The Postwar Dream (Motor Girl)

Motor Girl par Terry Moore

Samantha fait le singe !

Samantha fait le singe !  
(C) Abstract studios

Une review huilée par BRUCE LIT

VO : Abstract studios

VF : Delcourt

Toutes les images de cet article sont la propriété de Terry Moore.

Motor Girl est une histoire complète en 10 épisodes scénarisée et dessinée par Terry Moore. La plupart des scans de cette review sont faits maison du fait de leur rareté sur le net.

Pour éviter tout stress post-traumatique, fiez vous à cette balise spoilers.

Je ne veux pas écrire cette review.
Je ne crois pas pouvoir le faire car Motor Girl m’a rendu heureux.
Et c’est difficile d’écrire en étant heureux. Gainsbourg en avait bien saisi l’impossibilité : sur une photo, un ciel bleu  sans nuages est beaucoup plus fade à observer que des lumières d’orages….C’est de cet orage dont je veux vous parler aujourd’hui.

D'aucuns rêvent de Moore en couleurs

D’aucuns rêvent de Moore en couleurs.
(C) Abstract studios

Le pitch :Lorsqu’elle était dans les Marines, Sam, notre héroïne a échoué à sauver un enfant durant son troisième passage en Irak.  Capturée et torturée, elle revient marquée dans sa chair et son âme. Alors qu’elle pourrait rentrer chez elle, elle s’installe dans le désert californien où elle répare des voitures.

Alors que l’on pourrait imaginer que Sam soit une épave parmi les épaves,  elle offre le spectacle d’une jeune femme rigolote et spirituelle comme Moore aime les écrire,  d’une résistance surnaturelle au soleil et qui discute à longueur de journée avec Mike. Un gorille qui parle. Son ami imaginaire. On se rappelle que son héroïne culte, Kacthoo de Strangers in Paradise  était elle aussi une jeune écorchée vive à l’humour chevillé au corps.

Une femme chercher des aliens en plein désert avec un gorille en caleçon....Tout va bien !

Une femme cherche des aliens en plein désert avec un gorille en caleçon….Tout va bien !
(C) Abstract studios

Oui, Sam se sait un peu cinglée depuis l’Irak. Mais elle ne va pas trop avoir le temps d’y penser. Car un homme d’affaire nommé Hergé (oui, comme...) va tenter de l’exproprier tandis qu’elle rencontre des aliens qui se posent dans son garage !  Tout ce petit monde va s’affronter entre deux flash-back revenant sur le traumatisme de notre amie.

Première constatation: c’est quoi ce truc délirant ? Des aliens, des Men in Black aussi maladroits que les Dupondt, des doubles de Odin Quincannon et Arseface (Preacher), une mamie aussi teigneuse que Tartine, un Gorille qui parle de Jazz et un enfant Alien qui ne sait pas piloter sa soucoupe volante.

Deuxième constation : Dieu merci, ce n’est pas du Grant Morrison; l’histoire est limpide, facile à suivre avec de vrais êtres humains à l’intérieur, les meilleurs dialogues qu’on ait lus dans un comics depuis The Boys, des moments de franches rigolades s’enchaînant avec des difficultés respiratoires tellement cette putain de boule dans la gorge est difficile à avaler lors de grands moments d’émotions comme l’auteur en a le secret.

Arseface, on t'a reconnu !

Arseface, on t’a reconnu !
(C) Abstract studios

Troisième constatation : Terry Moore est au meilleur de sa forme. Sur Strangers in Paradise, il bâtissait l’oeuvre de sa vie non sans quelques longueurs. Sur Rachel Rising malgré un dessin époustouflant, il livrait une histoire sympathique avec autant de mal à démarrer que de précipitation à se terminer. Pour Motor Girl, il écrit enfin un récit débarrassé de ces problèmes de rythme.  Pas une virgule de trop, des personnages avec des caractères bien trempés (c’est tellement rare dans des récits si courts) qui s’affranchissent enfin de Francine et Katchoo (qui venaient squatter son Rachel Rising).

Et surtout, une homogénéité bienvenue : tous les ingrédients disparates de cette histoire semblent tomber du ciel pour s’imbriquer comme des lignes de Tétris et former une histoire complète.  Sam passe du désert Irakien au désert Américain où elle  est envahie à son tour par des Aliens.  Le singe que lui offre le petit garçon qui va mourir fait écho à Mike, son gorille imaginaire.  Plus subtilement, la fusée lunaire d’Hergé résonne comme la folie de notre amie : Sam est lunatique / elle vit en plein soleil alors que sa raison s’est exilée sur la face cachée de la lune chère à Roger Waters. On se rappellera qu’une autre série de Moore s’appelait…Echo !

Impuissante face à la mort programmée d'un enfant

Impuissante face à la mort programmée d’un enfant.
(C) Abstract studios

Sam est une femme brisée qui répare les épaves des autres, dans le déni d’un stress post traumatique de plus en plus intense au fil de l’histoire. L’écriture de Moore fait le reste en synchronisant parfaitement son lecteur avec ce qui se passe à l’écran : plus on avance,  plus on souhaite que Sam guérisse, qu’elle accepte les soins qu’elle refuse obstinément, qu’elle atterrisse, qu’elle vive sans revivre cette mort dont elle n’est pas responsable.

C’est une véritable Masterclass scénaristique que donne Moore ici : il transforme ses lecteurs en amis, en complices, en aidants. Tout à coup cette femme devient à son tour notre amie imaginaire à qui l’on parle à haute voix, parce que ce monde est en guerre et notre impuissance, si puissante. Si ce n’était pas vrai, pourquoi expliquer notre fascination pour le super-héros ?

Moore est lui aussi en dialogue avec lui-même. En fonction des besoins de son récit, le scénariste laisse les commandes au dessinateur. Lorsque Sam souffre, c’est souvent dans des séquences muettes poignantes où le récit va au delà des maux. Inversement son sens de la comédie lui permet toutes les outrances déjà présentes dans SIP : exagération disproportionné du lettrage, des milliers de balles employées lors d’un assaut où la discrétion est demandée, des porte flingues si peu doués que la kidnappée leur prête main forte.

En cherchant une parenté récente, on pourrait rapprocher ce récit d’une ambiance à la Tony Chu où le comique délirant et fantastique alternait avec les pires souffrances de nos héros. Mais les comparaisons s’arrêtent là tant Terry Moore transcende son travail et écrase la concurrence. Son récit n’est pas anti-guerre, anti-musulman ou américain: c’est une histoire de conséquences, d’une femme qui ne sera plus jamais chez elle et qui traverse son désert intérieur malgré la fin de sa guerre.

L'avantage dans les Bd's, c'est que les cartouches sont gratuites

L’avantage dans les Bd’s, c’est que les cartouches sont gratuites.
(C) Abstract studios

Graphiquement, Moore avec ce trait si fin, élégant, reconnaissable entre mille, alterne des décors fidèles de carcasses d’épaves aux plans où les personnages palabrent sur fond blanc pour accentuer le comique des dialogues. On passe parfois de planches à la Geoff Darrow où le lecteur peut compter le nombre de douilles tirées par les militaires à l’épure de Schultz où il ne manque que Charlie Brown.

Lorsque Terry Moore termine en faisant le lien entre Bik (une ville en Irak) et le prénom du petit Alien, on se dit, que oui, parmi tous ces faiseurs de comics au kilomètres frimeurs et convaincus qu’un pitch fait un scénario, incapables d’humour ou de dérision, inhabiles à donner de la voix à leurs personnages,  Moore fait effectivement figure d’alien.  Et que l’on aurait bien envie de jeter ce clavier, prendre son stylo pour lui écrire une jolie lettre d’amour. Au Bik, bien sûr.

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Un maître de l’art séquentiel.
(C) Abstract studios

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Il sort beaucoup de comics mais peu de chef d’oeuvre, un mot pas usurpé pour désigner Motor Girl de Terry Moore, drôle et émouvant. Foncez découvrir pourquoi chez Bruce Lit.

La BO du jour : Et le soldat rêva d’une vie où il n’aurait plus à tuer des enfants

32 comments

  • Matt  

    Joli article avec lequel je suis complètement d’accord. J’ai beaucoup aimé ce comics aussi.
    Je crois que tu insères un peu trop d’éléments qui vont permettre aux gens de comprendre un truc qu’il vaut mieux découvrir par soi-même à la lecture, mais d’un autre côté, ce ne doit pas être simple de parler des qualités de l’histoire sans les évoquer un minimum ces éléments.

    Bon en gros j’aurais pas fait mieux mais pour ce comics, il faudrait presque se contenter de dire « va le lire ! » « mais euh…c’est quoi ? » « ta gueule, va le lire ! »^^

  • Matt  

    Et tu devrais essayer Echo. Pour moi le principal défaut c’est une fin précipitée qui ne répond pas à toutes les questions scientifiques, mais comme la science tu t’en balances, tu devrais quand même trouver ton compte dans les personnages et leurs relations entre eux qui sont très sympas. Il y a de l’humour aussi et pas mal de moments réussis.
    C’est pas aussi bien que Motor Girl, mais d’un autre côté c’est pas du tout le même genre de BD non plus.

  • Présence  

    Voilà un autre article que j’attendais avec curiosité. Je n’a pas eu le même rapport émotionnel avec cette histoire, n’arrivant pas à concilier les aspects absurdes que tu évoques, avec la gravité de l’état de Samantha. Je n’ai pas réussi à concilier l’aspect délirant avec le drame. Je n’ai toujours pas compris pourquoi il y a un personnage qui s’appelle Hergé.

    Pourtant, je suis quand même tombé sous le charme des personnages, car, comme ut l’indiques, Terry Moore sait les faire exister avec élégance et conviction. C’est vraiment un plaisir que de pouvoir considérer cette histoire avec les yeux d’un autre lecteur, ce qui me permet de voir ce qui m’avait échappé. Merci.

  • Bruce lit  

    @Présence : la référence à Hergé me paraît faire écho à la folie lunaire du personnage mais le mieux sera de lui demander directement. Il était d’accord pour une ITW. Depuis l’épisode Lobdell je suis prudent mais je l’ai relancé aujourd’hui.
    @Matt Pour le coup si je suis amené à lire Echo, ce sera en VO car je n’aime pas le format Picsou Magazine où Delcourt édite Walking Dead ou Echo. Le papier est moche, c’est volumineux et mes bibliothèques saturent autant que le foie de ces pauvres oies.
    Je n’ai pas l’impression d’avoir tant spoilé que ça, la substance de l’oeuvre étant plus que résumée. D’autre part, il est vrai que les spoilers n’ont aucune importance dans mon plaisir de lecture.

    • Matt  

      Ah, j’aime bien les formats Delcourt moi. Je le trouve bien le papier. Fais-tu partie des fous du papier glacé ?^^ Pour moi, le noir et blanc ne nécessite pas de papier hors de prix brillant.
      Mais bon comme tu veux. Lis le en VO^^

      « D’autre part, il est vrai que les spoilers n’ont aucune importance dans mon plaisir de lecture »

      Oui le tien peut être…
      Je sais pas, moi j’aurais pas su comment chroniquer cette série. Je l’ai lue sans rien savoir, rien de rien. Et j’ai complètement halluciné devant les scènes délirantes et j’ai été touché par la fin. Et je pense que ça m’aurait fait chier qu’on m’ait tout dit à l’avance^^

  • Tornado  

    Tu vends tellement bien la chose que je me suis surpris à penser « ça a l’air vachement bien », alors qu’il s’agit typiquement du genre de BD que je snoble sans même avoir envie de la feuilleter.
    A cause de l’accroche et du pitch, justement.

    « Parmi tous ces faiseurs de comics au kilomètres frimeurs et convaincus qu’un pitch fait un scénario, incapables d’humour ou de dérision, inhabiles à donner de la voix à leurs personnages, Moore fait effectivement figure d’Alien »
    – Je vois ce que tu veux dire mais ma grille de lecture fera toujours que ce sera le pitch qui me fera lire une BD. Ici le sujet ne m’intéresse pas le moins du monde, et le personnage et son univers encore moins.
    Mais j’ai sans doute tort, puisque les travaux de cet auteur semblent faire l’unanimité.

  • Jyrille  

    Très bel article touchant, Bruce. Je note dans un coin cette fille motorisée, sachant que je dois lire tout SIP… J’aime beaucoup ta conclusion et tes coups de couteaux à la production mainstream, je suis incapable de faire ça. En tout cas les scans sont plaisants même si très différents.

    La BO : on en a déjà parlé…

  • Eddy Vanleffe  

    Terry, c’est mon Moore à moi…
    J’adore son écriture et j’épouse ses mots.
    Merci Bruce pour cette critique.
    Je crois que je vais le mettre sur la liste de Noel.

  • Ozymandias  

    Je rejoins la communauté concernant la qualité de ta chronique. Mon seul souci, une fois encore, viendra de ton incapacité à accepter qu’il n’existe pas une seule forme de narration. En vérité, je te plains, parce qu’un de mes buts en 2019 sera de réhabiliter, pour ceux qui en ont encore besoin, Grant Morrison et d’autres scénaristes jugés « complexe ».

    L’émotion, l’empathie, l’amour sont des concepts essentiels, surtout en BD, parce que l’être humain, en réalité, est globalement une belle ordure. Quand tu lis TRIANGLE ROSE, un album qui revient sur le martyr des homosexuels durant la Seconde Guerre Mondiale, et que tu découvres que des années après la guerre des associations d’anciens combattants demandent à ce qu’on rouvre les chambres à gaz pour finir le travail sur les pédés, je me dis que Terry Moore est un artiste indispensable.

    Cela étant, cessons de n’apprécier dans un genre que les créations qui correspondent à nos attentes. L’évolution d’un lecteur, c’est l’exploration de TOUS (ou presque) les territoires. Je suis à 200% d’accord avec toi concernant les immenses qualités de cette série, mais ce n’est par pour autant qu’il nous faut juger toute la production actuelle à l’aune de cet étalon.

    La crainte du spoiler a considérablement ralenti mon écriture d »une chronique consacrée à GIDEON FALLS. Paradoxalement, plus je repense à l’album et plus j’y vois des détails intéressants qu’il me faudra omettre car je n’aime pas, ABSOLUMENT PAS, qu’on me pointe du doigt les ressorts du intrigue. Une erreur que tu commets à une ou deux reprises dans cet article. Là encore, tu projettes ta propre idiosyncrasie (le spoiler ne nuit pas à ma lecture) de manière arbitraire sur les autres lecteurs.

    Terry Moore est un artiste, dans le sens le plus noble du terme, mais son génie s’arrête où émerge celui des autres créateurs. Quand je lis Promethea d’Alan Moore, par exemple, je suis heureux, à nouveau, de faire partie de la communauté humaine, capable de produire des chefs-d’oeuvre et de nous redonner un minimum de foi en l’espèce humaine. C’est complexe, bourré de références obscures, habité par des personnages magnifiquement développés, au point que, comme Sam, nous rêvions de les rencontrer dans la vraie vie.

    Je ferai quelques recherches en VO concernant l’utilisation de Hergé et de la fusée, même si l’explication de Bruce me paraît tout à fait acceptable. Que cela, pourtant, ne t’empêche pas de poursuivre tes efforts pour obtenir une interview de l’intéressé que j’ai appris à aimer au fil de mon exploration de sa bibliographie.

    • Présence  

      L’évolution d’un lecteur, c’est l’exploration de TOUS (ou presque) les territoires. – Je me retrouve bien dans ce projet.

  • Tornado  

    C’est en grande partie pour ça que je disais que tu le vendais bien ^^
    Du coup, je lirais ça volontiers si je tombe dessus, d’autant que ce n’est pas trop long (contrairement à SIP dont la grosse intégrale Delcourt m’a effrayé).

  • Bruce lit  

    Hello Ozy.
    Tu as tout à fait raison : Morrison fait partie de mes têtes de turc et les lecteurs / contributeurs s’y sont résignés. Il s’agit d’une attaque gratuite, vacharde et vaguement idiote, mais comme le disait Frankie dans le CROQUE-MONSTRE : « ça fait du bien par où ça passe ». Il s’agit d’un gimmick dans mon écriture qui fait sourire / irrite mais que j’assume pleinement. Les autres années, c’était Bendis et Millar qui trinquaient, avant que je décide de me renouveler…ahem…

    J’entends la pertinence de tes arguments mais il est vrai que j’aime le clivage et ai eu souvent besoin de ces têtes de turcs pour personnifier ce que je n’aime pas en musique ou en BD. J’ai tout de même quelques bouquins de Morrison qui traînent à la maison qui ont réussi à me toucher notamment son WE3 et Supergods.

    J’assume totalement ma mauvaise foi qui fait partie de mon plaisir d’écriture. Et tous les copains te le diront : je suis aussi capable de MEA CULPA, sincères. Et d’évolution en tant que lecteur puisque cette année j’ai lu-et apprécié- des dizaines et des dizaines d’histoires de Batman, un héros qui ne m’a jamais touché.

    En ce qui concerne mon iidiosyncrasie, j’avoue que le plaisir d’écrire est d’abord égoïste. Mon DIeu : comment être productif et écrire en imaginant la réaction de « ses » lecteurs. Le blog est la vitrine de qui je suis et de nos goûts. Il est facile d’y deviner ce que nous sommes ou voulons taire de nous mêmes. je choisis le dérapage contrôlé en m’y dévoilant mais pas trop. Il s’agit de créér quelque chose de vivant, d’un peu rigolo et de convivial. En outre, je lis tellement d’éloges de Grant Morrison, que mes critiques -convenues- me font du bien. A moi en tout cas.

    Tu me rappelles l’existence de TRIANGLE ROSE, un livre que je veux lire depuis 10 ans mais ne trouve plus nulle part. Tu peux m’en rappeler les auteurs et l’édition stp ?

  • Eddy Vanleffe  

    Les goûts sont pour le meilleur et pour le pire un filtre innamovible de notre analyse.

    Grant Morrisson, j’aime bien ce qu’il écrit pour DC et même quand il me perd sur Final Crisis mais j’attends de lire Multiversity avec une certaine gourmandise.
    Par contre je me reserve comme tout le monde un droit d’inventaire et malheureusement ses Invisibles, je les ai jamais compris… les personnages ne m’interressent pas et c’est dur de passer outre…
    Sur les X-Men c’est autre chose, je ne vois pas où il veut en venir à part le tabula rasa pour le plaisir. mais bon ça marche.
    C’est amusant de voir que tu veux « réhabiliter » des seigneurs.
    Car si quelques grincheux ( parmi lesquels je me compte souvent) râlent de ci, de là… ils font quand même autorité.
    Pour ma part je me suis mis souvent en tête de réhabiliter des auteurs sur lesquels j’ai lu énormément de mal et qui prennent cher assez souvent.
    Du coup on a la même démarche sur des auteurs différents suivant là où on truve une « injustice » avec le même argument de l’arbre qui cache les forêts.
    Collectivement nous pouvons ainsi couvrir pas mal d’espaces de forêt et c’est ça qui me scotche chaque matin sur le site.
    Découvrir ce que le copain a déniché.

  • Ozymandias  

    Le Triangle Rose est paru chez QUADRANTS, une filiale de Soleil, il me semble. Un bouquin que j’ai mis très longtemps à lire puisque c’est la MAJ de mon HAL 9000, hier après-midi, qui m’a incité à le sortir de la naphtaline. Chaque livre, selon moi, a son heure et je me fiche de mettre des lustres pour lire les bouquins que j’achète.

    J’ai bien compris ton « personnage » donc je ne me vexe pas. De fait, mon intention de parler de l’écriture chez Grant Morrison et quelques autres provient de nombreux commentaires assez creux lus, un peu partout, sur la blogosphère. Tes petits piques n’ont pas la même prétention, ni le même impact sur moi. Et puis de toute façon, tant que tu ne condamnes pas ces auteurs à l’autodafé en place publique, nous n’aurons jamais aucun motif de dispute.

