Violette Nozière : Interview Camille Benyamina

Violette Nozière : Interview Camille Benyamina

Une mortelle Violette (C) Casterman

Une mortelle Violette
(C) Casterman

Des aveux recueillis par BRUCE LIT

L’affaire Cantat à côté c’est du pipi de chat. Jugez plutôt : dans les années 30, Violette Nozière une jeune femme de 18 ans, est accusée d’avoir empoisonné son  père et sa mère.  Nozière est une jeune écervelée  qui arnaquait ses parents pour s’éclater jusqu’au jour où  sous le joug d’une passion amoureuse, elle les empoisonne pour leur voler leurs économies.  Si son père succombe, sa mère survit et porte plainte contre son enfant

Celle-ci réalise enfin la portée de son crime et implore le pardon de sa mère qui finira par le lui accorder. Sa ligne de défense qui n’aura jamais été convaincante est que son père la violait régulièrement.
L’affaire déchaîne l’opinion et contre toute attente de nombreux artistes prennent sa défense : Marcel Aymé, Paul Eluard, Louis Aragon, André Breton.

Le cas Nozière va impacter les présidences de Albert Lebrun, du Maréchal Pétain et  du général De Gaulle. Elle sortira pour bonne conduite en 1945 après avoir bénéficié des grâces successives de trois chefs d’État, ce qui en fait toute la singularité et l’originalité de son dossier judiciaire. Elle fonde alors une famille et décède  en 1966 après que l’Etat français l’ait réhabilitée. Tous les témoignages concordent sur la rédemption d’une femme qui aura passé sa vie à vouloir expier ses pêchés.

Violette sous les traits d'Isabelle Huppert  (C) René Chateau Vidéo

Violette sous les traits d’Isabelle Huppert
(C) René Chateau Vidéo

C’est cette histoire déjà mise en scène par Claude Chabrol dans son film VIOLETTE NOZIERE (1978) qui est scénarisée ici par Eddy Simon et superbement illustré par Camille Benyamina. Si l’album ne couvre pas les dernières années de la vie de Violette, il brosse un portrait remarquable d’une femme insouciante, mythomane et fatale, victime consentante 30 ans avant l’arrivée du rock et de la libération sexuelle, de la dictature du bonheur.  

Si Benyamina et Simon abordent les nombreuses zones d’ombre du personnage, ils parviennent à raconter l’histoire de ce destin incroyable sans porter de jugement sur Nozière, une femme si séduisante et manipulatrice qu’elle peut, pour reprendre le mot de Truffaut à propos de James Dean, tuer à l’image père et mère avec l’assentiment du public. L’occasion était trop belle pour ne pas interroger sa recréatrice Camille Benyamina par Messenger en septembre 2018.  

Contrairement à ce que les planches publiées ici pourraient laisser à penser, il ne s’agit pas d’une BD muette. Elles proviennent de la collection personnelle de Camille Benyamina. Qu’elle en soit ici remerciée.

Accusée, levez-vous ! (C) Casterman

Accusée, levez-vous !
(C) Casterman

Bonjour Camille, C’est ta deuxième interview chez Bruce Lit en un an, Ça va aller ?

Je vais essayer de ne pas dire trop de bêtises !

Tu nous racontes la genèse du projet Violette Nozière ?

Si je creuse , je venais de finir mes études, et Eddy Simon m’a proposé ce projet. Nous avons monté un dossier, et posté tout ça par la poste direction quelques maisons d’éditions dont la ligne éditoriale correspondait à notre histoire. Casterman nous a ensuite contactés et l’aventure a commencé.

