épisodes sortie en 2003 chez Marvel et publiée en 2 Marvel Graphic Novels chez Panini. Cette histoire épuisée n’a jamais été rééditée malgré la présence de X-23 (la clone de Wolverine) et bénéficie d’une traduction correcte de Laurence Belingard.

Je vais vous la faire courte. Au début des années 2000 et jusque Civil War, Marvel connaît un âge d’or où quasiment tous les héros ont leur heure de gloire. On en a déjà parlé, toute la story est ici.
A cette époque, en plus de sa nouvelle fonction de Rédacteur en chef qui amènera Marvel vers ses années cinéma, Joe Quesada livrera de temps à autres quelques scenarii agrémentés de retards éditoriaux importants entre chaque numéro.

C’est dans ce contexte qu’en plus de livrer une version King-Kong de Daredevil, il s’attarde avec NYX sur le sort de 4 mutants avec des apparitions mémorables de X-23 en prostituée mineure spécialisée dans le sadomaso !

Iconique au premier regard, l'image de référence de X-23 qui ira jusque influencer le physique de l'actrice de Logan se trouve ici

L »image de référence de X-23 

Les nostalgiques de l’ère Marvel Knights reconnaîtront la feuille de route de l’époque : des histoires âpres, souvent réalistes où évoluent des super-humains sans costumes. Avec X-23, Quesada explore l’univers des X-Men sans les X-Men.
De la même manière qu’il existe 1001 façons de raconter les origines de Superman, Quesada s’attaque ici à un fan-favorite de l’univers mutants : le moment où se réveille le gène -X qui, en activant les super pouvoirs d’adolescents souvent paumés, bouleversent à jamais leur existence.

C’est l’instant où nos amis tuent, blessent, mutilent par inadvertance leur entourage, où ils sont persécutés pour ce qu’ils ne peuvent pas contrôler, manquent d’être lynchés jusqu’au moment où un chauve en fauteuil roulant leur sauve les miches et les habille d’un costume disco. Sauf qu’ici,  le père Xavier ne pointe pas un bout de sourcil circonflexe. Les mutantes de NYX sont seules, isolées, en souffrance pendant de longs mois.

Le début d'une fête triste

Le début d’une fête triste pour Kiden

Le casting est assez déséquilibré : le personnage le plus intéressant est Kiden, une ado dont les pouvoirs d’arrêter le temps ont gravement mutilé sa prof au lycée. En acte de rédemption, elle fugue une famille odieuse avec elle pour réparer la vie de sa prof devenue suicidaire et dépressive. Les deux se retrouvent à la rue, à dormir dans des containers de poubelle et bouffer des sandwichs avariés dont même Spawn ne voudrait pas, avant de croiser la route d’une brunette mutique :X-23.

Que l’on aime ou pas la future vedette de Logan, force est de constater une évidence : même muette, apeurée, sale et vulnérable, la Wolverinette crève le papier. Alors qu’il ne se passe pas grand chose de bouleversant dans cette centaine de pages, chacune de ses -rares- apparitions amènent une tension sourde, une aura intense à un personnage que le lecteur se surprend à aimer deviner tandis que les mésaventures de ses camarades sont terriblement banales voire prévisibles. Le raccord avec la mytholgiX est parfait : Logan sortait violé de corps et d’âme de l’expérience Weapon X , réduit à l’état d’animal. Laura est une femme objet qui erre dans la jungle urbaine de la grande pomme.

X-23 en pute gothique ? Oui, c'est ici aussi !

X-23 en pute gothique ? Oui, c’est ici aussi !

Face à ces deux protagonistes principaux, une gamine qui a le pouvoir de se transformer en animal dont elle absorbe le sang (tout de suite le genre de personnage qui ne peut pas aller loin en génocidaire des bestioles du Marvel Universe) et un afroaméricain tellement insignifiant que je n’ai pas encore compris la nature de ses pouvoirs. Reconnaissons à Quesada de réunir un beau casting de Losers incarnant chacun une parcelle d’adolescence : la gothique tourmentée, le voyou au grand coeur ou la fugueuse en recherche d’une famille de substitution.

Tout ce petit monde souffre, fuit vers des ailleurs souvent pires que leur point de départ. Hélas comme souvent chez Quesada, les meilleures intentions sont télescopées par une mauvaise gestion de la tension narrative et l’addition de personnages dont on a que fiche. Alors que le premier arc est haletant de désespoir et de fuite en avant, le deuxième est tout simplement mauvais avec un mafieux ridicule qui passe son temps à se poudrer le nez et dont on se demande comment il a fait pour dominer la petite Wolverine !

Une mutante qui se transforme en chien au contact de son sang ? Ouh…tordu quand même !

