ABSOLUTE BATMAN, SUPERMAN et WONDER WOMAN par Collectif
SPECIAL GUEST : PHIL CHAMP
VO : DC Comics
VF : Urban Comics
Lecteur compulsif aussi bien de comics que de Bruce Lit, c’est à l’ami Phil Champ, animateur sur RADIO 666 de GEEK OR DIE, de jouer les guests pour cette nouvelle saison autour de la gamme ABSOLUTE sortie au début de l’été chez Urban Comics. Il s’agit de la réponse – tardive- de DC comics à la gamme ULTIMATE avec des origines et une continuité réimaginées pour Batman, Superman et Wonder Woman.

Je ne vais pas vous la faire à l’envers, la continuité chez Marvel ou DC, très peu pour moi. Je crois que j’ai abandonné l’idée de suivre les aventures de SPIDER MAN, IRON MAN ou des QUATRE FANTASTIQUES vers la fin des années 80. Je ne parle même pas des publications erratiques liées à DC comics en VF qui condamnait d’emblée SUPERMAN et consorts.
Depuis cette époque, j’ai repris le fil a minima et j’ai beau avoir lu voire relu quelques arcs de super pyjamas, j’avoue que le genre super-héroïque, était rangé côté souvenirs d’enfance et d’adolescence. Mise à part des trucs comme SPAWN (enfin surtout SAM & TWITCH) que j’ai parcouru au début de sa parution française ou UMBRELLA ACADEMY, le peu que j’ai pu percevoir de ces années 90 et 2000 m’avaient conforté dans l’idée que ce n’était plus pour moi. Pour autant, le thriller, l’horreur et dans une moindre mesure la SF et l’heroic-fantasy étaient devenus au fil du temps mes genres de prédilection et c’est par ce biais que j’ai recommencé à lire du comic-book il y a un peu moins de vingt ans.
Il y a quelques mois, j’ai eu vent comme la plupart des personnes qui suivent l’actualité des comics, d’un nouvel univers chez DC qui rompt avec cette sacro-sainte continuité. Mon sang d’agnostique n’a alors fait qu’un tour. Quitte à replonger, autant que ce soit pour ces premiers numéros d’ABSOLUTE BATMAN, WONDER-WOMAN et SUPERMAN dont les VF viennent de paraître chez Urban Comics.

Simple Man
Ici, le jeune Bruce Wayne n’est pas ici ce riche héritier arrogant que l’on connaît, ne dispose pas d’un manoir, d’un majordome, d’une Batcave truffée d’ordinateurs, de gadgets hi-tech, … Bref pas de signes extérieurs de richesse. Non, notre Bruce est ici un « simple » ingénieur en urbanisme, qui a toujours sa mère, connait Gotham comme sa poche de jean usé et accessoirement devient redresseur de torts à la nuit tombée. Un Batman au physique plus qu’impressionnant, aux bras aussi gros que mes cuisses (et vous n’avez pas vu mes cuisses), rompu au MMA, ce qui lui donne une certaine assurance au combat de rue.
Un jeune Batou décidé à en découdre avec les « bêtes de soirée » (bizarre cette trad, non ?), une bande de terroristes qui assassinent des gens au hasard exécutant des contrats pour une organisation criminelle internationale avec cette belle enflure de Black Mask à sa tête. Cette version Absolute de BATMAN, pourrait rappeler à certains le DARK KNIGHT mais également le BATMAN ANNEE 1 de l’ami Frank Miller, une sorte de mashup digéré par un Snyder, qui connaît ses classiques, peut-être trop ? Chacun se fera son idée. Pourtant je n’avais pas lu un Scotty aussi inspiré depuis son WYTCHES (soit une dizaine d’années…D’ailleurs je crois que Jock attend toujours la suite).

The Pretty Things are going to Hell
Diana de Themyscira, quant à elle, se trouve être la dernière survivante du peuple des amazones, confiée bébé par le dieu Apollon à la sorcière Circé sur son île-prison aux enfers. Une fois adulte, initiée par sa mère adoptive à la sorcellerie, préparée au combat et assumant son rôle de guerrière protectrice des humains, elle rejoint Gateway City pour affronter les forces du mal qui s’apprêtent à détruire la ville et ses habitants flanqué de son Pégase, un cheval volant mort-vivant (l’avion translucide c’est surfait en 2025).
Sans passé parmi les amazones, Diana reste une guerrière accomplie doublée d’une sorcière capable de lancer des sortilèges monstrueux à ses adversaires et elle le démontre avec force et véhémence lors de ce premier tome prometteur écrit par Kelly Thompson (toujours en forme après son Eisner Award du BLACK WIDOW en 2021), superbement dessiné par Hayden Sherman et des couleurs sublimes (comme toujours) de Jordie Bellaire. Un trait moins mainstream qui convient parfaitement à cet univers dystopique. Plus classique que le scénario de son collègue de Gotham mais un récit mené tambour battant.

Working Class Hero
Après avoir vécu jusqu’à l’adolescence sur Krypton avec ses parents Jor-El et Lara, deux fermiers de la caste des travailleurs, Kal-El se réfugie sur Terre et vit de nos jours dans un village Brésilien et se fond à la population locale, des familles d’ouvriers qui exploitent une mine de diamants pour le compte de la Lazarus Corp et compte bien les protéger contre les exactions de leur employeur négrier.
J’aime beaucoup les récits récents de Jason Aaron, que ce soit SOUTHERN BASTARDS ou THE GODDAMNED et l’idée qu’il revienne au genre super-héros, après sa période Marvel, m’intéressait grandement et avec Rafa Sandoval aux pinceaux, on était en droit de s’attendre à du lourd et c’est bien le cas.

J’ai entendu parler d’un Superman woke sur les réseaux de moins en moins sociaux. Si être woke c’est pour ce jeune Kal-El, vivre discrètement parmi les humains et avoir des de principes bienveillants à l’égard des plus démunis c’est woke alors il est effectivement woke. Munis d‘une entité synthétique protéiforme à intelligence artificielle nommée Sol, ce jeune Superman parait encore plus humaniste que son modèle d’origine malgré son inexpérience. Peut-être le meilleur récit Absolute des trois pour le moment, le plus politique aussi notamment au regard du récit kryptonien, la profondeur des personnages et la critique sociale manifeste qui me touche particulièrement.
Absolute beginners
Ce démarrage est une franche réussite, autant sur le plan scénaristique que sur le plan visuel grâce à des équipes créatives très inspirées. Alors oui, me direz-vous, c’est très bien tout ça mais on a bien eu du FLASHPOINT, du CRISIS, du RED SON, du MULTIVERSITY, du METAL ou que sais-je d’autre par le passé chez DC et pourtant j’ai été séduit par le concept, qui s’il n’est pas novateur n’en n’est pas moins accrocheur et permet sans difficulté d’entrer ou de revenir dans l’univers des super slips.
Trois récits avec pas mal d’éléments en commun dans la narration, ce rythme enlevé, l’utilisation du flashback et la caractérisation des personnages, tous jeunes et inexpérimentés, affrontant avec audace, fougue et détermination des ennemis bien trop puissant pour eux. Par ailleurs, voir des personnages comme Alfred Pennyworth, Harvey Dent, Ozwald Cobblepot ou Loïs Lane tous revisités, jouant des rôles différents, rend les interactions avec les héros inédites dans ce contexte où nos repères sont sans cesse chamboulés (si vous aviez de vieux réflexes s’entend). Tout cela donne une cohérence d’ensemble alors que pour autant, ces trois comics ne sont absolument pas liés, ni sur le plan scénaristique (pour le moment), ni dans leur design. L’univers Absolute ressemble à une sandbox aux nombreuses possibilités pour les auteurs dans laquelle l’expérimentation est de mise. C’est rafraichissant, captivant, enthousiasmant et c’est un coup de cœur absolu (hu hu).
Suivront au courant de l’automne les versions Absolute de FLASH, MARTIAN MANHUNTER, puis un peu plus tard GREEN ARROW et ABSOLUTE EVIL.
