Xmen par défaut… (Ultimate Xmen)

Ultimate X-men par Mark Millar et Robert Kirkman

VO : Marvel

VF : Panini

1ère publication le 13/10/15- MAJ le 15/01/23

Dans cet univers, Wolverine affronte son ennemi ultime : le trottoir !

Dans cet univers, Wolverine affronte son ennemi ultime : le trottoir ! ©Marvel Comics

Cet article couvrira essentiellement  les 24 épisodes premiers d’Ultimate Xmen écrits par Mark Millar et ceux de Robert Kirkman. Ceux correspondant aux runs de BK Vaughan et de mon ami Bendis, ne seront pas traités. Je n’en ai pour une fois rien à dire, ni en bien, ni en mal….

Petit rappel. Au début des années 2000, Marvel est en faillite. Arrive alors une nouvelle génération d’auteurs recrutés par Joe Quesada qui vont impulser au sein de la maison des idées une révolution artistique inédite en terme d’efficacité et de maturité.

Un âge d’or bien révolu qui vit apparaître la gamme Ultimate, c’est à dire une version moderne et simplifiée des héros Marvel. Il s’agissait de brasser le public ayant aimé les premiers films Marvel de l’époque, notamment les X-Men de Bryan Singer, sans que celui-ci n’ait à subir quarante années de continuité.

En d’autres termes, il était proposé à Millar et Bendis d’écrire le Nouveau Testament, ce qu’ils firent avec succès avant que le navire prenne l’eau et que Marvel décide d’appuyer sur le bouton reset et d’anéantir cet univers parallèle et tous les autres.

La promotion Millar

La promotion Millar ©Marvel Comics

Les X-Men de Mark Millar

Le monde des Ultimates proposait donc de tout reprendre à zéro avec une vision de nos héros préférés actualisée. Dans la série normale, Iceberg rejoint les Xmen à 16 ans lorsqu’il se fait agresser à la sortie du film West Side Story,  (1961). Le benjamin de l’équipe aurait donc 70 ans en 2015 ! A cet âge là, même LR lui filerait sa retraite sans discuter ! Et que dire de Charles Xavier qui a fait la guerre de Corée,  de Magneto et Gabrielle Haller survivants de la Shoah ?

Bien entendu, la méthode Claremont et ses intrigues étirées fut bannie.  Avec Millar maître ès simplifications, La saga du Phenix noir fera deux épisodes ! Celle de Proteus aussi ! Et puis place à l’action ! ne nous attardons pas sur la psychologie des personnages : on va tout simplifier hein ? Tornade est complètement idiote, Cyclope a le charisme d’une huître, Xavier est un vieux con, le Fauve ne pense qu’à baiser, Colossus-ahem-est gay !

Hop, une suggestion sur lhomosexualité de Colossus. La finesse de Millar aussi douce que du savon....

Hop, une suggestion sur l’homosexualité de Colossus. La finesse de Millar aussi douce que du savon…. ©Marvel Comics

Et bien sûr Wolverine ! Il est très méchant, très énervé et il est très dangereux aussi. Débarrassé de son code de l’honneur, il ira même jusqu’à tenter d’assassiner Scott Summers pour faire des galipettes avec Jean Grey…
Summers s’en sortira et pardonnera au nabot malodorant en lui disant quelque chose comme : « Hey, we’re all X-men man, just don’t do it again ». Une réplique Ultimate, elle aussi…

La gestion de Marvel et du temps… Plutôt que d’assumer l’âge de ses personnages et la volonté initiale de coller nos héros à l’époque de leur publication,  Marvel, tout comme DC n’en finira pas d’effectuer une danse du ventre aussi amusante qu’embarrassante pour les lecteurs de la première heure, qui eux, ne rajeunissent pas et seraient bien envoyés à l’hospice par la maison des idées…

Cyclope après que Wolverine lui ait piqué sa meuf.....

Cyclope joue à David Bowie après que Wolverine lui ait piqué sa meuf….. ©Marvel Comics

Autant le dire, le vieux con hurla depuis son bingo au scandale : c’est pas les Xmen ; c’est la Mutant Academy !  Tous les personnages avaient perdu de leur noblesse, de leur altruisme au profit du cynisme de l’époque : les Xmen étaient désormais des people, l’équivalent des rats du Loft  voulant être célèbres à tout prix. Le super héroïsme, vidé de toute sa substance,  devenait ici un outil de promotion sociale pour des ados boutonneux qui se fichaient de l’altruisme comme de leur première verrue. L’esprit esprit familial instauré dans l’équipe par Claremont évaporé: ces Xmen sont bêtes, cyniques, Xavier un manipulateur sans éthique qui se moque d’envoyer des enfants à la mort et des pertes civiles comme de son dernier cheveu.

Je n’ai pas reconnu mes Xmen et  pourtant dans un premier temps, Millar savait y faire, j’ai adoré cela ! Il mettait en scène avec son savoir faire habituel une équipe différente (en apparence) de ses aînés où tout pouvait arriver chez les mutants ! Où le danger était réel ! Où il n’ y avait qu’une seule série centrée sur une équipe sans ses abominables spin-off. J’ai adoré Jean Grey ultra sexy et vaguement allumeuse. J’ai aimé mon Bobby Drake tout timide.

Le début de la période "Charles Xavier is an asshole"

Le début de la période « Charles Xavier is an asshole » ©Marvel Comics

Tout y était logique, froidement, tristement logique. Comme un adulte qui aurait grandi et abandonné ses rêves d’enfants…  Il y était expliqué de manière crédible le financement de l’hôtel Xavier. Logique ! Lorsque Iceberg était mortellement blessé, ses parents le retiraient de l’école pour protéger un mineur et intentaient un procès au chauve. Logique !
Les Xmen étaient à l’image de notre époque : ironiques, sexy, perdus, malins. Ils se méfiaient tous de leur mentor qu’ils soupçonnaient de manipulation mentale à leur égard. Magneto comme chez Grant Morrison représentait lui un terrorisme Al Qaedien implacable. Et la guerre génétique entre mutants et humains celle en Irak.
Millar restituait bien les enfants de l’atome dans le contexte politique Américain post 11 Septembre avec une science avérée du  suspense.

Mais tout ça, en fait, c’était du miel, du flan, du Canada Dry. Et le métacommentaire d’un esprit critique ressemblait un peu à cela : et si, Millar était ce Charles Xavier odieux ? Obsédé par la thune ?  Mercenaire du scénario sans aucune émotion, ni affinité avec ces personnages ?
Et si, lui aussi rêvait de nous laver le cerveau, de nous faire oublier la gloire et le palmarès impressionnant d’histoires cultes de la plus grandes équipe du monde ?
Et si, Mister Millar-World,  n’avait qu’un seul but :  se servir de nos personnages de Comics comme marchepied d’une carrière hollywoodienne ?
La suite, jeune padawan, donna hélas raison au papi édenté à l’heure de son thé glacé…..

Blockbuster !

Blockbuster ! ©Marvel Comics

Pour ce blockbuster retord, on appela les vétérans Andy et Adam Kubert des 90’s.  En fait les dessinateurs de l’époque Lobdell, cette époque que l’on espérait nous faire oublier, raillée par Grant Morrison, jamais le dernier en ce qui concerne l’hypertrophie du moi, mais au moins capable d’écrire Riot at Xavier’s….

Le style style était très séduisant, iconique, même si les costumes et les covers étaient hideux,  et que les Kubert firent montre de leur paresse habituelle sur les regards des personnages. Certaines planches étaient très détaillées tandis que pour d’autres, les personnages n’avaient pas de nez, de bouches et de yeux. On avait même l’indécrottable Chris Bachalo, ses cadrages brouillons et ses mentons en avant.

Une scène qui préfigure le Nemesis de Millar

Une scène qui préfigure le Nemesis de Millar, un autre de ses chefs d’oeuvre… ©Marvel Comics

Comment souvent avec Millar, j’eus l’impression de sortir du Mc Donald…. C’était sympa sur le moment, fun, pas cher à avaler, plein de calories qui ne suffirent pas à apaiser ma fin.  Parce qu’en terme de foutage de gueule, le Millar savait y faire : venu pour de nouvelles histoires et de nouveaux personnages, on se retrouvait avec des sagas classiques remis à la sauce moderne, le talent, l’imagination et l’amour en moins et de la mayonnaise en plus.
Burp…..
Au final, ces Ultimate X-men de Millar furent  probablement le pire comic-book des Xmen jamais lu par votre serviteur. Mais probablement la meilleure adaptation cinéma jamais réalisée. Et jamais tournée…

2/ Les X-men de Robert Kirkman

Pourtant le Mc Do, on a beau dire que c’est dégueulasse, on y retourne quand même… Ainsi fis-je, en bon adepte de Charles Xavier, en laissant une seconde chance à l’univers Ultimate et  Robert Walking Dead Kirkman  en particulier.

Lâché par le club des damnés, Charles Xavier rencontrait Lilandra, ici une femme d’affaire souhaitant subventionner l’école, membre d’une secte, les Shi’ars, croyant en l’avènement du Phénix. Pas d’aliens donc, mais un habile travail de réinterprétation du mythe enfanté par Chris Claremont . Jean Grey est elle schizophrène ? Jusqu’où Charles Xavier est il prêt à aller pour financer son rêve ? A défaut de cinéma, Kirkman lui proposait des subplots  de série Tv à la Heroes centré sur la vie quotidienne des mutants.

Plus ça change, plus cest la même chose....

Plus ça change, plus c’est la même chose…. ©Marvel Comics

En ce sens l’héritage de Claremont était respecté. Les meilleurs moments étaient ceux où nos amis discutaient, doutaient, se séduisaient. Les Ultimate Xmen étaient des ados concentrés sur leur sexualité et les doutes qu’elle engendre : Iceberg et Malicia perdaient leur pucelage, Scott Summers luttait pour surmonter son inhibition à flirter avec une télépathe et Colossus  était rejeté par Nightcrawler. Celui-ci, dans un accès psychopathe kidnappait Dazzler pour…la violer dans une grotte !

Encore une fois, ce que la série gagna en réalisme ce qu’elle perdit en noblesse et en altruisme. Il y avait quelque chose de profondément démagogique dans ce cahier des charges Ultimate à mettre en scène tout haut, ce que le lecteur pensait tout bas, depuis des années. Du coup, impossible de tenir la comparaison avec la figure christique de Xavier, le charisme de Scott Summers ou la pureté de Kurt Wagner de l’univers 616. Les personnages étaient les jouets de Marvel et non plus les muses de créateurs enamourés….

Diablo kidnappe Dazzler pour la violer....Une ultimate connerie....

Diablo kidnappe Dazzler pour la violer….Une ultimate connerie. ©Marvel Comics

De plus, Kirkman, souvent génial chez ses Zombies n’était pas un scénariste doué pour les scènes d’action: les bastons étaient confuses à souhait, ne mettaient pas les pouvoirs des Xmen en valeur et il introduit un Xman assez détestable : le magicien. Aussi creux qu’inutile, Kirkman perdit beaucoup de temps à raconter l’histoire d’un personnage ennuyeux à mourir alors que les têtes d’affiche avaient sérieusement besoin d’être creusées.

Tout ça, sentait le travail de commande, avec cette détestable habitude de Marvel à coller aux films : en 2006, il fallait combler les blancs entre les épisodes 2 et 3 des films X-Men : Malicia et Bobby DEVAIENT flirter ensemble , le Phenix DEVAIT continuer d’inquiéter Xavier et Nightcrawler DEVAIT se rappelle son expérience Weapon X.

Et lui alors ? Une belle tête de gagnant....

Et lui alors ? Une belle tête de gagnant…. ©Marvel Comics

Côté dessinateur, ça commençait aussi à flancher…
Tom Raney vieux routier des mutants livrait comme à son habitude des sourcils avec au moins trois points de mobilité ce qui achevait de rendre nos mutants définitivement idiots ! Et Ben Oliver livrait des planches peu ragoutantes

Ainsi continua la saga des Ultimates Xmen sans votre serviteur. Une soixantaines d’épisodes sans crossover, ni spin off mais où ne s’était finalement passé que peu de choses subjugantes. Sur la forme, tout était là pour faire cracher l’amateur de X au bassinet. Sur le fond, c’était creux, populiste et racoleur. M’enfin, c’était finalement pas si grave, puisque l‘univers Ultimate pouvait se targuer d’être le laboratoire de la maison des (mauvaises) idées. Ce qui fut catastrophique, c’est lorsque monsieur Bendis importa tout ça dans l’univers classique avec ses nouveaux X-men

A défaut d’être attachants, ces X-men  étaient réalistes.
A défaut de profondeur, les scénaristes nous livrèrent des séquences divertissantes et plutôt malines.
A défaut d’un commentaire social sur les génocides de l’histoire et la volonté d’intégration de toutes les minorités, on eut du Michael Bay.
Oui… A défaut …
Des faux ?

Ils sont déjà pas malins...Avec Raney aux crayons, ils ont vraiment lair d ultimate couillons....

Ils sont déjà pas malins…Avec Raney aux crayons, ils ont vraiment l’air d’ultimate couillons…. ©Marvel Comics

24 comments

  • JP Nguyen  

    J’avais lu le début à sa sortie et une partie du reste en médiathèque il y a quelques temps.
    Plutôt d’accord sur le côté bof de la chose. Par rapport aux Ultimates, je vois deux handicaps: des intrigues trop rapides (comme quoi la décompression a ses vertus) et des dessinateurs moins adaptés à l’approche réaliste.
    Et puis, côté personnages, difficile d’en sauver un seul, tellement ils sont tête à claque.

  • Tornado  

    Rrrohlala ! c’te débandade !

    Les Ultimate X-men sont le gros ratage de l’ère Marvel Knight.
    A l’époque, venant juste de prendre la claque « Ultimates » en pleine poire, je me suis rué sur les premiers épisodes d’Ultimate X-men. Et j’ai vite arrêté le massacre !

    Je m’était dit, vu que je n’aimais pas trop le style old-school de la période Claremont, que cette relecture, ce serait de la balle puisque le scénnariste était le même que sur les « Ultimates ».
    La déception fut rude ! A l’époque, ça avait donné l’un de mes tout premiers commentaires sur Amazon. Quelque chose comme : « Si c’est pour voir se répéter les mêmes lourdeurs que dans la version 1975, je ne vois pas en quoi je devrais m’enthousiasmer. En effet, voici que le groupe de super-héros est de nouveau créé en deux secondes, que les dialogues sont de nouveau infantiles. Quand aux relations entre les personnages, elles sont aussi creuses que dans les premiers épisodes de la série originelle (version 1975, donc).
    J’aurais adoré que l’on prenne son temps, que les personnages arrivent lentement. Alors si c’est pour répéter les erreurs du passé, ce n’est peut-être pas la peine de repartir à zéro… »

    Qui plus-est, je garde le souvenir d’une imagerie extrêmement kitsch (Magneto en Terre sauvage aussi bête que méchant), d’un mauvais goût douteux.
    Dommage. On est vraiment passé à côté d’un reboot moderne qui aurait pu remplacer la version précédente qui est, depuis longtemps, tombée dans le marasme d’une continuité que seuls quelques gourous peuvent désormais assimiler.

    Du coup, j’ai arrêté les frais au bout de six ou sept épisodes. Et j’ai même renoncé au run de Vaughan, l’un de mes auteurs préférés…
    Quant à Kirkman, autant être franc : J’ai détesté tout ce qu’il a fait pour Marvel, à commencer par son « Ant Man » aussi lourd que vulgaire (avis strictement perso).

  • Marti  

    Je suis assez d’accord pour Millar, même si j’ai bien aimé sa façon de malmener Xavier, notamment en fusionnant les histoires de Proteus et de Legion pour cet univers.

    Concernant le passage de Robert Kirkman je vais me placer en défenseur ! A l’époque je découvrais en même temps les X-Men de Claremont dans leurs deux premiers Essential, et je retrouvais justement chez Kirkman le soap, la camaraderie, les subplots écrits sur la longueur… qui me plaisaient tant. Sans vouloir dire de bêtises, Kirkman a dû être placé sur ce titre au départ de BKV pour assurer l’intérim avec l’arrivée qui se voulait triomphante d’un Brian Synger… qui n’est jamais venu ! Petite théorie personnelle : de nombreux défauts de ce run sont sans doute explicable par un débarquement forcé de l’auteur plus tôt que prévu et d’une remise à plat de toutes ses intrigues pour faire place à Ultimatum qui devait tout raser. Ceci expliquerait pourquoi Kirkman s’est embêté à créer et développer le Magicien qu’il tue en laissant entendre qu’il était peut-être toujours vivant, pourquoi les intrigues autour des origines de Wolverine ont été au mieux expédiées (quelques pages au début d’un épisode pour le subplot sur Cornelius) ou pire totalement inachevées (la relation avec Dents-de-Sabre) et surtout la précipitation avec laquelle les fils rouges sur Cable, Apocalypse, Xavier dans le futur, le Phoenix… ont été vite-fait bien-fait conclus dans un dernier arc expéditif bourré de « plotholes » comme on dit… Que l’on ai aimé ou pas son run, on ne peut pas reproché à Kirkman de n’avoir pas voulu faire bouger les choses, d’avoir su jouer avec la continuité établie par ses différents prédécesseurs et d’avoir su de manière plus originale que Millar rendre hommage à des intrigues du passé.

    • Bruce lit  

      @Tornado: tiens, je pensais que ces Xmen t’avaient plu. Ce fut mon cas dans un premier temps. Disons la demie heure qui suivit…..
      @Marti : Mais comment avez vous toutes ces coulisses éditoriales ?? Bon , il est vrai que toutes ces scènes backstages ne m’intéressent pas plus que ça mais soit ! je veux bien accorder à Kirkman le bénéfice du doute.
      @Jp: des têtes de lard, c’est sûr. Les Xmen, sont une équipe difficile à écrire et pour le coup, je pense que bien en connaître la continuité est un plus pour gérer la personnalité de chacun. En y regardant bien, cette équipe aura connu des histoires exceptionnelles bien supérieures à la moyenne. J'(ai relu ce matin les Wolverine et les Xmen de Aarron et je me régale toujours autant. Il a vraiment accès à la voix de tous ses personnages, y compris celle de Quentin Quirre, assez différente de celle donnée par Morrison lors de ses origines.

      • Marti  

        @ Bruce : « Mais comment avez vous toutes ces coulisses éditoriales ?? » Pour ma part c’est surtout de la spéculation, mais j’ai déjà vu sur le net d’autres penser peu ou prou la même chose. Après Kirkman est peut-être aussi en grande partie responsable de toutes les storylines qui ont été rushées voire abandonnées (notamment du côté d’Emma Frost et des Shi’ars), il a pu être submergé par le nombre de pistes qu’il a vite lancé et/ou s’être désintéressé de certaines d’entre elles.

        En complément de mon commentaire précédent : Kirkman devait au départ être juste de passage sur le titre du #66 au #74 avant d’être finalement désigné comme auteur régulier.

        Je pense que le bon souvenir que je garde de ce run vient peut-être de l’âge que j’avais à la lecture : je l’ai découvert vers 19-20 ans, et j’ai donc pu m’identifier avec les adolescents et les jeunes adultes que Kirkman a dépeint pour moi très justement. Si on peut penser que le triangle Bobby/Malicia/Kitty a été influencé par les films (et encore, ils sont les trois adis de 16/17 ans de l’Institut, c’est donc normal que leurs hormones les travaillent et qu’ils fricotent ensemble, sans compter que Kirkman embraye ses prédécesseurs qui ont pavé le chemin avec ces relations), il montre de manière assez crédible la découverte des joies de l’amour à cet âge-là.

        Je suis aussi assez mitigé sur sa façon de dépeindre Kurt. Qu’il soit choqué de l’homosexualité de Piotr ne m’a pas dérangé, bien au contraire : Kurt est très jeune (Kirkman rappelle qu’il n’a que 14 ans dans cet univers !) et est possiblement influencé par ses convictions religieuses (bon là j’ai un trou, je ne sais plus si dans l’univers Ultimate Kurt est un fervent catholique) sans oublié qu’il a vécu à un moment coupé du monde par son passage à l’Arme X, il était donc logique et intéressant de le voir perturbé par cet état de fait qui lui est potentiellement inconnu. Les erreurs sont qu’il n’y a pas eu après la dispute le cheminement qui amène Kurt à accepter les différences de goût de son ami… et qu’on nous ait servi toute cette histoire où le diablotin bleu enlève Dazzler pour lui faire des choses dans une grotte…

        • Bruce lit  

          On est d’accord. Le fait que Kurt soit horrifié par l’homosexualité était très pédagogue. La tolérance de cette sexualité est toute nouvelle et avait toute sa place dans la parabole des Xmen. Malheureusement non seulement le Nightcrawler d’Ultimate est con comme ses pieds fourchus, est quand même mal placé pour juger quelqu’un vu son apparence et surtout cette histoire de kidnapping sexuel est assez lamentable….Maintenant, cela reste du mainstream hein ? et les orientations sexuels des héros Marvel fleure d’avantage les parts de marchés à conquérir qu’une réelle préoccupation sociale….

      • Tornado  

        Arf… On en a pourtant parlé moult fois ! Et je t’ai toujours dit que j’avais détesté cette série… 🙁

  • Présence  

    Voilà un article qui était nécessaire à ma culture. L’univers Ultimate a vu le jour alors que j’avais arrêté de lire des comics. Grâce Tornado, j’ai découvert Ultimates de Millar & Hitch. Et par la force des choses, je me demandais ce que valaient ces Ultimate X-Men. Me voici avec la réponse, sans même avoir eu besoin de les lire, merci.

    • Marti  

      Il y a quand même un trou dans l’article : la blagu… euh le run de Brian Michael Bendis, totalement inutile et dispensable… suivi du sympathique passage de Brian K. Vaughan qui laissait toutefois un peu trop de questions en jachères, Kirkman prenant un plaisir à y répondre. Ah et j’oubliais, il y a également les deux épisodes écrits par CHUCK AUSTEN intercalés au milieu du run de Mark Millar qui ne sont ni nul ni exceptionnels, juste moyen bons.

      • Bruce lit  

        Honnêtement je ne me rappelle des épisodes Bendisien qu’un crossover inoffensif avec Spider-Man…..De Vaughan, pour être honnête rien du tout. Austen, ce sont deux épisodes avec Gambit qui étaient ok….

        • Marti  

          Le crossover avec Spider-Man et Daredevil est une belle blague : l’arc dure six épisodes, mais Spider-Man n’apparaît que dans les quatre premier, et Daredevil dans les #3 et #4 ! Vu les merveilles que faisaient à l’époque Bendis sur Ultimate Spider-Man et sur la série Daredevil du label Marvel Knights on pouvait s’attendre à des étincelles, et la déconvenue a été grande… Le second arc est tout de même un peu meilleur, avec notamment l’épisode où Wolverine intervient dans une ville touchée par les pouvoirs incontrôlables d’un jeune mutant.

  • Jyrille  

    Waouh ! Je comprends mieux. Autant j’ai adoré les Ultimates des Avengers (rechroniqués hier par Tornado), car ils parlent au novice que je suis avec des personnages attachants et réalistes (même si effectivement les people de l’époque datent, mais bon, c’est le propre des people que de ne pas perdurer) et installent une vraie équipe (et je ne parle pas du dessin de Hytch à tomber à la renverse), autant je comprends mieux maintenant pourquoi tu détestes les X-Men désormais. Et pourquoi Wolverine and the X-Men est soudainement une bonne série.

    En fait je ne savais pas que le principe était de reprendre de vieilles histoires et de les remettre au goût du jour (fut-ce la même chose pour les Avengers de Millar). Du coup cela semble un peu idiot, tant je trouve ça quasi impossible de surpasser les icônes X-Men version Byrne. Peut-être es-tu également trop attaché à ces personnages pour les voir sous l’oeil cynique de Millar ? Je n’en suis pas sûr, cependant, tant tu sembles convaincant en décrivant ces histoires.

    En tout cas, comme j’ai découvert les Ultimates bien plus tard, cela remet pas mal de choses en perspective, notamment quand tu rapportes tout ça au ciné. Je déteste les trois premiers X-Men, seuls les deux nouveaux films trouvent grâce à mes yeux.

  • Marti  

    Y a-t-il des gens qui ont subi les derniers épisodes par Aron Eli Coleite qui a conclu la série après le pasage de Kirkman ? Il s’agit pour moi indubitablement du pire passage de la série, à mille lieux en-dessous du plus mauvais arc qu’aient pu pondre ses prédécesseurs, voire même d’un des plus mauvais trucs de l’univers Ultimate en général.

    • Bruce lit  

      Non, je n’ai pas été jusque là, les épisodes de Kirkman ont eu raison de ma patience.
      @Cyrille : les films se laissent voir si l’on accepte qu’il s’agit d’histoire de Wolverine ET des Xmen. Personnellement, et j’en discutais hier avec JP Nguyen, Patrick 6 et Mat Maticien, je crois qu’en fait, les films Marvel, je n’en attends rien. Tout simplement parce que je n’ai aucun besoin, pas plus d’envie que cela de voir mes héros au cinéma. Point.

      • Jyrille  

        Oui mais à l’époque, les films X-Men n’étaient pas des « films Marvel » tels qu’on les connaît depuis le premier Iron Man, enfin, c’est comme ça que je vois les choses. Maintenant, pour les newbies comme moi qui n’ont pas spécialement d’intérêt pour ces lectures, les films peuvent me suffire. Dans la BD je cherche autre chose, comme ce qu’ont pu être les Ultimates Avengers.

        • Bruce lit  

          J’en parlais justement avec la team présente: je crois n’avoir adoré aucun film Marvel toutes périodes confondues. Peut être les deux premiers Spider Man. Et le Hulk de Ang Lee que je n’ai pas revu depuis. Quant aux nouveaux films Marvel, je ne perçois rien d’authentique là dedans. Il y a tellement de fric en jeu que ces films ne se font que sur des compromis parfois ahurissants : mettre en scène Wolverine, un tueur violent qui terrorise même ses équipiers sans sa violence, ni la moindre goutte de sang sur ses griffes, multiplier les acteurs et réalisateurs oscarisés pour Thor sans que celui-ci ne soit Oscarisable tant la recette du scénario est prévisible, destinée à multiplier les tickets et amoindrir les risques de plantage.
          J’ai l’air comme ça de découvrir le cynisme de l’industrie hollywoodienne. Il n’en est rien. Des films comme les Star Treks d’Abrams montrent qu’il est possible d’être à la fois dans le fan-service, dans l’exigence autant que dans le divertissement. J’avais également bcp aimé le reboot de Robocop.
          Les films Marvel restent un Rdv devenu obligatoire comme -inversement- les films de Woody Allen et d’Almodovar qui DOIVENT être vus et appréciés. Et bien moi, je n’aime ni me sentir forcé, ni courtisé…. J’ai vécu 30 ans sans me coltiner des adaptations ciné insipides qui massacrent en permanence des auteurs ou des personnages que je vénère et continue de lire. Maintenant, que des gosses puissent découvrir les Supes avec les yeux qui brillent comme à l’époque des premiers Superman, c’est très bien, que les films puissent attirer des ados ou des adultes comme j’en lis sur Internet qui découvrent les comics par ce biais, bravo ! Pour ma part, la seule chose que je découvre, c’est que les adaptations cinéma ne m’intéressent pas et que ce ce que je recherche se trouveraient plutôt façon série TV. Mais là encore le Daredevil Tv ne m’a pas bouleversé, et si le projet Preacher ne devait jamais aboutir, cela ne me traumatiserait pas….

          • Marti  

            AMC a officiellement commandé une saison complète pour Preacher, donc à moins que l’Apocalypse ne survienne d’ici la date de diffusion prévue on y aura droit !

  • comics-et-merveilles.fr  

    Je partage votre comparaison avec les Ultimates. Malgré tout, je vous trouve plutôt dur. Mais je sais que vous êtes exigeants :). J’ai mieux apprécié les épisodes de Brian K. Vaughan même si c’est loin d’être parfait mais bien meilleur que Kirkman avec qui je n’ai pas accroché. Les personnages sont en effet devenus leur propre caricature mais bon j’étais prêt à concéder une autre lecture et j’avais rebooté mon esprit pour cela. Comme je suis du style à voir un verre à moitié plein, j’ai transformé cela en prise de risque que j’ai salué. Je vais vous choquer mais au delà de la caractérisation et du style (sans compter la période), cela m’a plutôt rappelé la période Scott Lobdell (le fameux magicien qui a soldé à tour de bras les intrigues Claremont et qui m’a fait abandonner les comics en passant :))
    Je vous rassure, longtemps, j’ai cru que c’était à cause de lui…mais non « pas que… »
    Bref, c’est simple, accessible, jeune donc obsédé (et bête^^), mais naïvement, j’ai pensé que c’était ça le concept…Prendre à contre-pied Ultimates, à vous lire, littéralement, au moins, Millar a réussi…Peut-être pas dans le sens qu’il aurait souhaité…

    • Bruce lit  

      Salut Wildstorm,
      Je ne suis pas un inconditionnel de Mark Millar. Vraiment pas….Il représente à mon sens le Michel Bay du Comics. Il a un style immédiatement reconnaissable, une énergie prodigieuse et une grande inventivité mais il ne m’a jamais stupéfait. Kickass reste de lui ce que je préfère….
      Je n’ai pas compris ce que tu reprochais à Lobdell ?

      • comics-et-merveilles.fr  

        Oui, je te lis souvent et je sais que Millar et toi…
        En fait, Lobdell n’y est peut-être pour rien (même si pendant longtemps j’ai pensé qu’il était responsable de mon amour déclinant des comics pendant les années 90). Après le départ de Claremont, je n’avais pas réussi à m’en remettre et je faisais un rejet complet de tous les auteurs qui lui ont succédé. Lobdell n’avait pas échappé à la règle. Mais je n’étais ni objectif, ni assez ouvert à l’époque. Il m’a fallu plus 10 ans pour revenir et relire les x-men avec un œil neuf.
        Toujours est-il que je pense me refaire cette période avec la fin du run Lobdell pour me refaire un avis (j’en ai lu par brides lorsque j’ai dû rechercher quelques arcs qui me semblaient nécessaires).
        Bref, me manque une petite thérapie, cela passera par les intégrales X-men Panini très certainement.

        • Bruce lit  

          Ca tombe bien, Panini a réédité une période clé des mutants dans un pavé à 60€, Prélude to Onslaught qui comprend toute la période post age of apocalypse. Attention, les épisodes de Lobdell et Nicieza n’étaient pas exempts de bourdes incroyables (les Xmen qui organisent un match de Base Ball, le jour de l’anniversaire du massacre mutant….C’est un peu comme si l’Allemagne organisait le mondial de foot le jour de la commémoration de la libération d’Auschwitz…), mais au moins ils connaissaient leurs personnages.

  • Eddy Vanleffe  

    Je range ULTIMATE X-MEN dans la catégorie « plaisirs coupables ». C’est pas la vraie histoire, c’est très pare à l’oeil mais, il y a de bonnes idées. ça fiat laboratoire pour film mais désormais TOUT Marvel fait labo pour film…
    les épisodes de Vaughan sont très sympa à lire…
    Cable en Wolverine du futur, c’est tellement une idée à la con que ça fonctionne…
    J’applaudis pas mais dire que c’est la pire lecture alors que:

    Deadly Genesis
    Chuck Austen
    Peter Miligan
    Brian Bendis
    Jeff Lemire

    tous ces runs sont épouvantables (même pas la faute vraiment des auteurs d’ailleurs…).

  • Doop  

    Kirkman fait malheureusement partie es scénaristes trop surestimés ! Quand à Millar, comment dire ? Ses Ultimates m’ont bluffé à l’époque, mais ça passait déjà pour du réchauffé après avoir lu ses Authority .

  • Eddy Vanleffe  

    Je persiste et signe, peut être parce que j’ai vécu le truc en direct avec toute l’excitation que cela comportait…
    Mais j’aime bien ces Ultimate…ça ne mange pas de pain, puisque c’est un monde parallèle, C’est quand même plus raccord que la version Morrisson, Hickman etc…
    il y a des faiblesses, ces mutants ont trois de caractères au total… mais c’est récréatif, bien dessiné et assez « tongue in cheek », un truc dont les mutants avaient besoin à l’époque

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