L’histoire incroyable de cette criminelle qui a été graciée par trois présidents de la république n’est pas connue de tous, J’aimerais bien que tu nous la racontes avec tes mots…

N’oublie pas que je ne suis pas la scénariste mais l’illustratrice , je ne connais pas dans les moindres recoins tous les faits qui se sont produits car nous avons principalement survolé la période du “scandale” et nous ne nous sommes pas beaucoup attardés sur l’aspect politique, même si c’est passionnant.
Je pense que la chance d’être graciée a beaucoup été influencée par cette incroyable effervescence qu’il y a eu autour de l’affaire, ce scandale faisait la une de tous les quotidiens, le fait que des artistes et écrivains de renom la soutiennent à l’époque et que ça fasse un si gros débat, qu’elle devienne un mythe et un symbole de résistance…

Cette BD est un objet piégé ! Le sujet, le parricide, y est terrible et pourtant grâce à tes illustrations tout est grâce et sensualité. Je dirais même que Violette sous ton pinceau est terriblement mutine et désirable. C’était ton intention ?

Haha, je prends ça comme un compliment ! Il fallait bien que je m’attache au personnage que j’allais côtoyer pendant plus de 2 ans… Je voulais une belle Violette ensorceleuse !

Vulnérable et vénéneuse (C) Camille Benyamina Avec l'aimable autorisation de l'auteur

Vulnérable et vénéneuse
(C) Camille Benyamina
Avec l’aimable autorisation de l’auteur

Je suis soufflé par ton travail sur les expressions : pas une seule fois, Violette n’a les mêmes !

C’est un de mes buts : essayer de me rapprocher le plus possible des sentiments que j’imagine pour les personnages. Je suis contente que ce travail se remarque !

Quelle a été ton travail de documentation ? Il n’existe pas énormément de photo d’époque et Violette était bien moins jolie dans la réalité.

Eddy m’a procuré quelques éléments de documentation, mais ça ne me dérangeait pas d’imaginer une partie, je ne voulais pas nécessairement que les personnages soient des copies conformes à la réalité. Par contre pour tout ce qui était plus historique, j’ai passé énormément de temps de recherche pour ne pas faire d’anachronismes, (quelles statues existaient déjà à l’époque, à quoi ressemblaient les hôpitaux, les rues de Paris, les voitures, l’opéra ou le palais de justice de paris etc etc), même pour les éléments du quotidien (cafetière, habits, bistrots etc).

On sent une complicité flagrante entre Violette et toi. Tu l’aimes bien, hein ?

Forcément je m’y suis attachée, de plus c’est ma toute première oeuvre en tant qu’auteure principale, donc je me suis très investie !

M’enfin, c’est quoi votre problème avec Vero Cazot et Julie Rocheleau ? Vous vous obstinez à dessiner des femmes contemporaines du cinéma muet. La féminité, c’était mieux avant ?

Non la féminité a toujours existé,  C’est une part importante , ce n’était pas mieux avant, même si j’avoue que le chic des années folles est terriblement élégant !

Du glamour même en noir et blanc (C) Camille Benyamina Avec l'aimable autorisation de l'auteur

Du glamour même en noir et blanc
(C) Camille Benyamina
Avec l’aimable autorisation de l’auteur

La question qui tue, posée par un mec : être une femme, c’est une plus-value pour dessiner Violette ?

En tant que dessinatrice, je crois qu’il y a une chose assez commune constatée : les hommes sont plus à l’aise pour dessiner des homme et vice versa. C’est exactement ça pour moi, peut être parce que oui, je me connais et je trouve ça plus simple de dessiner des femmes ! Les petites mimiques qu’on peut avoir parfois, les attitudes ou les réactions, même si ça diffère selon chaque individus je pense que d’être une femme aide à trouver une certaine justesse sans entrer dans l’exagération.

Violette tente de tuer ses parents par passion amoureuse : elle est à la fois cynique et victime puisqu’elle se fait plumer par l’odieux Jean Dabin, La mort par amour tu y crois, toi ?

C’est ce qu’on interprète dans notre album, mais cela à toujours été une part de mystère.. Est ce que je “crois” à la mort par amour, c’est une drôle de question ! De nombreuses affaires criminelles prouvent que ça existe depuis des lustres, ça porte même le nom officiel de “crime passionnel” lorsque cela concerne un proche ou un conjoint. Si la question était : serais-je capable de donner la mort par amour, la réponse est n-o-n !

Les parents de Violette sont de braves gens qui refusent de voir le mal en leur fille. Dessiner leur mort t’a été pénible ?

Non, je ne m’attache pas à ce point à mes personnages : ça demeure une histoire vraie et j’ai retranscrit ce qu’il s’était passé !

Autre fait rocambolesque : Violette parvient à échapper à la garde de la police. Pourquoi cette scène ne figure pas dans l’album ?

Car nous devions faire des choix pour ne pas passer 4 ans sur l’album, il y avait tant de choses à traiter, nous n’avons pas pu tout évoquer.

Prête à empoisoner ses parents  (C) Casterman

Prête à empoisonner ses parents
(C) Casterman

Comment s’est passée ta collaboration avec ton scénariste Eddy Simon ?

Bien, et à distance ! Nous communiquions de Montréal en Inde, en passant par Paris.

Tu as vu le film de Chabrol avec Huppert dans le rôle de Violette?

Oui je l’ai vu une fois, j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs mais Huppert est envoûtante et magistrale, impressionnante interprétation pour son jeune âge!

Violette implore le pardon de sa mère qui finira par le lui accorder. Et toi, lui pardonne tu ? Elle a commis pourtant l’irréparable ….

Oui très surprenant si peu de temps après, mais l’amour d’un enfant est parfois plus fort que la raison. Je crois au pardon également, mais je l’aurais laissée purger sa peine.

Le truc qu’on ne pourrait pas imaginer avec un Bertand Cantat par exemple : Violette est une prisonnière modèle, elle échappe à la guillotine, au nazisme, sort de prison, fonde une famille et est réhabilitée par l’Etat Français ! Pourquoi vous arrêter à la sortie du couvent ? Violette fonde ensuite une famille et la perd tragiquement. Elle meurt semble t il courageusement. L’histoire en fait une sorte de sainte qui expie ses pêchés….

Avec quelques séquelles je pense, on ne se sort pas indemne de ce genre d’histoire ! Je crois même qu’elle avait changé de nom pour se faire discrète..
Encore une fois, pour respecter le temps de production, on a du faire des choix , on aurait pu continuer jusqu’à sa mort et même plus mais ça ne sera pas dans cet ouvrage.

L'énergie des films muets (C) Casterman

L’énergie des films muets
(C) Casterman

Crois tu en la rédemption ?

Oui bien sur, je pense que tout le monde peut s’améliorer, mais ça ne réparera jamais le crime commis.

Qu’est ce que cette histoire t’a apportée ?

Une grande discipline de travail, la découverte de cette affaire passionnante dont j’ignorais l’existence, et l’expérience d’un gros projet BD ! Une très grande satisfaction de réaliser un si gros projet jusqu’au bout, de nombreux débats très intéressants, de belles rencontres aussi !

Quelle est ton actualité ?

Je viens de finir de réaliser Les petites distances, avec Véro Cazot au scénario, un dernier album dans lequel j’ai vraiment travaillé comme une acharnée ! Pour le moment j’ai quelques propositions de projets, je suis en train d’y réfléchir avant de m’engager pour une longue durée de travail!

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Merci d’être là et de faire vivre notre beau métier, en espérant de réussir à vous offrir quelques beaux moments d’évasion.

Benyamina en dessinatrice fatale (C) Laetitia De Mesquita Collection personnelle de l'auteure

Benyamina en dessinatrice fatale(C) Laetitia De Mesquita
Collection personnelle de l’auteure

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Elle a tué son père, empoisonné sa mère, servi de muse au poètes surréalistes, été graciée par trois présidents successifs avant d’inspirer Claude Chabrol : Violette Nozière.
Découvrez son incroyable destin dans la BD que Eddy Simon et Camille Benyamina lui ont consacré avec une interview exclusive de la dessinatrice chez Bruce Lit.

L’histoire ne dit pas si Violette aimait les bananes !

