Le roi de la kung-fu comedy (Jackie Chan Story)

Encyclopegeek : Jackie Chan

AUTEUR : MATTIE-BOY

Jackie Chan est un acteur et cascadeur chinois qui a commencé à tourner des films dans les années 1970 et qui est toujours actif (même si à plus de 60 ans aujourd’hui, il fait moins le fou.) J’ai connu l’engouement autour de ses films. Et j’ai connu aussi le déclin de cet engouement (qui correspondait à la sortie de certains de ses films tournés aux USA, comme les Rush Hour ) avec des gens qui se sont mis à se dire que ce qu’il faisait, c’était de l’esbroufe et qu’il n’était surement pas un artiste martial aussi talentueux que Bruce Lee. Alors déjà…c’est n’importe quoi d’affirmer qu’il fait de l’esbroufe tant l’homme est un des cascadeurs les plus dingues et dévoués de l’histoire du cinéma. Et quant à savoir s’il est aussi bon au combat que Bruce Lee, ma foi je n’en sais rien, mais j’ai envie de dire qu’on s’en fout !

A propos de Bruce Lee  , ce dernier a d’ailleurs fait appel à Jackie Chan pour recevoir des coups dans ses films lorsque le jeune Jackie n’était que cascadeur. On peut le voir se prendre une raclée dans Opération dragon notamment. Lorsque Jackie évoque sa rencontre avec le petit dragon, il a cette jolie histoire en tête : il paraîtrait que Bruce Lee aurait mal retenu son coup lors d’une scène et qu’il se serait précipité vers Jackie pour savoir s’il allait bien une fois la scène terminée. Tout content d’être dans les bras de Bruce Lee, Jackie aurait simulé avoir très mal pour se faire choyer. Bruce lui aurait fait des signes toute la journée pour savoir s’il allait mieux.

Mais oui, il est là regardez !
©Warner Bros
Source : pinterest

Par la suite Jackie Chan aura failli se tuer des dizaines de fois en exécutant lui-même des cascades complètement dingues avec peu ou pas du tout de sécurité pour éviter le désastre. Ainsi il s’ouvrira le crâne dans une scène de Mister Dynamite lorsqu’une branche d’arbre cèdera sous son poids et lui causera 6 mois d’hospitalisation (la plus grosse blessure de sa carrière), se fera fendre le muscle d’une épaule par un rotor d’hélicoptère dans Police story 3 et se brisera le cou dans une chute sans filet depuis une tour dans Le marin des mers de Chine .

Un tel dévouement à son art force le respect, et frôle même la folie tant parfois cela ne semblait pas nécessaire d’aller si loin (mais selon Chan, c’est plus simple que de réfléchir à comment tourner la scène avec un filet sans qu’elle perde en réalisme. Moui…c’est une façon de voir les choses.) On se demande comment il a pu rester en vie si longtemps tant il a maintes fois joué avec la mort.


Ouais…tout ça, il l’a fait avec danger de mort

Ce qui me permet de rebondir sur un des principaux intérêts des films de Jackie Chan : le spectacle. Mais attention ! Pas n’importe quel spectacle. On ne va pas se mentir, à quelques exceptions près dans des films comme Crime Story , New police Story , Karaté Kid ou dernièrement The foreigner dans lesquels il a eu l’occasion de montrer ses talents d’acteur dramatique, la plupart du temps les films de Jackie sont des kung-fu comedy ou des films d’action dont le scénario tient sur un timbre poste.

Seulement voilà, dans pas mal de films d’action modernes, on a pris l’habitude de pratiquer le découpage des scènes. Le sur-découpage même je devrais dire. Un plan filme un pied taper un autre pied, un autre plan filme une main frapper le visage…et les acteurs en réalité ne font pas plus de bagarre que ça. Ces plans sont juste montés les uns à la suite des autres dans un rythme effréné pour donner l’illusion d’un combat super rapide…sauf qu’à force on en voit toutes les ficèles, ce n’est pas toujours bien fait, le sur-découpage ou la mode « caméra à l’épaule qui remue beaucoup pour faire office de cache misère » peut devenir vomitif, etc. Résultat, la plupart des scènes d’action des films de Jackie Chan restent à ce jour encore bien plus bluffantes que n’importe quelle baston de super héros. De la même manière que des cascades de Buster Keaton restent impressionnantes. Car souvent c’est réalisé en une seule prise, en plan large, on voit l’acteur en entier et on se dit « mince, c’est balèze…et dangereux. » Et je ne cite pas cette star du muet pour rien, car Jackie Chan lui-même était très fan de comédie visuelle de ce genre datant de l’ère du cinéma muet.


De l’humour à la Buster Keaton et des enchaînements martiaux en une seule prise

Alors évidemment, on ne peut pas demander à tout acteur d’être un cascadeur ou artiste martial hors pair, donc il est inévitable d’utiliser le découpage séquentiel du cinéma pour filmer des scènes d’action. Mais certains réalisateurs semblent ignorer que filmées ainsi, les scènes d’action ne peuvent pas représenter l’intérêt du film, et ils en font des tonnes pour un résultat indigeste.

Et par ces anecdotes réfléchies, je peux ainsi vous dévoiler l’intérêt de ces films sans faire l’apologie de la violence bête et méchante : les films de kung-fu, et particulièrement ceux de Jackie Chan, ce n’est pas du divertissement débile, c’est du spectacle rempli de prouesses humaines et de comédie toute droit empruntée au cinéma muet et à ces stars comme Buster Keaton, Charlie Chaplin ou encore Gene Kelly que Jackie mentionne (pas étonnant quand on voit ses cascades dans Les 3 mousquetaires de George Sidney).

Je vais donc vous parler à présent de mes films préférés mettant en scène le monsieur. Il faut noter que cette sélection est complètement subjective, basée sur mes préférences et aussi mes scènes favorites qui peuvent l’emporter sur le meilleur scénario. Bon et puis…je sais que vous allez en avoir marre que je dise ça dans chaque article sur le cinéma, mais cette fois c’est sérieux : les VF sont à éviter. Les doubleurs se lâchent et disent n’importe quoi. On peut souvent constater que lorsqu’en VO le personnage se contente de crier « aaah », on a droit en VF à « houlàlà, attention, c’est pas bon ça, aïe aïe aïe ! ».

Sachez aussi que les versions originales ont souvent 5 ou 10 minutes de plus qui ont été coupées au montage pour les versions occidentales. Et que les musiques diffèrent aussi. Les deux versions peuvent avoir un intérêt si vous êtes fan de VF ringardes, mais en gros c’est presque des films différents en fonction de la piste sonore que vous choisissez. Vous voilà prévenus.

Les restaurateurs adeptes du kung-fu

Les restaurateurs adeptes du kung-fu

Soif de justice ( Wheels on Meals ) de Samo Hung (1984)

A Barcelone, une jeune femme du nom de Sylvia (Lola Forner) est recherchée par deux camps : le majordome de son père qui veut lui signaler qu’elle a 15 jours pour réclamer son héritage, et des hommes payés par son oncle qui veut la faire disparaître, elle et sa mère, pour que l’héritage lui revienne. Le majordome en question engage le détective privé Moby (Samo Hung) pour retrouver Sylvia. Thomas (Jackie Chan) et David (Yuen Biao), deux amis de Moby qui tiennent un fast-food ambulant, vont se retrouver mêlés à tout ça et ne vont pas trop se faire prier pour aider la jeune femme…qu’ils trouvent fort jolie (normal, c’est Lola Forner, ancienne miss Espagne de 1979.)

Le trio Jackie Chan/Samo Hung et Yuen Biao n’en est pas à sa première collaboration. Samo Hung était un des piliers de la Nouvelle vague hongkongaise des années 1980, ayant grandement contribué à renouveler les films d’arts martiaux. Jackie Chan, Yuen Biao et lui ont tous trois étudié à l’Académie d’étude du théâtre chinois de Hong Kong et ont souvent collaboré ensemble.

La demoiselle en détresse et les 3 idiots à la rescousse

Niveau scénario, ce n’est pas bien compliqué. Il faut sauver la demoiselle en détresse de vilains escrocs. Mais ce n’est pas grave, c’est un film qui mélange habilement comédie et action, avec de bonnes cascades et un long final aux combats épiques dans le château des truands.
La première partie du film nous montre donc Thomas et David, deux colocataires qui tiennent ensemble un camion de fast-food et l’accent est surtout mis sur la comédie avec des situations burlesques impliquant leur voisin coureur de jupons qui essaie d’échapper à sa femme, leurs stratégies pour trouver des clients et des visites à l’hôpital psychiatrique du coin (avec son lot de patients déglingués) pour rendre visite au père de David.