    Je pense être beaucoup moins optimiste que toi en ce qui concerne l’espèce humaine ; un paradoxe de plus quand on me connaît dans la vraie vie puisque j’ai presque fondu en larmes devant certains épisodes des ROUTES DU PARADIS (le comble pour un athée :-)).

    Si tu as aimé WE3, je te conseille de lire KLAUS qui sortira prochainement chez GLÉNAT COMICS.

    http://www.glenatcomics.com/bd/klaus-tome-1-9782344024751/

    Pour le reste, patiente quelques semaines et, sans jouer les CASSANDRA NOVA, je te prédits quelques savoureux MEA CULPA. J’accepte aussi de prendre en confession, mais uniquement sur MESSENGER.

    • Bruce lit  

      Graouar !
      Klaus, c’est bien la version Badass du père noël ? Et bien soit ! Et vous m’entendrez si jamais j’aime pas. Pour le reste, ma formation littéraire m’a beaucoup conduit à pratiquer la Littérature Comparée. Pour le meilleur (faire des analogies et dresser des ponts entre les oeuvres) et pour le pire (se trouver des têtes de turc). Mais c’est aussi un subside de ma culture rock : Beatles ou Stones ? Clash ou Pistols ? Iggy ou Bowie ?
      Pour ma part j’ai toujours aimé ces groupes mais arrêtons de faire comme si tout était égal et que nous n’avions pas nos préférence.
      Je préfère les Beatles aux Stones pour la richesse de leurs albums bien plus variés que la bande à Mick et Keith.
      Les Pistols car je n’ai jamais aimé les groupes cocos et la voix de Strummer trop gutturale. Johnny Rotten fait partie des personnages rock que je préfère.
      J’aime beaucoup Iggy mais ses disques sont trop irréguliers comme ceux de Lou Reed tandis qu’il n’y a pas presque pas de faute dans le parcours de Bowie. Même Let’s Dance est bon dans son style.

      • Jyrille  

        Personnellement je rejoins le point de vue de Ozy et j’ai résolu ton problème différemment : je ne choisis pas selon les artistes, mais selon les réalisations. Tous ceux que tu cites, je les prends, mais pas toute leur oeuvre. Ce sont tels albums qui me plaisent, pas la totalité. Parfois 90%, parfois 50, peu importe.

        Je dois avouer que malgré tout l’amour que je porte à Morrison, je pense être toujours passé à côté de THE FILTH (malgré trois lectures) et des INVISIBLES. Mais je les relirai avec plaisir (comme tous mes autres Morrison) et un jour je me plongerai dans leur analyse.

        • Bruce lit  

          Il n’y a pas de problème à résoudre.
          J’estime être un lecteur plutôt polyvalent.
          Mon approche est standard : je fonctionne au coup de coeur. Et aussi à ce que j’en entends en bien ou mal.
          THE FILTH : rien compris
          THE INVISIBLES : la série, plaisante jusqu’au 4 premiers tomes prend un tournant trop barré pour moi.
          ARKHAM ASYLUM : oui, bon , j’aime bien. Sans plus.
          XMen : aussi réussi que critiquable
          WE 3 : son Weapon X. Très bien.
          Supergods : très bien
          Superman : insupportable de bout en bout.
          Batman : quelques épisodes que j’aime bien avant que ça parte dans du référencement qui m’échappe.
          Happy : caca
          1234 : sans les dessins de Jae Lee, il serait aux bac à soldes.

          Le bilan est loin d’être négatif et la preuve que je ne me suis pas arrêté à un bouquin de lui. Je le redis : c’est un grand auteur mais son style me rebute. Et j’estime en avoir suffisamment lu de lui pour que mon opinion ait droit de citer.

  • Matt  

    « Mon seul souci, une fois encore, viendra de ton incapacité à accepter qu’il n’existe pas une seule forme de narration. En vérité, je te plains »

    Hi ! Hi ! ça me fait sourire.
    Je pense un peu pareil que Ozy sur tes « blocages » Bruce^^
    Même si j’aurais pas osé le dire car venant de moi, ç’aurait surement été mal formulé et mal pris^^
    Je crois qu’on a tous des attentes mais que diverses formes de narration sont essentielles pour la variété. Et parfois il faut accepter que la lecture ne soit pas plaisante tout de suite.
    Après on a tous nos goûts et forcément il y a trop à lire pour s’imposer des trucs qu’on ne supporte pas. Mais tu vois tu as presque découragé Tornado avec une phrase qui tape sur les autres types de narration. Alors que pour moi l’une n’empêche pas l’autre. On peut aimer les deux.
    Et je pense que ça pourrait plaire à Tornado.

    Pareil pour les spoilers hein, je l’avais dit avant^^ mais pour ta défense ce n’est pas aisé de parler de ce comics et de ses qualités sans mentionner quelques éléments clés de l’intrigue. Sauf que…je sais pas. Je ne peux plus me rendre compte à présent puisque je connais déjà le comics, mais peut être que ton article m’aurait privé de certaines découvertes plaisantes si je n’avais pas déjà lu le truc.

  • Ozymandias  

    @Eddy : le mot « réhabilitation » était utilisé dans un sens ironique. Je pense sérieusement que beaucoup de lecteurs apprécient Grant Morrison… sans rien comprendre. Je peux parfaitement comprendre que THE INVISIBLES ou THE FILTH soient des oeuvres en apparence hermétiques et, contrairement à ce qu’on pourrait croire, j’ai été dans le même état d’esprit au début. Seulement, au fil des années, j’ai acquis un certain bagage en anglais, du coup, je me suis intéressé aux articles, essais et interviews relatives à ses oeuvres. J’ai fourni un EFFORT pour comprendre. La lecture passive (ressenti) est acceptable, elle peut être un fin en soi, mais certaines oeuvres, pour être pleinement appréciées doivent passer par l’analyse. Je ne parle pas d’une AUTOPSIE, mais plus d’une leçon d’anatomie narrative. Le CORPUS DELICTI demeure vivant tant qu’il est lu…

    J’ai beaucoup aimé ton article sur SOVEREIGN 7, en dépit de mes a priori concernant Chris Claremont. De la même manière, et c’est un projet qui n’est pas avorté (clin d’oeil appuyé à Bruce), je compte évoquer cette année, de manière succinte, mais passionnée, des titres peu connus ou ayant échoué à convaincre le public français (MODE ARRIÈRES PENSÉES ON).

    Je rêve, par exemple, de voir ici un mec au membre viril dur comme l’acier (désolé, LE TRIANGLE ROSE déteint un peu sur moi) prendre la défense de Ron Lim. Les campagnes de bashing visant MILLAR, BENDIS et tant d’autres ne méritent pas mon attention. En revanche, si l’argumentaire négatif est solidement étayé, je serai le premier à complimenter le rédacteur. Comme je le dirai souvent ici : LA HAINE, JE LA JETTE.

  • Eddy Vanleffe  

    Je comprends…
    D’ailleurs avec mon propre bagage j’espère avoir un peu la même démarche.
    Je défends bien plus que j’attaque.
    Ron Lim, j’adorerais le défendre. parce qu’il s’est pris des seaux de merde sur la tronche depuis qu’internet existe et est devenu une cible facile pour ceux qui ont besoin de dénigrer.
    Je n’ai pas assez lu de lui et je ne saurais pas pondre un truc vraiment étayé.
    Par contre objectivement, les personnages osnt reconnaissables, proportionnés, les décors sont là, on sait ce qui se passe ou ça se passe.
    Je ne vois pas ce qu’on a à lui reprocher concrétement.
    Bon j’aime pas trop l’écartement des yeux et dans un pool de dessinateurs, il ne sera pas souvent celui que je remarquerais en premier, mais…
    quant au style 90… bne ouais mais bon voilà il y un style 40, 50,60,70,80, 2000…
    on ne peut pas tout jeter juste sur ce truc. Enfin si au niveau des gouts, mais pas par principe.