23 comments

  • JP Nguyen  

    Hello, désolé de relever un petit détail mais je trouve que le parallèle effectué par deux fois avec l’affaire Cantat n’est pas ultra pertinent. Sans connaître à fond cette affaire, il me semble que Violette Rosières se fait manipuler et assassine par amour/pour l’argent… Et elle n’est pas une célébrité au départ…
    Cantat, c’est de la violence conjuguale.

    Sinon, les dessins sont jolis mais le sujet ne m’intrigue pas trop. Je préférerais toujours Detective Comics au Nouveau Détective.

  • Eddy Vanleffe  

    Alors graphiquement et pour parler vulgairement: ça tabasse!
    j’adore les teintes, les regards…
    Souvent je trouve les bd franco-belges très froides, très cliniques. ici la chaleur est conservée malgré les gris… par exemple c’est presque noir et blanc mais on sent le cuir du gant sur la page du poison.
    Et les cartes postales…justes superbes.
    L’histoire… je ne sais pas.
    les affaires judiciaires ne sont pas trop ma tasse de thé.
    mais encore une fois ce dominante de gris est bien vue pour traduire la complexité morale d’une telle affaire…

    • Bruce lit  

      @Eddy….
      pour parler vulgairement: ça tabasse! (sic) 🙂
      Pour te rassurer, le tournant judiciaire de l’affaire Nozière n’occupe que 4 pages. Le reste est le portait d’une femme fatale qui échappe aussi bien à sa famille qu’à l’opinion publique et surtout elle-même.

  • Bruce lit  

    Gasp, JP, loin de moi l’idée de vouloir commencer un débat sur l’affaire Cantat dès le matin, mais à mon sens Nozière le bat (sic) à plate couture en tentant froidement, méthodiquement et à plusieurs reprises d’assassiner ses parents avant d’y parvenir. Elle n’est ni sous l’emprise de stupéfiants ou d’alcool à ce moment là.
    Ce que je veux dire, c’est qu’en dépit du crime atroce qu’elle commet elle est réhabilitée et pardonnée par la société lui permettant de se réinsérer. Les deniers concerts du chanteur de Noir Désir qui a purgé sa peine et a été considéré comme un prisonnier modèle par l’administration pénitentiaire prouvent que cette notion de pénitence, de rédemption n’est pas possible, en tout cas le concernant.
    Il ne s’agit pas d’une volonté de l’absoudre de ma part ou de minimiser son crime mais bien d’un fait de société, ce qui est finalement ironique : Nozière a vécu en un temps moins libre que celui que nos rockers ont contribué à forger dans notre culture populaire.

  • Ozymandias  

    Remarque très pertinente de Bruce par rapport à l’affaire Cantat, lequel a purgé sa peine et donc, dans le meilleur des mondes devrait pouvoir exercer sa profession sans qu’on lui tombe sur le dos. Mais voilà, nous vivons aujourd’hui dans une société hypocrite, bien-pensante et surtout qui adore se trouver des boucs émissaires. De fait, le chanteur n’avait aucun droit, dans le cadre moral actuel, d’atteindre à la rédemption. Les femmes prennent enfin la parole, mais les gouvernants continuent à manquer d’initiative en ce qui concerne la violence faîte aux femmes ; c’est plus simple de laisser la vindicte populaire des bovins de la télé-réalité stigmatiser cette figure médiatique. J’en profite aussi pour marquer mon agacement devant toutes ces journées à la con (enfant, femmes battues, animaux) qui masquent l’indifférence et l’inertie de notre société quand il s’agit de résoudre les problèmes autrement que par la forme.

    @Eddy : Tu n’aimes pas les BD « adaptées de » , les affaires judiciaires ne sont pas trop ta tasse de thé… Si tu continues ainsi, il ne te restera plus grand chose à lire parmi les parutions mensuelles.

    Je ne sais pas quelles BD franco-belge tu as eu l’occasion de lire, mais en déduire que l’ensemble de la (sur)production actuelle est froide et clinique, c’est un peu rapide et lapidaire comme jugement. 🙂

    @JP Nguyen : Je peux t’assurer que « l’héroïne » de cette histoire n’a quasiment aucune circonstance atténuante, et surtout pas celle d’avoir été manipulée. C’était ELLE la manipulatrice.

