THE WATCHMAN

Encyclopegeek : Clint Eastwood en trois films

Un article de TORNADO

1ère publication le 02 juillet 21 – MAJ le 05/06/22

Trois visions de Mr Cowboy…

Cet article offre un tour d’horizon sur la filmographie de Clint Eastwood.
L’idée première est de choisir un nombre restreint de films emblématiques, à savoir… trois !
Bien évidemment, le choix est on ne peut plus subjectif et ne contentera… personne ! A moins que…

L’idée seconde est de remarquer à quel point l’œuvre de Clint Eastwood/l’auteur a marqué l’inconscient collectif et, plus particulièrement (puisque nous sommes chez Bruce Lit), la culture geek. En ce sens, cet article est complémentaire de celui-ci

Nous aurions bien évidemment pu vous raconter la vie de Mr Eastwood. Mais ce n’est pas le but. La question est plutôt de savoir si « être geek », encore une fois, c’est être un gros neuneu fan de films bourrins ou, au contraire, un esthète adepte d’œuvres d’auteurs qui se regardent le nombril. Ouf ! Heureusement : Être geek, c’est les deux en même temps ou bien, au mieux, quelque chose entre les deux !

Un cowboy, un vrai ( ?)
© Malpaso Company

JOSEY WALES – HORS-LA-LOI (Outlaw Josey Wales – 1976)

Il s’agit du cinquième film de Clint Eastwood (mais du deuxième western) entant que metteur en scène.
Le scénario, écrit par Sonia Chernus et coécrit par Philip Kaufman et Michael Cimino, est l’adaptation d’un roman intitulé Gone to Texas. Philip Kaufman (futur scénariste des Aventuriers de l’Arche Perdue) devait au départ réaliser le film. Mais ce fut Eastwood lui-même, en définitive, qui mena la barque. Pour l’anecdote, Eastwood, qui avait investi beaucoup d’argent dans le projet, renv
oya Kaufman au début du tournage, pour cause de divergences artistiques…

L’histoire : Vers la fin de la Guerre de Sécession, dans le Missouri, le fermier Josey Wales est entrain de cultiver sa ferme lorsque des irréguliers nordistes massacrent sa famille, mettent le feu à sa maison et le laissent pour mort.
Avec la volonté de se venger, Josey apprend à tirer au révolver et s’allie à une bande de rebelles sudistes. Mais ces derniers tombent dans un piège et seul Josey survit, tuant au passage un tel nombre de soldats que sa tête est mise à prix. Devenu le hors-la-loi le plus recherché du Missouri, il est contraint de partir pour le Mexique.
D’un naturel solitaire et taciturne, Josey va pourtant trainer dans son sillon tout un groupe de personnes ayant, comme lui, subi la violence des hommes sans foi ni loi…

Si aujourd’hui Clint Eastwood est considéré comme un grand réalisateur hollywoodien, ce n’est pas pour rien. Et c’est avec ce second western entant que metteur en scène qu’il gagne véritablement ses galons d’auteur. Devenu une icône et un archétype du héros solitaire violent et taciturne dans l’inconscient collectif populaire, il lèguera toute une filmographie dans laquelle viendront puiser un nombre assez impressionnant d’émules dans tous les domaines de la création multimédia (cinéma, littérature, bande-dessinée). Pour autant, Eastwood va sans cesse jouer de cette aura afin de l’enrichir et de la développer. C’est en ce sens que ses films, et quelques uns en particulier, font « œuvre », nourris de plusieurs thèmes précis.
Alors qu’avec L’Homme des Hautes Plaines, Eastwood reprenait la figure du cowboy mutique et solitaire qui avait fait son succès dans les trois films de Sergio Léone (est-il encore besoin de citer la Trilogie du Dollar ?), il allait très nettement briser le statuquo avec Josey Wales…

Le début du film est édifiant et s’apparente à celui de NEVADA SMITH. Il semble d’ailleurs suivre le même chemin : Un homme voit sa famille se faire massacrer par des bandits sans foi ni loi et entame une quête afin de se venger. S’ensuit alors un générique assez kitsch où l’on voit Josey batailler avec ses compagnons rebelles, en pleine Guerre de Sécession. Jusqu’à la fin de ce long générique, les images enfilent les clichés et défilent dans une ambiance bleutée assez étrange. Et puis soudain, au détour d’un plan unique en panoramique, le bleu laisse la place à l’orange, en fondu sur la même image. Le clin d’œil est clair : en passant d’une couleur primaire (froide) à sa complémentaire (chaude), le réalisateur indique qu’il passe d’une chose à son contraire. Tout le reste du métrage sera tourné dans la même tonalité orange. Ainsi, après avoir complètement déconstruit la figure du cowboy à la Léone en accentuant tous ses clichés inhérents, Eastwood va passer tout le reste de son film à la reconstruire sous un nouvel angle, plus nuancé et plus moderne, dans lequel vont se bousculer tous les archétypes du western traditionnel, mais dilués dans quelque chose de nouveau, de différent. Je ne sais pas si le scénariste de comics Alan Moore a vu le film de Clint Eastwood, mais cette entreprise de déconstruction/reconstruction sera reprise quasiment à la lettre et transposée dans l’univers des super-héros tout au long de son monumental Watchmen, publié exactement dix ans plus tard !

Appréciez le subtil passage du bleu à l’orange dans les dernières secondes du générique…

Ainsi, la quête de Josey Wales est jalonnée de tous les archétypes du western traditionnel autant que du legs de Sergio Leone. Le héros croise des honnêtes fermiers, des trappeurs, des soldats nordistes et sudistes, des bandits, des indiens, des comancheros, des colporteurs, des chasseurs de primes, des joueurs et des entraîneuses de saloon, des convois de colons. Il traverse le désert, les plaines, les prairies, les forêts du nord, et même la ville fantôme et la mine d’or. Il combat au duel au pistolet, prend part aux conflits, et subit enfin une attaque de bandits, retranché dans un fortin. Avec le recul, le film est une véritable enfilade de clichés inhérents au genre consacré qui se succèdent sans discontinuer.
La quête du héros fait ainsi écho à celle du réalisateur, qui cherche sans cesse à dépasser le genre en digérant systématiquement ses constituants intrinsèques.

Evidemment, ce passage d’un extrême à l’autre (du classique au moderne) serait parfaitement anecdotique si le réalisateur n’y apportait pas quelque chose de plus. On y trouve ainsi la plupart des thèmes qui vont accompagner sa filmographie :

  • Le tiraillement entre le bien et le mal qui aboutit sur la figure contradictoire de « l’Ange de la mort » (le justicier impitoyable qui sombre dans la violence, hérité du cinéma de Sergio Leone. A noter que la cicatrice arborée par Josey lui rappelle l’inéluctabilité de sa chute dans cet enfer de la violence).
  • L’opposition entre l’individu et la communauté avec l’obligation pour cet individu de changer la dite communauté, corrompue et malveillante. Ou bien, comme ici dans Josey Wales Hors la Loi (où le parti républicain de l’Union se révèle capable des pires horreurs), de chercher à construire une nouvelle communauté, meilleure et loin de l’ancienne.
  • La famille recomposée qui se substitue à la véritable famille. Même si dans beaucoup d’autres films, le héros s’éloignera de sa propre famille par choix, alors qu’ici il subit cet éloignement par la mort des liens de sang.
  • L’indignation face aux violences commises sur les femmes, qui apparait dans Josey Wales Hors la Loi à plusieurs reprises, et qui réveille chez Josey sa nature héroïque et protectrice (Le rôle féminin principal, est d’ailleurs symboliquement interprété par Sondra Locke, l’égérie du réalisateur, et sa compagne pendant plus de quinze ans…).
  • Le respect pour les cultures et les populations distinctes, dans la lignée des films de John Ford, dont Eastwood semble être l’héritier légitime.
Du bleu à l’orange : C’est le concept du changement !
© Malpaso

A l’arrivée, Josey Wales Hors la Loi est une véritable relecture du genre western. Une étape dans son évolution et la pierre posée sur l’édifice d’une authentique filmographie d’auteur.
Chaque figure emblématique de la mythologie américaine est ainsi détournée, ou à tout le moins montrée sous un jour nouveau. L’évolution du héros taciturne vers une famille recomposée complètement incongrue (deux indiens, une vieille femme et sa petite fille à moitié attardée) est développée avec humour, et la tragédie originelle (le massacre de la famille de Josey) trouve ainsi son contrepoint dans la comédie de mœurs, un peu comme si le drame humain ne pouvait être guéri que par l’acceptation de l’absurdité de la condition humaine.
Après Les Cheyennes réalisé en 1964 par John Ford, cette cinquième réalisation signée Clint Eastwood rejoint le panthéon des grands westerns modernes qui ont transformé le genre, aux côtés de Little Big Man, du Convoi Sauvage (dont The Revenant est le remake) et de Jeremiah Johnson.

La sobriété comme ligne directrice…
© Malpaso

HONKYTONK MAN (1982)

Il s’agit du neuvième film de Clint Eastwood entant que metteur en scène.

L’histoire : Dans les années 30, durant la Grande Dépression, un chanteur talentueux ayant complètement raté sa carrière voit l’opportunité de passer une audition au « Grand Ole Opry », la Mecque de la country music. Mais le bonhomme souffre de la tuberculose et on lui déconseille de forcer sur sa voix. Complètement alcoolique, incapable de conduire, il propose alors à l’un de ses jeunes neveux, qu’il connait à peine, de l’accompagner dans un assez long périple en automobile, vers la fameuse audition…

Je sens venir l’étonnement général à l’idée de discuter de ce film juste après le précédent. Et pourtant, la logique s’impose, car malgré les apparences, Eastwood continue ici de déconstruire la figure du cowboy telle qu’il l’incarnait jadis.

Film phare dans l’œuvre de son auteur, il s’agit à la fois d’une rupture et d’une continuité, puisque Eastwood prend ici le contrepied de son image de cowboy violent, solitaire et taciturne, tout en reprenant certains de ses thèmes habituels, mais aussi en abordant de nouveaux sujets qu’il ne cessera de développer dans la suite de sa filmographie.
On retrouve ainsi le thème de la famille recomposée. Car Honkytonk Man est construit comme un road movie évolutif, au cours duquel le personnage principal se constitue peu à peu une cellule familiale privilégiée et inattendue.
On retrouve l’opposition entre l’individu et la communauté, le héros de l’histoire (nommé Red Stovall) ne cessant de s’imposer comme un marginal, refusant de se plier aux mœurs essentielles et aux coutumes de son pays.

A ces quelques thèmes déjà très présents dans la filmographie de l’auteur (Josey Wales Hors la Loi, Bronco Billy), on va aussi retrouver celui de la relecture de l’Histoire des Etats-Unis, et de son analyse, toute en finesse. Mais surtout, et de manière éclatante, on va découvrir le thème qui deviendra essentiel dans la suite de sa carrière entant que réalisateur, à savoir celui de la « transmission ».
Cette odyssée de l’Amérique de la Grande Dépression sous forme de road-movie est ainsi l’occasion de voir le personnage de Red Stovall, au crépuscule de sa vie, tenter désespérément de passer le flambeau à son neveu Whit, interprété symboliquement par Kyle Eastwood, le propre fils de réalisateur.

Il est étonnant de voir le film aujourd’hui tellement le personnage interprété par Eastwood tranche avec les rôles habituels de l’acteur. Exit « l’ange de la mort » tel qu’il apparaissait dans les westerns ou les thrillers du genre L’Inspecteur Harry. Red Stovall est un loser, certes magnifique, mais un loser à ce point diminué qu’il rompt tout net avec le versant violent et indestructible du temps passé. Et ce sans égratigner l’icône et la classe absolue qui a fait l’apanage de l’acteur (il faut voir comme il est superbe en costard, stetson et santiags !).
Il parait donc important de replacer Honkytonk Man au centre de la filmographie de l’auteur et de noter à quel point il en constitue la pierre angulaire.

Le cowboy, qu’il soit dans un saloon ou non, a toujours la classe. Mais il a troqué son pistolet contre une guitare…

Alors, malgré les apparences, Red Stovall est un cowboy. Mais en négatif. Eastwood continue ainsi de déconstruire le mythe et propose une figure d’antihéros solitaire fragilisé par la vie et par son inadaptabilité à la société. Toutes les béquilles dont use le bonhomme (alcool, femmes faciles, vol à la tire, vie de bohême) l’ont diminué. Il en est ressorti tuberculeux et alcoolique.
Pour autant, la reconstruction opérée à travers le personnage en fait un cowboy moderne qui échappe en définitive aux archétypes du genre et le rend attachant à travers ses failles d’être humain. Son héroïsme est alors complètement différent et passe par d’autres notions, comme le talent artistique, la lutte contre la mort proche, ou la volonté de transmission, qui aboutira sur sa relation fusionnelle avec le jeune Whit, qui ressortira paradoxalement grandi de son périple avec ce looser d’oncle Red…

A l’arrivée, voilà un western déguisé en road-movie qui s’inscrit dans l’œuvre de son auteur sur le chemin de la déconstruction et de la reconstruction du mythe, tout en explorant certains thèmes récurrents, ainsi que d’autres en devenir…

Et guitare à la main, le jeune Whit prend le chemin de sa destinée…

Comme il l’avait fait avec ses films précédents, Eastwood s’intéresse également à l’histoire de l’Amérique et y intègre parfaitement son thème de la transmission. Toute la première moitié du film est dominée par le triangle générationnel que forme Red avec son neveu Whit et avec le grand-père de ce dernier, interprété par John McIntire. Le choix de l’acteur est déjà une note d’intention puisqu’il s’agit d’un second couteau très présent dans les westerns de l’âge d’or hollywoodien !
Alors que les parents de Whit souhaitent gagner la Californie afin de réaliser leur rêve américain, le grand-père, désabusé, ne songe qu’à revenir dans son Tennessee originel, raison pour laquelle il décide de se joindre au voyage entamé par Red. Car, pour lui, le rêve américain est une illusion déjà consommée, idée qu’il partage avec Red et qu’ils vont tous deux transmettre au jeune Whit…
Honkytonk man dessine ainsi le portrait d’une Amérique de la gueule de bois, qui cherche à cultiver ses valeurs autrement que par le passé. La musique devenant le vecteur de ce changement de valeurs.

Pour terminer, nous nous attarderons un instant sur le titre magnifique choisi pour le film. Car si le mot « Honkytonk » fait référence aux « bastringues » (les bars du sud-ouest des USA dans lesquels est né le blues, puis la country music), où le personnage de Red Stovall a passé sa vie et s’est brûlé les ailes, il évoque également un certain genre de piano (le « Honky Tonk », ou « Ragtime »), qui incarne un style de musique qui connaitra son déclin avec l’arrivée du rock’n roll, témoignant ainsi du passage d’une époque à une autre…

Notons enfin que la bande originale est superbe (attribuée à Steve Dorff) et permet d’entendre une country séminale et épurée, dont les chansons sont interprétées par Eastwood en personne…

© Malpaso

IMPITOYABLE (UNFORGIVEN – 1992)

Et l’on arrive au plat de résistance de notre parcours filmographique avec le seizième film réalisé par Clint Eastwood.

En 1992, le scénario d’Impitoyable trainait dans les cartons de la star depuis déjà vingt ans. Il s’agit donc d’un projet de la maturité, à bien des égards.
Le pitch : William Munny est un ancien tueur impitoyable à la réputation sinistre. Mais il s’est retiré de cette vie de violence par amour pour une femme, qui lui a donné deux enfants. Après la mort de cette dernière, Will tente de survivre avec ses enfants en menant sa vie de fermier. Mais le résultat est laborieux et il rêve de partir en ville afin d’ouvrir un commerce. C’est alors qu’arrive le Kid de Schofield, qui connait son ancienne réputation.
Le jeune apprenti tueur propose alors à l’ancien de s’associer avec lui car un groupe de prostituées, dont l’une a été cruellement défigurée par un cowboy, offre mille dollars pour la mise à mort de la brute et de son complice. D’abord réticent, en mémoire de la promesse faite à sa défunte épouse, Will Munny, qui a cruellement besoin de cette récompense, décide de partir pour une ultime chasse à l’homme…

En ce qui concerne Honkytonk Man, j’ai déjà été trop elliptique tant il y aurait de choses à dire et à écrire. Et je n’ai fait, en définitive, qu’effleurer le sujet.
Je ne prétendrais pas faire mieux à propos d’Impitoyable, surtout que le film fait partie de ces œuvres qui s’enrichissent à chaque vision.
Les deux films sont toutefois au diapason du style définitif du metteur en scène : Un classicisme tout en retenue et en nuances tonales, un rythme contemplatif, une émotion diffuse se refusant à toute emphase, ainsi qu’une poignée de morceaux de bravoure quasiment naturalistes.
Ceci étant dit, nous allons surtout observer à quel point l’entreprise de déconstruction et de reconstruction du mythe se poursuit…

On l’a déjà dit : Il ne faut pas faire de mal aux femmes !

Le film nous apprend, par petites bribes éparses, que Will Munny était jadis un abominable tueur sans foi ni loi. Et il le dira lui-même lors du règlement de comptes final : « j’ai tué des femmes et des enfants. J’ai tué à peu près tout ce qui marche ou rampe, à un moment ou à un autre… ». Mais le fait est que, désormais, il ne ressemble plus du tout à cela.
Le début du long métrage nous montre un personnage pathétique. Père de famille brisé par la mort de sa femme. Fermier raté et manifestement incapable de mener sa barque. Ancien mort-vivant ayant mené une vie impie aujourd’hui partiellement oubliée. Le bonhomme est devenu un bigot dévoué à ses seuls enfants et à la mémoire de sa femme, dont la philosophie chrétienne est devenue un sacerdoce.
A bien des égards, on se demande si l’ancien tueur à gage impitoyable et le fermier pitoyable qu’il est devenu (Impitoyable/pitoyable… Pas du tout le même mot, et surtout pas du tout le même sens, à deux lettres près !) sont la même personne. On peut noter au passage que William Munny était l’un des surnoms du mythique Billy the kid, suggérant que le personnage interprété par Eastwood en serait une version vieillissante, s’il avait survécu à la charge de Pat Garrett.

La désacralisation continue dès lors que Will accepte de participer à la chasse à l’homme : Il ne sait plus se servir d’un pistolet et se rabat sur un fusil de chasse à double-canon. Il peine à monter son cheval, qui s’est lui-même déshabitué à être monté. Mais surtout, il a vieilli et n’est plus capable de supporter la vie sauvage. Il tombe ainsi malade dès la première pluie tombée et passe son temps à se vautrer dans la boue. L’ancien tueur impitoyable est donc bel et bien devenu pitoyable…

L’incroyable scène finale : Cette fois ça va chier ! ATTENTION : Spoiler ON !!!

A ce stade, Eastwood a fini de déglinguer le mythe et il peut commencer sa phase de reconstruction. Mais avant d’aborder cette partie, il convient de préciser une ou deux choses.
On se souvient de la manière dont il avait démonté l’image du cowboy solitaire dans Honkytonk Man. Avec Impitoyable, il va cette fois s’en prendre à l’image de « l’ange de la mort » et imposer un contrepoint (un antagonisme) à son précédent essai dans le domaine du western : Pale Rider, les deux films illustrant chacun une face du mythe.

Comment donc, à partir de là, Will Munny peut-il justifier le titre du film et incarner le justicier ultime ? Il ne sait plus tirer au pistolet, il est devenu faible, lent, timoré. Mais il a appris l’indignation.
Little Bill (Gene Hackman), le shérif de Big Whiskey, la ville ou vivent les prostituées ayant offert la rançon aux tueurs, l’a rossé. Et il a tué Ned Logan (Morgan Freeman), son meilleur ami. Après l’affront fait aux prostituées, c’en est trop pour Will. Et c’est cette indignation, sois un sentiment qui n’existait pas lorsqu’il était le tueur de sa jeunesse, un sentiment appris auprès de sa défunte épouse angélique, qui va réveiller en lui l’ange de la mort…
L’entreprise de reconstruction du mythe s’achève ici : Le mythe a été déglingué. Le justicier a évacué ses démons en devenant une loque humaine. Il a expié. Il peut désormais entreprendre le chemin de la rédemption grâce à une remise en question totale de ses idéaux, dans lesquels l’altruisme tient la première place. Le héros nouveau, inédit, moderne et complexe, est arrivé.

Ce travail sur la déconstruction et la reconstruction du mythe et de l’icône s’accompagne d’une toile de fond d’une profondeur assez exceptionnelle, qui destine le film à supporter de multiples visions, pour un enrichissement constant, lui offrant au final son statut d’œuvre majeure sur le sujet.

Clint Eastwood tourne le dos à l’icône du temps passé…
© Malpaso

La première chose qui frappe le spectateur est l’absence totale de manichéisme, qui tient du détail maniaque, chaque personnage échappant complètement aux archétypes du genre consacré.
La seconde se dissimule dans l’enchainement des événements, comme une sorte d’effet papillon qui, là aussi, tient de l’horlogerie suisse tant tout semble partir de rien. Les fameux malfrats ayant commis les pires horreurs sur les prostituées ne sont en définitive que des jeunes cowboys ayant bu un coup de trop, l’un d’eux étant parfaitement innocent, finissant par être condamné à mort uniquement pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment ! Le reste tient avant tout du principe du « téléphone arabe », les sévices soi-disant perpétrés sur les prostituées dont on a « tailladé le visage et découpé les tétons » prenant des proportions exponentielles par le simple bouche à oreilles (en vérité, une seule d’entre elles a été assez légèrement défigurée) !
La traque des deux cowboys devient alors un grotesque malentendu, qui aboutira au final sur une mise à mort pathétique et aberrante.

Ici encore, Eastwood prend à revers tous les codes moraux du western et les inverse. L’héroïsme est une notion de pacotille appartenant au mythe obsolète du rêve américain. Ici, le shérif est un ancien tueur dont l’égo prédomine sur le sens des valeurs. English Bob (Richard Harris), le justicier légendaire de l’ouest, n’est qu’un arriviste ayant systématiquement déformé la réalité afin d’assoir sa réputation, ne se déplaçant jamais sans son biographe officiel. Biographe que va lui chiper le shérif ! Ned Logan, ancien comparse de Will, est devenu incapable de tuer qui que ce soit, mais va pourtant être mis à mort pour rien. Les prostituées n’hésitent pas à vendre leur corps à n’importe qui pour de l’argent mais s’offusquent de leur sort au point de réclamer la mort d’un innocent. Quant au Kid de Schofield qui se vante d’avoir tué cinq hommes, il s’agit en réalité d’un gamin complètement myope qui n’a jamais fait de mal à une mouche, et qui va trouver que la mort a un très mauvais arrière goût…

Cette approche scénaristique quasiment naturaliste est alors contrebalancée par un traitement mythologique des images. Paysages majestueux filmés sous le soleil couchant et postures iconiques des acteurs se télescopent ainsi jusqu’au règlement de comptes final et cathartique, où l’ange de la mort arrive en ville sous l’orage apocalyptique de circonstance…

Bien évidemment, la rédemption finale offerte au personnage s’accompagne des thématiques récurrentes de l’auteur puisqu’il enjoint les rescapés de ne plus faire de mal aux femmes, tout en respectant la philosophie de sa défunte épouse afin de la transmettre à ses enfants. Une transmission si importante qu’elle aura obligé le bonhomme à effectuer une dernière rechute dans l’enfer de la violence…

Ils sont impitoyables !

Réussite totale dans le fond et dans la forme, Impitoyable aura permis à Clint Eastwood de remporter l’oscar du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1993 (meilleur second rôle pour Gene Hackman). Un exploit pour un western, puisque c’est le troisième du genre à remporter un oscar dans toute l’histoire du cinéma !
Mais surtout, Impitoyable va devenir un film culte pour toute une nouvelle génération d’auteurs, qui ne vont cesser de s’inspirer de sa complexité mythologique et de son personnage fascinant. Ce sera par exemple le cas de l’un des scénaristes de comics favoris de notre blog, à savoir Garth Ennis ! Ce dernier citera le film et son ange de la mort un sacré paquet de fois, notamment dans ses séries phares, comme Preacher ou Punisher MAX.

Ainsi s’achève notre tour d’horizon. En seulement trois film, ce n’est pas facile de résumer une filmographie aussi riche mais, au moins, nous aurons vu que cette entreprise de déconstruction et de reconstruction du mythe aura permis à l’auteur de percevoir une nouvelle race de héros, conçue à partir de sa propre aura iconique.
Tout naturellement, Eastwood dédiera Impitoyable à Sergio & Don. Soit Sergio Leone et Don Siegel, ses deux mentors cinématographique, insistant une dernière fois sur l’importance de la notion de transmission…

La BO : Metallica : THE UNFORGIVEN

33 comments

  • Matt  

    Impitoyable a l’air contemplatif et naturaliste^^ T’aimes bien ça toi ?

    ça va je rigole…
    Bon je n’ai pas vu ces films. Et en fait je n’aime pas trop les westerns, comme je l’ai déjà dit.
    J’aime bien ceux de Leone, même s’il n’y a pas de déconstruction iconique ni rien. Encore que…par rapport aux vieux westerns à la John Wayne, le fait que les cowboys de Leone étaient déjà un peu tous des salopards pas vertueux pour un sou était déjà un refus du manichéisme à la John Wayne.

    « Alors qu’avec L’Homme des Hautes Plaines, Eastwood reprenait la figure du cowboy mutique et solitaire qui avait fait son succès dans les trois films de Sergio Léone (est-il encore besoin de citer la Trilogie du Dollar ?) »

    Besoin de la citer ? Bah je remarque que personne ne fait d’article dessus !! Comme si ça valait pas le coup on dirait^^

    Bon sinon ça a l’air bien quand on te lit. ça change du personnage cliché, tout ça. Mais je sais pas trop ce que j’ai avec les westerns, dès que le rythme est plus lent ou contemplatif, j’ai du mal. Alors que pour d’autres types de films ça ne dérange pas. Peut être que le désert et les maisons en bois n’offrent pas grand chose à mes yeux et que je n’arrive même pas à apprécier les plans contemplatifs de ce genre de paysages…
    Je jouais au cowboy quand j’étais gosse mais de nos jours je me rends compte à quel point je trouve ça peu engageant comme contexte l’ouest sauvage.
    Tu vois même Bone Tomahawk (vu récemment) béh…c’est bien mais…me suis un peu ennuyé quand même^^

    • JB  

      Le Bon, la Brute et le Truand reste l’un de mes films favoris, en partie à cause de la course de Tucco (Benedicio Pacifico Juan Maria Ramirez) dans le cimetière de Sad Hill au rythme de Ecstasy of Gold ^^

  • JP Nguyen  

    Ouf, portefeuille sauvé, j’ai vu les trois ! Je les ai même en DVD.
    Josey Wales : celui que j’ai le moins visionné. Forcément, ton texte donne envie de le revoir. À part le personnage principal, je n’ai pas souvenir de seconds rôles marquants.

    Honkytonk Man : découvert par hasard, un soir à la télé il y a, euh, 20 ans environ… L’histoire m’avait ému. Les chansons étaient courtes mais jolies…

    Impitoyable : revisionné un paquet de fois. Je ne rejoins pas tout à fait ta conclusion. De mon point de vue, Eastwood ne reconstruit pas le héros, il montre plutôt qu’il n’en existe pas. Que beaucoup de choses dépendent des circonstances et de la chance.
    Plus tôt dans la semaine, on parlait des gunfights, dans ce film, Eastwood prend bien soin de rendre les combats laborieux et moches. J’avais même lu qu’il avait refilé la scène finale car la première prise était trop fluide et montrait un Munny trop fort et efficace… Entre ce tueur besogneux et le fait qu’il termine l’histoire impuni, oui, ce film regorge de choix qui vont à l’encontre des schémas hollywoodiens classiques…

  • Présence  

    Whouaaah ! C’est carrément 3 articles en 1. Je n’ai vu que Impitoyable, mais j’ai beaucoup entendu parer des deux autres.

    Une poignée de morceaux de bravoure quasiment naturalistes : impossible pour moi de ne pas relever cette expression. 🙂 🙂 : ) Tornado à 2 doigts d’aimer du naturalisme. 😀

    Dans cet article j’ai beaucoup aimé, en vrac : la liste des thèmes principaux de l’auteur, son art e la déconstruction et de la reconstruction, le fait que cette chute soit compatible avec la naissance d’un nouveau mythe, la chute et la rédemption.

    Magnifique article.

  • Matt  

    J’allais dire que peut être c’était un univers trop viril/compétitif « qui c’est qu’a la plus grosse ? » les westerns.
    Mais bon c’est pas trop différent des samouraïs en fait.
    ça tient peut être juste à l’ambiance, aux décors, à mon intérêt personnel pour cette période historique, mais j’ai souvent du mal à rentrer dans un western.

  • Nikolavitch  

    rien à ajouter à tes analyses : Clint est un grand cinéaste, qui trace un sillon passionnant. Même lorsqu’il fait des biopics de personnes réelles (comme Charlie Parker dans Bird, ou J. Edgar Hoover dans J. Edgar) c’est pour interroger l’image de ces personnages, déconstruire l’icône (y compris négative dans le cas de J. Edgar), avec à chaque fois finesse et émotion. Il est très fort.

  • Jyrille  

    Un article sur Clint Eatwood ? Je prends ! Je suis assez fan, même si je ne les ai pas tous vus. Je me souviens très peu de JOSEY WALES HORS LA LOI, il faut que je le revoie. Revu NEVADA SMITH aussi il y a quelques années, pas mal du tout. Par contre j’ai revu L’HOMME DES HAUTES PLAINES il y a quelques années et j’avais été étonné par la dimension fantastique du film, avec cette ville repeinte en rouge et ce fantôme vengeur… Très étonnant. Je ne me souviens pas du tout de BIRD, vu au ciné et jamais revu (un bail donc !) et je dois toujours voir J EDGAR. Par contre j’avais bien aimé INVICTUS mais sans le trouver génial. Et puis il a fait des films également dispensables, des petits polars comme celui où il cambriole un haut fonctionnaire et qu’il est témoin du meurtre de la maîtresse de ce dernier… Par contre j’ai encore un bon souvenir de PALE RIDER même si il semble un peu s’y auto-parodier. Je dirais que l’héritier de Eastwood, c’est Kevin Costner. Il faudrait que je voie la version longue de DANCES WITH WOLVES.

    Je ne sais plus si j’ai vu HONKY TONK MAN. Si oui, je l’ai totalement oublié.

    IMPITOYABLE est en effet un chef d’oeuvre, très marquant et qui n’a pas trouvé d’équivalent à ma connaissance. Je le connais bien mais je dois le revoir. C’est marrant, à cause de l’article de JP sur le Tigre, j’ai relu le Punisher la Fin où il y a cette histoire de prison avec un Frank Castle qui ressemble à Eastwood. Bien vu pour le Saint des Tueurs de PREACHER !

    Magnifique article Tornado, aux analyses pertinentes que je rejoins, notamment sur le classicisme de Eastwood qui n’est jamais handicapant. Bravo !

    La BO : un de leurs meilleurs titres. Il faut que j’écoute quelques titres de l’album hommage qui vient de sortir (le BLACK ALBUM complètement repris par des artistes genre Miley Cyrus), ça a l’air horrible.

  • Matt  

    De Eastwood je n’ai pas vu les « vieux » films en fait.
    J’ai surtout vu UN MONDE PARFAIT, CREANCE DE SANG, MYSTIC RIVER, MILLION DOLLAR BABY, GRAN TORINO, INVICTUS.

    Alors INVICTUS moi j’ai carrément arrêté au milieu hein. Soi disant il n’y a pas besoin de se préoccuper du sport pour apprécier le film. Bah…si. Je me faisais chier. Alors que MILLION DOLLAR BABY c’est bien mieux passé.

  • Tornado  

    Merci pour les retours !
    L’élément naturaliste des films de Clint Eastwood est toujours contrebalancé par un autre élément à forte teneur mythologique. Du coup, c’est vachement bien équilibré. C’est pas un film des frères Dardenne, quoi, ni d’ailleurs du blockbuster non plus. C’est un superbe jeu d’équilibre entre le cinéma d’auteur et le cinéma d’évasion. Ne pas oublier qu’Eastwood fascine autant les intellos prout-prout du festival de Cannes que la planète geek…

    Pour moi, ses films majeurs entant que réalisateur :
    – UN FRISSON DANS LA NUIT
    – JOSEY WALES HORS-LA-LOI
    – BRONCO BILLY
    – HONKYTONK MAN
    – BIRD
    – IMPITOYABLE
    – SUR LA ROUTE DE MADISON
    – MINUIT DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL
    – MYSTIC RIVER

    ses films mineurs :
    – LE MAITRE DE GUERRE
    – LES PLEINS POUVOIRS
    – SPACE COWBOYS
    – AU-DELA

    Il y en a plein que je n’ai jamais vus, notamment dans la dernière partie de sa carrière. Entre IMPITOYABLE et son dernier, CRY MACHO, il en a réalisé 23, et je n’en ai vu que 9 !

    • Matt  

      Et MILLION DOLLAR BABY ? Tu le ranges ni dans les majeurs ni dans les mineurs ? Tu ne l’as pas vu ?
      Bon remarque je peux rien dire, de ta liste j’en ai vu…2

      • Eddy Vanleffe  

        Voilà le manque invisible: Clint Eastwood, si évident et pourtant absent jusqu’ici…
        Félicitations!
        j’ai pas vu Honky Tonk Man mais les deux autres font parti de mes western favoris toute période confondues… De tout façon on ne boude pas Eastwood avec un colt et un stetson… ^^

        je ne suis pas un énorme fan du réalisateur, j’ai pas tout vu mais j’ai aimé tout ce que j’ai vu de lui même des films mineurs comme LA RELEVE.
        Je suis aussi d’accord avec toi Tornado, UN FRISSON DANS LA NUIT est un film majeur, sobre et efficace avec de très beaux plans sur la côte!
        Par contre j’ai fui le mélo Million Dollar Baby, je ne suis pas le public je pense…

      • Tornado  

        Je l’ai vu, oui. C’est bien. Mais pour moi c’est effectivement entre les deux.

    • Nikolavitch  

      Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal, il m’a terriblement impressionné. Très factuel, mais pourtant redoutablement vachard envers une société sclérosée. Vraiment très chouette.

      • Matt  

        Faut que je le voie celui-là. Beaucoup entendu parler. Et je crois avoir vu des bouts. ça me parle la bande annonce, avec Jude Law et Kevin Spacey. J’ai du prendre le film en marche quand il passait à la téloche mais je suis pas resté à regarder vu que j’avais loupé le début.

      • Tornado  

        Il a été boudé par la critique à sa sortie il me semble. A la revoyure c’est un très grand film d’auteur et un grand film tout court dans le genre social américain, dans la lignée des Capra et des Kazan.

        • Jyrille  

          Je ne l’ai pas vu mais je me souviens contrairement à toi que la critique avait beaucoup aimé, contrairement à Invictus par exemple. Mais je me trompe peut-être.

  • Surfer  

    J’aime beaucoup Clint Eastwood l’Acteur et le réalisateur. Il excelle dans les 2 domaines.
    J’ai dû voir presque tout les films qui mentionnent son nom dans les crédits.
    Je suis fan.
    J’apprends ici qu’en plus de ça le mec a aussi des talents de chanteur. Toutes les chansons du film HONKYTONK MAN sont interprétées par Eastwood en personne.😯.
    Film que je n’ai pas vu .
    Il faut absolument que je comble cette lacune d’autant plus que tu soulignes que c’est une pierre angulaire de sa filmographie.

    La BO: c’est pas mon truc

    • Tornado  

      Tu peux y aller pour HONKYTONK MAN, c’est vraiment un pur bonheur. Musicalement c’est vraiment chouette en plus. Un des premiers films qui m’a m’a aidé à aimer la country, genre que je pouvais pas supporter à la base ! 😀

      • Bruce lit  

        Puisque personne n’a l’Air de se rappeler que cet article est déjà paru en 2016, je copie colle ma remarque d’alors : »Ce qui est fascinant en fait, et ton article le fait bien ressortir, c’est que de grandes figures comme Eastwood déconstruisent ce en quoi ils sont identifiés dans l’inconscient collectif. Est-ce finalement un échec ou une réussite incroyable ? Je ne sais….
        Born Again est le contraire d’une aventure de Super Heros, Impitoyable détruit le mythe du cowboy invincible tout comme Watchmen le mythe des équipes super héroïques. Et pourtant, ces histoires continuent d’être révérée en tant que telles
        Josey Wales : je crois que je ne l’ai pas vu, mais ça donne envie. Savais tu que « Gone to texas » est le nom du premier arc de Preacher ? Le continu a l’air particulièrement riche en tout cas.
        Honkeytonk man : je ne suis pas fan de ce genre de musique du tout, ce qui m’a longtemps tenu éloigné de celui-ci. Mais j’avoue que tu titilles ma curiosité avec Eastwood alcoloo et tuberculeux. Cette histoire de rédemption m’attire. Le fils Eastwood est passé en concert dans ma ville il y a peu

        Impitoyable : je n’avais pas aimé ce film. Mais alors pas du tout. Mais je l’avais vu dans des conditions désastreuses parce que très, très malade et malheureux, et le coeur brisé. Je me rappelle avoir détesté les plans où le blanc éclatant de la neige m’aveuglait littéralement dans la salle. Et je trouvais que l’histoire était pas géniale. Et que le passage entre le Pitoyable et L’impitoyable était trop brusque. Je l’ai revu guéri, plus malheureux et amoureux, et….euh….ça m’a pas fait une meilleure impression. Mais je sais que Ennis fait une fixette sur ce film notamment pour l’histoire du saint des tueurs dans Preacher. Alors respect ! Je n’avais pas du tout capté que le film pourrait être l’histoire d’un vieux Billy the Kid. Il faudrait que je le revois une troisième fois… »

        Entre temps, j’ai vu GRAN TORINO qui m’a touché en plein coeur.

        • Tornado  

          😅

          Apparemment, tu n’as toujours pas vu les films… Et pas revu correctement IMPITOYABLE…
          Pas grave. Tu les verras quand ce sera le moment. Et tu reviendras en parler.

          J’ai longtemps été allergique à la country. HONKYTONK MAN a joué le rôle de passeur pour moi. Ce n’est toujours pas mon genre de prédilection, mais désormais j’avance doucement et découvre Johnny Cash, Gram Parsons (bon, ok c’est du country-rock), et même des trucs prétendument sirupeux que je trouve magnifiques comme certains albums de Linda Rondstadt. Mais en principe on a déjà parlé de tout ça. En tout cas, dans ce parcours, HONKYTONK MAN a joué un rôle énorme pour moi !

        • Tornado  

          GRAN TORINO je l’ai vu aussi. Pareil que MILLION DOLLAR BABY : J’ai bien aimé (et effectivement été ému), mais sans crier au chef d’oeuvre. Je les mets entre majeur/mineur.

          • Jyrille  

            Personnellement j’ai largement préféré GRAN TORINO à MILLION DOLLAR BABY. Ce dernier est très beau mais trop larmoyant, trop déprimant, tandis que le premier mélange plein de choses, on y rit, on y voit des communautés différentes, c’est un très bon film conscient de la situation contemporaine et je le mets dans ses majeurs. Je dois encore voir LETTRES DE IMO JIWA mais j’avais bien aimé le premier, version américaine, FLAGS OF OUR FATHERS.

            Evidemment, MYSTIC RIVER est un de ses meilleurs. Je l’ai vu au moins trois fois déjà. J’ai bien aimé THE MULE mais c’est mineur (tout en étant meilleur que LES PLEINS POUVOIRS).

          • Tornado  

            Tu as sans doute raison à propos de Gran Torino.
            Pour moi son chef d’oeuvre ultime entant que cinéaste c’est MYSTIC RIVER. Là on tient vraiment un gros chef d’oeuvre sans qu’il n’utilise sa propre icone.

          • Surfer  

            Je préfère aussi GRAND TORINO à MILLION DOLLAR BABY pour toutes les raisons qu’à évoqué Jyrille, mais aussi pour la BAGNOLE 😀👍.
            MISTIC RIVER doit être l’un de mes films préféré du réalisateur. Je crois que l’une des seules fois où j’ai pleuré au cinéma c’est lorsque Sean Penn alias Jimmy apprend le meurtre de sa fille. Une scène bouleversante (je comprends pourquoi l’acteur a eu l’Oscar).
            SUR LA ROUTE DE MADISON est aussi un très grand film. Le mélodrame n’est pas mon genre préféré mais celui là fonctionne très bien avec moi…

  • midnighter  

    je suis très étonné que tout le monde n’ ai pas vu ces trois là
    josey wales a toujours été mon préféré

  • midnighter  

    je suis étonné que bronco billy ne soit pas cité dans l’ entreprise de déconstruction de clint sur son propre mythe

    • Tornado  

      Cité, il l’est. Mais l’idée c’était de cibler trois films. L’article est déjà long ainsi. Sur Facebook aussi j’ai vu quelques reproches comme quoi il manque ceci ou cela. Mais ce sont des éléments qui pourraient très bien faire l’objet d’un autre article. Celui-ci n’avait pas la vocation de balayer toute la carrière et encore moins la biographie d’Eastwood.

      • midnighter  

        entièrement d’ accord avec toi,
        à partir du moment où on choisit un angle, il faut savoir s’ y tenir
        ça doit être du au fait que je les ais tous découverts en même temps sur canal plus
        effectivement, il est situé au milieu de l’ article
        mais ça m’avait bluffé qu’ il envisage son propre personnage à travers le spectacle de cirque ( qui est aussi une composante importante de la mythification du far west )

  • Kaori  

    Je note HonkyTonk Man mais je passe sur les autres, pas mon style…
    Je préfère Eastwood sur des films comme MYSTIC RIVER par exemple…
    Cela dit, je suis pour d’autres articles d’analyse du cinéma d’Eastwood par Tornado ! Mais j’ai pas compris : c’est un vieil article remis à jour ?

    La BO : une de mes préférées ^^

    • Tornado  

      @Kaori : Oui, c’est un ancien article qui a été effacé à cause des copyrights, et qui était trop compliqué à remasteriser. Du coup il a été entièrement republié.

  • Glen Runciter  

    Amateur de western, que ce soit en film, roman ou bd, je trouve l’article très pertinent.
    Pour Josey Wales, Clint Eastwood suit assez fidèlement le roman de Forrest Carter mais y imprime sa patte. Un modèle d’adaptation. La seule chose qu’ignorait Clint (et quasiment tout le monde à l’époque) c’est que Forrest Carter était le pseudonyme de Asa Earl Carter, un suprémaciste blanc, ségrégationniste et membre du KKK. Carter a écrit son roman après avoir abandonné la politique. (Source: la postface du roman « Josey Wales, hors la loi »)
    Je mets toujours en parallèle « Impitoyable » de Clint avec « Pat Garrett et Billy the Kid » de Sam Peckinpah. Les deux films sont différents certes mais ce sont les seuls véritables westerns « crépusculaires » que je connaisse. Les deux faces de la même pièce.

  • Tornado  

    Merci beaucoup.

    J’ai recommencé à me pencher sur la filmographie de Peckinpah et enfin pu apprécier LA HORDE SAUVAGE à sa juste valeur. Avec Eastwood et quelques autres (notamment Arthur Penn), il fait partie effectivement des grands réformateurs du genre western (le Nouvel Hollywood, auquel Eastwood se greffe dès son premier film entant que réalisateur).

  • fletcher Arrowsmith  

    Eastwood et le jazz et la country (Honkytonk Man) une grande histoire. Il co écrira et interprétera nombre des BO de ses films. Bien évidemment on citera BIRD qui a valu un prix d’interprétation à Cannes à Forest Whitacker.

    Kyle a en effet fait carrière en suivant dans le jazz et en interprétant les BO des films de son père. Il joue de la basse et la contrebasse essentiellement. Pour l’avoir vu deux fois en concert, la ressemblance avec son père est bluffante. C’est d’ailleurs un amateur de notre pays, il a enregistré un album dans le vignoble Bordelais (SONGS FROM THE CHATEAU). Son dernier album, CINEMATIC, est constitué de reprise du 7ème art dont des films de son père (GRAN TORINO en point d’orgue).

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