LE TOMBEAU DES LUCIOLES par Isao Takahata
Un article écrit les yeux plein de larmes par FLETCHER ARROWSMITH
© Ghibli
À la suite du bombardement de Kobé, en mars 1945, Seita (ou Seinta), un adolescent de 14 ans et sa sœur de 4 ans Setsuko deviennent orphelins et vont se réfugier à la campagne chez leur tante. Bien vite la situation devient tendue obligeant les deux enfants à s’enfuir. Commence alors une période à la fois de liberté où les soirées s’illuminent de la présence de lucioles à la tombée de la nuit avant d’être rattrapé par la privation et la faim dans un pays en train de perdre la guerre.
Nous sommes à la fin des années 1980. Walt Disney, monopolise alors le marché mondiale du dessin animé, avec des productions de plus en plus insipide. Les productions asiatiques notamment japonaise commencent à immerger, notamment avec les films de Hasayo Myasaki ou encore Ottumo avec Akira. C’est dans ce contexte qu’en 1988 sort au Japon un animé aussi triste que beau, LE TOMBEAU DES LUCIOLES (火垂るの墓, Hotaru no haka). En France il faudra attendre 1996 pour découvrir ce chef d’œuvre du studio Ghibli réalisé par Isao Takahata.
Pas forcément connu du grand public comme peut l’être Hayao Miyazaki, Isao Takahata est pourtant un des co-fondateur du studio Ghibli. Avec le TOMBEAU DES LUCIOLES il adapte une nouvelle semi-autobiographique du même nom d’Akiyuki Nosaka parue en 1967.
Les orphelins de guerre
Le TOMBEAU DES LUCIOLES commence par la fin. Ecran noir. Un jeune garçon, s’effondre dans ce qui semble être une gare. Puis une voix s’exprime : « La nuit du 21 septembre 1945 je suis mort. ». Seinta décède le lendemain du jour où fut décrété le « Plan général pour la protection des orphelins de guerre », le 20 septembre 1945. Ce marqueur temporelle mais aussi l’expression d’un fait historique se trouve également dans la nouvelle d’Akiyuki Nosaka. Après la capitulation soudaine du Japon, le pays offre un paysage de désolation avec notamment un nombre important d’orphelins errant à travers le territoire, livrés à eux même et rejetés par la population, à cause de la grande désorganisation d’un pays vaincu mais aussi par honte. Dès le début du film, le ton est donné pour le spectateur qui se trouve face à une situation révoltante comprenant que l’annonce d’un tombeau dans le titre n’est donc pas usurpée et se confirme.

La nuit du 21 septembre 1945 je suis mort
© Ghibli
Les bombes atomiques
Même si le réalisateur s’en défend, certains auront vu dans les cendres et les lucioles une allégorie des retombées nucléaires des deux bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945. Les corps décharnés provoqués par l’anémie mais aussi les bonbons trouvés dans les ruines de Kobé dont l’apparence brillante semble rappeler la radioactivité renforcent encore plus ce type de comparaison et d’images qui viennent à l’esprit du spectateur. De plus le titre utilise le kanji (ou idéogramme) pour luciole qui est une homophonie de l’expression « feux tombants » comme autant de bombes enflammées qui tombent du ciel.
Le bombardement de Kobé a lieu le 16 mars 1945. Bien avant l’utilisation des bombes atomiques et le projet Manhattan en cours, la stratégie américaine consistait alors à détruire les plus grosses villes japonaises dont Kobé fait partie avec plus d’un million d’habitant, alors la 6ème ville de l’archipel. Son activité portuaire en fait également un point stratégique important. Avec ses constructions majoritairement en bois, les 331 bombardiers B-29 vont déclencher des incendies avec des bombes au phosphores ravageant la ville, essentiellement constituée de maison en bois. Ce sont ces feux que l’on voit au début du TOMBEAU DES LUCIOLES. Plus de la moitié des habitants se retrouvent sans abris. Les morts s’entassent et les survivants errent dans des paysages fait de ruines, de cendres et de charniers humains, les autorités voulant éviter des épidémies.

© Ghibli
Le bombardement de Kobé
Les images de désolation proposées dans le films choquent par leur crudité et leur réalisme en montant crescendo dans la désolation. Ce sont d’abord des biens matériels pris dans les flammes, puis des paysages de ruines (650000 habitants se retrouvent sans toit), la mort de la mère de Seita et Setsuko avec la vision d’un corps gravement brulé (peu de caves pour s’abriter, les civils étant brulés vif ou asphyxiés ou gravement brulé par les réactions provoquées par le phosphore) et enfin des mouches qui tournent autour des cadavres entassés puis brulés rapidement à leur tour, sans aucune considération afin d’éviter la propagation des maladies.
Sur l’affiche on peut remarquer que les lucioles se confondent avec l’ombre d’un bombardier américains, accentuant la métaphore lucioles = bombes.
Après le bombardement de Kobé et la mort de la leur mère, Seita et Setsuko deviennent orphelins et entament un périple qui, après s’être enfui de chez leur tente, en fait des vagabonds errants. Ils accèdent tout d’abord à un de leur rêves secrets en étant autonomes et se comportant comme des grands. Mais avec un Japon en train de perdre la guerre, indifférent au sort de ceux qu’elle considère comme des nuisibles, le frère et la sœur vont vite être rattrapés par la faim et la privation. C’est un tsunami de famine associé à un effondrement de l’économie sans précédent et brutal, jusque-là tournée vers l’effort de guerre, qui s’abat sur l’archipel. Sans travail, dans l’obligation de voler pour survivre, la population civile japonaise meurt de faim ou souffre de troubles sévères consécutifs à la malnutrition.

La famine
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Dans LE TOMBEAU DES LUCIOLES on assiste à des scènes de troc de vêtement contre du riz. L’eau de mer est utilisée pour cuisiner à défaut de sel, déjà rationné. Un personnage déclare même « J’ai beau avoir une ferme j’ai à peine de quoi nourrir ma famille ». L’impact visuel, extrêmement puissant et parfois défilement soutenable, se fait à travers l’agonie que va vivre le personnage de Satsuko (mal au ventre, colique, plaque, démangeaison), au corps de plus en plus décharné et en proie à des délires permanents, l’entrainant jusqu’à la mort devant son frère impuissant.
La fierté d’une nation militaire
Dès le printemps 1945 (rappel, bombardement de Kobé en mars), les troupes américaines ont pris l’ascendant dans la guerre du pacifique qu’ils sont en train de gagner. Néanmoins et malgré des pertes humaines , le peuple japonais fait preuve d’une ferveur nationaliste impressionnante et sans faille.
Le film montre bien la situation d’un pays en déroute. C’est d’abord un été terrible puis l’annonce de la reddition sans concession qui achève l’île du soleil levant.
LE TOMBEAU DES LUCIOLES offre un point de vue militariste. La figure paternelle, militaire de carrière, représente pour Seita le Japon impérial. Il connait par cœur les types d’avions qui volent dans le ciel (alliés comme ennemis). Il joue à la guerre ne remettant jamais en cause la puissance et la cause de son pays.
Quand le Japon se dirige vers la défaite et malgré l’état du pays, ce sont encore les forces de l’ordre (locales ou militaires) qui se retrouvent être les représentants et les symboles de la nation. Leur chute, comme celui du père reste celui d’un Empire fier et guerrier, désormais sans honneur.
C’est la fierté de Seita, symbole du peuple japonais, qui ne demande pas d’aide, alors qu’ils auraient pu retourner chez la tante, qui contribue à la chute finale et in fine à la mort de sa sœur puis la sienne. Mais cette guerre et ses conséquences désastreuses auront aussi un impact sur le peuple japonais qui au-delà de sa fierté commence à vouloir qu’elle se termine. D’ailleurs Seita en vient à encourager les bombardiers américains.

Jouer à la guerre
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La fin de l’innocence
LE TOMBEAU DES LUCIOLES suit les aventures de Seita et sa sœur et à travers elles, l’innocence de l’enfance qui est mise en image. Jeu, naïveté, insouciance, vitalité sont autant de marqueurs qui seront mis en opposition au drame qui se joue, accentuant la dureté du propos.
Les moments de bonheur sont exclusivement ceux mettant en scène le frère et la sœur. En jouant aux adultes ils se protègent du monde extérieur, à l’image de leur caverne. Cela donne des séquences de joie où tous les rêves sont encore possibles matérialisés par les lucioles, étincelantes de vie éphémère. Quand la lumière s’éteint, l’âme disparait.
Les longues années de guerre sont des périodes de sacrifice pour les populations n’épargnant pas les enfants. Le Japon met en place le travail des enfants, la conscription des jeunes garçons (comme en Allemagne), envoie des enfants dans les campagnes pour éviter les bombardements (comme en Angleterre) voyant des familles éclatés puis brisées pour la plupart.
Le frère et la sœur seront confrontés, malgré leur âge, à la brutalité de la guerre et du monde des adultes qui les voie grandir trop vite pour finalement leur voler ces bien précieux que sont la jeunesse et finalement la vie.
Le film pousse même le spectateur à s’interroger sur la responsabilité de Seita dans le destin tragique de sa sœur, dès lors qu’il endosse le fardeau, bien trop lourd, des adultes. À travers cette réflexion, c’est également la responsabilité du Japon dans sa défaite qui est mise en lumière.

Le tombeau sans lucioles
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La chute d’une nation
Les enfants représentent l’avenir d’une nation. LE TOMBEAU DES LUCIOLES voit donc les enfants s’opposer à des adultes froids, rationnel, tellement pragmatique qui ne voient plus le problème de faire travailler les plus jeunes. Pire, ce sont désormais des enfants battus qui sont montrés, la violence sur mineur se banalisant, les adultes faisant justice eux même. Le film le montre très bien avec les coups portés sur Seita qui en est réduit à mendier et voler pour survivre. C’est la déchéance d’un pays que l’on voit à l’écran. D’un pays réputé pour son collectif, on découvre l’égoïsme et l’individualisme. Les enfants et plus spécifiquement les orphelins deviennent des boucs émissaires de la défaite du Japon. Dans le film, Seita et Setsuko sont confrontés à l’indifférence des autres (enfants et adultes) et des proches (leur tante) qui les accablent même de la situation dramatique. Cela amène les deux enfants à se réfugier sur eux même et s’isoler dans leur refuge de fortune aménagé où ils essayent de prolonger à travers avec des jeux et une imagination débordante leur enfance volée, les conduisant finalement à leur mort.

L’insouciance des enfants
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L’après-guerre
L’introduction et la fin du TOMBEAU DES LUCIOLES mettent en image l’après-guerre et l’état du Japon post capitalisation. On est fin aout, puis en septembre 1945. Comme en Europe, la nation vaincue sera occupée par les vainqueurs, (jusqu’en 1952) principalement l’armée américaine. La disparition du père militaire représente celui du Japon impérial qui va rentrer vers une nouvelle ère. La transition sera compliquée, brutale et douloureuse pour un pays déshonoré qui ressent la situation comme une humiliation supplémentaire.
Les deux jeunes protagonistes, notamment Seita, représentent ce peuple Japonais qui apprend à vivre dans un pays qui a perdu la guerre et son honneur. Il ne passe que quelques mois entre le début et la fin du récit. Le pays est tellement dans la souffrance qu’il fait tout pour oublier rapidement quitte à marginaliser ceux, ici les enfants errants, qui lui rappellent les pires moments vécus.
La musique
Michio Mamiya compose une bande originale minimaliste, avec peu d’instruments mais incroyablement puissante accentuant et accompagnant les émotions dégagées par le film. Ainsi les moments les plus tristes sont des morceaux mélancoliques, plutôt lents et profonds jouant dans les graves. A l’opposé Michio Mamiya propose des notes légères et oniriques pour accompagner les moments de jeux et de joie des enfants.
La sobriété musicale permet également aux images et aux sons d’un pays en guerre de prendre une place dominante dans le récit tout comme les nombreux silences qui participent in fine à l’ambiance sonore du récit. Un thème musical récurrent traverse le film, souvent joué au piano ou aux cordes. Ce motif sert à représenter le lien entre Seita et Setsuko, leur amour et leur solidarité face aux épreuves.
Ce leitmotiv, bien que discret, devient une signature émotionnelle : il revient au moment des séparations, des souvenirs ou des scènes d’espoir, liant le spectateur à leur histoire.
Un témoignage poignant de réalisme
LE TOMBEAU DES LUCIOLES doit beaucoup à son cousin beaucoup plus célèbre, MON VOISIN TOTORO au-delà de l’amusant parallèle avec les deux sœurs, Mei et Satsuki. Devant la dureté du film, le film est boudé par les adultes qui n’ont guère envie d’y amener leurs enfants. Mais les deux fims bénéficient de séances conjointes permettant finalement au Tombeau de rentrer dans ses frais et éviter une situation financière compliquée pour les studio Ghibli. Avec le temps, et une excellente presse, LE TOMBEAU DES LUCIOLES trouvera son public et est désormais considéré comme un chef d’œuvre de l’animation
Le style d’animation du studio Ghibli se reconnaît facilement par son souci du détail, de magnifiques paysages très réalistes et une utilisation des couleurs qui intensifie les émotions du récit. C’est une œuvre majeure qui interroge sur l’impact et les conséquences de la guerre sur la population civile, et particulièrement sur les enfants mais aussi un témoignage historique bouleversant. En établissant un parallèle avec les événements historiques réels, le spectateur peut mieux saisir la profondeur du message du film et son impact durable. La guerre hypothèque l’avenir des jeunes générations et détruit les fondations mêmes de la société, laissant des cicatrices qui perdurent bien au-delà du conflit lui-même.
LE TOMBEAU DES LUCIOLES reste une œuvre poignante par son approche sans concession de la guerre et de ses effets sur les plus vulnérables. C’est un témoignage du pouvoir de l’animation pour raconter des histoires profondément humaines et émotionnellement complexes. Bien qu’il soit difficile à regarder, c’est un film essentiel qui continue à être pertinent des décennies après sa réalisation, rappelant les spectateurs de la nécessité de se souvenir des horreurs passées pour éviter que l’histoire ne se répète.

Instants de bonheur à la lumière des éphémères lucioles
© Ghibli
La BO : Hotaru no Haka Ending (Michio Mamiya)
C’est bien que le chef d’œuvre de Takahata trouve sa place sur le blog mais, je suis navré de le dire, il est dommage que cela se fasse au travers d’un texte qui contient autant de coquilles, de fautes d’orthographe et de grammaire, de structures de phrases bancales et même de tournures de phrase incorrectes.
C’est la première fois que je lis ça sur le blog et ça rend la lecture pénible.
Bon sinon, je recommande aussi la lecture du court roman d’Akiyuki Nosaka que, dans mon souvenir assez lointain, j’avais trouvé plus âpre, moins porté sur le pathos et plus glauque que le film de Takahata.
Bonjour Zen Arcade.
Le roman, quasi une nouvelle d’ailleurs, de Akiyuki Nosaka est en effet plus âpre, cisaillé et finalement peu romancé. Par contre sur le côté glauque, le choc des images vaut le poids des mots.
Je trouve que c’est une excellente adaptation. Si Takahata n’avait pas ajouté le pathos en concevant une trame romancée autour du frère et la sœur, cela aurait perdu en impact. Le réalisateur effectue également un travail d’historien renforçant la trame du roman avec de nombreux ajouts importants et intéressants. Pour une fois je dirais que les 2 supports se complètent parfaitement.
Toutes mes excuses si le style ne t’a pas plu et surtout pour les fautes et coquilles dans le texte. En effet cela manque de professionnalisme (et cela me fait bien ch$*ù, le prenant pour moi comme il se doit)
Néanmoins j’aurais apprécié que tu ne commences pas ton commentaire ainsi et avec autant d’insistance.
Excellent article, qui pointe bien tout l’intérêt de l’oeuvre, au delà de ses grandes qualités purement techniques, car sa présence sur le blog, des années après la première diffusion du film et, au jour d’aujourd’hui, en parallèle terrifiant de l’actualité, en prolonge évidemment une de ses fonctions principales : le devoir de mémoire. Merci.
Rien à ajouter, sinon ce que j’en avais déduit, la première -et dernière- fois où je l’ai vu : la guerre c’est ça, et rien d’autre.
Bonjour Bruno.
Devoir de mémoire en effet.
Le format animé et l’insertion de pathos permettent d’élargir le public même si il faut à mon avis au moins un second visionnage pour en déceler toutes les subtilités.
Et oui la guerre c’est moche
J’ai longtemps repoussé le visionnage du film tellement on me promettait de tristesse insoutenable.
Puis il a été programmé dans le dispositif Collège au Cinéma que j’organise chaque année avec mes classes de 5ème. J’ai reçu une journée de formation avec un premier visionnage du film (suivi d’une conférence et d’un débat), puis je suis allé le revoir trois fois d’affilée avec mes élèves…
Autant dire que je redoute sa future re-programation dans le dispositif…
Sinon, oui, le film est un chef d’oeuvre et doit impérativement être vu une fois dans sa vie. Et aux décideurs de guerre, du genre Poutine, on devrait le leur montrer en boucle, attachés à une chaise avec un carcan les obligeant à ne pas détourner le regard.
Bonjour Tornado.
En faisant des recherches sur le film, j’ai constaté en effet qu’il est très souvent utilisé comme support pédagogique. Les analyses sont parfois très fouillées montrant bien la complexité et la profondeur de l’œuvre produite.
Historiquement il y a beaucoup de chose.
Merci pour cette présentation. C’est un film important, une oeuvre magistrale… que je ne regarderai jamais. Après avoir fait une déprime de plusieurs mois en regardant l’adaptation Ciné de Mort d’un commis voyageur, je fuis comme la peste ce type d’histoire !
Apparemment, Le Tombeau des Lucioles illustre bien « la mort de l’auteur » : le réal aurait été surpris que son film soit perçu comme une oeuvre anti-guerre, et que le spectateur se range au côté du jeune protagoniste plutôt que de celui de sa tante
Bonjour JB
C’est une œuvre complexe. Forcément le spectateur va pencher pour le côtés des enfants, mais il faut savoir regarder au delà. C’est quasi un documentaire sur cette fin de guerre qui donne un aperçu, sans concession, de ce que fût le Japon.
Oui c’est déprimant mais il est bon parfois de se confronter à ce type de témoignage et d’œuvre, rien que pour l’aspect historique.
Merci Fletcher, le contenu de ton article est excellent.
Isao Takahata a créé une œuvre poignante magnifique que je n’oublierai jamais, tout comme sa bande originale qui est tout aussi touchante.
On peut constater les horreurs qu’une guerre peut engendrer, voire des vies déchirées, meurtries et perdues pour toujours. Elle n’est que désolation et n’épargnent personne. Elle nous brise de l’intérieur même si nous ne la subissons pas personnellement.
C’est vraiment bouleversant de suivre l’histoire de ces deux enfants qui tentent de s’en sortir tant bien que mal dans ce monde.
Le Tombeau des lucioles est à voir au moins une fois dans sa vie.
Encore merci pour ton travail dessus.
Merci pour ce retour chaleureux Maya.
Elle nous brise de l’intérieur même si nous ne la subissons pas personnellement. bien résumé même si dans le tombeau des lucioles l’ensemble des protagonistes subit finalement cette guerre, d’autant qu’elle est sur sa fin.
Seinta décède le lendemain du jour où fut décrété le Plan général pour la protection des orphelins de guerre : Mince, dès cette phrase, je sens une boule me monter dans la gorge.
Les morts s’entassent et les survivants errent dans des paysages fait de ruines, de cendres et de charniers humains, les autorités voulant éviter des épidémies. […] Sans travail, dans l’obligation de voler pour survivre, la population civile japonaise meurt de faim ou souffre de troubles sévères consécutifs à la malnutrition. – Je crois que je n’aurais pas le courage de regarder un tel film, trop dur.
Le tombeau des lucioles offre un point de vue militariste : voilà une remarque à laquelle je ne m’attendais. Ton analyse explique très bien ce qui fait qu’il en est ainsi. C’est surprenant comment cela fait sens, entre les héros partageant le destin de l’armée japonaise.
D’un pays réputé pour son collectif, on découvre l’égoïsme et l’individualisme. – Une dimension du film que je n’aurais pas su capter, et qui met bien en lumière la dynamique dans laquelle se trouvent emportés le frère et la sœur.
Bien qu’il soit difficile à regarder, c’est un film essentiel qui continue à être pertinent : je n’en doute pas, à la fois qu’il soit difficile à regarder, à la fois qu’il soit essentiel. Chaque jour apporte son lot d’horreurs en Ukraine et en Russie, à Gaza et en Israël, et il m’est impossible d’oublier la réalité humaine qu’elles recouvrent.
Bonjour Présence.
Au delà des horreurs de la guerre, connaitre le Japon et ses habitants, leur culture, leur état d’esprit est une clé de compréhension de l’animée.
C’est d’autant plus frappant si on compare avec des pays européen notamment la France ou l’Angleterre.
Cette capitulation est un drame pour les Japonais.
La réputation de cette œuvre m’en a jusqu’ici tenu à l’écart. Question impact d’une guerre sur les civils, j’ai eu de petites doses pendant mon enfance à travers les souvenirs évoqués par ma mère et mes soeurs, quand elles me racontaient la fin de la guerre du Vietnam et la chute de Saigon. Pas la même guerre, mais on y retrouve quelques ingrédients communs, avec des bombardements pendant la guerre et des pénuries/famines après…
Je crois que je n’ai pas envie de regarder ça (je rejoins donc la Team JB).
Bonjour JP
Merci pour ton témoignage. Si ce n’est pas indiscret, regardes tu (ou lis tu ) ce qui a attrait à la guerre du Vietnam ?
Réponse courte : oui, de façon sélective et occasionnelle.
Réponse longue : je ne cours pas après tout ce qui a été fait sur le sujet. Pendant longtemps, la guerre du Vietnam était quasiment le seul prisme au travers duquel le pays était évoqué dans les fictions américaines, selon un point de vue américain. Les soldats envoyés au front, confrontés à l’horreur, dont le retour au pays fut difficile etc. Et quid des soldats du camp d’en face ? Et des alliés locaux ? Et des civils ?
C’est un peu comme si on manifestait une grande sollicitude pour un soldat américain revenu d’Afghanistan en mettant totalement sous silence que depuis le retrait des troupes, les Talibans ont à nouveau instauré un régime liberticide et affreux à vivre, en particulier pour les femmes.
Hello Fletcher. Merci pour cet article très intéressant et très détaillé sur une œuvre qui m’apparaît incontournable mais que je n’ai pourtant pas vue. L’occasion n’était pas là et la vie aidant, je n’ai pas la force en ce moment de m’y confronter. Un jour sûrement…
Salut Sébastien.
Si un jour tu lis le roman ou tu regardes ce film, n’hésite pas à venir en discuter ici.
« La fin de l’innocence »
Dans mon cas, ça a été tout à fait ça. Je me rappelle qu’à l’époque, je croyais encore naïvement que les dessins animés étaient destinés aux enfants, j’étais donc « à l’abri » en regardant un film d’animation.
Je me rappelle, j’ai pris le film avec 5 minutes de retard, il passait sur Arte, avec ses sous-titres jaunes. J’avais donc raté le début qui nous met tout de suite dans l’ambiance…
Jamais je n’ai autant pleuré devant un film. Et près de 30 ans après, je suis encore en larmes en lisant cet article et en revoyant ces images. Je devais avoir 16-17 ans, peut-être moins (car je pense qu’à l’instar du PERIL JEUNE, il est passé sur Arte avant sa sortie sur grand écran). Un terrible choc qui m’a vaccinée pour de bon. Je refuse de le revoir.
Merci en tout cas pour cette explication de texte et ce devoir de mémoire. Impossible de ne pas penser à ce qui se passe à Gaza en lisant cela…
Hello Kaori.
Content de te lire. Cela faisait un moment.
Le film s’est fait discret à sa sortie au cinéma en juin 1996. Première diffusion à la télé sur Canal+ en juin 1999 et sur Arte en juin 2000. La cassette vidéo en 1997 et le DVD en 2000.
Et oui le film reste d’actualité même si il y a des différences de culture à prendre en compte entre le Japon de 1945 et la Palestine actuelle. Ce qui ne change pas : l’horreur de la guerre et une jeunesse sacrifiée.
Oui, cela faisait un petit moment que je n’étais pas venue (juste un bref passage sur la série BORN AGAIN^^)
Merci pour les précisions. Du coup, je suis allée consulter mon journal intime de l’époque, et c’est marrant car dedans, je ne taris pas d’éloges sur ce film, combien je l’ai trouvé magnifique et combien j’ai été touchée par l’amour qui unit ce frère et cette sœur… Bien sûr, j’ai versé beaucoup de larmes, mais je ne me rappelais pas avoir été si positive…
Mais je pense comme Jyrille qu’une fois, cela suffit. J’attendrais si un jour je veux le proposer à ma fille (12 ans actuellement).
La perception que l’on a d’une œuvre comme celle là, est particulière parce que fondamentalement, elle n ‘est pas « agréable » à regarder.
Elle est importante…
Je réalise que les grands chefs d’œuvres de la japanime, je les « revois » quasiment jamais… Perfect Blue, Ghost in the shell etc…
On a chacun nos parcours…Ma fille n’a jamais voulu voir ce film et n’en voit pas l’intérêt…
En revanche elle vient d’être très marqué par un documentaire sur les poilus de 14-18 et commence à s’intéresser au sujet…
Peut-être verra t elle A l’ouest rien de nouveau ou Les sentiers de la gloire… Pour « comprendre »…
Un jour….
Un bien bel article Fletcher, tout simplement parce qu’à sa lecture on devine qu’il te tient à coeur et que tu l’y as mis tout entier. Comme dit Frédérick Sigrist, j’ai vu ce film deux fois et ce fut une fois de trop. C’est trop éprouvant et je comprends totalement qu’un parent n’amène pas ses enfants le voir.
C’est un chef d’oeuvre à voir une fois. Pour la BO, on est loin des scores de Joe Hisaishi pour les Miyazaki, c’est plus classique et minimaliste comme tu le soulignes. Les extraits que tu proposes sont à l’image du film, tristes, mélancoliques. Cela me rappelle que je n’ai lu que quatre tomes de GEN D’HIROSHIMA et les trois premiers sont aussi crève-coeur que LE TOMBEAU DES LUCIOLES.
Merci en tout cas Fletcher, il fallait que cela apparaisse ici.
Bonjour Cyrille.
Pas encore GEN d’HIROSHIMA, qui est dans mes souhaits de lecture depuis un moment. Tu fais bien de le rappeler.
Pour la BO, le côté minimaliste sied parfaitement au film. La musique ne doit pas être trop présente, les sons et bruits de la nature étant essentiels pour immersion complète. Néanmoins cela reste une belle BO.
Un film d’animation important mais pas celui qui m’a le plus ému. La dureté de la guerre n’actionne pas les lacrymales chez moi alors que YOUR LIE IN APRIL…
J’ai du le voir deux fois max.
Important plus dans son propos et dans sa « spécificité » d’animation adulte que dans la maestria de son déroulé, sa mise en scène etc…
Sur le sujet j’avais été totalement captivé par PLUIE NOIRE sur les retombées d’HIROSHIMA
En manga il y a évidemment GEN d’ HIROSHIMA qui est passionnant également.
La fin de la guerre est une source d’inspiration assez régulière pour les auteurs qui en ont conçu à la fois un certain fatalisme, une amertume sociale et une profonde remise en question du Japon conquérant des années 30-40.
la série d’OAV THE COCKPIT est également à conseiller, c’est basé sur les travaux de Leiji Matsumoto qui a poursuivi dans son travail, le traumatisme de la guerre jusqu’à CAPTAIN HARLOCK (Albator)
Un cours d’histoire intéressant en plus d’une critique d’un film majeur. Merci pour cette mise en contexte et en abyme Fletch. Tout le monde est d’accord : comme NUIT ET BROUILLARD, voilà un film qu’il faut avoir vu dans une vie au sens de Falloir. Qu’importe les angoisses qu’ils suscitent, c’est la mémoire de ce véritable cauchemar à l’écran qui permet d’illustrer au mieux la folie de la guerre et de construire une culture de paix.
Merci d’y avoir contribué chez Bruce Lit.