KING GONG ! (Les films de boxe par Robert Wise)

Les films de boxe par Robert Wise

Par TORNADO

Sauvé par le gong 
© RKO / MGM

Cet article portera sur les films de boxe réalisés par le cinéaste Robert Wise dans les années 40 et 50.
Nous commencerons tout d’abord par un tour d’horizon sur les films eux-mêmes, avant d’essayer de voir s’il existe une relation entre leur héritage et notre monde bien à nous : Celui des geeks.
Nous vous proposons ainsi une petite promenade dans l’histoire du cinéma, suivie par quelques va-et-vient, ici et là, dans l’univers des comics…

1) NOUS AVONS GAGNE CE SOIR (THE SET UP)

Le chef d’œuvre du genre est tout simplement l’un des premiers !
© RKO

Le pitch : Bill Thompson, un boxeur de trente cinq ans sur le retour, tente de gagner un ultime match afin de remonter la pente et prouver à sa femme qu’il n’est pas le perdant que tout le monde voit en lui. Ce soir, en affrontant un jeune qui monte, il sait qu’il va tout donner et sent la victoire au bout de ses poings. Au cours du match, il apprend que ses associés ont parié pour un caïd de la pègre qu’il allait perdre, sans rien lui dire, pensant qu’il tomberait une fois de plus…

Le cinéma d’Hollywood est riche de grands classiques du Film Noir. Et parmi ces grands classiques, il y en a quelques uns qui concourent dans la sous-catégorie des films de boxe. NOUS AVONS GAGNE CE SOIR (THE SET UP : Le traquenard en VO) est probablement le chef d’œuvre du genre.
Réalisé en 1949 par Robert Wise, il s’agit d’un film à la fois très court (72 minutes) et d’une puissance incroyable, habitée par le jeu sans faille des acteurs et l’inventivité exceptionnelle de la mise en scène.

Nous Avons Gagné Ce Soir : Un film à l’heure !
RKO
Source : Canalblog

Après avoir été le monteur attitré d’Orson Welles sur CITIZEN KANE et LA SPLENDEUR DES AMBERSON, Robert Wise abordait la réalisation avec un bagage extrêmement solide et une vision de la mise en scène aussi précise qu’imaginative. NOUS AVONS GAGNE CE SOIR témoigne à ce titre d’une capacité d’aborder le découpage technique d’un film de manière conceptuelle absolument géniale :

1 : Un déroulement en temps réel : 72 minutes, donc, ponctuées par des inserts de plans montrant un réveil, un cadran, un gong… Le début du film affiche le plan d’une horloge sur laquelle on peut lire qu’il est 21h05, et la fin nous fait revenir sur le même plan, où il est à présent indiqué 22h17 ! Ce parti-pris culmine dans un autre plan superbe montrant le reflet d’Audrey Totter (l’épouse de Bill) dans la vitre d’un réveil, où le spectateur parvient à percevoir, même inconsciemment, les notions d’attente, d’angoisse et de temps qui passe !
2 : Un environnement restreint : Le film entier se déroule dans le quartier poisseux d’une petite ville américaine anonyme. Une scène unique voit l’épouse de Bill sur un pont ferroviaire, en train de regarder le train passer, comme un désir de fuir…
3 : Le montage alterné : Le spectateur suit le parcours parallèle de Bill qui part au combat, attend son tour, combat enfin, et celui de sa femme, qui refuse de le voir combattre, erre dans les rues, doute, regarde sans cesse la fenêtre éteinte de son appartement… Un enchainement fluide, logique, séminal.

Le très sympathique petit cours de Mr Bobine.

4 : Le match de boxe : Celui-ci arrive après que le spectateur soit resté une éternité dans les vestiaires en compagnie des boxeurs qui attendent leur tour. Ceux-ci sortent du champ pour aller au combat et reviennent comme des soldats meurtris, rescapés d’une bataille dans laquelle ils auraient servi de chair à canon ! Jamais le spectateur ne les suit, condamné à attendre avec Bill. La tension monte, et lorsque son tour arrive enfin, la lutte sans merci nous laisse sur le carreau !

Wise et son collaborateur John Indrisano (spécialiste des séquences de boxe), tournent le combat comme un documentaire sous trois angles différents, dont l’un filmé caméra à l’épaule. La séquence témoigne d’une inventivité de tous les instants et immerge complètement le spectateur au cœur du duel, éprouvant et cathartique !

20 ans après celui de Chaplin dans LES LUMIERES DE LA VILLE : L’un des plus grands matchs de boxe de l’histoire du cinéma !

Drame, tragédie, condition misérable des laissés-pour-compte, le film n’épargne personne et brosse un tableau épouvantable de cette Amérique de la crise, qui s’enlise complètement dans ces arènes miteuses et ces combats de « gladiateurs de quartier », qui vivent dans la sueur et la poussière. Et lorsqu’à la fin, la toile de fond qui se dissimulait derrière le récit se révèle enfin, laissant le spectateur percevoir le sens de la vraie victoire, celle que l’on remporte sur la vie, la beauté cachée des films noirs nous frappe droit au cœur…

Je n’ai jamais vraiment rien trouvé de spécial au jeu de l’acteur Robert Ryan. Pourtant, ici, il est magnifique, crédible, habité, inoubliable.
Bref, un grand classique, incontournable, autant pour le cinéphile de passage que pour l’étudiant en cinéma, qui pourra y trouver une époustouflante démonstration de mise en scène.
Sept ans plus tard, Robert Wise offrira au public un autre grand classique du film de boxe avec MARQUE PAR LA HAINE.

2) MARQUE PAR LA HAINE (SOMEBODY UP THERE LIKES ME)

Paul Newman : Brando style !
© MGM

Le pitch : Rocky Barbella est un voyou. Ayant grandi dans le Bronx de New-York, il ne sait que voler et se battre. Il goutte à la maison de redressement, à la prison, et partout il s’enfonce dans son univers de délinquance. Il est enrôlé dans l’armée lors de la seconde guerre mondiale et son esprit rebelle le mène à la catastrophe. Jusqu’au jour où l’un de ses supérieurs remarque son talent de « cogneur ». Ravi de découvrir qu’il est peut-être bon à quelque chose, Rocky se remet complètement en question et entame une carrière de boxeur sous le nom de Rocky Graziano…

Il est de ces films portés par la grâce, qui coulent de source du début à la fin tout en nous ramenant aux origines de tout un genre, en l’occurrence, pour celui-ci, les films de boxe et les Biopic. A maintes reprises, il m’a semblé voir une version archaïque du premier ROCKY de Sylvester Stallone, et ce bien au delà du simple prénom. La jeunesse passée dans le Bronx, le marasme de ces quartiers de laissés pour compte, les entrainements dans les salles sordides, les matchs de boxe et le final cathartique qui voit le héros subir les coups avant de se relever par une volonté « marquée par la haine », toute la mythologie de l’univers de la boxe est condensée dans cette œuvre séminale, le modèle du genre.

Steve McQueen (dans son premier rôle !) et Paul Newman : L’image du voyou dans les 50’s !
© MGM
Source : Fanpop.com

Film de rédemption, analyse sociale d’une Amérique de l’ombre, réflexion sur les destins brisés, biopic parmi les premiers de l’Histoire du cinéma, MARQUE PAR LA HAINE est tout cela à la fois, et bien plus encore. Second film de Paul Newman après LE CALICE D’ARGENT, c’est aussi le second pour Sal Mineo après LA FUREUR DE VIVRE.

Et puisque l’on parle presque de James Dean, il faut préciser que ce dernier devait interpréter Rocky Graziano avant d’être emporté par la Faucheuse. Paul Newman hérita ainsi du rôle qui allait lancer sa carrière (en compagnie de Steve McQueen, qui fait ici sa première – mais vachement courte – apparition). Il y est parfait, racé, intelligent, renonçant à jouer de son physique d’une beauté insolente pour pénétrer son rôle dans toute sa dimension tragique, devenant de plus en plus défiguré au fur et à mesure qu’il marche sur le chemin de la rédemption, sans cesse rattrapé par son passé trouble.

La boxe, ça esquinte !
Bien entendu, le film a vieilli et certains lui trouveront des airs naïfs et une caractérisation des personnages un peu dépassée. Mais replacé dans son contexte, il demeure impressionnant par son aura d’œuvre fédératrice, de modèle, qui va générer toute une série de thèmes sans cesse copiés par la suite.

Pour ne rien gâcher, il est magnifiquement réalisé par un Robert Wise au sommet de son art, qui nous cisèle de magnifiques images en noir et blanc expressionniste, découpant les quartiers sombres du New-York des années trente par tranches d’un noir profond, faisant écho à l’âme tourmentée de ses personnages. Et bien évidemment, qu’est-ce qui fait que Rocky est remarqué par le monde de la boxe qui voit en lui un potentiel champion du monde ? Son regard bien sûr, l’œil du tigre !
Un grand classique, d’une perfection totale.
Pour l’anecdote, le doublage français nous permet d’entendre Louis de Funès, qui prête sa voix au personnage d’Irving Cohen, le manager de Rocky, interprété par Everett Sloane !

L’œil du tigre, mec !
© MGM

3) L’héritage

En 1916, Charles Chaplin se passionne déjà pour la boxe à travers un de ses court-métrages : CHARLOT BOXEUR. Un petit essai qui lui permettra de réaliser un moment d’anthologie dans le climax du splendide LES LUMIERES DE LA VILLE (1931). En 1926, Buster Keaton le suit de près avec son DERNIER ROUND.

Le cinéma hollywoodien brasse quelques films de boxe dans les années 30 et 40 (LE CHAMPION de King Vidor en 1931 ; LA VIE DE JIMMY DOLAN d’Archie Mayo en 1933 ; LE DERNIER ROUND de Michael Curtiz en 1937 ; L’ESCLAVE AUX MAINS D’OR de Rouben Mamoulian en 1939 ; GENTLEMAN JIM de Raoul Walsh en 1942 ; SANG ET OR de Robert Rossen en 1947, pour citer l’essentiel). C’est certain, au terme des années 40, le film de boxe est devenu un véritable sous-genre du Film Noir, voire un genre à lui tout-seul…

Le précurseur indépassable !

Les références qui vont suivre ne correspondent pas à une vérité universelle, mais uniquement à un ressenti personnel. Bien qu’ils ne soient pas les premiers, et qu’ils soient loin d’être les seuls, les deux films de Robert Wise me semblent particulièrement fédérateurs, surtout lorsque l’on regarde du côté des succès les plus populaires et du côté des comics !

Au cinéma, comme stipulé plus haut, il parait évident que le Rocky balboa de Sylvester Stallone et John G. Avildsen est totalement inféodé au dyptique de Wise. Et même, si l’on regarde encore un peu plus loin, on peu également ressortir du placard LA TAVERNE DE L’ENFER, film un peu tombé dans l’oubli que Stallone écrit et réalise deux après le premier ROCKY.

Que notre étalon italien reprenne le prénom du héros de MARQUE PAR LA HAINE n’est pas un simple hasard, tant le premier ROCKY semble être quasiment un remake anonyme (puisqu’il ne s’agit pas d’un biopic) du film de Robert Wise. Quant aux matchs de la saga des Rocky, impossible de ne pas y voir l’héritage de NOUS AVONS GAGNE CE SOIR, puisqu’on y retrouve cette intensité et ce lyrisme proche d’un combat de gladiateurs !

De Rocky Graziano à Rocky Balboa, il n’y a qu’un pas !
© United Artists

Et puisque l’on parle de biopic, il est bien évidemment impossible de songer au sublime RAGING BULL (1980) de Martin Scorcese, qui retrace la vie du boxeur Jake LaMotta, sans en faire un héritier direct de MARQUE PAR LA HAINE, qui retraçait celle de Rocky Graziano.

Cette tendance aux biopics sur le monde de la boxe va d’ailleurs devenir une constante dans l’histoire du cinéma. Et l’on retrouve cet héritage en 2001 dans Ali, de Michael Mann, en 2003 dans FIGHTER (biopic sur Micky Ward et Dicky Eklund, avec Mark Walhberg et Christian Bale, par Daren Aronowsky) et même dans MILLION DOLLAR BABY (Clint Eastwood, 2004), puisque le scénario se base sur les nouvelles semi-autobiographiques de Jerry Boyd, un ancien soigneur professionnel de boxe. Bref, ce ne sont pas les exemples qui manquent !

Le biopic dans le monde de la boxe : Un genre à part entière ?
© United Artists

Mais remontons à l’année 1931. Dans LE CHAMPION de King Vidor, il est question d’un père, ancien champion de boxe séparé de sa femme, qui élève seul son fils. Alors qu’ils vivent tous deux dans la misère et par amour pour son fils, le père décide de reprendre les gants, pour lui assurer un avenir. Et ça va mal finir…

Il suffit de coupler ce pitch à celui de NOUS AVONS GAGNE CE SOIR, dans lequel un boxeur, pour son match ultime, refuse de se coucher face aux directives de la pègre, et à MARQUE PAR LA HAINE (qui explore la relation entre le fils et son père qui l’exhorte à faire quelque chose de sa vie) pour reconnaitre le début d’une série de comics de super-héros désormais culte : DAREDEVIL.

Lorsque Stan Lee et Bill Everett créent le personnage de Matt Murdock (Daredevil) en 1964, les films de boxe sont très à la mode, en même temps que les drames sur l’adolescence (depuis LA FUREUR DE VIVRE, évidemment). Il n’est donc pas surprenant que les origines de Daredevil, en dehors de leur cadre super-héroïque, piochent une partie de leur substance dans ce type de cinéma. Et c’est le cas !

1964 : « Battlin » Jack Murdock : Le père de Daredevil ou la tragédie de la boxe !
© Marvel Comics

Comme toujours avec les comics de l’âge d’or et de l’âge d’argent (des années 30 aux années 60), les événements de ce type sont racontés en seulement quelques vignettes. Mais la mythologie est en marche ! Et cet héritage offert par les films de Robert Wise et consorts va marquer l’inconscient collectif. L’épisode de « Battlin » Jack Murdock va ainsi devenir un élément indissociable du mythe Daredevil, au point d’être repris à maintes reprises (par exemple, dans DAREDEVIL L’HOMME SANS PEUR, de Frank Miller), jusqu’à générer, en 2007, une (excellente) mini-série presque entièrement dédiée au match de boxe du père de Têtes à cornes : DAREDEVIL : BATTLIN JACK MURDOCK !

Sur un scénario de Zeb Wells et des dessins de Carmine Di Giandomenico, le récit sonne comme un vibrant hommage aux classiques du film de boxe, avec bien évidemment MARQUE PAR LA HAINE, NOUS AVONS GAGNE CE SOIR et LE CHAMPION en première ligne, dans un décorum similaire à celui des films, au cœur du quartier de Hell’s Kitchen, le quartier pauvre de Manhattan. Cet hommage aux classiques de l’âge d’or d’Hollywood offrant d’ailleurs au récit une dimension rétro tout à fait cohérente.

A noter enfin, et c’est très amusant lorsque l’on sait à quel point les fans le détestent, que le film DAREDEVIL de Mark Steven Johnson (2003) est entré dans le club des « films de boxe » dans la plupart des listes du cinéma de genre…

Le jeune Matt Murdock sera à jamais « marqué par la haine »…
© Marvel Comics

Je dois néanmoins le confesser : Je ne suis pas un fan de boxe. Et je ne connais probablement pas le millième des œuvres sur la boxe qui ont pu écumer, depuis des lustres, les mediums confondus de la littérature et de la bande dessinée. Mais j’ai toutefois toujours appréhendé le sujet avec un réel intérêt dans le cadre de la fiction, qu’elle soit littéraire ou cinématographique. C’est qu’il y a quelque chose, une notion, de l’ordre de la « mythologie » dans l’univers de la boxe. Le combattant légendaire, la tenue iconique avec ses gants et sa serviette colorée, le fameux « gong » et toute sa symbolique tragique. Avec le recul, il n’est pas du tout étonnant que cette composante de la fresque humaine héroïque ait été mise en scène dans le domaine des comics, si prompts à verser dans l’héroïsme, la tragédie et la mythologie. Pour preuve : Le match légendaire entre Mohamed Ali et… Superman !

J’ai d’ailleurs longtemps fantasmé sur un comic-book semblant lorgner sur le sujet de manière ultime : SUPER BOXERS, que j’apercevais sur le quatrième de couverture de mes STRANGE de l’époque ! Est-ce que ce graphic novel publié chez Marvel Comics dans les années 80 était bien, ou au contraire était-il nul ? Pendant des décennies, cette question taraudera mon esprit tourmenté par le gong, jusqu’à ce que je me décide à chiner les bouquinistes et que je finisse enfin par dénicher la chose, et la lire !

SF et mythologie de la boxe.
© Marvel Comics, LUG

Publié initialement en 1984 sur un scénario de John Byrne et un dessin de Ron Wilson, SUPER BOXERS reprend l’esprit des films post-apo de l’époque dans le fond, et les comics de Frank Miller dans la forme, la narration faisant la part-belle aux soliloques et aux cartouches de texte sur fond jaune, qui s’adressent ici directement au lecteur, l’invitant à pénétrer le récit et à s’immerger dans la description des sons et des odeurs.

Evidemment, ni Byrne ni Wilson ne sont Miller et leur travail souffre immédiatement de la comparaison en termes de découpage, de dialogues et tout simplement de classe et de style, pour un résultat parfois naïf malgré une volonté de proposer une lecture plus adulte que la moyenne des comics Marvel. Mais c’est un bon comic-book de SF, haut en couleurs et solidement charpenté, qui fournirait sans conteste un bon matériel pour une éventuelle adaptation cinématographique.

L’ensemble restitue bien la mythologie du monde de la boxe (le surhomme, les bas-fonds, les paris, la pègre, ). Pour le reste, le récit est mâtiné de SF anticipationnelle et fait écho à cette littérature et à cet univers dont Lee Bermejo s’inspirera pour son superbe SUICIDERS.

A l’arrivée, SUPER BOXERS est une fiction SF plus proche d’un ROLLERBALL que de MARQUE PAR LA HAINE et NOUS AVONS GAGNE CE SOIR. Qu’importe. La fascination que cette bande-dessinée a longtemps exercée dans mon inconscient, alors que je ne l’avais jamais lue, ne vient pas de nulle part. Elle vient du cinéma. Elle vient de Robert Wise…

Avec la casquette et la clope, comme Paul Newman….
© Marvel Comics

La BO : War On Drugs : UNDER THE PRESSURE

S’il y en a bien qui sont sous la pression, ce sont les boxeurs dans l’imaginaire classique !

29 comments

  • Présence  

    Jack Murdock / Tornado strikes back!!!

    Des critiques de films très intéressantes : j’ai en particulier beaucoup aimé l’analyse de la présence des marqueurs qui égrainent les 72 minutes dans Nous avons gagné ce soir. Impressionnant comme dispositif narratif. L’attente dans les vestiaires est également un dispositif presque cruel.

    Marqué par la haine : bien joué la référence à James Dean, au bénéfice de Bruce. 🙂

    Stan Lee s’inspirant sans vergogne d’un ou plusieurs films ?!? J’ai du mal à y croire. 🙂

    Super-boxers : une belle couverture, mais le nom de Ron Wilson (et le pris à l’époque de sa sortie) m’a dissuadé d’aller voir de plus près, et je ne l’ai jamais lu (une des rares exceptions où j’ai résisté à la tentation 🙂 ).

  • Ludovic  

    Robert Wise fut longtemps snobé par une certaine critique, son style pas forcément identifiable, crédité d’un certain académisme (alors qu’Orson Welles devint la figure symbole de l’Auteur avec un grand A) et son côté touche à tout ne facilitant pas les choses. C’est quand même le type qui peut passer de WEST SIDE STORY en Scope et en couleurs à LA MAISON DU DIABLE en noir et blanc avec un budget plus modeste puis à LA MÉLODIE DU BONHEUR avec Julie Andrews qui chante dans la cambrousse autrichienne. Il a offert pourtant de nombreux classiques dans plein de genres différents, le film noir, la fantastique, la science fiction, la comédie musicale, le film de guerre…

  • zen arcade  

    Merci pour ce très chouette article. Clair et détaillé dans la description et l’analyse des films et fouillé dans la remise en contexte et les liens avec les comics.
    Je n’ai vu aucun des deux films de Wise et ton enthousiasme m’a clairement donné envie de découvrir The set-up. Marqué par la haine par contre m’intéresse beaucoup moins.

  • JB  

    Merci pour cette présentation. Je ne connais pas ce pan de la filmo de Robert Wise, dont j’ai surtout vu West Side Story, la Maison du Diable ou encore Star Trek
    Outre une belle analyse, les comparaisons sont intéressantes avec les comics. Je serai tenté d’y ajouter le manga Ashita No Joe, dont le héros, boxeur, vient d’un bidonville, passe par la case prison/maison de redressement avant de grimper les échelons.
    C’est amusant de comparer les 2 affiches utilisant le ring de Nous avons gagné ce soir et de Marqués par la haine, qui semblent se répondre l’une l’autre (la première se focalise sur le boxeur à terre, l’autre sur le vainqueur debout. Je trouve même que cette dernière annonce même une décennie en avance la fameuse photo de la victoire de Mohammed Alo sur Sonny Liston)

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Tornado.

    Mazette en voilà un article passionnant sur deux films qui me sont inconnus, à mon grand désespoir à te lire.

    Comme tu le signales on pourrait en écrire des km de ligne sur les films sur la boxe. Je me permets d’en citer d’autre :

    – LE BAISER DU TUEUR de Stanley Kubrick, réalisé 1 an avant Marqué par la haine.

    – DE L’OMBRE A LA LUMIERE de Ron Howard qui raconte le come back retentissant du vieillissant Jim Bradock en plein dépression.

    – Ou encore le personnage de Butch (Bruce Willis) dans PULP FICTION.

    Côté comics, on peut signaler, avant Matt Murdock, le personnage de Ted Grant dit Wildcat dans la JSA de DC Comics. Mais il n’a pas le même impact que DD.

    Ton article m’a également permis de découvrir, Battling Jack Murdock, récit passé sous mon radar. Je vais me pencher sérieusement dessus.

    Je me suis une nouvelle fois régalé de tes analyses des films, notamment sur les focus sur la mise en scène mais aussi les petits à côté, le tout sur une prose que j’ai trouvé très inspirée et percutante.

    La BO : à ré écouter, plus au calme (morceaux long)

    • zen arcade  

      « Comme tu le signales on pourrait en écrire des km de ligne sur les films sur la boxe. Je me permets d’en citer d’autres : …. »

      Fat city de John Huston, à ne pas manquer mais vision très glauque et désespérée du milieu de la boxe avec l’esthétique 70’s qui va bien avec.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Bien vu. Un bon souvenir en effet de FAT CITY.

      • Tornado  

        J’ai regardé FAT CITY.
        Effectivement c’est d’un glauque rarement égalé dans le genre. À revoir car je ne suis pas certain d’avoir saisi toute la profondeur du sujet ni le plan étrange à la fin avec le panoramique qui balaye le bar en revenant sur le visage dégueulasse de Stacey Keach en gros plan.
        En tout cas les acteurs sont assez incroyables, avec une Susan Tyrrell effrayante de déchéance abyssale et d’un autre côté un jeune Jeff Bridges tout mignon ! Et c’est cool de découvrir un autre film du grand John Huston.

  • Tornado  

    Merci pour les retours et pour les suggestions d’autres oeuvres en parallèle qui complètent très bien le panorama ! 👍👍👍

    Je suis un inconditionnel de Robert Wide depuis l’adolescence. Il fait partie des cinéastes qui m’ont marqué, ont défini mes goûts et ma cinéphilie. À la liste de films que vous aves cités, j’ajouterai (pour ceux que je connais et qui m’ont également marqué) LA MALÉDICTION DES HOMMES-CHATS, LE RÉCUPÉRATEUR DE CADAVRES, LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA, LA CANNONIÈRE DU YANG-TSÉ.

    • Tornado  

      Robert WiSe (punaise de faute de frappe qui vient tout de suite foutre en l’air le sérieux de la chose) ! 😀

      • JB  

        Mais non, le lapsus montre simplement l’étendue de son talent et la large diversité de son œuvre ^^

  • Jyrille  

    Un très bel article à la fois enflammé et profond, structuré et large. Je n’ai toujours pas vu les films de Wise dont tu as déjà parlé je ne sais plus où sur un autre article du blog, mais parmi ceux que tu cites j’en ai vu quelques-uns, mais vraiment peu, et sans doute les plus connus : ROCKY, ALI (meilleur film et meilleru rôle de Will Smith à l’aise), RAGING BULL et MILLION DOLLAR BABY.

    Tu donnes très envie et en effet, l’héritage sur les comics et Daredevil en particulier est indéniable. Je dois encore regarder les vidéos que tu as mises en illustration mais une question se pose déjà : comment je fais pour les voir sans me ruiner, ces films ?

    La BO : pourquoi je ne suis pas étonné que tu aimes ce groupe ? 🤣 Bon c’est pas désagréable de toute façon. Je ne sais plus si tu as déjà essayé d’écouter Wilco ?

    • Tornado  

      Merci copain !
      Je n’ai pas encore bien intégré la disco de Wilco. À voir.
      « Comment je fais pour les voir sans me ruiner, ces films ? » Un informaticien comme toi ne sait pas où chopper les vieux films ? 🙂 Si y en a que tu veux vraiment voir, tu contactes Bibi, je te les files en mp (ce message s’autodétruira dans approximativement…)… 😉

      • Jyrille  

        Ah ah merci pour les conseils mais bon…

  • Jyrille  

    Et sinon je n’ai pas beaucoup de références sur la boxe dans d’autres médias mais Blutch en a fait deux ou trois histoires très courtes qu’on peut trouver dans son Mish Mash

    google.com/search?q=blutch+boxe+&tbm=isch&ved=2ahUKEwjJ6PWqhaWBAxX6yQIHHRRSC0QQ2-cCegQIABAA&oq=blutch+boxe+&gs_lcp=CgNpbWcQA1DRCFjRCGD6CmgAcAB4AIABTYgBlwGSAQEymAEAoAEBqgELZ3dzLXdpei1pbWfAAQE&sclient=img&ei=SVUAZYmgEfqTi-gPlKStoAQ&bih=703&biw=1290&rlz=1C1ONGR_frFR969LU970#imgrc=5RXyVomBEdCOEM

    • Jyrille  

      sundaycomicsdebt.blogspot.com/2016/06/dont-box-me-in.html

  • Bruce lit  

    Un exercice de littérature comparée comme je les affectionne et sans doute l’un des premiers publié sur Bruce Lit si ma mémoire est bonne.
    J’ai maintenant tout ce qu’il faut à la maison pour me mater dans conditions optimales MARQUE PAR LA HAINE, ne serait-ce que pour voir le film et l’imaginer joué par Dean avec Pier Angeli en plus !
    Allez je me jure de me trouver ça dans les 6 mois qui viennent !
    Je n’ai pas lu SUPER BOXERS non plus mais je te trouve un peu dur avec Byrne qui est à mon sens un auteur aussi complet que Miller capable de dialoguer-écrire et dessiner.
    La BO : euh….

    • Tornado  

      Pas d’accord pour Byrne (Dessin : oui, dialogue/écriture : Pfffff………. 😅).
      Vivement ton retour sur le film. Moi-même, tu m’as motivé pour tenter de le revoir avec l’idée d’imaginer Dean à la place de Newman.
      La première fois que j’ai vu ce film, je devais avoir 10 ans. Mon père en était fan (il l’avait vu enfant à sa sortie et avait été fortement impressionné) et on l’avait regardé religieusement le soir où il passait. À dix ans, je l’avais trouvé également impressionnant de noirceur. Il l’est beaucoup moins aujourd’hui, bien sûr. Mais il reste un classique fédérateur.

  • JP Nguyen  

    J’ai une question et Bruce n’y répond qu’à demi-mot dans son commentaire : cet article est-il un reboot/revamp d’un article publié il y a quelques années sur le blog ?
    Parce que j’aurais juré en connaître des passages et je l’avais même cherché pour le mettre en lien lors de la rédaction d’autres articles sur la boxe (SLOTS) ou avec un schéma narratif similaire (REDLINE, un animé de courses de voitures avec compétition arrangée par la mafia…)
    Pitié, répondez-moi, j’ai l’impression que la sénilité précoce me frappe…

    Anyway, comme souvent, ton enthousiasme est communicatif et il faudrait que je me débrouille pour voir le film avec Newman, qui est un acteur que j’aime bien (mais je ne le connais principalement que via L’arnaque, Butch Cassidy et Luke la main froide…)

    • Présence  

      Merci pour la question : j’ai éprouvé la même sensation concernant le passage sur Nous avons gagné ce soir.

    • Tornado  

      C’est effectivement, à la base, un ancien article.
      Il avait sauté après les soucis de Bruce avec les droits d’auteurs sur les photos.
      J’en ai profité pour lui demander de le refaire entièrement. Il a accepté.
      Je l’ai donc remanié, entièrement réécrit et augmenté du passage sur le comic book SUPER BOXERS. Et j’ai évidemment revu toute l’iconographie.
      C’est donc à la fois un ancien et un tout nouvel article, tout comme celui sur Clint Eastwood, et celui à venir sur WISH YOU WERE HERE, que Bruce plubliera probablement lorsque certains d’entre vous auront survécu à leur overdose d’articles sur Pink Floyd… 😉

      • Jyrille  

        Ah ah dans onze mois alors ?

  • Matt  

    Robert Wise c’est très bien.
    Et c’est surement de bons films.
    Après moi la boxe…m’en fous un peu. J’ai fait l’exception pour Million Dollar Baby et c’était cool. Après je me vois pas m’enfiler des kilometres de films de boxe.
    Je suis plutôt « la maison du diable », « Star Trek the movie » « le jour ou la terre s’arrêta » « west side story » « le mystère andromède »…bon en gros surtout SF/épouvante, on se refait pas^^

    Je ne doute pas que je pourrais aimer des trucs dans cette sélection mais bon j’ai tellement d’autres trucs à voir aussi…

    • zen arcade  

      Perso, je déteste la boxe mais force est de constater qu’au cinéma c’est un formidable vecteur dramaturgique qui peut servir de métaphore puissante pour plein de choses.
      C’est comme le cirque par exemple, ça me gonfle à un point pas possible mais des films sur le cirque, y en a un paquet de magnifiques.

      • Tornado  

        « le cirque par exemple, ça me gonfle » : Même le cirque contemporain ? J’ai vu de magnifiques spectacles en cirque contemporain, certains parmi les plus beaux de notre époque.

        • zen arcade  

          Je ne sais pas. Ca m’intéresse tellement peu.
          C’est comme le théatre, ça m’ennuie.
          Même le côté spectacle dans les concerts rock, ça m’emmerde. Quelques spots et des musiciens sur scène, ça suffit largement.
          Je ne suis pas cablé pour apprécier ça. C’est sans doute dommage mais c’est comme ça.

          • Tornado  

            J’aime beaucoup aller au théâtre, à l’opéra et au cirque contemporain, quand j’en ai l’occasion. Les deux plus beaux spectacles que j’ai vus de ma vie, ont été LE FANTÔME DE L’OPÉRA d’Andrew Lloyd Webber à Broadway et un spectacle au Crazy Horse à Paris. J’ai encore préféré ça à tous les concerts de musique que j’ai vu, même si certains étaient exceptionnels.
            Après, c’est sûr qu’un bon concert de jazz, intimiste, ça n’a besoin de rien d’autre que de quelques mecs qui jouent dans la nuit rien que pour toi…

  • zen arcade  

    J’ai regardé The set-up hier et c’est en effet vraiment très très bien.
    Le film est d’une efficacité redoutable, sec et sans gras comme j’aime.
    Tu décris très bien toutes ses qualités.
    Bon, contrairement à toi, Robert Ryan est un acteur que j’affectionne souvent beaucoup mais nous sommes d’accord pour dire qu’ici son interprétation est remarquable.
    La seule chose que je pourrais reprocher au film, mais c’est pour chipoter, c’est l’abondance de plans de coupe très répétitifs sur le public lors du match (la sadique, le gros qui bouffe, l’aveugle, le gars qui écoute le match de base-ball à la radio,…).

    • Tornado  

      Merci pour ton retour. J’avoue qe je n’avais aucun doute sur le verdict ! 🙂

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