Un épilogue en forme de prologue

The Sandman Overture par Neil Gaiman, J.H. Williams III, et Dave Stewart

Un article  : PRÉSENCE

VO : Vertigo

VF : Urban

1ère publication le 17/12/15 – MAJ le 27/12/22 

Une présence dans les rêves

Une présence dans les rêves©Vertigo

L’histoire se déroule avant les événements du premier tome de la série Sandman de Neil Gaiman. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus de 2013 à 2015, écrits par Neil Gaiman, dessinés et encrés par J.H. Williams III, avec une mise en couleurs de Dave Stewart et un lettrage de Todd Klein.

Si cette histoire se déroule avant la série en 75 épisodes, elle gagne en saveur à être lue après. Ce tome commence par une page d’introduction de Neil Gaiman écrite en septembre 2015, expliquant comment ce prologue est paru 20 ans après la fin de récit et pourquoi il peut aussi se lire comme un épilogue.

Une page rappelle les 3 sens du mot Ouverture. Puis le récit en bande dessinée commence sur une petite planète peuplée de 3 races. Quorian, une fleur carnivore dotée de conscience, rêve et reçoit la visite de Morpheus (sous forme de plante bien sûr). À Londres en septembre 1915, le Corinthien rend visite à un pauvre clerc de notaire. Dans un endroit qui n’en est pas un, Destiny reçoit la visite attendue (car tout est inscrit dans son livre) de sa sœur Death.

Le rêve d'une fleur

Le rêve d’une fleur©Vertigo

Dans son rêve, George Portcullis reçoit la visite de Morpheus. Ce dernier y reçoit la visite du Corinthien. Mais leur conversation est interrompue par un appel pressant. Morpheus se rend dans son royaume, où il est reçu par Lucien (qui papotait avec Mervyn Pumpkinhead). Il s’équipe de son casque, son rubis, et sa sacoche pour l’épreuve qui l’attend.

Que le lecteur connaisse ou non le personnage de Sandman et qu’il ait lu tous les tomes ou aucun il est tout d’abord frappé par la forme luxueuse de la narration. Cette édition se présente sous un format plus grand que celui des comics, avec une couverture rigide, une jaquette très douce au toucher, une introduction en bonne et due forme, et des bonus qui viennent rehausser la saveur du récit. Dès la couverture, le travail de J.H. Williams apparaît luxueux. Plus que des images pour raconter une histoire, il a conçu une structure différente pour chaque page, construit des bordures de case changeant avec la nature de la séquence, réalisé des illustrations magnifiques et exquises, d’une richesse affolante.

Une structure de cases en cercles concentirques

Une structure de cases en cercles concentriques©Vertigo

Le premier ressenti du lecteur est celui qu’enfant il pouvait avoir en plongeant dans un livre de conte aux belles illustrations. J.H. Williams n’a pas ménagé sa peine et il est à fond à chaque page, sans que cela n’obère en rien la fluidité de la narration, ce qui est déjà un exploit en soi. Il s’agit vraisemblablement de la dernière histoire de Sandman écrite par Neil Gaiman, et rien n’est trop beau pour ce récit. La structure de la première page est à base de cercles se recoupant de haut en bas. Celle de la seconde est à base de tiges de fleur.

Un peu après, les cases sont en forme de dent pour évoquer le motif du Corinthien. Et c’est comme ça du début à la fin. Quelques pages après, les cases sont en forme de case, mais à l’intérieur du livre de Destiny (une forme de mise en abîme), puis elles prennent la forme des carreaux d’une vitre. Et tout ça avant la moitié du premier épisode.

Un découpage en forme de dentition

Un découpage en forme de dentition©Vertigo

Le lecteur observe également que l’artiste change régulièrement d’outils pour s’adapter à la séquence. Il peut réaliser des dessins traditionnels, avec un détourage des formes à l’encre, puis une mise en couleurs complexe réalisée par Dave Stewart. Il peut s’agit de dessins en noir & blanc le temps de 2 ou 3 pages, avec un encrage au trait fin et d’épaisseur uniforme. Il peut sembler que l’image ait été peinte de manière traditionnelle.

À 2 reprises, les formes présentent des particularités évoquant les dessins de Jack Kirby. Puis dans l’épisode 3, le lecteur pense immédiatement à Moebius. Au début de l’épisode 4, le lecteur voit ce qu’aurait été une bande dessinée réalisée par Alfons Mucha, avec une touche de Salvador Dali (la montre / sæculum). Puis la cité des étoiles donne l’impression d’avoir été dessinée par infographie, dans des teintes pastel. Et toujours la narration reste fluide, emmenant le lecteur dans des mondes d’une grande richesse.

L'esprit d'Alfons Mucha

L’esprit d’Alfons Mucha©Vertigo

Chaque page est donc un florilège de savantes structures, et de dessins aux mille saveurs. Quant à ce qui est représenté, la sophistication et l’élégance restent de mise, avec une incroyable intelligence visuelle pour donner une forme à des concepts échevelés. Gaiman indique lui-même qu’il ne s’est pas imposé de limite, en connaissant le niveau de compétence de l’artiste (il suffit de lire Promethea d’Alan Moore pour en avoir la preuve). Effectivement, chaque séquence recèle des trésors d’invention pour pouvoir rendre visuel le récit.

J.H. Williams donne une apparence inoubliable à chaque personnage (à commencer par ceux déjà apparus dans la série Sandman, et ils sont nombreux). Il peut intégrer plusieurs dizaines de personnages dans une même image, en s’assurant qu’elle reste parfaitement lisible. Il est aussi à l’aise pour un rendu quasi photographique d’un immeuble délabré de Londres au temps présent, que pour donner une forme au domaine du Temps. Sa versatilité ne connaît aucune limite, d’une petite fille en train de pleurer à une vieille femme en train de divaguer, d’aéroglisseurs de science-fiction à un galion, etc.

Un bâtiment entre réalisme et onirisme

Un bâtiment entre réalisme et onirisme©Vertigo

Cette histoire bénéficie donc d’un niveau de mise en images qui est celui de tableaux de maître pour chaque page, en conservant le savoir-faire d’une narration séquentielle. Pourtant ce qui transporte le lecteur dès la première page, ce sont bien les mots; les phrases de Neil Gaiman. Lui aussi a pris l’option de luxe, et d’écrire comme s’il s’agissait d’un livre de littérature, tout en conservant une mesure raisonnable pour rester dans le domaine de la bande dessinée. D’une certaine façon, les auteurs ont choisi une forme littéraire très écrite, et très peinture classique pour raconter leur histoire. Dès la première séquence, le lecteur reconnaît la dimension poétique de l’écriture de Neil Gaiman, évoquant le rêve d’une fleur, sur une planète vouée à la destruction. Il n’y a rien de condescendant ou de gnangnan, sans rien sacrifier à la délicatesse.

L’auteur raconte son récit dans une forme sophistiquée avec des déplacements dans l’espace, des déplacements dans le temps, des intrigues secondaires, sans oublier bien sûr sa marque de fabrique, des histoires dans l’histoire. Il a conçu une véritable intrigue, à la mécanique complexe, avec un suspense quant à la manière d’éviter une destruction massive. La distribution des personnages est assez importante, avec l’apparition de plusieurs frères et sœurs de Morpheus (les Endless), et d’autres membres de la famille. L’intrigue emmène les personnages au bout du monde, de l’univers et même en dehors. Le péril est à l’échelle de l’univers, et la tactique employée est aussi téméraire que rusée.

Une richesse visuelle inépuisable

Une richesse visuelle inépuisable©Vertigo

Pour un lecteur qui ne connaît rien de Sandman, il est possible qu’il se produise un effet catalogue, où des personnages hauts en couleurs et très intrigants apparaissent le temps d’une scène ou deux, pour ne plus jamais revenir (la vielle dame guidant Sandman dans un asile délabré), générant une réelle frustration. Il est vraisemblable également que plusieurs remarques tombent à plat, et même que la forme de certains personnages ne fasse pas sens. Il reste un récit à la dimension visuelle époustouflante et envoûtante, avec une intrigue bien corsée, et une narration aux effluves poétiques inattendues, évoquant la relation entre les enfants et leurs parents sous une forme tellement exotique qu’elle la fait apparaître sous un jour nouveau.

Pour un lecteur ayant lu la série Sandman, il retrouve tout de suite les sensations qu’il lui associe. Neil Gaiman a fait les choses en grand, en incluant plusieurs personnages récurrents de la série, du Corinthien aux Bienveillantes, en passant par beaucoup d’autres. Leurs apparitions donnent parfois la réponse à des questions laissées en suspens dans la série originale, ou bien font écho à de doux souvenirs (par exemple Death ou Destiny, Lucien, et tant d’autres, et même Daniel Hall). Neil Gaiman maîtrise à la perfection l’effet nostalgique, sans se complaire dans l’autosatisfaction : l’effet est d’une rare puissance (vite, vite, il faut que je relise Sandman). Il cite également l’une des histoires de Endless nights, celle dessinée par Miguelanxo Prado, jusqu’à faire mention du Green Lantern Corps (comme il avait mention d’Oa dans le récit consacré à Dream dans Endless Nights).

Des cases dans le livre de Destiny

Des cases dans le livre de Destiny©Vertigo

Pour ce lecteur ayant déjà achevé la série Sandman, de nombreux éléments de ce prologue entrent en résonance avec les événements à venir. Le récit se déroule avant la série et s’achève là où commence le premier épisode de Sandman. Lorsque Morpheus effectue une partie de son chemin, en compagnie d’un chat, ce dernier évoque le rêve d’un millier de chats (épisode 18, paru en 1990). Lorsque Morpheus raconte une histoire à la jeune fille qui l’accompagne pendant un temps, il choisit une histoire d’amour qui fait écho à celle de Nada. À nouveau, les souvenirs affluent, ramenant des émotions encore vivaces, liées à la lecture de ces épisodes.

Très rapidement, le lecteur constate que ce récit ne se limite pas à un exercice virtuose d’évocation de souvenirs avec de meilleures illustrations. L’intrigue est originale et ouvre sur une cosmogonie personnelle, en parfaite cohérence avec les Endless. Le lecteur n’éprouve donc jamais une impression de répétition stérile. Toutefois en arrivant vers la fin du récit, il s’interroge sur le sens à donner à ce compte merveilleux, et même sur la nature du dénouement. Il est vrai qu’il est facile de se laisser hypnotiser par cette richesse infinie, et de se laisser porter, sans s’attacher à éplucher chaque détail. Neil Gaiman est dans une forme éblouissante, avec une verve insolente, pleine de d’images évocatrices, laissant la place à l’imagination du lecteur pour les développer ou les compléter en fonction de ses propres inclinations. Au vu de la richesse inépuisable de la narration, il peut se permettre de choisir, de butiner à sa guise, et de négliger certains éléments.

Contrairement aux apparences, une narration très fluide

Contrairement aux apparences, une narration très fluide©Vertigo

Après tout, peu importe le détail de ce qui est raconté sur George Portcullis, car la musique des mots suffit à contenter l’esprit du lecteur. Quand il est écrit » Peut-être que quand il est éveillé, il est une femme, ou un enfant ou un papillon. », le lecteur comprend bien qu’il s’agit d’installer une atmosphère onirique, de présenter une situation qui relève du domaine du rêve, avec son côté éthéré et brumeux. Il se souvient vaguement que cette histoire de papillon renvoie à un songe de Tchouang-tseu (penseur chinois du IVème siècle avant Jésus Christ, auteur du Zhuāngzǐ) qui rêve qu’il est papillon, et qui se réveille en se demandant s’il n’est pas plutôt papillon qui rêve qu’il est un homme. Un petit moment de poésie dans un récit qui en regorge, mais aussi un présage de ce qui est à venir (sans qu’il soit littéral, ou à prendre au pied de la lettre). Cette histoire mérite que le lecteur prenne son temps pour la savourer, et le récompense au-delà de toute espérance.

Le tome se termine avec une quarantaine de pages, comprenant des interviews des créateurs, réalisées par Shelley Bond, la responsable éditoriale du projet, des explications de J.H. Williams sur les modalités de composition et de réalisation de certaines pages, des explications de Dave Stewart sur les étapes de la mise en couleurs, des explications de Todd Klein sur la conception et la réalisation du lettrage, aux caractéristiques si particulières dans cette série (impossible d’oublier le lettrage des phylactères de Delirium). Il y a également l’ensemble des couvertures variantes, à commencer par celle de Dave McKean qui se fend lui aussi de quelques mots pour exposer sa démarche créative. Tous ces suppléments font apparaître le degré de sophistication et la complexité de réalisation de chaque planche, avec élégance et intelligence. Ils constituent un prolongement agréable et éclairant de cette lecture.

Neil Gaiman n’est pas venu cachetonner pour vendre un peu plus de papier, avec ce prologue. Il a mis les petits plats dans les grands, les responsables éditoriaux aussi, et l’artiste retenu excelle à donner corps à ce récit d’une exigence folle sur le plan visuel. Le nouveau lecteur découvrant Sandman sera subjugué par la richesse de ce monde, et la sensibilité poétique de la narration, en regrettant de voir passer si brièvement tant de personnages si intrigants.

Le lecteur connaissant l’œuvre sera subjugué par une nostalgie constructive, par un prologue aux riches résonances annonciatrices, par un regard pince-sans-rire sur le caractère de Morpheus, par une famille dysfonctionnelle, par une ode à l’imagination. Comme l’annonce Neil Gaiman dans l’introduction, ce récit est aussi un prologue à la série (avec plusieurs séquences annonçant des chapitres), qu’un épilogue bouclant la boucle, en particulier du fait de la gestion du temps.

Prêt pour le début de la série (1er encart promotionnel fin 1988)

Prêt pour le début de la série (1er encart promotionnel fin 1988)©Vertigo

25 comments

  • JP Nguyen  

    Superbe présentation de cette œuvre. Les scans font vraiment envie.
    Problème perso : je n’ai pas encore lu Sandman en entier (seulement des petits bouts).

    • Présence  

      En ayant lu une première fois ce commentaire, sans les images, Tornado m’avait demandé s’il était possible de lire ce prologue sans avoir lu la série (formulé comme ça, ça fait mieux ressortir l’étrange démarche de Neil Gaiman). Je suis bien incapable de répondre, ayant lu la série auparavant. Du coup je ne saurais dire si le défilé de nombreux personnages inconnus ne finirait pas à la longue par être abrutissant pour un lecteur novice.

      Ça m’a fait très plaisir de pouvoir retrouver la dernière image de l’article qui m’avait tant intrigué à l’époque dans les comics mensuels, avant que ne sorte le premier numéro. C’est assez édifiant de voir le chemin parcouru entre cette première image qui annonçait une série de type horrifique, et l’œuvre abouti de 75 épisodes qui est sans commune mesure avec cette promesse. Je vous montrerai la terreur dans une poignée de sable, une adaptation de la phrase I will show you fear in a handful of dust, extraite d’un poème de T.S. Elliott (La terre vaine, 1922, merci wikipedia).

  • Bruce lit  

    Je ne savais pas qu’il était sorti en français !!! Traduction de Patrick Marcel ?
    J’avoue que je ne me sentais pas de lire ça en anglais au vu de la virtuosité et de la complexité des illustrations. Et le pitch que tu décris en intro n’est pas très engageant.
    La fin de Sandman, m’ayant pleinement comblé, je n’ai jamais les retours de Gaiman là dessus malgré leurs indéniables qualités, la plupart du temps, le récit étant effectivement un catalogue prétexte à satisfaire d’extraordinaires dessinateurs.
    Mais bon, j’ai lu ça, il y a 20 ans, il faudrait une bonne réédition pour revoir mon jugement.
    Ton article en tout cas encore plus minutieux qu’à l’accoutumée vend bien sa came et je vais rajouter ça sous le sapin… Le titre « Overture » est brillant en tout cas !
    Merci pour cette description haut de gamme !

    • Présence  

      Pour la présentation de l’histoire, je me suis retenu parce que Neil Gaiman a inclus… Ah ! Non, il ne faut pas que je le dise, ni même que je le sous-entende. L’auteur ne se contente pas d’une grande aventure avec le monde à sauver, il ajoute aussi une touche essentielle à la mythologie de la série (qui ne s’apparente pas à de la continuité basique).

  • CathyBenod  

    Ça fait envie !! Il va falloir que je me replonge dans les Sandman avant la sortie de celui-ci, ma lecture date un peu. En tout cas les quelques planches présentées sont superbes, et la promesse de retrouver Gaiman au top de sa forme est alléchante.

    • Présence  

      Les articles de Bruce sur les différents tomes VF fournissent une bonne aide pour se remémorer l’essentiel de la série, et pouvoir apprécier à sa juste valeur ce prologue/épilogue.

  • Jyrille  

    Je ne lis pas l’article (même si les scans font très envie) car mon fils m’a promis de me l’offrir pour Noël. Pourtant je ne suis pas certain de la date de sortie Urban… On verra, ce qui est certain, c’est que Sandman est un oeuvre magnifique, et pourtant je viens de la découvrir.

    • Présence  

      Tout du long de la parution, les lecteurs se sont plaints des retards de parution (6 épisodes en 1 an et demi), mais en recueil on ne peut pas se plaindre que la qualité ait souffert des contraintes de la prépublication.

      • Jyrille  

        C’est vrai qu’entre la recolorisation, la publication régulière et la qualité Urban, je suis plutôt un privilégié d’avoir découvert cette série si tard. D’ailleurs il faudra que je la relise d’un coup, avec les bonus que je n’ai pas tous lu, loin de là.

  • Tornado  

    Même si je n’ai jamais rien lu de la série (dont tous les tomes Delcourt/Panini dorment sur mes étagères), j’achèterai celui là sans hésiter. D’une part parce que la série est quand même susceptible de me plaire beaucoup, et d’une autre parce que je considère J.H. W. III comme le meilleur dessinateur de comics de notre temps !
    Fan de Gaiman et de Williams III, je ne vois pas comment je pourrais passer à côté de la chose…

    Les scans sont à la hauteur de ce que j’imaginais, et peut-être même davantage encore !
    quant au contenu de l’article, d’accord avec Bruce !

    • Bruce lit  

      Le teaser de Présence
      Le sage rêve qu’il est un papillon, et se réveillant, se demande s’il n’est pas plutôt un papillon qui rêve. Le lecteur croit vivre un rêve éveillé en s’immergeant dans le prélude de la série Sandman, qui en est aussi une forme d’épilogue. Sandman: Overture, de Neil Gaiman & JH Williams III.

    • Présence  

      Les bonus détaillent la construction de quelques pages : c’est un boulot hallucinant de complexité et de méticulosité, de la composition aux différentes étapes de la mise en couleurs.

  • yuandazhukun  

    Splendide article Présence, un grand bravo…j’en salive d’avance d’acheter le dernier tome de chez Urban qui sera normalement avec les derniers épisodes de Sandman ! Les scans sont superbes ! Et l’écriture de Gaiman a l’air d’être profonde et à plusieurs niveaux…Je n’ai découvert Sandman que tardivement et suis en train de lire la série…Je ne peux m’empêcher de penser, en admirant ces scans que c’est bien dommage que JH Williams III ne ne soit pas chargé des derniers épisodes de la série aujourd’hui (les bienveillantes) sur lesquelles je n’accroche pas des masses sur les dessins (oui je sais que Sandman c’est la richesse des différents dessinateurs mais bon…) car je trouve cela vraiment magnifique….

    • Présence  

      Merci. Comme d’habitude, le fait que ce comics soit exceptionnel contribue beaucoup à nourrir l’article et à me faire paraître plus intelligent que je ne suis.

    • Mantichore  

      L’album va paraître chez Urban, mais de façon indépendante. Le 7e volume, qui ne devrait plus tarder, finit la série elle-même et les albums ultérieurs (essentiellement « Les Chasseurs de rêve » sous forme de longue nouvelle illustrée par Amano — l’adaptation par PCR étant déjà parue — et « Nuits d’Infinis »). Je suis à l’œuvre sur la trado de cette « Ouverture ». Je sens que le lettreur va morfler. 😮

      • Présence  

        @Mantichore – C’est une question que je me pose souvent en voyant le travail incroyable de certains lettreurs : comment font les traducteurs pour reproduire ce travail ? Si je me souviens bien, JH Williams III a intégré les titres de chapitre dans les dessins, comme le faisait Will Eisner avec les strips du Spirit. Il n’y aura donc pas de possibilité de « traduction ».

        Est-ce que l’éditeur Vertigo, ou d’autres, prévoit à l’avance la question de la traduction, avec des outils préparés (dans une certaine mesure) ?

        • Mantichore  

          Je n’en ai aucune idée. En principe, c’est possible, parce que ça se fait sous calques avec Illustrator ou Photoshop, donc, si les documents sont transmis aux éditeurs étrangers sans être écrasés (ce qui doit être possible) peut-être qu’il reste un calque réservé au lettrage qu’on peut retirer à l’image composite, laissant les mains libres au lettreur. J’espère, parce que sinon, ça ça être velu, par moments.

          • Présence  

            Merci pour ces précisions. Je pensais en particulier aux explications fournies par Tod Klein dans la fin de ce volume qui détaille comment il a travaillé pour aboutir à des polices semi-transparentes qui participent à l’expérience visuelle de la lecture.

    • Mantichore  

      J. H. Williams III sur « Les Bienveillantes », outre qu’on attendrait encore la fin, ça n’aurait pas du tout convenu. C’est l’arc le plus cohérent de la série, avec ce dessin brillamment stylisé qui exprime toutes les émotions à nu. C’est la fin d’une tragédie, ce n’est pas du joli qu’il faut, c’est du net. Et y a beaucoup trop de choses dans l’arc, pas la place pour un dessin fouillé, complexe comme celui de JHW3.

  • Mantichore  

    Tant que j’y pense, les clins d’œil discrets qui entrent en résonance avec la série abondent, et l’histoire que conte Morphée n’évoque pas vraiment celle de Nada, elle répond en fait à une question laissée en suspens à la fin de « Le Jeu de soi » et que Neil avait dit qu’il raconterait un jour.

  • Bruce lit  

    Biennnnnn…..
    Alors je l’ai lu et j’ai VRAIMENT pas aimé….
    Deux causes….
    D’abord, ma faute…Depuis la fin de la série, je vais à reculons à chaque spécial qui sort. Pour moi la série est bouclée à l’épisode 75. Point. Je n’ai pas envie de savoir ce qui se passait pendant/avant/après ces épisodes. La fin m’a bouleversé et m’a demandé un travail de deuil que de me replonger là dedans m’est presque pénible. Je sne suis pas un lecteur très nostalgique de manière globale. En retrouvant les personnages de ma série phare, je me suis presque senti forcé…
    Et ceci n’augure pas d’une lecture Bienveillante car à bien des endroits tout ce qui est agaçant dans cette série s’y déchaîne….Gaiman ergote comme jamais, et multiplie des personnages emblématiques qui viennent palabrer deux pages pour ensuite disparaître. En fait, il s’agit certainement de l’histoire la plus baroque de Sandman : oui Présence, à l’inverse de Jeff Smith qui pour le retour de Bone ne s’est vraiment pas foulé, Gaiman construit une véritable histoire avec un casting mamma mia della madonna. Sauf que c’est étouffant au possible. Les cases de Williams ne laisse pas un millimètre de respiration, le lettrage de Klein est épuisant avec toutes ces couleurs, et l’intrigue est tellement tarabiscotée que Gaiman m’a beaucoup agacé. En moins de 6 épisodes, il se montre incapable de faire simple partagé entre le fan service et des personnages majeurs que l’on entrevoit (le père et la mère de Dream !).
    Il y abien des clins d’oeils travaillés aux fidèles de la série, notamment sur la mort ou pas de l’Espoir, mais tout ça est noyé dans un charivari d’idées généreuses qui peuvent aussi bien fasciner qu’irriter.
    Oui les dessins sont superbes mais bien trop sophistiqués pour moi….

    • Présence  

      C’est vrai que je n’ai pas le même type d’attachement à la série que toi. Elle reste emblématique d’une période où je découvrais la production Vertigo et d’une ouverture inimaginable en termes de possibilités narratives. Il est certain que je relirai les histoires en 1 chapitre tellement elles m’ont marqué. Par contre, je n’ai pas cet attachement affectif avec les personnages ; je ne me suis jamais projeté ou reconnu dans Morpheus.

      En lisant ta remarque, je prends conscience que je suis très sensible à la virtuosité des créateurs, ici la capacité de Neil Gaiman à passer en revue la majeure partie des thèmes et des personnages des 75 épisodes de la série mensuelle. Dit comme ça, c’est vrai que ça ne peut déboucher que sur une densité étouffante. Il en va de même pour les illustrations hallucinantes de JH Williams III, tout aussi virtuoses et denses comme tu le soulignes. Même le travail de Todd Klein est celui d’un orfèvre. Dave McKean reste à un niveau de créativité exceptionnel.

      Par contre, l’extension de la mythologie de Morpheus par la présentation de ses parents ne m’a fait ni chaud, ni froid.

      Je comprends ton point de vue qui met en évidence une différence de sensibilité entre nous. Personnellement, j’ai eu le plaisir de retrouver ce que j’aime dans Neil Gaiman et dans JH Williams III.

  • Jyrille  

    J’ai l’impression qu’il manque une chronique, sur le volume 5 de la réédition Urban, sur le blog.

    • Bruce lit  

      Tout à fait Jyrille, rien ne t’échappe, car j’ai ce volume en horreur….Je l’ai en vieille édition VO mais n’ai pas investi dedans. Dommage, car il y a les Nuits du Ramadon qui sont un classique de la série….

  • Jyrille  

    Et bien je l’ai lu. J’avais bien fait de ne pas lire ton article avant, Présence, car tu décris tellement bien cette bd que j’aurai perdu la surprise d’avoir cette forte impression de relire Promethea. Je n’ai pas trouvé l’histoire passionnante, mais le dessin et les textes sont terribles.

    Je suis donc totalement d’accord avec toi pour ce qui est du dessin que tu décris si bien : Promethea et la trait de Moebius par moment m’ont sauté aux yeux. La narration est effectivement simple à suivre malgré les formats étranges.

    Mais comme je n’ai lu Sandman qu’une seule fois, je ne suis pas encore assez familier de toutes ses histoires et ses personnages (et avouons-le, ce n’est pas une lecture facile). Je suis donc passé à côté de pas mal de choses, puisque j’ai reconnu des personnages, mais ai été incapable de faire la relation avec la suite de l’histoire qui se passe avant.

    Je suis d’accord avec Bruce, le titre est très bien trouvé et ses définitions en début d’ouvrage sont plus que bienvenues.

    Il faut encore que je lise les bonus, que je vais sans doute lire ceux-ci avant de relire tout Sandman et ses bonus conséquents. Urban a vraiment fait un travail fantastique. Ca me donnerait presque envie de réinvestir dans les 100 Bullets par Urban… mais je ne peux pas.

    Quant à la BO, c’est une de mes chansons favorites de tous les temps, et je ne l’ai pas dans mon iPod. Il va falloir que je remédie à ça.

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