  • Ozymandias  

    Les principes, quel que soit le sujet, je laisse ça à mon père. Il est très doué dans ce domaine… MODE COMPLEXE D’OEDIPE OFF.

    Alors, clairement, les BEATLES, j’accroche, mais je peux écouter. Pour le reste, je suis comme Jyrille : je peux adorer un, deux, trois, tous les morceaux d’un album, mais je me refuse à être un fanatique envers qui que ce soit. Et c’est valable dans tous les domaines. Je sais qu’il m’est arrivé de faire des traductions de merde et d’autres qui ont mérité quelques éloges, mais la perfection, le zéro faute, c’est pas humain.

    Contrairement à Bruce, j’écris quand j’ai envie, donc pas nécessairement quand je suis (mal)heureux. Je laisse mûrir le sujet et ça sort plus ou moins rapidement, parfois dans la douleur, comme un accouchement. Si ça rame trop longtemps, je laisse décanter et généralement ça s’écrit tout seul quelques jours plus tard.

    ATTENTION ! Klaus, ce n’est pas du tout un PÈRE NOËL. Certains vont même dire que Morrison a voulu faire du Disney. Je préviens les troupes, c’est son travail le plus fluide, et je défie quiconque d’y voir une troisième degré.

    Concernant les années 90, globalement c’est la SAGA DES CLONES. Quasiment aucune originalité dans le mainstream, et pas mal de dessinateurs difficiles à apprécier comme RICHARD CASE sur DOOM PATROL, même si aujourd’hui mon organisme a accepté le vaccin. Mais le pire, c’est TOP COW, la narration pourrie, des séries qui se ressemblent, enfin bon… BAD MEMORIES. Cela dit, j’adore SPAWN, SAVAGE DRAGON et plein d’autres séries de cette période. Parce que, oui, on ne peut pas tous jeter, d’autant qu’on n’a pas tout lu.

    Sinon, lire et relire Grant Morrison quand on n’a pas tout compris, c’est très bien, mais la science infuse, ça n’existe pas. C’est pour cela qu’il existe un métatexte (Ensemble de commentaires relatifs à un texte). Je ne suis pas plus malin qu’un autre, mais j’ai un amour-propre hénaurme qui se cabre quand il ne comprend pas quelque chose. Du coup, j’essaie de trouver les bonnes clés et je vois si elle me conviennent.

    Ron Lim n’est pas un mauvais dessinateur, mais il n’y a rien chez lui qui se démarque, du coup quand il rate quelque chose, ça se voit tout de suite. Je le considère comme un bon artisan, mais pas un artiste. Il ne me fait absolument pas rêver.

    • Eddy Vanleffe  

      Je suis assez d’accord avec un peu tout ça…

      Ron Lim ne fait pas rêver et parfois je ne comprends pas vraiment pourquoi parce que j’ai sous les yeux un boulot plus que convenable auquel il manque un je ne sais quoi…Mais les propos que je lis parfois, Non, c’est injuste.
      pour les 90’s pareil. on prend le pli de rejeter mais…je suis à peu près sur qu’on en a plein nos cartons et je ne parle pas d’Images honteux, ou de plaisirs coupables. Non personnellement je réfléchis et je pense aux Dirty Pair d’Adam Warren, les premiers Warren Ellis, Savage Dragon en effet, Hellboy, Sin City… je suis sur qu’on peut encore en trouver…
      En musique, je suis comme en BD, une fois que j’ai établi une connexion, je fouille assez profond…

      • Matt  

        Le style des années 90, je prends ça comme une mode. Je ne considère par les dessinateurs de cette époque comme mauvais. Mais ils s’inscrivaient dans cette mode bizarre de gros muscles et de « sous Jim Lee »
        Mais il y avait de bons dessinateurs notamment dans Age of Apocalypse.
        Il y a aussi les couleurs qui font mal aux yeux. Les débuts des couleurs informatiques. Et c’était pas subtil. C’était fluo partout et fatigant, trop « bling bling ».
        Mais je pense que c’était une époque par laquelle il fallait passer, c’est comme ça.

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