Interview Bandit, Bandit

Interview Bandit Bandit

Un entretien téléphonique réalisé par cette fripouille de BRUCE LIT

1ère publication le 29/01/2021 – MAJ le 27/06/21

Le 1er EP des BANDIT BANDIT est disponible chez tous les bons disquaires ou en streaming sur les plateformes. Le 2ème, TACHYCHARDIE vient de paraitre le 25 juin 2021.

Cet article est bien entendu dédié à mon frère Steve qui m’a fait découvrir ce groupe fabuleux.

Hold-up sonore
© L’autre
©Jamie Noise

Oh, comme je voulais vous en parler depuis longtemps de ce fantastique duo qui reprend, dans la langue de Gainsbourg, les choses là où The Kills les avaient laissées. Bandit Bandit est un duo formé par Maeva (voix) et Hugo (guitares) et aura été en 2020 une vraie source d’espérance pour votre serviteur qui l’a classé parmi ses meilleurs disques de l’année.

Un EP parfait de bout en bout, des riffs malsains portés par la voix allumeuse et vindicative de Maëva, des clips hauts en couleurs, une signature visuelle forte ; on part plus intimidé à la rencontre de ce duo crado, bien plus que pour Philippe Manoeuvre ou même Eudeline. De part et d’autres, nous accumulons les loupés et les rendez-vous ajournés avant de nous parler enfin le 13 janvier par téléphone. Les Bandits ont insisté pour que notre duel se passe par téléphone. Hugo et Maeva sont d’attaque et finissent souvent la phrase de l’autre. En face Bruce Lit dégaine ses questions plus vite que son ombre qu’il a épousé un soir de Covid…
Magnéto Serge (Gainsbourg) !

Bonjour les Bandits et tout d’abord meilleurs vœux pour 2021, surtout pour un groupe qui chantait l’an dernier JE SUIS PRESSE DE VIVRE . Comment avez-vous vécu 2020 ?

Hugo : C’est une phrase qui a résonné pour nous. Tout a été très vite, on aimait cet engouement, chaque semaine on avait une bonne nouvelle. On était sur la route au moment du 1er confinement. On était persuadé que ça durerait un mois ou deux, on est tombés de haut.

Maeva : On a vécu 2020 en deux temps : un moment de deuil, d’incompréhension et d’injustice comme la plupart des gens. Et puis après, ça nous a fait du bien, on a pris du recul, on en a profité pour se remettre en question et savoir vers quoi on voulait aller.

Vous avez joué à Mains d’œuvre à St Ouen. Quelle est votre retour d’expérience ? On s’imagine pogoter furieusement sur vos titres et on se retrouve à respecter les geste barrières !

Hugo : St Ouen fait partie des concerts où les gens étaient masqués mais debouts. On avait l’impression d’être des survivants. On a eu la chance de faire 7 concerts au mois de septembre. A Nancy par contre on a eu 200 personnes pour une salle de 1200…

Maeva : Mains d’oeuvres est un lieu complétement fou, gigantesque où il y a des expos et des performances artistiques…

Les clips français reprennent des couleurs avec Bandit Bandit !

Revenons sur la genèse de Bandit Bandit : vous êtes un couple à la ville comme à la scène, vous vous êtes rencontrés sur Tinder. Comment en êtes-vous venus à vouloir sortir un disque ?

Hugo : Au début, c’était assez houleux. Avec Maeva on se faisait du mal, on faisait des sets très alcoolisés voire plus. Et puis on a fini par se découvrir, s’apaiser.

Maeva : La musique a toujours fait partie de nous. Je me rappelle très bien de ma bio sur Tinder : j’aurais pu être la fille cachée de Kurt Cobain et Courtney Love. Hugo m’a liké, c’était le socle de nos discussions. Quand on se voyait, je lui faisais la cour en chantant.

Hugo : On est tombés amoureux, on a enregistré des démos même si Maeva manquait de confiance en elle. Tout est allé très vite.

Vous êtes tombés dans le piège Sex, Drugs and Rock’n’roll ?

Hugo : (Hésitation) Clairement Maeva, oui…

Maeva : Je suis sevrée depuis 5 ans. Ce sont des problèmes liés à la jeunesse. Quand on idolâtre depuis son plus jeune âge Kurt Cobain, Amy Winehouse ou Pete Doherty, il y’a forcément l’envie de jouer avec le feu. C’était mon cas. En vieillissant je me rends compte que le concept de mourir à 27 ans, c’est complétement nul (rires).

On peut vivre vite et mourir vieux désormais…

Hugo : Totalement. Les paroles de MAUX nous ramènent à cette époque du Vivre Vite . Désormais on est plus apaisés.

Maeva : Absolument.

Et le COVID remet plein de choses à leur place

Maeva : Tout à fait. Désormais, j’aime prendre mon temps. La solitude du confinement m’a apporté beaucoup de sérénité

Association de malfaiteurs
©Jamie Noise


Pouvez-vous expliquer votre processus de composition qui fait quoi ?

Hugo : Moi, c’est surtout la musique, les riffs, les claviers, j’ai un petit studio à la maison. Maeva travaille plus sur l’image qui est hyper importante sur le projet BANDIT BANDIT.

Maeva : L’image et la musique, c’est 50-50. Faire de la bonne musique avec un visuel de merde, c’est pas notre truc. Je donne aussi mon avis sur la musique.

Bandit Bandit c’est un duo ou un quatuor ?

Maeva : Bandit Bandit est pensé comme un duo pour la musique et l’image. Sur scène, on est accompagnés par Anthony et Harry qui sont deux très bons musiciens et qui apportent une vraie plus-value au groupe.

Hugo : Quand on arrive en répèt’, le morceau est quasiment écrit mais on a envie d’une vraie batterie plutôt qu’une fausse Drum d’enregistrement, tu vois ?

Sexy et psychédélique

Votre groupe est assez étrange : vous chantez les réseaux sociaux et des iPhones et en même temps semblez en dehors du temps.

Hugo (content) : Oui j’aime beaucoup cette idée là que tu retrouves sur le visuel. Dans nos clips on va mélanger le vintage, le super 8 avec des images ultra modernes. C’est aussi pour ça qu’on a mis des marqueurs de temps dans nos textes, les i-phones, tout ça pour ne pas sombrer dans le revival.

Maeva : Notre EP parle essentiellement de nous et de notre histoire d’amour. C’est une histoire moderne et de réseaux sociaux.

Il y a des influences évidentes comme celle de The Kills mais à chaque fois que j’entends votre disque je pense à la formule Quiet / Loud de Nirvana. Vous nous racontez  vos années grunge ?

Hugo : Bandit Bandit, c’est pas vraiment un groupe grunge mais l’influence est là, oui. Nirvana, j’ai commencé la guitare avec, je connais toutes les chansons par coeur. J’avais 12 ans, mes parents divorçaient et je me retrouvais très fort dans l’histoire de Kurt Cobain. Mon 1er groupe était grunge, mais Bandit Bandit je le vois comme un mélange de rock psychédélique avec de la chanson française.

Maeva : Moi à 13 ans, ma 1ère claque c’était les White Stripes.

Grand banditisme à Soho !
©Jamie Noise

Votre pochette est simple et sophistiquée à la fois : on pense au FUN HOUSE de Iggy and the Stooges mais on pourrait vous imaginer faisant la tournée des sex shop de Pigalle.

Hugo : Ouais, on a fait la photo à Soho, le Pigalle anglais. On voulait ce côté poisseux, humide de la rue, à l’image de notre musique. C’est de l’argentique…

Maeva : Et surtout on est saouls comme des cochons ! Le concept était de faire la tournée des bars avec Jamie Noise le photographe. On a travaillé avec un styliste David Bellion qui nous a prêté des vêtements. La robe que je porte c’est une Shiatzy Chen, un couturier chinois si je ne m’abuse.

Puisque l’on parle de sexe, le chant de Maeva est terriblement sensuel.  Est-ce délibéré, étudié, travaillé ?

Maeva : J’enregistre mes voix très naturellement. J’ai grandi avec la chanson française et ce travail sur la diction, le mot, le rythme quand tu écoutes Gainsbourg. Barbara aussi est très sensuelle dans son phrasé.

Vos clips sont sous-titrés. On y perçoit l’influence évidente de Gainsbourg.  La frustration de ne pas avoir imprimé de livrets dans votre CD ?

Maeva : Les clips sont sous-titrés car il y a plusieurs lectures dans nos textes et pas mal de jeux de mots aussi, c’est mieux pour se les approprier que de les chercher sur Internet.

Votre Ep comporte des versions acoustiques de MAUX et NYCTALOPE.  Vos chansons sonnent aussi bien en électrique qu’en acoustique.

Hugo : C’est gentil. Une bonne chanson c’est toujours piano-voix-guitare. Ceci dit, avec le Covid, on a beaucoup fait d’acoustique et on en a un peu marre. On a hâte de refaire de l’électrique.

Hausse des températures

NYCTALOPE met en scène des acteurs qui vous ressemblent dans des scènes assez torrides évoquant 37.2° LE MATIN et NATURAL BORN KILLERS …

Maeva : Totalement

Hugo : Tu as cité exactement nos influences. L’actrice de NYCTALOPE, c’est une jeune Béatrice Dalle, c’est nos influences. Je rajouterai SAILOR ET LULA, ce truc déjanté et sensuel. On voulait notre duo avec de vrais acteurs cette fois-ci. Le clip est de Théo Sauvage. La scène de l’engueulade ça m’a foutu les poils. Dommage que vous n’entendiez pas le son.

Vous êtes sur un site de geeks. Les Bandit Bandit ont-ils aussi des addictions aux comics, aux mangas ou aux Super Héros ?

Maeva : Moi je suis une grosse accro à tout l’univers Miyazaki, Ghibli j’ai vu tous les films un milliard de fois. Mon rêve absolu c’est d’aller au parc Ghibli qui doit ouvrir au Japon. DEATH NOTE, FULL METAL ALCHEMIST aussi. J’ai beaucoup joué à THE WITCHER pendant le confinement.

Hugo : On devait jouer en Corée du sud et au Japon en octobre dernier. On adore la culture asiatique. Je suis un fan de ZELDA.

Peu de couples ont survécu au succès dans le rock. Vous n’êtes pas terrorisés ?

Hugo : A partir du moment où on s’est décidés à le faire, on savait que l’on avait vécu des choses difficiles ensemble auparavant et que tout ce qui nous attendrait n’en serait que meilleur.

Maeva : C’est comme si on était ensemble depuis 30 ans (rires).

Tout ça est très romantique …

Hugo : On assume, on est amoureux de l’amour, on adore les chansons d’amour.

Maeva : On découvre l’amour sous ses différents aspects. Au tout début, c’était incandescent, ça brûlait à en faire mal et là on découvre l’amour fascination.

Hugo : De voir Maeva sur scène, c’est…whaou…, ça a resserré les liens, tu vois ?

En acoustique Bandit Bandit rafle aussi la mise.

Je vous propose un petit jeu : commenter d’autres couples célèbres. Gainsbourg et Birkin ?

Maeva : La quintessence du sublime. Gainsbourg continue d’inspirer Birkin même après sa mort. Et Gainsbourg n’aurait jamais été Gainsbourg sans elle. Elle l’a totalement transformé, l’a rendu In en dandy très classe.

Niagara ?

Maeva : Tiens, on a écouté toute leur discographie sur la route…

Hugo : Emblématique des années 80, le truc qui revient en force.

Les Liminanas ?

Hugo : On est très copains avec leur claviériste. J’aime beaucoup leur ambiance. En concert je trouve ça un peu long, mais j’adore leurs atmosphères. Très élégant.

Le deuxième Ep sorti le 25 juin !

Michel Berger et France Gall ?

Maeva : Fan décomplexée. J’ai grandi avec ça, STARMANIA. C’est de la mélancolie, ça me fend le coeur à chaque fois, j’adore ça…

Hugo : J’en peux plus, moi…(rires)


Les Rita Mitsouko ?

Hugo : Gros fans. Fred Chichin…le style, le jeu, la façon d’écrire, les albums se ressemblent jamais. Et puis leur look. On aimerait trop rencontrer Catherine Ringer.

Maeva : Catherine Ringer a apporté un vrai truc dans l’émancipation de la femme. On parle d’une meuf qui a un charisme fou, qui a fait du porno et qui s’en frappait du jugement des autres….C’était des punks, avec une dent en moins à la télé, elle s’en foutait totalement.

The White Stripes ?

Maeva : Fans ! Même si Jack White prend toute la place dans le projet par rapport à Meg.

Hugo : Jack White, c’est une inspiration majeure quelques soient ses projets : Deadweather, les Raconteurs ou ses projets solos. Ce mec est extraordinaire.

The Kills ?

Maeva : Comme Birkin et Gainsbourg : il n’y en a pas un qui prend l’avantage sur l’autre. 2 entités complémentaires et badass. En tant que femme qui fait du rock, on a tous rêvé d’avoir le charisme de Alison Mosshart.

Hugo : Et puis cet aspect visuel, elle est très lookée. Il y a aussi ce son degueulasse à la Velvet Underground que j’adore, c’est classe.

Quels sont les maux qui font mal au Bandit Bandit ?

Maeva : La méchanceté gratuite, la malveillance. On est des putains d’êtres humains. On peut ne pas aimer les groupes sans les détruire.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Maeva : Aimez-vous. Ensemble on est plus forts.

Hugo : On ressortira tous de cette épreuve plus forts !

Mais en fait j’ai parlé avec des Hippies Hippies, non ? (Rires)…

Des Maux qui font mal, une interview qui fait du bien. Merci les Bandits !

43 comments

  • Kaori  

    Ok.

    1- Je refuse d’entrer dans ce débat musico-artistico-politique.
    J’ai beaucoup écouté l’album de Dolly. Plus pop, plus mélodieux que ce que j’ai entendu de Bandit Bandit. Du coup, je n’y vois pas une si grande ressemblance. Par contre, je ne trouve pas Kyo si éloigné de Dolly ! Si on va sur ce sujet, le groupe que j’exècre dans ce registre, c’est BB brunes. Je ne supporte pas la voix du chanteur. Y a qu’une seule chanson que j’ai réussi à apprécier, et c’était grâce au clip qui contenant pas mal d’humour. Ce qui m’a rappelé Anaïs. Elle, elle était déjantée, drôle et talentueuse !

    2 – L’interview est vraiment très sympa, ils sont gentils, en fait, les Bandit Bandit. On sent les galères, mais on sent une grande force entre eux, ça fait du bien. Très bonnes questions.

    3 – Musicalement, j’ai commencé par la fin, le MAUX en acoustique. Du coup j’ai tout de suite pensé à Nirvana. Puis j’ai écouté le reste. Pour moi y a juste un problème, c’est que je trouve que les intros se ressemblent un peu trop. Sinon, niveau voix, arrangements, rien à dire, c’est maîtrisé et très sympa. Mais musicalement, ça ne m’emballe pas plus que ça. Si on compare à Dolly, justement, et son « Je ne veux pas rester sage », ça, ça me faisait remuer, ça m’embarquait. Je ne sais pas à quoi je fonctionne. THE KIDS AREN’T ALLRIGHT est aussi un morceau qui m’embarque. De ceux où j’ai envie de me lever de ma chaise.
    Ce n’est pas vraiment le cas avec Bandit Bandit ^^ . Ca ne veut pas dire que je n’aime pas. Juste que ça me laisse de marbre, pour le coup.

  • Patrick 6  

    Bon j’ai pris mon temps pour lire cette interview ! Donc avant tout d’abord bravo à toi Bruce, tu as largement transcendé ton trac 😉
    Pour le reste c’est une découverte totale pour moi (en dehors des échos indirects que tu en avais fait précédemment). A la première écoute, j’ai immédiatement pensé à L’épée, mais en plus trash et déjantée.
    Cette histoire de Tinder m’a fait rire, comme quoi les groupes, comme les couples peuvent se former n’importe où ! (euh du moment que ce n’est pas à la Star Ac’ hein ^^)
    En tous cas, emballé c’est pesé, me concernant je vais casser ma tirelire pour acheter leur disque. Ils ont un site ou quoi ?

    • Bruce lit  

      Hello Pat’
      Content d’avoir converti une personne de plus au banditisme. Pas de site, non, mais leur FB est assez actif
      Leur disque a été commercialisé, je l’avais acheté à Gibert mais je ne crois pas qu’il y ait eu une tonne d’exemplaire publiée. Fais vite !

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