Spin Doctors

Agents of S.H.I.E.L.D.

1ère publication le 20/06/16- Mise à jour le 20/07/19

Impérialisme américain quand tu nous tiens

Impérialisme américain quand tu nous tiens

AUTEUR: CYRILLE M

Agents of S.H.I.E.L.D. ou MARVEL’s Agents of S.H.I.E.L.D. est une série télévisée en cours de production sur la chaîne ABC. Comme l’indique son titre, elle s’inscrit dans l’univers Marvel, et plus particulièrement dans le Marvel Cinematic Universe (MCU).

J’étais tranquillement en train de regarder une série télé de SF incroyable, intelligente et haletante (Battlestar Galactica) lorsque je suis tombé sur la saison 2 de Agents of SHIELD. Tout ce que j’avais pu en voir ne m’avait franchement pas intéressé, mais ce premier épisode avait un ton résolument différent. Joss Whedon, son frère et sa belle-sœur m’avaient piégé, mais je ne le savais pas encore. Passablement étonné, je ne pus me résoudre à regarder autre chose. J’ai donc enquillé la saison 3, et pour tout remettre en place, j’ai immédiatement suivi mon chemin de croix avec la saison 1. En attendant avec grande impatience la saison 4, je vais enfin pouvoir regarder autre chose.

La première diffusion eut lieu en septembre 2013, et se place dans le MCU après le premier film Avengers, réalisé par Joss Whedon. Le même Joss Whedon a créé la série puis a fait partie des showrunners, avec son frère Jed et la femme de ce dernier Maurissa Tancharoen : ils définissent les directions, le ton, les évolutions des personnages et se partagent l’écriture des scénarios. Depuis, Jeffrey Bell est le nouveau showrunner, et l’omniprésent Jeph Loeb est un des producteurs exécutifs.

De gauche à droite : Simmons, Fitz, May, Coulson, Ward et Skye

Saison 1 : Welcome to level eight

L’agent Phil Coulson meurt pendant la bataille de New-York dans le film Avengers. Il est cependant de nouveau mystérieusement en vie, ce qui constitue le point de départ et le fil rouge de toute cette première saison. Sa principale fonction étant de poser les fondations de la série, les débuts de la première saison semblent poussifs : Coulson forme une équipe mobile du SHIELD dans un avion qui vole presque sans cesse, et tous les personnages sont des stéréotypes de pulp et de séries B.

Le pilote est Melinda May, une asiatique super balèze en arts martiaux, dont le surnom est la Cavalerie, quasi mutique et très distante. Une froideur qui explose car personne ne peut battre ce mètre soixante de rage contenue. Une sorte de Miho de Sin City mais capable d’empathie.

L’homme de main est un beau brun ténébreux, rompu aux techniques de combat et au maniement des armes. C’est également un espion redoutable et c’est lui qui m’a appris qu’il était possible de faire des pompes dans la position du poirier (j’ai pas encore essayé, et pas sûr que je tente l’expérience un jour). Une sorte d’idéal masculin, de demi-dieu.

Fitz et Simmons sont deux jeunes génies inséparables, chacun dans leur domaine : l’ingénierie au sens large pour Fitz et la biochimie au sens large pour Simmons. Je ne sais à quel Fitzsimmons cette paire de personnages fait référence, mais ce jeu de mot les place d’emblée dans le rôle des comiques de service. Bien que physiquement attirants, ce sont les personnages qu’il faut protéger, capables des prouesses techniques les plus incroyables des films à gadgets de James Bond. Ce sont deux Q, un féminin et un masculin, mais Simmons est également le médecin de bord.

Tous ces personnages sont des agents du S.H.I.E.L.D., la Strategic Homeland Intervention, Enforcement and Logistics Division.  Le dernier personnage est Skye, une hacktiviste liée au réseau Marée Montante (Rising Tide), qui pourrait s’apparenter à nos très réels Anonymous. C’est une hacker de génie, évidemment, est totalement indépendante et surtout, orpheline. Le SHIELD va devenir – forcément – sa famille. C’est la seule qui ne soit pas un agent au début de la série.Tout ça part quand même comme une blague, un divertissement de série B.

Nous sommes donc rapidement emmenés aux quatre coins du monde, pour résoudre en 42 minutes des intrigues simples d’artefacts à récupérer, d’Asgardiens à calmer et d’enquêtes policières à l’académie du SHIELD ou dans un coin paumé des Etats-Unis. Tout cela fait très années 80, rappelle les débuts d’épisodes des Experts, le tout saupoudré d’un humour pas très subtil où chaque personnage joue son rôle selon une partition trop souvent vue et usée. Mais en tant que divertissement, cela fonctionne bien, et quelques fils rouges sont utilisés, et ce dès le premier épisode.

Contrairement à ce que peuvent laisser penser les affiches promotionnelles, ce n’est pas Coulson le personnage principal de cette série, mais Skye. Une jeune fille, inscrite du jour au lendemain dans un maelstrom d’action et d’événements remettant en cause la marche du monde, qui va devenir au fil du temps une adulte aguerrie et libre. La série a donc bien des points communs avec Buffy et ne met pas en place un sexisme hollywoodien.


Et encore une fille à ne pas emmerder

Tout bascule à l’épisode 16 : le MCU est mis en marche, les événements relatés dans Captain America : le Soldat de l’Hiver frappent de plein fouet notre équipe de joyeux agents. C’est à ce moment que la série décolle réellement, que les personnages se trouvent face à des dilemmes, que certains secrets sont révélés, que la donne est totalement changée.

Les huit derniers épisodes sont donc indissociables, et les cliffhangers de fin d’épisode cruels pour le spectateur. Il faut d’ailleurs noter que chaque épisode se termine sur une courte scène bonus, comme dans les films du MCU après le générique de fin. Ces scènes donnent un point de vue différent, ailleurs, amènent des questions, se placent dans le passé ou dans l’avenir immédiat à l’action. A chaque fois, l’univers s’étoffe ainsi par de petites touches forcément intrigantes.

A l’exception de Coulson, aucun des personnages n’apparaît dans les films. Nick Fury, joué par Samuel L. Jackson, fait cependant un caméo en fin d’épisode, et a un rôle conséquent dans le dernier épisode de la saison.

 

Saison 2 : Living in the shadows

Le SHIELD étant démantelé, Coulson tente de le ramener à la vie en s’associant avec des mercenaires. Le nombre de personnages se multiplie en conséquence, et les premiers épisodes n’offrent aucun temps mort. Le ton est celui du second Captain America, où les personnages archétypaux de la première saison souffrent tous des événements précédents, l’équipe n’est plus la même, et Hydra est partout. L’humour fonctionne cette fois très bien, n’étant jamais lourdingue, et provenant de nouvelles sources, notamment le mercenaire anglais Hunter, qui joue merveilleusement de son accent et de ses origines.

Contrairement à la première saison, le budget semble plus conséquent et les effets spéciaux, décors et costumes (tout comme les vêtements de la vie de tous les jours) sont soignés et collent parfaitement aux personnages, sans atteindre évidemment l’esthétique bluffante de Game of Thrones. Les entraînements de boxe ou de close-combat n’ont plus lieu dans l’unique décor de l’ouverture de l’avion, mais dans un sous-sol extrêmement bien équipé. L’impression de série B disparaît, s’éloignant des vampires en plastique de certains Buffy.


Powers !

Mais tout comme ses anciennes séries Buffy the Vampire Slayer et Firefly, Joss Whedon propose désormais une série chorale aux nombreux personnages. Il s’agit dans tous les cas d’une équipe disparate, un Scooby Gang se battant pour des idéaux et contre la tyrannie, vivant des aventures exotiques à la Indiana Jones et à la James Bond. De fait, la série est plus percutante mais plus proche des personnages. Contrairement au grand écran, un accident de voiture sera filmé au plus près, et nous vivrons la détresse de ceux qui restent coincés. Une gravité s’empare de la bande d’agents, ayant tous des faiblesses à se faire pardonner.

Après Bill Paxton, gouailleur, inquiétant et admirable de cynisme dans la saison un, c’est au tour d’un Kyle MacLachlan déchaîné d’être l’invité de luxe de cette seconde saison. Les menaces se multiplient, l’équipe de base totalement modifiée voit ses membres suivre de nouveaux chemins, de nouvelles croyances, et les personnages évoluent à grande vitesse. Quelques scènes du passé et d’une autre série du MCU sont intégrées : celle de Agent Carter, qui se passe lors de la seconde guerre mondiale et met en scène l’amour de jeunesse de Steve Rogers en résistante.

C’est une saison où les secrets et révélations se multiplient également, ne laissant que peu de temps pour respirer au spectateur. Une nouvelle menace de grande ampleur se profile, et la saison se termine sur deux cliffhangers : l’un plutôt attendu qui rappelle la fin de certains films du MCU, et un autre totalement imprévisible. Ces deux événements sont au cœur de la saison trois.

Saison 3 : No turning back

Le SHIELD retrouve une organisation solide et désormais chacun a une place bien définie. Cette dernière saison dont la diffusion vient de se terminer clôt un cycle de guerres souterraines entre sociétés secrètes et agences cachées. Même si parfois, les scénarios prennent certaines facilités avec les explications scientifiques de cet univers magique et technologiquement avancé, tout comme les comics de super-héros ont l’habitude le de faire, les scripts n’ont pas de trous, les personnages secondaires réapparaissent à des moments opportuns et les personnages agissent selon leurs caractères.

Modernité oblige, de nouveaux personnages apparaissent en présentant de nouvelles différences sociales : un homosexuel et une colombienne viennent donc agrandir l’équipe, qui est désormais une constellation d’individus qui interagissent moins souvent qu’avant, ressemblant de ce fait à une configuration bien plus réaliste qu’un groupe d’individus combattant le mal dans un avion qui ne se pose rarement. Tous sont à égalité de traitement et Agents of SHIELD porte bien son nom : aucun ne prévaut désormais sur les autres, tous sont importants et tous ont leurs soucis à régler, qu’il soit familial, amoureux, moral.

Certains disparaissent également, mais sans que cela ne devienne systématique. La fin de la saison nous propulse six mois plus tard, et tout a changé de nouveau, mais de manière encore plus radicale. Ainsi, les scénaristes ne cherchent pas le statu-quo ou à n’être qu’un succédané aux films qui garderaient la grosse part du gâteau, mais font évoluer drastiquement leur univers et leurs personnages tout en suivant les contraintes du MCU : pendant cette troisième saison, les conséquences du dernier Captain America n’ont que peu d’impacts sur la vie de nos agents, mais ouvrent cependant des questions cruciales quant à la suite.

Alors, si vous êtes déçu des films de super-héros, je ne peux que vous conseiller de vous ruer sur cette série. Loin de la violence et le ton adulte des séries Marvel de Netflix, s’inscrivant dans la lignée des films du MCU avec peu de sang et aucun sexe, Agents of SHIELD va cependant plus loin que les films, laissant la grandiloquence des scènes d’action au cinéma, tout en n’étant pas avare de scènes épiques.


Apparition du merveilleux

51 comments

  • Jyrille  

    Comme la saison 7 vient de débarquer sur Disney+, je viens de terminer la série. Les Agents of S.H.I.E.L.D. me manquent déjà. C’était un peu concon souvent, c’était de la série B, elle a le parfum des séries d’autrefois tout en étant plus moderne, elle n’est pas assez connectée au reste du MCU, elle ne manipule pas la métaphore comme Buffy et veut simplement nous divertir et nous dépayser mais c’est quand même un truc super cool. La dernière saison est parfaite de bout en bout, ça aurait pu continuer en fait, mais c’est aussi bien d’arrêter.

    La saison 4 comporte encore 22 épisodes, mais ils innovent cette fois en y racontant trois arcs distincts (dont un avec le Ghost Rider), soient environ 7 ou 8 épisodes par arc. Dans mon souvenir, c’est tout à fait rafraîchissant et ça part loin dans les délires de mondes parallèles. Evidemment, lorsqu’elle se termine, on comprend que la suivante va nous emmener encore plus loin.

    La saison 5 comporte toujours 22 épisodes et cette fois, nous sommes dans le futur et dans l’espace. La Terre est coupée en deux et désormais invivable. De nouveaux personnages apparaissent, dont un que j’adore (Deke), mais ça commence à être trop, on s’amuse moins.

    La saison 6 n’a que 13 épisodes. Elle m’a déçu car pendant 10 épisodes c’est cool, ça n’arrête pas, c’est marrant, il y a plein de suspense et de questions, mais les trois derniers tombent dans le n’importe quoi. En fait c’est logique : les personnages meurent et ressuscitent et chaque fin d’aventure enchaîne directement sur une nouvelle, comme dans les comics Marvel mainstream que je ne lis pas. C’est dommage, on est loin des excellentes saisons 2 et 3, voire même de l’expérience de la 4. Bon, il y a moins de temps et de moyens sans doute, aussi… Par exemple, un sarcophage censé être un caisson cryogénique ressemble beaucoup à un bête coffre de toit de voiture, et des bombes sont des refroidisseurs de CPU à LED…

    La saison 7 est par contre inattaquable. Je me suis marré, j’ai été ému, j’ai été emporté dans un tourbillon d’action et d’aventures, ça fonctionne à bloc. Et quel plaisir de voir tout le monde s’amuser, de changer le générique tout le temps, de n’avoir aucune limite, d’avoir un happy end (comment pourrait-il en être autrement, ce n’est pas du tout le propos de cette série qui conserve ce parfum à l’ancienne avec plein d’incohérences ?). Tiens Matt, on voit même Daniel Sousa de AGENT CARTER dans cette dernière saison, le perso est tellement attachant que ça colle parfaitement avec tous les autres.

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