    Pour finir, et au risque de passer pour un blaireau, je me permets de dire que Camille Benyamina est très belle sur cette photo.

  • Eddy Vanleffe  

    @Ozy.
    malgré ce que je donne à penser j’aime un tas de choses en dehors de la BD en fait et on en parle pas des masses ici.
    Avec un pouvoir d’achat réduit à sa peau de chagrin si je dois faire un choix entre un truc adapté ou un truc original, je vais toujours reposer le truc adapté. c’est comme ça.
    le franco-belge, c’est 12 euros pour 50 pages. le choix est vite fait aussi.
    je lis donc en bibliothèque.
    j’ai découvert les bds de ZEP pour adultes, c’est surprenant et une histoire d’hommes pourrait faire partie des trucs que Bruce aime bien.
    je me refais les Spirou et les trucs avec ma fille comme les Légendaires, mortelle Adèle et Assassination classroom.

  • Présence  

    En découvrant cette interview, je me suis rendu compte que finalement je ne connaissais pas grand chose de l’affaire Violette Nozière. Du coup, je suis allé lire la page wikipedia. Avec les précautions d’usage à l’esprit concernant la fiabilité de wikipedia, je reste impressionné par la description de la vie de cette dame avant ses crimes. Je suis tout autant étonné par les formes de soutien dont elle a bénéficié, et par le processus de réhabilitation qui lui a valu de retrouver le plein exercice de ses droits civiques et un casier judiciaire de nouveau vierge.

    J’ai beaucoup aimé cette interview qui fait bien ressortir que pour l’artiste il s’agit d’un projet à assez long terme, 2 ans de vie à rapporter à la désinvolture avec laquelle on peut parfois parler d’une BD qu’on a lue, la rapidité de lecture, et la fragilité du système de rémunération des autrices et auteurs.

    Parmi les questions et bien sûr les réponses qui m’ont le plus intéressées, il y a celle sur le travail de documentation pour pouvoir réaliser une reconstitution historique dans laquelle le lecteur peut avoir confiance, la remarque sur la variété des expressions des visages (un aspect de la narration qui apporte une proximité incroyable avec le personnage, ses émotions, ses états d’esprit), et celle que je n’aurais pas osé poser mais qui m’aurait brûlé les lèvres, sur l’avantage d’être une femme pour dessiner une femme. Merci beaucoup pour ces éclairages.

  • Ozymandias  

    @Eddy : Je suis actuellement au RAS, donc pas évident de s’offrir un minimum de culture. Par chance, je fais partie d’un réseau d’amis qui partagent entre eux leurs achats (papier et numérique), il m’arrive aussi de télécharger sur la Toile. C’est disponible partout, je suis plus honnête qu’un autre. Je continue néanmoins à acheter, mais je cible sur la VO et les ouvrages un peu plus luxueux.

    Ce n’était, bien sur, pas un reproche, mais plutôt une boutade, parce que j’avais lu ton commentaire sur FASHION BEAST et, ce matin, ta remarque sur les chroniques judiciaires en BD. 🙂

    @Présence : Je confirme. La plupart des lecteurs se contentent de critiques lapidaires, sans prendre la peine de s’interroger sur les efforts fournis pour nous offrir les albums trop souvent lus à la va-vite, comme on enfourne un BIG MAC chez l »ami RONALD.

    • Matt  

      C’est pour ça que je trouve que Bruce râle trop parfois^^
      On a tous nos goûts mais démonter une oeuvre parce qu’un personnage est mal habillé ou pas assez sympathique…éh y’a peut être un gros boulot ailleurs quand même !

      Mais c’est vrai que je remarque aussi ça dans des critiques de films. Si c’est pas le machin habituel bien formaté et que le rythme est plus lent, y’a 3000 critiques du genre « beeeuh…c’est mooouuu ! y’a pas de gooore. ça fait pas peeuuur. »
      Hum…

      Bon…maintenant je vais me cacher avant que le boss me tombe dessus^^

  • Jyrille  

    Tout comme Présence, je suis épaté par l’interview et les questions sur la documentation et le fait d’être une femme. Tout comme Eddy, je trouve les dessins magnifiques. Tout comme Ozy, je trouve la photo et le sujet très belles. Tout comme JP, je ne comprenais pas la pertinence avec l’affaire Cantat, mais en lisant les arguments, je comprends mieux : après tout, je ne connaissais que très peu cette histoire et je n’ai même pas vu le film de Chabrol.

    Merci pour tout, merci pour les scans, Camille !

  • Jyrille  

    La BO : fan.

  • Matt  

    Jadis, quand j’étais encore au lycée, j’avais une camarade qui dessinait. Et comme moi aussi je dessinais, on avait discuté de ça. Et je me souviens que je disais qu’il était plus difficile pour moi de dessiner les femmes, et elle m’a effectivement dit l’inverse^^, que pour elle c’était plus compliqué de dessiner les hommes.

    • Eddy Vanleffe  

      Quand je dessinais, je me suis jamais posé la question, mais je dessinais mal… 🙂
      le rapport plaisir de lecture/ancrage dans l’esprit/travail est sans doute un des plus ingrat.
      Parce que pour chaque titre que nous lisons tous, nous ne pouvons humainement pas être traumatisé à chaque livre.
      c’est désormais très difficile de surprendre/émouvoir/marquer à chaque fois.
      il faudrait se rebooter et être frappé d »amnésie entre chaque livre et encore, là non plus ça ne marcherait pas ( 🙂 ).
      du coup sans le vouloir, on peut parfois réduire à néant en 20 minutes par une lecture distraite des mois de travail.
      Le dernier truc qui m’ait marqué, c’est le sculpteur de Scott Mac Cloud. jusque boutiste et hyper maîtrisé en matière de narration.
      Je lis pas mal de « tranches de vie » en ce moment, j’ai pas trop l’habitude et j’ai l’impression que je sors un peu de mes reflexes. En même temps, je sais déjà que j’ai envie de passer à autre chose parce que globalement et malgré les très bons trucs, je ne suis pas attiré plus que ça par ce genre. je me fais ça en « caprice passager » et je vais sans doute relire des oeuvres bien plus proches de mes préoccupations.
      D’ailleurs j’ai déjà très envie de me faire les tomes estampillés 7 de Delcourt. un projet vraiment bizarre avec plein de guests americains (Sean Phillips, Eric canete ou Francis Manapul).

      • Bruce lit  

        Je ne trouve pas que mes questions soient exceptionnelles mais portées d’avantage par l’enthousiasme post-lecture.
        Pour être honnête, je ne connaissais pas le sujet ni l’affaire Nozière non plus. Je n’avais pas encore acquis Les petites distances et c’est bien le nom Benyamina qui m’a attiré en trouvant cet album au bac à soldes. Je ne regrette absolument pas d’en avoir fait l’acquisition et ai également eu envie de dénicher ce film de Chabrol.
        Je ne suis pas plus fan que ça du Velvet. C’est étrange, je reconnais l’importance du groupe et son héritage mais écouter 1 à 2 fois par an leurs disques me suffit amplement. Ce qui nous amène à une trentaine d’écoute normalement.

        @Eddy : de mémoire le 7 psychopathes était assez mauvais. J’ai dû écrire un truc sur amazon à l’époque où je disais que ma critique ne dépasserait pas 7 lignes…
        @Matt : pour le démontage de Black Magic, je trouve surtout et on en a discuté encore ce WE, que ni l’intrigue policière, ni celle consacrée à la magie n’étaient convaincantes et intrigantes. Lui, y a trouvé plus de sens que j’ai bien voulu en voir.
        (maintenant, oui, elle est vraiment mal coiffée cette sorcière 😉 )

        • Jyrille  

          As-tu écouté leur troisième album « éponyme » ? Celui au canapé ?

          • Bruce lit  

            @Cyrille, oui je les ai tous. Mon préféré reste Loaded. Manque de pot, c’est le moins apprécié…
            @Présence : je suis mort de rire car je pense l’exact inverse de ce que tu as écrit ! Je ne suis pas sûr d’être suffisamment motivé pour me lancer dans une troisième lecture !

          • Jyrille  

            Ah, Loaded est celui que j’aime le moins, de loin… Alors que le troisième, mais c’est une merveille ! Je l’ai écouté des centaines de fois. Je pense. Je l’ai encore écoutél y a deux semaines…

        • Présence  

          Dans la série Ça n’a rien à faire là, un extrait de mon avis sur Black Magick 2, la partie qui concerne le scénario, étant entendu que je trouve les dessins extraordinaires :

          […] Dans les 5 premiers épisodes, Greg Rucka avait établi que Rowan Black fait partie d’un coven de sorcières adeptes de la foi Wicca, mais sans trop s’aventurer sur le terrain desdites croyances et convictions. En outre l’usage de la magie semblait bien pratique, pas vraiment raccord avec l’environnement très réaliste de la série, et reposant sur une lutte du bien contre le mal. Le lecteur retrouve cette même utilisation de la Wicca comme un artifice narratif sans beaucoup d’épaisseur, même si le Rede wiccan établi par Doreen Valiente (1922-1999) est bien cité : Si tu ne blesses personne, fais ce que tu veux. En outre, un personnage incarne le mal au premier degré, une jeune fille à la bouche cousue et aux yeux maléfiques, tirant le récit sur le terrain de la lutte basique du Bien contre le Mal. Mais, dans le même temps, le scénariste développe l’histoire personnelle de Rowan Black, avec ce premier épisode qui montre les conséquences de son rite d’initiation, de la révélation de ses vies antérieures, ce qui provoque un traumatisme durable. Par ailleurs, il met en scène les complexités de la relation entre les coéquipiers que sont Rowan Black et Morgan Chaffey, les tensions existant entre les 3 représentants de l’ordre Aira (Stepan Hans, Laurent Leveque, Anne-Marie) qui ne sont pas d’accord sur la stratégie à adopter, les sous-entendus dans les questions des inspecteurs Nate Bellowes & Fernando Prestes, de l’Inspection Générale. De ce point de vue, les relations entre les personnages sont bien de nature adulte, avec parfois des sous-entendus d’ordre sexuel, sur l’homosexualité supposée de Rowan Black, ou un inspecteur touchant la citrouille d’une collègue au bureau.

          Dans cette deuxième partie de l’Éveil, Greg Rucka peut également s’appuyer sur les fondations qu’il a posées dans le premier tome pour avancer un plus vite dans son intrigue. Il y a donc plusieurs manifestations de cette sorcière maléfique, avec une ou deux autres. Les représentants de l’organisation Aira (des chasseurs de sorcières) ont localisé Rowan Black et disposent de preuves d’acte de sorcellerie. Rowan Black et Alexandra Grey ont conscience de la présence desdits membres. Les enjeux pour les différentes factions apparaissent donc clairement et Greg Rucka commence à montrer que les personnages sont plus intelligents qu’il n’y paraît. Du coup, les allégeances ne sont pas figées et le bon sens a encore des chances de prévaloir malgré la force des traditions. Le lecteur sent bien que les membres d’Aira ne sont pas inaccessibles à la raison, et que la personnalité et l’histoire personnelle de Rowan Black a une incidence directe sur son comportement et sur la façon dont les choses peuvent évoluer. Le scénariste ne se contente donc pas de tirer des grosses ficelles et d’utiliser des conventions de genre. Il sait faire exister ses personnages de sorte à ce que l’intrigue dépende d’eux de manière organique.

          Ce deuxième tome confirme le plaisir visuel à lire ces pages peaufinées par Nicola Scott, donna vie aux personnages, les faisant évoluer dans des lieux soigneusement construits et décrits. Greg Rucka insuffle lui aussi de la vie dans ses personnages et peut commencer à s’aventurer plus loin dans son intrigue, ce qui permet au lecteur de constater qu’elle s’annonce plus sophistiquée que ne le laissait le supposer le premier tome.

        • Matt  

          @Bruce : Je méprise la mode et le culte de l’apparence en général comme facteur d’insertion en société. S’arrêter à cela est tristement superficiel^^

          @Présence : On peut compter sur toi pour trouver des trucs intéressants dans beaucoup d’œuvres. Tu ne cherches pas ce que tu aimes dans une BD, tu prends ce qui est proposé et tu vois en quoi ça consiste. Bravo m’sieur vous êtes surement le plus ouvert d’esprit de nous tous^^

          • Présence  

            Je ne savais pas qu’il s’agissait d’un concours. 🙂 🙂 🙂

            En ce qui concerne Black Magick en particulier, le premier tome m’avait déçu en termes de scénario et enchanté par ses dessins. Pour ce deuxième tome, je me suis rendu compte que l’histoire que raconte Greg Rucka ne correspondait pas à mes attentes, ce qui m’a conduit à m’interroger sur les éléments et les réactions qui ne s’intègrent pas dans le schéma classique de la gentille sorcière persécutée par un ordre religieux bas du front. Ces particularités brossent un portrait plus complexe de Rowen Black. En fait ce sont mes a priori et mes idées préconçues qui m’ont permis de distinguer l’originalité de ce que raconte Rucka.

            Il ne faut pas oublier que je choisis mes lectures en fonction de mes goûts personnels, ce qui explique que j’ai tendance à m’y retrouver dans ce que je lis. Du coup c’est plus la preuve de ma propension à me conforter dans mes goûts que celle d’une ouverture d’esprit. Heureusement que vos articles sont là pour me montrer d’autres points de vue.

          • Matt  

            Je voulais dire que tu as tendance à remettre en question tes préjugés avant de dire que c’est nul justement^^ Par rapports aux grilles de lecture de nous tous qui ne pardonnent pas un dessin froid, un personnage pas assez attachant, une narration découpée, trop ou pas assez de dialogues, etc…ben t’as l’air d’être le plus « tolérant » ou positif.

            C’est ce que j’essaie de faire. ça marche pas toujours.^^

  • Présence  

    Respect ! Il fallait oser prendre la défense d’une parricide. Dans le même temps, la lecture de l’article wikipedia m’a laissé totalement déstabilisé. Il y a bien eu des circonstances qui amené 3 présidents à commuer sa peine, puis à la gracier. Il y a eu des intellectuels et des artistes pour prendre fit et cause pour elle. L’article met en avant une analyse systémique : une jeune femme subissant la pression de se conformer aux attendus sociaux, sans autre échappatoire que la transgression, le mensonge, avec des revenus découlant de la marchandisation de son corps.

    Du coup, ce regard psychanalytique offre d’autres éclairages, à commencer par celui de la réparation auquel je n’avais pas pensé. Merci pour cette plaidoirie d’avocat du diable qui montre que c’est forcément plus compliqué que ça. En outre quand je lis la question relative à une part de responsabilité des parents dans cette tragédie, je me dis qu’eux aussi reproduisaient des schémas sociaux dont ils n’avaient pas forcément conscience, concevant et dispensant l’éducation de leur fille pour l’adapter à la société en place. En même temps, les parents dispensent une éducation à la fois héritée de celle de leurs propres parents (soit à l’identique, soit à l’opposé en réaction), à la fois façonnée par leur propre expérience de la vie, c’est-à-dire dans les 2 cas sur la base d’une société déjà vieille de 20 ans ou beaucoup plus, déjà en décalage avec la société du présent.

    • Présence  

      Heureusement que je n’avais pas conscience de tout ça avant d’élever mes enfants sinon je crois que je ne me serais pas lancé dans une telle entreprise. 🙂

      Cette image d’une dette qui risque de s’accroître avec le temps me renvoie au principe du péché des pères, remontant à la faute originelle dont les conséquences se répercutent de génération en génération, sous des formes diverses.

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