Euless Boss : Secrets Origins

Southern Bastards tome 2 par Jason Aaron & Jason Latour

Tout est dans le titre !

Tout est dans le titre !©Image Comics

AUTEUR : TORNADO

Editeur VO : Image

Editeur VF : Urban

Cet article porte sur le second tome de la série Southern Bastards. Une série limitée (on ne sait pas encore combien elle comportera d’épisodes à l’heure où sont écrites ces lignes) réalisée par le scénariste Jason Aaron et le dessinateur Jason Latour.

Il fait suite à l’article sur le premier tome. Ce second tome, intitulé « Sang et Sueur », regroupe les épisodes #5 à 8, initialement publiés en 2015.

Dans le premier tome, les auteurs avaient ouvertement annoncé le thème de leur série : Il s’agit d’une critique virulente sur le Sud des Etats-Unis, leur région natale, qu’ils aiment autant qu’ils la détestent, dont la finalité consiste à dénoncer la bêtise et la méchanceté de certains de ses habitants, et de pointer du doigt les agissements de tous ces « rednecks » dégénérés qui font de certains endroits de la Terre un enfer…

Le résultat prend la forme d’un « country thriller » en Alabama, avec toute l’âpreté et la force qui constituent les éléments de l’écriture de Jason Aaron, le créateur de la série Scalped, qui quant à elle prenait les atours d’un polar aux pays des réserves indiennes…

Un mentor en la personne d’un vieil aveugle aux sens aiguisés. Un hommage à Daredevil ?

Un mentor en la personne d’un vieil aveugle aux sens aiguisés. Un hommage à Daredevil ?©Image Comics

Si le premier tome se distinguait de Scalped par sa mise en forme, puisqu’il se focalisait sur une intrigue linéaire et épurée plutôt que de multiplier les personnages et les sous-intrigues, ce second opus revient à ce qui faisait la richesse du polar indien.
En remontant des années en arrière afin de raconter les origines et le passé de Euless « Coach » Boss, le grand méchant de l’histoire, Jason Aaron renoue avec ses fondamentaux en déclinant son histoire à travers chaque personnage. Sauf qu’il est désormais question de leur consacrer un tome entier, chaque volume regroupant seulement quatre épisodes (au lieu des six à huit pour Scalped !).

Une quête de réussite qui voit la vie comme un terrain de foot…

Une quête de réussite qui voit la vie comme un terrain de foot…©Image Comics

Nous découvrons ainsi la vie de Euless Boss. Son enfance déprimante tiraillée entre l’héritage méprisable de son père, un immonde voyou ivrogne mais coriace, et sa passion pour le football. Trop frêle pour être intégré à l’équipe de son patelin, le jeune Euless subit le harcèlement et l’humiliation quotidienne des jeunes de son entourage. Mais il ne tient pas à renoncer à son rêve d’intégrer l’équipe.
A force d’efforts, de persévérance, mais aussi de compromis et d’actes réprouvables, le futur « coach » de Craw County va tisser sa légende, pavée de choix menant vers le succès, mais aussi la damnation…
Le lecteur suit ce parcours vu de l’extérieur, en écoutant tout ce beau monde parler de football américain, avec d’ailleurs un album préfacé par Ryan Kalil, célèbre footballeur évoluant au centre des Carolina Panthers. Car en Alabama, apparemment, tout le monde parle la langue du football…

Un père tout à fait charmant…

Un père tout à fait charmant…©Image Comics

Comme il l’avait fait jadis avec Lincoln Red Crow (toujours dans Scalped), Aaron réussit le tour de force de nous amener à éprouver de l’empathie pour le « bad guy » de son récit. Pourtant, il ne s’agit pas de brosser le portrait romantique d’un gangster en lui conférant un côté héroïque puant la fascination malsaine tel qu’on peut hélas en voir dans certaines histoires (je ne sais pas moi, Un Prophète par exemple…). Ici, le sens de l’équilibre virtuose dont fait preuve le scénariste, et qui dépasse largement le stade du manichéisme primaire, nous permet de comprendre les choix du personnage, mais certainement pas de les excuser et encore moins de les ériger en une forme de modèle.

Jason Aaron prend ainsi son temps en mettant patiemment en place les éléments et les personnages de son histoire, développant soigneusement ses principales figures, auxquelles il offre un charisme impressionnant.

…Mais un père, ça se change !

…Mais un père, ça se change !©Image Comics

Comme dans le premier tome, l’arc narratif réduit à quatre épisodes oblige quelques raccourcis parfois embarrassants (notamment le dernier acte de « Big », le vieil aveugle qui servira de mentor à Coach Boss). Mais le rythme de lecture est particulièrement percutant et addictif.
Les lecteurs les plus difficiles pourront lui reprocher de reprendre la même recette et les mêmes ingrédients que sur Scalped, accusant ainsi un sentiment de redite (d’autant que cette première série bénéficiait d’un dessinateur supérieur à Jason Latour en la personne de R.M. Guéra). Les autres apprécieront au contraire de retrouver la verve et l’univers narratif d’un auteur exceptionnel, qui réussit à plaquer le lecteur sur son fauteuil avec des histoires de violence et de crasse, derrière lesquelles se dissimule en réalité la tragédie et le lyrisme des destins brisés, le tout enrobé d’une réelle toile de fond. Cette dernière, qui observe les gens du sud des Etats-Unis sur plusieurs générations d’un œil pénétrant et impitoyable, brosse en définitive un édifiant constat sur la notion d’héritage qui, plus qu’un legs ou une richesse, peut parfois revêtir les oripeaux d’une véritable malédiction…

Les nouvelles sont tombées sur les deux premiers épisodes du prochain tome. Il s’agit de deux courtes histoires chacune centrées sur un personnage en particulier. Le premier focalise sur le sheriff Hardy et le second sur l’épouvantable Esaw, véritable redneck psychopathe qui fait office d’homme de main pour Euless « Coach » Boss. Aucun doute n’est plus permis : En déclinant son récit à travers tous ses personnages, qui gagnent en épaisseur au fur et à mesure que les éléments s’imbriquent, Aaron revient aux fondamentaux de Scalped. Et en ce qui me concerne, c’est plutôt une bonne nouvelle…

Le geste de la damnation, en rouge sang…

Le geste de la damnation, en rouge sang…©Image Comics

 

18 comments

  • JP Nguyen  

    Je l’ai feuilleté ce week end mais finalement reposé en rayons. On m’avait prêté le un.
    L’écriture rappelle effectivement beaucoup Scalped mais le dessin, bien que très stylé, ne me séduit pas vraiment.
    Je pense que je continuerai à suivre la série par prêt ou en médiathèque…

  • Présence  

    Comprendre les choix du personnage, mais certainement pas de les excuser, et encore moins de les ériger en une forme de modèle. – Du Jason Aaron au meilleur de sa forme, pour une réussite narrative pas si facile que ça à effectuer : que le lecteur puisse se projeter dans un personnage qui le répugne.

    4 épisodes au lieu de 6 ou 8 pour Scalped – Si j’ai bien suivi le mode de fonctionnement d’Image, ce type de choix est effectué par les auteurs. Le modèle économique des séries Image (à par Walking dead) semble assez fragile (quelle que soit leur qualité). Les auteurs se conforment au mode de prépublication américain (en fascicules mensuels), mais la rentabilité semble provenir des recueils (tradepaperback). Du coup ils ont intérêt à boucler rapidement le premier tome pour le mettre sur le marché le plus vite possible, souvent à 10 dollars, pour amorcer la pompe. Pour Scalped, ce type de décision était effectué par les responsables éditoriaux de Vertigo, avec peut-être le bénéficie d’un tirage plus important.

    Jason Latour – Le choix du dessinateur est celui effectué par Jason Aaron. Sur Scalped, les responsables éditoriaux de Vertigo lui avaient choisi le dessinateur, avec qui il a travaillé plusieurs années sans l’avoir jamais rencontré. Ici, il connait Latour et travaille avec lui plus en coopération.

  • Bruce lit  

    Pour info, Tornado et moi avons débattu sur Facebook sur SB. En gros, je suis d’accord avec tout ce qui vient d’être dit, tellement d’accord que j’ai d’ailleurs acheté les deux premiers tomes. Pour ma part, je n’aurai mis que 3 étoiles et demi à cette histoire. Si l’on se base sur la production standard, on est effectivement largement au dessus du lot. Pourtant, j’avoue avoir-pour l’instant- peu de passion pour cette histoire…
    Je sais que cela ne sert à rien de comparer à Scalped, mais, sans vouloir faire bondir Tornado, je continue avec SB par fidélité envers Aaron. je ne trouve aucun personnage intéressant qui me parle. D’ailleurs, c’est le point faible -pour l’instant- de la série, puisque très peu de personnages ne sont développés. Je trouve même les flashbacks plus intéressants que l’histoire en cours, c’est dire. Mais sinon, au vu du cliffhanger du dernier épisode, oui, complétement, SB s’inscrit aussi comme pour Scalped sur la notion d’héritage. Peut être que la série est un peu longue à l’allumage, auquel cas, et ce ne serait pas la première fois, je ferai un méa culpa.

  • Présence  

    J’ai également acheté les 2 premiers tomes de Southern bastards, les yeux fermés pour Jason Aaron (je ne l’es pas encore lus).

    Vos remarques me font penser à 100 bullets, parce que je l’ai lu à peu près à la même époque que Scalped. Il y a des auteurs qui ont plusieurs œuvres en eux, et d’autres qui n’en ont qu’une, ou quelques unes. La production d’Azzarello après 100 bullets n’est pas très remarquable (ou alors j’en ai oublié). Comme pour certains musiciens, il faut accepter qu’Azzarello a réalisé son œuvre majeure, et qu’elle est maintenant derrière lui. Seul le temps permettra de savoir si Jason Aaron appartient à la catégorie des scénaristes capables de capturer l’éclair dans la bouteille (comme disent les américains) à plusieurs reprises ou non.

    Le choix de ne pas intégrer de personnage sympathique (d’après vos remarques) est assez risqué parce qu’il prive le lecteur de la possibilité de s’y projeter, mais c’est aussi courageux que de décrire une réalité qui n’est pas partitionnée en Bien d’un côté, et Mal de l’autre.

    • Bruce lit  

      Scalped, Xmen, The Other Side, il n’y a pas de doute Aaron est un seigneur. Ta remarque est très intéressante Présence, car souvent, oui, on raconte la même histoire avec des mots différents. Pour l’instant ceux que’Aaron emploie ne me plait pas plus que ça, je ne retrouve pas de mélodie accrocheuse. Peut être le dessin de Latour….

  • Tornado  

    Ce sont les qualités d’écriture qui prédominent avant tout en ce qui me concerne. Je peux donc parfaitement apprécier la lecture d’un récit peuplée de personnages auxquels je ne m’attache pas.
    Pour le coup, je trouve les qualités d’écriture d’Aaron exceptionnelles, raison pour laquelle ce type de comics restera toujours pour moi le top de ce que je recherche. Et comme le dit Présence, réussir à écrire un récit et tenir le cap uniquement avec des personnages déplaisants, c’est un sacré tour de force de la part d’un scénariste.

    Contrairement à Bruce, cette histoire m’a passionné dès lors que j’en ai perçu la toile de fond (le thème de l’héritage, cher à Jason Aaron). Je suis à fond dedans pour son haut niveau de connivence entre le fond et la forme, et ce malgré le style de dessin de Jason Latour, que je ne trouve pas exceptionnel (bon sang mais c’est quoi ces nez ! 😀 ).

  • Lone Sloane  

    @ Tornado: on vérifie pleinement dans ta chronique la légende du dernier scan du premier tome, le rouge est la couleur dominante. La reprise de la construction du récit à la Scalped donne envie de s’y filer et tu lui fais une promotion efficace comme un direct du droit.
    C’est marrant, mais ton allusion critique à l’héroïsme dévoyé du Prophète n’est pas du tout ma lecture du film d’Audiard. C’est, à mon sens, le portrait d’un gars réaliste et qui, dans l’adversité de la prison, va trouver des ressources morales (spirituelles…) pour devenir une ordure king size. Loin de l’hagiographie
    douteuse.
    @Bruce: à la prochaine de Southern bastards, tu pourras peut-être dégainer l’hommage du Lynyrd Skynyrd à ce sympathique état de l’Alabama.

  • Tornado  

    @ Lone : Je discute souvent du film d’Audiard (je déteste son cinéma car j’y vois une fascination malsaine pour les raclures), et la plupart des gens ne sont pas d’accord avec moi. J’avoue que je ne comprends pas ton point de vue, par contre. Je ne vois pas en quoi ton analyse rend le personnage moins malsain.

    Pour la BO, le choix est le mien. Mais tu as bigrement raison ! Le « Sweet Home Alabama » est un titre parfait ! Si tu le permets et si Bruce veut de ma chronique pour le tome 3, j’y penserai la prochaine fois !

    • Lone Sloane  

      Je ne trouve pas le personnage malsain, il reçoit une éducation violente avec un père de substitution amoral incarné par le très inquiétant Nils Arestrup (la scène ignoble et intense du dressage dans La dérobade m’a marqué à vie…) et s’organise très efficacement pour atteindre l’idéal classique du caïd carcéral avec un verni religieux. Il est pragmatique dans un univers où il faut l’être pour survivre et « exister ».
      Sur le goût d’Audiard pour les personnages marqués par leur activité criminelle et en quête d’un second souffle (Sur mes lèvres ou De battre mon coeur s’est arrêté pour ceux dont je me rappelle) je te rejoins, et j’y trouve aussi peu d’attraits que toi mais je lui reconnais de l’habileté dans la façon de mettre en creux cette ambivalence et de laisser au spectateur le choix de condamner ou d’être en empathie. Et ton aversion pour son cinéma vient peut-être de cette absence de choix qui est celle la sienne. Bon après, c’est pas le réalisateur qui me fera sortir en pleine tempête pour me précipiter au cinéma…
      Je change de sujet mais puisqu’on est chez Urban, moi ce mois-ci j’ai envie de craquer pour le McGinnis:
      http://www.urban-comics.com/robert-e-mcginnis-crime-seduction/

      • Tornado  

        … »de l’habileté dans la façon de mettre en creux cette ambivalence et de laisser au spectateur le choix de condamner ou d’être en empathie ». C’est justement le problème en ce qui me concerne : Je n’y vois pas cette ambivalence. Les personnages sont des connards. Le pseudo-héros dans « De rouille et d’os » qui bat son fils est un connard. Et ce « Prophète » qui évacue le souvenir de la femme qu’il a violé et probablement assassiné d’un claquement de doigts (apparemment aucun spectateur avec qui je discute n’a remarqué ce flashback diaphane qui dure 3 secondes…) est une ordure. Et lorsqu’il sort de prison à la fin, avec le sourire de la victoire, tout beau tout neuf, je ne ressens aucune ambivalence : Audiard aime son personnage, il le trouve fascinant et romantique. Et je trouve cette fascination malsaine et dégueu.

        Sinon, je te rejoints pour Robert Mc Ginnis : Ça fait vachement envie !

  • Jyrille  

    Faut vraiment que je m’achète les autres tomes de Scalped. Du coup je fais l’impasse, mais bon, j’ai lu son Wolverine and the X-Men ! Les deux tomes sortis en VF en tout cas.

    Merci pour l’article, Tornado : toujours impeccablement construit. Par contre, je ne trouve pas que Un prophète soit de la fascination et de l’érection en modèle d’un truand. Je vois plutôt ça comme l’ascension d’un gars totalement vierge de toute famille ou attache, totalement perdu. Mais bon…

    • Bruce lit  

      Ce débat me fait penser à Scarface version Pacino, la pire ordure qui soit qui est devenu une idole populaire, sans que je n’ai jamais compris pourquoi.

  • PierreN  

    @Bruce: Pour Scarface c’est le règne du bling bling 80’s tout simplement, mais c’est vrai que la popularité de ce petit roquet est difficile à comprendre, surtout qu’il s’agit de l’ascension d’un arriviste comme Barry Lyndon (celui étant plus virtuose tout de même).
    En tout cas c’est la confirmation que je préfère Pacino quand il ne cabotine pas et la joue sobre (dans Le Parrain 2 exemple).

    • Bruce lit  

      Oui, le bling bling….c’est tout à fait ça….mais aussi la lutte des classes chez les bandits : le voyou qui vient du peuple complètement (Scarface)vide vs l’aristocratie des bandits mais avec des valeurs (Michael Corléonne).

  • Bruce lit  

    Bon je les ai relus. Et même si c’est un chouia moins bon que Scalped, ça reste du haut de gamme. Je révise mon jugement et reste certain que le troisième volume va envoyer du bois ! (c’est le cas de le dire)….

  • Bruce lit  

    (Pas de spoils)
    Je viens de lire le volume 3. Et j’en ai un peu marre.
    Quant est ce que JAson Aaron décide à la raconter son histoire quoi ? Tous ces tics de Scalped sont là en moins bien !
    Il faut attendre le dernier chapitre pour que le cliffhanger du deuxième opus trouve sa résolution et zou, encore 6 mois d’attente pour le volume 4.
    C’est un peu pénible…l’histoire suit sin cours, pof un mec apparaît, et nous vl’a 20 ans en arrière pour comprendre pourquoi il porte des chemises à carreaux plutôt qu’à fleurs…
    A ce titre le chapitre 4 est complètement loupé….
    Et Jason Latour s’il dessine mieux qu’il n’écrit (lu son Spider Gwen cette semaine qui est juste calamiteux) ne me bouleverse pas bcp.
    3 étoiles en attendant ton article et le volume 4 qui déterminera ou pas son destin vers un bac à soldes…

  • Présence  

    Évidemment je n’ai pas lu ce tome 2 avec le même regard que vous puisqu’ayant lu cet article, je savais par avance que ces épisodes sont consacrés aux différents personnages, plutôt qu’à l’arrivée de Roberta. Il n’y a donc pas eu cette phase de déception par rapport à une intrigue qui principale dont l’avancée serait remise à plus tard. J’ai bien sûr complètement retrouvé le principe de Comprendre les choix du personnage, mais certainement pas de les excuser, et encore moins de les ériger en une forme de modèle, comme formulé par Tornado.

    En outre, le thème favori de Jason Aaron occupe tout le devant de la scène, est présent dans chaque séquence : le poids de l’hérédité du comportement des parents, de leur manière de traiter leurs enfants. Il est impossible de ne pas ressentir d’empathie pour le jeune Euless Boss au vu des conditions de son enfance et du comportement de son père. La trajectoire de vie d’Euless Boss est tout autant conditionnée par le comportement de son père, que celle d’Earl Tubb par le sien. Il devient même impossible de ne pas admirer Euless pour a volonté de ne pas choisir la même voie que son père, celle d’une criminalité de minable, le lecteur souhaitant de tout cœur qu’il puisse réussir dans la voie qu’il s’est choisie, qu’il puisse trouver son bonheur en s’accomplissant sur le terrain.

    En y repensant le titre de la série constitue la déclaration d’intention des auteurs. Euless Boss se comporte comme il a toujours vu le faire, comme un enfoiré pour pouvoir survivre : il sait qu’il doit attaquer de toute son âme sur le terrain pour instiller la peur chez les attaquants, leur donner envie de rentrer chez eux plutôt que de se retrouver confrontés à lui, leur faire souhaiter que le match se termine au plus vite. La partie de football n’est plus un jeu, c’est une question de survie.

    Le titre Southern Bastards implique également qu’il n’y aura pas de fin heureuse, qu’il n’est pas possible d’échapper à son milieu socio-culturel. Comme dans le premier tome, le personnage principal du tome jette un regard critique aux autres, à la foule, aux badauds. Dans le premier tome, ils devenaient des complices d’un crime par leur inaction. Ici, ils ont peur du fait de leur inaction. Ce récit comporte également une fibre psychanalytique très forte : pour pouvoir survivre et grandir, Euless Boss doit tuer le père. Il doit également payer sa survie avec son sang. À 2 ou 3 reprises, la question de l’investissement dans le sport est posée en ces termes : est-ce que ça vaut le sang versé ?

    Toujours en pensant au titre, j’ai l’impression que pour Aaron & Latour, Earl Tubb est tout autant un Southern Bastard qu’Euless Boss, que sa vie fut tout autant dictée par son milieu socio-culturel et l’histoire personnelle de ses parents.

    • Tornado  

      Le tome 4 sort tout bientôt. Et c’est clairement l’une des lectures que j’attends avec le plus d’impatience en ce moment.

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *