Tuer c’est leur affaire, et les affaires roulent !

 

Uncanny X Force par Remender et Opena 

Article publié le 26 avril 2014. Mise à jour le 06.12.2014.

Cet article portera sur l’ensemble du run écrit par Rick Remender. Il contient de nombreux spoilers pour ceux qui souhaitent -encore- en garder la surprise.

Il va y a avoir du sport ( mais moi j'reste tranquille )

Il va y avoir du mort, mais moi j’reste tranquille !©Comics

Lorsque Second Coming se termine, Cyclope dissout la dernière mouture de X-Force dirigée par Wolverine. Rappelons que le concept de la série tranche avec le pacifisme de Xavier.

Plutôt d’attendre que Sinistre, Apocalypse et Dents de Sabre commettent un énième génocide, X-Force mène des actions préventives pour sauver des vies.

Autrement dit, pour éviter le pire, nos amis se livrent à des assassinats purs et simples !

Face à la réaction scandalisée des Xmen modérés devant ces pratiques, Wolverine décide de couvrir à l’époque son ami Scott et de continuer clandestinement ses opérations Black Ops avec un nouveau casting : Psylocke, Archangel, Fantomex et Deadpool.

Cet omnibus contient l’intégralité de la série scénarisé par Rick Remender, série qui a fait de lui une superstar au point que Marvel lui confie les rênes de Marvel Now : Uncanny Avengers.

Une fois n’est pas coutume, commençons par les points faibles de la série. 35 épisodes très inégaux où le lecteur passe d’arcs passionnants ( Final Sanction, Dark Angel Saga ) au  soporifique (Other World et Deathlock Nation).

Le point fort de cette série ? Sans conteste le dessin de Jerôme Opena clair, aéré, capable de donner une identité spécifique à chaque personnage. Sa mise en page s’accommode d’un bestiaire impressionnant souhaité par Remender qui n’a jamais peur du Kitsch : monstres à langues fourchues, vilains patibulaires, aliens agressifs et armoires à glaces.

Il réussit à insuffler à ces personnages archétypaux une touche d’humanité voire de crédibilité à chaque page. C’est époustouflant,dynamique, bouillonnant. Lorsque d’autres dessinateurs prennent le  relais non seulement le résultat est peu ragoutant, mais la pilule  passe moins bien.

Un teaser racoleur: tous ces personnages ont ils vraiment de tous ces flingues ?

Un teaser racoleur: tous ces personnages ont ils vraiment de ces flingues ?©Comics

D’autre part, comme souvent avec Remender, l’artistique le dispute à l’impératif mercantile. Il s’agit de mettre en place une équipe de tueurs.  Wolverine y trouve sa juste place et le volet tragique du personnage obligé d’affronter son propre fils dans un duel à mort est magnifiquement écrit. Mais tout au long de ces 35 épisodes la série oscille entre le meilleur ( les légitimes Archangel, Psylocke et Logan) aux pièces importées Deatlock, Deadpool et Fantomex. Si Deadpool est comme Logan décliné à toutes les sauces, il est difficile de le mettre en scène avec une équipe en oubliant que le personnage est un solitaire comme Spider-Man.

Pour autant, une séquence traumatisante sauve le personnage de toute la saga. Celle où pour sauver un Archangel victime de Famine, Deadpool s’auto-mutile pour donner sa chair à manger à son ami ! La lame de Deadpool pénétrant dans la chair, le soulagement extatique de Warren, tout cela est profondément malsain à l’image de la série. A d’autres reprises, Remender utilise Wade Wilson comme le fou de la série : un type incontrôlable capable de jouer le rôle de substitut parental aurpès d’Evan Sabbah Nur.

Allo le Comic Code ? J'appelle pour des actes de cannibalisme chez Marvel !

Allo le Comic Code ? J’appelle pour des actes de cannibalisme chez Marvel !©Comics

L’intrigue laborieuse concernant la corporation de Captain Britain  fait sombrer la série dans la redite : nos amis sont obligés de faire des choix immoraux pour le bien collectif et laissent des parcelles de leurs âmes après chaque combat. Pourtant le run de Remender est fascinant à bien des égards. Car malgré l’action archi-présente, il ne néglige pas la psychologie de ses personnages. Les scènes de dialogues sont d’ailleurs son point fort.

Allons plus loin : Remender est tellement doué qu’il parvient après 20 ans d’errements scénaristiques en tout genre ( Angel par Chuck Austen, un vaste poème…), à récupérer des personnages que l’on croyait totalement perdus : Psylocke et Archangel. Chez Remender, le lecteur sait enfin pourquoi Apocalypse a choisi Warren comme ange de la mort et fait de lui un personnage réellement dangereux et pas simplement un poseur balançant des fléchettes paralysantes. Psylocke, certainement l’archétype du personnage chiant des années 90’s ( gros nibard et cervelle de piaf – d’où l’attirance pour Angel ?- ) devient chez Remender une femme sensible, écartelée entre des sentiments très forts pour ses équipiers et la nécessité de trancher dans le vif.

Psylocke

Psylocke enfin dotée d’une personnalité !©Comics

Que ce soit Logan ou Betsy (dessinée comme Uma Thurman avec des cheveux violets), voici des personnages avec un sens de l’honneur exacerbé obligés par la force des choses de se déshonorer, de continuer leur descente en enfer en étant pleinement conscient que la route qu’ils prennent est à sens unique. Car face à nos héros se dresse une menace  qui recouvre au moins les 3/4 de la série : Apocalypse. Pas l’espèce d’idiot qui hante la série depuis 30 ans se contentant d’observer le Marvelverse en balançant des maximes Darwinistes… En Sabah Nur est bien décédé et X-force doit surtout affronter ses héritiers, des fanatiques gorgés de haine, véritablement dangereux et nuisibles. D’un côté comme de l’autre, le casting héros-vilains va être décimé et les survivants sont en piteux état.

Et puis l’événement, c’est le retour en Age of Apocalypse (AOA) . Le run de Scott Lobdell longtemps effacé derrière la frime de Grant Morrison retrouve ici une légitimité sous la plume d’un auteur talentueux. Contrairement à cet empoté de Bendis qui fait clairement n’importe quoi, Remender arrive à jongler avec une pléthore de personnage en conservant leurs personnalité, à justifier les allées et venues des personnages des deux dimensions avec un vrai suspense et des surprises incroyables. Notamment quand l’équipe part à la recherche d’un Iceman issu d’AOA au potentiel oméga enfin réveillé. Durant deux épisodes, il écrase l’équipe avant de connaitre une fin épouvantable.

Age of Apocalypse, une saison en enfer !

Age of Apocalypse, une saison en enfer !©Comics

Un dernier mot enfin sur Evan , la réincarnation d’Apocalypse. Loin de l’éprouvante pleurnicharde Hope, Evan est destiné à devenir la réincarnation du mal, le messie d’une idéologie meurtrière, Evan résiste de toutes ses forces à l’appel de son destin. Il devient une figure attachante, respectable et les tortures mentales que lui réservent Daken et Sabretooth ne sont pas sans évoquer celles que Palpatine impose à Luke à la fin du retour du Jedi.

Malin, plein de rebondissements, parsemé de références délicieuses au fan de la continuité mutante, le run de Remender n’hésite pas sur les grosses ficelles, le kitsch et les monstres. L’écriture de Remender est très proche du rythme insufflé aux séries Tv actuelles. Épaulé par un dessinateur époustouflant, il mène une véritable saga super héroïque sur 35 épisodes avec une début et une conclusion hautement satisfaisante. Il parvient à nous surprendre avec des vétérans comme Wolverine, redonne une vie à Warren Worthington avant de littéralement le désintégrer. Enfin, et ce n’était pas gagné, il donne une personnalité attachante à Psylocke.

Quel dommage que Fantomex et Captain Britain viennent gâcher la fête avec leurs univers pénibles pour ceux qui comme moi n’apprécient ni Grant Morrison, ni la magie. Que le verre soit à moitié vide ou plein, force est de constater que ce spin off des X-men sombre et violent est ce qui arrivé de mieux aux mutants avec l’arrivée de Jason Aaron ! D’ailleurs, on pourrait même qualifier ce run comme étant le Scalped de Marvel.

Le bisou pour faire plaisir aux fans !

Le bisou pour faire plaisir aux fans !©Comics

4 comments

  • Présence  

    Content que ça t’ait plu. Je trouve effectivement que Remender est un des nouveaux scénaristes qui réussit à ne pas diluer son talent malgré les exigences éditoriales de Marvel. Il a en particulier réussi à polariser ces 35 épisodes autour d’un unique thème central : non à la peine de mort, invalidant ainsi le principe même de X-Force.

    Il m’exaspère parfois un peu car il est évident qu’il ne souhaite pas créer de nouveaux personnages pour Marvel (dont il perdrait effectivement les droits). Il se contente de piocher dans la continuité pour dépoussiérer de précédentes époques, qu’il s’agisse d’AoA ou du Captain Britain d’Alan Moore.

    Pour avoir un petit faible pour ce Captain Britain et pour le Deatlok de Rich Buckler, j’ai pu constater, comme toi pour les X-Men, que Remender les utilise avec respect et en toute connaissance de leur histoire. À mes yeux le passage dans Otherworld était justifié puisque Betsy Braddock est la sœur de Brain Braddock (Captain Britain).

  • Tornado  

    Ah, je vois que Remender commence à s’imposer à tes goûts. Tu es donc peut-être prêt à affronter son Punisher !!! (rires)
    En revanche, je constate que tu démolis pas mal le run de Morrison, depuis un moment…

    Où sont passés X-23 et Warpath ???

    (ça n’a rien à voir, mais j’ai mal orthographié le nom de Tchang Tchong Jen dans mon mail sur Tintin. Merci de corriger…)

    • Bruce lit  

      Tu dois lire second coming pour savoir ce qu est devenu l ancien casting.
      Je n ai aucune affinité ni avec Ellis, ni Morrison qui est souvent trop auto suffisant a mon gout.
      Son run est une réussite, mais en meme temps, en le relisant récemment,j ai trouvé cela très fashion, daté, et surtout, sous prétexte d innovation, les personnages sous sa plume n ont aucune âme et leur personnalité meconnaissable.
      Je ne peux pas d un côté reprocher cela a Bendis et de l autre epargner Morrison. Lorsque je mis le run de remender et d aaron , j ai l impression de rentrer chez moi, tout en me réjouissant de la tonalité nouvelle de ma serie.
      Par contre, je trouve que le tout dernier épisode de Remender est de très mauvais goût avec un happy end pourrave.

  • Nicojpn  

    Oula assez dur sur quelques points. Bon deja, Monsieur, j’aime beaucoup Fantomex. Je trouve d’ailleurs que l’equipe fonctionne assez bien, avec de bonnes interactions avec les personnages. Pas « des pieces rapportees », et Dieu merci l’histoire n’est pas centree sur Logan (ca arrive d’ailleurs souvent qu’il se prenne une bonne mandale en debut d’episode et que l’on ne le revoie plus jusqu’a la fin.

    Bref tres gros run de Remender, sublimement servi par les dessins d’Opena. La meilleure histoire X-men que j’ai lu ces (nombreuses) dernieres annees, et un tres bon comic tout simplement.

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