Taran et le chaudron druidique (Les druides)

Les druides par Jean-Luc Istin, Thierry Jigourel et Jacques Lamontagne

Une épopée sur des terres mystérieuses, entre histoire et légende

Une épopée sur des terres mystérieuses, entre histoire et légende ©Soleil

AUTEUR : MATTIE-BOY

VF : Soleil

1ère publication le 09/12/17- Maj le 23/08/19

L’article d’aujourd’hui sera consacré à la série de BD franco-belge Les druides de Jean-Luc Istin, Thierry Jigourel et Jacques Lamontagne. Plus précisément les 6 premiers tomes qui forment un premier cycle qu’il est tout à fait possible de lire sans la suite. La série complète comprend 9 tomes, mais en l’absence de confirmation qu’elle est bel et bien terminée au moment où il écrit ces lignes, votre serviteur n’a pas lu au-delà de ce premier cycle.

Jean-Luc Istin est un habitué des récits inspirés des légendes celtes et des contes de Bretagne. Il est d’ailleurs le directeur de la collection « Soleil Celtic » de l’éditeur Soleil qui propose de nombreuses séries ayant un rapport de près ou de loin avec ces contes de Korrigans, légendes Arthuriennes, fables de l’Ankou ou de Brocéliande. En bref tous ces mythes fascinants tirés de cette région mystérieuse qu’est la Bretagne.
Avec l’aide de Thierry Jigourel et du dessinateur québécois Jacques Lamontagne, il nous propose ici un mélange de thriller médiéval et de récit d’aventure teinté de fantastique prenant place à la fin du 5ème siècle.

L’histoire nous emmène sur l’île de Bréhat, au large de la Bretagne, à une époque où les moines chrétiens viennent s’imposer et réécrire l’histoire selon leurs croyances, faisant disparaître la culture celtique. Dans ce contexte, le cadavre du frère Tutgwal est retrouvé sur la plage, décapité et empalé sur un pieu. Et ce n’est pas le premier à subir ce sort. Une enquête va donc être ouverte par les moines.

Des meurtres sauvages ©Soleil

Evidemment, dans un tel climat de tension entre les druides et les moines qui viennent supplanter leurs croyances avec leur nouveau Dieu, il est de bon ton de croire que ces crimes sont le fait des druides. Et ce n’est pas comme s’il n’y avait pas de preuves. Les corps des victimes sont couverts d’Oghams, la langue ancienne des pictes (confédérations de tribus brittoniques).

Mais le frère Gwénolé, à la tête d’une importante abbaye armoricaine, va demander au frère Budog de mener une vraie enquête car il se pourrait bien que ce soit un complot pour faire accuser les druides. Pour cela, Budog s’adjoint les services d’un druide, son ami Gwenc’hlan, l’un des derniers défenseurs de l’ordre druidique. Ce dernier est accompagné de son jeune disciple Taran et ensemble, ils vont mener l’enquête pour rétablir la vérité. Bien que Gwénolé accepte cette alliance avec un druide, il reste assez sceptique concernant leur innocence dans l’affaire et reste persuadé de la barbarie des croyances anciennes. Pourtant, notre duo d’enquêteurs va découvrir l’implication dans ces crimes d’un ordre chrétien secret et prétendument dissout : l’Imperium Dei.

Des décors qui nous emmènent dans la Bretagne légendaire ©Soleil

A partir de là débute un récit d’aventure mêlant mythes et faits historiques. Une combinaison assez efficace. Après tout, les celtes n’ayant pas laissé d’écrits ou ces écrits ayant été perdus ou détruits, nous savons assez peu de choses sur leur histoire avec certitude. Tous les textes que nous avons sont des retranscriptions faites par les chrétiens. La légende Arthurienne elle-même n’existe plus que par les yeux des chrétiens qui ont d’ailleurs déplacé les aventures des chevaliers de la table ronde à l’époque à laquelle ils l’ont couchée sur papier, c’est-à-dire celle du moyen-âge et des châteaux forts alors qu’aucune tribu celte n’a jamais bâti de tels édifices (ils faisaient des forteresses cela dit, mais assez éloignées du château fort). Merlin est devenu fils du Diable et le Graal un symbole fortement chrétien. A quoi devaient ressembler les légendes celtes transmises par la tradition orale ? Nul ne le saura jamais.

Il suffit d’écouter les légendes de Bretagne pour constater aussi que les mythes font souvent partie intégrante de l’histoire. A Quimper par exemple, lors de mon séjour dans cette région, j’ai constaté que la ville était censée avoir été construite par le roi Gradlon. Sa statue trône même entre les tours de la cathédrale. Gradlon est un roi légendaire fondateur de la cité d’Ys et père de la princesse Dahut responsable de son engloutissement, faisant de cette ville l’Atlantide des bretons. L’histoire est donc mélangée aux mythes. Gradlon était-il juste un chef de tribu celte comme aurait pu l’être Arthur ? Où s’arrête la légende et où commence l’histoire ? Impossible de la dire.

Les auteurs de la série s’amusent alors à insérer des légendes dans leur conte historique. Je dois avouer être assez friand de thrillers mystiques ou ésotériques prenant place dans un cadre historique, peu importe l’époque. J’ai donc apprécié ce mélange qui propose entre autres de conduire notre duo de druides enquêteurs dans la légendaire cité d’Ys (ou Is). C’est là bas qu’en compagnie de la fameuse Dahud (autre orthographe de Dahut), ils vont prendre connaissance du journal de frère Thomas qui les informe d’une machination menée par l’Imperium Dei. Cet ordre aurait confié aux moines assassinés la traduction d’un manuscrit révélant des secrets sur des artefacts celtiques : la fameuse lance de Lug, dieu majeur de la mythologie celtique, et le chaudron d’immortalité de Dagda. C’est évidemment pour faire accuser les druides qu’ils auraient fait preuve de barbarie en mutilant les traducteurs avant d’inscrire des Oghams sur leur corps. Quel est le véritable but de l’Imperium Dei ? Croit-il aux pouvoirs de ces reliques païennes ou veut-il juste faire disparaître à jamais les puissants symboles d’une culture qu’il souhaite supplanter ?

Au cours de ce périple aventureux, notre duo de personnages principaux va être témoin d’événements marquants, comme le fameux engloutissement de la cité d’Ys. Mais cette fois-ci, celle-ci ne disparaît pas à cause de l’influence du Diable sur Dahud comme dans la légende dépeinte par les chrétiens, puisque nous suivons un point de vue celte non-réinterprété par l’Eglise. Mais cette dernière disparaîtra malgré tout dans les eaux.

Massacre des druides par le furoncle sur pattes : l’évêque Verus

Massacre des druides par le furoncle sur pattes : l’évêque Verus ©Soleil

Les protagonistes vont croiser aussi un chef de clan du nom d’Arthur qui les sauvera d’envahisseurs saxons. Les vikings sont aussi de la partie lorsque nos héros alliés aux pictes découvrent qu’ils ont en leur possession un des talismans celtiques : la pierre de destinée. Gwenc’hlan, Taran et leurs alliés vont devoir faire face à mille dangers tandis que les hommes en noir de l’Imperium Dei gardent un œil sur eux grâce à un traitre dans leurs rangs, et les laissent faire le sale boulot à leur place.

Au même moment, sur les rivages de Bretagne, l’odieux évêque Verus orchestre un véritable massacre des druides sous prétexte de venger la mort des moines assassinés. Cet aspect là de l’histoire est intéressant puisqu’il aborde une certaine réflexion sur les interprétations des écritures et de la religion. Car le frère Gwénolé, pourtant présenté comme un chrétien conservateur favorable à la disparition de la culture celtique, ne va plus supporter de voir pareille infamie perpétrée au nom de son Dieu. Cette narration qui alterne d’ailleurs entre le groupe d’aventuriers et les agissements de l’évêque sur le continent renforce le suspense.

L’intérêt principal de la série est ce savant mélange d’enquête policière, de légendes celtes et d’action. Cela peut rappeler parfois Le nom de la Rose (meurtres selon des rites cruels, manuscrit maudit, narration par l’apprenti Taran en voix-off, et le personnage de Gwenc’hlan qui peut faire penser à Sean Connery). Il y a un vrai soin apporté à la représentation de l’époque et des lieux, que ce soit au niveau des coutumes, des luttes d’influences religieuses ou des décors. Le scénario bénéficie d’un suspense très bien mené qui nous transporte dans ces terres pleines de mystères noyées dans les brumes d’Armorique.
Les auteurs sont d’ailleurs des connaisseurs du monde celtique et du pré Moyen-âge, comme en témoignent des glossaires en fin d’album qui éclairent le profane. Ou si ce n’est pas le cas, sans doute se sont-ils fait aider, car on les sent documentés.

Les plus réfractaires à l’orientation légendaire que prend l’intrigue, pleine de mots complexes, pourront peut être trouver le premier album déroutant et peu engageant. Après tout, la première fois que nous voyons Gwenc’hlan, celui-ci communie avec Morrigane, femme du dieu-druide Dagda en passant au travers d’un feu pour joindre « l’autre monde » celtique (ce n’est pas le royaume des morts mais plutôt le domaine des divinités.) tel un gardien d’une culture très vaste à appréhender. On notera d’ailleurs que Morrigane (ou Morrigan) ressemble ici à un avatar de la déesse mère celtique qui incarne force, esprit guerrier et fertilité, et non pas à une déesse de la guerre diabolisée par les récits chrétiens.

Malgré cet univers dont on ne nous explique pas tout, le récit prend son temps et laisse le lecteur réfléchir, savourer la richesse des informations sur les légendes disséminées dans le texte et faire ses hypothèses sur la résolution du complot. Ainsi, rien ne paraît précipité et confus, à condition bien sûr de faire l’effort de suivre et de ne pas lire la série en regardant la télé en même temps. Un temps de cerveau est nécessaire pour apprécier l’histoire. Certains trouveront surement le tout un peu lent s’ils ne s’intéressent pas un tant soit peu aux mythes et légendes. Pour ma part, je l’ai dit dans un autre article, je trouve la mythologie passionnante car beaucoup plus représentative de la culture d’un peuple que les faits historiques qui recensent surtout les batailles et les lignées de rois.

Frère Gwénolé en proie au doute et à la tentation ©Soleil

Une grande partie de l’intrigue est tout de même révélée rapidement et l’aspect policier va laisser place à un récit d’aventure à base de mythes et de luttes entre divers peuples et croyances, couronnée bien sûr d’une chasse au trésor pour retrouver les artefacts magiques.

Au terme du premier cycle, même si les raisons de l’Imperius Dei pourront nous sembler un peu convenues, on se laisse surprendre par des visages étonnants sous la capuche des antagonistes, et on se prend au jeu des faux semblants et des révélations du final. La réflexion sur la religion et sa pérennisation ainsi que la description du choc des cultures, du changement des croyances sont très intéressantes et se mêlent efficacement à un thriller captivant.

Les personnages sont également assez plaisants à suivre. Gwenc’hlan est le sage et Taran l’apprenti un peu naïf qui se fera prendre au piège plusieurs fois avant de gagner en sagesse et de se consacrer à une vocation de guérisseur avec l’aide des conseils d’un moine. D’autres rôles plus secondaires resteront intéressants faute d’être attachants comme notamment le frère Gwénolé que l’on sent mauvais au début et entièrement dévoué à son Eglise mais qui s’opposera à l’évêque Verus.

On pourra regretter certains choix de scénario cela dit. Comme cette idée d’emmener nos druides jusqu’au nouveau monde dans le 6ème tome, outre atlantique, à une époque où ils n’y ont sans doute jamais mis les pieds. Cela ne gâche pas l’histoire mais décrédibilise un peu le contexte historique. Mais après tout, pourquoi pas ? L’ambition de la série n’est pas de respecter l’histoire à la lettre, ça on le sait depuis la présence de sorcières, de citées englouties et d’objets magiques.
Je ne trouve pas vraiment d’autre chose à reprocher à cette BD. J’ai déjà mentionné la profusion d’informations sur les légendes qui pourraient en rebuter certains, mais pour moi cela contribue à la richesse de l’univers et ça ne m’a pas dérangé. Le premier tome peut éventuellement vous donner une fausse idée de la série puisqu’on s’attend à une enquête policière alors qu’on dérive de plus en plus vers l’aventure et la chasse au trésor, mais le mélange fonctionne bien à mon sens.

Passons au dessin qui est tout simplement excellent. Si le style de Jacques Lamontagne ne semble pas spécialement original au premier abord avec un aspect réaliste classique, on constate au fil des pages que son souci du détail, la profondeur de champ qui offre des arrières plans fouillés et les expressions des visages particulièrement soignées le rend extrêmement agréable à l’œil. Pour ne rien gâcher, le tout est rehaussé par des couleurs (dont il s’occupe lui-même) qui au fil des tomes lorgnent de plus en plus vers la peinture et jouent un grand rôle dans les ambiances avec des teintes adaptées au climat, renforçant le relief des visages ou donnant des textures à l’herbe ou aux pierres. Le ciel également bénéficie d’un grand soin sur certaines planches. L’atmosphère est parfois grisâtre, parfois chaleureuse au coin d’un feu. On sentirait presque le froid, les éclairs ou la chaleur des intérieurs illuminés par des bougies.

Splendide atmosphère crépusculaire ©Soleil

Il se dégage des planches une vraie ambiance de légende médiévale mystérieuse, avec de belles images de la cité d’Ys et autres décors sauvages splendides faits de falaises escarpées, de landes verdoyantes parsemées de menhirs et autres cairns ou de mer déchainée. On se sent vraiment dans une région fantastique, sans qu’elle paraisse factice ou trop connotée « heroic fantasy ». C’est juste la beauté de l’Armorique.

La toute dernière planche du tome 6 introduit ce qui sera certainement l’enquête suivante de nos druides. Il s’agit d’un nouveau meurtre qui pourra vous rendre curieux de lire la suite, mais qui n’a aucun rapport avec l’intrigue clairement bouclée du premier cycle.
En conclusion, c’est une histoire que je trouve très réussie. Une saga légendaire grandiose pleine de rebondissements, de suspense, de trésors, de jolies princesses, de trahisons et confrontations culturelles avec comme héros des personnages atypiques qui gagnent en intérêt au fil des tomes. Que demander de plus ? Peut être les 3 tomes suivants que votre serviteur lira certainement, surtout s’ils sont confirmés comme étant les derniers.

Les magnifiques couvertures de Jacques Lamontagne

Les magnifiques couvertures de Jacques Lamontagne ©Soleil

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Un Thriller en Bretagne Moyen-Âgeux, des Druides, des Moines et Morrigane : Mattie-Boy vous fait découvrir la saga Druides de  Jean-Luc Istin, Thierry Jigourel et Jacques Lamontagne. 

27 comments

  • Matt  

    A noter que Jean Markale a fait un gros boulot de compilation de légendes tournant autour de la légende Arthurienne dans ses 2 « romans » « le cycle du Graal » en essayant aussi de remettre les histoires dans le contexte des celtes avec leurs forteresses (et non châteaux forts). Mais ce sont des lectures académiques pas forcément toujours plaisantes, au style d’écriture assez vieux même s’il les a réécrit dans un français moins ancien. C’est plutôt pour les passionnés, c’est bourré d’annotations en bas de page pour expliquer d’où vient ceci ou cela, s’il y a eu plusieurs versions de l’histoire, etc. Mais cela donne une idée des pans entiers de culture disparus et de l’héritage des versions chrétiennes.

    L’histoire de la fée Morgane est très compliquée d’ailleurs. Diabolisée en vilaine méchante dans la version chrétienne, il y a plein de théories comme quoi son nom pourrait aussi venir de Morrigane, avatar de la déesse mère gardienne d’Avalon. Et après tout après la mort d’Arthur Morgane prend soin du corps du corps de son demi frère et l’emmène en Avalon. C’est une guérisseuse qui n’est pas entièrement mauvaise selon certains récits mais amoureuse d’un Lancelot qui n’a d’yeux que pour Guenièvre, etc.

    D’ailleurs il y a une autre série de Jean Luc Istin qui a l’air très bien. « Excalibur, chroniques ». Il ne faut pas y chercher une adaptation littérale de la version chrétienne de la légende mais une réinterprétation originale d’un point de vue celte qui se déroule avant l’arrivée d’Arthur. Les romains chrétiens menacent aussi de remplacer les croyances tandis que Merlin, Viviane (qui n’est pas une petite fille mais une prêtresse de la déesse celte vivant sur l’ile d’Avalon) s’occupent du destin de Pendragon, le père d’Arthur, et qu’une autre dame du Lac (selon les légendes, ce ne serait pas forcément Viviane, il y en aurait plusieurs) apporte Excalibur à Merlin. Bref mélange de légende avec contexte historique et c’est visuellement très beau :

    http://www.planetebd.com/dynamicImages/album/page/large/16/69/album-page-large-16697.jpg

    Par contre c’est pas fini^^ 4 tomes sur 6 prévus. Je ne suis en général pas très intéressée par des adaptations littérales de légendes sauf si elles sont très fidèles. Si c’est juste pour faire pareil mais en version courte en zappant des éléments importants de la légende pour que ça tienne en BD, ça me frustre en général (c’est pour ça que j’ignore si Siegfried de Alex Alice me plairait puisqu’il parait que c’est une version allégée de la légende scandinave).
    Mais voir une interprétation différente d’évènements antérieurs mêlée à un contexte historique pour y ajouter la notion de choc des cultures, why not ?

  • Présence  

    Ayant découvert les bandes dessinées avant l’avènement de l’éditeur Soleil, j’ai toujours éprouvé un a priori irraisonné vis-à-vis de ses couvertures trop belles pour être vraies, comme celle du tome 3 en ouverture d’article. Du coup, ton article semble fait sur mesure pour aller à l’encontre de mon ressenti, en prenant le temps d’expliquer comment les scénaristes nourrissent leur récit de leur culture celtique et historique.

    Dans ton commentaire, je retrouve des échos de la version irlandaise de l’histoire des celtes que j’ai découverte dans les tomes de Sláine, avec une approche présentant quelques similitudes, à commencer par le fait que l’histoire a été écrite par les vainqueurs (les tenants de la foi chrétienne) et qu’ils n’ont pas fait œuvre de véracité historique.

    Je partage ton avis sur le fait que d’introduire un trop grand écart avec la véracité historique (départ des druides pour le nouveau monde) peut nuire à l’immersion. Ce mélange de thriller, enquête et mythologie a l’air très alléchant.

    • Matt  

      La couverture du début n’est pas celle du tome 3 mais d’une édition « la preuve par 3 » qui regroupe les 3 premiers tomes de la série. C’est un truc que Soleil a fait pour pas mal de séries. Je la trouvais jolie^^
      La vraie du tome 3 est en bas à gauche du dernier scan.

      Sinon la Bretagne et l’Irlande c’est pas loin^^ Il y avait des celtes dans ces régions, c’est donc normal j’imagine que différentes séries qui partagent ce cadre géographique abordent ce sujet de l’histoire écrite pas les vainqueurs.

      • Présence  

        J’ai regardé la couverture trop vite, et mon regard n’a capté que le chiffre 3.

        La Bretagne et l’Irlande ne sont pas loin, mais j’ai l’impression que les auteurs des 2 côtés de la Manche ne puisent pas leur inspiration aux mêmes sources. En ce qui concerne Sláine, Pat Mills a indiqué qu’il s’inspirait librement de Cúchulainn et de la mythologie celtique irlandaise qui finalement n’a pas l’air d’avoir de lien avec la geste arthurienne. Après le Dieu Cornu, l’auteur avait joué avec la notion de panceltisme, explorant différentes manifestations de la culture celte à travers les siècles. Dans le même temps, je m’intéressais aux albums de musique celtique du label Real World, avec également la mise en avant d’un panceltisme, mais d’une nature différente, passant par la Galicie et allant jusqu’à l’Afrique. Par contre, je ne me suis jamais intéressé à la culture celte proprement dite.

        Quant à l’histoire écrite par les vainqueurs, j’avais été marqué par l’interprétation très personnelle de Marion Zimmer Bradley qui racontait la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, d’un point de vue féminin en faisant de Morgane la véritable héroïne. Ce roman Les dames du lac met également en scène la lutte entre 2 mondes : celui des druides et des anciennes croyances et celui de la nouvelle religion chrétienne.

        • Matt  

          Bah il n’y a pas que les légendes arthuriennes en Bretagne. Je ne connais pas Slaine mais déjà « le dieu cornu » ça m’évoque Cernunnos, le dieu celte symbolisé par un cerf incarnant à la fois vie et mort. C’est ça ou pas dans Slaine ?
          C’est compliqué après de dresser des frontières vu que déjà il n’y a parfois aucun écrit sur ces légendes qui, je pense, pouvaient facilement franchir la Manche.
          Tu connais Arawn ? Une série de dark fantasy franco belge racontant l’avènement du roi d’Annwvyn (l’autre monde, les enfers, ça dépend des versions). Arawn est un personnage de la mythologie celtique brittonique. Et si tu veux savoir qui on peut mettre parmi les brittoniques…

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Langue_brittonique

          En gros c’est le bazar^^ Je pense que les légendes de ces contrées se mélangent aisément.

          • Présence  

            Oui, le Dieu Cornu est une importation de Cernunnos, une licence artistique de la part de Pat Mills. Je ne connais pas Arawn ; j’irai jeter un coup d’œil.

        • Matt  

          Et tout se recoupe ici :

          https://fr.wikipedia.org/wiki/Annwvyn

          Annwvyn équivalent du sidh irlandais, parfois dit anaon en Bretagne et baie des trépassés = Bae an Anaon, donc « trépassés = anaons » aussi, comme dit hier dans les contes de l’Ankou.
          En fait plus tu creuses, plus t’as mal à la tête^^

        • Matt  

          Le souci des différentes langues celtiques, de la tradition orale qui fait que rien n’a été écrit mais retransmis plus tard par des chrétiens qui ne croyaient pas en ce qu’ils écrivaient fait qu’on retrouve des histoires similaires selon les régions où vivaient les celtes mais avec des noms différents, et c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus compliqué que la mythologie grecque à suivre.

  • Tornado  

    Et bien j’ai bien fait de venir poster un commentaire après Présence, puisqu’il dit exactement ce que je voulais dire ! 🙂
    Je suis allé hier à Cultura pour trouver des idées de cadeaux et le rayon BD était inondé de ces séries Soleil tournées vers les celtes et l’heroic fantasy (je ne sais pas si c’est parce que l’éditeur est à Toulon, dans ma ville, mais il y a du Soleil partout sur les rayons ! 🙂 ). Istin semble être au four et au moulin dans cet amas de séries qui dépassent souvent la douzaine de tomes !
    Mon pote Fred (que Bruce et Présence ont déjà rencontré) est fan de tout cet univers Soleil. Le truc c’est que j’ai feuilleté plusieurs tomes de certaines séries chez lui (« Merlin », par exemple), et que j’ai trouvé ça peu engageant…
    Mais là, j’avoue que tu me tentes… Le côté « Le Nom de la Rose », l’aspect thriller médiéval… C’est, comme le dit Présence, « alléchant » !

  • Matt  

    Je ne suis pas fan de toutes les séries Soleil non plus, mais j’explique mal ces apriori que les gens ont en effet. Il y a de tout là dedans. Du bon comme du moins bon.
    Pour les druides, il y a une intégrale des 6 premiers tomes et comme je le dis, la suite n’es pas obligatoire.
    Depuis l’écriture de cet article, un ami qui a lu les tomes 7 à 9 m’a dit que ça bouclait une deuxième histoire sans ouverture sur une 3ème, comme si c’était la fin. Mais sur le net la série n’est pas mentionnée terminée. Peut être qu’ils prévoient un 3ème cycle mais en tous cas ce n’est pas obligatoire non plus de continuer après le 9.
    Pareil je ne saisis pas pourquoi la durée des séries dérange dans la mesure où Thorgal est toujours inachevé et que tout le monde adore. C’est juste que Thorgal c’est pas chez Soleil alors ça va ?
    Tout n’est surement pas bon à prendre mais comme chez n’importe quel éditeur en fait.
    Je ne connais pas Merlin, mais ça semble plus orienté jeunesse. Non pas que ce soit un défaut mais ça ne me tente pas non plus.
    Par contre ces Druides c’est très sympa et « Excalibur, chroniques » semble très prometteuse. L’ankou hier c’était chez Soleil celtic aussi…et fini en 3 tomes.

    Le crépuscule des dieux à plutôt bonne réputation aussi
    « Ys la légende » semble bien aussi, mais je m’y suis pas intéressé parce que je ne vais pas acheter 30 séries parlant de la même légende^^
    Arawn est magnifique aussi, tout à la peinture à l’huile puis à l’acrylique (même si léger niveau scénar, ça aurait pu prendre 2 tomes de moins)
    https://www.bedetheque.com/media/Planches/Albarawn1_26012008_153221.jpg

  • Matt  

    Et puis vous me connaissez, je n’aime pas les trucs interminables ou il faut attendre des années, donc ce dont je vous parle en général, ça peut se suffire en soi. Pas besoin d’attendre des suites^^

  • Tornado  

    Thorgal. C’était une autre époque. Une époque où les séries n’étaient pas légion et où une série à succès était bâtie sur un héros de BD, comme Tintin ou Spirou. Et non pas sur une saga. Une histoire avec début, milieu et fin.
    Et quoiqu’il en soit, ça dure depuis trop longtemps, Thorgal.

    • Matt  

      C’est vrai. Après de nos jours ça fonctionne en cycles tout de même. Il est également plus facile de s’arrêter en cours de série après une première histoire bouclée.
      En tous cas moi je ne conseille que des trucs complets, ou des cycles auto contenus^^ Parce que je n’aime pas non plus me retrouver piégé à devoir attendre des années pour finir une saga qui peut perdre en qualité au fil du temps (j’imagine les fans des chroniques de la lune noire. C’est devenu naze et ça a pris 20 ans à se finir…avant de repartir car en fait c’était pas fini^^ Et là il n’y a pas de cycle pour s’arrêter je crois)

  • Matt  

    Quant à Istin, il produit beaucoup. Je ne doute pas un instant qu’il doit y avoir des trucs pas terribles parmi ses BD. Mais il y a de bonnes choses aussi et je lui reconnais un certain talent de conteur, il gère bien le suspense et prend son temps.
    Il a aussi des séries courtes terminées à son actif (dont « Ys la légende » en 3 tomes). Après certains reprennent derrière lui comme Corbeyran qui donne une suite à son « ordre des dragons » mais là j’ai pas été convaincu du tout et j’ai préféré la série principale d’Istin.

    • Présence  

      Tu explicites assez bien mes a priori (dénués de toute base rationnelle) sur les publications Soleil : des auteurs que je ne connais pas, des séries à foison, un manque de critères permettant de me repérer dans leur production. Du coup, je n’ai fait aucun effort pour défricher ces contrées inconnues.

      • Matt  

        J’avoue que moi je me rends sur ce site :
        http://www.bdtheque.com/main.php?bdid=4364&scroll=0

        Et tu vois par exemple il y a plein de thèmes sous la BD pour voir les sujets abordés. Et en trouver d’autres. On peut classer par série terminée, nombre de tomes, etc. Je me suis aidé de ça pour trouver des BD sur des sujets qui m’intéressaient. Slaine est d’ailleurs dans le thème « mythologie celtique »

        • Présence  

          Autant je suis des sites spécialisés pour mes comics, afin de suivre les auteures ; autant je choisis mes BD sur l’inspiration du moment, dans les rayonnages de la FNAC ou de la médiathèque. Je lis aussi le mensuel dBD, à la fois grand public, à la fois un peu pointu, avec une rubrique Chroniques bien fournie.

          • Matt  

            Moi je cherche quasi tout sur un ou deux sites, comme celui mentionné. Et pour les comics, le blog m’aide. Mais on est surtout comics ici, et des fois ça me lasse, je veux fouiller dans les mangas et le franco belge.

  • Eddy Vanleffe  

    sur la Bretagne je me souviens surtout d’une BD magnifique politiquement engagé (séparatiste carrément ^^!)
    BRAN RUZ chez Caterman. je ne crois pas que cela soit réédité ce machin.

    https://www.bedetheque.com/BD-Bran-Ruz-777.html

  • Matt  

    Bon alors je ne sais pas si ça intéressera quelqu’un mais j’ai lu les 3 derniers tomes (enfin…du moins ça semble être la fin, il n’y a même pas d’ouverture vers un nouveau cycle donc on peut complètement s’arrêter là). Et si le tome 7 semble nous réserver un scénario un peu simpliste à base d’une famille cinglée du genre la famille de Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse, il prend carrément une tournure plus ambitieuse dans les tomes 8 et 9 avec des retournements de situations et des histoires de luttes de pouvoirs entre les celtes et les chrétiens. Et la fin est même moralement ambiguë, mais d’une façon qui tient complètement la route compte tenu de l’époque (on est loin du manichéisme et du rejet de la lutte guerrière d’un Thorgal qui ne reflète pas du tout son époque plus sauvage.)
    Au final je ne regrette pas l’achat de cette série. Un bon mélange de mystères, d’enquêtes, de légendes et de luttes de religions avec des druides forcés de se choisir un camp dans une époque cruelle.

    Sur un tome, Jacques Lamontagne ne s’occupe pas lui-même des couleurs et même si le résultat est pas mal, ce n’est pas du même niveau. Même si c’est surement une colorisation informatique, Lamontagne gère bien mieux la colorisation de ses dessins.

    • JP Nguyen  

      Forcément, Matt : Lamontagne, ça vous gagne !

  • Tornado  

    Si si, j’avais acheté l’intégrale sur une pulsion d’achat compulsif après lecture de ton commentaire…

    • Matt  

      Laisse-moi deviner…elle dort sur tes étagères ?^^
      En tous cas le 2eme cycle est bien aussi, quoi. Moins orienté fantastique, beaucoup plus « lutte de pouvoir ». C’est pas un incontournable de la BD non plus mais les 9 tomes ne m’ont pas déçu.

  • Jyrille  

    « je trouve la mythologie passionnante car beaucoup plus représentative de la culture d’un peuple que les faits historiques » : je suis assez d’accord moi-même avec ça. D’ailleurs, de nos jours, j’ai qusiment laissé tomber les infos pour la fiction, qui me semble être bien plus porteuse de vérité (et la lecture / relecture de Philip K. Dick va dans mon sens).

    La série a l’air sympa, j’ai immédiatement pensé au Nom de la rose, et le dessin n’est pas désagréable (surtout au niveau des décors et couleurs j’ai l’impression) : les couvertures sont réussies et l’avant-dernier scan assez impressionnant. Mais je pense que je lirai ça en médiathèque, ou sur prêt, car je ne pense pas que cela fournisse une envie de relecture.

    Je me rends compte que je ne sais rien de la légende arthurienne à part qu’elle prend racine au temps des romains et que la version moderne n’en est que réécriture : que représentait donc le Graal ?

    En tout cas merci pour la découverte !

    La BO : totalement inconnue pour ma part.

    • Matt  

      Aucune idée pour le Graal. Il est probable que ça n’existait pas dans les récits celtes.
      Si t’es vraiment hyper curieux, tu peux te procurer les 2 volumes du cycle du Graal par Jean Markale qui recensent plein de récits écrits, et avec pas mal de renvois dans les marges pour des observations ou théories de sa part sur l’origine des récits et les probables modification des mythes celtes. C’est évidemment uniquement des théories mais c’est tout ce qu’ont peut avoir.

      Par contre ça ne se lit pas tellement comme des romans car c’est une succession de récits anciens souvent répétitifs ou similaires qu’il a réécrit dans un français plus moderne (parce que les vraies versions, faudrait un dico de vieux français à chaque mot) ça peut devenir chiant si on lit tout d’un coup, mais ça donne une vision d’ensemble de tous les récits sur le mythe arthurien.

      Pour la lecture, tu fais comme tu veux^^ Je sais que ce n’est pas trop le type de lecture après lesquelles tu cours. Moi j’aime bien.

      La BO est une chanson connue en Bretagne.

    • Matt  

      Et sinon…oui les couleurs et décors sont le point fort des dessins c’est vrai. Mais le dessinateur Lamontagne est aussi le coloriste^^
      Dans le 2eme cycle (de 3 tomes, qui est bon aussi), un des albums n’est pas colorisé par lui, et même si ça reste tout à fait sympa, on voit bien la différence.

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