I’m a loser (Bullshit Detector : Beck)

Beck : version animée

VF Manga : Delcourt

VF DVD : Kaze

Un article de BRUCE LIT

1ère publication le 1/10/15- MAJ le 07/07/19

Bain de jouvence....

 Le héros tout en douceur mais au coeur de rocker…

Cet article portera sur l’animé Beck. Il s’agit de l’adaptation du manga éponyme écrit et dessiné par Harold Sakuishi. Il a été publié dans Monthly Shōnen Magazine entre 1999 et 2008 et comporte 34 (!) tomes publiés en VF par Delcourt.

L’animé comporte 26 épisodes édités chez Kaze vidéo. Ceci correspond au x 12 premiers tomes du manga.  La suite n’a jamais été tournée. L’édition DVD est assez sympathique avec un livret de présentation des personnages et la VF réussie. Toutefois, je ne saurais que conseiller la VO pour ceux qui découvriraient la série.

Beck suit au Japon de nos jours, le parcours de Yukio Tanaka, un adolescent de 14 ans. Frêle, timide, maladroit et peu sûr de lui, Tanaka sympathise avec Ryuzuke un jeune marginal qui souhaite monter un groupe de rock. Tanaka, au fil de nombreuses mésaventures initiatiques va se découvrir un amour pour la musique binaire, apprendre la guitare en saignant sur les frettes et dispose d’une voix exceptionnelle (enfin pour la série)…

On y croise aussi de sympathiques personnages secondaires : Maho, la petite soeur de Ryusuke au caractère bien trempé qui terrorise aussi bien notre héros qu’elle le séduit. Et le spectateur de se réjouir qu’elle n’existe pas réellement puisqu’il serait embarrassant de fondre face au charme fou d’une gamine de 14 ans.

Mortelle petite Maho....

Mortelle petite Maho….
source Fanpop 
© Kaze

On s’attache aussi à Izumi, l’amie d’enfance de Tanaka dont on attend chacune des apparitions, et surtout le personnage complètement loufoque façon Tortue Géniale : Saito, entraîneur hystérique de natation, charmant et tyrannique, amateur de Playbloy, mais aussi mélomane avisé qui va initier notre jeune ami au rock britannique (sont clairement cités les Beatles, les  Stones, Led Zep’) et à la guitare.  Enfin, Last but not least, Beck le chien Punk balafré inspiré d’un film de Tim Burton qui donne son nom au groupe de Tanaka et à la série tout de même.

Oh ! Tanaka est gentil mais peu agaçant à la longue…On croit même rêver lorsqu’il se retrouve au lit avec sa copine et préfère gratter sa guitare…Mais les premiers épisodes sont souvent émouvants malgré une naïveté embarrassante.

Le scepticisme et le  bullshit detector de votre serviteur étaient donc à un niveau élevé pour les deux premiers épisodes : un héros gentil, très gentil, un générique Punk FM façon Sum 41, des personnages qui ne jurent que par les Red Hot Against The Machine (comme références du rock ultime, on repassera)  et une intrigue plus que décompressée, voilà matière à titiller rocker et amateur de mangas.
Et une belle enfilade de clichés naifs et gentillets à l’épreuve du monde supposé impitoyable du Rock. Parce que le rock façon Beck est décaféiné garanti sans sexe, vomi, overdose et MST. Enfin des dessins volontairement simplifiés par rapport au matériel original.

Et pourtant, Beck parvient à faire fondre le coeur de rocker une fois que ces conventions sont acceptées.  Tanaka part littéralement de zéro : invisible aux yeux de ses camarades, impopulaire, il se rend compte qu’il passe à côté de sa vie. La découverte du rock va l’électrifier aussi sûrement qu’un ampli Marshall. Il incarne la gentillesse authentique, celle encore ancrée dans l’enfance  et piégé dans le corps d’un adulte. Loin des clichés des rockers californiens tatoués et à la libido suintante (les Red Hot Chili Machin justement….), Tanaka est un freluquet, l’éternel perdant avec qui personne ne veut traîner.


Un générique en forme de clip où l’on s’attache aux personnages sans les connaître….

Si le monde que Harold Sakuishi met en scène est aux antipodes du Sex, Drugs et Rock’n’roll, son propos est suffisamment habile pour être intéressant : Beck est à la fois le symbole du Guitar Hero (Beck pour Jeff Beck) et du perdant qui prend sa revanche (la chanson « Loser » interprétée par….Beck !). Les années collège sont décrites avec beaucoup de sensibilité: les petits boulots étudiants pour financer son rêve, la compétition entre mâles autour de la piscine, les premiers émois amoureux, le nécessaire dépassement de la timidité dans un monde impitoyable, Beck propose tout cela avec un véritable certificat d’authenticité.

La série explore sans ambages un sujet courageux et peu évoqué, celui du racket dont notre ami est victime. La maltraitance que Tanaka subit n’est pas un prétexte pour faire venir un grand copain balèze qui viendrait protéger notre jeune héros. La moitié de la série est au contraire centrée sur la loi du silence, la souffrance muette de Tanaka et la transformation de l’univers scolaire en un lieu d’oppression sans que les adultes y voient quoique ce soit.  Dans ces moments, Beck est une formidable série adolescente où le spectateur a envie de retrouver des personnages auquel il s’est attaché.

Et puis, après tout, Harold Sakuishi n’est pas complètement à côté de la plaque : Kurt Cobain (cité dans la série), Brian Warner (futur Marilyn Manson), Roger Waters du Floyd et bien d’autres furent des enfants chétifs et la risée des cours de récréation avant que la culture populaire n’en fasse les champions de la classe moyenne.

Enfin, la série est suffisamment parsemée de clins d’oeil adorables à la culture rock pour entraîner l’adhésion de votre serviteur à l’univers de Beck : les héros qui portent des T-shirt du Velvet, Sonic Youth, Ramones ou des Who avant de jouer sur une guitare nommée Lucille, la légendaire guitare de BB King. Le manga propose quant à lui d’amusantes parodies de pochettes célèbres.

Jeunesse sonique...

Jeunesse sonique…
Source : Beck MCS 
© Kaze / © Delcourt

Pourtant au milieu de la série, c’est la dégringolade : une histoire de mafia qui menace de mort le guitariste, chiante et sans aucun suspense, une intrigue qui se délite et la disparition du commentaire social qui faisait le charme des 10 premiers épisodes.  On perd totalement de vue, 90% du casting et surtout l’animation est de plus en plus à la traîne.

Non seulement, les concerts sont saccadés mais on jurerait que les producteurs ne disposent pas d’assez d’images pour compléter leurs séquences…C’est ainsi que l’on peut parfois avoir un plan de 30 secondes sur une rue déserte ou -véridique!- une longue minute avec la caméra coincée sur la lune sans que rien ne se passe…


I’ve got a feeling….( vous avez 15 minutes devant vous ?)

Dans sa deuxième partie, Beck évoque tous les travers d’Olive et Tom; à l’instar de la série de la 5 où il fallait une dizaine d’épisode à Olivier pour passer la surface de réparation, notre ami chante une chanson des Beatles (I’ve Got a Feeling) sur deux épisodes. Tout ceci ne serait pas si grave si la fin de l’animé n’était pas totalement bâclée, aussi gracieuse qu’une corde pétée en plein solo.

Beck est l’archétype de la licence qui fonctionne pendant des trentaines de volumes en ayant déjà tout dit à son premier quart. L’attachement aux personnages permet de se faire avoir en attendant le déclic qui ne viendra jamais.  Les codes du Shonen ne fonctionnent pas forcément en mettant en scène un gentil gars à l’âme pure qui aime le rock, jamais frustré ou révolté, ce qui est normalement le propre du rock.
Une série sympathique qui après un début brillant s’embourbe comme le pire du rock progressif dans des prolongations frimeuses sans aucun intérêt.  Voila qui achèvera d’en faire une histoire en do mineur….

Salut les copains !
Source Amazon
© Kaze

11 comments

  • Tornado  

    Je passe mon tour. Trop de choses à voir pour risquer de perdre mon temps avec un 2,5 étoiles ! 😀
    L’article est très bon en tout cas, bien qu’il ait fallu que je passe toute la première partie avant de comprendre pourquoi ça s’appelait « Beck » !
    Je vais sans doute me faire détester, mais je n’ai jamais accroché avec Beck. Le seul album que j’écoute, c’est « Sea Change », pour les arrangements à la Gainsbourg. J’ai écouté le titre « Pare Tiger » en boucle pendant longtemps à l’époque !

  • Bruce  

    Cet article a été écrit en deux temps : élogieux après les 10 premiers épisodes, énervé par la suite…A l’occasion, c’est un bon divertissement.
    Beck, le musicien : jamais accroché. Loser, c’était déjà gentillet à l’époque. O Delay m’indiffère…. Par contre, il a fait un très beau boulot de producteur / compositeur pour l’album de Charlotte Gainsbourg.

  • Présence  

    Les pastiches de pochettes d’albums sont très sympathiques. Ton article détaillé et argumenté m’a fait penser à ma propre impression du rock japonais (et autre J-pop) : agréable à écouter, des trucs vraiment déjantés, mais une sensation de produit de synthèse sans consistance, rapide à consommer, sans aucune valeur de réécoute (une fois suffit à tout absorber).

  • Jyrille  

    Comme Présence ! Sinon, Beck le chanteur j’étais fan pour les deux premiers albums, surtout le second, et Loser est un titre magique au clip qui me fait toujours rire. Sea Change c’est sympa et Midnite Vultures file la pêche. Mais au final, il a toujours été relégué au second (ou troisième ou quatrième) plan dans mon panthéon personnel. Merci pour l’article, cela faisait longtemps que je me demandais ce que cela valait !

  • Bruce lit  

    @Jyrille « I’m a Loser » : pas forcément la plus connue des Beatles mais un texte assez authentique de l’état d’esprit de Lennon qui appelait à l’Help à cette époque.
    @Présence: tu as parfaitement dit tout haut ce que je pensais tout bas de la J-pop. Sauf si Patrick 6 me contredira….

    • Eddy Vanleffe  

      si on enlève les reprises Beatles For Sale est un album qui contient les quasi meilleures chansons de la périodes pré Revolver des Beatles… no Reply, I’m a Loser, Baby’s In Black, I dont want to spoil the party, Words… même Every little thing she Does…

    • Matt  

      Je ne suis pas adepte de j-pop parce que…ben je suis adepte de pas grand chose en musique, mais il y a un groupe que j’aime bien, qui fait surtout des opening et ending d’anime souvent très catchy et chouettes : Angela.

      ://www.youtube.com/watch?v=qJjEPXhNSwo

      ://www.youtube.com/watch?v=DO7Gv2U_Kk4

      (prière de ne pas trop faire gaffe au côté érotique du générique de fin…c’est un peu à côté de la plaque quand on connait l’anime)

      ://www.youtube.com/watch?v=vGFrCBZL6b4

      ://www.youtube.com/watch?v=DGF8FFYiOZo

      Enfin si j’aime bien, c’est peut être du au fait que j’aime bien les variations de voix de la chanteuse^^

      Et sinon quand vous parlez de produits peu intéressants à la réécoute…euh…c’est pas parce que vous pigez rien aux paroles par hasard ? Non parce que…vous parlez souvent des textes authentiques, tout ça. Béh si vous pigez rien…forcément ça reste moins dans la tête, non ?^^

  • Kaori  

    Ah, ça commençait tellement bien ! Je ne comprenais pas pourquoi tu le mettais dans la catégorie Bullshit Detector avec un début d’article pareil…
    Mais l’évolution de la série l’explique. Quel dommage…
    Enfin, merci de m’éviter une grosse déception !

  • Matt  

    Tout le monde s’en fout de mes musiques ?^^
    Bon tant pis.
    Ou alors vous êtes sympas de m’épargner vos réactions de dégout ?^^

    • JP Nguyen  

      Nan Matt, mais t’imagines pas la flemme que j’ai de faire des copier-coller quand les liens ne s’affichent pas tout de suite (je sais, c’est pour contourner la modération de Brucie…)
      bon, j’ai essayé deux des liens…
      Et je n’ai pas été accroché, sorry… Pourtant, j’aime bien certains openings j-pop, typiquement, la majorité de ceux de Fairy Tail
      ://www.youtube.com/watch?v=RIucVRTbrek
      Cherche pas, c’est encore mon mécanisme « j’aime la zique parce que j’ai aimé l’anime », évoqué il y a quelques temps…

  • Manu  

    En tant que guitariste, j’aurais dû être attiré par cette série. Mais à chaque fois c’était comme si quelque chose me disait « bof… ».
    A priori la petite voix ne se trompait pas.
    Encore un très bon article, et qui me permet de surcroît de gagner du temps en ne le regardant pas.
    Et au risque de me faire lapider par mes congénères 6-7-8-9 cordistes ( oui la guitare 9 cordes existe), j’avoue ne pas être grand fan de Jeff Beck non plus ( tout en lui reconnaissant néanmoins un énorme feeling, et la capacité à se réinventer régulièrement)

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