Teenage Crisis (Young Justice)

 

Young Justice – la série animée

1ère publication le 24/07/15- MAJ le 16/02/19

Justice League of Adolescents

Justice League of Adolescents
©Warner Bros

AUTEUR : JP NGUYEN

Cet article parlera de la série animée Young Justice, créée par Brandon Vietti et Greg Weisman, qui dura 2 saisons, de 2011 à 2013. Le titre de la série pourrait induire en erreur les vieux fans du DC Universe : la série n’est pas basée sur le comics du même nom écrit par Peter David.

Pour le coup, le titre français est, à défaut d’être élégant, plus explicite : « La ligue des justiciers : nouvelle génération ». C’est sur la chaîne France 4 que ses 46 épisodes furent diffusés, entre 2012 et 2013. Pour l’instant, seule la saison 1 est disponible en DVD VF (intégrale sortie en octobre 2014).

Au départ, Young Justice est une série qui m’avait laissé assez sceptique. Après l’adaptation réussie de La ligue des Justiciers par Bruce Timm et le distrayant mais agaçant cartoon Teen Titans Go, je ne voyais pas ce qu’une nouvelle série consacrée aux jeunes héros DC pourrait amener de neuf.

Mais la dynamique de l’équipe, à la composition assez bien pensée, la caractérisation soignée des personnages et les intrigues secondaires bien intégrées dans la trame d’épisodes bien rythmés m’a fait accrocher assez vite à cette énième série de super-héros.

Sidekick power !

Young Justice nous propose donc de suivre les aventures d’un groupe de jeune super-héros, composé de sidekicks ou de versions juniors des grands héros de l’univers DC : Robin (Dick Grayson) le jeune protégé de Batman; Aqualad, le coéquipier d’Aquaman; Kid Flash (Wally West), le neveu de Barry Allen; Superboy, un clone adolescent de Superman; Miss Martian, la nièce du Martian Manhunter; Artémis, la nièce de Green Arrow. Cette dernière rejoint l’équipe suite au refus de Speedy (Roy Harper), le sidekick de Green Arrow, d’intégrer cette ligue junior. Roy Harper jouera quand même un rôle important dans la série, en tant que franc-tireur, sous les identités successives de Red Arrow et Arsenal.

Au fil de la série, ils seront rejoints par d’autres équipiers (Zatanna, Rocket…) et croiseront moult figures du DC Universe (Red Tornado, Captain Marvel, Lobo, Mister Freeze…). Toutes ces interactions permettent de ne pas enfermer les personnages dans leur microcosme mais sans que cela soit au détriment de la caractérisation, qui se dessine par petites touches, pour des héros/ados qui traînent pas mal de secrets et de mal-être.

Super-team, normal teens

Pouvoirs/capacités extraordinaires mais problèmes d’ados lambda : c’est une recette éprouvée dans les comics (des Teen Titans aux New Warriors en passant par les New Mutants) et elle est efficacement reprise dans cette série animée. Chaque personnage porte sa croix et gère à sa façon sa crise d’adolescence. Kid Flash est un fonceur, un blagueur et un dragueur malchanceux. Artémis traîne d’embarrassants secrets de famille. Miss Martian redoute plus que tout de devoir révéler sa véritable apparence à ses co-équipiers. Superboy, qui a hérité des gènes de Superman et Lex Luthor, s’interroge sur sa nature profonde. Aqualad émerge comme le plus mature de la bande, ce qui le désignera naturellement comme leader, avant que Robin ne lui succède. Ce dernier est partagé entre le désir d’égaler son mentor, Batman, et la peur de devenir aussi austère.

Dans l’ensemble, ce sont tous des personnages forts, permettant des interactions intéressantes, que ce soit dans les rapports amoureux assumés ou refoulés ou encore dans la création de la dynamique d’équipe lors de leurs actions sur le terrain.

Une équipe à la composition bien trouvée

Une équipe à la composition bien trouvée
Source : Polygon
©Warner Bros

Des ennemis dans La Lumière et un traître dans l’ombre

Le fil conducteur de la saison 1 est la lutte de l’équipe contre une mystérieuse association de super-vilains : « La Lumière ». Cette organisation projetterait un complot à l’échelle planétaire et aurait de surcroit réussi à infiltrer l’équipe ! Les missions se succèdent et voient les affinités se créer, certains membres prenant de l’assurance, d’autres traversant des périodes de doute, les soupçons sur l’identité du traître se portant tour à tour sur plusieurs membres de l’équipe, au gré des révélations sur leurs petits secrets.

Les menaces déjouées sont variées et permettent aux rangs de l’équipe de s’élargir, en accueillant notamment Zatanna et en recroisant aussi Red Arrow. Ce dernier joue un rôle-clé dans l’arc final, lors de la révélation de l’identité du traître. Dans un final intense, l’équipe devra affronter la Ligue des Justiciers, tombée sous le contrôle mental de Vandal Savage. Ce choc des générations étant l’occasion pour les sidekicks de montrer qu’ils ont grandi, en tout cas suffisamment pour se mesurer à leurs ainés.

Un casting fortement remanié pour la saison 2

Un casting fortement remanié pour la saison 2
Source Pinterest 
©Warner Bros

Young Justice : Invasion

De façon assez inattendue, la saison 2 effectue un bond en avant de 5 ans, avec une composition d’équipe profondément modifiée. Si Robin dirige toujours l’équipe, c’est Tim Drake qui se cache sous son masque et non plus Dick Grayson, ce dernier ayant pris l’identité de Nightwing. Blue Beetle, Lagoon Boy, Wonder Girl, Beast Boy; Batgirl, Bumblebee et Impulse sont les nouveaux membres d’une équipe qui a vu le départ d’Artemis, Kid Flash et Aqualad. Celui-ci a fait défection pour rejoindre La Lumière.

Les raisons de tous ces changements sont amenées progressivement au fil d’une saison où l’équipe doit assumer les conséquences des actions de La Ligue pendant les quelques heures où elle était sous le contrôle de Savage, tout en déjouant une invasion à l’échelle planétaire menée par les Reach, des extra-terrestres dissimulant leurs mauvaises intentions. Même si les nouvelles têtes abondent, les « anciens » ne seront pas totalement perdus de vue, et auront même un rôle important à jouer, en particulier Red Arrow et Kid Flash. Cependant, il faut avouer qu’un cast aussi pléthorique est assez difficile à gérer et que les nouveaux héros sont moins attachants que ceux de la saison 1.

Des héros sur le chemin de la maturité dans un univers foisonnant

L’adolescence est le moment de la vie où l’on se cherche le plus. Lorsqu’on doit gérer des super-pouvoirs, une double identité voire des secrets de familles ou un clonage, ça devient encore plus compliqué. La transposition de l’âge ingrat dans l’univers des super-héros DC, intégrée dans des intrigues fort bien ficelées, donne au final un divertissement particulièrement réussi.
L’équilibre entre les personnages connus comme Robin ou Kid Flash et ceux plus obscurs comme Aqualad ou Artemis est assez bien trouvé et donne de l’épaisseur au casting. La richesse du DC Universe est également bien exploitée, que ce soit dans les arcanes du surnaturel avec le Heaume de Nabu, dans la technologie hyper-avancée des Mother-Box provenant d’Apokolips et bien sûr dans le défilé des super-vilains qui barrent fréquemment la route de nos héros.

Toutefois, si les ennemis sont nombreux, on pourrait leur reprocher un certain manque de profondeur. Les plus réussis sont sans doute Sportsmaster, Lex Luthor et Cheshire, ces trois personnages ayant tous un lien particulier avec un des membres de Young Justice. Sans tomber dans la grotesque surenchère gore qui a touché les comics DC, la série est plus sombre que ses devancières, influencée par les récits écrits par Geoff Johns dans les années 2000. Le sort de Red Arrow/Roy Harper, en particulier, est assez tragique. A l’issue de la série, un des cinq membres initiaux passera de vie à trépas.
Le pari audacieux de procéder à une avance rapide de cinq années entre les deux saisons permet de montrer l’évolution des personnages de la saison 1. Ainsi, même avec une existence assez courte, la série s’est payé le luxe de faire grandir et mûrir ses héros.


Les sidekicks deviennent des héros à part entière…

De belles images mais à l’impact limité

La série avait la lourde tâche de succéder aux adaptations animées du DC Universe par Bruce Timm. Les auteurs se sont démarqués de leurs prédécesseurs avec un design plus « réaliste » et des costumes actualisés, assez réussis. L’animation est également impeccable et les scènes d’action sont d’une grande fluidité. Toutefois, malgré l’abondance d’action, de décors grandioses traversés et de sauvetages in-extremis, aucune séquence ne m’a vraiment marqué.

Young Justice est un dessin animé de bonne facture mais qui ne possède pas de cachet visuel très fort. Les images racontent efficacement l’histoire mais ne flattent pas excessivement la rétine. Il manque un peu une ambiance, contrairement, par exemple, à Batman : The Animated Series, où le côté « Noir » de Gotham suintait sur les cellulos…

46 > 52 ???

Depuis des années, l’univers DC est un magma en constante recomposition, qui vogue de Crisis en New 52 pour tendre vers une hypothétique Convergence. Loin de tout ce chaos éditorial, Young Justice est l’occasion d’un agréable tour d’horizon de cet univers, aux côtés de jeunes héros plus ou moins connus mais tous assez bien caractérisés. Ces personnages sympathiques, plongés dans des intrigues à rebondissements sont l’assurance de passer un bon moment devant un divertissement de qualité même s’il ne révolutionne aucunement le genre. Paradoxe « mathématicomique » : les 46 épisodes de Young Justice valent largement un 52.

hhhh Source : Justiciajoven http://justiciajoven.wikia.com/wiki/El_Equipo?file=Young_justice_invasion_group.jpg

Des jeunes héros qu’on aura eu plaisir à voir grandir
Source : Justiciajoven 
©Warner Bros

12 comments

  • Bastien  

    Bonjour,
    Merci pour ce article qui est très intéressant.
    Pour ma part j’ai beaucoup aimé cette série.
    Les personnages de la première saison sont très attachant et l’évolution entre les deux saison avec ce gap de 5 ans est très osé.
    Je ne comprends pas pourquoi DC a décider de ne pas poursuivre cette série alors qu’elle est bien meilleur que leurs adaptations d’arc en animé ou leurs séries teens. La série est à mon avis bien plus aboutie que les séries Teen Titans ou Red wood and the outlaw de leur univers New52.

    Bonne journée.

  • tornado  

    J’avais commencé à suivre les animes DC et Marvel avec gourmandise, les trouvant extrêmement réussis (je crois même avoir préféré l’adaptation de « All Star Superman » au comicbook !).
    Et puis j’ai décroché par manque de temps et/ou pour cause de trop de choses à suivre. Mais il parait que c’est moins bon aujourd’hui. D’ailleurs, comme JP l’a déjà dit, j’avais trouvé que l’adaptation de « Dark Knight Returns » contredisait un peu le comicbook par ses choix narratifs.
    Je pense que cette série « Young Justice » me plairait. mais j’ai peur de ne pas trouver le temps de la voir. Ou peut-être avec mon fils, un de ces quatre…

  • sam331  

    YJ reste une de mes séries animé DC préférée en compétition avec la Justice League des années 90/début des années 2000.
    Comme l’article le met bien en avant son point fort est son incroyable richesse. Alors que le DC Universe papier n’a de cesse d’essayer « d’aplanir » les choses et de rendre sa continuité moins complexe (tout en obtenant le résultat inverse, puisque la continuité du New 52 est un bordel sans nom), la série fait ici le choix inverse d’embrasser toutes les dimensions de l’univers DC pour proposer une synthèse tout à fait cohérente.

    En fait en un sens, YJ est ce que le New 52 aurait du être, elle respecte parfaitement l’héritage du passé, par exemple avec la famille Flash, ou les différents Robin, tout en s’en servant de matériel pour de nouvelles histoires. Et comme la série se concentre précisément sur quelques personnages, le nouveau téléspectateur ou éventuel nouveau lecteur n’est jamais perdu.

    La conclusion restera un de mes grands regrets, avec la mort d’un des personnages et la non résolution du grand plan de Vandal Savage,le dernier plan s’achevant sur une rencontre qui annonçait du très lourd.

  • Présence  

    Merci JP pou cette présentation soignée, précise et chaleureuse de ces 2 saisons de dessins animés. Il s’agit d’un support qui ne m’attire pas, mais c’est un vrai plaisir que de pouvoir satisfaire ma curiosité quant à ces versions. De plus en plus, le succès télé ou cinéma d’un personnage a des retombées sur les comics, parfois même avant toute diffusion sur petit ou grand écran. Je pense que la réédition en intégrale de Lucifer de Mike Carey a vu le jour uniquement afin pouvoir servir d’argument de vente auprès des développeurs de la série télé.

    Quelle étrange composition de l’équipe pour ces 2 saisons ! Effectivement, la présence de Miss Martian (Megan Morse) semble supposer que cette version des Teen Titans doit quelque chose à celle de Geoff Johns dans les comics.

    • JP Nguyen  

      La série était à la fois fidèle à l’esprit des comics et originale (pas un décalque d’un arc en particulier ) c’est ce qui faisait une partie de son charme.

    • Marti  

      Pour la saison 1 c’est un véritable melting pot des différentes incarnations, des Teen Titans et de la Young Justice ; Robin/Dick Grayson et Wally/Flash pour les TT originaux, Superboy pour la YJ, Miss Martian pour les TT période Geoff Johns, Aqualad préfigurait l’arrivée de cette itération du personnage dans le DCU post-Brightest Day, une arrivée totalement sabordée par les New52 qui ont fait disparaître le personnage.

  • Jyrille  

    J’avoue ne rien connaître dans les animés, mais on m’a dit le plus grand bien de l’adaptation de The Dark Knight Returns et de All-Star Superman, ainsi que de Batman the animated series. Faudra que je tente, avec mon fils. Merci JP pour la présentation, donc, avec deux univers que je ne maîtrise pas du tout (le DC universe et les animés).

  • Marti  

    Une série que j’ai adorée, une des meilleures réussites scénaristiques de ces dernières années avec une animation solide. Pour l’anecdote le monde de cette animé était officiellement désigné comme la Terre-16 du Multivers DC avant que les New52 ne fassent le ménage.

  • Laurent  

    J’adore cette série.
    Faudrait-il envisager une màj de l’article, maintenant qu’une troisième saison est en cours de diffusion ?

  • matt & Maticien  

    je viens de découvrir que la 3 eme saison s’appelle « Young Justice: Outsiders

    personnellement j’ai trouvé le scénario des 2 premières saisons excellent. Brandon Vietti and Greg Weisman ont été très reconnus pour ce travail et je suis d’accord (je trouve que 4 étoiles c’est un peu dur ;). d’après Wikipedia, ce sont les ventes de jouet qui auraient été décevantes. Le public cible n’achète peut être plus de figurines.

    c’est la pression des fans qui a permis cette 3 e saison. 13 épisodes en janvier 2019 que je vais essayer de découvrir et 13 à venir en juun 2019.

  • JP Nguyen  

    Oui, j’avais entendu parler de la saison 3, obtenue par les fans… Ça a pris un peu de retard, je croyais que c’était prévu pour 2018…
    Arf, encore du temps à libérer pour voir ça…

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