Je l’aime à mourir ! (JE VEUX MANGER TON PANCREAS)

JE VEUX MANGER TON PANCREAS de Shin’ichirō Ushijima

Une entrée de KAORI

VO/VF : @Anime, Netflix

1ère publication le 16/02/22 – MAj le 25/08/22

L’amitié fleurit quand les opposés s’attirent
@Art House
Source : IMDb

Cet article sera consacré au film d’animation de Shin’ichirō Ushijima, des studios VOLN, distribué par Art House pour la projection en salle, par @Anime en DVD-BluRay et disponible sur Netflix depuis le 1er mars 2021.

Pas de gros spoiler puisqu’on connait la fin dès le départ…

JE VEUX MANGER TON PANCREAS est au départ un roman de Yoru Sumino puis un manga en deux volumes, scénarisé par ce même Yoru Sumino et dessiné par Idumi Kirihara, sortis respectivement en 2015 et 2016. Ont suivis un film en « live-action », réalisé par Shō Tsukikawa en 2017, puis un film en animation en 2018. Nous nous intéresserons à cette dernière œuvre, disponible depuis mars 2021 sur Netflix.

Le film, au titre pouvant prêter à confusion, est un drama, comme nous le découvrons dès les premières minutes du film, et ce n’est pas un mal, pour les personnes sensibles comme moi… En effet, le film s’ouvre sur l’enterrement d’une jeune fille de 17 ans, Sakura Yamauchi.

L’histoire est racontée par un jeune lycéen dont le prénom ne sera révélé qu’à la fin du film (cela peut nous paraître étrange, à nous, occidentaux, mais au Japon il est de coutume de s’appeler par son nom de famille.  Seules les personnes proches sont autorisées à s’appeler par leur prénom). Nous l’appellerons donc « le protagoniste ». Celui-ci nous narrera sa rencontre avec Sakura, quelques mois auparavant, et la relation qui se nouera entre eux.

La bande-annonce, et sa jolie bande originale
@Anime

Ce que j’aime dans l’animation japonaise, et dans ces « slice of life », ou « tranche de vie », c’est qu’elle nous offre très généralement une étude de caractères, ce que je préfère dans les médias. Ici nous avons le protagoniste, qui se définit à Sakura par cette phrase : « je n’aime pas les gens, et les gens ne m’aiment pas ». On se rend compte que la vérité serait plutôt « Je n’aime pas les gens, et je ne veux pas qu’ils m’aiment. »

Sakura, elle, est aux antipodes du jeune garçon : lycéenne elle aussi, âgée de 17 ans, elle est extravertie autant qu’il est introverti, rieuse et gaie autant qu’il est triste et apathique, bavarde et exubérante, autant qu’il est taciturne et discret… Les deux jeunes gens sont dans la même classe, et la relation qu’ils vont nouer dans un but que j’expliciterai plus tard va beaucoup perturber le quotidien du jeune homme. Lui qui n’aspire qu’à la discrétion et à l’invisibilité, se retrouve au cœur des rumeurs, jalousies et incompréhensions du reste de la classe.

Mais comme le lui expliquera Sakura, tout repose sur le choix que fait le jeune garçon. Rien n’obligeait en effet le jeune homme à accéder à la demande de la jeune fille, connaissant l’issue de leur relation.

Apprendre à profiter de la Vie
@Art House / @Anime / Netflix
Source : Allociné

Le film permet de ce fait de s’interroger sur les choix que nous faisons, la vision de la vie que nous avons, le sens que l’on donne à notre vie. Cela est d’autant plus vrai que le discours est tenu par des jeunes gens au sortir de l’adolescence, qui doivent réfléchir à ce qu’ils veulent pour la vie qu’il leur reste.

Le problème est exacerbé par une urgence dans la situation des deux protagonistes : Sakura est atteinte d’un mal incurable. Son pancréas se détériore de jour en jour. Il lui reste moins d’un an à vivre. Et c’est auprès de cet étranger, ce garçon avec lequel elle n’a aucun lien si ce n’est le hasard d’une rencontre, qu’elle choisit de profiter de ces derniers mois.

L’histoire paraît banale, sans surprise. Évidemment, la Force de Vie qui bouillonne en Sakura, va finir par se transmettre à ce garçon qui se cache par peur de souffrir, et donc de vivre…

Pourtant, on se laisse prendre au jeu de ces deux enfants innocents qui découvrent l’amour et l’amitié, qui se découvrent l’un l’autre, à travers des jeux d’adolescents, comme ces « action ou vérité »,  et des défis, ceux d’une jeune fille de 17 ans qui se sait condamner et qui souhaite réaliser ses plus grands rêves.

Derrière le sourire…
@Art House / @Anime / Netflix
Source : Allociné

Là où le film surprend, c’est qu’il ne prend pas le chemin que l’on pensait. Il y a tout d’abord cette scène particulièrement perturbante où la relation des deux protagonistes aurait pu basculer du tout au tout, et où elle prend alors un virage plus intense, déterminant, un de ces moments où finalement la parole se libère. Et enfin un élément violent et totalement inattendu vient bouleverser le programme des jeunes gens. Le genre d’événement qui donne envie de crier, qui pourrait nous mettre en colère, devant une telle injustice. Et puis finalement, ça sert le propos, ça sert le film. C’est une évolution différente de celle à laquelle on pensait, ça surprend, et c’est bien.

Le film arrive à une conclusion devinée depuis longtemps, mais ça reste beau, de voir la Force de Vie l’emporter sur le reste. L’étape du deuil n’est pas occultée pour autant, et les moments douloureux restent difficiles à voir. Mais c’est fait avec intelligence, le film prend le temps qu’il faut pour franchir cette étape. D’ailleurs, si vous n’avez pas vu le film et que vous prévoyez de le voir, pensez à bien regarder jusqu’au bout, après le générique.

Je m’aperçois que je me suis longuement épanchée sur le propos du film, sans parler de la forme.
C’est parce qu’elle est classique. Les traits des personnages sont très peu détaillés, l’animation est simple et le film ne brille pas par cette dimension-là. On reste dans l’animation japonaise donc, pour ceux qui aiment le genre, agréable à regarder, légère et colorée. Mais on est loin du niveau de détails d’un YOUR NAME par exemple, même si la pureté des traits permet de mettre en valeur la jeunesse et la fraîcheur des personnages, les vrais atouts du film.

Quelques mots pour finir sur le doublage français. Rien d’exceptionnel. Il n’est pas « mauvais ». Le garçon est atone, la jeune fille enjouée. Mais j’ai eu beaucoup de mal avec la scène de craquage du personnage principal. Rien que pour cela j’ai regretté de ne pas avoir regardé en VO… Dommage que l’animation japonaise reste un secteur de niche, où la direction artistique ne puisse pas être à la hauteur de la version originale, comme ce fut le cas pour ARCANE par exemple…

En résumé, JE VEUX MANGER TON PANCREAS fait partie de ces œuvres touchantes qui vous marquent pour un moment et vous amènent à réfléchir au sens de votre propre vie. Une œuvre qui vous fait du bien. Indispensable donc.

Une rencontre sous les cerisiers du printemps…
@Art House / @Anime / Netflix
Source : Allociné

La BO : N’être que de passage juste pour saluer un petit bout de plage qui parle d’amitié…

54 comments

  • Patrick 6  

    Je viens juste de voir ce film ! Il est en effet parfaitement bouleversant !
    Comme tu le soulignes le doublage français n’est pas fameux (surtout celle du garçon lors de la fameuse scéne où il éclate en sanglot). Quoi qu’il en soit le film reste excellent (même si le kleenex a proximité est un impératif pour voir ce film…) Par contre, contrairement à toi, j’ai trouvé la fin assez inattendue ! Je ne peux en dire trop pour ne spoiler personne, mais je ne m’attendais pas réellement au destin de Sakura ! Du reste il parait sortir de nulle part sans (à priori) de rapport direct avec l’intrigue générale. Quoi qu’il en soit la séance post générique est effectivement bouleversante.
    Si j’en ai l’occasion je ferai volontiers un reportage avant/après, comme pour Your name !

    • Kaori  

      C’est effectivement la scène des sanglots du garçon qui m’a vraiment gênée et sortie du film…

      Oui la fin est inattendue, je pensais l’avoir mieux exprimé. Ça sort de nulle part et on se questionne même sur l’utilité de ce twist (mon conjoint était en colère et choqué par la violence du twist).

      Contente que ça t’ait plu (et oui c’est vrai qu’il faut la boîte de mouchoirs…)

      Je dis oui pour un reportage à la « YOUR NAME » !!

      • Jyrille  

        Moi la scène des sanglots m’a achevé.

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