A chaque fois que Quesada met en scène le malaise de gamins à la rue, sa sensibilité déjà présente dans Father  fait des merveilles. Dès qu’il se recentre vers un récit d’action, c’est décousu, confus, inintéressant. L’intrigue au milieu du second arc semble s’être pris un pruneau dans la jambe et se traîner laborieusement vers la fin bâclée d’un récit avec sentence décontenancée de son lecteur : Tout ça pour ça ? La même qui surgit au milieu de son DD : Father où il s’emmerdait à nous présenter une équipe qui n’est jamais réapparue depuis. Dans NYX, c’est pareil : il abandonne son récit d’érance pour s’orienter vers un truc à la Heroes où tout le monde converge vers une fin soporifique d’une équipe qui n’existera jamais.

Les illustrateurs livrent un travail souvent proche de la ligne claire des frères Luna où les visages des personnages sont souvent réduits à leur plus simple expression. Pour autant les séquences avec X-23 se tailladant les veines ou Kidder ado à tétine qui joue sur le temps sont souvent mémorables pour en apprécier l’élaboration. Si ce volet inachevé colle parfaitement au volet ado de l’ensemble, on eut préféré une représentation un peu plus mature de la vie à la rue, où les personnages sont toujours aussi mignons parmi les ordures et où le manque d’hygiène est représenté d’une confondante naïveté avec des petites mouches tournoyantes.

Ce n’est pas parce que une histoire est ardue à trouver qu’elle est exceptionnelle. Le personnage de X-23 y vit quelques jolies pages sans supervilains à trucider. Pour le reste à vous de voir le verre à moitié plein ou vide d’un Runaways baclé qui, à défaut de choses passionnantes à raconter aura tout de même ouvert la voie à une série comme Legion.

Kidder aimeu les sucetteus !

Kidder aimeu les sucetteus !

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Au début des années 2000, Joe Quesada élabore une saga mutante sans costumes, sans Xmen et sans Supervilains. On y trouve par contre une apparition traumatisante de X-23 en prostituée gothique SM. C’est culte, c’est épuisé chez Panini et c’est à la une de Bruce Lit.

La BO du jour : on imagine très bien X-23 errer sur ce blues urbain des Étrangleurs

24 comments

  • Matt  

    Alors techniquement si, ça a été réédité dans le deluxe « Nyx Gestation » sorti en 2009…mais qui est épuisé aussi^^
    Tiens je pensais que ce serait Tornado qui s’occuperait de cette série. J’avais cru vous entendre…ou plutôt vous lire…en parler.
    Bon bah j’ai pas lu cette série. Et je risque d’avoir du mal à le faire.
    J’avais lu la mini série « X-23 : Target X » de Kyle et Yost (des scénaristes que tu adores, je sais^^). Dans mon souvenir c’était pas trop mal. ça causait davantage du conditionnement de Laura comme projet arme X je crois. Bon j’en garde pas non plus un souvenir extraordinaire.

  • Patrick 6  

    J’avais acheté les premiers numéros du comics en son temps mais j’avais lâché rapidement l’affaire… car 1/ il ne s’y passait pas grand chose 2/ le style graphique clean et froid (« A la Luna » comme tu dirais) contrastait bien trop avec la noirceur du propos.
    Pas sur que le « verre à moitié vide ou plein » me donne vraiment envie d’y retourner…

    • Bruce lit  

      @Pat 6: j’aime tous les comics des frères Luna.

  • artemus dada  

    Pour l’histoire du verre, à moitié plein ou à moitié vide, il ne faut jamais perdre de vue ce que contient le verre en question.

    Ainsi, voir le verre à moitié plein est-il considéré comme un point de vue optimiste, et celui qui le verrait à moitié vide comme un pessimiste.

    Mais si ce verre est rempli de pisse, l’optimiste n’est-il pas celui qui le voit à moitié vide ?
    [-_ô]

  • JP Nguyen  

    @artemus : oui mais si on remplit le verre de pisse pour faire une analyse d’urine alors l’optimisme correspond encore au verre à moitié plein… 😉

    Je n’ai pas lu NYX mais l’autre série évoquée par Matt. Il y avait de chouettes dessins un peu froids de… je sais plus… Michael Choi, je crois. Mais le scénario, dans mon souvenir, était bateau.

  • Tornado  

    J’ai le deluxe dans lequel NYX et X-23 Target X sont regroupés (au passage, ils auraient dû inverser les deux récits puisque le second raconte les origines de Laura).
    J’ai adoré X-23 Target X. Le scénario est rondement mené, quand bien même le récit est « bateau » comme dit JP..
    Quant à NYX, c’est un beau gâchis. Quesada a tout donné dans les quatre premiers épisodes, qui sont somptueux et superbement écrits. Si toute la série avait été de cet acabit, ç’aurait été le chef d’oeuvre du Marvel Knight. Hélas, il s’est barré entretemps pour revenir deux ans plus tard et torcher les trois derniers épisodes comme s’il avait oublié les quatre précédents…

    • Matt  

      Alors si je ne m’abuse, dans le deluxe, ce n’est pas « target X » mais encore une autre mini série « Innocence lost » par Kyle et Yost aussi.
      C’est ce que comicsvf dit en tous cas.

    • Matt  

      Je n’ai pas lu ce Innocence Lost évidemment^^ Car deluxe épuisé. Mais le dessin est de Billy Tan. Dans Target X, c’est du Michael Choi comme dit JP.

  • Présence  

    Celui-là, je l’ai lu, mais pas la suite de Marjorie Liu, ni celle de Craig Kyle & Christopher Yost.

    Comme toi, j’avais relevé le chef de gang qui passe son temps à se poudrer le nez, dépourvu de toute plausibilité.

    Je partage entièrement ton avis. NYX est une histoire Marvel qui tranche par rapport à la production industrielle Marvel : pas de jolis costumes, pas de gadgets, pas d’école pour surdoués, pas de personnage immensément riche, peu d’utilisation de superpouvoirs, une réalité sociale côtoyant la criminalité ordinaire et l’absence de dénouement magique, ou d’affrontement en ordre de bataille, ou de supercriminels. Les dessins sortent aussi de l’ordinaire superhéros pour une esthétique surprenante. Mais le méchant mal dégrossi et la réalité sociale édulcorée (la vie dans la rue trop propre sur elle, un peu romantique comme tu l’explicites) ne permettent pas de croire au récit au premier degré. Malgré tout les personnages sont très attachants dans leurs émotions.

  • Matt  

    Ah ben surtout si tu cherches ces trucs épuisés…
    40€ pièce les graphic novel et 70€ le deluxe (du coup vaut mieux prendre le deluxe en fait^^)
    Ou ne rien prendre à ce prix et ton porte monnaie sera heureux.

  • Léo Deroclès  

    Hello,

    Et merci pour cette article pour une histoire que je ne connaissais pas.
    Tout ceci me fais penser aux films de Abel Ferrara où ses protagonistes vivant dans les bas-fonds sont en quête de rédemption…

    • Bruce lit  

      @Leo : la coke en moins…..
      Je réalise grâce à ta remarque que je crois n’avoir vu de ce réalisateur que Bad Lieutenant qui en m’avait pas plus impressionné que ça.

    • Matt  

      Ha ! Ha !
      C’est pas les persos originaux, ce sera contemporain, Moore ne veut pas qu’on adapte son comics (ben et le film alors ?)…mais…ils appellent ça Watchmen encore. ça me fait marrer…
      Je vois plus trop l’intérêt de ne pas donner un autre titre à ce compte là…
      Bref…de toutes façons, m’en fous un peu.

      • Jyrille  

        Je t’avouerai que moi non plus je ne comprends pas pourquoi cela s’appellera Watchmen, mais malgré tout ça m’intrigue.

  • Jyrille  

    Cela fait bien longtemps que je tourne autour de ces épisodes : je les vois régulièrement chez mon cousin. Et à chaque fois, je préfère lire autre chose (il a plus de bds que moi), et à chaque fois je suis intrigué par le dessin. C’est lui qui me plaît, et cette image un peu adulte. Merci donc de me prévenir, mais la prochaine fois que je passe chez lui, je ne pourrais pas y couper, il faudra que je finisse par les lire : je ne savais même pas que c’était épuisé.

    La BO : chouette titre.

  • Matt  

    Au passage je me pose la question de la parenté de ce nom de Nyx avec la déesse primordiale de la nuit dans la mythologie grecque (mère de Thanatos « la mort », Hypnos « le sommeil » ou Morphée « les rêves »)
    Je ne vois pas trop le rapport avec X-23 mais je me questionne parce que c’est un nom qui revient pas mal dans la fiction (l’antagoniste principal du film « Lord of Illusion » de Clive Barker ou encore le boss final du jeu vidéo Persona 3)

  • Présence  

    NYX correspond à District X, New York City, a priori sans rapport avec la déesse.

  • Matt  

    Ah…
    Bon…
    Ben j’ai l’air bête du coup^^
    Mais euh…t’as appris un truc, hein ? Non ?
    Bon…je sors.

  • Matt  

    Et sinon quelqu’un a tenté la série All new Wolverine avec X-23 ?
    Je sais que souvent ça n’attire pas les foules quand un personnage en remplace un autre dans le costume, mais bon…ça ne veut pas dire fondamentalement que ce sera mauvais^^

    • Présence  

      Je n’ai pas lu All new Wolverine parce que le scénariste (Tom Talyor) ne m’inspirait pas beaucoup. Je sais que Darkseid Sam sur le site de Comixity a dit beaucoup de bien de cette série.

      • Bruce lit  

        Bof…
        J’ai lu les 12 ? 15 ? premiers épisodes sur tablette il y a deux ans et n’y ait trouvé aucun intérêt : Laura affrontant d’autres clones d’elle même….

    • Eddy Vanleffe....  

      Non c’est très fun à lire…
      Laura porte bien le masque et son histoire est plutôt sympa.
      C’est très léger par contre.

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