Dahmer le pion

Mon ami Dahmer par Derf Backderf

Première publication le 11/12/2014.  Mise à jour le 07/10/22

Un article de  CYRILLE M

VO : Abrams Comics

VF : Ça et là

Back to school

Back to school © ça et là

Publié en 2012 chez Abrams ComicArts puis traduit en 2013 et publié chez Ca et Là en France, Mon ami Dahmer est un roman graphique partiellement autobiographique de Derf Backderf.

Il relate les dernières années de lycée de Jeffrey Dahmer et de ses camarades, et se termine avec le premier meurtre de celui que l’on surnommera par la suite le cannibale de Milwaukee.

Dahmer appartient au cercle des tueurs en série les plus médiatisés, connus et étudiés. L’horreur de ses crimes qui mélangent viols homosexuels, cannibalisme, démembrement et nécrophilie ont marqué durablement les esprits, comme preuve de la capacité de l’homme à commettre de telles atrocités. De nombreuses oeuvres artistiques traitent de Dahmer, du rock métal à la peinture en passant par les diverses références dans les séries télé.

D'abord entouré, mais inquiétant.

D’abord entouré, mais inquiétant © ça et là

Derf Backderf, de son vrai nom John Backderf, est surtout reconnu pour ses strips de la série The City et plusieurs romans graphiques très rock et punk. Ici, il raconte une partie de son adolescence, au lycée, car il était un des camarades de classe du monstre de Milwaukee avant que ce dernier ne passe à l’acte. De nombreux points communs existent entre Mon ami Dahmer et le fameux From Hell de Alan Moore et Eddie Campbell : ce sont deux bandes-dessinées ayant pour sujet un tueur en série, elles on toutes deux une approche journalistique, et elles comportent de nombreuses notes en fin d’ouvrage, soit pour expliquer certains partis pris soit pour éclairer ce qui est décrit.

Mais leurs traitements respectifs diffèrent énormément. Alors que From Hell avait une approche largement artistique et proposait une relecture globale de Jack l’Eventreur en intégrant de nombreuses références littéraires et historiques, Mon ami Dahmer donne un point de vue personnel, basé sur des souvenirs.

Puis seul sur une route à sens unique.

Puis seul sur une route à sens unique © ça et là

De même – à l’exception du noir et blanc -, le dessin diffère énormément entre ces deux bandes dessinées. Dans From Hell, le trait haché et les contours flous oppressent le lecteur, tandis que Mon ami Dahmer embrasse une certaine école américaine héritière des Freak Brothers et de Robert Crumb. Le style de Derf Backderf s’approche de celui de Peter Bagge, autre auteur attaché au rock et à ses acteurs.

Cette ambiance graphique colle parfaitement au sujet : l’histoire se déroule dans les années 70, sur les campus du lycée, où l’on fume et boit autour de feux de camp et où la seule distraction est d’avaler des kilomètres de bitume au volant de vieilles voitures cabossées. C’est également la période charnière avant de se lancer dans les études, où chacun tente de définir son adulte en sommeil. Ce sera à ce moment qu’il basculera, puis Dahmer ne commettra plus de meurtre pendant neuf ans. L’ex-adolescent ne s’est donc laissé aucune chance.

Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille

Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille © ça et là

Mais la différence de taille, celle qui rend ce livre finalement glaçant, réside dans son titre : Dahmer, serial killer aux actes immondes, est présenté comme un membre de la communauté. Ami est un substantif un peu fort, mais le personnage fait bien partie d’une bande, en tant que paria et qu’être étrange, sans inspirer ni le dégoût ni la colère. C’est le clown triste qui se comporte assez abruptement pour atteindre une certaine valeur, si futile soit-elle, celui qui osera ce que les autres ne feraient jamais, semant le trouble dans un centre commercial, acceptant d’être le cobaye des blagues potaches, détruisant son statut social et son futur.

Il est presque présenté comme une victime, un jeune aux problèmes trop grands pour la bourgade où il vit, pour ces adultes trop immatures, pour ses parents absents et conflictuels. Ne supportant plus ses angoisses et ses fantasmes macabres, Dahmer sombre dans l’alcoolisme. Tout aussi impuissants que ces personnages qui ont réellement existé, nous nous confrontons à la descente aux enfers d’un gamin perdu et malade. Typiquement le genre d’ouvrage qui nous fait nous questionner, qui nous fait se demander « Et si…? ».

Le fan-club de Dahmer (avec un dessin d'époque)

Le fan-club de Dahmer (avec un dessin d’époque) © ça et là

Alors que le traitement caricatural des visages induirait une certaine nonchalance, certains passages déploient une force considérable, implacable et désespérante. La pleine planche où Dahmer est seul en train de se saouler adossé au mur de l’école tandis que sa classe assiste à un cours d’histoire est sans doute l’exemple le plus frappant.

Compilant souvenirs et remarques personnels, rapports de police, de journaux, entretiens avec les protagonistes et scènes reconstituées, ce reportage hybride, à mi-chemin entre la chronique lycéenne et le documentaire, possède une puissance émotionnelle rare et laisse très peu de temps pour respirer. Le genre de livre qui ne s’oublie pas rapidement.

26 comments

  • Présence  

    L’article en lui-même est déjà terrifiant. Il met si bien en avant les qualités de cette bande dessinée, qu’on se sent déjà happé par le vide existentiel de Dahmer et par l’angoisse de l’anormalité… Bon, je trouve les excuses que je peux pour tenter de me justifier, car je n’ai toujours pas eu le courage de me lancer dans cette lecture.

    • Jyrille  

      Merci Présence 🙂 Et je te comprends, j’ai moi-même toujours du mal à me lancer dans certaines bds (les Ware, le Cerebus, Duncan le chien prodige…).

  • JP Nguyen  

    Voilà une critique concise qui donne « envie » (le terme n’est pas forcément le plus approprié ) de lire le bouquin. Ce qui me paraît intéressant c’est qu’on s’éloigne du cliché du tueur démoniaque, génie du mal etc. On dirait plus un type très perturbé que la société n’a pas pu aider. Cependant, les oeuvres consacrées aux serial-killers me laissent partagé. En mettant à « l’honneur » leurs vies, on oublie parfois le sort terrible des victimes et de leurs familles.

    • Jyrille  

      Bien d’accord avec toi JP. Ce qui est intéressant dans From Hell, c’est la somme d’informations et l’environnement historique et mythologique de Jack l’éventreur. Ici c’est encore différent car il n’y a pas à proprement parler de violence, mais cela reste éprouvant.

  • Bruce tringale  

    La vache, sans ton article je passais à côté ! Parce que :
    1 La couverture ne me parle pas

    2 Je n’avais jamais entendu parler de de ce Dahmer…..

    Les tueurs en série, comme beaucoup de personnes j’imagine, mont beaucoup fasciné à une époque…. Comme les super héros, leurs histoires peuvent filer la métaphore du vide existentiel de la condition humaine et d’autres aspects sociologiques : le volet urbain, l’industrialisation, la géographie ( comme dans le From Hell de Moore)….

    Mais comme les Super Héros, les serials killers, ont envahi le monde en dépit du bon sens….Dans Dexter, Miami était devenu un repère de Tueurs en Série comme l’Afrique du Sud est celui du Grand Requin Blanc.
    Au bout de quelques épisodes d’Hannibal, la série sur Hannibal Lecter, je n’en pouvais plus… Un tueur en série …par épisodes ! Des victimes transformés en cerfs ou en champignons humains ? J’ai lâché l’affaire….

    Et JP a bien raison de mentionner que cette fascination romantique occulte la souffrance des victimes.

    Sur ce Dahmer en tout cas, tu m’as donné très envie de me le procurer. LE tueur en série à la fois dangereux et pathétique reste pour moi le Norman Bates de Psycho.

  • Jyrille  

    Depuis le Silence des agneaux, on est tous un peu fascinés. Et je suis d’accord, les serials killers, on en peut plus. Dexter est un excellent exemple (les 4 premières saisons sont bien mais au final, seule la première vaut le coup, car un serial killer par saison voire deux ou trois, au secours, Miami ville le plus dangereuse du monde !).

    Norman Bates est terrible oui. Mais je le répète, Mon ami Dahmer donne un point de vue totalement inédit, c’est de la bd underground comme Peter Bagge ou du Burns mais sans surréalisme, un travail de journaliste. C’est très perturbant.

  • Tornado  

    Pour moi qui aime les histoires qui prennent aux tripes, le thème du serial-killer est tout trouvé !
    Je pourrais presque paraphraser J.P. en disant que ça fait « envie »…

  • JP Nguyen  

    Pas le meilleur mais un tueur en série assez original, celui du « Couperet », écrit par Donald Westlake et adapté au cinéma par Costa-Gavras. Un cadre supérieur au chômage qui tue les gars ayant le même profil professionel que lui pour s’assurer de dégotter un job. Le roman est très réussi, avec un regard très ironique sur la compétition sur le « marché du travail ».

  • Lone Sloane  

    Un article pertinent sur le fond et la forme et tu donnes envie de lire ce comics. Un éclairage autobiographique sur sujet qui fascine depuis la médiatisation du phenomène dans les années 90, voilà qui renouvelle le traitement parfois complaisant qu’on peut trouver dans certains bouquins et films..
    Le film le plus réaliste et dérangeant sur les tueurs en série dont je me rappelle:
    http://www.imdb.com/title/tt0099763/
    Avec un Michael Rooker brut de décoffrage

    • Jyrille  

      Merci beaucoup Lone Sloane (on s’est pas déjà croisé sur BDG ?) ! Ca fait plaisir. Toujours pas vu ce Henry, grosse lacune de ma part depuis le temps, mais je connais bien le thème musical repris par le (super)groupe Fantômas.

      • Lone Sloane  

        Je vais régulièrement sur BDG mais le site de Bruce est le seul sur lequel je poste, et où j’ai le plaisir de ta compagnie 🙂
        En parlant de Fantômas, tu me fais penser à une sortie BD de janvier que j’attends avec enthousiasme puisqu’elle clôt un cycle
        http://www.dargaud.com/colere-de-fantomas
        Et Fantômas, pour rester dans le ton de ton article, c’est vraiment le mal incarné. N’en déplaise à Louis de Funès…

  • Bruce lit  

    Tiens ! Je l’ai vu à la FNAC hier. Je ne savais pas que c’était une nouveauté. Je l’ai feuilleté et oui, ça a l’air vraiment bien. Noël arrive.
    Par contre j’ai aussi lu Dieu en personne de Marc Antoine Mathieu. J’ai trouvé certaines pages vraiment savoureuses d’intelligence et d’inventivité mais très lassant à la longue cette dissertation théologique en images.

  • Jyrille  

    Bien d’accord pour Dieu en personne, un MAM que j’ai relu avec peu d’enthousiasme. Et je ne compte pas acheter le dernier, sans texte. Par contre celui qu’il a fait pour le Louvre est très bien, quant à 3″, je n’ai pas tenté sa version numérique, mais elle m’a l’air meilleure que la version papier. Faut que je le relise aussi, j’ai pas tout compris.

  • Bruce lit  

    Tiens, pour parler d’autres choses, je l’ai lu hier soir et ai beaucoup apprécié cette lecture. La comparaison avec Fron Hell comme tu le mentionnes est vraiment anecdotique. Dahmer, comme Norman Bates y est vraiment montré comme un être invisible et la lente déconstruction de son identité est admirablement décrite même si j’ai trouvé le bouquin un peu répétitif sur la longueur. Je ne regrette pas de l’avoir acheté hier et ,n e peut pas m’empecher de comparer Dahmer avec les assassins de Charlie et ce qu’on lit à chaque fois : il était, gentil, poli etc…

  • Jyrille  

    Je suis bien content que cela t’aie plu ! Je crois qu’à la base, si je parlais de la comparaison avec From Hell, c’était justement pour montrer que les différences étaient bien plus grandes, sans doute en réaction à une chronique paresseuse sur la mama zone…

    Quant à la comparaison avec les deux crétins d’hier, je ne suis pas certain que cela soit justifié, mais je comprends ce que tu veux dire. Mais attention, ne commençons pas à nous méfier des gentils, la plupart le sont vraiment !

  • Bruce lit  

    Les rediffs de l’été : Psychopathes !
    Redécouvrez John Derf Backderf, récemment auréolé d’un Eisner Award avec « Mon ami Dahmer ».
    La question est d’actualité : comment fabrique t’on un tueur ? John Derf Backderf apporte ici ses éléments de réponse, lui qui côtoya au lycée Jeffrey Dhamer, l’un des tueurs en séries américains les plus marquants du siècle dernier. Article signé Cyrille M.

    La BO du jour: trajectoire d’un tueur de son procès jusqu’à sa mort dans cette pièce de théâtre musicale signée Alice Cooper https://www.youtube.com/watch?v=IlEi85pVegk

  • Le moustachue  

    Ça a l’air énorme ! Vraiment ! Et le pire dans cette article c’est qu’on ‘nous propose pas une histoire mais deux du même type !
    Je répète mon porte feuille vous hait

    • Jyrille  

      Merci pour le petit mot Le moustachue ! Dahmer est moins cher que From Hell mais renseigne-toi bien avant de te lancer dans ce dernier.

  • Matt  

    Ah…et il est important de noter qu’il lisait du Walking Dead hein. Je vois d’ici les experts expliquer que c’est la raison de sa folie. Et pourquoi pas les jouets pour chien, hein ?
    Il serait surtout intéressant de savoir pourquoi ces types fichés comme délinquants sexuels ou comme activistes dangereux depuis des années (comme en France) se baladent dehors tranquillement sans être surveillés en attendant de pouvoir commettre quelques attentats ou meurtres. Problème de budget pour les prisons ? Eh bien déjà si les prisons françaises n’étaient pas des putains de club Med avec télé, salle de sport, etc, le problème ne serait pas là ! On vit dans un pays où une sale ordure responsable d’attentats se la coule douce aux frais de l’état dans une « prison » 100 fois plus confortable qu’un 9m² à Paris d’un mec honnête qui galère à se trouver un logement décent !

    • Lone Sloane  

      Matt, c’est le cynisme de ce tueur qui me laisse sans voix et l’ironie macabre d’utiliser un site marchand pour faire de la réclame pour alimenter son petit théâtre des horreurs.
      Pour l’état des prisons françaises, je me fais l’avocat du diable et je suis loin de penser que la surpopulation carcérale et l’état de délabrement des anciens établissements puissent alimenter la comparaison avec le club Med, sans parler des conditions de vie des petits délinquants
      qui connaissent un apprentissage que je ne souhaite à personne.

      • Matt  

        On peut toujours trouver des exemples contraires oui. Je ne prétends pas tout savoir sur les prisons. Ce que je sais, c’est que certains assassins sont confortablement installés alors qu’on ne va pas en prison pour y passer des vacances. Je ne dis pas qu’un voleur de pommes mérite de dormir dans sa pisse, mais il y a quand même des trucs aberrants. On se préoccupe beaucoup trop des droits de l’homme de l’organisateur du massacre du Bataclan par rapport à d’autres gens plus honnêtes qui couchent dans un placard.

  • JP Nguyen  

    Autre lecture piochée chez le cousin :
    Un témoignage / reportage intéressant. Mais entre le sujet et le dessin, efficace mais à l’esthétique éloignée de mes goûts, je ne pense pas en faire l’acquisition un jour…

  • Présence  

    Ça y est : je l’ai lu. Merci beaucoup d’avoir réussi à me convaincre de le lire : ça vaut le coup.

    Mon ami Dahmer embrasse une certaine école américaine héritière des Freak Brothers et de Robert Crumb. – Respect : tu as réussi à mettre le doigt sur cette filiation, alors que je n’arrivais pas à le faire. J’adhère tout à fait à ce rapprochement.

    Un jeune aux problèmes trop grands pour la bourgade où il vit, pour ces adultes trop immatures, pour ses parents absents et conflictuels : c’est la facette du récit qui m’a le plus marquée, l’incapacité des adultes à remarquer le comportement de Dahmer, l’absence de prise de contact de quelque nature qu’elle soit.

    Backderf a pris le parti de raconter cette période de la vie de Dahmer avec l’éclairage systématique du monstre qu’il allait devenir : j’ai trouvé cette façon de faire un peu trop appuyée par moment, comme une sorte de destin inéluctable qui rétrospectivement explique tout, chaque attitude, chaque comportement, une évidence qui aurait dû alerter toutes les personnes qui l’ont côtoyé.

    Mon avis – La version courte :

    Cette bande dessinée réussit son pari d’évoquer l’adolescence d’un tueur en série, sans être jamais racoleuse ou pontifiante. La narration visuelle est évidente, même si certaines caractéristiques peuvent décontenancer de prime abord. Les pages se lisent aisément et se tournent rapidement. Le lecteur sent bien que par moments l’auteur insiste un peu plus lourdement que nécessaire, soit visuellement, soit par un effet de dramatisation. Dans le même temps, il mesure à quel point cet adolescent est livré à lui-même, sans jamais qu’un seul adulte ne relève quoi que ce soit, ne détecte un des signaux alarmants bien présents. De ce point de vue, l’auteur fait œuvre de prévention en attirant l’attention de ses lecteurs, ce qui a manqué à Jeffrey Dahmer, et par voie de conséquence à ses victimes.

    La version longue :

    https://www.amazon.fr/gp/customer-reviews/R2VFP4YUYOGEYK?ref=pf_vv_at_pdctrvw_srp

    • Jyrille  

      Merci énromément Présence ! Je suis très heureux que la bd t’aie plu. Je crois comprendre en lisant ton article que tu as été un peu gêné par le trait, ce que je peux comprendre, mais – il faudrait que je la relise – je trouve que les oeuvres suivantes de Backderf s’améliorent de ce point de vue, KENT STATE étant pour le moment sa meilleure production, son oeuvre la plus léchée.

      Par contre il est évident que la narration fonctionne déjà à plein dès ce DAHMER. Tu as sans doute raison lorsque tu dis que cela est sans doute parfois trop appuyé par ce qui s’est passé ensuite, a posteriori. Encore une fois, je devrai la relire car je n’ai pas ressenti cela à l’époque. Comme toi, c’est le côté social, la chronique des années 70 qui m’a surtout emporté : pour décrire les sentiments, il est aussi fort que Charles Burns ou Chris Ware.

  • Le moustachue  

    @presence @jyrille

    Ha ouais il faut un minimum de doc avant de lire et c’est un gros pavé ! Je vais me renseigner un peu surtout que j’ai encore rien lue d’Alan moore alors ….
    Merci a vous !

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