Cocktail Peau de Panthère – TOP 10 : Les Films de Blake Edwards en 10 films et 10 chansons

Une anthologie cinématographique et musicale concoctée avec moult glamour par : TORNADO
Crossover chez Blake Edwards !
Illustration © Mattie Boy

Blake Edwards, c’est près de quarante films dont la plupart sont des comédies, ce qui fait de lui un maitre en la matière.

Blake Edwards, c’est aussi une famille de cinéma, dans laquelle se bousculent des artistes remarquables, les acteurs Peter Sellers, Jack Lemmon et Tony Curtis, Julie Andrews (son épouse dans le civil, que tout le monde connait sous l’image de Mary Poppins), le compositeur Henry Mancini et son parolier Johnny Mercer, pour ne citer que les plus évidents.

Blake Edwards, c’est également la série des PANTHÈRE ROSE, mais aussi quelques-unes des plus grandes comédies de l’histoire du 7ème art, dont certaines flirtent avec le drame (comédie dramatique, on appelle ça). C’est enfin quelques films ayant connu le succès, l’échec, ou l’oubli…

Nous allons donc tenter, en dix films choisis, de proposer le florilège de tous ces éléments à la fois disparates et harmonieux, qui forment une œuvre cohérente et authentique.

Parce que la quasi-totalité des films de Blake Edwards sont accompagnés de la musique d’Henry Mancini, nous nous arrêterons également à chaque fois sur la partie musicale et, lorsque elles y sont, sur les chansons écrites notamment par Johnny Mercer.

Allez hop, c’est parti :

DIAMANTS SUR CANAPE (BREAKFAST AT TIFFANY’S – 1961) – 1

L’icône du glamour !

Le pitch : Holly Golightly (Audrey Hepburn), une jeune et charmante new-yorkaise, fait la connaissance d’un nouveau voisin : Paul (George Peppard, futur Hannibal de l’AGENCE TOUT RISQUES). Peu à peu, on découvre la véritable nature de ces deux personnes en quête d’un avenir meilleur : Holly est une call-girl au passé trouble, qui rêve d’épouser un bon parti, tandis que Paul est un écrivain raté et sans le sou, entretenu par sa maitresse, une riche femme mariée…

DIAMANTS SUR CANAPÉ est déjà le huitième film de Blake Edwards, qui commence à se faire remarquer à Hollywood pour son art de la comédie de mœurs avec quelques réussites telles VACANCES A PARIS (1958) avec Tony Curtis & Janet Leigh (futurs parents de Jamie-Lee Curtis) et OPÉRATION JUPONS (1959) avec Tony Curtis & Cary Grant.

Sur un script adaptant l’une des plus célèbres nouvelles de Truman Capote, Edwards innove en mêlant la comédie et le drame, le tout emballé dans une ambiance de puissante mélancolie, exacerbée par la partition douce-amère de Mancini et les paroles de Mercer, dont la poésie diffuse va même jusqu’à servir d’épilogue lors du générique final.

Côté comédie, le réalisateur commence à se faire la main sur une poignée de thèmes et de séquences que l’on retrouvera tout au long de sa filmographie. C’est d’abord la mise en scène de personnages lunaires, reliques du burlesque de l’époque muette (le slapstick), dont la marginalité et le décalage déclenchent tout naturellement les situations cocasses. C’est ensuite les fameuses scènes de Fête (comprendre « bringue généreusement alcoolisée »), dont celle de DIAMANTS SUR CANAPÉ, déjà impressionnante dans sa folie et son énormité, annonce celles que l’on trouvera bientôt dans THE PARTY, et plus tard dans « 10 » ou encore dans S.O.B..

Côté drame, Edwards ne fait pas non plus dans la dentelle et, bien que les éléments les plus dérangeants restent en hors-champ (vous ne verrez pas Holly passer à l’action dans son « travail » de call-girl), dresse le portrait d’une poignée de personnages brisés par la vie, menant une existence que l’on devine sordide derrière l’apparente élégance de surface. Une fuite en avant qui fait écho aux drames domestiques de notre quotidien le plus réel.

C’est cet équilibre inédit entre deux genres aux antipodes, porté par une actrice qui crève l’écran (dont la performance, sachant qu’elle était l’opposé de son personnage, est tout simplement époustouflante (et sachant que le rôle, selon Capote, était initialement dévolu à une Marylin Monroe bien plus extravagante !)), qui fera entrer le film dans la légende. Ça et quelques détails superflus, comme les robes de Givenchy et autres bijoux, mobilier et accessoires extrêmement glamour et luxueux, mis à la disposition d’un ensemble d’une classe ultime…

On peut songer, en revoyant DIAMANTS SUR CANAPÉ, que toutes les comédies romantiques new-yorkaises, de Woody Allen à Meg Ryan, tous les sitcoms également, viennent de Blake Edwards. Et pourtant, DIAMANTS SUR CANAPÉ est encore bien plus que cela. Plus glamour, plus élégant, plus raffiné, plus romantique, plus poétique, plus original, plus profond, plus tragique…
Un film porté par la grâce. Une des plus belles comédies de tous les temps et même l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Irrésistible. Culte. Eternel.

Côté musique, la complicité et l’osmose entre Mancini et son réalisateur est telle que la bande-son passe elle-même de la mélancolie à la festivité avec une aisance désarmante. Ainsi, le thème de MOON RIVER, par exemple, est-il décliné en instrumental déchirant, en blues et en chanson triste interprétée par Holly dans la diégèse, puis en version cha-cha-cha positivement espiègle à l’occasion des scènes festives.

Tout l’album tiré du film alterne les cha-cha-cha irrésistibles (impossible de ne pas se mettre à remuer dès qu’ils démarrent : LATIN GOLIGHTLY, SOMETHING FOR CAT, LOOSE CABOOSE) et les titres smoothie sucrés (HOLLY, SALLY’S TOMATO) dont nous avons fait une présentation dans un article qui mettait déjà Henry Mancini à l’honneur, en passant par le jazz Big Band !

A partir de DIAMANTS SUR CANAPÉ, alors que leur collaboration s’effectuait jusqu’ici en pointillés, Edwards et Mancini ne vont plus se quitter et, à l’exception de quatre films, resteront inséparables jusqu’à la fin de leur vie (après la mort de Mancini en 1994, Edwards prendra d’ailleurs sa retraite).

LE JOUR DU VIN ET DES ROSES (DAYS OF WINE AND ROSES – 1962) – 2

Le drame !
© Warner Bros

1962 est une autre année Blake Edwards puisque le réalisateur, fort du succès planétaire de DIAMANTS SUR CANAPÉ, y réalise consécutivement deux films (mais avec un retour au noir et blanc), d’abord un thriller très esthétisé : ALLÔ, BRIGADE SPECIALE (EXPERIMENT IN TERROR), ensuite une tragédie avec ce JOUR DU VIN ET DES ROSES porté lui aussi par la grâce. Un peu comme si la mélancolie de DIAMANTS SUR CANAPÉ avait poussé le réalisateur à poursuivre dans cette voie.

Le pitch : Joe (Jack Lemmon), dont le métier d’attaché de presse le mène sans cesse dans diverses réunions, cérémonies et autres joyeusetés, est un alcoolique mondain. Boire est pour lui le moyen de tenir le rythme. Il rencontre Kirsten (Lee Remick, déjà à l’affiche d’EXPERIMENT IN TERROR quelques mois plus tôt). Ils tombent amoureux et se marient.
Joe entraine Kirsten dans la spirale de l’alcool mais, lorsque nait leur petite fille, ils doivent prendre leurs responsabilités et arrêter de boire…

Hollywood avait déjà mis en scène les tourments de l’alcoolisme et généré au moins deux chefs d’œuvre avec LE POISON de Billy Wilder (1945) et COMME UN TORRENT de Vincente Minelli (1958). LE JOUR DU VIN ET DES ROSES vient apporter sa pierre à l’édifice en s’appuyant sur un script magnifique pour livrer ce qui reste probablement encore aujourd’hui l’une des plus brillantes variations sur le sujet.

Si ce n’était pas encore clair, on remarque ici l’intérêt que porte Blake Edwards au thème de l’alcool et de la dualité qui s’opère dès lors qu’on le consomme. S’il se prête extrêmement bien aux situations comiques et à la fête, l’alcool ménage de manière perfide et sous-terraine un terrible retour de bâton. C’est dans ce film de 1962 qu’il développe le plus cette dernière partie, alors qu’il préfèrera par la suite trouver de nouveau une forme d’équilibre entre la comédie (l’alcool fait rire) et le tragique (l’alcoolisme est pathétique). Mais le thème reviendra très souvent dans sa filmographie.

Avec ses deux films réalisés coup sur coup en 1962, Blake Edwards semble clairement vouloir étendre son registre et toucher à autre chose qu’à la comédie. Ainsi LE JOUR DU VIN ET DES ROSES est un drame. Le film commence sur un ton léger et, devant le cabotinage d’un Jack Lemmon déchaîné, on pourrait presque croire à une suite de CERTAINS L’AIMENT CHAUD. Mais la fragilité du jeu de Lee Remick (craquante et à fleur de peau) ne trompe pas : Bientôt, la spirale infernale va commencer et l’addiction va faire ses ravages au sein d’un couple dont elle formera la troisième entité… destructrice.

Le script propose donc l’équation suivante : Après avoir rapproché un homme et une femme, après avoir uni leur complicité, l’alcool va générer un lent et inexorable pourrissement. Avec l’arrivée de Debby, enfant de l’amour, va ainsi se poser le problème d’une cohabitation impossible : Celle de la parentalité et de l’alcoolisme.

Après DIAMANTS SUR CANAPÉ, le duo Mancini/Mercer poursuit sur sa lancée en transcendant de nouveau le sens du film. Inspirées du poème VITAE SUMMA BREVIS (« La Vie est Courte »), les paroles de la chanson DAYS OF WINE & ROSES renforcent la descente aux enfers de Joe et Kirsten sous un torrent de mélancolie. Elle remportera l’Oscar de la meilleure chanson l’année suivante et deviendra un standard en étant reprise par tout le gratin des crooners, de Frank Sinatra à Marvin Gaye, en passant par les plus illustres jazzmen. Bien qu’elle soit aujourd’hui parfaitement surannée, elle me fait chialer à tous les coups…

QUAND L’INSPECTEUR S’EMMÊLE (A SHOT IN THE DARK – 1964) – 3

La parodie.

Blake Edwards réalise LA PANTHÈRE ROSE en 1963. Peter Sellers y interprète un personnage secondaire mais force est de constater, avec le recul, qu’il écrase les têtes d’affiches (David Niven, Claudia Cardinale et Robert Wagner) de son charisme comique. Frappé de cette évidence, Edwards réalise dans la foulée un nouveau film sur son personnage : L’inspecteur Clouzeau (un hommage au cinéaste H.G. Clouzot, puisque le dit-inspecteur est français…).

Ce second film d’une série qui en comportera huit (dont cinq avec Peter Sellers, et un sixième posthume) fait table rase du précédent et redémarre à zéro, comme dans une nouvelle continuité.

Après LA PANTHÈRE ROSE, Edwards replonge dans la comédie policière, un mélange de genres aux antipodes dans lequel il se sent manifestement à l’aise. Il va poursuivre son étude du cinéma burlesque puisque la présence de Peter Sellers, qui cabotine en improvisant moult gags dans la parfaite tradition du slapstick, lui offre le matériel idéal pour le faire.

Un embryon de mythologie interne s’y développe, qui fera le sel de la série : la libido de l’inspecteur, le majordome chinois qui attaque son maitre dans les situations les plus inattendues (pour l’entrainer au combat !), la haine du commissaire Dreyfus… et bien entendu la faculté du héros de réussir chacune des enquêtes qui lui est confiée, tout en étant parfaitement incompétent (recette reprise dans moult déclinaisons, de MAX LA MENACE à POLICE SQUAD, en passant par AUSTIN POWERS et OSS 117 (version Dujardin)) !

En adaptant une pièce de théâtre elle-même fortement inspirée des nouvelles d’Agatha Christie et du personnage d’Hercule Poirot, Blake Edwards en livre une pure parodie. Il s’agit sans doute d’un des meilleurs films de la série des PANTHÈRE ROSE, de Blake Edwards, de Peter Sellers, et de la comédie burlesque.

Les gags n’ont pas tous bien vieilli. Parfois c’est tordant – visible dans la bande annonce : Clouzot entend hurler une femme dans un immeuble, s’apprête à enfoncer la porte qui s’ouvre soudain, le laisse traverser le récital d’une cantatrice et tomber de l’immeuble par la fenêtre opposée ! – Et parfois c’est lourdingue… Mais ce qui reste encore vivace aujourd’hui, c’est une liberté de ton, une absurdité burlesque et une folie douce qui accouchent d’un spectacle loufoque complètement déjanté ! Au diapason d’une époque qui se préparait à accueillir de grands bouleversements sociétaux et révolutionnaires, qui finiront mal certes, mais qui auront permis au monde occidental de traverser une grande époque libertaire. A ce titre, le personnage interprété par Elke Sommer (qui pratique l’amour libre et fréquente les clubs nudistes) en dit long sur la libération des mœurs en marche !
Ainsi se plaçait la famille Blake Edwards : Instinctivement orientée vers Woodstock, à l’opposé des conservateurs.

Dans la même logique que LA PANTHÈRE ROSE, le succès de QUAND L’INSPECTEUR S’EMMÊLE donnera naissance à une série animée dédiée au personnage de « l’Inspecteur ».

La musique : Il y a bien une chanson (THE SHADOWS OF PARIS) dans la scène pré-générique, mais elle n’est -exceptionnellement- pas écrite par Johnny Mercer, et elle n’est guère mémorable. En revanche, le thème principal, très 60’s, très jazz, très entêtant, très conceptuel, très avant-gardiste, tout en boucles, est sans doute l’un des plus impressionnants et l’un des plus radicaux de la discographie de Mancini.

LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE (THE GREAT RACE – 1965) – 4

Le cartoon !

Le pitch : 1910. Le « Grand Leslie » et le Professeur Fatalitas s’opposent une rivalité farouche sur le terrain des records (celui qui ira le plus vite, le plus haut, etc.), utilisant pour ce faire toutes les machines et autres inventions les plus incroyables.
Leslie (Tony Curtis) est un irrésistible gentleman tout de blanc vêtu qui adopte un code de l’honneur sans faille (et ne se déplace jamais sans ses caisses de champagne !). Fatalitas (Jack Lemmon) est un abominable félon vêtu de noir, savant fou sur les bords, qui vit dans un château lugubre en compagnie de son gnome méprisable nommé Max (Peter Falk).
Les deux ennemis se lancent dans la course automobile du siècle : De New-York à Paris ! Fatalitas usera de toutes les perfidies pour gagner, tandis que Leslie devra supporter la présence de Maggie Dubois (Nathalie Wood), suffragette émancipée prête à user de ses charmes…

LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE est une comédie d’aventures burlesque qui épouse la mode des films d’aventures rétro-futuristes. Depuis que Walt Disney avait popularisé le genre avec le magnifique 20 000 LIEUES SOUS LES MERS en 1954, le cinéma hollywoodien se plaisait à offrir, ponctuellement, des spectacles mêlant la grande aventure avec une sorte de science-fiction pittoresque, dans la tradition des romans de Jules Verne. Celles du professeur Fatalitas font ainsi écho à cet univers connoté, qui donnera un jour naissance au Steampunk…



Mais LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE est avant tout une comédie. Tout le film, trépidant, est ponctué d’une succession jubilatoire de gags burlesques. Blake Edwards adopte une approche très originale en reprenant à la lettre les gags que l’on trouvait alors dans les cartoons (explosions et chutes de plusieurs dizaines de mètres, dont les personnages ressortent indemnes mais sonnés et noircis…), très inspirés à leur tour par le cinéma muet (on pense à Harold Lloyd ou Laurel & Hardy, auxquels le film est dédié), le clou du spectacle étant d’ailleurs la scène se déroulant dans la pâtisserie de Carpanie (une principauté des Balkans), où l’on assiste à la plus grande bataille de tartes à la crème de l’histoire du cinéma !

Attention : les spectateurs ne sachant pas se remettre dans le contexte de l’époque risquent d’être hermétiques à cette série de gags potaches tels qu’ils étaient voulus par Blake Edwards, c’est-à-dire avec un second degré constant et une distanciation amusée, qui culmine au final avec l’écroulement de la tour Eiffel !

Hommage flagrant à Harold Lloyd, à la fin de l’extrait.

Il s’agit d’un humour référentiel qui puise ses sources dans le burlesque de l’époque muette, du gag éculé de la chute et de la tarte à la crème, où tout est assumé comme un spectacle factice, aux décors (et à l’humour) en carton-pâte, hérité des courts-métrages de Georges Méliès (premier cinéaste à avoir adapté les œuvres de Jules Verne). Une « catoonisation du réel », comme le disent les intellectuels…
En toute logique, cette approche cartoon donnera naissance à une célèbre série de dessins-animés : LES FOUS DU VOLANT…


D’une durée de 150 minutes (c’est un grand film d’aventures !), LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE est devenu un grand classique des comédies hollywoodiennes familiales, marqué par la griffe de l’un de ses représentants les plus emblématiques.

Pour terminer, deux anecdotes : Toute la partie de déroulant en Carpanie est une parodie du PRISONNIER DE ZENDA réalisé en 1952 par Richard Thorpe. Quant au personnage du prince Hoepnick, le sosie du Pr Fatalitas, sorte de grande folle exubérante et alcoolique interprétée bien évidemment par Jack Lemmon, voilà une occasion pour l’acteur de poursuivre le même cabotinage que dans CERTAINS L’AIMENT CHAUD, réalisé par Billy Wilder en 1959 !

La musique : Il y a deux chansons dans le film, toutes-deux dans la diégèse. Une première anecdotique (style cabaret-western) : HE SHOULDN’T-A, HADN’T-A, OUGHTN’T-A SWANG ON ME ! Et une autre qui reprend le thème principal du film, interprétée par la délicieuse Nathalie Wood : THE SWEETHEART TREE. Quant au générique de début (visible plus haut), il marque clairement l’hommage au burlesque des années folles et le compositeur est au diapason de l’exercice.

THE PARTY (1968) – 5

Le… pourquoi un éléphant ???

Le pitch : Un acteur qui déclenche des catastrophes sur les plateaux se retrouve invité par mégarde à la somptueuse réception d’un producteur d’Hollywood…

Après avoir réalisé en 1966 une comédie de guerre assez jouissive qui aurait bien pu trouver sa place dans notre liste (QU’AS-TU FAIT À LA GUERRE, PAPA ?) et une transposition de sa série PETER GUNN en 1967, Blake Edwards retrouve Peter Sellers et, dans la folie et l’émancipation de la fin des 60’s, livre leur chef d’œuvre. Une merveille de burlesque et d’humour absurde pleine d’esprit et de glamour. Une sucrerie à l’épreuve du temps. Une des plus belles comédies de l’histoire du 7° art.

Edwards dirige Peter Sellers pour la troisième fois mais ce sera la seule et unique fois qu’ils exploreront un univers différent de celui de l’Inspecteur Clouzeau.
Le rythme indolent du film, sa volonté de coller à l’âge d’or du burlesque (et donc du cinéma muet), ainsi que le parti-pris d’étirer les séquences à l’extrême en les découpant avec précision, le rendront probablement ennuyeux pour les nouvelles générations avides de spectacle à 100 à l’heure, qui passeront à côté de sa montée en puissance rétroactive. Très sophistiqué dans sa construction formelle (sur le modèle de Jacques Tati), d’une nonchalance provocante, THE PARTY est une machine à gags qui assemble lentement les engrenages d’une bombe à retardement, laquelle explose bel et bien à la fin, une fois toute la pièce reconstituée !
Ce sommet du comique fait partie des œuvres cultes que l’on revoit sans cesse, guettant les scènes avec lesquelles on a tissé des liens complices, que l’on se répète entre connaisseurs. La séquence d’ouverture (où l’on assiste au tournage fictif de GUNGA DIN) est un monument de comique burlesque, qui annonce la couleur de manière grandiose. Par la suite, plusieurs scènes d’anthologie viendront pimenter le rythme suspendu d’un film unique en son genre, qui présente un antihéros complètement incongru : Hrundi V. Bakshi, acteur hindou aussi gentil qu’incapable de rester une minute sans déclencher une série de catastrophes qui, tel l’Effet Papillon, commencent de manière presque invisibles pour se révéler titanesques au bout du compte…
Derrière cette avalanche de gaffes se cache une critique vitriolée de la jet-set hollywoodienne, dont Blake Edwards nous dévoile l’envers du décor, toute l’hypocrisie et toutes les bassesses les plus viles. La maladresse de Bakshi exacerbant toutes les facettes perverses d’une certaine intelligentsia superficielle et décadente du monde occidental qui n’attend qu’une seule chose : Que le dit-Bakshi mette le feu aux poudres pour imploser !


Le film se regardera aussi bien en anglais qu’en français, la traduction se révélant désopilante en transformant certains gags pour les besoins du passage à la langue de Molière ! En anglais, on profitera du délicieux « Birdie neum neum » (traduit par un « miam miam du petit oiseau » un peu moins glamour), mais on gagnera en VF (via le doublage de Michel Roux) quelques perles, tel le fabuleux « Je ne suis pas votre niaque ! » (en réponse à celui qui le traite de maniaque…) !!!

– La musique : La splendide bande-son offre un vernis classieux et délicieusement suranné à cette satire sucrée-salée. Mancini avait délibérément choisi le jazz pour colorer les films de Blake Edwards, mais aussi la bossa-nova (son dérivé latino-américain), très à la mode dans les années 60, mais dont l’utilisation quasi-systématique dans la musique de film reste une exception et une spécialité propre à notre compositeur. Un manifeste de l’école easy-listening dominé par le piano et les cuivres, tantôt doucereux et velouté (BRUNETTE IN YELLOW, CANDLELIGHT ON CRYSTAL, ELEGANT, PARTY POOP), tantôt gorgé de swing (BIRDIE NUM-NUM, CHICKEN LITTLE WAS RIGHT, WIGGY).

Certains jazzmen talentueux avaient choisi de se consacrer corps et âme à cette aventure cinématographique, au point d’en devenir des artisans discrets ignorés du grand public. Et pourtant, un saxophoniste de la trempe de Plas Johnson (le fameux saxo de la PANTHERE ROSE, c’est lui !), ou un pianiste comme Jimmy Rowles n’avaient rien à envier aux stars de l’époque.
Chaque morceau est lié à une séquence du film et revient en boucle selon les scènes. La chanson-titre, NOTHING TO LOSE, est interprétée par l’actrice principale du film : Claudine Longet (c’est de la pure bossa nova), tandis que tous les musiciens de l’album se font doubler tout au long de la fameuse « party », par des acteurs interprétant les musiciens de soirée dans la diégèse.

Au terme des années 60, dans la folie et l’insouciance des trente glorieuses, le binôme Edwards/Mancini s’impose comme la synthèse de ce qui se fait de mieux en matière d’intelligence, de classe, de glamour, d’humour raffiné et plein d’esprit.

Nous allons à présent faire une pause. Nous vous donnons rendez-vous bientôt pour la seconde partie de l’article.

50 comments

  • Surfer  

    Chouette! Une anthologie rétro de Tornado dédiée à Blake Edwards 👍.
    On ne boude pas son plaisir … à défaut d’une anthologie rétro consacrée aux super héros 😄😄😄.

    Tu ravives de jolis souvenirs d’enfance. Lorsque la famille était réunie autour du poste de télévision pour le film du soir.
    Aujourd’hui avec la multitude d’écrans et de chaînes ce n’est presque plus possible. Chacun est dans son coin☹️.
    Alors je n’étais pas encore né quand ces films sont sortis, mais ils ont été suffisamment diffusés par la suite à la téloche pour que j’en ai encore quelques souvenirs.

    Certains plus que d’autres et à vrai dire je ne sais plus trop si j’ai vu LE JOUR DU VIN ET DES ROSES. 🤔Une comédie dramatique conjugale laissant moins de souvenirs d’enfance qu’une comédie burlesque…tu en conviendras.

    Toi qui aimes toujours le cinéma avec un peu de karaté, tu as du être gâté avec la panthère rose😄.

    Alors, un truc qui est génial avec le cinéma d’Edwards est qu’il donne beaucoup d’importance aux génériques qui sont très souvent originaux et inventifs.

    Les BO: J’adore la musique de Mancini. Dommage que tu nous ai pas présenté THE PINK PANTHER THÈME….qui est un pur chef d’œuvre. Tu vas me dire que tout le monde le connaît…Mais c’est pas grave il avait sa place ici.
    Sinon, même si j’aime beaucoup la bossa nova et que cela aurait pu biaiser mon appréciation. Je trouve que les qualités de chanteuse de Claudine Longet (Pour ne pas être méchant envers une si jolie femme) sont largement en dessous de celles d’Audrey Hepburn.

    • Surfer  

      Oups…j’oubliais un chose importante. L’illustration de Matt est superbe. Cela mérite d’être dit 👍

      • Matt  

        Merci^^
        ça fait 2 ans que je dessine de fausses affiches. J’en ai pour l’instant 45 à mon actif, dans des genres différents (horreur, fantastique, etc)
        Je n’avais pas fait cette affiche exprès pour l’article mais quand Tornado m’en a parlé, bah voilà.

        • Fletcher Arrowsmith  

          Merci Matt en effet pour cette affiche. Elle m’a intrigué toute la semaine.

    • Tornado  

      Avant le drame (relaté par les Stones dans leur chanson CLAUDINE), Claudine Longet a enregistré une magnifique série d’albums, superbement produits et arrangés, hyper-glamour : CLAUDINE, THE LOOK OF LOVE, LOVE IS BLUE, COLOURS, RUN WILD RUN FREE, explorant tour à tour les univers de Jobim, Bacharach, Mancini et Francis Lai. I’m fan.

      • Surfer  

        C’est sûrement l’accent français de Claudine Longet qui me dérange alors. De toute façon la bossa nova s’écoute en portugais (du Brésil) s’il vous plaît !
        Je suis un puriste à ce niveau là 😉.

        Sinon oui elle a bon goût la miss: Jobim, Bacharach, Mancini et Francis Lai. Je suis fan aussi.

        Et en parlant de Francis Lai qui est un autre très grand musicien qui excelle aussi dans les musiques de film ( Un homme et une femme, Love story…) pour ne citer que les plus connus. Je ne saurai trop conseiller la bande originale de Bilitis qui est aussi formidable. L’une des rares que j’ai en disque vinyle.

  • JB  

    Ma scène culte de DIAMANTS SUR CANAPE restera le tendre accueil du couple fauché par le vendeur de chez Tiffany, ce dernier restant patient et attentionné malgré les négociations ridicules de nos héros.

    Le meilleur de l’inspecteur Clouseau avec QUAND L’INSPECTEUR S’EMMELLE, avant que la série ne dérape vers les excès. Je retiens ici une partie de billard dévastatrice devant un Sanders qui conserve son flegme, le comique de répétition de Maria Gambrelli retrouvée avec un cadavre et embarquée dans un bus de police (jusqu’à la chute de ce running gag chez les nudistes) et l’improbable scène de révélations où Clouseau perd tout contrôle sur les suspects.

    Il faut que je vois les autres (c’est un crime, je sais, mais je n’ai jamais regardé THE PARTY !)
    Merci pour cette présentation !

    • Tornado  

      Attention, 5 autres films choisis (toujours dans l’ordre chronologique) attendent dans la 2nde partie de l’article !

      • JB  

        Hâte de lire la suite 🙂

    • Fletcher Arrowsmith  

      La scène de billard : cultissime en effet.

  • Matt  

    Très intéressant tout ça. J’ai vu des films de Blake Edwards mais sans être très connaisseur. Je n’ai pas vu Le jour du vi. Et des roses, et pas certain d’être tenté. Pour des raisons personnelles familiales, l’alcool ne me faire pas bien rire. J’en bois tout de même mais je ne rigole pas avec, c’est potentiellement destructeur. Le film risque de me faire passer un mauvais moment.

    Pas vu THE PARTY non plus. Ça semble déjà plus fun.

    Quand tu mets en garde contre l’humour potache d’un autre temps avec gags cartoonesques…moi j’avoue que je n’ai pas besoin de remise en contexte. Le slapstick me fait marrer. Bien fait bien sûr. Pas version Adam Sandler et ses blagues caca. Mais je rigole bien devant des cartoons, des laurel et Hardy, etc. Sans vulgarité. Bon enfant. Même si c’est bête dans un sens, y a aussi de la créativité dans les cascades, les réactions des acteurs, etc.

    Le slapstick et l’absurde me font toujours marrer.
    Récemment vu un sketch de laurel et Hardy que je ne connaissais pas, ou Hardy essaie d’échapper à une femme qui a assassiné 7 autres maris appelés Oliver dans une maison lugubre avec un majordome aux allures d’un serviteur de Frankenstein de type Igor…et c’était bien fin.

    • Tornado  

      Je te confirme que LE JOUR DU VIN ET DES ROSES n’est pas une rigolade et qu’il a un fond très, très noir.
      THE PARTY est très fun, oui. Et le personnage principal ne boit pas une goutte d’alcool ! (tout le monde autour de lui, oui par contre !).
      Je n’ai jamais vu aucun film d’Adam Sandler.

      Mise en garde contre l’humour potache d’un autre temps avec gags cartoonesques :
      Deux analyses de film ici présents sont recyclés sur d’anciens commentaires amazon. Je crois me souvenir que plusieurs autres commentaires du site mettaient « 1 étoile » en gueulant que c’était un humour de merde pour les vieux, enfin, quelque coquetterie comme ça… Raison pour laquelle j’avais dû m’attarder sur le sujet. J’adore également cet humour que je trouve universel et intemporel. Mais j’y suis habitué depuis tout petit. C’est une éducation. Mes enfants y sont déjà habitués parce que je leur montre des films de cette époque.
      Il a l’air cool ton sketch de Laurel & Hardy. C’est lequel ?

      • Matt  

        Alors j’ai cherché, c’est OLIVER THE HEIGHTH (Gai, gai marions nous en VF…)
        La VF est charcutée, amputée de morceaux. En tous cas la version que j’ai trouvé. Faut le choper en VOSTFR.

        J’ai mis un lien d’un extrait dans un commentaire mais j’avais oublié que c’était bloqué en modération les liens maintenant.

        Alors tiens, sans le http :

        ://www.youtube.com/watch?v=ZqPE7mnZkDc

      • Matt  

        Tiré du même sketch :

        ://www.youtube.com/watch?v=50nkgaQjJSY

        Vraiment le truc absurde que j’adore.

      • zen arcade  

        Pour ce qui concerne l’appréciation de l’humour de The party, je ne pense pas que ça se résume à une question de générations.
        Moi, je suis très très client (j’adore ce film) mais dans mon entourage (des gens de mon âge) je connais pas mal de monde qui ne trouve pas ça drôle du tout.
        L’humour de The party me parait en fait assez clivant et certainement pas universel comme tu l’écris.
        Pour le reste, bravo pour tes compte-rendus détaillés de chacun des films. J’aime beaucoup Blake Edwards et Henry Mancini et tu en cernes très bien les qualités.
        J’attends avec beaucoup d’impatience la deuxième partie de ton article, avec des films que tu m’inciteras à découvrir vu que je connais beaucoup moins la carrière plus tardive de Blake Edwards.

        Juste une petite divergence d’opinion sur La grande course autour du monde que je trouve beaucoup trop long et qui ne mérite pas à mon avis toutes les louanges que tu lui tresses mais c’est un détail.
        Difficile aussi pour moi de ne pas faire remarquer les quelques scories qui parsèment Breakfast at Tiffany’s et qui ternissent malheureusement aujourd’hui un peu son éclat.
        Ca reste évidemment un film magique mais la prestation caricaturale de Mickey Rooney en Mr Yunioshi, sans doute acceptable à l’époque, est aujourd’hui difficilement défendable.

        • Tornado  

          Blake Edwards s’est immédiatement aperçu que ce traitement du « chinois qui fait rigoler » était une erreur. Il s’en est excusé et je crois qu’il est un des premiers à corriger le tir en engageant immédiatement après un acteur d’origine asiatique pour interpréter Cato dans les Panthère Rose, où il n’arrête pas de mettre en avant les clichés racistes pour les tourner en dérision.
          Pendant des décennies, Hollywood préférait maquiller des acteurs en asiatiques plutôt que d’engager de vrais acteurs d’origine asiatique. On le sait. C’était une autre époque et blâmer les gens qui travaillaient au sein de ce système c’est aussi facile aujourd’hui que blâmer Hergé pour Tintin au Congo.
          C’est un système hypocrite. Je trouve qu’il est plus intéressant de remarquer que des artistes comme Blake Edwards et Hergé se sont sortis de ces clichés avec le temps et ont participé au progressisme plutôt que de les blâmer sans cesse de manière bienpensante des lustres plus tard.
          Quand on à ceci en tête, les petites scènes génantes du « chinois » dans DIAMANTS SUR CANAPÉ ne sont plus aussi génantes que ça. Continuer de les dénoncer, c’est un peu enfoncer des portes ouvertes de manière wokiste. Je ne rentre pas dans ce jeu là. C’était mal. On le sait. C’est entendu. Le film est un chef d’oeuvre comme VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT est un chef d’oeuvre. Et comme l’oeuvre d’Hergé est un chef d’oeuvre. Celle de Polanski aussi.

          Pour LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE peut-être ne suis-je pas objectif. J’ai grandi avec ce film et il a bercé mon enfance.

          • Matt  

            Je n’ai plus de souvenir de ce blanc grimé en asiatique.
            Après je comprends le contexte d’époque.
            Et ça ne m’a pas empêché d’apprécier LE CIRQUE DU DR. LAO aussi. Qui se moque aussi un peu des clichés. Au début on pense qu’il va faire une caricature de vieux chinois mais le personnage change tout le temps de façon de parler et semble jouer avec les clichés lui même.
            Après ça reste un blanc maquillé mais bon…je ne m’en formalise pas.

            Il faut se demande aussi s’il y avait beaucoup d’acteurs asiatiques aux USA à l’époque. Et suffisemment connus aussi. Parce que ça, ça n’a pas changé aujourd’hui : on ne file pas souvent un premier rôle à un illustre inconnu.

          • Tornado  

            Officiellement, Hollywood ne donnait pas un travail de premier ordre à un homme de couleur, noir ou jaune, ou gris ou vert. C’est par exemple Boris Karloff qui incarne Fu-Manchu. La série des CHARLIE CHAN commence dans les années 30 et se poursuit jusqu’à la fin des années 40. Aucun des acteurs qui incarneront le rôle ne sera d’origine asiatique. Du pur racisme. Du pur ostracisme.
            Maintenant, le films, eux, ils n’y sont pour rien. On ne va pas les refaire. C’est de l’histoire. Il faut apprendre aux jeunes générations que c’était aussi mal que l’esclavage ou le génocide. Mais jeter les films à la poubelle, là je ne suis pas d’accord. Au contraire, on peut aussi les utiliser pour montrer les erreurs du passé. Enseigner avec.

          • zen arcade  

            Merci pour tes précisions.
            Et bien entendu, je n’entends pas blâmer Blake Edwards mais le système qui a mis en place et longtemps perpétué ce type de représentations au mieux caricaturales et au pire insultantes (comme c’est le cas dans Breakfast at Tiffany’s).
            Ceci dit, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une dérive woke que de prétendre qu’aujourd’hui, le film ne sort pas grandi par ces séquences du « japonais » de service (pas chinois).
            Ca ne m’empêche pas de considérer le film comme un chef d’oeuvre mais je ne m’imagine pas le montrer aujourd’hui à mes filles sans préciser le contexte qui a permis cela à l’époque. D’autant plus qu’elles sont à moitié japonaises.
            Ceci dit, je fais pareil par exemple quand on regarde ensemble certains vieux Buster Keaton qui, pour rester gentil, ne respirent pas toujours le progressisme. Ca ne change rien au fait que Buster Keaton est un des grands génies de l’histoire du cinéma.
            Et tout cela ne m’a jamais empêché d’être fan de Fu Manchu, de l’Ombre Jaune et autres méchants asiatiques machiavéliques… 😉

            Sinon, sur la représentation des asiatiques dans l’espace culturel audiovisuel américain, je conseille vivement la lecture du superbe roman « Chinatown, intérieur » de Charles Yu (écrivain américain d’origine taïwanaise).. National Book Award 2020 et disponible en poche chez J’ai Lu. Très ludique, très original et d’une intelligence féroce.

          • zen arcade  

            Tornado : « Officiellement, Hollywood ne donnait pas un travail de premier ordre à un homme de couleur, noir ou jaune, ou gris ou vert. C’est par exemple Boris Karloff qui incarne Fu-Manchu. La série des CHARLIE CHAN commence dans les années 30 et se poursuit jusqu’à la fin des années 40. Aucun des acteurs qui incarneront le rôle ne sera d’origine asiatique. Du pur racisme. Du pur ostracisme. »

            Et même quand un film propose un personnage principal asiatique nuancé et pas caricatural comme dans le très beau « The bitter tea of general Yen » deFrank Capra en 1933, le rôle n’est pas joué par un acteur asiatique.

            Après, faut pas non plus oublier qu’en ce qui concerne les Japonais vivant aux Etats-Unis, ils étaient parqués dans des camps de concentration pendant la deuxième guelle mondiale… Leur problème était un peu plus aigu que celui de ne pas pouvoir être à l’affiche dans un film hollywoodien.
            Le rôle déclencheur d’une vision plus positive de personages asiatiques à l’écran, c’est celui incarné par George Takei, acteur américain d’origine japonaise, dans la série Star Trek à partir de 1966.
            C’est le premier role model positif asiatique dans lequel les kids américains d’origine asiatique peuvent se projeter sans qu’il s’agisse d’une caricature.

          • Matt  

            Il y a eu Bruce Lee aussi, et l’exportation des films hongkongais dans les années 70 qui ont changé les choses.

          • zen arcade  

            Bruce Lee, c’est encore autre chose.
            Il permet une visibilité de l’acteur asiatique mais limitée à l’assignation à un type de rôle. Quand sa carrière décolle aux Etats-Unis avec Le frelon vert, on reste dans la « couleur locale ». Il reste l' »asiat de service » même si sa fonction est plus valorisante que l’asiat de service limité à un élément de décor.
            Après, il va capitaliser sur cela dans le cadre du cinéma d’exploitation qui se développe (et qui n’est pas limité qu’à l’apport asiatique, on est aussi en plein dans la blaxploitation). Il investit une forme populaire avec beaucoup de succès mais ça reste confiné dans une « sous-culture » très peu valorisée.
            George Takei dans Star Trek, il apporte autre chose. Il joue un personnage qui pourrait être Blanc, même plus que cela, un personnage qui, selon les canons en vigueur à l’époque, aurait dû être Blanc. C’est pas du tout pareil. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si ce personnage apparait pour la première fois dans un contexte de science-fiction.

          • Matt  

            « mais je ne m’imagine pas le montrer aujourd’hui à mes filles sans préciser le contexte qui a permis cela à l’époque. »

            Tu sais qu’Adam Sandler et Rob Shneider font encore ça de nos jours. Plisser les yeux et faire des accents caricaturaux.

            Mais on est dans les bas fonds de l’humour.
            Franchement ne vous infligez pas un de ces films.

  • Matt  

    J’ajouterai que j’ai été surpris par les sujets du film DIAMANTS SUR CANAPE que je pensais n’être qu’une comédie romantique assez banale qui allait vaguement me plaire mais sans être terrible terrible. Je me disais que ça devait être du vu et revu 100 fois depuis le temps.

    Et en fait non. Ou disons que c’est mieux fait que beaucoup d’autres.
    D’ailleurs globalement ces comédies romantiques de Blake Edwards ou celles de Billy Wilder (comme LA GARCONNIERE, IRMA LA DOUCE, CERTAINS L’AIMENT CHAUD) je trouve ça 100 fois mieux que les 3/4 des machins romantiques modernes.

    William Wyler c’est pas mal aussi. Mais je connais encore mal. Et…c’est pas forcement comique.
    LA RUMEUR c’est assez terrible comme film.

  • Présence  

    Diamants sur canapé : un excellent souvenir car je l’ai vu !!! La BO figure en bonne place dans ma CDthèque.

    Days of wine and roses : je ne connaissais pas l’existence de ce film. La chanson : sympathique, toute en harmonie.

    La panthère rose : raaaah, ce thème de Mancini, inoubliable et imparable. Je ne suis pas sûr d’avoir vu celui-ci.

    La grande course autour du monde : je ne connaissais pas ce film. La chanson fait penser à une tentative pour dupliquer celle de Catherine Hepburn.

    The party : je l’ai vu et je crois que j’étais trop jeune pour en apprécier la saveur.

    • Tornado  

      La BO de DIAMANTS SUR CANAPÉ est une des plus belles de Mancini. Connais-tu celle, très proche, de CHARADE (le film de Stanley Donen, également avec Haudrey Hepburn) ?

      • Matt  

        Très sympa aussi CHARADE.

        • zen arcade  

          Charade, c’est en effet super.
          Le film et la musique.

          • Jyrille  

            Ouais c’est top CHARADE, pour tout. Chanson reprise aussi par Fantômas d’ailleurs 😀

          • Matt  

            Comment voler un million de dollars est aussi un film sympa avec Audrey Hepburn, de William Wyler (réal de LA RUMEUR aussi très bien, mais pas drôle du tout.)

      • Présence  

        Merci pour cette recommandation : je ne connais pas la BO de Charade. J’y vais de ce pas.

        D’Henry Mancini, j’avais ajouté à ma CDthèque : Combo! (1960).

        • zen arcade  

          Au rayon des merveilleuses bande-originales de film écrites par Mancini, faut pas rater non plus Hatari !

        • Présence  

          Je viens d’écouter la BO de Charade : très sympathique, merci pour cette recommandation. Je vais donc passer à celle de Hatari.

          • Tornado  

            Pour HATARI (je suis fan) je te recommande la version collector avec moult titres bonus.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Mazette, quel article.

    des 5 films proposés, il n’y a que LE JOUR DU VIN ET DES ROSES que je ne connais pas.

    Pour le reste des classiques, que l’on peut en effet revoir sans fin. Nous sommes en plein période Blake Edwards à la maison (acquisition d’un coffret Panthère Rose et location de The PARTY).

    Je mets BREAKFAST AT TIFFANY’S au dessus des autres, Audrey nous entourant en permanence à la maison (film, livre, poster …). C’est en plus une bonne adaptation du roman de Truman Capote même si comme tu le relève on voyait plus une M. Monroe dans le rôle. Livre, DVD, BO en Vinyle on est a fond sur ce film.

    Question : pourquoi avoir choisi QUAND L’INSPECTEUR S’EMMÊLE et pas LA PANTHERE ROSE ? qui me semble supérieur (notamment pour la séquence final de la fête au chateau, tiens encore une « party » et les deux gorilles…)

    On peut trouver que THE PARTY a vieilli. Personnellement je ne trouve pas. Au contraire le côté décalé mais posé sied parfaitement à l’ambiance burlesque, anti hollywood prout-prout dans une atmosphère de bosa nova.

    J’ai particulièrement apprécié ton approche film – partition musicale. Chaque écoute réveille de bons souvenirs. D’ailleurs on remarquera que beaucoup de morceaux sont directement interprété dans le film avec les instruments (ici à corde mais aussi du piano dans d’autre film).

    J’attends avec impatience la suite, me demandant si mon Blake Edwards préféré va y figurer (l’histoire d’une femme qui se fait passer pour un homme qui se fait passer pour une femme).

    • Matt  

      LA PANTHERE ROSE est sympa, et surtout le final. Mais Clouseau n’est pas encore le personnage principal et je pense que Tornado voulait mettre en avant le perso de Peter Sellers.
      Je trouve que le premier film a des soucis de rythme tout de même. Beaucoup de blabla de séduction avec la princesse et donc un film moins drôle que le pur slapstick des opus suivants.

    • Tornado  

      Merci beaucoup pour ce retour enthousiaste ! Bon, pour DIAMANTS SUR CANAPÉ on est d’accord, hein ! Dit dans l’article : Un des plus beaux films de l’histoire du cinéma. 🙂

      Pour LA PANTHÈRE ROSE et son absence dans le TOP 10 : Et bien je pense très sincèrement que le premier film de la série est bien plus faible que le second. Mais vraiment. Bien plus faible ! Il est mal rythmé, mal équilibré entre les personnages et les scènes avec David Niven ont plutôt mal vieilli et personnellement à chaque fois que je le regarde je me languis que Peter Sellers arrive…
      Il y a de très bonnes scènes, une BO d’enfer, mais dans l’ensemble je lui préfère largement d’autres films de la série.
      Si tu es fan de Blake Edwards aussi, tu pourrais éventuellement écrire un article complémentaire avec les films absents de ma sélection, ça pourrait être sympa ! (mais attends la 2ème partie, avant) 😀

    • Jyrille  

      Perso je suis beaucoup moins fan de VICTOR VICTORIA mais c’est objectivement un bon film. Il faut dire que je craque complètement sur Julie Andrews.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Ah et j’ai oublié : merci de m’avoir fait découvrir ce magnifique mot qu’est DIEGESE.

    • Jyrille  

      Ouais, super mot, très important.

  • Jyrille  

    Hey Tornado, allez je m’y mets ! Moi aussi je suis fan de Blake Edwards. Je ne les ai pas tous vus mais purée, la musique de Mancini, Breakfast at Tiffany’s qui est une pure merveille entre comédie et drame avec une de mes chansons favorites de tous les temps, Moon River, qui sonne bien quelle que soit sa version ou sa reprise (je t’avais parlé de celle des Pascals, ce groupe japonais étrange dont les membres sont tous fans de Pascal Comelade, d’où leur nom) et surtout ce sens du rythme et de l’absurde, sans parler des acteurs et actrices que j’adore, ouais, Blake Edwards est un grand. Je me souviens par exemple que j’aime beaucoup un de ses films sans doute moins connu, QU’AS-TU FAIT A LA GUERRE PAPA ? qui parle du débarquement en Italie mais où tout le monde fait semblant de faire la guerre pour profiter de la vie.

    Je dois dire que lors des teasing sur FB, j’ai récupéré certaines images, je m’en sers comme fond d’écran de mon téléphone, comme l’affiche de Breakfast (qui semble dessinée par Robert McGinnis mais c’est pas sûr. Ce mec était un maître) et les splendides créations de Mattie. Je suis fan, Matt, c’est magnifique.

    Finalement la meilleure version de Moon River est peut-être celle du film par Audrey Hepburn. En tout cas je suis d’accord sur tout, je n’avais pas pensé à faire le parallèle avec les comédies new-yorkaises des années 80 et 90.

    EXPERIMENT IN TERROR, je n’en connais que la reprise par Fantômas. Je ne connais pas du tout ce film, ni Le jour du vin et des roses, tu donnes très envie de les voir ! Je découvre la chanson, c’est classe.

    J’ai très peu de souvenirs des PANTHERE ROSE, je les mélange. Il faut dire que le thème est aussi connu et repris que celui de Mario Bros, c’est un jalon. Il a bien raison d’être fan de Clouzot, Blake Edwards… C’est vrai que le coup du majordome toujours en train d’attaquer son patron est très drôle, tout le temps. En y repensant, peut-être que Bill Watterson y pensait en faisant attaquer Calvin par Hobbes à chaque fois qu’il rentre de l’école ? J’adorais la série MAX LA MENACE quand j’étais gamin, la vieille série des années 60, bien absurde elle aussi. J’y pense, ce doit aussi être l’inspiration de Yves Robert pour LE GRAND BLOND AVEC UNE CHAUSSURE NOIRE. Le thème que tu as mis rappelle beaucoup celui de James Bond non ? Je regarderai le dessin animé plus tard.

    Je me souviens bien du dessin animé des Fous du volant, du rire de Diabolo (le chien si je me souviens bien), mais je ne crois pas avoir vu ce film, LA GRANDE COURSE (ce serait pas du Robert McGinnis l’affiche encore une fois ?). C’est tout à fait pour moi. Je me souviens de UN MONDE FOU FOU FOU FOU par contre, vaguement, mais il m’avait impressionné. Ca me rappelle aussi les films des années 70 et 80 de Gene Wilder comme le TRANS-AMERICA EXPRESS. C’est diffus dans mon esprit. J’ai vu LE PRISONNIER DE ZENDA. Aucun souvenir. La chanson est cool.

    J’ai vu THE PARTY mais je n’en ai pas retenu grand-chose. Je dois le revoir en fait, je n’ai pas réussi à entrer dedans. Et puis bon, la VF ne doit pas aider… Bien vu le parallèle avec Jacques Tati, je n’y avais pas pensé c’est pourtant évident à la réflexion. La chanson est super. Et Birdie Nam-Nam a donné le nom d’un groupe electro.

    Merci pour m’avoir encore appris plein de trucs. J’adore ces articles.

  • JP Nguyen  

    De ces cinq films, je n’en connais qu’un seul, c’est BREAKFAST AT TIFFANY’S et encore, je ne l’ai jamais visionné en entier. Je connais surtout la chanson MOONRIVER.
    Ton texte est d’un enthousiasme communicatif et tu donnes envie de tous les voir. Ceci dit, j’ai vu QU’AS-TU FAIT À LA GUERRE PAPA et je ne l’avais pas vraiment trouvé drôle, mais j’étais assez jeune…
    Matt a signé une belle affiche avec une police travaillée et une jolie Audrey. D’ailleurs, le hasard fait que cette semaine, FB m’a remonté les covers de CATWOMAN par Adam Hugues où il prenait Hepburn comme modèle pour Selina.

  • Tornado  

    QU’AS-TU FAIT A LA GUERRE PAPA ? est très sympa. Il y a également une scène de fête absolument dantesque.
    J’ai essayé de citer chaque film réalisé par Blake Edwards dans les deux parties de l’articles. De manière chronologique. Une quarantaine en tout, donc. Au moins une ligne par film, tout en donnant un éclairage à 10 films en particulier.

    Il y a plusieurs films de Blake Edwards que je n’avais pas spécialement aimés quand j’étais gamin, notamment QU’AS-TU FAIT A LA GUERRE PAPA ? En les revoyant, adulte, l’apréciation est très différente.

    @Cyrille : Merci pour le retour détaillé et chaleureux !
    Tu as raison, j’aurais dû également citer LE GRAND BLOND dans les héritiers de l’inspecteur Clouzot ! Je n’y ai pas pensé en rdigeant l’article mais c’est évident.
    UN MONDE FOU FOU FOU FOU : Il y a eu plein de films comme ça, suite au succès de LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE. Mais ce dernier reste largement le meilleur pour moi.
    TRANS-AMERICA EXPRESS : Je ne l’ai jamais vu. C’est bien ?
    C’est bien Robert McGinnis qui dessine l’affiche de DIAMANTS SUR CANAPÉ.

    • Jyrille  

      Tout comme UN MONDE FOU FOU FOU FOU, je n’ai plus que de vagues souvenirs et impressions de TRANS-AMERICA EXPRESS. J’avais bien aimé, gamin, surtout que ce dernier se termine avec une scène catastrophe assez impressionnante, mais je suis incapable de te dire si ces films ont bien vieilli ou valent le coup.

      Alors que C’ETAIT DEMAIN avec Malcom McDowell m’a fortement marqué et je me souviens de la majeure partie du film. Or si ça se trouve c’est pas génial du tout. Je crois que j’étais à fond dans H.G. Wells à l’époque.

      fr.wikipedia.org/wiki/C%27%C3%A9tait_demain

      • Tornado  

        C’ÉTAIT DEMAIN est toujours excellent ! On peut le mettre en parallèle avec SHERLOCK HOLMES ATTAQUE L’ORIENT EXPRESS, où Holmes rencontre Freud.

        @Matt : Le passage avec Cato c’est dans le 5ème film. Le plus faible avec Peter Sellers (je ne compte pas le 6ème, posthume), mais avec effectivement quelques bons moments. Mes PANTHÈRE ROSE préférés dans l’ordre (de préférence) :
        1 – QUAND LA PANTHÈRE ROSE S’EMMÈLE
        2 – QUAND L’INSPECTEUR S’EMMÈLE
        3 – LE RETOUR DE LA PANTHÈRE ROSE
        4 – LA PANTHÈRE ROSE
        5 – LA MALÉDICTION DE LA PANTHÈRE ROSE
        6 – LE FILS DE LA PANTHÈRE ROSE
        7 – L’HÉRITIER DE LA PANTHÈRE ROSE
        8 – À LA RECHERCHE DE LA PANTHÈRE ROSE
        (les trois derniers ne sont pas bons du tout, même si celui avec Begnini (LE FILS DE…) se laisse à peu-près regarder.

  • Matt  

    Il y a aussi ce theme qui est super pour l’inspecteur Clouseau

    ://www.youtube.com/watch?v=yTpjlvFWvi0

    ça me rappelle mon enfance, même si j’ai vu les films assez récemment en fait. Mais on entendait les musiques dans le cartoon.

  • Matt  

    Un passage que j’adore dans les Pink Panther, c’est quand Clouseau et Kato veulent atteindre une fenêtre d’un bistrot (enfin je crois que c’est un bistrot)

    Entre les gamelles dans la boulangerie d’en face, ou les répliques comme « c’est moi qui aurait du monter sur tes épaules, je suis plus grand » (comme si ça changeait quelque chose), c’est comme du Laurel et Hardy au top de leur forme.

  • Bruce lit  

    Le retour du binôme Tornado et Mattie Boy, c’est peu l’équivalent de celui mené par Ed Brubaker et Sean Phillips : le rdv avec une culture cinéma solide et des illustrations de qualité.
    Dans cette liste je n’ai vu que LA PANTHERE ROSE volume 2 qui est un de mes films cultes et que j’ai grand plaisir à retrouver sur le blog.
    Maintenant que j’ai un un lecteur DVD les choses vont être plus faciles. Je vais me refaire toutes les PANTHERE ROSE avec les enfants et je me note en priorité DIAMANTS SUR CANAPE qui a l’air passionnant.

  • Tornado  

    Essaie LA GRANDE COURSE AUTOUR DU MONDE avec les enfants. Il est un peu long mais ça devrait vraiment leur plaire ! Et puis y a Nathalie Wood…

  • Eddy Vanleffe  

    Hello,
    A ma grande honte, j’avoue n’avoir jamais vu aucun de ces films…
    Les comédies classiques américaines ont du passer très au loin au dessus de ce que regardaient mes parents puis moi par la suite trop occupé à à dénicher du film chinois rare, du manga et des films nanars.
    De mon enfance, je retiens une fascination pour les westerns, les policiers, les peplums et les films de cape et d’épée ainsi que la comédie franchouillarde made in Zidi, Lautner, Weber, De Funes ou Pierre Richard…
    Le film sur les avions me dit vaguement quelque chose, mais je ne suis pas sûr et j’ai du voir un Panthère Rose sans me souvenir de la moindre scène ou truc qui m’ai fait rire…

Répondre à Fletcher Arrowsmith Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *