Zéro pointé vers l’infini (Review Xmen 600)

Focus: Xmen 600 par Brian Bendis et collectif

Première publication le 30/11/15- Mise à jour le 18/03/17

Courage les gars ! Vous avez bientôt fini de souffrir ! (et vraiment Scott, ton masque est ridicule)...

Courage les gars ! Vous avez bientôt fini de souffrir ! (et vraiment Scott, ton masque est ridicule)…©Marvel Comics

VO: Marvel

VF: Panini

L’épisode 600 des Uncanny Xmen marque la fin du règne Bendis sur la série.  Tiens ! on est plus dans Marvel Now et on reprend les numérotations de 1963 ? Si vous y comprenez quelque chose….

Ce focus a pour objectif d’optimiser votre pouvoir d’achat en vous évitant d’investir dans ce bidule. Si toutefois j’y échouais lamentablement, sachez qu’il est truffé de spoilers.

Non ! je vous jure ! Je ne voulais pas lire cette histoire ! Ce n’est un secret pour personne: pour votre serviteur, Brian Bendis, l’homme qui officie au destin de Marvel depuis 16 ans, le Captain Flam que la maison des idées appelle dès qu’elle a besoin du vendre du papier, le scénariste indépendant devenu une sorte de George Lucas délivrant des histoires plus infantiles qu’une dent de lait de Jar Jar Binks,oui, ce Bendis est un fléau.

N’étant pas maso, j’avais arrêté de lire ses conneries lorsqu’il mettait en scène des Shi’ars débilitants qui jugeaient avec 30 ans de retard une Jean Grey pour ses crimes tout en oubliant qu’ils avaient 1/ combattu le phénix ensemble, 2/ que Jean Grey n’était pas le phénix, 3/ que cette Jean Grey,euh, n’était pas…Jean Grey.

Hé mon pote, si je lis dans tes pensées, c'est pour ton bien !

Hé mon pote, si je lis dans tes pensées, c’est pour ton bien !©Marvel Comics

Depuis, je me contentais de lire goguenard les montées au créneau de Sam de Comxity qui dénonçait le travail de ce monsieur toujours content de lui.
Mais voilà !  Bendis pour ces derniers épisodes a fait le buzz en rendant mon X-Man préféré Iceberg, gay.  La comicosphère s’enflamma alors devant l’ampleur du modernisme et de l’événement.

Je vous le dis tout net: j’ai lu cette histoire en CBR. Parce que je voulais voir comment l’homme qui inventa dans une autre vie Jessica Jones, ou abordait déjà l’homosexualité masculine dans Torso allait traiter le sujet si délicat de l’homosexualité. Et aussi à quoi correspondait la révolution de Scott Summers annoncée il y a trois ans pour Marvel Now !

Où est Évelyne Thomas ?

Où est Évelyne Thomas ?©Marvel Comics

1/ Iceberg…

Alors, comme ça notre glaçon aime les hommes ?  Bon. Bendis n’a rien inventé, il se contente simplement de décrocher la timbale que d’autres avaient placée 20 ans avant lui, en une époque où Marvel ne sortait pas des bulletins mensuels pour nous dire ce que nos héros faisaient de leur zigounette. On sait que Scott Lobdell avait bâtit une partie de son run là dessus.  Et que Marvel terrifié à l’idée qu’un des Xmen originels puisse être assimilé à un Cocksucker noya les ambitions d’un auteur souvent si délicat avec ses personnages.

On parle de Marvel là ! La compagnie qui inventa l’excrémentiel One More Day pour éviter à Spider-Man de divorcer….Mais qui mit en scène en grande pompe (sic), le mariage gay de Vega dans le run embarrassant de Marjorie Liu.
L’audace, le courage, l’intégrité eut été d’outer Iceberg ici, non ? Plutôt que de tester le matériel avec un X-man de quatrième catégorie qui apparaît dans l’équipe une fois tous les 15 ans….
Quant aux Xmen version cinéma, ils sont bien sûr tous hétéros, dont un certain Bobby Drake qui fricota à l’écran avec Rogue et Kitty Pryde.  De cela, Bendis n’est pas responsable. Mais….

Punaise ! Mais virez la cette Jean Grey !

Punaise ! Mais virez la cette Jean Grey !©Marvel Comics

Il y’ a quelques mois, pour coller à l’air du temps, il fut décidé d’officialiser que,  malgré le fait que Bobby soit sorti avec Lorna, Opal, Kitty, Annie, Raven,  ben qu’en fait, il était plutôt messieurs…
Rien de mal à ça. Le fait que des hommes se découvrent gays après avoir couché avec des femmes est une réalité, et souvent un drame avant l’acceptation, quand elle arrive,  de cette sexualité. Les X-Men, LE comics ayant vocation à traiter de toutes les discriminations, avait toute légitimité à traiter avec tact de cette sexualité alternative qui choque encore Frigide Barjot.  On se rappelle que tel fut le cas dans le très beau bleu est une couleur chaude de Julie Maroh.

Bendis, qui en son temps fit un beau portrait de femme avec sa Jessica Jones était tout à fait capable de s’appliquer. Au lieu de cela, il employa encore un choix de narration médiocre: Jean Grey, devenue sous sa plume une vraie peste, dévoilait à son ami en violant ses pensées, qu’il était homo. On en veut tous les jours des copines comme ça hein ?
On pourrait imaginer, qu’un psychologue déclarerait comme ça, à son patient: Hé mon pote, sois honnête avec toi même: tu es Schizo ! Sur le fond, c’est sûrement vrai. Sur la forme, Bendis semble ignorer toute règle de déontologie, d’humanité ou d’amitié….

six_5

Elle ne peut pas s’en empêcher ! Jean….tu vas mourir oui ou non ? ©Marvel Comics

Pour son dernier numéro, il consacre donc 4 pages au Coming Out de Drake. Sa version jeune vient le voir, avec cette commère de Jean Grey, pour lui demander pourquoi il n’a jamais eu eu les Cojones de s’avouer son homosexualité.

Le motif que Bendis invoque n’est pas si idiot: Bobby ne pouvait pas assumer d’être mutant ET homo. Bendis oublie (ignore) pourtant que le personnage est aussi juif, né de parents catholiques irlandais de deux confessions….Mais tout cela, est survolé, motif à la blague, avec cette empaffée de Jean Grey au milieu qui donne son avis, sur un truc qui ne la regarde pas. Et qui continue de violer les pensés de ses copains. Ce changement d’orientation sexuelle d’un personnage qui aura passé 60 ans à la refouler est donc traité en quelques lignes. C’est vulgaire, Bendis n’y connait rien et abat sa besogne. C’est tout.

Bobby Drake par Georges Perez

Chez Marvel, regarder une statue équivaut à aimer les hommes….©Marvel Comics

Histoire d’enfoncer le clou et de montrer que Drake est homo depuis longtemps, Marvel édite en bonus, Bizare Adventures numéro 27 scénarisé par M.J Duffy et dessiné par Georges Perez. La première image, relayée par le net, est censée convaincre que Bobby en sculptant Angel en statue de glace en pincerait pour son ami d’enfance. Hop ! on est ainsi raccord avec la Bendiserie où Iceberg avoue fantasmer depuis des années sur la plastique irréprochable de Warren.

Encore une fois, c’est affligeant…..
Tout d’abord, parce que sculpter un ami, le dessiner ou le prendre en photo traduirait forcément, selon ce Marvel new age, un désir homosexuel refoulé. Et qu’ensuite, si les pontes de Marvel lisaient leurs publications, ils réaliseraient que dans cette histoire Drake n’est pas l’auteur de ces sculptures et qu’il en admire tout simplement la finition, et la lumière. Notamment les ailes, un symbole phallique ancestral comme chacun sait… C’est écrit sur la seconde page…

Bon, maintenant c'est ton tour, Hank....

Bon, maintenant c’est ton tour, Hank….©Marvel Comics

2/…et les autres

On passera très vite sur le casting de Bendis aboutissant à un bordel sans nom où l’on ne sait plus qui fait partie de quelle équipe. En postface, il indique tout excité que Kitty Pryde est désormais un gardien de la Galaxie.
Ce qui est par contre sympathique, c’est que l’esprit familial et fraternel des X-Men a été broyé par notre ami. Pour ce dernier épisode, Hank Mc Coy si doux, si drôle, si pacifique est devenu un pauvre con méprisant, violent et hargneux. Il est convoqué par Tornade à la cafétéria pour découvrir qu’une cinquantaine d’X-Men vont assister à la conversation.

Là encore, on ne peut qu’admirer la chaleur humaine des scènes de Bendis. Il avait déjà fait le coup dès son DD où Matt Murdock se faisait sermonner à quatre contre un après l’arc Hardcore.
Chez ses X-Men, on se traite comme de la merde…Sans pouvoir préparer sa défense, un ami est convoqué devant tout le monde pour être accusé, montré du doigt, humilié… Mc Coy le relève d’ailleurs justement: ce n’est pas une conversation, c’est un procès !
Et bien, même pas, puisque face à une dizaine de procureurs, Hank n’a personne pour le défendre…. Et lorsqu’il quitte furieux cette bande de charlots, ceux ci ne comprennent pas son indignation…Accablant…

X-men Disassembled…©Marvel Comics

Ce procès en dit long sur le subconscient de notre scénariste qui,  de Scott Summers, à Charles Xavier en passant par Jean Grey et Hank Mc Coy, aura passé son run à mettre en scène des procès entre des personnages censés s’aimer n’aboutissant à rien.
Dans le dernier, il est reproché par le plus grand nombre (les lecteurs) à Henri Mc Coy (le créateur) d’avoir joué avec la continuité, créé une situation ingérable et d’introduire des personnages dont personne ne sait que faire. Soient l’intégralité des arguments que lui assènent depuis des années les Anti-Bendis.
La ligne de défense de Mc Coy/Bendis à ces accusations ? C’est pas moi, c’est l’autre ! (Scott Summers / Axel Alonso). On apprend en effet dans la postface de Bendis, que l’idée géniale de transformer les anciens Xmen en nouveaux, vient de l’ancien éditeur de Vertigo….

Pour conclure, abordons la fameuse révolution de Summers. Là encore c’est réglé en deux pages. Avec un art de la pirouette arachnéenne (Bendis rappelle humblement qu’il détient le record de durée pour un scénariste de Spider-Man), il entube son lecteur même le plus indulgent. La révolution ? Summers dit qu’il a été peut être vite en besogne et que lui-même ne sait pas comment nommer son mouvement ! Qui consiste à rassembler tous les mutants du monde au Capitol de Washington. Soit des milliers d’individus, dont la confrérie des mauvais mutants, le Fléau, Magnéto et….Sabretooth !!!

Voilà ! Il ne se passe rien ! C’est Cyclope qui le dit ! ©Marvel Comics

Cyclope réaffirme que son peuple n’est pas dangereux et que cette démonstration de force (on dirait plutôt de l’intimidation, mais bon….) est la preuve de son pacifisme. Ouais ! Ils pourraient tout péter, mais non ! ils le feront pas. Les humains ont peur pour rien.
C’est sûr ! avoir Sabretooth devant le symbole de la démocratie américaine, voilà un symbole fort d’apaisement et de dialogue….Un dialogue qui de toute façon n’aura pas lieu, puisque Cyclope ne s’adresse qu’à  ses copains, les humains étant bien sûr absents de la scène. Ce qui est finalement raccord avec la politique de Marvel de ces dernières années consistant à mettre en scène une aristocratie de héros qui se battent pour des gens qu’ils ne fréquentent plus…

Surtout, monsieur Bendis, ne vous lancez pas dans la politique. Parce que votre révolution, c’est un peu comme si un groupe terroriste, Daesh, au hasard, se réunissait devant la Tour Eiffel avec des pacifistes musulmans pour réaffirmer leur incompréhension d’être persécutés, montrés du doigt pour tous les dysfonctionnements du pays. Les Xmen, partisans du pacifisme main dans la main avec des psychopathes, des criminels et des tueurs en série plaidant pour l’intégration….On croît rêver. Et pas façon Charles Xavier….

Marvel chez DC...

Marvel chez DC…©Marvel Comics

Ainsi s’achève l’ère Bendis. Une ère incompréhensible où un type, dont il est maintenant de notoriété publique qu’il aura massacré 90% des séries dont il avait la charge, a eu carte blanche et les meilleurs dessinateurs de l’écurie Marvel pour écrire ses âneries. Quand on sait que Que Claremont n’a jamais pu imposer son histoire avec 30 ans d’avance sur l’homoparentalité de Mystique et Destiny, tandis que l’autre est aussi libre que Max, il y a de quoi hurler !
Et qu’il faille se farcir cette conception de l’homosexualité démagogue et opportuniste quand on connait les oeuvres de Neil Gaiman,  Terry Moore, ou plus récemment de Pierrick Collinet et Laurent Colonnier, on reste pantois. Parce que, à la base, voici un Comics qui a fait rêvé des millions de gamins en évoquant sous fond d’aventures trépidantes le suicide, les conflits de pouvoirs, la Shoah, le devoir de mémoire, l’Appartheid, la crise nucléaire, la guerre froide, l’écologie, le Sida, les quartiers abandonnés aux Dealers, la filiation…..

Bendis nous quitte en étant fier d’avoir tué Charles Xavier. Oui, il a raison. Ce mec a bien tué les Xmen. Et les valeurs d’altruisme, de bienveillance et de compassion qui les accompagnaient. Pourtant, aussi effarant que cela puisse paraître, ce run avait toute sa place sur ce blog, qui a toujours voulu parler de la culture geek et de la culture tout court. La culture du vide. De la frime. De l’arnaque. Et d’une hurlante médiocrité. La culture Bendis…

33 comments

  • Matt  

    Les bons trucs du monsieur ont déjà été chroniqués je crois. Difficile évasion à présent.

    • PierreN  

      Il a aussi son Ultimate Spider-Man (prè-Miles) qui manque. Personnellement je n’en suis pas spécialement fan, mais je serais tout de même curieux de savoir si c’est un run qui est apprécié en ces lieux.

  • Matt  

    A propos de X-men, quelqu’un a lu ceux de Brian Wood ?
    ça ne semble pas réputé comme étant génial, mais d’un autre côté si on chronique ceux de Bendis, tout le reste mériterait d’être chroniqué non ?^^

    • PierreN  

      Et même Austen tant qu’on y est (mais là il faudrait être un peu masochiste pour oser se replonger dans cette période).
      Pour ce qui est de celui de Brian Wood, j’en ai pas gardé un souvenir impérissable, malgré leur premier arc avec Coipel au dessin.

      • Matt  

        Austen peut être pas, non. Mais Milligan, je reste curieux de savoir pourquoi il est réputé être un des pires runs des X-men. Je n’ai lu que Golgotha dans des revues avec l’histoire de l’alien façon Cthulhu qui exacerbe les peurs, angoisses, jalousies de tout le monde. Bon…maintenant on est habitué à voir nos X-men se comporter comme des cons chez Bendis et dans les crossovers mais là au moins il y avait une vraie raison. Je n’avais pas trouvé ça spécialement mauvais. ça faisait huis clos d’horreur dans les couloirs et sous-sols sombres du manoir. Mais bon…parait que plus ça avance, pire c’est, et que « Blood of Apocalypse » est une purge.

    • Bruce lit  

      Les Xmen de Wood : le premier arc est illisible, confus sans intérêt.
      Je ne le commenterai pas parce que parfois il n’y a rien à dire.
      Je n’ai pas renoncé à vous parler du run d’Austen. Encore faudrait il le relire. Fut une époque j’avais tous les tPB.
      Le Milligan : j’ai le souvenir d’une histoire ordinaire sans auncun éclat…

      • Matt  

        Ouais mais banal sans éclat est-ce honteusement mauvais pour autant ?^^
        Cela dit c’est vrai que ça donne moins de matière pour critiquer quand c’est juste « moyen » ou « bof » que quand c’est à chier.

        • PierreN  

          Disons que son run souffre aussi fortement de la comparaison de ce que le scénariste a pu faire avec X-Statix (oui la série avec Doop et Allred), avec d’un côté une série secondaire qu’il réinvente et déconstruit tout en s’éclatant, et de l’autre un travail de commande moins inspiré sur une des séries centrales de la franchise, qui laisse forcément moins de marge de manoeuvre (les séries à la marges ce sont celles où Milligan expérimente le plus, et donc celles qui lui réussissent mieux généralement).
          Il y a tout de même des exceptions à la règle, et Milligan a déjà fait du bon boulot sur les grosses séries mainstream, par exemple ses épisode de Batman du début des années 90 (« Dark Knight, Dark City » notamment).

      • JB  

        Relire le run d’Austen en indiquant plus haut que tu n’es pas maso, il y a une contradiction…

Répondre à Bruce lit Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *