La revanche tardive de Matt Murdock (La chute du Caïd)

Last Rites par DG Chichester et Lee Weeks

Un album français collector !

Un album français collector !©Marvel Comics

1ère publication le 08/12/15- Mise à jour le le 29/08/17

Article de BRUCE LIT

VO : Marvel

VF : Semic

Last Rites correspond aux numéros 296 à 300 de la série Daredevil. Il s’agit de la conclusion de la saga Born Again de Frank Miller et David Mazzucchelli publiée 6 ans auparavant dans les numéros 226 à 233. 

Le scénario est signé DG Chichester, Lee Weeks est chargé des dessins et des couvertures secondé par Al Williamson à l’encrage.  Cette histoire est à situer chronologiquement juste après la fin du run d’Annie Nocenti où Matt Murdock se réconcilie enfin avec Foggy Nelson.

En France, Last Rites a été publiée par Semic sous le nom : La chute du Caïd.
Non réedité par Panini, il s’agit d’un album difficile à trouver car vendu à l’époque uniquement par correspondance (vous n’y trouverez pas de code barre). L’album reproduit à la fin les couvertures originales mais le plaisir de lecture est quelque peu gâché par un thermocollage supra-fragile (il s’agit de mon deuxième exemplaire en 20 ans) et par la traduction de Geneviève Coulomb (non créditée, mais reconnaissable entre mille par ses expressions pénibles) qui officiait déjà pour Semic avant de massacrer les intégrales Panini.

Vengeance is mine !

Vengeance is mine ! ©Marvel Comics

Voici une histoire injustement méconnue. D’abord, parce que difficile et chère à se procurer. Ensuite, parce que dans la litanie des meilleurs moments de DD, ce sont toujours les mêmes noms qui reviennent: Miller, Bendis, Nocenti ou Smith. Pourtant, cette histoire est indispensable à la continuité du justicier aveugle puisque le règlement de compte final entre le Caïd et DD s’y déroule.

On se rappelle qu’à la fin de Born Again, Matt Murdock se baladait avec sa donzelle au bras, souriant et détendu après ses épreuves. Certains y virent un signe de maturité du personnage, Matt renonçant à la vengeance voire à son existence de Super Héros. D’autres, plus classiques, attendaient avec impatience la revanche de notre ami envers celui qui avait bousillé sa vie.

Comme un air de Mazzucchelli !

Comme un air de Mazzucchelli ! ©Marvel Comics

Lorsque Chichester entame ces derniers rites, son cahier des charges est effrayant ! Il ne dispose que de 4 épisodes pour un retour au statu quo ! Il s’agit de passer derrière Miller et Mazzucchelli tout de même ! Et de raconter un match retour attendu depuis 6 ans. Et il faut aussi tenir compte du run de Nocenti qui aura mené Matt aux frontières de la mort !
Murdock doit donc: 1/ Fumer Wilson Fisk, 2/ Reconquérir Karen Page qu’il avait cocufiée, 3/ Retrouver sa licence d’avocat 4/Rester un héros malgré sa vengeance. Mazette ! Il s’agit bien d’un récit de reconquête au sens littéral comme symbolique.

De ce côté Chichester ne gruge pas, il se soustrait à toutes ces taches et bien plus ! Il convoque aussi Typhoïde Mary pour un chapitre inoubliable, Nick Fury et l’Hydra ! Peter Parker fait un caméo et il est  par contre dommage que Ben Urich, personnage secondaire indispensable de Born Again ne soit pas de la partie. Tout comme Glorianna O’Breen.

Ce qui est frappant dans cette histoire, c’est que Chichester ne se contente pas d’une baston entre le héros et le vilain. Matt Murdock commence en fait une partie d’échec aussi perverse que celle que Wilson Fisk lui imposa. L’histoire garde en fait le même schéma en commençant par une femme. Le talon d’Achille de Fisk reste en effet Vanessa Fisk qui conservait la bribe d’humanité du vilain. Celle-ci n’apparaît jamais physiquement pendant Last Rites mais hante chaque page où le Kingpin apparaît. Ce sera d’ailleurs le motif de sa chute. Alors que Karen Page précipitait celle de Murdock en révélant son secret, il y avait suffisamment d’amour et de confiance pour que celle-ci se rachète et aide le héros dans sa renaissance.

Une des grandes scènes de l'album qui n'en manque pas

Une des grandes scènes de l’album qui n’en manque pas©Marvel Comics

Pour Wilson Fisk, la chute est aussi symbolique que réelle. Il est cette masse, ce corps imposant qui écrase à la fois tout sur son passage et que personne ne peut rattraper. Lorsqu’abandonné de tous, il sombre à son tour dans la paranoïa, le lecteur a un goût amer dans la bouche. Fisk est un pauvre mec tragique, écrasé de solitude, qui a raté sa vie en voulant la gagner. Jamais Chichester ne le victimise ou n’excuse ses actes. Il le gratifie simplement de flashbacks de son enfance expliquant sa plongée dans la violence.

Alors que Fisk est humanisé, Chichester joue l’équilibriste avec Murdock. Le lecteur doit garder son empathie envers le héros qui mérite sa vengeance. Il est pourtant inquiétant par moment. En ouverture, il plaisante même avec Fisk. Hilare, il ironise sur ses recherches d’emploi et son appartement détruit. C’en est trop pour Fisk qui n’a plus de prise sur cet homme sans peur qui vient le titiller de manière perverse.
Cette perversion est d’ailleurs totalement assumée par Murdock. Pour renverser le monstre, il n’est d’autre choix que de devenir monstre à son tour. Murdock fabrique de fausses preuves, manipule sexuellement Typhoïde Mary, ment à la justice pour détruire son ennemi. Le talent de Chichester nous permet de goûter à l’ironie de la chose: pour redevenir avocat, Matt Murdock triche avec la justice.

Matt sait qu'il a dépassé les bornes (again) !

Matt sait qu’il a dépassé les bornes (again) ! ©Marvel Comics

Pour autant, le lecteur garde son capital d’empathie pour Murdock. Il s’agit d’une perversion au service du plus grand nombre, de détruire un homme pour que tous puissent vivre. A chaque étape de sa vengeance, Murdock est représenté comme parfaitement conscient des infractions qu’il commet, des barrières morales qu’il franchit et de son dégoût. Il est représenté en train de vomir après sa trahison de Mary et à la fin, alors qu’il a enfin vaincu son ennemi, il reste silencieux, immobile, grave. La fin justifiait les moyens mais Murdock est hanté par l’immoralité de ses actes.

Chichester met donc en scène une partie d’échecs impitoyable sous fond de financement d’une chaîne TV par des terroristes. A l’inverse de Miller-Mazzucchelli, il ne dispose que de 4 épisodes au lieu au lieu des 8 de Born Again. De ce fait, le rythme peut paraître parfois saccadé, l’intrigue politique incomplète et la descente aux enfers de Fisk moins éprouvante que celle du Diable rouge.  Certains artifices de narration sont aussi agaçants comme l’implication du SHIELD qui kidnappe Murdock pour le manipuler alors qu’un coup de téléphone aurait suffi. Ce passage permet néanmoins à Chichester un peu d’action super héroïque. Soit.  Matt n’enfile après tout son collant qu’en de rares occasions.

Par contre l’intrigue finale concernant John Gould, le chauffeur de taxi mort de Born Again est totalement bidon. Ainsi donc, Fisk aurait gardé pendant des années les empreintes de Murdock sur une arme de crime sans vouloir s’en servir ? Fisk ne s’en rappelle qu’au moment où il doit affronter notre héros au plus profond du trou ? C’est embarrassant. Tout comme le procès de Fisk qui ne dure qu’une page.

DD en diable grimaçant

DD en diable grimaçant ©Marvel Comics

Agréablement illustré par Lee Weeks qui synthétise les dessins de Mazzucchelli et ceux de JrJr époque Nocenti (mais qui fait montre d’une paresse surnaturelle dans la représentation du sens-radar), Last Rites reste une histoire de qualité que je lis toujours avec plaisir et qui ne cède pas à la facilité. Comme DD, Wilson Fisk mettra plusieurs années à remonter la pente et retrouver son empire (il apparaîtra ainsi dans les Xmen de Lobdell au Japon dans un épisode loupé avec Shang-Chi).

Cette chute du Caïd ne rivalise jamais avec Born Again (mais qui peut se permettre de tutoyer un tel chef d’oeuvre ? Même Frank Miller lui-même sera à la traîne pour Man without Fear !). Il n’en demeure pas moins qu’en moins de 110 pages, DG Chichester tient son lecteur en haleine et offre à ses personnages un affrontement aussi bien physique que psychologique à la hauteur de leur réputation. Il s’agit de l’affrontement du Diable représenté par Fisk (déjà dans l’iconographie de Born Again) face à un Machiavel déguisé en Démon (Matt).  Cette vengeance est âpre, froide, amère. Lorsque Fisk sanglote aux pieds du héros qui déclare lui pardonner toutes les interprétations sont possibles : pardon sincère de Matt, héros chrétien ? pulsion sadique visant à humilier Fisk ? introspection de Matt qui se pardonne à lui-même ?

Après s’être acquitté de son contrat, Chichester reviendra sur le personnage pour Fall from grace, autre moment clé de la continuité du personnage, aussi passé dans l’oubli avec le temps. Décidément !

La page controversée de l'album !

La page controversée de l’album ! ©Marvel Comics

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Et alors, quand est-ce qu’il l’a prend sa revanche contre le caïd Matt Murdock ? Parce que mine de rien, entre Born Again et La chute du Caïd, il se sera passé six ans ! L’attente fut-elle à la hauteur de l’espérance suscitée ? Last Rites de DG Chichester et Lee Weeks sous le radar de Bruce Lit.

La BO du jour : A peine moins joyeux que Matt Murdock, le métal dépressif et glacé d’Alice in Chains

54 comments

  • JP Nguyen  

    Mon exemplaire aussi tombe en morceaux… Cet arc mériterait bien une petite réédition.
    Je suis plutôt en phase avec ta chronique que ce soit sur les points forts ou faibles de l’histoire. Lee Weeks livre un bon travail mais manque encore d’expérience et de personnalité. Du coup, on a effectivement un mix entre JR Jr (peut-être renforcé par l’encrage de Williamson) et Mazz (Typhoid et DD sous la pluie rappellent Matt et Karen dans la neige), pas désagréable à regarder mais sans « patte » véritable.

    « Je te pardonne ». Avec les pavés de texte qui accompagnent cette déclaration, cela m’a toujours semblé être un pardon « religieux », en ligne avec Matt le catholique…

  • Patrick 6  

    C’est vrai que cet arc est « sympa » (enfin toujours mieux que l’illisble « Fall from grace ») mais au final quand l’heure du grand ménage est arrivé j’ai revendu tous les comics (VO) de cette période !
    Je n’ai pas gardé de souvenirs impérissables de cet arc qui comme tu le soulignes était un peu rapidement expédié.
    Quoi qu’il en soit cette histoire méritait bien un article vu que pour moi c’est la dernière bonne histoire de Daredevil avant…. longtemps ! (Quesada ?)

  • PierreN  

    @Patrick 6: Avant Quesada, il y a le run de Kesel qui a servi d’inspiration à Waid pour sa relance à succès avec une approche moins sombre et plus optimiste.

  • phil  

    A peu près d’accord sur tout aussi
    je ne l’ai jamais relu depuis sa sortie en single us mais j’ai le souvenir d’une histoire trop attendue en terme de dénouement (ce pardon religieux me semblait à la fois pompeux, téléphoné, caricatural et cucul la praline)et surtout gâchée par le Shield
    les dessins sont très bons, même si loin de ce que saura faire Weeks plus tard
    Hate de lire quelque chose sur fall from Grace car TOUS les épisodes dessinés par McDaniel me laissent un goût très amer de nullité, mais ca mériterait relecture peut être

      • phil  

        Aie, entre un des guests à toutes les sauces, un costume pourri et des dessins qui ne plaisent pas j’ai bien peur que ton article, réhabilitant pourtant presque les histoires, ne parvienne pas à me faire ressortir ces singles de leur pile

  • Tornado  

    Tu m’as donné envie de le lire. Il y a une collection Panini qui justifierait complètement la réédition de cet arc en quatre épisodes : La revue MARVEL CLASSIC. On devrait peut-être leur suggérer avec l’arrivée de la saison 2 sur Netflix (ils ont prévu un « mois DD » en mars 2016 à cette occasion).

    J’aime beaucoup Lee Weeks, classique mais (presque) toujours impeccable. Il a écrit quelques trucs sur Spiderman, tout seul comme un grand et qui sont vraiment chouettes. J’en prépare un pour le blog, à plus ou moins long terme (si ça intéresse le patron).

    J’ai quant à moi revendu tous les Daredevil post Brubaker et même les deux derniers du bonhomme (Lady Bullseye et Le Retour du Roi), qui faisaient partie de la saga Shadowland. En gros j’ai tout revendu après l’arc CRUEL ET INHABITUEL.
    Du coup il ne me reste que les runs de Miller, Smith, Bendis, Mack et Brubaker.

    J’ai essayé du Nocenti après les commentaires de Bruce et je n’ai pas trop accroché avec le style narratif old-school de la scénariste. J’ai trouvé que c’était trop naïf et ampoulé après le passage de Miller.
    Par contre j’ai gardé l’arc de Bob Gale qui se situe juste avant le run de Bendis.
    Dois-je lire « End Of Days » ?

  • Présence  

    Tout du long de l’article, je me suis demandé si j’avais lu ces épisodes ou non. Ce n’est qu’en arrivant au détail relatif à l’arme du crime que je m’en suis souvenu.

    Je suis épaté que les scénaristes aient pu tenir 6 ans sans que Wilson Fisk ne repointe le bout de son nez.

    • Nikolavitch  

      Fisk est derrière Typhoïd Mary, dans le run de Nocenti. mais il est beaucoup plus prudent.

      Last Rites, je me demande si c’est pas le seul bon truc de Chichester que j’aie lu (avec peut-être un Ghost Rider /Cap lui aussi dessiné par Weeks, de mémoire). C’est efficace et bien mené, malgré quelques ficelles que relève l’article, à cent lieues du Fall From Grace qui invente les scénars à la Loeb avec un guest random par épisode.

      • Eddy Vanleffe  

        C’est vrai ça, le coup du guest…^^ que foutent Gambit et Venom la dedans?
        maiis ce que OUT doit à cet arc, il ne doit pas être si mauvais…

        • Nikolavitch  

          ou Out essaie de refaire correctement ce que cet arc avait salopé ?

          • Eddy Vanleffe  

            Peu m’importe que le remake soit mieux foutu ou plus actuel, ça reste une histoire que j’avais déjà lue…

  • Bruce lit  

    @Tous
    désolé pour la réponse tardive ! Donc, Tornado, il me semblait avoir été clair: End of Days est encore une lamentable bendiserie : voir ici . Je suis plutôt d’accord sinon. La narration de Nocenti quoique d’excellente facture est parsemée de tics d’écritures old school. Mais j’y reste très attaché. J’aime beaucoup aussi l’histoire de Bob Gale. A ce propos JP, tu m’avais promis de t’en charger non ?

    @Présence: Fisk reste présent pendant tout l’arc de Nocenti puisque c’est lui qui embauche Typhoid MAry et qui continue de pourrir la vie de NY via l’affaire Kelco.

    @Pierre: oui, ça et le run de Joe Kelly annoncent celui de Waid: de l’humour, et des monstres. Mais pour l’avoir relu récemment, l’étincelle n’y est pas, les intrigues sont très plates et aucun moment d’anthologie….Effectivement, le run de Smith ressuscitera littéralement la franchise.

    • Présence  

      Oulala ! Vivement une réédition de ces épisodes parce que visiblement j’ai tout oublié. En lisant ta précision, je me souviens effectivement que Fisk l’a embauchée. Je ne me souviens plus si elle a dû se battre contre Bullseye ou non ?

  • yuandazhukun  

    J’ai toujours bien aimé Last rites…et j’ai toujours le même exemplaire…j’ai aimé clore Born Again avec ces épisodes car les avis divergent bien entendu mais je n’ai pas aimé la dernière partie de Born again…Chichester sans avoir la maestria de Miller a pondu un truc sympa dans la continuité (aie le mot interdit !) de Daredevil…Ouais Nocenti c’est lourd j’ai encore les VI mais j’ai du mal à relire ca…Merci Bruce pour ce bel article qui me ramène quelques années en arrière…

    • Bruce lit  

      C’est surtout que les VI étaient imprimés sur du papier buvard complètement noirci, moisi avec le temps (va, tout s’en va)…

  • Jyrille  

    Houlala… Entre la note, le fait que ce soit introuvable et les dessins qui ont l’air effectivement un peu bancals, je vais allègrement passer mon chemin… Mais merci pour l’article et l’explication de la continuité de DD !

  • Sim Theury  

    Je trouve que les évènements tombent à rythme trop soutenu et l’ensemble manque d’un peu de finesse pour être pleinement apprécié. La chute du Kingpin, les motivations un peu artificielles de l’Hydra, la réhabilitation éclair de Matt Murdock …
    Miller avait effectivement parlé de la canne de Matt comme arme du crime du chauffeur de taxi.
    Et c’était une très bonne idée d’avoir récupérer cet élément passé à la trappe des événements de « Born Again » mais comment Matt était censé être au courant de son existence. Etait-il encore conscient avant d’être envoyé par le fond avec le taxi ? Une simple phrase suffit pour l’expliquer.
    Pourtant Chichester est très verbeux. Les cases accumulent des cadres de métaphores à rallonge qui écrasent les dessins et n’apportent pas forcément un plus pour la compréhension ou l’ambiance.
    Last Rites me semble néanmoins un hommage sincère de Chichester à la vision Millerienne du personnage. Et si on fait fi des défauts évoqués plus haut, « Last Rites » reste une bonne histoire avec de passages réussis comme le flashback sur l’enfance du Kingpin assez proche du milieu où a vécu Matt au final, le combat avec Typhoid, la scène du pardon de Daredevil à son ennemi …

    • Bruce lit  

      @Sim,
      Oui comme dit dans l article le manque de place pour developper une intrigue toffue est flagrant.Et le coup de la matraque est effectivement too much.

  • Matt  

    Je tiens à signaler que cet album m’est tombé des mains à cause de Coulomb. J’ai du lire 10 pages.
    Elle a beau ne pas délivrer sa pire performance de traductrice perchée, je n’ai pas supporté ses insupportables tics reconnaissables entre mille.

    • Bruce lit  

      Tu ne fais aucun effort aussi Matt 😉
      Je ne comprends pas que tu puisses être agacé par des « Toc, soirée désarmement » ou des « zou ! , c’est parti » prononcé par un Matt Murdock au bord de l’implosion….

  • Eddy Vanleffe  

    CHichester: un grand oublié chez DD, pourtant c’était plutôt une bonne période je trouve…
    il souffre du syndrome:
    Est-il le dernier bon scénariste avant Marvel Knights ou le premier mauvais?

    Last rites est vraiment sympa rien pour pour Lee Weeks…

    • Bruce lit  

      Est-il le dernier bon scénariste avant Marvel Knights ou le premier mauvais?
      Question intéressante Eddy. Je répondrais sans ambages que c’est le dernier bon pour ma part. Lorsque j’ai lu Last Rites, je reprenais les comics après 10 ans d’interruption. Le résultat est fluide, l’intrigue ambitieuse, les personnages reconnaissables et comme je le dis dans l’article, il y a de grands moments pour les personnages. Il parvient à rassembler des subplots laissés en jachère et faire le boulot de commande. Finalement, oui, pas mal de points communs avec Kevin Smith qui à défaut d’écrire l’histoire du siècle, sait se réapproprier la mythologie DD pour l’assaisonner à toutes les sauces. Et ce n’est pas un reproche, bien au contraire.
      Pour la suite, que ce soit avec Kessel ou Kelly, même si j’entends que le ton est donné pour le run de Waid, il manque l’étincelle, le truc attrayant et bondissant.

      • Eddy Vanleffe  

        Kelly refait équipe avec Gene Colan…ça aurait du faire naître l’interêt des fans, mais il semble que ça n’ait pas marché…

        j’ai feuilleté des DD de cette époque et je doit dire que si Heroes reborn/Return et Marvel knights sont arrivés, c’est pas pour rien…un peu comme en ce moment… Marvel est à un tournant…

      • Nikolavitch  

        Kessel, c’est un peu le retour aux intrigues un peu « soap procedural » des débuts de la série.

        • Eddy Vanleffe  

          il faudrait que je m’y intéresse à l’occasion…

  • Tornado  

    « massacrée par la traduction de Geneviève Coulomb (non créditée, mais reconnaissable entre mille par ses expressions pénibles) qui officiait déjà pour Semic avant de massacrer les intégrales Panini ».

    Je suis entrain de relire certains Strange de mon enfance (N°189 à 210, environ), et les épisodes de Spiderman exhalent déjà un parfum Coulomb. Je pense qu’elle était déjà là depuis un bail, en fait, et que son style… particulier, s’est radicalisé au fil des ans…

  • Matt  

    Le plus drôle avec Coulomb c’est que la tendance s’inverse, maintenant elle est intouchable parce que « c’est vilain de faire du bashing sur internet ».
    Marrant, on peut traiter Bendis et consorts de tacherons sans problème mais attention quand c’est une compatriote française, faut faire attention hein. Des fois que ça choque.

    En ce qui me concerne je trouve qu’il faudrait presque faire une liste de tout ce qu’elle a traduit pour pouvoir éviter ses traductions. Ce serait d’intérêt public. Et bénéfique à l’apprentissage de la langue française aussi.

    • Bruce lit  

      Oui, je l’ai aussi repérée sur lug, Coulomb.
      Sur le bashing Coulomb, je pense qu’il y a aussi un effet « tirez-pas sur l’ambulance » Matt. A l’inverse d’un Bendis qui lui, n’est pas traducteur, mais continue d’être le « plus grand scénariste du monde » (en ce qu’il écrit pour la maison d’édition la plus célèbre du monde) et qui se contrefout de la merde qu’il produit (il sera quand même l’invité du Comic-COn, et sur facebook, j’ai croisé des mecs tout jouasses qui allaient lui faire signer 50 exemplaires de ses bouquins), Coulomb a cessé d’oeuvrer. Son mauvais travail lui a valu d’être humiliée et blessée personnellement. Elle n’officie plus pour Panini qui a aussi de lourdes responsabilités dans cette affaire. Sans doute la plus grave : publier de la merde sans aucune relecture.

    • Eddy Vanleffe  

      Coulomb n’est pas intouchable, elle a surtout démissionné…
      Que veut-on de plus après ça?
      je veux dire à part engager Bullseye je ne vois pas.

      j’ai relu les trucs traduits par elle et effectivement, elle fait des choix assez drastiques avec une propension à utiliser l’argot daté.
      j’ai déjà dit que ça ne m’avais pas choqué du temps de Semic où il y avait une certaine norme la dessus.
      la passage chez Panini marque un tournant qui accentue cette tendance (elle doit pas être la seule impliquée d’ailleurs) où on a du demander aux traducteurs de moderniser le texte tout en donnant dans le côté époque sur le vintage. du coup c’est un vocabulaire, plus vulgaire, plus bizarre et plus outrancier qui ressort…sur un support censé être plus fidèle…un comble!
      ce n’est qu’avec les foudres du net que panini (et surtout hachette) semble revenir sur certains errements.
      Coulomb ne me semble pas par contre faire carrément des couillonnades de sens comme j’ai pu en lire ailleurs

      on est trop extrême sur le net en général, Bendis devient vite une sorte de suppôt du mal qui contrôle Marvel parce qu’il a des photos de Quesada avec DSK dans des hôtels lillois…
      Plus tard on se permettra d’avoir une analyse de son oeuvre un peu plus fine (qu’il semble vouloir limiter au Marvel universe et ça, c’est vraiment dommage par contre…)

      • Matt  

        Non mais j’ai pas dit qu’il fallait la tuer. De la même manière qu’on ne va pas aller buter Bendis qui est peut être aussi un mec sympa dans la vie (qui sait ?).
        Mais si je dois écrire un article sur un bouquin traduit pour elle, je ne vois pas pourquoi je devrais être tout gentil en disant « bon ben c’est pas grave la pauvre ».
        Blessée personnellement ? Bon ben primo j’en savais rien. Et deuxio…n’importe quelle personne qui expose son boulot au public est vouée à être critiquée. On ne va pas commencer à se dire que certains méritent d’être défoncé parce qu’ils sont loin de nous, qu’on ne sait rien d’eux et qu’ils ont du fric et d’autres pour qui il faut fermer sa gueule parce qu’ils ont souffert. Eh ! Bendis il a peut être aussi des soucis personnels hein. Il y a une barrière entre la critique d’un boulot et l’insulte personnelle envers la personne. Je ne dis pas qu’il faut aller tabasser Coulomb. On dirait que s’en prendre au taf de Coulomb c’est s’en prendre à elle personnellement alors que Bendis, non. Pourquoi ?

      • Matt  

        Si Bendis se mettait à chialer à force de bashing et qu’il révélait qu’il faisait tout ça pour pouvoir bouffer à la fin du mois, ça rendrait d’un coup son travail meilleur ? Non.
        En ce qui me concerne, j’ai déjà défendu des auteurs dont je n’aime pas le boulot en disant que faut bien gagner sa croute. Ici (someqhere in the comments) :

        http://www.brucetringale.com/by-soule-but-without-soul/

        Donc je n’encourage pas à insulter les mecs qui font du mauvais boulot. Oui au final le problème ça vient de Marvel qui continue de faire appel à ces mecs. Et de Panini qui publiait des traductions à chier. Mais faut-il arrêter de dire que c’est mauvais quand les auteurs rencontrent des soucis personnels ? A ce compte là on se tait complètement parce qu’on ignore la vie des 3/4 de ces gens.

      • Matt  

        Et au passage, je crois que je préfère lire une mauvaise BD qu’une BD sabotée par le travail d’un traducteur qui impose son style. C’est moins frustrant. On ne se sent pas volé.

        Le nombre de truc et la quantité de pognon que j’ai perdu en croyant acheter des trucs dont j’avais lu de bonnes critiques VO…et qui se sont révélés illisibles à cause de la trad…

        Mais oui Panini a une grosse responsabilité dans tout ça.
        Eh, vous savez quoi ? Dans la liste des dernières aberrations de traduction (ponctuelles, donc moins chiantes que celles de Coulomb, mais quand même chiantes) :

        -shoulder traduit par « fémur » dans la saga « Grim Hunt » de Spider-man (alors que le dessin montre bien que Spidey se fait démettre une épaule. Kraven lui dit « c’est ton fémur qui s’est déboité » Ce à quoi Spidey répond en le frappant au torse « et ça c’est ton sternum enfoncé, moi aussi je connais l’anatomie » Involontairement hilarant car Spidey semble bien le seul des deux à connaître l’anatomie)

        -Five days later traduit par « 5 ans plus tard » dans le Daredevil de Brubaker à la fin de l’histoire avec Mr. Fear.

        • Eddy Vanleffe  

          Franchement, je ne parle pas pour toi parce que l’on voit bien de manière claire et net que c’est le travail que tu reproches.
          A l’époque les commentaires ont largement dépassé les bornes de l’intolérable.
          au niveau des traductions, il y encore des critère que nous en tant que public ignorons.
          1/ ci c’est payé correctement 2/ les délais et 3/ ce qu’on leur demande de faire.
          Au delà de Coulomb, on voit bien que tous les intégrales ont un ton assez similaires.
          il y a sans doute eu des « directives » qui nous surprendraient peut-être.

          Tout le débat sur les insultes personnelles et le deux poids deux mesures avec Bendis n’en n’est pas vraiment un pour moi, parce que ce qui vuat pour l’une, le vaut pour lui bien évidemment.

          Je suis persuadé par exemple que Brian avait en tête UNE histoire de Avengers (secret invasion) et qu’il a été dépassé par son succès et ceux des films et qu’il a été progressivement rincé par Marvel. combien d’arc sur une seule franchise deviennent arbitrairement des crossovers gigantesques et débiles (Flashpoint, Axis…).
          ces auteurs bankables sont à la fois déifiés par le pognon qu’ils ramassent et complètement utilisés malgré eux. parfois je lis que Bendis a la main mise sur Marvel, et si ce n’était pas l’inverse finalement?
          Et si c’était pas le seul qui n’avait pas réussi à s’évader (Millar, Brubaker, JMS, Morrisson, Rucka)
          les auteurs vraiment en vue ne se bousculent pas chez Marvel en ce moment (je compte pas Aaron puisque j’aime pas ce qu’il fait)

          • PierreN  

            « parfois je lis que Bendis a la main mise sur Marvel, et si ce n’était pas l’inverse finalement? »

            C’est pas faux, même en même temps vu sa notoriété, et malgré la paye et les contrats d’exclusivité, rien ne l’empêche de se servir de leur popularité acquise sur des séries mainstream pour lancer des projets plus « personnels ».
            J’ai l’impression que cela fait plus années maintenant que Bendis et Slott se concentrent quasi-intégralement sur l’écriture de séries Marvel (dans le cas de BMB, il a toujours son Powers, même si sa publication à l’air assez erratique), alors que d’autres scénaristes en vue comme Spencer ou Aaron s’occupent également de séries publiées chez Image (Southern Bastards The Fix).
            L’attachement à cet univers doit jouer également j’imagine (surtout avec un fanboy comme Slott). C’est comme si l’accès aux séries mainstream étaient une finalité pour certains scénaristes (Slott, Johns), alors que d’autres voient plus cela comme du gagnant/gagnant (Un auteur remarqué chez les big two qui peut se permettre ensuite de lancer une série indé sur son seul nom).

  • Bruce lit  

    @Omac Hivence : j’aime beaucoup ton interprétation sur les derniers sacrements de Wilson Fisk. Et ce d’autant plus, que je trouve que le personnage n’a jamais retrouvé de sa superbe. Jamais. Même chez Waid. Lorsque DD croise Fisk en prison chez Brubaker ou dans un garage chez Bendis, je tilte. Non pas pour toujours les critiquer, mais il y’ a quelque chose de très ancré dans mon imaginaire de ces rencontres au compte goutte dans ce nid d’aigles. Miller avait transformé Fisk en mec brillant qui n’avait plus besoin de sortir de chez lui pour diriger le monde.
    Bien sûr, c’est dans le code de narration que de temps à autre, le « parrain » se retrouve sur le terrain et les bas fonds. Mais jamais plus je n’ai retrouvé le sel de leurs rencontres. Le summum de la bêtise étant de rendre aveugle Fisk pour lui rendre la vue sans que cela n’ait eu aucune sorte d’importance dans le déroulé du personnage.

  • Fred Le mallrat  

    J’avais beaucoup aimé aussi.
    Cependant il arrive un peu avant cette histoire (au 292) et ne revient pas pour Fall From Grace mais y reste en fait. Il arrive au 292 et ne quitte le titre qu’au 342 (ellis ensuite puis dematteis). D’ailleurs Scott Mc Daniel arrive assez vite apres le 300 mais avec un style loin de celui qu on connait et peu lisible (j’avais repris DD pour suivre un crossover avec Nomad et Punisher (War Journal??) et c etait horrible).

    Ce qui est rigolo, c est qu’à l’époque il met Nick Fury partout (un peu à la facon dont Simonson s’en était servi à ses débuts dans Thor avec l’apparition de Beta Ray Bill). Il scénarisait d’ailleurs le titre de Nick Fury (dont la partie où Jackson Guice dessine est assez sympathique).

    J’ai moins de tendresse pour Fall From Grace (ou Tree of Knowledge qui suit) qui est vraiment un produit marketting. En effet on additionne tout ce qui faisait un comics collector à l’époque (Couv Glow in the dark, « Mort » de Matt Murdock, Changement de costume, ambiance plus violente, retour d un perso populaire (elektra), guest star à gogo (Venom, Silver Sable, Morbius..)) que je vais relire prochainement dans le epic collection.

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