Les situations cocasses rappellent un peu des gags de Laurel & Hardy et on rigole de bon cœur. Puis arrive Sylvia, dont la mère est également à l’hôpital et semble amoureuse du père de David. Les deux amis vont se lier d’amitié avec Sylvia après quelques déboires et va débuter une course poursuite impliquant tous les personnages : Moby qui cherche Sylvia et demande de l’aide à ses amis, des truands qui poursuivent Sylvia, d’autres qui kidnappent sa mère à l’hôpital, etc.

Le point d’orgue du film est évidemment les 20 dernières minutes qui nous en mettent plein les mirettes avec cascades et longs affrontements où chacun des héros aura affaire à un adversaire différent. Le meilleur combat est évidemment celui opposant Jackie Chan au bras droit du comte interprété par Benny Urquidez, un champion de kickboxing américain surnommé « the Jet » pour la rapidité et la précision de ses coups.
Si j’ai choisi ce film plutôt que Le marin des mers de Chine souvent considéré comme un des meilleurs Jackie Chan, c’est surtout pour ce duel final. Les deux combattants se recroiseront d’ailleurs 4 ans plus tard dans le final de Dragons forever . Jackie est plus souvent connu pour affronter une nuée d’ennemis au moyen d’objets en tous genres mais les films où il affronte un unique adversaire à sa hauteur sont généralement ceux qui me marquent le plus (le syndrome « boss de fin » sans doute.).

Bref, ce Soif de justice est un bon film. Même si l’action met un peu de temps à pointer le bout de son nez, le final en a à revendre et nous fait passer un très bon moment.

Un Indiana Jones hongkongais

Un Indiana Jones hongkongais

Mister Dynamite ( Armour of god ) de Jackie Chan (1986)

La série des deux films Armour of god est connue chez nous sous les titres Mister Dynamite et Operation Condor . Malgré ces titres, seul le premier film parle d’une armure de Dieu. Ces deux films sont des Jackie Chan à la sauce Indiana Jones (car c’était la mode à l’époque.)

Ici, Jackie est un aventurier. Il traque des objets rares pour les revendre aux enchères à des collectionneurs. Un jour, il récupère l’épée d’une mystique « armure de Dieu ». Sa réputation de chasseur de trésors attire l’attention d’une secte religieuse en possession de quelques pièces de l’armure qui veut se servir de lui pour trouver les morceaux manquants. Des moines vont donc capturer l’ancienne petite amie de Jackie, Anna, actuellement en couple avec un de ses amis, Alan (Alan Tam) afin de les forcer à travailler pour eux (parce que les sectes de méchants, ça paye pas, ça fait du chantage !)


Voyage organisé chez les moines fous

Les deux amis vont réussir à obtenir la coopération d’un millionnaire collectionneur qui accepte de leur prêter les trois pièces qu’il possède à condition que sa fille May (à nouveau Lola Forner) les accompagne et qu’ils essaient à eux trois de dérober toute l’armure à la secte une fois Anna sauvée.

Sans être le meilleur film de Jackie Chan, ce film s’essaie à l’aventure un brin exotique avec un Jackie qui parcourt le monde et même si le film a quelques problèmes de rythme (un long passage d’exposition de l’histoire pourtant pas bien compliquée), il contient de très bonnes cascades et quelques scènes d’anthologie.

Déjà il y a une scène d’une violence déroutante pour ce type de film lorsque des moines armés d’AK-47 font un carnage pour capturer Anna. Et la fin nous réserve deux combats mémorables dans la planque montagneuse de la méchante secte. D’abord Jackie affrontera un paquet de moines dans une grande salle à manger, armé d’une poutre enflammée ou de tout objet passant à sa portée.

Et enfin, le vilain grand maître de la secte dispose de 4 gardes du corps féminins (drogués, forcés à obéir), les artistes martiales Marcia Chisholm, Vivian Wickliffe, Alicia Shonte, et Linda Denley. En gros quatre femmes noires au look d’amazones en talons-aiguilles. Aussi improbable que cela puisse paraître, le combat à 1 contre 4 est très impressionnant et drôle avec ces femmes qui cherchent à viser les parties de notre héros. Bref ce n’est pas le meilleur film de Jackie mais il a tout de même des arguments de poids et reste très fun à voir.

Une suite qui corrige les défauts du premier

Une suite qui corrige les défauts du premier

Operation Condor ( Armour of God 2 ) de Jackie Chan (1991)

En 1991, Jackie Chan décide de donner une suite à son Armour of God . Pourtant il ne sera pas question d’armure de Dieu. Cette fois-ci, il reprend le rôle de l’aventurier le Faucon (qui s’appelle parfois le Condor en VF parce que visiblement, comme avec Star Wars  et son Condor ou Faucon Millenium, les français passent leur temps à mélanger les deux oiseaux.) Il doit à présent retrouver de l’or nazi perdu quelque part en Afrique durant la seconde guerre mondiale. Il va rapidement se retrouver avec trois compagnons de route : Ada une historienne chinoise (Carol Cheng), Momoko une touriste japonaise (Choko Ikeda) et Elsa (Eva Cobo) une jeune allemande parente de l’officier qui a dissimulée le trésor pendant la seconde guerre mondiale. Evidemment, d’autres personnes veulent mettre la main sur cet or.

Ce film va à 100 à l’heure tout le long. Le rythme reste soutenu avec cascades et situations burlesques à l’humour bien débile (le coup de la serviette que Jackie va utiliser pour distraire les ennemis à chaque fois qu’une des filles sort de la douche.) Certes ce n’est pas toujours subtil mais ça fonctionne bien. Les scènes d’action interviennent régulièrement de telle façon qu’on n’a jamais le temps de s’ennuyer et alternent combats et poursuites en véhicules qui nous emmènent dans divers lieux exotiques. C’est une véritable avalanche de gags et d’action.


Combat dans une soufflerie, décors exotiques et…le bon vieux coup de la serviette

Le final dans la base secrète souterraine nazie nous réserve aussi son lot de séquences d’anthologie avec un combat sur des plateformes mouvantes ou dans une immense soufflerie que les personnages secondaires essaient de stopper pendant que Jackie et ses adversaires sont projetés dans tous les sens par la force d’une turbine tout en essayant de se battre.

Il paraîtrait que Jackie Chan a explosé son budget pour ce film, ce qui explique qu’il n’en a plus réalisé par la suite avant un bon moment. Alors oui, les plus facilement offensés ou bienpensants pourront peut être s’offusquer de voir que les personnages féminins ne servent pas à grand chose si ce n’est jouer les jolies potiches (mieux vaut éviter la VF à ce titre, qui en rajoute des caisses dans les dialogues lourdauds des filles), mais l’humour et l’enthousiasme des acteurs reste incroyablement communicatif. On sent qu’ils s’éclatent tous et le film mérite vraiment d’être vu.

La boxe de l’homme saoul

La boxe de l’homme saoul

Combats de maître ( Drunken Master 2 ) de Liu Chia Liang & Jackie Chan (1994)

Vers le début du XXe siècle, pour éviter de payer une taxe lors d’un voyage en train ; le jeune Wong Fei-hung (Jackie Chan) cache un paquet de ginseng dans les bagages d’un ambassadeur. Mais l’ambassadeur possède un paquet similaire contenant une antiquité chinoise volée. En voulant récupérer plus tard son paquet, Fei-hung se retrouve avec un sceau de jade et va se comprendre qu’il a mis le nez dans les affaires de trafiquants d’objets d’art. Va s’en suivre un affrontement entre les criminels et Fei-hung et ses amis.

Alors celui-là, c’est un film énorme. Et malheureusement quasiment le seul film de Jackie Chan qui ne dispose pas encore d’une édition DVD digne de ce nom chez nous puisque celle disponible ne propose que la VF dans la version courte du métrage. Bon…on va faire avec. Ça ne ruine pas l’expérience de cette kung-fu comedy survoltée. Jackie retrouve son personnage de Wong Fei Hung (dont le nom s’inspire d’un célèbre pratiquant d’arts martiaux et médecin devenu un héros populaire) qu’il incarnait déjà dans le premier Drunken master (intitulé Le maître chinois chez nous) qui l’a rendu célèbre en 1978 (il n’est pas nécessaire pour autant d’avoir vu le premier film.)

Wong Fei-hung et sa belle-mère (jouée par Anita Mui qui était plus jeune que Jackie)

Wong Fei-hung et sa belle-mère (jouée par Anita Mui qui était plus jeune que Jackie) Source: ingloriouscinema 
©Golden Harvest

Pour ce film, c’est Liu Chia Liang qui est aux manettes, un réalisateur et chorégraphe culte surtout connu pour avoir tourné un paquet de films pour la Shaw Brothers. Jackie et lui s’affronteront même dans un combat mémorable (tous les combats sont mémorables dans ce film.) Mais apparemment, suite à des désaccords, c’est Jackie qui terminera le film. C’est donc un métrage mélangeant deux styles.

L’histoire de trafic d’objets d’art reste assez simple avec d’un côté les gentils et de l’autre les méchants, mais les combats sont inoubliables et il y a même un petit côté drame dans la famille de Fei-hung puisque ce dernier ne peut libérer tout son potentiel de combattant qu’en se bourrant la gueule pour pratiquer la boxe de l’homme saoul. L’ennui c’est qu’il devient aussi une catastrophe ambulante qui fait honte à son père. Fei-hung essaiera donc de se passer de boire mais ne pourra vaincre le bras droit du grand méchant à la fin qu’en transgressant cette règle.


Sans hésitation un des combats les plus fous de l’histoire du cinéma

La prestation de Jackie est complètement dingue dans ce film. Même si parfois des câbles sont utilisés pour accentuer l’effet des chutes, les combats restent des chorégraphies réalisées majoritairement sans trucages et Jackie est hilarant et bluffant dans le rôle du mec bourré qui utilise des mouvements de combat complètement imprévisibles. Le combat dans la rue, dans la maison de thé ou le final époustouflant où Jackie affronte Ken Lo (son garde du corps personnel dans la vraie vie) sont à vous décrocher la mâchoire tant ils sont épiques. Surtout le dernier qui est sans doute le combat le plus dingue de sa carrière dans lequel il se jette dans des braises (et se brûle réellement les mains) et se transforme en une espèce de Hulk déchainé après avoir ingurgité de l’alcool industriel.
Vraiment un must see !

 Finie la rigolade

Finie la rigolade

New police story de Benny Chan (2004)

Je me rends compte que je n’ai parlé d’aucun Police story (il y en a eu 5). Disons que les polars hongkongais, ce n’est pas ce qui manque. Et malgré les superbes cascades de cette saga, les histoires sont un peu faiblardes pour des films policiers (ou c’est moi qui suis plus exigeant pour les enquêtes policières. Je préfère les films de Johnnie To pour les polars.) Alors j’ai préféré parler des films d’aventure. Cela dit, pour finir cette liste, on va parler de New police story , le dernier de la série. Le plus sérieux, le plus sombre, et dans lequel Jackie ne fait plus du tout le mariole.
Une bande d’ados de la haute bourgeoisie adeptes de sensations fortes braque une prestigieuse banque de Hong Kong et décide de rester sur place pour faire un carton au fusil mitrailleur sur les forces de l’ordre par jeu (ils iront jusqu’à s’attribuer des points.) L’inspecteur Wing (Jackie Chan) fera l’erreur de les provoquer en annonçant publiquement pouvoir les arrêter en quelques heures. Hélas, ses hommes se feront piéger et mourront tous sous les yeux de Wing.

Parce qu’il n’a pas pu sauver ceux qu’il considérait comme ses frères, la vie de Wing s’est effondrée. Il a sombré dans l’alcool, incapable de faire face à son métier et à sa fiancée. Il reprendra son enquête un an plus tard avec l’aide d’un jeune policier du nom de Fung qui parviendra à le convaincre de se remettre en selle.

En 2004, la carrière de Jackie n’est pas au beau fixe. La faute à des films américains assez mauvais dans lesquels il n’avait droit qu’au second rôle un peu cliché du chinois qui fait des arts martiaux. Donc Jackie retourne à Hong-Kong pour produire un nouveau Police Story. Celui-ci est différent et ne laisse quasiment aucune place à la comédie. Il est également moins axé sur le spectacle et l’acteur livre une performance dramatique d’un homme brisé tout à fait convaincante.


Un Jackie fatigué et au bord de la rupture</em

Dès le début du film on voit Jackie plus bas que terre, bourré et qui passe la nuit dans un caniveau. On aura droit à un flash back pour comprendre ce qui l’a mis dans cet état. Et je dois dire que proposer comme antagonistes une bande de jeunes riches désœuvrés est une bonne idée et va à contre-courant des éternelles organisations mafieuses. Le film se paie le luxe de glisser en filigrane un commentaire sur l’éducation puisque les motifs de ces jeunes, bien que traités rapidement, ne trouveront pas leurs origines dans un trop plein de jeux vidéo mais dans une pression sociale et un désintérêt complet de leurs parents pour eux. Le film nous montre donc que les délinquants ne sont pas forcément toujours des pauvres mais peuvent aussi être des nantis qui détestent leur vie.
La mise en scène est maitrisée, les fusillades efficaces et Jackie nous gratifie malgré ses 50 ans à l’époque, de quelques cascades encore impressionnantes (même s’il sera câblé pour certaines.) watch

J’ai choisi de parler de ce film parce qu’il atteste de la capacité de Jackie à jouer dans un registre différent. L’antagoniste principal joué par Daniel Wu est un personnage tout à fait crédible et le film déborde de bonnes intentions pour nous offrir drame et spectacle. On pourra juste regretter que quelques personnages soient sous-exploités comme Sasa, une jeune policière experte en informatique qui viendra en aide aux héros ou même quelques touches d’humour apportées par Fung qui n’ont au final pas tellement leur place dans ce métrage plus sombre. Mais ce n’est pas bien grave. Le métrage reste un bon Jackie Chan sorti à une époque où on ne l’attendait plus. Tout à fait recommandable.

Et voilà, c’est donc la fin de notre tour d’horizon de la carrière et des inspirations de cet acteur qui aura marqué des générations par ses performances physiques et son attrait pour la comédie.

Quand le papa de Dragonball rencontre son idole. Source : Daooffdragonball https://thedaoofdragonball.com/blog/history/akira-toriyama-vs-jackie-chan/ Publication du publishing it in Bird Land Press #22, in December, 1986.

Quand le papa de Dragonball rencontre son idole.
Source : Daooffdragonball 
Publication de Bird Land Press #22,  Decembre 1986.

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Parce que il n’y a pas que Bruce Lee dans la vie, voici une encyclopegeek  des meilleurs films de Jackie Chan, ses combats et cascades spectaculaires de celui qui eut une influence déterminante sur les bastons de…Dragonball ! 

BO du jour : Et vous saviez qu’il chantait aussi le Jackie ? Dans des titres qui sonnent bien les années 80 comme dans le thème  de Armour of God :

https://www.youtube.com/watch?v=Qdg1noAv8pM

75 comments

  • Jyrille  

    Bon, j’ai écouté la BO. C’est pas possible.

    • Matt  

      Hu hu !
      C’est kitsch mais rigolo.
      Mais bon le but était de mettre un autre lien qui montrait plein d’extraits du film en musique. Mais apparemment pas moyen de le faire fonctionner…

    • Matt  

      Ah j’avais pas vu que Bruce a mis le lien sans l’incorporer dans le blog pour que ça fonctionne.
      Bon ben bref voilà^^
      Moi je trouve ça rigolo.

  • Jyrille  

    Je regarde rarement les vidéos de musique. Avant oui, maintenant beaucoup moins.

  • Giulia Jones  

    Super petit article ! J’espère qu’on verra le même sur Ringo Lam ou sur Chow Fun Fat !

    • Matt  

      Merci pour le mot gentil.
      Pour ma part je connais très mal Ringo Lam.
      Chow Yun Fat ça peut se faire. Mais je n’ai pas vu tant de films que ça avec lui.
      Et puis il y a plein de films asiatiques dont j’aimerais parler aussi. Et entre ce dont on veut parler et ce qu’on a le temps de faire…parfois il y a un sacré fossé^^

  • Matt  

    A propos de cinéma muet dont je parle dans l’article, quelqu’un est allé voir Stan & Ollie ? Le film sur la fin de carrière de Laurel & Hardy.
    En tous cas ils ont super bien choisi les acteurs qui sont bluffants dans les extraits que j’ai vus.

    • Bruce lit  

      Ah c’est donc toi qui fait des recherches sur LAUREL ET HARDY ?
      Je vois passer ça sur mon google analytics sans savoir qui pouvait taper ces mots clés !
      Je ne savais pas qu’un tel film était sorti. Je suis très intéressé.

    • Matt  

      Mais on est espionné ma parole !^^
      Ah je pourrais pondre un article sur ce duo comique aussi…mais à force de penser à des articles possibles, ça fout le vertige.
      Je suis très fan de Laurel et Hardy pour ma part^^ Je les ai même toujours préféré à Chaplin ou Buster Keaton sur le plan de la comédie pure (le fait qu’ils soient 2, qu’ils aient une bonne tête, et qu’ils aient pas mal tournés en parlant. J’avoue avoir un peu de mal avec le muet.)

      Le film passe apparemment inaperçu, même aux USA…
      Mais déjà la performance des acteurs semble valoir le détour.

  • Matt  

    Tiens j’ai vu First Mission, un film de Sammo Hung que je n’avais encore pas vu.
    Très bon ! Dans un registre différent. Jackie joue un flic dont le grand frère est attardé (joué par Sammo)
    Et au final même si le frère attardé va se retrouver dans les ennuis et que le film a son lot de scènes de combat, il y a aussi toute une partie drame bien fichue, avec deux frères qui s’aiment mais aussi les difficultés de Jackie a gérer son frère, qui lui bouffe sa vie sentimentale, l’empêche de voyager ou ce genre de trucs parce qu’il doit toujours s’occuper de son frère qui est comme un gosse de 6 ans. Y’a des engueulades, des réconciliations, c’est assez bien fichu, surtout que ça n’insiste jamais trop dessus comme le ferait un film calibré pour les Oscars^^ C’est un film d’action/drame modeste mais qui marche très bien.

    Jetez un oeil à la filmo de Sammo Hung, sans déconner^^

    • Eddy Vanleffe....  

      Sammo Hung très bon réalisateur et très bon chorégraphe…
      Je l’ai First Mission et je ne le regarde pas souvent parce que ça doit être un des seuls rôles de Jackie Chan pas rigolo et que…ben quand j’ai envie de me faire un Jackie Chan, je ne pense pas à celui là…

      • Matt  

        C’est pas une kung-fu comédie en effet^^
        Mais ça change.

    • Kaori  

      Si tu enlèves la partie action/combat, tu aurais presque le script de Rain Man 🙂

      • Matt  

        Dans Rain man c’est un génie le mec. Autiste mais capable de prouesses mathématiques.
        Là non, il ne sait rien faire de spécial le bonhomme, il a juste l’intelligence d’un gosse de 6 ans, et il se fait même entrainer par des gamins plus malins dans des combines foireuses (genre quand un gamin lui demande de se faire passer pour son père devant un professeur…ce qui échoue lamentablement^^). C’est juste un pauvre gars qui devient un poids pour son frère, même s’ils s’aiment. Et c’est mélangé à une vague trame policière.

      • Matt  

        Ah et puis d’ailleurs Rain man est sorti après^^
        Je dis ça comme ça…au cas où tu te dirais « oh ils ont piqué le script »
        Béh non.

  • Jyrille  

    Je crois que je viens de voir mon premier Jackie Chan, NEW POLICE STORY. C’est pas vraiment du polar, plutôt un dessin animé live, mais très sombre si on compte les morts (et pas n’importe qui). En plus ça commence comme un SAW… Les scènes d’action et les cascades sont assez impressionnantes, c’est plutôt bien réalisé, les effets spéciaux ne sont pas géniaux et l’histoire ne tient pas debout, mais c’est un bon divertissement. Bon par contre l’humour ne fonctionne pas.

    • Matt  

      Tant mieux si tu as apprécié.
      Je n’aime pas trop cette appellation de dessin animé live. Je réserve ça aux films bourrés de CGI ou les films marvel. Oui OK c’est de l’action exagérée mais tout est authentique, sans trucages. C’est pourquoi je rapproche ça du cinéma muet ou de Buster Keaton et ses cascades. On pourrait argumenter que Laurel et Hardy, Chaplin, keaton, c’était certes un peu des cartoons en livre. Mais de nos jours ça semble bien plus réel en terme d’action crédible et faisable par un humain que les films tournés sur fond vert donc je n’aime plus trop ce rapprochement.

      L’humour est souvent un peu lourd dans les films de Jackie. On adhère ou pas. Mais dans celui là qui se veut plus sombre, je t’accorde qu’il n’a pas trop sa place. Je crois que je le dis dans l’article.

    • Matt  

      Je comprends le rapprochement avec l’aspect surréaliste que ce genre de combats et cascades n’auraient pas lieu dans la vraie vie dans une affaire de police. Mais ça c’est le genre du film de kung fu qui veut ça.
      Mais c’est très réaliste en terme d’action à échelle humaine. C’est le cirque quoi^^ Les cascades, tout ça, mais à un degré qui est au contraire à 100% du domaine du film avec de vrais gens car ils font des choses faisables par des humains. On voit d’ailleurs bien Jackie se rater des fois dans les bêtisiers à la fin^^
      C’est pas Captain America ou Black Panther qui courent sur les murs en CGI quoi.

      • Jyrille  

        Quand je parle de dessin animé, je ne parle pas de la réalisation et des cascades vraiment impressionnantes, mais bien du ton et de l’histoire. On dirait presque un manga. Les réactions des personnages sont exagérées, les péripéties improbables etc.

        Et comme tu le dis, comparé à du Johnnie To ou du Woo voire du Kitano (qui lorgnent d’ailleurs souvent vers Melville ou Mann ou Scorcese), ce n’est clairement pas du polar, mais du film d’aventures.

        • Matt  

          Ah oui les films de Jackie c’est ça.
          C’est pas du Johnnie To, c’est souvent de la kung fu comedy, ou comédie policière (avec du kung fu^^)
          Celui que tu as vu est un peu plus sombre que les autres donc ça peut aussi donner l’impression que ça a moins sa place dedans, fallait peut être pas commencer par celui-là^^
          Ses films sont du cinéma d’aventure ou comédies un peu burlesque avec de la baston.

        • Eddy Vanleffe  

          L’humour hong kongais est souvent très théâtral et grimacier basés sur des situations loufoques à la Charlots…. Jackie Chan est vraiment l’héritier des géants noir et blanc voir muet américain…
          voir un film HK c’est souvent un peu « oublier » les stimuli des films occidentaux…
          par exemple qui regarde Police story 1-2-3 pour leur scnéario d’une grande immersion réaliste?
          personne, non on est captivé par les performances hallucinantes de Jackie et de son équipe (pas en reste) qui saute d’un bus en marche, se pète le dos d’un haut d’un clocher etc… c’est à la limite du snuff movie…^^
          mais aussi pour la danse terriblement gracieuse et ces corps magnifiques

          • Matt  

            Voilà^^
            Ce qu’il a dit !

            C’est vraiment les grands héritiers du cinéma muet et du burlesque. Un peu plus contemporain avec histoire de gangsters et tout parfois, mais c’est de l’action acrobatique, du divertissement théatral.
            Jackie c’est un mec qui peut t’en mettre plein la vue en une seule prise, comme sur une scène de théâtre ou dans de vieux films sans trucages, mais où la scène de théatre ça peut être une route entière avec un mec qui saute de véhicules en véhicules.
            Faut oublier un peu la vraisemblance. D’ailleurs c’est souvent plus comique que premier degré dramatique.
            mais ça impressionne carrément plus que…je sais pas…la plupart des films d’action modernes, ou tous les films sur fond vert.

          • Matt  

            ça me fait vraiment bizarre de devoir expliquer ça en fait. Quand t’as baigné dedans depuis gamin, tu prends juste ça comme un genre de cinéma comme un autre. On se pose moins de questions gamin et ça entre dans la norme.
            Découvrir ça à 40 ans…ou t’analyses tout et tu veux comparer à ce que tu connais, ça peut faire bizarre.

            Et t’as pas vu les dramas japonais. Ces adaptations live de séries animées. Là même moi j’ai du mal. T’as des acteurs qui te miment vraiment des réactions de mangas, avec des bruits de cartoon des fois et tout. Euh bon…
            Rien à voir avec Jackie chan, c’est 100 fois plus exagéré^^

  • Matt  

    Une video intéressante sur la façon de filmer et monter les scènes d’action, notamment la notion de rythme. Si vous pigez l’anglais (mettez les sous titres anglais si c’est plus simple^^)

    https://www.youtube.com/watch?v=Z1PCtIaM_GQ

    • Eddy Vanleffe  

      viele dank ! (merci) ! ^^

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