Welcome to the machine (Matrix)

Matrix, la saga

Première publication le 27/04/15- Mise à jour le 21/12/21

Un dossier de : TORNADO

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The Green Style

Cet article portera sur toute la saga Matrix, c’est-à-dire, entre autres, les trois films ainsi que les divers court-métrages d’animation et les comics qui ont été réalisés en parallèle. 

Nous commencerons par un petit tour d’horizon de la planète geek, afin de démontrer à quel point la saga des frères Wachowski en est liée de manière fusionnelle. Nous essaierons enfin d’élever humblement le débat sur quelques unes des innombrables pistes de réflexion soulevées par la saga, afin de coller le mieux possible à notre marque de fabrique, qui veut que l’on parte « de la culture geek pour arriver à la culture tout court » ! Enfin… si on y arrive !

Une petite mise en garde s’impose néanmoins à tous ceux qui n’ont jamais vu la saga : Cet article révèle un certain nombre de moments-clés de l’histoire.

CHAPITRE 1 : GEEK LAND

a) Cinema Show

Commençons par le commencement : L’histoire, tout le monde la connait. Non ?
Le pitch est le suivant : En 1999, Thomas Anderson, surnommé Néo, jeune hacker surdoué, est contacté par deux de ses légendaires confrères : Trinity et Morpheus. Ces derniers vont lui révéler une vérité hallucinante : Néo ne vit pas dans le monde réel. Il vit, et le monde entier avec lui, dans une illusion virtuelle. Un programme généré par une entité mécanique, une intelligence artificielle : La Matrice.
Le monde entier est ainsi une illusion. Morpheus propose alors à Néo de se réveiller, de franchir le miroir et de passer dans le monde réel : Une Terre apocalyptique située cent ans plus tard, dominée par les machines, et où l’homme est cultivé comme une ressource énergétique, pendant qu’il rêve d’être dans un monde qui n’est qu’illusion.
Mais les révélations ne s’arrêtent pas là : Morpheus pense que Néo est « l’Élu ». C’est-à-dire tout simplement l’homme providentiel qui sauvera le monde.
La révolution est en marche…

Lorsque le film réalisé par les frères Wachowski sort en 1999, c’est la sensation. Le monde reste bouche-bée devant le postulat dressé par ce scénario d’anticipation effroyable où l’humanité sombre sous le joug de la terrible « Intelligence Artificielle ».
Mais toute la nation geek exulte ! Car Matrix est une ode au monde des geeks. Normal, puisque les Wachowski se sont inspiré de tous ses mediums de prédilection, c’est-à-dire les comics, les mangas, les jeux-vidéo, le cinéma d’action asiatique et, par extension, les animes japonais…

Tron : Video game killed the Cinéma star…

Tron : Video game killed the Cinéma star…

A bien y réfléchir, ce thème cinématographique de la machine qui domine l’homme dans le futur est loin d’être nouveau. On commence par le trouver concrètement en 1968 dans 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick (Isaac Asimov, précurseur, avait publié son I Robot l’année précédente). Puis, à grande échelle, il se développe sérieusement en 1985 dans le premier Terminator de James Cameron. C’est l’un des thèmes récurrents du genre Cyberpunk, auquel Matrix se réfère d’ailleurs complètement, et qu’il va incarner jusqu’à en devenir l’étendard moderne.

Le second thème qui imprègne notre saga, à savoir « l’homme qui intègre un univers virtuel informatique », a également déjà été traité en 1982 dans le film Tron de Steven Lisberger. Cette production Disney ne représente guère qu’un embryon de toutes les possibilités qui émanent du sujet, mais le film fut le pionnier du genre et, avant Matrix, il n’y en a pas eu d’autre.Mais il n’y a pas que la science-fiction dans la vie, Ainsi, on terminera ce petit tour d’horizon sur les influences cinématographiques de notre saga en regardant du côté du soleil levant. Car, bien qu’il soit un pur produit de l’institut cinématographique Américaine, Matrix est un mélange de styles, et lorgne avec gourmandise sur le cinéma oriental, et notamment le cinéma chinois. Nous y trouvons ainsi l’influence directe des films de karaté (et de sabre), avec quelques citations ostentatoires, notamment lorsque Néo imite Bruce Lee (et non Bruce Lit !), en invitant avec mépris son adversaire à reprendre le combat d’un geste de la main…
Enfin, impossible de ne pas reconnaître le cinéma de John Woo (un réalisateur chinois ayant d’ailleurs rejoint le tout Hollywood, comme quoi la communion entre le levant et le ponant est une réalité !) lors d’une série de gunfights directement inspirés de sa mise en scène à la violence graphique chorégraphiée.

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Le Petit Dragon vous invite à le rejoindre…

De là à penser que Matrix est une œuvre postmoderne il n’y a qu’un pas. Diantre ! Ce n’est pourtant pas exactement aussi simple que cela, sans quoi le phénomène Matrix n’aurait pas été un phénomène !
En 1982, parallèlement à Tron et à son choc anticipationnel, le réalisateur Ridley Scott nous offrait le cultissime Blade Runner (d’après une nouvelle de Philip K. Dick). Avec sa mégalopole à l’esthétique rétro-futuriste (un Los Angeles transformé en architecture baroque et art-déco, inspiré lui-même du Metropolis de fritz Lang et de l’architecture utopiste de Hugh Ferris !), avec son détective privé tout droit sorti d’un roman de Dashiell Hammett, le réalisateur d’Alien mettait un pied dans le postmodernisme. Hors, la ville dans laquelle on découvre Néo au début de Matrix ne mange pas de ce pain là. Nous sommes juste dans les rues de… Sydney !

Et pourtant, la saga Matrix est une gigantesque soupe dans laquelle se mélange une multitude d’influences artistiques et culturelles. Sauf qu’elle n’est pas tournée vers le passé. Matrix n’est pas une œuvre rétro-futuriste aux accents steampunk, ce n’est pas un acte postmoderne qui régurgite les références du passé en les réactualisant, comme c’était le cas avec Star Wars. Ou bien si, un peu. Mais pas seulement…
Matrix, c’est un agglomérat de la culture geek qui a une longueur d’avance sur tout le monde. C’est de la vraie science-fiction, dans le fond, la forme et les constituants techniques, esthétiques et culturels. C’est l’œuvre-somme d’une nouvelle ère.
Matrix, malgré son aspect patchwork qui semble bouffer à tous les râteliers, est au contraire une entité unique en son genre, un acte de nouveauté qui a digéré ses constituants et un choc entant que spectacle de forme comme de fond.
Matrix, c’est une science-fiction qui prend corps, une nouveauté cinématographique qui incarne son genre physiquement, culturellement, et un pur acte artistique de création…
Matrix, c’est la promesse que le monde des geeks est le monde de demain.

Le grand depart…

Le grand départ…

b) Comics shop

On l’a également entendu à maintes reprises : Matrix s’inspire des comics. Effectivement, à la fin du premier segment et surtout dans Matrix Reloaded, le deuxième film de la saga, on peut voir Néo se prendre pour Superman dans quelques scènes de vol (somptueuses) où le personnage imite consciencieusement son modèle de papier. Aucun doute sur le parallèle : le spectateur assiste, dans ce monde terrifiant qui l’attend peut-être un jour, à la naissance d’un authentique super-héros ! La filiation entre le film et les comics (et la place privilégiée dédiée au surhomme en panoplie) est définitivement entérinée…

Mais avant cela, il y a une polémique…
A partir de 1994, au sein du label Vertigo (branche adulte et émancipée de l’éditeur DC Comics, c’est-à-dire le même qui publie Superman), le scénariste Grant Morrison entreprend sa grande œuvre : Les Invisibles. Une série ambitieuse de 59 épisodes dans laquelle le bonhomme injecte une quantité astronomique de références artistiques et culturelles. Tout comme Matrix, me direz-vous. Mais ce n’est pas le seul point commun, loin de là…
Car le thème principal de la série Les Invisibles s’impose comme une source intarissable pour le pitch de Matrix. Grant Morrison utilise cette série pour illustrer sa propre conception du sens de la vie et part sur le postulat que la réalité est plurielle et trompeuse. C’est-à-dire qu’aucun individu n’est capable de la percevoir dans son entièreté.
Les Invisibles (un groupe de révolutionnaires dissidents) sont à la recherche de la vérité derrière les apparences et sont sans cesse confrontés à des vérités relatives, tout comme le lecteur ! Le scénariste insinue que l’acte de création artistique est un outil capable de façonner la réalité et réalise une mise en abime dans laquelle ses personnages vont vivre une quête liée à la recherche de la vérité !
La série s’ouvre sur le thème de la révolte contre l’autorité établie (et la traque aux conspirations de tout ordre) avec, en contrepoint, la question de la liberté individuelle face à la société. Soit de la même manière que le premier film de la saga Matrix. Mais, petit à petit, le récit va s’orienter sur la réalité alternative, amenant les personnages à découvrir que leur réalité n’est qu’illusion. Soit… la même chose que dans le premier Matrix !
A toutes ces ressemblances s’ajoutent une réflexion sur l’avènement de l’ère informatique, qui entraîne dans son sillage l’omniprésence de l’information (quelle que soit sa nature), ce qui constitue la vraie révolution pour l’être humain et sa condition ; mais aussi la notion de destin lié au mysticisme puisque, si Néo est sensé être un messie, l’un des personnages des Invisibles est peut-être… un bouddha ! (1)

Où est la source ?

Où est la source ?

Pourtant, malgré toutes ces similitudes, les frères Wachowski n’ont jamais officiellement marqué cette filiation et n’ont en tout cas jamais avoué avoir pillé l’œuvre de Morrison. Et c’est surtout ce dernier, via quelques déclarations amères, qui a suggéré que sa création était indubitablement à la base du script de la saga Matrix…

En tout cas, une chose est certaine, l’esprit des films qui nous intéressent ici est marqué par le monde des comics et, comme s’il fallait boucler la boucle, la saga a donné naissance, dans son sillon, à une déclinaison multimédia dans laquelle les comics n’étaient pas oubliés !
C’est ainsi que, de 1999 à 2004, une collection de petites histoires, d’abord publiées initialement sous la forme de webcomics sur le site TheMatrix.com, vinrent apporter leurs pierres à l’édifice de la Matrice !

Si les frères Wachowski écrivent le premier épisode estampillé Matrix Comics avec Geof Darrow, ce n’est pas un hasard. Ce dernier, en plus d’être une légende des comics pour ses œuvres réalisées avec Frank Miller, est avant tout le designer et le créateur visuel officiel de la saga Matrix !
Par la suite, les deux frangins vont convoquer un impressionnant panel d’artistes venant de la profession consacrée, piochant avant tout dans le domaine des auteurs indépendants. Se bousculent ainsi aux commandes des vingt-trois épisodes suivants des noms comme Neil Gaiman, Bill Sienkiewicz, Dave Gibbons, David Lapham, Paul Chadwick, Tim Sale, Michael A. Oeming, Kaare Andrews, Ted McKeever, Greg Ruth, Peter Bague, John Van Fleet, Kilian Plunkett et Jim Kruger. Certains officient entant que scénaristes, dessinateurs et souvent les deux en même temps. Et l’ensemble est harmonisé par l’éditeur Spencer Lamm.

Matrix Comics : Les deux tomes ont été traduits en VF chez Panini Comics (aujourd’hui épuisés)

Matrix Comics : Les deux tomes ont été traduits en VF chez Panini Comics (aujourd’hui épuisés)

D’une longueur inégale (entre cinq et vingt pages), les épisodes sont également d’une qualité fluctuante. D’un point de vue pictural, certains auteurs ou artistes se montrent nettement au dessus du lot (Tim Sale ou Greg Ruth, artiste que j’admire depuis son travail sur la série Conan chez Dark Horse), quand d’autres se révèlent décevants du point de vue du scénario Effectivement, la plupart des dessinateurs s’improvisent ici scénaristes et, franchement, ce n’est pas toujours une réussite. Mais le pire demeure pour moi le fameux épisode écrit par Neil Gaiman et soi disant mis en image par Bill Sienkiewicz et Greg Ruth. Huit pages qui ne sont, non pas de la bande-dessinée, mais une nouvelle particulièrement laborieuse, opaque et surréaliste, bourrée de dialogues indigestes avec six dessins insipides en guise d’illustration ! Après avoir lu moult commentaires dithyrambiques sur la chose, je me demande encore si les lecteurs sont objectifs à la seule pensée de la participation du créateur de Sandman !

Chaque épisode est indépendant des autres et possède son identité propre, les auteurs ayant bénéficié d’une liberté artistique totale et absolue. Des planches en noir et blanc underground (Geof Darrow) côtoient ainsi des images patchwork assimilant peinture et photographie (Bill Sienkiewicz), tandis qu’une poignée de pages humoristiques (Peter Bague) sont entourées de créations plus consensuelles (Dave Gibbons), plus classieuses (John Van Fleet), élégantes (Paul Chadwick), expressionnistes (Ted McKeever), ou même « cartoony » (Kaare Andrews). Le second recueil est toutefois mieux équilibré que le premier, principalement car les épisodes ont été remaniés (améliorations significatives et mise en couleur optimale pour chacun d’entre eux) avant leur passage sur papier.

Dans l’ensemble, toutes ces petites histoires viennent nourrir la mythologie de la saga en imaginant la vie des gens au cœur de la Matrice, alors qu’ils sont confrontés, parfois, à la possibilité d’une autre réalité que celle de leur quotidien.
Les récits sont construits autour de personnages inédits, qui n’apparaissent pas dans les films, mais qui vivent dans le même univers. L’idée est donc bien d’explorer tous les éléments de la saga et d’approfondir tout ce qui n’était que suggéré dans le premier film (les comics ayant été réalisés en attendant la sortie de deuxième opus), afin de nourrir la mythologie mise en place dans l’histoire initiale.
Ainsi, malgré la qualité fluctuante de l’ensemble, cette petite série de comics participe de la volonté d’enrichir un univers qui s’étend bien au-delà du seul domaine cinématographique, formant une boucle à partir de ses sources d’inspiration directe.

Mais l’histoire n’est pas terminée. Puisque l’univers Matrix se devait d’être multimedia, ses créateurs n’allaient pas non plus oublier l’une de leur influence majeure : L’Anime japonais (il y a également eu des mangas, réalisés par Hiroyoshi Tsukamoto, mais là j’avoue que je n’en connais rien !)…

Kaare Andrews dans la Matrice !

Kaare Andrews dans la Matrice ! ©Burlyman

c) Anime nation

Matrix Comics n’était qu’une mise en bouche. Une ébauche. Animatrix sera une œuvre d’art, un ensemble de contes philosophiques aussi poétiques qu’oniriques. Pendant trois ans, les frères Wachowski vont travailler avec certains des meilleurs animateurs américains, japonais et coréens. Les frangins supervisent ainsi le projet Animatrix, soit neuf courts- métrages d’animation immergés dans le monde de la Matrice…

A noter que cette anthologie, sortie initialement en 2003, a été pensée pour s’intercaler entre le premier film et sa suite, Matrix Reloaded (alors que les épisodes de Matrix Comics s’étendaient sur toute la saga et au-delà, Michael A Oeming et Kaare Andrews ayant imaginé deux récits se situant après Matrix Revolutions). Ainsi, certains épisodes servent de lien direct entre les deux opus cinématographiques, entérinant la position d’Animatrix comme pierre officielle à l’édifice de la saga.
Au scénario sur quatre épisodes, les Matrix’s brothers s’adjoignent alors les services d’une dream team impressionnante comptant dans ses rangs des noms prestigieux tels Yoshiaki Kawajiri, Takeshi Koike et Shinichiro Watanabe. L’ensemble est toujours produit par Joel Silver (producteur de l’ensemble de la saga), qui laisse carte blanche à tous ces auteurs, leur offrant ainsi une totale liberté artistique ! Le résultat va être surprenant, au point de jeter dans la confusion la plus totale une partie des spectateurs !

Chaque segment de cette anthologie animée illustre un nombre impressionnant de zones d’ombres sur lequel le spectateur s’était jusque là perdu en regardant le premier film. On apprend ainsi comment le peuple de Zion a découvert que les machines lançaient leur attaque finale sur la cité des humains. Ou encore comment Néo a délivré le Kid de la Matrice.
Mais surtout, on apprend, à travers le dyptique intitulé La deuxième Renaissance, les origines du monde de la Matrice ! Ces deux segments sont d’ailleurs très importants pour quiconque veut s’immerger pleinement dans la saga, puisque c’est ici, à travers ce long flashback, que l’on apprend que ce monde apocalyptique est nettement moins manichéen qu’on ne le pensait, et qu’il ne s’agit pas d’y voir « les gentils humains contre les méchantes machines »…
Et enfin, on profite de quelques épisodes tour à tour poétiques ou parfois même psychédéliques, pour explorer ce monde virtuel dans tous ses coins et recoins, dont le sens du détail parfois maniaque de nos animateurs conceptualise la moindre des pistes philosophiques…


Le grand saut dans l’Animatrix !

C’est justement ce qui m’a le plus impressionné dans cette anthologie : La capacité des auteurs à interpréter les zones d’ombres de la saga afin d’en extirper la substantifique moelle, à travers une poignée de séquence oniriques, dont la courte durée (chaque segment n’excédant pas les dix minutes) n’empêche jamais cette illustration de nourrir les thèmes philosophiques de ce monde cyberpunk, avec une précision inouïe (profitant à fond de l’impact du format court).

L’ensemble de la saga en ressort grandi, avec un réel supplément d’âme. Comme dit plus haut, les spectateurs durent trouver l’expérience déroutante. Et le carton annoncé par les exécutifs à propos du succès probable de cette anthologie retomba comme un soufflet !

A l’origine de cette incompréhension, il y a probablement le manque de cohérence esthétique de cet ensemble d’épisodes. Effectivement, trop de liberté a tué l’unité visuelle de la saga et aucun de ces segments animés ne se ressemble.
C’était pourtant très excitant : Chaque épisode devait varier les genres et les interprétations, dans un ensemble d’exercices de style distincts dans le rythme, l’esthétique et le parti-pris technique (tantôt classique ou photo-réaliste).

Ainsi, plus d’un spectateur s’est senti étranger à cette magnifique communion d’artistes issus du monde de l’animation. Et le Direct to DVD qu’était Animatrix ne tarda pas à écumer les bacs à soldes !
Ce faisant, ces mêmes spectateurs passèrent à côté d’une tentative de globalisation du monde cinématographique qui tentait de donner corps à toutes les influences de la saga Matrix. Ils ne prirent pas conscience que, ainsi, ils ignoraient l’avènement de quelque chose de très important : La naissance de la culture geek (ou culture de ghetto pour certains). Animatrix fut ainsi un morceau de bravoure comme un coup d’épée dans l’eau, et la culture geek est, depuis, toujours dans le même ghetto…

Animatrix : Un conglomérat de styles, de genres et d’impacts pour le pauvre spectateur perdu !

Animatrix : Un conglomérat de styles, de genres et d’impacts pour le pauvre spectateur perdu !

d) Video game

Heureusement, tout ne fut pas perdu. Car deux des courts-métrages d’Animatrix, respectivement intitulés Programme et Dernier vol de l’Osiris, étaient non seulement inspirés du monde du jeu-vidéo, mais ils étaient aussi l’illustration même de ce sujet !
Effectivement, ces deux segments mettaient en scènes des combats chorégraphiés à l’intérieur de la Matrice, combats améliorés grâce aux techniques d’arts martiaux et aux facultés physiques surhumaines directement téléchargées dans l’esprit des protagonistes dans leurs avatars virtuels ! Soit une illustration littérale du monde des jeux-vidéo, auquel la saga Matrix est indubitablement liée !
C’est ainsi que, en toute logique, l’univers multimédia de la saga allait également se décliner sous la forme d’un véritable jeu-vidéo officiel, le célèbre Enter the Matrix !

Bon, je vous préviens tout de suite : je ne connais rien aux jeux-vidéos car je n’y joue jamais et je déteste ça (Arrgh ! Ndlr ). Mais quelques recherches m’ont permis d’apprendre qu’Enter the Matrix n’était pas une grande réussite en la matière.
Réalisé à la va-vite à l’occasion de la sortie de Matrix Reloaded, ce jeu a apparemment été conspué pour sa mauvaise qualité et son esthétique jugée très en retard pour son époque, ce qui est un comble pour un produit estampillé Matrix !
Il participe néanmoins à la saga de manière officielle puisque son histoire se situe à l’issue du court métrage le Dernier vol de l’Osiris, se déroulant ainsi parallèlement à celle de Matrix Reloaded, mais du point de vue de certains personnages secondaires.
Toujours est-il que l’on assiste à une expansion toujours plus vaste de la saga, même si l’on s’aperçoit bien que cette dernière déclinaison a été délaissée au profit des autres. Les frères Wachowski n’aiment peut-être pas autant les jeux-vidéo qu’on pourrait le croire ?
Bah… Dans le show business, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En 2005, deux autres jeux vidéo (The Matrix Online – écrit et conçu par Paul Chadwick – et The Matrix : Path Of Néo) furent mis sur le marché…

e) Cyberpunk music

On ne terminera pas ce tour d’horizon de la planète geek sans passer à côté de la musique. On pourrait évidemment parler longuement du score de Don Davis, énorme, génial, dans la lignée des plus belles compositions des plus grandes sagas de l’histoire du cinéma, avec celles de l’indétrônable John Williams en tête ! Un ensemble de thèmes héroïques et fédérateurs, soutenus par des cuivres martiaux à donner le frisson, injustement boudés, comme on boude l’ensemble du monde geek, par l’élite et ses Oscars…

Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont avant tout les chansons et les titres pop qui écument la saga. Tous ces instants de musique sont autant de titres de bravoure, qui participent autant à l’action qu’aux tenants et aboutissants du récit, de ses thèmes et de sa toile de fond.
Le CD qui accompagnait la sortie du premier opus cinématographique offre ainsi un florilège de la musique que pouvaient écouter les geeks de l’époque, avec la mise en avant de deux styles fédérateurs et, à priori, antagoniques : Le rock et la techno !
Côté rock, la BO n’y va pas de main morte et s’adjoint la participation des artistes indés parmi les plus dissidents du moment. Se succèdent ainsi Marilyn Manson (Rock Is Dead), Ministry (Bad Blood), Rob Zombie (Dragula, mais remixé façon techno), Deftones (My Own Summer), Monster Magnet (Look To Your Orb For The Warning), Ramstein (Du Hast), sans oublier, bien sûr, le monumental générique de fin avec le Wake Up de Rage Against The Machine, qui gagnait ainsi, par le truchement de la saga, un niveau de lecture supplémentaire !
Côté techno, c’est avant tout une réunion d’artistes techno-pop (voire trip-hop) aux accents Indus revanchards et survoltés, avec Propellerheads (Spybreak), Rob D (Club To Death), Meat Beat Manifesto (Prime Audio Soup), Lunatic Calm (Leave You Far Behind), Prodigy (Mindfields) et Hive (Ultrasonic Sound).

Matrix Reloaded enchaîne sur les chapeaux de roues en convoquant de nouveau Rage Against The Machine, Deftones et Rob Zombie, auxquels se joignent désormais Linkin Park (Session), P.O.D. (Sleeping Awake) et Unloco (Bruises). La techno n’est pas en reste avec Rob Dougan (Furious Angels), Paul Oakenfold (Dread Rock), et le splendide Zion de Fluke, composé spécialement pour l’occasion de la grande techno-party mise en scène dans un maelstrom de chair et de sueur, alors que les derniers humains libres se préparent à subir l’assaut final des machines guerrières…

Matrix Revolutions lève un peu le pied sur les chansons, mais s’adjoint principalement les services de Juno Reactor, groupe de Trance Psychédélique (!!!). Le compositeur Don Davis s’offre ainsi, à l’occasion d’un générique de fin dantesque, un battle d’anthologie de dix minutes intitulé Navras, au cours duquel il confronte sa musique martiale sortie tout droit de Carmina Burana aux accents indiens du groupe de techno…

Quoiqu’il en soit nous noterons, comme nous l’avions relevé plus haut, que la saga Matrix n’est jamais tournée vers le passé et, ainsi, aucune de ses chansons et autres instrumentaux ne lorgne vers le patrimoine musical du siècle précédent…

Cuir ?

Cuir ?

CHAPITRE 2 : WELCOME TO THE MACHINE

Le premier film de la saga sort en 1999. Il est aujourd’hui étonnant de constater que l’énorme retentissement dont le film avait bénéficié à l’époque s’est plus ou moins éteint. Aujourd’hui, lorsque je parle de Matrix, ou que je dis que je vais me repasser la saga, plus d’un interlocuteur m’avoue ne plus du tout avoir envie de revoir ces films.
Je me souviens pourtant du raz de marrée que le premier opus avait déclenché, et de toute la vague de films qui pillèrent par la suite son esthétique, au point que certains le font encore (on pense évidemment au principe du « bullet time » et aux combats filmés au ralenti avec les fameuses suspensions en apesanteur).
Des armées entières de cinéphiles se ruèrent sur toutes les polémiques possibles et les défenseurs du film des frangins Wachowski s’empoignèrent furieusement avec ses détracteurs, tandis que ces derniers accusaient le duo de réalisateurs de piller sans vergogne le cinéma asiatique. Des polémiques stériles, qui n’auront rien fait d’autre, dans un premier temps, que de transformer ce premier film en une œuvre culte de sa génération.

Mais le plus intéressant était ailleurs. Car ce scénario cyberpunk regorgeait de pistes de réflexions et alimentait de passionnantes discussions entre ceux qui avaient apprécié le métrage pour ce qu’il était : Un excellent film d’anticipation, doublé d’un film d’action jouissif et d’une toile de fond philosophique pénétrante, le tout mâtiné d’un impressionnant réceptacle de la culture geek.


Le fameux effet spécial du bullet time

Comme tous les grands films, Matrix supporte de multiples visionnages et s’enrichit à chaque fois, le spectateur n’en finissant pas de creuser les multiples pistes de réflexions générées par ce pitch édifiant, où le héros prend conscience que son monde n’est pas réel, renvoyant le spectateur à l’idée que le sien ne l’est peut-être pas non plus !
C’est ainsi que, la dernière fois que je l’ai vu, je me suis aperçu d’une amusante série de paradoxes et de situations contradictoires :
Premièrement, il est incroyable de constater que le monde de la Matrice est le plus réaliste des deux. Un réalisme tout simplement accentué par le fait qu’il s’agit de prises de vue réelles filmés au cœur de la ville de Sidney, là où les scènes du monde réel (le monde du XXII° siècle dans le film) est une gigantesque reconstitution science-fictionnelle entièrement filmée en images de synthèse !
Second paradoxe, et pas des moindres, le monde réel est un cauchemar absolu, une vision d’apocalypse plongée dans les ténèbres de la nuit perpétuelle, ravagée et chaotique. Il s’agit pourtant du monde convoité par les héros du film, celui dans lequel ils combattent pour leur liberté. Les protagonistes luttent donc pour se sortir d’un monde confortable, afin de vivre dans un monde abominable…
Troisième et dernier paradoxe : Alors que le film condamne sans pitié notre monde civilisé en le brulant sur l’autel du capitalisme honni (un monde où les êtres humains sont quasiment élevés comme des consommateurs afin de nourrir la grosse et toute puissante machine capitaliste), il est lui-même issu de la non moins grosse machine hollywoodienne, une gigantesque entreprise capitaliste s’il en est. Et, par extension, alors que le film exhorte le spectateur à se questionner, à se réveiller (« Wake Up » nous crie le groupe Rage Against The Machine dans le générique de fin !), il n’est finalement pas autre chose qu’un spectacle de divertissement et d’évasion !

De là à penser que les frères Wachowski se sont empêtrés dans un pensum laborieux qui les dépasse, il n’y a qu’un pas. Et c’est là que ça devient intéressant : Dans la série de Grant Morrison intitulée Les Invisibles, le comic book dont nous parlions plus haut, le thème qui s’imposait peu à peu était celui de la schizophrénie. Une schizophrénie pensée comme l’adaptation normale de l’individu pour pouvoir supporter la nature multiple de la réalité, de plus en plus perceptible et inexorable à l’aube du vingt-et-unième siècle.
On peut ainsi penser que tous les paradoxes qui habitent ce premier film sont autant de contradictions volontaires et assumées, sensées opérer une mise en abîme sur notre monde devenu fou.
Un vrai film d’anticipation en somme, et une vision du monde aussi alarmante que pénétrante…

La célèbre figure de Trinity suspendue en apesanteur !

La célèbre figure de Trinity suspendue en apesanteur !
Source Auto Straddle
©Warner Bros

CHAPITRE 3 : WELCOME TO THE MESSIE…

Le premier film est une œuvre aboutie. Si le succès n’avait pas été au rendez-vous, il n’y aurait pas eu de suites et le récit aurait néanmoins été parfaitement conclu, cette première partie se suffisant à elle-même.

Le succès fut retentissant et les deux séquelles furent mises en chantier de concert. Les frères Wachowski obtinrent un délai conséquent afin de mener leur projet aux limites de la perfection (trois ans se seront écoulés entre le premier film et sa suite), en échange de sortir les deux dernières parties dans la foulée. A six mois d’intervalle.

Le désamour entre une grande partie du public et la saga Matrix commença avec le second opus. Passionnés par certains éléments de leur pitch, les auteurs plongèrent allègrement dans les réflexions philosophiques et développèrent une multitude de réflexions masturbatoires sur les arcanes de la Matrice, ses composantes n’en finissant plus de remettre en question les fondements de la philosophie de ses héros. Cette overdose de questionnements trouvera rapidement une seule et unique issue : La paFrabole messianique.


Néo voit des Mr Smith partout !

Pourtant, Matrix Reloaded est construit de manière très équilibrée et possède deux scènes d’action majeures, à la fois inédites et spectaculaires à un tel point qu’elles demeurent toujours indépassables entant que morceaux de bravoure. Il s’agit bien évidemment du combat entre Néo et l’armée des Mr Smith, et de la course-poursuite sur l’autoroute.
Mais ces scènes monstrueuses sont effectivement encadrées par un paquet de séquences où sont développées tout un tas de tergiversations sur les constituants de la Matrice. On y apprend ainsi qu’elle est habitée de tout un tas de programmes informatiques qui en constituent la structure, mais aussi les finalités, certaines de ces finalités se révélant étonnantes.
Par exemple, elle est conçue par l’Architecte, un programme de conception. C’est le créateur de la Matrice. Elle est également sous la domination de l’Oracle, un virus intégré de manière volontaire afin de rendre la Matrice plus faillible, et ainsi plus « humaine », le côté humain étant indispensable afin de la rendre cohérente au regard de ceux qui vivent dans son illusion du réel, c’est-à-dire nous !
Il y a bien évidemment ses agents, destinés à contrôler la bonne marche des choses et intervenir selon les anomalies, dont le fameux Mr Smith. Ce dernier ayant été libéré de la Matrice au cours de son combat contre Néo dans le premier film, il est à présent devenu une sorte de virus tout puissant qui menace autant l’équilibre de la Matrice que l’humanité entière.
Il y a également d’autres programmes plus ou moins étranges, comme le Maitre des clés (qui permet d’ouvrir des programmes) et le Mérovingien, un programme émancipé qui influence certains éléments de la Matrice. En ce qui concerne ce dernier, c’est particulier : L’Architecte révélant à Néo qu’il est le sixième élu, il nous est alors suggéré que le Mérovingien pourrait bien être un ancien élu assimilé par la Matrice…

Effectivement, la fin de Matrix Reloaded est étonnante puisque l’on y apprend que l’histoire de Néo s’est déjà produite plusieurs fois, et que son rôle de sauveur est un élément voulu par la Matrice, afin d’en déterminer les limites, puisqu’à chaque fois que les limites de son fonctionnement sont atteintes, l’Architecte s’attèle alors à une refonte complète du système consistant à créer une nouvelle version, meilleure que la précédente. En somme, une sorte de « remise à zéro », une réinitialisation informatique à l’échelle de la Matrice…

C’est sur ce postulat un poil déprimant et intensément complexe que se termine le deuxième opus de la saga. On y apprend également que les machines ont envoyé 250 000 sentinelles sur la cité humaine de Zion, et que le combat final dans la grande guerre entre les hommes et les machines est sur le point de se dérouler.


A ce jour : La plus grande poursuite automobile de l’histoire du cinéma !

Tels qu’ils sont conçus dès le départ, Matrix Reloaded et Matrix Revolutions forment un fil narratif unique et se suivent comme s’ils formaient un seul et unique récit.
Le troisième film est donc construit sur le même principe : deux gigantesques scènes d’action (la bataille de Zion et le combat final opposant Néo à Mr Smith) encadrées par des scènes qui mettent les neurones du spectateur à l’épreuve. Il y a également de nombreuses scènes ouvertes sur les personnages, qui permettent à chacun d’entre eux d’exister, avec un soin de tous les instants apportés à leur caractérisation respective.
On remarquera que les Wachowski ont fait attention afin de brasser les ethnies, avec des acteurs issus de diverses origines (il nous faudra juste supporter la pathétique Jada Pinkett Smith et ses deux expressions, à se demander ce que fiche une actrice aussi nulle dans ce type de production !).

Cette troisième partie est tout de même plus viscérale que la précédente et la montée en puissance vers le dénouement vous plaque sur votre fauteuil.
La bataille de Zion tient toutes ses promesses et le spectacle est proprement hallucinant, autant d’un point de vue spectaculaire qu’au niveau de la maitrise technique et du découpage, d’une complexité inouïe ! Les scènes de combats sont d’une intensité impressionnante et, au final, le film est à la hauteur de son défi technique en nous offrant un spectacle de l’ordre du jamais vu sur un écran…

La claque monumentale que reçoit le spectateur du point de vue du spectacle est alors contrebalancée par un final auquel on ne s’attend pas du tout : Point de happy end, et point non plus de bad end. Certains des personnages principaux arrivent au bout du chemin, meurent ou survivent, mais les choses ne se passent pas comme on le croyait.

A l’époque, la plupart des spectateurs ont été déçus par une fin opaque que peu sont parvenu à comprendre. Et surtout, ils ont été déçus (je me rappelle que ce fut mon cas aussi) car les promesses de donner des réponses à toutes les questions soulevées dans les films précédents (et surtout dans le deuxième), ne sont pas exposées.
Pourtant, quand on y pense, les œuvres d’art contemporain sont exactement conçues de cette manière : On pose des questions. On interroge. On part sur le principe que les réponses sont plurielles, et que c’est à chacun de les formuler. Et puis quoi ? Les frères Wachowski ne sont pas Dieu ! Ils n’ont probablement aucune réponse à tous les mystères de l’existence et du réel ! L’important aura été le cheminement de la pensée, et les nombreuses pistes de réflexion relevées depuis le départ. La conscience du spectateur aura été éveillée, et c’est, en définitive, le plus important.

Pourtant, comme dit plus haut, la saga Matrix est d’une richesse peu commune en ce sens que chaque vision en approfondit la perception.
La chose m’est ainsi apparue évidente lors de mon dernier passage sur les films : En cherchant à s’humaniser, puisque les machines ne font rien d’autre depuis le départ dans leur lutte pour la domination de la planète (rappelons qu’au début, tel qu’on l’apprend dans Animatrix, c’est l’homme qui asservit la machine et que, lors d’une gigantesque révolution planétaire, celle-ci s’est émancipée de sa domination tyrannique), elles ont fini par s’éveiller à une notion proprement humaine : la pensée religieuse. Ainsi, le messie représenté par Néo est parvenu à s’imposer également dans leur esprit de métal.
Enfin parvenues à cette dernière étape de leur humanisation que constitue la foi, les machines acceptent la venue du messie et, de ce fait, achèvent leur communion avec l’humanité, aboutissant logiquement sur la paix…


La monstrueuse bataille de Zion. L’une des scènes d’action les plus intenses de l’histoire du cinéma !

Alors, pourquoi diantre les gens semblent ne plus s’intéresser à Matrix aujourd’hui ?
La réponse à cette question tient, à mon avis, de ce que le film génère en termes de public, se révélant finalement marginal dans la mesure où il ne correspond pas au gras du public cinéphile. C’est vrai après tout, le spectateur ayant simplement envie de se divertir n’a aucune envie de se replonger dans ces Reloaded & Revolutions à la complexité philosophique boursouflée (j’essaie de mettre à leur place).
Quant au spectateur intellectuel et élitiste, il ne comprend pas non plus pourquoi il devrait s’infliger cette série de savates et ce spectacle pour geek débile et boutonneux (j’essaie de me mettre à leur place).
Avec le recul, le constat est évident : Matrix est une saga à part. Une œuvre d’une richesse telle qu’elle ne s’offre pas tel un spectacle popcorn. Elle est plus ou moins réservée aux geeks. Non pas parce que les geeks ont un monopole, mais tout simplement parce que la planète geek est encore aujourd’hui une terre inconnue du grand public, ou en tout cas méconnue. Ce grand public continue de penser que le geek est soit un idiot drogué aux écrans et aux images, soit un drôle de zozo qui vit dans un monde à part fait de chimères. Peut-être bien dans la Matrice ! A moins que ce ne soit l’inverse !

Matrix n’a pas réussi à sortir les geeks de leur ghetto et, finalement, a fini par l’y rejoindre. Ce constat est très intéressant et finalement le postulat des frères Wachowski y trouve un niveau de lecture supplémentaire. En méprisant la planète geek, en niant sa richesse et sa propension aux mêmes velléités intellectuelles que l’élite, le grand public vit dans une sacrée illusion de la réalité…

Les machines accueillent le messie en leur sein. La boucle est bouclée…

Les machines accueillent le messie en leur sein. La boucle est bouclée…
Source Allo Cine 
©Warner Bros

(1) : Merci à Présence et ses commentaires sur la série Les Invisibles pour toutes ces précieuses informations !

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LA BO du jour : From the OST

https://www.youtube.com/watch?v=E9jaU9rYpMA

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